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Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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On ne saurait désirer ce qu'on ignore
Valyria - An 1066, Mois 3
La voix de la chanteuse s’éleva dans une mélodie lascive qui semblait s’envelopper autour des colonnes de feu qui crépitait çà et là de l’atrium de l’hôtel particulier où se déroulait cette énième nuit de célébrations de la victoire valyrienne. L’air était chargé de senteurs lourdes d’huiles essentielles, de parfums et d’épices. Partout, ce n’était qu’étoffes rares et tissus précieux, bijoux uniques, pierreries et rires étouffés se croisaient dans des tourbillons de couleurs chaudes. Glorieuse. Telle était Valyria depuis le retour de ses héros, vainqueurs de Ghis et pourfendeurs de la Harpie. La mélodie que chantait la jeune femme aux cheveux roux était ancienne et aux accents mystiques. Accompagnée par deux lyres et trois flûtes, elle avait des accents de paganisme des temps immémoriaux et réveillait les instincts primaires de tous ces enfants des grandes familles nobles de Valyria. Jetées par des flammes crépitantes qui semblaient vivantes, de grandes ombres se tordaient sur les murs et les colonnes décorés.

Au milieu de tous ces jeunes bien-nés, Aerys Maerion dansait avec une ravissante jeune fille qui se disait lointaine cousine des Vaekaron. Il devait y avoir du vrai tant elle avait les traits fins qui rappelait indéniablement ceux de la belle Alynera. Depuis plusieurs minutes, Aerys ne se concentrait toutefois plus trop sur ses traits mais plutôt sur le fait de suivre la danse qui prenait un rythme plus rapide. La chanteuse avait accéléré son tempo et des tambourins avaient rejoins l’ensemble, laissant la jeunesse dorée valyrienne se démener dans des danses élaborées entre hommes et femmes. Il glissa une plaisanterie à l’oreille de la belle et celle-ci partit d’un rire cristallin qui combla le jeune homme. Depuis des mois, il rêvait de retrouver ces soirées à la valyrienne où le temps semblait s’arrêter et où tous profitaient. Qu’il était heureux d’enfin retrouver toutes ces beautés de grandes familles qui dansaient et se vêtaient aussi bien. Il tournoya encore quelques temps avec la Vaekaron et puis, bien qu’il appréciât le chemin que prenait sa danse, dût y couper court. Il se sentait assoiffé comme un bœuf et voulait se rafraîchir le gosier.

Il se fendit d’un discret baiser dans le cou de la belle, d’une brève révérence et s’en fût trouver un serviteur pour récupérer une coupe d’hypocras frais. Il s’adossa à une mosaïque murale et regarda autour de lui. Il reconnaissait quelques têtes connues qu’il avait croisé plusieurs fois durant le conflit. D’autres, enfin, étaient plus lointaines, plus distantes. Des hommes et des femmes qui avaient bien changé en quatre années. Les enfants étaient devenus adultes. Leur génération était prête à se jeter dans l’arène qui, depuis mille ans, régentait le pouvoir à Valyria.

Tandis qu’il sirotait son hypocras en laissant son rythme cardiaque redescendre. Que diable allait-il faire de sa soirée ? La Vaekaron semblait plus que disposée à rester avec lui pour un certain temps. Mais déjà, il l’apercevait dansant avec un autre que lui. Après tout, c’était le jeu. Un sourire en coin, il regarda autour de lui, cherchant une tête connue parmi tous ces gens éméchés. Il y avait une belle ambiance et c’était assurément l’une des fêtes les plus courues de la cité ce soir. A force d’observer, Aerys tomba sur la crinière noire de son compagnon d’armes Aeganon Bellarys. L’homme discutait avec une jeune femme d’une beauté certaine et Aerys se trouva coi de ne pas l’avoir remarquée plus tôt. Il s’approcha et, lorsqu’il jugea l’instant propice, déposa une main puissante sur l’épaule de son frère d’armes tout en ne quittant pas des yeux la jeune femme.

« Ce cher Aeganon ne t’ennuie pas trop avec ses histoires du front ? A moins qu’il ne soit déjà passé à son compte de nuits passées en dehors du cadre militaire ? » demanda Aerys à la jeune inconnue en donnant une tape dans le dos de son ami.

Aeganon Bellarys était l’un des grands frères d’armes d’Aerys. Ensemble, ils avaient attaqué une armée ghiscarie qui montait depuis Yunkaï pour renforcer Meereeen durant le siège de cette dernière. Leurs dragons étaient tombés du ciel ensemble et avaient fait pleuvoir feu et mort sur le pont qu’empruntait alors l’avant-garde de la légion ennemie. Des souvenirs puissants qui s’étaient complétées d’une certaine remontrance de la part de leurs supérieurs respectifs lorsque ces derniers avaient compris ce qu’il s’était passé. Il se tourna vers le Bellarys.

« Eh bien cher ami, ton nouveau poste de Sénateur t’autorise encore à courir nos modestes soirées ? Tu m’en voies ravi ! Je craignais qu’ils ne te laissent plus jamais partir de Drivo. Ne vas-tu pas me présenter à ta charmante interlocutrice ? »

S’il y avait une chose qu’Aerys savait faire, c’était parler. Il avait toujours aimé évoluer en public et discuter de connaissance en connaissance, de groupes en groupes. Il avait rapidement appris à moduler sa voix pour garder l’intérêt de son assistance et depuis qu’il avait été choisi pour proclamer le retour des soldats à la face de Valyria, il avait encore gagné en confiance.

« Je suis en plein travail mon cher, précisément. Voici Elaena Tergaryon, fille et héritière du sénateur Vaegon Tergaryon, dite également « elle » d’une voix dramatique par notre cher Maekar à chaque soupir, une vieille amie, et la plus belle fleur de cette soirée.

Elaena, cet énergumène volubile n’est autre qu’Aerys Maerion, second fils de notre estimée Lumière Arraxios Maerion, éclaireur renommé et accessoirement compagnon fidèle de certains des exploits qu’il aime autant raconter que moi.
»

Sourire en coin, Aerys effectua une espèce de révérence grotesque. A peine avait-il été introduit à la belle qu’Aeganon s’excusait de devoir les abandonner, soudainement obnubilé par une fille d’ambassadrice de la Rhoyne aux formes voluptueusement serrées dans un tissu orange de toute beauté. Resté seul avec la Tergaryon, il put la détailler un peu plus précisément. Elle portait une splendide robe d’un tissu violet profond et était effectivement de toute beauté. Toujours souriant, Aerys s’adressa à Elaena avec une voix charmeuse.

« Elaena Tergaryon ! Effectivement, j’ai largement entendu parler de toi. Je comprends mieux pourquoi Maekar ne pensait qu’à rentrer, ajouta-t-il, rêveur. C’est un honneur et un plaisir de faire ta connaissance, Elaena. Je te souhaite la bienvenue à Valyria. »


Codage par Libella sur Graphiorum
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

On ne saurait désirer ce qu'on ignore
Valyria - An 1066, Mois 3
La villa était décorée avec goût, petite en comparaison avec ce à quoi j’avais habituée, certainement sans aucune mesure avec le palais d’Oros où j’avais grandi, ni encore avec le palais Hoskagon où je vivais à présent. Les deux étaient d’immenses constructions, richement ornées de matières plus précieuses les unes des autres. Les jardins rivalisaient de beauté, mêlant bassins où se prélasser, herbes maîtrisées où déjeuner ou encore arbres fruitiers. Cette villa-ci appelait à des plaisirs plus mesurés, mais elle disposait d’un merveilleux atrium et ses propriétaires étaient connus pour leur goût des arts. Cela n’avait pas été une surprise de découvrir que cette nouvelle soirée était dédiée à la déesse Tessarion. Partout dans la villa s’exposait les arts les plus divers qui soient, l’apogée de la beauté ayant été réservée pour l’atrium où des musiciens accompagnaient la voix enchanteresse d’une chanteuse. Ce n’était pas la première fête donnée durant ces quatorze jours de célébrations folles, mais elle était sûrement la plus confidentielle, réservée à un nombre restreint d’invités suffisamment chanceux pour être les témoins de la conjonction des arts. Les plaisirs spéciaux de cette fête renforçait ma déception de ne pouvoir la partager avec Maekar. Se pouvait-il que notre père ait choisi pire soirée pour le réquisitionner ? Une soirée à échanger entre eux, après des mois d’affrontements silencieux quant à la décision de Maekar… Oh il n’était évidemment pas question de faire changer mon frère d’avis, bien entêté devait être celui tentant de le faire dévier de sa voie lorsqu’il l’avait choisie, mais plutôt de s’assurer que malgré ses divergences il continuerait à se battre pour les intérêts de notre famille.

« Elaena Tergaryon ! »

La voix qui m’interpelait avait des accents d’un passé lointain mais non moins présent à la mémoire… quoique flou.

« Oh tant d’années et il m’aura fallu attendre ce soir pour te revoir ! »

La jeune femme qui me serrait dans ses bras avait bien assez changé pour que je puisse douter de son identité, mais pas suffisamment pour avoir disparu totalement de mes souvenirs. Haerys, jeune fille d’une famille dont la fortune n’était plus à faire. Sa famille n’avait jamais été la plus envie de Valyria mais elle avait été suffisamment avisée pour s’associer très tôt avec de riches princes Rhoynar, ne sacrifiant bien sûr que les plus jeunes soeurs sur l’autel de ces mariages considérés comme honteux. Pourtant, aussi honteux avaient-il été ces mariages avaient apporté à la famille une sécurité financière et commerciale relativement enviable. Haerys avait été mariée à son frère ainé, étant la première née des filles, et étant de la branche ainée elle avait eu la chance de conserver les attributs physiques de notre peuple… Ce qu’elle n’hésitait guère à rappeler lorsqu’elle se trouvait en présence de ces cousins aux cheveux sombres. Les relations commerciales entre son père et le mien nous avaient poussées à nous fréquenter régulièrement durant notre enfance. C’était une jeune femme charmante, joyeuse et pleine d’un esprit divertissant. Elle avait pourtant un défaut majeur, de ces défauts qui empêchent toute sympathie…

« Dis-moi, dis moi… »

Sa voix se faisait doucereuse et comploteuse.

« … Où donc se cache le beau Général Tergaryon ? Il ne voudrait pas nous priver toutes de la chance d’honorer les Dieux à ses côtés. »

Un défaut, comme je le disais, qui la rendait plus prompt à recevoir une claque qu’une embrassade de ma part. Cela faisait de nombreuses années qu’Haerys s’était entichée de Maekar, insuffisamment lucide pour percevoir l’animosité que cela éveillée à son égard chez moi. Sans doute aurais-je du avoir la patience de lui rappeler une maxime bien connue… Méfies-toi de ceux que tu penses pouvoir appeler amis… Et ne touche pas à Maekar Tergaryon. Une maxime bien connue de moi-même tout au moins.

« Il n’est pas la ce soir. Et il est très exigeant sur les femmes qu’il choisit pour honorer les Dieux… »

A la recherche d’un visage connu pour enfin échapper à la pulsion de violence physique qui ne trouvait de limite que par le fait de la coupe que je tenais entre mes doigts, et que donc je ne comptais pas lâcher ou renverser.

Visage connu, te voilà.

« Oh ! Aeganon ! Aeganon Bellarys ! »
« Oh… le fameux… »

Je me retournais, déposant ma main libre sur l’épaule d’Haerys, un sourire forcé aux lèvres.

« Je lui conterai tes charmes, mon amie, n’ai crainte… Tu ne voudrais pas avoir l’air d’être trop empressée à son égard… Tu connais les hommes. »

Et je la laissais là, me dirigeant à pas rapides vers le jeune homme qui s’était arrêté pour me gratifier d’un sourire charmeur. Je n’étais jamais parvenue à déterminer s’il se faisait charmeur avec moi pour ma personne ou s’il s’agissait là seulement d’un réflexe déclenché par la présence de tout être de sexe féminin. Je pariais qu’il s’agissait de la deuxième hypothèse mais me plaisais à croire que mes charmes n’y étaient pas totalement étrangers. Cela ne faisait guère de mal et avait l’avantage de conforter mon égo… Un pêché bien communément observé à Valyria.

« Tu n’aurais pu apparaître à un moment plus opportun… »

Je le voyais jeter un regard vers Haerys, et attrapais son menton pour forcer son regard à se rediriger vers moi.

« Aeganon Bellarys, fais moi confiance, tournes tes désirs ailleurs… Quelle forme dis-moi, tu sembles prêt à conquérir le continent tout entier. »

J’aimais ces fêtes, je n’aurais jamais imaginé m’y sentir si à mon aise, mais je me découvrais en animal social, navigant avec aise et humour sur les flots tourmentés de la réunion mondaine. J’avais appris très tôt que pour parvenir à se faire une place dans cette société, la séduction était sans doute la méthode la plus efficace. Il ne s’agissait pas, bien sûr, de se montrer inconséquente ou légère aux moments les moins opportuns, mais une attitude charmante attirait dans un premier temps l’attention qu’il fallait retenir par la suite par une conversation intéressante. Il s’agissait donc par la suite de manier avec élégance les connaissances nécessaires pour sembler spirituelle et éduquée, sans pour autant se délester d’un humour piquant pour alléger des propos jugés trop sérieux à l’occasion de fêtes. Nous étions ici ce soir pour célébrer les arts, et celui de la conversation en était un cela ne faisait aucun doute.

« Tant de mystères, Elaena, est-elle donc pourvue de tentacules ici bas ? Tu sais que j’ai une âme d’explorateur ! Mais soit, soit, pour te plaire, je m’en tiendrais à d’autres compagnies. Quatre année de sevrage face à nos fêtes m’ont donné un appétit de dragon ! Et tout Sénateur se doit de connaître Valyria jusque dans ses moindres recoins… Vois, je deviens un homme de devoir. »

Même si je l’avais voulu, et loin de moi cette idée, je n’aurais pu retenir l’éclat de rire sincère qui avait suivi la réplique du jeune homme. Il avait toujours été de ceux qui usent de leur talent d’orateur pour conquérir les foules… Il n’aurait pu être plus différent de Maekar, et pourtant j’étais persuadée que c’était bien cette différence qui les avait rassemblés.

« Je me méfierais d’avantage de l’ennui acéré de ses paroles que d’hypothétiques tentacules… Mais peut-être ne sélectionnes-tu pas tes conquêtes pour l’art de leurs conversations. Et tâches de ne pas blâmer la guerre pour cet appétit que nous te connaissons… Nous savons tous deux que tu n’avais pas besoin de cela. »

Je riais à nouveau, appréciant cet échange léger et piquant. Cela faisait de longues années que je connaissais Aeganon, peut-être même l’avais-je connu toute ma vie, je n’étais pas de ces petites filles aisément découragées par les aventures risquées des garçons plus âgés, et je pouvais citer mains jeux que nous avions entrepris dans les jardins du palais d’Oros ou ceux du palais des Bellarys à Rhyos. Pourtant, les années passant, je m’étais rapprochée de Daemor, plus discret mais non moins divertissant. Il y avait chez lui un calme semblable à celui de Maekar que je retrouvais avec plaisir.

« Ce cher Aeganon ne t’ennuie pas trop avec ses histoires du front ? A moins qu’il ne soit déjà passé à son compte de nuits passées en dehors du cadre militaire ? »

Le jeune homme qui avait déposé une main fraternelle sur l’épaule d’Aeganon faisait, lui aussi, parti de ces figures élevées en héros au retour de la guerre. Je n’avais jamais eu l’opportunité de le rencontrer en personne, mais son nom m’avait été soufflé à de nombreuses reprises et il s’était illustré durant le Triomphe.

« Oh mais je me délecte de ces histoires, quoi de plus… excitant que les récits d’un héros. »

Je souriais, amusée de cette entrée en matière. Portant la coupe à mes lèvres je laissais mes compagnons échanger brièvement avant que l’inconnu dont, bien sûr, je connaissais le nom ne repose son regard sur moi.

« Eh bien cher ami, ton nouveau poste de Sénateur t’autorise encore à courir nos modestes soirées ? Tu m’en voies ravi ! Je craignais qu’ils ne te laissent plus jamais partir de Drivo. Ne vas-tu pas me présenter à ta charmante interlocutrice ? »

Un artiste de la conversation visiblement, un compagnon de choix en une soirée au public si restreint.

« Je suis en plein travail mon cher, précisément. Voici Elaena Tergaryon, fille et héritière du sénateur Vaegon Tergaryon, dite également « elle » d’une voix dramatique par notre cher Maekar à chaque soupir, une vieille amie, et la plus belle fleur de cette soirée.

Elaena, cet énergumène volubile n’est autre qu’Aerys Maerion, second fils de notre estimée Lumière Arraxios Maerion, éclaireur renommé et accessoirement compagnon fidèle de certains des exploits qu’il aime autant raconter que moi. »


Je riais à l’évocation de Maekar, ne l’imaginant que très mal se montrer en soupirant transi d’amour à ses compagnons d’armes… Mais Aeganon était bien plus que cela, il était un ami, et je me trouvais réconfortée par l’idée qu’il puisse se confier à lui… Lui affirmer son amour pour moi.

« Comme souvent, notre ami Aeganon se montre flatteur, je ne saurais me targuer d’être aussi belle qu’il ne le dit, ni d’avoir le pouvoir de faire soupirer un héros de guerre… Du moins pas en public, il s’agirait de ne pas avoir l’air prétentieuse. »

J’adressais un sourire malicieux aux deux jeunes hommes, profitant d’un instant pour boire une nouvelle gorgée, réduisant dangereusement les réserves de vin que pouvait contenir la large coupe.

« Elaena Tergaryon ! Effectivement, j’ai largement entendu parler de toi. Je comprends mieux pourquoi Maekar ne pensait qu’à rentrer… C’est un honneur et un plaisir de faire ta connaissance, Elaena. Je te souhaite la bienvenue à Valyria. »
« Plaisir partagé, Aerys Maerion. C’est toujours un honneur d’être présentée aux valeureux héros ayant combattu aux côtés de mon frère. »

Je saluais un couple qui, passant à nos côtés, nous adressait un geste de la main chaleureux, et finissant ma coupe d’un trait, j’en détaillais le triste dénuement.

« Je ne connais rien de plus triste qu’une coupe vide… Accepterais-tu de m’accompagner ? »

D’un signe de tête il acceptait de me suivre et nous commencions à nous frayer un chemin parmi les invités, non sans devoir nous arrêter régulièrement afin de se montrer polis. La coupe servie, je décidais de retourner aux alentours de l’atrium où la musique était si belle. Je restais un instant silencieuse, me balançant discrètement, les yeux fermés, sur le rythme joyeux d’une chanson évoquant les aventures d’un soldat parti en guerre dans un pays lointain, ne pensant qu’aux bras chauds de la dame qui l’attendrait à son retour et pourfendant ses ennemis pour la gloire de son peuple… Histoire à propos en ces célébrations. Je rouvrais les yeux pour diriger mon attention sur l’homme qui se tenait à mes côtés.

« Pardonne-moi, je ne résiste pas à la musique. Un pêché bien correct si l’on considère tous les autres… »

Je riais avant de lever ma coupe en sa direction.

« Alors, Aerys Maerion, énergumène volubile si j'en crois notre ami commun, cette nouvelle vie de héros de guerre te convient-elle ? J’imagine sans peine que tu as retrouvé avec plaisir le confort de ton foyer. »

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Aerys Maerion
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Valyria - An 1066, Mois 3
Elaena Tergaryon était d’une beauté rafraîchissante. Il y avait quelque chose qui tranchait avec le reste de l’assistance, traditionnellement de la capitale. Elle était différente, mais plus que simplement par son port-altier et ce regard un tantinet impétueux qu’elle posait sur le monde. Il y avait autre chose qu’il n’aurait su expliquer avec précision. Elle était mystérieuse, et cela la rendait encore plus intéressante. Elle différait des autres jeunes femmes de la capitale parce qu’elle portait en elle un héritage hybride entre les deux cultures prédominantes de Valyria. Cela ne la rendait pas unique, car elle n’était pas la seule dans ce cas, mais elles étaient rares à la capitale. Toutefois, les femmes élevées sur le tard pour être héritières étaient rares. C’était peut-être cela, qui rendait Elaena si intrigante. Qu’avait-elle de si particulier pour que son père en fasse son héritière ?

« Comme souvent, notre ami Aeganon se montre flatteur, je ne saurais me targuer d’être aussi belle qu’il ne le dit, ni d’avoir le pouvoir de faire soupirer un héros de guerre… Du moins pas en public, il s’agirait de ne pas avoir l’air prétentieuse. »

Aerys laissa éclater un rire franc, stupéfait devant tant de malice. Oui, décidément, cette jeune femme lui plaisait. Il comprenait mieux pourquoi Maekar ne pensait qu’à revenir à Oros et pourquoi Aeganon le regardait toujours avec ce sourire en coin quand il en parlait. Un esprit aiguisé, un corps aux courbes délicieuses, un regard impétueux et pétillant : la soirée avec Elaena Tergaryon s’annonçait déjà sympathique, songea Aerys avec un soupçon de remord en songeant à Daenerys.

« Plaisir partagé, Aerys Maerion. C’est toujours un honneur d’être présentée aux valeureux héros ayant combattu aux côtés de mon frère. »

Haussant les épaules dans une posture se voulant modeste, Aerys garda le silence. Héros, il ne l’était guère. Pas autant que certains dont les noms avaient été mis à l’honneur. La guerre n’avait pas été une aventure glorieuse pour le jeune Maerion, mais bien une échappatoire à la situation familiale compliquée qui était la sienne. Une succession de devoirs et d’obligations dont il s’était acquitté au mieux de ses capacités. Il n’y était pas allé pour autre chose que servir la République. Nulle quête de gloire, nulle envie de briller et de prendre des risques inconsidérés.

Autour d’eux, la soirée continuait. Des groupes se croisaient, se défaisaient et se reformaient. Un couple aux mains entrecroisées passa près d’eux, saluant Elaena tandis qu’Aerys l’observait d’un peu plus près. Ses traits étaient fins, et son regard respirait l’intelligence. La suite de la soirée s’annonçait sympathique et il prit la décision de rester un peu plus longtemps avec la Tergaryon. Finissant sa coupe d’un geste, la jeune femme la considéra avec une moue défaite.

« Je ne connais rien de plus triste qu’une coupe vide… Accepterais-tu de m’accompagner ? »

A peine avait-il esquissé un geste de la tête qu’ils étaient partis. La salle était bien remplie et la chaleur était montée d’un cran alors que les mages s’échinaient à faire danser les flammes dans des arabesques toujours plus belles. Tantôt stoppées par des connaissances de la jeune femme, tantôt par Aerys qui faisait jouer de sa gouaille pour saluer des amis et leur présenter Elaena, ils ne progressèrent finalement qu’assez lentement vers la fontaine où coulait le vin sucré aux épices. Ils emplirent leurs coupes et revinrent dans l’atrium où la musique avait encore changé et explorait désormais le rythme d’une balade racontant les péripéties d’un guerrier transi d’amour pour sa dame qui l’attendait. Savourant l’hypocras, Aerys écoutait la musique d’un air distrait. La mélodie était sympathique mais était-il nécessaire d’encore parler de guerre ? N’en avaient-ils pas tous eu assez, des morts et des sacrifices ?

« Pardonne-moi, je ne résiste pas à la musique. Un pêché bien correct si l’on considère tous les autres… »

Piquante, elle l’était. Il resta silencieux, toutefois, se contentant d’un sourire et d’un regard équivoques.

« Alors, Aerys Maerion, énergumène volubile si j'en crois notre ami commun, cette nouvelle vie de héros de guerre te convient-elle ? J’imagine sans peine que tu as retrouvé avec plaisir le confort de ton foyer. »

Il plongea son regard dans celui de la jeune femme qui l’interrogeait et ne répondit pas. Sans délaisser ses yeux, il porta sa coupe à ses lèvres et but une longue gorgée pour faire durer l’attente de la réponse. Après tout, il avait le droit de la faire tourner en bourrique, ce n’était contre aucune règle. Dans un geste théâtral très exagéré.

« La guerre ? LA GUERRE, Elaena. Ô quel monde cruel que celui de la guerre ! se lança-t-il dans un geste grandiloquent, se détournant d’elle en se dissimulant dans ses bras. Il n’y a nul repos, nulle paix. La guerre, ô douce dame, nous suit jusque dans notre pays, jusque dans notre ville… »

Il prit une grande inspiration dramatique, rivant son regard pétillant de malice – assombrie par la réalité derrière ses propos – dans celui de la jeune femme. Il laissa tomber sa coupe qui finit par rebondir contre les mosaïques du sol où ils se tenaient avec un claquement métallique. Tombant à genoux devant la jeune demoiselle, il prit d’autorité sa main et la posa sur son épaule, comme s’il était vaincu et épuisé.

« … jusque dans nos chambres. » termina-t-il avec un sourire enjôleur.

Se redressant d’un bon et libérant sa main, il tacha de rapidement changer de sujet. Au-delà de la plaisanterie, il y avait un fond de vérité. La violence et les sacrifices n’étaient pas restés sur les champs de bataille de l’Orient. Ils étaient revenus avec et tous, même les héros de guerre qui semblaient immortels, portaient ce bagage difficile qui était le leur. Changer de sujet, oui, c’était une idée. Il tendit une main ferme vers la jeune femme alors qu’une nouvelle musique commençait.

« Chère demoiselle, m’accorderais-tu cette danse ? En attendant de découvrir tes autres pêchés favoris, bien entendu. »
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Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

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« La guerre ? LA GUERRE, Elaena. Ô quel monde cruel que celui de la guerre ! se lança-t-il dans un geste grandiloquent, se détournant d’elle en se dissimulant dans ses bras. Il n’y a nul repos, nulle paix. La guerre, ô douce dame, nous suit jusque dans notre pays, jusque dans notre ville… »

Ma question, comble de la conversation mondaine, appelait tout au plus une réponse tout aussi mondaine, alors quelle ne fut pas ma surprise lorsque le jeune homme à qui je m’adressais laissait tomber sa coupe pour se jeter à genou devant moi. Sa réaction avait été d’autant plus soudaine qu’il s’était contenté, au début, de me fixer d’un air que j’aurais pu qualifier de mystérieux si je ne l’avais pas soupçonné d’être déjà ivre. La coupe continuait à rebondir sur le sol, venant rythmer ses paroles de petits tintements erratiques et rajoutant aux rires provenant des invités nous entourant. Sans doute aurais-je été quelque peu embarrassée par la situation si le vin n’avait pas déjà fait son œuvre, mais alors que la fête battait son plein et que déjà nombres de nos amis et connaissances chantaient et dansaient, sa petite performance passait presque pour timorée.

« … jusque dans nos chambres. »

Il s’était saisi de ma main pour la déposer sur son épaule, singeant l’expression terrible d’un soldat défait. Il aurait été bien ardu de ne pas reconnaître au jeune homme un certain talent de divertissement. Les rires redoublaient autour de nous, certains même de jeunes filles sans doute interpelées par l’évocation si directe du jeune homme. Je n’étais pas de celles-ci, car je connaissais sans peine le caractère des hommes de Valyria, et imaginais sans peine les effets d’une guerre bien longue sur les objets occupant leurs pensées. A vrai dire, je comprenais aisément le sous-entendu qu’il avait voulu instaurer entre les mots de son petit spectacle, mais quelque chose dans son regard me laissait penser qu’ils avaient le même objectif que la gestuelle : détourner l’attention du vrai sujet.

« Chère demoiselle, m’accorderais-tu cette danse ? En attendant de découvrir tes autres pêchés favoris, bien entendu. »

Si j’avais voulu répondre à sa tirade, il semblait ne pas vouloir m’en donner l’opportunité. Quelques secondes après s’était relevé et déjà il tendait sa main vers moi, m’invitant à le suivre dans l’atrium où déjà depuis de longues minutes quelques danseurs s’étaient élancés. J’étais amusée de voir que la plupart ressentaient le besoin impérieux de s’enivrer avant d’oser danser sur des airs si enchanteurs que leurs notes auraient pu suffire à troubler l’esprit. J’acceptais avec un sourire son invitation et déposais ma main dans la sienne pour le laisser me guider. Sans un mot nous commencions à nous mettre en mouvement sur le rythme de la musique, et une fois sûre que nous étions synchronisés, je décidais de reprendre l’échange interrompu volontairement et d’une main de maître par Aerys.

« Aeganon a visiblement oublié de mentionner tes talents de comédien lorsqu’il t’a présenté à moi, autrement sans doute me serais-je davantage préparée à te donner la réplique. »

Je riais en repensant à la scénette improvisée, tout en virevoltant sur moi-même, le jupon léger de ma robe à ma suite, et de retrouver les bras d’Aerys.

« C’est un talent bien commode lorsque l’on tente d’éluder une question difficile… ou plutôt une réponse complexe. »

Je lui adressais un sourire malicieux, lui laissant entendre que je n’avais pas été dupe de son manège. Pourtant, je ne souhaitais nullement le mettre mal à l’aise, je réservais cela aux personnes que je connaissais depuis bien plus longtemps… Alors ne laissant retomber le silence entre nous que l’espace d’une note de musique, je reprenais.

« Quatre an à combattre, et te voilà emporté dans un tourbillon de fêtes, il est peu dire que le contraste doit te sembler violent... »

Mon sourire amusé commençait à faiblir alors que ces pensées me rappelaient au soldat qui, ce soir, manquait à l’appel. Ce n’était un secret pour personne, et plus pour Aerys Maerion, que Maekar et moi étions très proches. Du moins je nous pensais très proches, et ce depuis le début, son retour et nos retrouvailles m’avaient confirmé que rien n’avait disparu de nos sentiments de notre attirance. Pourtant, à mesure que les jours passaient, quelque chose en lui m’inquiétait. Il pouvait être absent, distant, presque… mélancolique. Je ne me l’expliquais pas mais il était impossible pour moi de me débarrasser de l’idée très désagréable que quelque chose s’était glissé entre nous. Cette chose invisible, ne nous séparaient pas à proprement parler, et elle ne jetait pas de doute raisonnable sur les sentiments de mon frère à mon égard. Non, ce qui se glissait entre nous était le soupçon que, peut-être et pour la première fois de ma vie, je ne le comprenais pas. Peut-être était-ce normal ? Peut-être cela était-il même inévitable lorsqu'un homme a été convoité par la mort, y échappant de peu lorsque d'autres n'avaient pu résister à son appel impitoyable. Je voulais le comprendre, mais je savais aussi que jamais je ne pourrais comprendre l’exhaustivité des effets de la guerre sur son esprit, ou plutôt sur la paix de cet esprit.

« … Je peux le voir dans le regard de Maekar. La fête n’efface pas… Oh, voilà que je tente de saboter ta joie ! Je m’arrête avant que tu ne maudisses ce bon Aeganon de nous avoir présentés ! Peut-être d’ailleurs devrais-je te libérer afin de le rejoindre ? Il trouve toujours le moyen de finir ses soirées en… excellente compagnie. »

Mon sourire revenait, équivoque et amusé face à la réputation qui précédait notre ami commun. J’avais toujours été plus proche de son frère, Daemor, mais je me plaisais à être témoin des frasques d’Aeganon et de partager d’agréables moments avec cet homme à l’esprit piquant. J’étais d’ailleurs surprise de ne pas avoir connu Aerys auparavant. Je pouvais admettre ne pas avoir grandi à Valyria, pourtant il me semblait connaître la plupart des membres de la bonne société de la péninsule. Mais après tout, la nuit était jeune, déjà autour de nous s’ébranlait une ambiance de fête que les précédents jours de célébrations n’avaient en aucun cas émoussé.

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Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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On ne saurait désirer ce qu'on ignore
Valyria - An 1066, Mois 3
La musique était entraînante et invitait à laisser derrière soi les problèmes éventuels que l’on pouvait avoir. L’esprit de Valyria était à la fête, et les musiciens faisaient en sorte de ramener tout esprit un peu trop préoccupé à ces bases simples. Aujourd’hui était un jour heureux, aujourd’hui était un jour glorieux, aujourd’hui était un jour béni des dieux. Les cuivres des fanfares grandiloquentes de la matinée avaient été remplacées par les lyres grâcieuses, mais la fête continuait. Aerys n’avait pas dansé depuis fort longtemps. Durant un temps, il eut la crainte de ne pas retrouver ses marques et de se révéler être un piètre cavalier. Pourtant, subtilement guidé par Elaena, il put trouver son chemin vers ces automatismes qui avaient été intégrés à son éducation depuis fort longtemps. A peine avait-il retrouvé ses pas, pouvant ainsi libérer son esprit de l’obligation de songer à chaque mouvement, qu’Elaena lui adressait la parole.

« Aeganon a visiblement oublié de mentionner tes talents de comédien lorsqu’il t’a présenté à moi, autrement sans doute me serais-je davantage préparée à te donner la réplique. »

Le rire de la jeune femme résonna parmi les flûtes tandis qu’Aerys lui répondait avec un fin sourire. Elle avait le mérite de ne pas se laisser démonter. Il la laissa effectuer un mouvement seule, puis la récupéra de nouveau et leur danse partagée reprit.

« C’est un talent bien commode lorsque l’on tente d’éluder une question difficile… ou plutôt une réponse complexe. »

Le sourire d’Aerys s’étira encore un peu, répondait à la mimique pleine de malice qu’affichait la jeune femme. Il avait beau considérer, comme ses semblables, que les femmes avaient une place bien définie dans la société, celle de faire la fête en faisait définitivement partie. Elle n’enchaîna pas immédiatement, laissant le temps à la musique de briller un peu et à son cavalier de réfléchir à la suite. Il était évident qu’elle n’était pas du genre à abandonner et qu’elle ne tarderait pas à lui poser de nouveau la question qu’il avait esquivée plus tôt.

«  Quatre an à combattre, et te voilà emporté dans un tourbillon de fêtes, il est peu dire que le contraste doit te sembler violent... »

C’était peu de le dire. Si Aerys n’avait jamais été habitué à la lumière et à l’attention que nécessitaient et obtenaient un héritier comme son frère aîné, il n’en avait jamais conçu un inconfort pour les fêtes. Au contraire, même : il était un animal social, aimant à saluer connaissances et inconnus, se lancer dans des discours où son auditoire restait attentif. Et danser, chanter, boire et profiter de la vie et de son nom. Il était un Maerion, qui diable aurait osé le défier ? A cette pensée, une sérénité chaude lui inonda le cœur. Pourtant, malgré cet instant de triomphe personnel, il sentit que le regard de la jeune femme avec laquelle il dansait perdait de la joie qui illuminait quelques instants plus tôt ses iris améthyste.

Après tout, il était une chose où Elaena Tergaryon avait vu juste. Sœur d’un héros de guerre, elle voyait sans forcément comprendre – qu’en savait Aerys, après tout ? – les séquelles laissées par les combats. La République avait combattu pour sa survie dans une guerre totale où toutes les ressources avaient été mobilisées. La marine valyrienne était sortie exsangue, les armées décimées, renforcées à grands coûts par la conscription des masses laborieuses. Les éclopés, mutilés et autres handicapés avaient envahi les rues alors que le conflit brûlait encore. Ils mendiaient parfois, suppliaient toujours, ne pouvant plus rien faire d’autre. Les fantômes de la guerre hanteraient encore pour longtemps les Valyriens et leur glorieuse cité. Aerys lui-même, malgré le fait qu’il avait été positionné à l’écart des combats, avait eu son lot de moment difficiles. Il ne pouvait oublier ces mois à buter devant Bhorash alors que le cours de la guerre était encore indécis. Les morts, par centaines, que l’on devait traiter chaque jour que les Quatorze faisaient. Parmi toutes les images auxquelles le jeune Maerion avait été confrontées, une en particulier ne parvenait pas à s’arracher à son esprit. C’était une fin de journée, non loin de Bhorash. Le soleil de l’après-midi avait beau décliner, la chaleur restait forte. Et puis, soudainement, le vent était tombé et les odeurs des fosses communes étaient remontées, révélant un spectacle des plus macabres où les corps se décomposaient sans avoir le temps d’être jetés en terre. Tous ces jeunes soldats roulés pêle-mêle sans sépulture décente avaient enseigné à Aerys le vrai prix de la guerre et le coût du sang.

Avec le retour, les fêtes semblaient effectivement surréalistes, comme un rêve longtemps convoité, presque un fantasme indécent. Au vu des pertes, le déferlement de splendeurs pour honorer les vainqueurs risquait de froisser les plus touchés. Le Sénat aurait tout intérêt à prendre des mesures en faveur des veuves et orphelins de guerre.

« … Je peux le voir dans le regard de Maekar. La fête n’efface pas… Oh, voilà que je tente de saboter ta joie ! Je m’arrête avant que tu ne maudisses ce bon Aeganon de nous avoir présentés ! Peut-être d’ailleurs devrais-je te libérer afin de le rejoindre ? Il trouve toujours le moyen de finir ses soirées en… excellente compagnie. »

Aerys revint à sa cavalière. Tandis qu’ils continuaient d’enchaîner les mouvements synchronisés, se répondant mutuellement à la valse de leurs corps, leurs esprits semblaient trouver des ponts à jeter entre leurs deux personnes. Elle voyait juste : toutes les fêtes du monde n’auraient pas éclipsé les visions que les combattants ramenaient du front. Pourtant, ce n’était pas ce qui empêchait Aeganon Bellarys d’avoir trouvé une façon d’aborder la jeune femme aux traits typiques des natifs de la Rhoyne et semblait prendre grand plaisir à conter ses exploits martiaux tout en scrutant les détails de son décolleté saillant. Le sourire d’Aerys s’élargît encore alors qu’il voyait son camarade de guerre tenter une approche fort peu subtile mais qui ne semblait pourtant pas rebuter la belle aux traits exotiques. Sans doute était-ce ainsi qu’ils faisaient, dans le Nord. Délaissant la parade nuptiale de son frère d’armes, il en revint à la jeune femme qui était à ses côtés.

« En terme de compagnie, il ne me semble pas que je sois le plus à plaindre, Elaena Tergaryon. Après tout, si j’en crois notre connaissance commune, tu es la personne à fréquenter parmi toute cette assemblée. »

L’attrait de la nouveauté était incontestable. En bien des points, la cité qu’Aerys avait quittée quatre années plus tôt avait bien changé. De nouvelles têtes avaient émergé des sillons sanglants tracés dans la population des membres de l’élite valyrienne. De ce qu’il comprenait de la situation chez les Tergaryon, sa compagne de soirée était l’une de ces conséquences directes.

« Je n’ai donc nulle intention de t’abandonner à un quelconque paltoquet qui n’aura aucune idée d’à qui il parle. Tu as raison sur un point, toutefois. La guerre est peut-être terminée, mais elle vit encore. »

Son ton se fit subitement plus abrupt, plus coupant : infiniment plus sérieux. Dans ces yeux, la pétulance de la joie des fêtes retrouvées faisait progressivement place aux souvenirs des charniers.

« En nous. »

D’un geste fluide, il désigna son cœur. Il était tout à fait sérieux. Chaque combattant ramenait sa guerre avec lui. Et celle-ci vivrait avec tous. Jusqu’à la prochaine. Ou jusqu’au repos, enfin. D’un geste las, Aerys essaya de balayer ces nuages sombres qui s’amoncelaient dans son esprit pour revenir à l’instant présent. Il fit un nouveau sourire en regardant Elaena.

« Mes excuses, je suis sans doute un piètre compagnon pour ce soir. Puis-je me racheter en allant te chercher une coupe de vin sanguin aux épices ? »
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Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

On ne saurait désirer ce qu'on ignore
Valyria - An 1066, Mois 3
La danse était partie intégrante de l’éducation de toute jeune femme de grande famille valyrienne digne de ce nom, pourtant cette expression corporelle ne pouvait être réduite à sa simple technicité. Depuis très jeune j’avais envisagé la danse comme un langage, ou encore l’expression profonde de quelque chose que les mots ne sauraient exprimer. Il y avait tant de grâce, tant de liberté, à suivre les élans de notes musicales, à laisser son corps s’exprimer lorsque le monde ne jurait que par l’esprit. C’était un exercice de liberté, une petite fenêtre sur un monde où convenances et manières ne seraient qu’accessoires et où le corps serait libéré des contraintes hypocrites. Il y avait autant de manière de danser que de danseurs, et il était toujours très divertissant de regarder les autres se mouvoir. Beaucoup affirmaient haut et fort leur puissance mais se retrouvaient comme affaiblis et impressionnés par le simple fait de se mettre à danser, d’accepter de mettre à nu leur propre vulnérabilité. Danser, c’était s’exposer, exposer son être et ses failles à ceux qui étaient capables de les voir. Et bien sûr, danser c’était donner un nouvel élan à son corps, en faire un véhicule de grâce, de sensualité, de sexualité parfois même.

« En terme de compagnie, il ne me semble pas que je sois le plus à plaindre, Elaena Tergaryon. Après tout, si j’en crois notre connaissance commune, tu es la personne à fréquenter parmi toute cette assemblée. »

Je riais, tant d’amusement à la suite de la remarque d’Aerys que sous l’effet de l’alcool et de la danse qui s’alliaient pour brouiller mes sens et ma raison. Qu’il était doux de retrouver la légèreté badine des échanges mondains, la guerre nous avait volé cela également. Nous avions passé quatre ans à vivre la guerre, mais sans être au front, nous la mangions, nous dormions en guerre, nous respirions la guerre… Elle était partout même là où le sang ne coulait pas. La guerre avait marqué nos vies et nos rêves, ne laissant plus de répit pour se rappeler que nous étions vivants.

« Je n’ai donc nulle intention de t’abandonner à un quelconque paltoquet qui n’aura aucune idée d’à qui il parle. Tu as raison sur un point, toutefois. La guerre est peut-être terminée, mais elle vit encore… En nous. »
« Je me sens honteuse de l’avouer face à un homme l’ayant vécue, mais il est vrai que je doute que l’ombre de la guerre ne me quitte avant longtemps… Je n’ai jamais eu à craindre pour ma vie, en cela j’ai été bénie, mais j’ai craint pour d’autres, avec un tel sentiment d’impuissance. »

Nous tournions, et je me risquais par moment à m’éloigner d’Aerys, délaisser ses bras pour fermer les yeux et me déhancher seule quelques instants aux rythmes plus lents d’une musique qui se faisait doucereuse. Je m’évadais un instant, toute entière à la musique, toute entière aux pulsions de mon corps qui l’épousait avec délectation. J’ouvrais enfin les yeux, laissant échapper un rire éclatant face aux regards, tantôt amusés, tantôt intéressés et parfois interloqués des personnes qui nous entouraient. Je retrouvais les bras d’Aerys, le laissant me guider dans des mouvements simples mais élégants.
 
« Mes excuses, je suis sans doute un piètre compagnon pour ce soir. Puis-je me racheter en allant te chercher une coupe de vin sanguin aux épices ? »
« Je doute que cela soit raisonnable… Mais tu ne trouveras personne à Valyria pour me qualifier de raisonnable, alors j’accepte avec plaisir. »

Je le regardais s’éloigner un sourire aux lèvres, amusée de cette rencontre fortuite qui se révélait plus qu’agréable. Mon arrivée à Valyria avait tant été faite d’obligations et de responsabilités, que je n’avais eu de place dans mon esprit que pour cela, et bien sûr Maekar qui habitait littéralement mes pensées. Je savourais en cette soirée le plaisir de faire de nouvelles rencontres, de ne penser à rien d’autre qu’au présent et de me laisser aller à un excès qui ne m’était guère permis au quotidien. L’excès qui d’ailleurs s’étalait partout au sein de la villa. Nous n’étions déjà plus que quelques danseurs depuis de longues minutes, et je regardais les couples s’échapper, un par un, vers les alcôves et autres pièces secrètes pour s’adonner à l’excès le plus délicieux et respecté de Valyria. Bientôt, les soupirs et gémissements venaient accompagner la musique, me donnant l’impression d’être terriblement prude. J’avais conscience de l’aspect social important de ce genre de… rencontres, pourtant je venais tout juste de retrouver Maekar, et il aurait été impensable de connaître un autre homme à cet instant, alors même que mon corps tout entier et mon esprit étaient encore imprégnés de l’odeur de mon frère.

« Délicieuse surprise. »

« Gaenon ! »

Je sursautais alors que le jeune homme s’était approché sans un bruit dans mon dos pour chuchoter à mon oreille. Je l’avais rencontré quelques jours auparavant lors de la première fête du Quadrant Sud, au soir du Triomphe. Cette soirée avait marqué mes retrouvailles avec Maekar et le pauvre Gaenon avait fait les frais de ma bien pauvre tentative de rendre mon frère jaloux. Je lui avais faussé compagnie et n’étais finalement jamais revenue. Nous ne nous étions pas croisés depuis, bien qu’un messager ait fait porter une missive et des fleurs à mon intention, de sa part. L’heure était avancée, aussi n’étais-je guère surprise de le trouver ivre et repus. J’étais cependant plus déstabilisée de constater qu’il semblait plus hardi qu’à notre dernière rencontre, puisqu’il n’avait guère attendu plus d’une seconde pour enrouler son bras autour de mes hanches et m’attirer à lui.

« Je ne vois pas le Général Tergaryon à tes côtés… Douce Elaena, tu ne peux être suffisamment cruelle pour me refuser ta compagnie une deuxième fois… »

Bien trop enhardi par l’alcool, c’était un fait. Je tentais d’imposer une distance raisonnable entre nous, véritablement repoussée à l’idée de partager quoique ce soit avec un homme envisageant cette approche comme engageante. En bon soldat, il n’était pas de ceux que l’on décourage si aisément, ni de ceux qui relâchent volontiers leur prise. Il resserrait son étreinte, une étreinte ferme et presque agressive, annihilant tout espoir pour moi de voir nos poitrines se séparer.  De son autre main, il caressait l’une de mes joues, repoussant une mèche de mes cheveux et la coinçant avec douceur derrière mon oreille.

« N’honoreras-tu pas les Dieux avec moi ce soir, Dame Elaena ? »

Il se faisait plus doux, plus… hésitant. Je ne doutais pas que son entreprise soit en grande partie dictée par un courage aveugle procuré par une boisson trompeuse, mais je percevais sans peine le désir qui ne demandait qu’à être assouvi. Un désir que je ne partageais en aucune façon. Je continuais à tenter de me détacher de son étreinte.

« Je te conseille de retirer tes mains si tu souhaites en avoir demain ! Elles te seront très utiles pour le message de plates excuses que tu m’adresseras lorsque tu seras à nouveau en capacité de ressentir de la honte ! »

Je repoussais sa poitrine avec toute la force dont je disposais à une heure si avancée et… avec de nombreuses coupes de vin à mon actif, mais c’est une autre force qui poussait Gaenon à se détacher de moi.


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Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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On ne saurait désirer ce qu'on ignore
Valyria - An 1066, Mois 3
Aerys appréciait de rencontrer de nouvelles têtes. C’était l’une des multiples choses qu’avait inculqué leur père aux enfants Maerion. Rien n’était plus fort qu’un solide réseau bien établi. Il fallait être aimé, plaire et garder un œil attentif aux autres. Le peuple était un outil puissant mais insuffisant pour dominer. Les individus en eux-mêmes, les puissants de verre et les amateurs jouant aux comploteurs étaient tous des cibles parfaites qui pourraient un jour où l’autre se révéler être les outils de précision que la force brute du peuple manipulé ne pourrait emporter.

« Je doute que cela soit raisonnable… Mais tu ne trouveras personne à Valyria pour me qualifier de raisonnable, alors j’accepte avec plaisir. »

Avec une révérence assortie d’un regard appuyée vers les yeux puis les formes de sa compagne de soirée, Aerys se retira pour se mettre en quête d’un nouveau chargement de liquide psychotrope. La fête battait son plein et, déjà, certains s’étaient allongés pour commencer à honorer Meleys et la grande Valyria. Arrivé au buffet où trônaient quantité de plats élaborés – viande macérée au miel, poisson séché, rouges-gorges frits et autres serpents rôtis – ainsi que plusieurs carafes de cuivre content les alcools préparés par le personnel et les esclaves de maison. Aerys se fit servir deux coupes ornementées de vin sucré parfumé aux épices.

Revenant tranquillement avec ses deux verres de vin, Aerys enjamba un couple haletant dont la passion et le désir avaient emporté toute retenue. Reconnaissant un compagnon d’arme de Tolos, Aerys força un toussotement pour attirer l’attention du jeune homme qui lui jeta un regard surpris et amusé auquel le Maerion répondit par un clin d’œil avec un sourire en coin.

Profite bien mon ami, seuls les dieux savent de quoi demain sera fait.

Les dieux, en tout cas, ne l’avaient pas prévenu que sa cavalière serait si volage. A peine s’était-il éloigné qu’il se voyait déjà remplacé. Un tantinet vexé, Aerys s’arrêta net, la bouche entrouverte de stupéfaction. Il en fallait plus au Maerion pour se formaliser, il s’était déjà fait avoir de la sorte lors de ses jeunes années, souvent par des filles plus âgées que lui qu’il avait eu le toupet de courtiser. Vidant d’un trait son verre, Aerys regarda la scène avec un mélange de déception et d’amusement. Elaena ne semblait définitivement pas farouche, à la voir ainsi collée à cet homme qu’il reconnaissait vaguement. Gae… lor ? Ou quelque chose du genre, non ? Peut-être ? Cela importait peu, à dire vrai. Il se retrouvait seul et maintenant qu’Aeganon avait probablement le nez entre la part qu’il jugerait enviable de sa Rhoynare, il n’avait plus qu’à rentrer chez lui. Pourtant, un mouvement de recul chez la Tergaryon lui fit enfin comprendre ce qui se jouait sous ses yeux. Fronçant les sourcils, Aerys se rappela soudainement du nom de l’importun : Gaenon … truc. Rha. Décidément, sa mémoire n’était plus ce qu’elle était. Ce devait être l’alcool. Ah. Si. Gaenon Veltigar.

Arrivé dans le dos du fameux Gaenon, Aerys déposa une main au sommet de son crâne et referma ses doigts sur la chevelure argentée de l’importun et le tira d’un coup sec en arrière, le forçant ainsi à lâcher la jeune femme. Tandis que le Veltigar tombait sur son arrière-train en criant de douleur et de surprise, Aerys tendit la coupe de vin restante à Elaena avec un sourire crispé.


« Toutes mes excuses pour le contretemps. Je suis à toi dans une courte minute. »

Se retournant de nouveau vers Gaenon, qui s’était relevé, Aerys s’adressa à lui d’une voix soudainement glaciale. Ce dernier beuglait et se montrait stupidement agressif, ce qui s’expliquait sans aucun doute possible par la dose d’alcool qu’il devait avoir dans le sang. Il y en avait tant que son jugement était obscurci à tel point qu’il oubliait à qui il s’adressait. Esquivant un vague coup de poing mou et maladroit que lui adressa l’autre, Aerys attrapa le bras d’attaque de sa main gauche et envoya un crochet de son poing droit qui s’écrasa en pleine mâchoire de l’impertinent. Hélas pour Gaenon, Aerys savait se battre et avait parfait son art durant la guerre. Le coup de poing avait été armé en conséquence, et il prit grand soin de frapper avec la jointure de ses doigts, de façon à maximiser l’impact. Sans lui laisser de répit, le Maerion lui fit une clé de bras et, constant que l’attention commençait à se porter sur eux, le fit sortir de la salle en le tenant ainsi. Arrivé au sommet des escaliers du hall principal, Aerys l’attrapa à la gorge pour le regarder droit dans les yeux. Sa fureur était immense, et le brasier brûlait autant sur l’alcool que sur sa nature violente. Plongeant ses yeux mauves dans le regard embrumé de son adversaire auquel il faisait désormais face, Aerys décida de clarifier les choses une bonne fois pour toutes.

« Gaenon Veltigar, que je ne te trouve plus à importuner cette demoiselle, ou aucune autre. Sinon, tu devras te passer de ta langue pour le reste de ta pitoyable existence. Maintenant, va. Rentre chez toi, cuve ton vin et réfléchis à te comporter comme un Valyrien digne de ce nom, et non pas comme un animal Ghiscari. »

Sur ces entrefaites, il envoya son crâne frapper le nez de sa victime qui chuta en sanglotant, dévalant les quelques marches de l’escalier avec force de chocs et de cris. Aerys était un soldat, il se doutait bien qu’une chute pareille ne le durait pas, et que sous quelques jours, semaines tout au plus, le Veltigar n’aurait plus aucune séquelle. Père aurait sans doute acquiescé. Après tout, ils devaient vivre en accord avec la réputation qu’ils avaient. On n’attaquait pas un Maerion impunément ; l’idiot avait de la chance qu’Aerys l’ait esquivé et que l’affaire s’en tienne là. Un autre lui aurait sans doute fait arracher la langue pour bonne mesure. Replaçant une mèche argentée derrière son oreille, Aerys se retourna vers la demeure. Il avait la sensation que quelque chose de poisseux entachait son poing et il fut agacé d’y trouver le sang de l’autre idiot, qui avait probablement jailli de la lèvre qu’il lui avait fendue. Se dirigeant vers une fontaine, il se lava les mains dans le jet d’eau claire qui jaillissait par un habile système de pression différentielle dissimulé sous la villa. C’est alors qu’il se rendit compte qu’Elaena le regardait, non loin. Il ignorait ce à quoi elle avait assisté, alors il haussa les épaules d’un air navré.

« Je ne pense pas que cet idiot t’importunera de nouveau, Elaena Tergaryon. N’hésite pas à me le signaler si d’aventure il devait recommencer. J’enverrai quelques gros bras lui rappeler mon avertissement. Enfin. Qu’importe. Où en étions-nous ? »

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Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

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Valyria - An 1066, Mois 3
Sans doute aurais-je réussi à me libérer de l’étreinte imposée par le jeune homme, mais il ne fut guère nécessaire pour moi de pousser davantage. En aussi peu de temps qu’il en fallait pour le dire, Gaenon se retrouvait à terre, littéralement traité par les cheveux par le jeune homme qui, à présent, me faisait face.

« Toutes mes excuses pour le contretemps. Je suis à toi dans une courte minute. »


Sans un mot j’attrapais la coupe tendue par Aerys d’un air surpris, m’aider à me sortir d’une situation désagréable était une chose, cependant chercher à corriger le jeune homme en était une autre. Gaenon, qui se relevait, tempêtait, mais tous connaissaient la réputation des Maerion et leur propension à la violence. Sans doute était-ce une facette d’Aerys que je ne m’attendais pas à entrevoir dès ce soir. Il ne fallut guère longtemps aux coups pour pleuvoir, et déjà certaines personnes délaissaient les salles attenantes pour s’enquérir du vacarme qui s’élevait au cœur d’un si paisible patio.

« Et bien, Elaena Tergaryon, à peine installée à Valyria voilà déjà que tu transformes les hommes en animaux… »

La jeune femme ne faisait que passer, tentant de se rapprocher quelque peu pour apercevoir davantage d’un combat qui s’était déplacé vers la sortie de la villa. Il n’y avait là aucun compliment, et je pouvais, sans même croiser le regard de la jeune femme, qu’il me fallait y voir une certaine moquerie. Peut-être les prémices d’une rumeur acerbe.  A mesure que cessait l’écho de l’affrontement, chacun semblait se souvenir de ce qu’il était entrain de faire avant et reprenait le chemin des pièces attenantes.
Déjà Aerys avançait dans ma direction, au loin, il s’arrêtait pour laver ce que j’imaginais être du sang, et je tournais le regard vers l’enfilade de pièce qui se laissait entrevoir au travers de voiles. Portant la coupe à mes lèvres, je les trempais seulement, pour la forme, presque pour me donner quelque chose à faire alors qu’Aerys était bientôt à ma hauteur.

« Je ne pense pas que cet idiot t’importunera de nouveau, Elaena Tergaryon. N’hésite pas à me le signaler si d’aventure il devait recommencer. J’enverrai quelques gros bras lui rappeler mon avertissement. Enfin. Qu’importe. Où en étions-nous ? »

Malgré moi, je riais face à la proposition d’Aerys.

« Après votre… altercation, je doute même qu’il ait conservé mémoire de mon existence. Je te remercie d’avoir pris ma défense, mais cela n’était en rien nécessaire. Sans doute ne suis-je pas si fine lame, ni bonne combattante que toi, cher soldat, mais il ne sera pas dit qu’Elaena Tergaryon n’est qu’une demoiselle en détresse à secourir. »  

Je lui adressais un sourire amusé. Sa réaction m’avait semblé excessive. Sans doute aussi excessive que le personnage lui-même. Je ne doutais pas que la ville bruisserait de bons mots pour rapporter l’altercation et que pour quelques jours il serait au cœur de toutes les discussions. Je le serai également, sans doute, et bien malgré moi.

Je fermais les yeux un instant, déposant la coupe sur le rebord du bassin alors que je m’y asseyais, soudain exsangue. J’imaginais déjà que Maekar puisse l’apprendre, au détour d’une discussion entre sénateurs. Quelle serait sa réaction ? Sans doute serait-il reconnaissant envers Aerys, furieux envers Gaenon et… peut-être se blâmerait-il de ne pas avoir été là pour me défendre lui-même.  

«  C’est amusant de voir comme je ne suis perçue que comme… une petite poupée sans défense. Lorsque les gens aperçoivent Meghar, ils ne s’imaginent jamais qu’il puisse être lié à moi. Comment imaginer qu’une telle bête soit montée par… moi. »

Je souriais, soudain plus mélancolique qu’ironique. Meghar était, et avait toujours été, un gros dragon. Sa taille mais également sa couleur en faisait un dragon à l’apparence inquiétante, et son caractère sauvage n’avait rien fait pour le rendre davantage… sympathique, aux yeux de tous.

« Maekar avait pour coutume de dire qu’il était nécessaire de connaître Meghar, son caractère, pour me comprendre, me comprendre entièrement. Même si je doute que beaucoup soient tentés d’associer cette image de bête quelque peu sauvage et obscure à ma personne. Et pourtant... Méfies-toi de moi, Aerys Maerion, je suis féroce. »

Je le taquinais, lui lançant un regard plein de défi et pointant mon doigt devant son visage mimant une menace réelle... sans grande conviction. Soupirant longuement, j’attrapais finalement ma coupe pour la vider d’une traite, portant par la suite une main à mes yeux pour lutter contre le terrible flou qui s’était emparé de ma vision.

« Oh si elle était là, Naerys me traiterait sans doute de prude à me trouver ainsi discourant au milieu même d’une orgie. »

Je riais, encouragée par le sourire d’Aerys que je percevais sans même le voir.

« Loin de moi l’idée de te priver de ce moment Ô combien important. De nombreuses demoiselles doivent attendre impatiemment ton arrivée… Je te libère de ton rôle de protecteur Aerys Maerion, avec ma gratitude. »    

Je déposais ma main sur la sienne, lui adressant un sourire sincère avant de lui indiquer, d'un geste de cette même main, la direction d'une salle attenante dont les voiles avaient été refermés pour assurer un atmosphère plus intimiste.

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Aerys Maerion
Aerys Maerion
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« Après votre… altercation, je doute même qu’il ait conservé mémoire de mon existence. Je te remercie d’avoir pris ma défense, mais cela n’était en rien nécessaire. Sans doute ne suis-je pas si fine lame, ni bonne combattante que toi, cher soldat, mais il ne sera pas dit qu’Elaena Tergaryon n’est qu’une demoiselle en détresse à secourir. »  

Son rire avait résonné dans l’air nocturne. Aerys la regarda d’un air étrange. Dans les faits, elle le remerciait mais il fréquentait les cercles de la bonne société depuis assez longtemps pour entendre qu’il y avait autre chose de sous-entendu dans les propos de la belle d’Oros. A la voir tout à l’heure, le Maerion avait du mal à imaginer ce qu’elle aurait pu être d’autre qu’une demoiselle en détresse. Il imagina que c’était une sorte de pudeur de ces gens du centre de la Péninsule qui vivaient à cheval entre deux cultures très différentes. Il terminait de se rincer les mains dans la fontaine, dont l’eau avait rosi sous l’effet du sang qui s’y diluait en volutes tourbillonnantes. La nuit était douce, et si l’on entendait la rumeur de l’orgie qui commençait à entrer dans le dur, elle restait calme. Une grande lune s’était élevée de derrière les volcans qui rougeoyaient à l’horizon, projetant une aura cramoisie sur le ciel obscur piqué d’étoiles.

«  C’est amusant de voir comme je ne suis perçue que comme… une petite poupée sans défense. Lorsque les gens aperçoivent Meghar, ils ne s’imaginent jamais qu’il puisse être lié à moi. Comment imaginer qu’une telle bête soit montée par… moi. »

Malgré lui, et peut-être sous l’effet de l’alcool, Aerys repensa à la façon dont Aeganon avait porté un toast quelques semaines plus tôt, alors qu’ils étaient encore avec Maekar à Meereen. A nos dragons, à nos femmes, et à ceux qui les montent. Comment oublier le fou rire qui avait manqué d’envahir les trois nobles à cet instant ? Il s’abstint toutefois de faire le moindre commentaire, la laissant parler. Après tout, on lui avait appris à ne pas interrompre ses interlocuteurs.

Aerys n’avait jamais croisé Meghar mais pouvait comprendre ce qu’elle voulait dire. Mythrax, son dragon, était à l’inverse une petite créature nerveuse. Il devait donc s’en tenir au sourire mi-figue mi-raisin qui animait le visage de la jeune femme pour espérer comprendre ce que cela signifiait.

« Maekar avait pour coutume de dire qu’il était nécessaire de connaître Meghar, son caractère, pour me comprendre, me comprendre entièrement. Même si je doute que beaucoup soient tentés d’associer cette image de bête quelque peu sauvage et obscure à ma personne. Et pourtant... Méfies-toi de moi, Aerys Maerion, je suis féroce. »

Aerys jeta un regard surpris au doigt pointé devant lui. Sans véritablement modifier sa mimique, il suivit des yeux le doigts, puis le bras jusqu’à l’épaule de la jeune femme. Il s’arrêta un peu trop sur sa poitrine avant de remonter jusqu’à croiser son regard défiant. Il eut un sourire un peu ironique. Comment la prendre au sérieux, dans ses soieries et assise au bord d’une fontaine ? Elaena n’était qu’une femme de la haute-société qui souhaitait se donner un rôle et une aura qu’elle n’avait pas. Aerys les connaissait, ces personnes qui se voulaient uniques. Jusqu’alors, rien ne lui permettait d’affirmer qu’Elaena faisait exception à la règle.

« Oh si elle était là, Naerys me traiterait sans doute de prude à me trouver ainsi discourant au milieu même d’une orgie. »

Le regard d’Aerys se fit plus attentif. Naerys ? Ce prénom n’était évidemment pas unique mais il n’imaginait pas qu’il existerait mille Naerys capables de sermonner de prude la fille du patron des mercantilistes.

« Loin de moi l’idée de te priver de ce moment Ô combien important. De nombreuses demoiselles doivent attendre impatiemment ton arrivée… Je te libère de ton rôle de protecteur Aerys Maerion, avec ma gratitude. »

A l’idée de retrouver la douceur des coussins de soie et la chaleur de la peau d’une jeune femme – à moins que ce ne soit l’inverse ? – Aerys sentit une chaleur dans le creux des reins. Effectivement, il commençait à se faire tard et s’il voulait honorer un minimum Meleys selon ses règles personnelles, il ne devrait pas trop faire patienter ses futures partenaires. Il regarda la main d’Elaena déposée sur la sienne. Elle avait un contact agréable ; sa peau était chaude et dégageait une énergie puissante. Pour la première fois, Aerys se demandait si la jeune femme n’était pas plus qu’une simple poupée sans défense. Il déposa une main audacieuse sur celle d’Elaena.

« Je connais également une Naerys, et elle l’est l’une de mes plus proches amies. »

Cette fois, il était sérieux. Il avait en partie grandi aux côtés de Naerys Arlaeron et il était toujours intéressé de savoir si cette dernière connaissait Elaena. Non seulement il était intéressé par les relations qu’entretenaient Naerys avec Elaena, car il était curieux, mais également parce que cela pouvait témoigner d’un rapprochement entre Arlaeron et Tergaryon d’Oros qu’il conviendrait de surveiller si Père n’était pas déjà au courant.

Il se rendit compte de sa stupidité.

Père était forcément au courant.

« S’il s’agit de ma chère Voix d’Argent, je serais étonné qu’elle ne t’ait pas parlé de moi. Sous ses grands airs, je crois qu’elle tolère ma présence de temps à autre. Cela fait de nombreuses années que nous nous connaissons. »

Il se rendit compte qu’il avait laissé ses deux mains autour de celle d’Elaena. Il surprit son regard et lui adressa un sourire en désignant la demeure d’un signe de tête.

« Souhaites-tu m’accompagner et que nous discutions de ça plus avant ? »
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice



« Je connais également une Naerys, et elle l’est l’une de mes plus proches amies. S’il s’agit de ma chère Voix d’Argent, je serais étonné qu’elle ne t’ait pas parlé de moi. Sous ses grands airs, je crois qu’elle tolère ma présence de temps à autre. Cela fait de nombreuses années que nous nous connaissons. »
« Oh mais c’est donc toi l’homme fantastique dont elle n’a cessé de parler ? Elle n’a pu s’empêcher d’évoquer sa puissance, son charisme et sa beauté confondante, cela ne peut être que toi… »

S’il avait pu se laisser prendre au départ, la moue moqueuse que j’abordais à mesure que je continuais à simuler une pâmoison et décrire les propos imaginaires de Naerys. Après quelques secondes de silence j’explosais finalement de rire, portant ma seule main libre jusqu’à mon visage pour en recouvrir mes lèvres. Je déposais finalement cette main sur le dos de celle d’Aerys qui recouvrait mon autre main.

« Navrée de cet esprit moqueur, nous n’avons guère eu l’opportunité d’échanger à ton sujet, mais nous n’avons eu que trop peu de discussions privées, je n’ai aucun doute sur le fait qu’elle m’aurait dépeint un portrait tout à fait flatteur de toi. »

J’avais déjà retiré ma main pour replacer une mèche de mes cheveux, pourtant la seconde était toujours comme retenue prisonnière de celles d’Aerys. L’heure avançait et déjà nous étions seuls dans l’atrium, les autres invités s’étant retirés vers les pièces dédiées à la dévotion aux Dieux.

« Souhaites-tu m’accompagner et que nous discutions de ça plus avant ? »

Je fronçais les sourcils et il me fallut quelques secondes pour comprendre ce qu’il avait en tête. Mes yeux s’étaient alors écarquillés et mes lèvres entrouvertes pour former un « oh » qui resterait muet. Ce n’était guère la première fois qu’un homme me proposait d’honorer les Dieux avec lui, la dernière fois en date remontant à quelques minutes à peine, mais c’était la première fois que je me retrouvais seule face à cette demande. Les fois précédentes, Maekar avait toujours été là, et sa seule présence suffisait largement à décourager les quelques intéressés. Durant la guerre, les fêtes à Oros avaient été de taille plus modeste et, sans cesse accompagnée de Daenyra, j’avais toujours eu une raison valable pour y échapper.

A présent, face à Aerys, je ne savais guère que répondre. Mon père avait été très clair sur le sujet, les célébrations du Triomphe devaient être honorées, et la ridicule fidélité envers mon frère – ses mots très exactement – que je me bornais à respecter nous porterait préjudice. Nous nous montrions d’ores et déjà à contre-courant des coutumes les plus répandues à Valyria - n’avait-il pas nommé sa fille héritière au lieu d’un fils tout désigné ? – alors il fallait se montrer conciliant. Face à mes récriminations et ma peur de voir mon frère en être blessé, il s’était contenté d’arguer que Maekar avait fait un choix qui avait déstabilisé un équilibre pourtant fonctionnel, et que s’il devait sacrifier dès lors sa fierté mal placée d’homme possessif, alors il le ferait.

Il n’y avait pas aux yeux de Vaegon Tergaryon d’autre enjeu que celui de la politique dans ces moments de dévotion brulante. Combien de fois lui et Saera s’étaient mêlés aux orgies et en avaient retiré de solides alliances ? Le corps avait des pouvoirs que les mots ne pouvaient en aucune façon égaler, alors pourquoi se priver de ce pouvoir qui, de surcroit, s’accompagnait bien souvent d’un plaisir bien mérité ?

Si je devais être honnête, il me serait impossible d’affirmer ne ressentir aucune attirance pour Aerys. Il était attirant, divertissant et les fêtes avaient toujours eu le don d’exacerber la facette la plus charnelle de ma personnalité. C’était d’ailleurs une des raisons qui me poussait à m’y rendre constamment accompagnée de mon frère ou autre garde fous capables de m’aider à ne pas rompre une fidélité que j’estimais devoir à Maekar. Si je devais être plus honnête encore, l’idée de suivre un homme au cœur de l’union charnelle m’avait déjà traversé l’esprit. N’était-ce pas là une réaction normale et attendue ? N’était-ce pas là un élément constitutif de notre identité même, ce qui nous distinguait des peuples andals par exemple qui ne trouvaient de salut que dans la monogamie la plus stricte ?

Mes lèvres s’étiraient en un sourire amusé.

« Discuter… Voilà une manière originale, et peu fidèle à la réalité, de qualifier ce que tu me proposes, Aerys. Tu aurais dû parler… d’échange, cela aurait été plus exact tout en restant subtile. »

Je glissais légèrement sur le marbre lisse de la fontaine où nous étions assis, et la peau de ma cuisse, découverte par la fente latérale de ma robe, rencontrait le tissu chaud qui recouvrait la sienne. Je libérais ma main des siennes d’un geste doux, caressant, avant de la déposer à plat contre sa poitrine.

« Je constate dès lors que Naerys ne t’a pas davantage parlé de moi qu’elle ne m’a parlé de toi. Vois-tu, elle me trouve… »

J’approchais mon visage du sien, résistant sincèrement à l’appel d’un contact physique plus poussé mais rappelée à l’ordre par l’image constante de la colère et de la peine de mon frère s’il venait à l’apprendre. Je contournais son visage pour porter mes lèvres à son oreille et murmurer, faisant de ma voix un souffle :

« … Prude. »

Alors que mon souffle caressait encore la peau d’Aerys et que ce mot flottait encore entre nous, je me levais, rompant tout contact physique entre nous. Je me plantais debout face à lui, mes genoux appuyés contre les siens repliés.

« Et je crains qu’elle ne me connaisse déjà que trop bien.»

De mon genou droit je poussais l’un des siens, le forçant à écarter les jambes pour avancer un peu plus et je déposais mes mains sur chacune de ses joues pour relever son visage vers le mien et le forcer à me regarder dans les yeux.

« Mais honore les Dieux ce soir Aerys Maerion, ce palais regorge de jeunes femmes n’attendant que toi. »

Je n'attendais pas sa réponse pour me retourner et me diriger vers la sortie, le pas légèrement instable à cause de l'alcool et du vertige des envies charnelles contre lesquelles il est si difficile de se battre.

Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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Elaena Tergaryon lui adressa un sourire des plus mystérieux alors qu’il lui proposait de l’accompagner dans les célébrations de Meleys. Sang-pur, Aerys n’avait jamais vécu que pour le mode de vie de la capitale valyrienne. Dès lors, il ne pouvait imaginer de meilleure façon de célébrer leur nouvelle relation et les connaissances qu’ils avaient en commun. Il ne s’agissait guère de faire la cour à la sœur favorite du général Tergaryon, qu’Aerys avait fréquenté durant la guerre mais si les Tergaryon tenaient vraiment à contrevenir à toutes les coutumes de la capitale, là était leur problème.

« Discuter… Voilà une manière originale, et peu fidèle à la réalité, de qualifier ce que tu me proposes, Aerys. Tu aurais dû parler… d’échange, cela aurait été plus exact tout en restant subtile. »

La regardant glisser vers lui, Aerys se demandait ce qu’elle avait en tête. Elle ne semblait pas particulièrement rebutée par la proposition et son regard brûlait d’un feu que tous les océans du monde n’auraient pu sembler étancher. Et pourtant, elle ne semblait guère goûter de tous les plaisirs qu’offraient Valyria la Superbe. La peau albâtre de la cuisse d’Elaena vint au contact de la sienne, et il sentît malgré sa toge qui la lui recouvrait la chaleur qui émanait de la jeune femme. Elle libéra sa main et vint l’apposer contre son torse. Elaena avait un côté… provocateur, à n’en point douter. Quant à savoir si c’était du lard ou du dragon, il aurait été bien incapable de le dire tant il ne connaissait pas encore la jeune femme. Il se contenta de la regarder droit dans les yeux, comme si le contact physique qu’elle avait initié entre eux n’était pas existant.

« Je constate dès lors que Naerys ne t’a pas davantage parlé de moi qu’elle ne m’a parlé de toi. Vois-tu, elle me trouve… »

Il y avait une attraction physique indéniable entre les deux jeunes gens. Pourtant ni l’un, ni l’autre ne réagissait pour pousser cet avantage du doute à la concrétisation de quelque chose de plus tangible. Aerys cessa de respirer lorsqu’elle s’approcha de son visage, ignorant ce que la mystérieuse native d’Oros avait en tête. Il la vit s’approcher de son oreille pour lui souffler la conclusion de sa phrase.

« … Prude. »

Un sourire entendu vint perler sur les lèvres d’Aerys alors qu’il savourait le contact avec la jeune femme. Il sentait son désir, son parfum et sa chaleur. Il se sentit coupable vis-à-vis de Daenerys puis la chassa de son esprit. Elle ne lui appartenait plus, désormais. Il devait faire sa vie et trouver une nouvelle promise afin de pouvoir asseoir sa vie sur une trajectoire plus stable. Il y avait eu peu de discussions avec le terrible Arraxios Maerion à ce sujet, pour le moment. Elles viendraient bien assez tôt, maintenant que la guerre était terminée, et gagnée. Une fois encore, le contact de la peau d’Elaena contre ses genoux le ramena au moment présent.

« Et je crains qu’elle ne me connaisse déjà que trop bien.»

Alors qu’elle repoussait ses genoux pour s’approcher encore plus de lui, Aerys continuait à se demander si elle jouait simplement avec lui ou si elle attendait quelque chose de plus précis pour cette soirée. Alors qu’elle déposait ses mains sur ses joues, il ne put empêcher un réflexe et déposa ses mains le long des cuisses. Il sentait la chaleur de cette dernière sous le fin tissu qui la recouvrait. Alors qu’elle lui parlait, il remontait imperceptiblement le long de la fente dans le tissu, explorant le grain de la peau, il hésitait à profiter de la situation pour l’attirer à lui.  Lorsqu’elle déposa ses mains sur ses joues, le forçant à la regarder dans droit dans les yeux, il remonta les mains jusqu’à sentir le relief de ses formes voluptueuses.

« Mais honore les Dieux ce soir Aerys Maerion, ce palais regorge de jeunes femmes n’attendant que toi. »

Avant qu’il n’ait pu répondre, elle brisait cette étreinte qu’ils avaient établis entre eux. Le temps qu’il ait repris ses esprits, elle s’éloignait dans la nuit d’un pas incertain. Il la regarda marcher, ombre blanche dans la nuit sombre. Il s’écria, sans trop prendre de gants pour la discrétion :

« Elaena ! Ne pars pas ! »

Elle ne se retourna pas, continuant de marcher. La regardant s’éloigner avec un sourire désabusé sur le visage, Aerys constatait qu’il avait perdu pour ce soir. Il prit une grande inspiration et haussa la voix pour qu’elle l’entende encore, malgré la distance.

« Nous nous reverrons ! Je serai là ! J’attendrai ! »

Et puis, se rappelant soudain du regard des dieux et de son envie de mâle, il regagna avec hâte l’intérieur de la villa pour profiter de la soirée au nom de Meleys.

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