Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl

Une odeur de sapin
Trimbalant sa masse imposante avec une lenteur soigneusement calculée, le Seigneur-Soie évoluait dans les couloirs grandioses du Sénat tel un esturgeon dans les lacs profonds des Montagnes Peintes. Paré d’une tunique de soie teintée d’un rouge éclatant que renforçaient des bracelets d’or et des sandales de cuir noir, le sénateur Baelor Cellaeron représentait sans doute l’un des personnages les plus identifiables qui côtoyaient actuellement le Sénat. Engoncée au fond d’un visage rond et potelé, ses deux petits yeux d’un violet sombre se déplaçaient à une vitesse remarquable qui trahissait la rapidité d’esprit de leur possesseur. Jeune, Baelor avait dû être relativement beau garçon mais les excès en nourriture et en boissons avaient eu raison de sa silhouette. Au sommet de son crâne pointait un tout début de calvitie que ne parvenaient pas à dissimuler des cheveux argentés repoussés en arrière.

L’homme n’était pourtant pas à prendre à la légère et il avait acquis une notoriété toute nouvelle depuis la signature de la paix avec Ghis. Si rien n’avait été communiqué publiquement, les milieux bien informés connaissaient le rôle essentiel qu’avait joué la famille Cellaeron dans la facilitation du dialogue et des négociations. Cela leur avait valu quelques ennemis qui trouvaient anormal que des Valyriens entretiennent des liens de confiance aussi étroit avec l’empereur du Vieil Empire que leurs concitoyens de la République. Pourtant, Baelor n’en tenait guère compte, se contentant de mouvoir son impressionnante carcasse avec une certaine grâce inattendue. Il avançait tantôt pesamment, comme un vieux navire entrant au port, tantôt avec une agilité qui détonnait avec sa corpulence. En un mot comme cent, Baelor était un personnage.

Pourtant, sa présence dans cet endroit du Sénat n’avait rien d’anodin. Rien de ce qu’entreprenait Baelor était anodin. Il veillait toujours à avoir un coup d’avance et à trouver quelqu’un pour le servir. Malgré ce mantra auquel il se tenait la plupart du temps, il savait également quand il devait donner de sa personne… pour autre chose qu’une orgie. En l’occurrence, la faction mercantiliste au Sénat ne bruissait plus que de la dernière nouvelle qui avait fait le tour de la cité. Vaegon Tergaryon s’était senti mal durant une réception chez lui et avait dû se retirer sans plus réapparaître. Rapidement, les spéculations étaient allées bon train. Si le vieux Tergaryon était mort, alors il faudrait désigner un nouveau chef de faction. Baelor avait déjà prévu de se positionner comme successeur mais il savait que sa rivale Echya Odenys devait rassembler elle aussi ses soutiens en vue de défendre sa revendication. Bien décidé à prendre de l’avance et à tirer les choses au clair, Baelor avait fait exiger d’être reçu au plus tôt par le bureau du sénateur Tergaryon. On lui avait fait une réponse positive bien qu’embarrassée, indiquant qu’il serait reçu en fin de journée, après la séance du jour.

Peu décidé à se laisser dicter le tempo et à laisser aux agents de Vaegon le temps de préparer une réponse artificielle, il fit irruption juste après l’heure du déjeuner, alors que les sénateurs réglaient leurs affaires avant de retourner en séance. L’antichambre qui menait au bureau était vide et Baelor eut un fin sourire. Il avait réussi son coup. La horde de serviteurs et agents en tout genre qui défendaient l’accès du bureau en temps normal devaient vaquer à des occupations diverses dans l’immense complexe architectural qui renfermait tout le pouvoir valyrien. Le moment était donc venu pour surprendre quiconque tenait l’intérim en attendant d’y voir plus clair. Sans plus de scrupules que s’il entrait dans sa salle à manger, Baelor poussa la porte et se glissa dans le bureau du sénateur Tergaryon.

Là, il eut la surprise de constater que la seule personne qui était présente était une jeune femme d’une rare beauté. Il lui jeta un regard torve, détaillant son visage et son corps dissimulé par ses habits et se demanda bien qui elle était. Il se souvenait que le vieux renard avait commencé à amener sa fille au Sénat depuis quelques semaines mais il lui était impossible de dire si c’était elle ou non. L’âge semblait correspondre, mais il n’en savait rien. La façon dont elle le regardait lui démontrait sans peine qu’elle était surprise de le voir ici mais qu’elle se considérait chez elle. Il devait donc bel et bien s’agir de la fille. Eh bien ; le vieux sacripant aurait pu lui présenter. Elle représentait un morceau tout à fait charmant dans lequel il aurait volontiers croqué. Il se promit de garder cette réflexion à l’esprit. Arborant un sourire gêné et une expression sympathique qui plia son visage gras en une grimace légèrement burlesque, Baelor s’avança doucement vers la jeune femme d’un ton doucereux.

« Je te souhaite le bonjour, jeune enfant. Je suis le sénateur Baelor Cellaeron, nous avions rendez-vous ensemble, j'imagine. Comme il n’y avait personne à l’extérieur, je me suis permis d’entrer, » ajouta-t-il avec un sourire carnassier.

Il se tenait désormais debout derrière les fauteuils faisant face au bureau du sénateur absent, une distance respectueuse mais il avait déjà mis un pied dans la porte. Voyant qu’elle ne savait quoi répondre, il s’inclina vers elle.

« Tu dois être la fameuse prunelle des yeux de ce vieux brigand de Vaegon. Quel est ton prénom ? Je te prie de bien vouloir me pardonner, ma tête me joue des tours. Mais ton père nous parle souvent de toi. »

D’un soupir légèrement théâtral, il secoua doucement la tête avec un regret manifeste sur son visage. Tandis qu’il manifestait un profond sentiment de tristesse et de gâchis, il regarda autour de lui combien le bureau était décoré avec pompe et orgueil. C’était un bien grand endroit, plus vaste que son bureau actuel. Revenant à la jeune femme, il s’adressa à elle avec compassion.

« Comment se porte-t-il, d’ailleurs ? Les nouvelles et rumeurs qui circulent sont terrifiantes. Valyria a besoin de lui. »
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


Une odeur de sapin
Le bureau avait toujours été, dans mon esprit, cette salle immense et écrasante par la richesse de ses ornements. Immense elle l’était toujours. Ecrasante elle l’était encore plus à présent. Le calme était retombé après un va et vient incessant de sénateurs et autres conseillers. Certains d’entre eux avaient été mis dans la confidence et avaient promis un soutien indéfectible, d’autres ne savaient rien de plus que ce que la rumeur colportait et se pressaient afin d’en apprendre davantage. Maegon, mon cousin, orchestrait les échanges avec un plaisir non dissimulé, sans doute ravi d’être à présent considéré comme conseiller principal d’une enfant inexpérimentée et propulsée à la tête de quelque chose de bien plus grand qu’elle. Combien d’années avait-il attendu pour cela ? Combien de fois avait-il accepté de revoir à la baisse ses ambitions pour mener  à bien cette stratégie au long cours ? Il avait enfin un pouvoir et une position enviables.

Pourtant, sans doute sa joie n’avait-elle pas été à son comble. Le vieux n’était pas mort, comme je l’avais entendu le dire. Je fermais les yeux un instant, soudain ramenée à cette soirée terrible où nous avions pensé le perdre à jamais, et où je m’étais perdue sans retour possible. Le diner avait été délicieux, les invités soupiraient encore d’aise après avoir profité des mets tous plus fins les uns que les autres, des vins dont les flots ne leur avaient laissé aucun répit, de la musique enchanteresse qui s’élevait et n’avait de rival que le clapotis de l’eau des fontaines. Le palais Hoskagon avait toujours été un lieu au raffinement unanimement salué à Valyria, et les fêtes données par mes parents, bien que souvent plus modestes que celles de certaines familles Valyriennes, étaient souvent synonymes d’une opulence d’autant plus appréciée qu’elle était exclusive. Ce soir-là, les rires avaient fini par céder aux cris, les élans poétiques aux larmes et la panique s’était emparée des quelques invités. Il n’y avait là que des proches de la faction mercantilistes, fidèles amis de toujours de celui qui s’était hissé au plus haut de leur faction.

Vaegon Tergaryon s’était effondré.

Cet homme qui m’avait toujours semblé si grand, si solide, s’était effondré comme un vieillard.

Fermant les yeux, je pouvais revoir trait pour trait l’expression de son visage rougi par le manque d’air. Je pouvais sentir à nouveau la peur. La peur de voir mon propre père mourir. La peur de perdre celui qui devait être mon guide. Et puis, la peur plus égoïste d’être propulsée vers un destin que je n’avais pas choisi et pour lequel je n’étais pas prête.

Mon père avait survécu. Mais cette peur égoïste que mon instinct légitimait à mesure que les jours passaient avait fini par prendre corps dans ma réalité. Le message n’avait été passé qu’aux plus proches, chargés de préparer la faction et le Sénat dans son ensemble à cette transition involontaire. Vaegon Tergaryon cédait son siège de Sénateur à sa fille, Elaena, afin de se concentrer sur l’administration des affaires de la famille et de la ville d’Oros. Le message était clair : ce n’était pas un retrait, il restait maître de tout, sans doute avec plus encore de liberté grâce au paravent que je représentais. Bien que peu flatteuse, cette explication avait eu pour effet de me rassurer. Si je n’étais qu’un paravent, alors il me restait encore du temps pour me préparer… N’est-ce pas ?

On ne m’avait rien expliqué, mais je sentais que quelque chose d’autre était à l’origine de ce retrait. On nous dissimulait des choses, et le départ précipité de mon père pour Oros n’avait fait que confirmer ce pressentiment. Il ne partait que pour quelques semaines. Il ne partait que pour se remettre sur pieds, s’éloignant de la capitale et de ses turpitudes pour un repos nécessaire et mérité.

Ouvrant les yeux pour retrouver prise avec la réalité, je ricanais presque à l’idée que ce souffle dont mon père avait tant besoin, et qu’il cherchait à retrouver à Oros, était justement ce qui me faisait cruellement défaut à mesure que les jours passaient. Le seul atout que je possédais dans ce drame qui se jouait à mon insu était bien mon éducation, non pas l’éducation politique et martiale que je subissais sous la coupe de mon cousin, mais celle d’une jeune femme de la haute société. Le Sénat n’était-il pas finalement la reconstitution intensifiée d’une société de puissants ? N’était-il pas tout autant question de pouvoir, de dissimulation, de flatterie et d’alliances ? J’avais été élevée en jeune fille de la haute société, respectant chaque jours les injonctions de paraître qui permettait à toute jeune fille de renvoyer l’image d’une parfaite princesse alors même qu’elle entretenait les pensées les plus sombres qui soient. L’art de la dissimulation et du paraître n’étaient sans doute pas grand-chose dans le grand échiquier politique et social qu’était le Sénat, mais après tout n’était-il pas tout aussi essentiel de miser sur les points faibles des autres que sur ses propres points forts ?

La porte qui s’ouvrait eut pour effet de me tirer de ma léthargie introspective. Le regard interloqué je regardais un homme à la corpulence reconnaissable entre tous passer le pas de la porte qu’il avait poussé sans davantage d’hésitation.  Fallait-il que les Dieux m’envoient une énième épreuve avant même le coucher du soleil ? Baelor Cellaeron n’était guère de ces figures dont on confond les traits avec un autre. Sa corpulence, son attitude, sa verve tout autant que sa manière de détailler toute femme s’approchant de lui étaient de notoriété publique, tout autant que son intelligence et sa capacité à naviguer dans les eaux les plus troubles et tourmentées. Il n’était pas un ami, de cela je n’avais guère besoin de confirmation, et il n’était pas de ces ennemis que l’on sous-estime sans le regretter. J’avais suffisamment échangé avec mon père sur la structure de la faction pour savoir que Baelor était un concurrent sérieux pour la position de chef de faction. Et j’avais suffisamment de conscience familiale pour comprendre qu’il était à présent de mon devoir d’assurer que les Tergaryon se maintiennent à la tête de cette faction. Face, notamment, à l’homme qui s’était approché et m’adressait à présent un sourire qu’il m’eut été difficile de qualifier d’amical.

« Je te souhaite le bonjour, jeune enfant. Je suis le sénateur Baelor Cellaeron, nous avions rendez-vous ensemble, j'imagine. Comme il n’y avait personne à l’extérieur, je me suis permis d’entrer, »

Je retenais un rictus, il n’avait fallu qu’une phrase à Baelor pour essayer de me rabaisser. Cet échange promettait d’être charmant. J’avais eu vent de la volonté du Cellaeron d’avoir une entrevue avec mon père, ce dernier avait estimé qu’il serait nécessaire que j’y sois accompagnée de quelques-uns de ses soutiens de faction. Un plan qui aurait été efficace si nous avions eu le temps de le déployer. Seulement Baelor Cellaeron était là, face à moi, et il n’était pas envisageable de faire venir quelque renfort que ce soit. Tout mon être me hurlait de le faire, mais je ne pouvais m’y résoudre, préférant l’affronter seule et conserver encore quelque secret au sujet de l’identité de mes soutiens.

« Tu dois être la fameuse prunelle des yeux de ce vieux brigand de Vaegon. Quel est ton prénom ? Je te prie de bien vouloir me pardonner, ma tête me joue des tours. Mais ton père nous parle souvent de toi. »

Je me levais, consciente que cela ne changerait guère le rapport de force que nos gabarits imposaient, mais me réconfortant dans l’idée qu’il n’aurait du moins plus une vue si aisée sur moi, ce dont il semblait se délecter depuis son entrée dans ce bureau. Je ne contournais pas pour autant le bureau auquel j’avais pris place, rassurée par la présence de l’imposant meuble entre nous et l’aspect de majesté qu’il conférait à toute personne y siégeant.

« Sénateur, tu me vois ravie de cette visite. Nous n’avons en effet pu être présentés jusqu’à ce jour, Elaena Tergaryon. Mais je t’en prie, prends place. »

D’un geste délicat je lui indiquais l’un des sièges qui faisaient face au bureau. Sans doute aurais-je pu l’inviter à prendre place dans le petit salon de réception installé dans cette même pièce, pourtant je me cramponnais comme à la vie à ce bureau qui représentait finalement mon seul bouclier au cœur de ce rendez-vous qui me terrifiait.

« Comment se porte-t-il, d’ailleurs ? Les nouvelles et rumeurs qui circulent sont terrifiantes. Valyria a besoin de lui. »

Le visage de Baelor avait le pouvoir de se métamorphoser et d’endosser les expressions les plus diverses et variées. Cela aurait pu être fascinant si cela n’avait pas été un élément constitutif de la menace qu’il représentait pour moi.

« Il sera touché de ta sollicitude. Laisse-moi balayer immédiatement tes craintes légitimes, il se porte bien. Nous savons tous deux que l’homme se délecte des drames, mais il n’y a là aucun drame. Mon père a simplement décidé de prendre un certain recul avec le Sénat, mais il n’abandonnera jamais notre faction et notre cause. Comme tu le dis, Valyria a besoin de lui. »

Je lui adressais un sourire chaleureux, bien qu’il n’y ait aucune chaleur en mon cœur pour cet homme. J’aurais voulu que Maekar soit là. N’était-ce pas idiot ? Il n’était guère impliqué dans ces histoires de factions, appartenant lui-même à un autre groupe, devant lui-même se préoccuper de problèmes non négligeables. Et pourtant, je n’avais foi qu’en lui pour me défendre. Et j’avais l’intime conviction que Baelor Cellaeron était une menace contre laquelle il me faudrait me défendre.

« Mais vois comme je perds mes manières les plus élémentaires. »

Rassemblant tout mon courage, je me levais à nouveau, contournant cette fois le bureau pour me saisir d’une carafe en cristal, gravée d’or, et remplir deux coupes, en cristal, elles aussi, d’un vin épicé qui serait le bienvenu… Du moins pour moi. Je prenais tout mon temps pour verser le vin, profitant d’être dos à lui pour fermer les yeux et prendre de longues et silencieuses respirations. Finalement je me décidais à me retourner et m’approcher de lui pour lui tendre la coupe.

« Buvons à mon père, à notre faction et à son avenir. »
Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl

Une odeur de sapin
« Sénateur, tu me vois ravie de cette visite. Nous n’avons en effet pu être présentés jusqu’à ce jour, Elaena Tergaryon. Mais je t’en prie, prends place. »

Un sourire toujours sur les lèvres, Baelor détailla avec intérêt la silhouette de son interlocutrice. Il avait l’habitude de déshabiller femmes et hommes qui lui semblaient être dignes d’intérêt. Et le moins qu’il pouvait dire, c’est qu’Elaena Tergaryon était de ce bois-là. Le Cellaeron appréciait les belles choses et la fille du vieux renard entrait définitivement dans la catégorie des grandes beautés.  Cela dit, le Seigneur-soie n’était pas non plus du genre à perdre intégralement la tête face à une beauté, encore plus si celle-ci portait le nom de Tergaryon.

« Il sera touché de ta sollicitude. Laisse-moi balayer immédiatement tes craintes légitimes, il se porte bien. Nous savons tous deux que l’homme se délecte des drames, mais il n’y a là aucun drame. Mon père a simplement décidé de prendre un certain recul avec le Sénat, mais il n’abandonnera jamais notre faction et notre cause. Comme tu le dis, Valyria a besoin de lui. »

Une ombre passa dans le regard du nordique. A la différence de bien des Valyriens d’ici, Baelor considérait les femmes sur un pied d’égalité quand il en venait à prendre des décisions ou à confier des responsabilités. La structure patriarcale qui avait cours dans le sud de la péninsule existait mais était largement moins prégnante qu’à la capitale. Cela étant, il aurait préféré entendre que le vieux était à l’article de la mort et pas simplement en vacances. Cela dit, pour que la nouvelle arrive parvienne aussi officiellement sur Glaeron, la réalité devait être légèrement différente du tableau rassurant que brossait la jeune femme. Il n’avait aucun moyen de le savoir, toutefois. Peut-être qu’il devrait mobiliser quelques connaissances pour trouver des volontaires susceptibles de se rendre à Oros y jeter un œil par eux-mêmes. Valyria avait certes besoin de Vaegon Tergaryon mais pas autant que Baelor avait envie de récupérer ce splendide bureau qui serait du plus bel effet pour recevoir ses partenaires commerciaux de passage à la capitale.

« Mais vois comme je perds mes manières les plus élémentaires. »

Il s’effaça pour laisser la jeune femme attraper une carafe cristalline et deux coupes du même matériau.  Tandis qu’elle lui tournait le dos pour servir le vin dont le bruissement liquide contre les parois des coupes fut durant un instant le seul bruit que l’on entendait. Détaillant le dos d’Elaena et la cambrure qui transparaissait derrière le tissu fin et précieux qui l’enveloppait, Baelor pu convenir qu’il était en délicieuse compagnie. Quel dommage qu’elle ne se soit encore jamais aventurée au Pinacle. Il lui faudrait y remédier au plus vite ; avec une telle beauté, sa fête n’en serait que plus glorieuse. Il se plaisait déjà à imaginer des tenues toutes plus scandaleuses les unes que les autres – même à Valyria – lorsque la demoiselle se retourna et lui apporta l’une des coupes.

« Buvons à mon père, à notre faction et à son avenir. »

Il leva avec une politesse toute mondaine la coupe et trempa ses lèvres en jetant un regard à la jeune femme, s’assurant qu’elle buvait elle aussi le nectar. Il n’était pas né de la dernière éruption volcanique et ne tenait pas à finir agonisant aux pieds d’une gamine de moins de vingt-cinq ans. S’il n’en pensait pas un mot, il n’allait certainement pas daigner à la jeune femme le verre qu’elle lui offrait en honneur de son père. Il leva sa coupe avec empressement, comme si Vaegon était son paternel et pas celui d’Elaena.

« A Vaegon, à notre faction et à notre avenir. »

Il avait légèrement dévié du toast initial tout en maintenant un regard perçant dans les yeux d’Elaena. Elle n’était sûrement pas sotte pour se retrouver à cette place, et elle comprendrait sans détours le sous-entendu que venait d’avancer le Seigneur-soie. Oh oui, il la trouvait à son goût, comme bien d’autres personnes de Valyria. Être au goût de Baelor Cellaeron n’était en rien un compliment tant il aimait ce mode de vie hédoniste qui était le sien. Une fois qu’il eut vidé sa coupe de cristal ciselé d’un trait, il la déposa avec délicatesse sur le bureau et sorti un mouchoir de soie d’araignée de sa manche. Il tapota délicatement ses lèvres avant de faire disparaître la pièce de tissu précieux immaculé par là où elle était subitement apparue. Expirant longuement de contentement, il se retourna pour embrasser le bureau d’un regard. Il remarqua le coin salon où ils auraient pu s’installer depuis le début et nota ce que cela signifiait dans sa présence au bureau et non pas dans la banquette confortable. Il aurait pu s’en apercevoir plus tôt, par ailleurs. Il n’était pas nouveau à Drivo et il connaissait ce bureau depuis un moment. Il se retourna vers la jeune femme à ses côtés et lui lança un sourire faux. Si son visage n’indiquait aucune forme d’hostilité, ses yeux avaient une lueur agacée. D’autorité, il se déplaça dans le bureau, prenant le temps de regarder les décorations et les bas-reliefs tout en se dirigeant vers la fenêtre pour y observer les toits et tours de Valyria qui dépassaient au-dessus de l’enceinte protégeant le complexe gouvernemental. On aurait pu croire qu’il prenait son temps, comme s’il visitait les lieux afin de mieux se les approprier avant son aménagement prochain.

« S’il prend du recul, j’imagine qu’il va rentrer à Oros, commença-t-il avec un ton empreint d’une lenteur réfléchie. J’imagine alors qu’il ne s’embarrassera pas à retourner au Sénat en permanence : cela m’a tout l’air d’une retraite des affaires publiques, jeune fille. »

Il ne comprenait pas très bien où le menait cette réflexion qu’il avait à voix haute mais il ne pouvait s’empêcher de trouver ce départ très précipité et hautement suspect. De plus, le fait qu’on avait tardé à convoquer les sénateurs de la faction n’était pas pour le rassurer. Le vieux Vaegon n’aurait pas laissé la faction dans un tel état d’incertitude à dessein. Ou peut-être que si ? Après tout, il ne le connaissait guère personnellement. Qui était vraiment le patriarche Tergaryon ? Il continua toutefois sa réflexion.

« Et si c’est cela, il va forcément devoir abandonner sa charge de sénateur et de chef de faction. Ou à défaut, trouver quelqu’un pour le représenter en permanence ici. Mais cela signifierait qu’il ne prendrait plus part aux votes, c’est idiot. Non, s’il se retire pour de bon, il va nommer une nouvelle personne pour le remplacer. Mais qui ? Son fils aîné est déjà désigné par l’armée. Nous l’avons tous vus recevoir son prix au triomphe.  »

Il s’interrompit soudain, l’œil vif et le sourire diabolique.

« Serait-ce vous, que le vieux renard a désigné comme héritière de son siège ? »
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


Une odeur de sapin

HAHAHAHA Elaena a tout supprimé comme une débile. AHAHAHA (rire jaune).

Mais en gros :
Gnagnagna c'est pas vrai. Gros vilain. Je t'aime pas. Dégage.



Et, pour finir, un petit intermède musical :
Berger de Calédonie
Menant bêtes sous rude orage
Dût attendre bien à l'abri
Que s'enfuient les gros nuages.
Niah, niah, niah, niah!

L'ami Barde n'eut point ripaille
Parti sans pain et sans fruit
Quand chanta pour les funérailles
Du roi Loth mort dans son lit.


Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl

Une odeur de sapin
Baelor jaugeait encore cette jeune pousse qui avait visiblement décidé que le Sénat serait une affaire purement dynastique et d’héritage. Quand bien même elle était fort agréable à regarder et d’une intelligence visible, elle n’en demeurait pas moins naïve si elle imaginait qu’il se ferait avoir par un stratagème aussi grossier. Dans son esprit, le Cellaeron réfléchissait déjà aux conséquences de cette discussion. Il était évident qu’il allait devoir rapidement mobiliser ses fidèles au sein de la faction et qu’elle ferait de même sitôt qu’il serait reparti. Il n’aurait pas l’occasion aujourd’hui de pouvoir examiner ce bureau qu’il imaginait être le sien plus tard. Il ne serait pas dit qu’une jeune écervelée voulant jouer à la politique comme son cher papa l’empêcherait de continuer sa marche vers la gloire.

Lorsqu’elle l’invita à s’asseoir, il l’ignora superbement, restant obstinément debout. Il la suivit toutefois dans le coin salon du bureau, prenant le temps de poser ses mains sur les bas-reliefs et les étagères, cherchant à sentir l’énergie que les artisans avaient voulu insuffler à leurs créations. Oui, le bureau était définitivement une bien belle pièce et à la mesure d’un homme comme Baelor. Après tout, ce n’était pas les Tergaryon ou les Odenys qui avaient avancé les négociations de la paix. C’était lui, Baelor Cellaeron, le Seigneur-Soie. Personne ne pouvait lui nier cet état de fait, même ses ennemis lui accordaient ce rôle. Considérant qu’il était resté debout suffisamment longtemps, il s’installa finalement avec une lenteur très calculée de nonchalance. Qu’elle le souhaite ou non, Elaena devrait se plier au fait qu’il était l’aîné et qu’elle devait l’écouter, pas l’inverse.

« Les bons mots qui complimentent ton esprit acéré se sont montrés modestes, voilà que tu étais bien trop rapide pour moi et que je n’ai pu te détromper au bon moment. Mon père ne se retire guère des affaires publiques. Je t’en supplie, cher Baelor, ne laisse pas nos ennemis communs empoisonner ton esprit avec ces rumeurs infondées, elles ne cherchent qu’à nous diviser avant le vote qui s’approche. »

Il lui jeta un coup d’œil rapide tandis qu’elle s’efforçait de faire preuve de politesse en déposant une main amicale sur son avant-bras. Pour qui diable le prenait-elle ? Il n’était pas un homme de la dernière éruption volcanique. Il n’allait pas se laisser avoir par un numéro de charme mis en place par une jeune oie qui s’imaginait pouvoir le berner, lui. C’était presque insultant. Non, ça l’était. C’était même outrageant. Il nota toutefois l’information. Vaegon ne se retirait pas de la vie publique. Que ce soit vrai ou non, l’information était sortie. Baelor la nota dans un coin de son esprit.

« Allons, ne nous laissons pas prendre au jeu de ces fauteurs de trouble. Parle-moi plutôt de cette fête somptueuse organisée par tes soins et dont Valyria ne cesse de parler. Sans doute ne me connais-tu pas suffisamment mais je suis friande de fêtes, je n’ai pas encore eu l’opportunité de me rendre à l’une des tiennes mais elles ne font qu’ajouter à ta renommée. »

Malgré lui, Baelor se dérida. Il voyait bien qu’elle avait eu le temps de prendre ses renseignements auprès de son père avant de s’installer dans son siège. Il eut un sourire satisfait et toisa la jeune femme d’un regard carnassier. Oh oui, elle serait une magnifique addition à la décadence des soirées du Pinacle. Lorsque les soirées les plus exclusives de Valyria étaient organisées dans la forteresse montagnarde des Cellaeron, les invitations s’échangeaient à demi-mots, dans les recoins sombres des coursives. Les rares qui ne possédaient pas de dragons partaient des jours et des jours en avance pour être certains de parvenir à l’heure dite. Il fallait bien une semaine avec un cheval rapide et sans le ménager pour parvenir jusqu’au Pinacle. Là, la fête durait alors bien trois jours, laissant à chacun le loisir d’honorer les dieux mille fois et plus, et aux fatigués de repartir quand bon leur semblait. A l’idée de voir le corps d’Elaena onduler sous ses yeux, de pouvoir contempler cette poitrine se dressant outrageusement de lubricité, Baelor se sentit frémir malgré lui. Oh oui, elle aurait une invitation. Il y veillerait personnellement. Ce serait également l’occasion pour elle de faire connaissance avec l’autre façon de maintenir une influence : tout ne se réglerait pas derrière le bureau de son père. Il prit la parole d’un air conspirateur.

« Si tu savais, très chère, comme j’en suis fier. Nous avons eu un spectacle délicieusement organisé par, je pense, Meleys elle-même. Des cracheurs de feu et des artistes de la mort, travaillant de pair pour offrir à mes invités la plus belle définition de la culture valyrienne. Je te ferai savoir quand la prochaine se tiendra, si c’est là ton propos. Tu es la bienvenue chez moi, n’importe quand. Entre mercantilistes, nous devons nous serrer les coudes, n’est-ce pas ?   »

Ce faisant, le Seigneur-Soie sembla s’animer d’une énergie nouvelle, revenant aux affaires courantes. La lubricité s’éteignît dans ses pupilles pour laisser place à une ambition mordante, qui embrasait ses yeux d’un violet pâle.

« Et puisque nous parlons de cela, sache que je t’ai entendue. Vaegon doit prendre du recul et compte sur nous pour rester dans le rang. Tu me dis qu’il ne fait que se retirer des affaires publiques et je l’entends. Puisque tu m’assures de cela et que nous sommes dans le même camp, comme tu l’as fait remarquer, je ne vois pas de raisons de ne pas t’accorder ma confiance et de te croire. Toutefois, prends garde Elaena Tergaryon. Je ne suis pas de ceux à qui on ment impunément. »

Malgré le sourire tout à fait cordial et le ton doucereux, la menace était bien présente et Baelor se douta que l’ambiance se rafraîchirait immédiatement après son intervention. Il ne laissa donc pas à la jeune femme le temps de résister et enchaîna avec rapidité.

« Tu n’as manifestement pas trente ans et pourtant te voici pourtant propulsée à la tête de la faction la plus riche du sénat valyrien. Et tu n’étais, si j’ai bien compris, pas même destinée à un jour être sénatrice. Belle ascension : la guerre révèle son lot de conséquences inattendues, à n’en point douter. Alors dis-moi donc, sénatrice, qu’attends-tu de Valyria et de notre belle faction ? Ambitionnes-tu de n’être qu’un relais pour ton cher paternel ? »

Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


Une odeur de sapin

« Si tu savais, très chère, comme j’en suis fier. Nous avons eu un spectacle délicieusement organisé par, je pense, Meleys elle-même. Des cracheurs de feu et des artistes de la mort, travaillant de pair pour offrir à mes invités la plus belle définition de la culture valyrienne. Je te ferai savoir quand la prochaine se tiendra, si c’est là ton propos. Tu es la bienvenue chez moi, n’importe quand. Entre mercantilistes, nous devons nous serrer les coudes, n’est-ce pas ? »

La réputation des fêtes données par Baelor Cellaeron n’était plus à faire. Si Elaena n’avait encore eu l’opportunité de s’y rendre, elle avait entendu toute sorte de rumeurs et histoires faisant de ces libations de véritables moments hors du temps. Pourtant, si elle ne boudait jamais son plaisir lorsqu’il s’agissait de festoyer, la jeune femme ne put s’empêcher de voir, dans la proposition de Baelor, un élément menaçant. Elle n’était pas naïve, encore moins aveugle, et elle doutait à présent fortement que Baelor puisse envisager de ne serrer que ses coudes. Ma foi elle pourrait toujours s’y rendre accompagnée de Maekar et Aeganon, l’un pour ne pas la quitter d’une semelle, l’autre pour assurer le spectacle comme il savait le faire.

« Tu m’ôtes les mots de la bouche, cher Baelor. Je serais ravie de découvrir ces lieux dont on parle tant. »
« Et puisque nous parlons de cela, sache que je t’ai entendue. Vaegon doit prendre du recul et compte sur nous pour rester dans le rang… »

Têtu, il l’était. Il ne la laisserait pas le mener par le bout du nez sur un tout autre sujet que celui qu’il avait en tête. Il avait l’avantage de l’âge et de l’expérience. Bien sûr, tout sujet était bon pour gagner du temps, car Elaena était rarement seule dans ce bureau et elle savait que quelqu’un finirait par venir.

« … Tu me dis qu’il ne fait que se retirer des affaires publiques et je l’entends. Puisque tu m’assures de cela et que nous sommes dans le même camp, comme tu l’as fait remarquer, je ne vois pas de raisons de ne pas t’accorder ma confiance et de te croire. Toutefois, prends garde Elaena Tergaryon. Je ne suis pas de ceux à qui on ment impunément. »

Les menaces à présent. Ils étaient, décidément, destinés à une belle et grande relation de confiance. Croyait-il réellement qu’il pouvait l’impressionner ainsi ? Lui faire peur de telle sorte qu’elle finirait par s’enfuir ou cracher le morceau ? Pourtant elle avait crédité l’homme d’une plus grande agilité d’esprit. Cependant s’il pensait réellement l’atteindre avec cette menace, qu’il ne prenait même pas la peine de dissimuler, Elaena se dit qu’elle l’avait peut-être autant surestimé qu’il ne la sous-estimait.

« Tu n’as manifestement pas trente ans et pourtant te voici pourtant propulsée à la tête de la faction la plus riche du sénat valyrien. Et tu n’étais, si j’ai bien compris, pas même destinée à un jour être sénatrice. Belle ascension : la guerre révèle son lot de conséquences inattendues, à n’en point douter. Alors dis-moi donc, sénatrice, qu’attends-tu de Valyria et de notre belle faction ? Ambitionnes-tu de n’être qu’un relais pour ton cher paternel ? »
« Oh Sénateur… Tu commences déjà à me connaître, cependant bien que je sois tout à fait sensible à la flatterie, je ne tire aucun plaisir à être complimentée sur ce que je ne suis pas encore. Et, puisque pour que nous soyons alliés, il nous faut nous connaître, je ne peux que te suivre sur le chemin de la révélation. Je partage ton aversion pour le mensonge - quelle vilaine habitude que celle-ci ! -, mais il y a bien quelque chose que j’abhorre plus encore et c’est qu’on me menace. »

Elle s’arrêta un instant, le visage fermé, pour finalement laisser éclater un grand sourire, tout à fait convaincant et enthousiaste.

« … Bien ! Voilà que nous nous connaissons déjà bien mieux, quelle joie d’avoir pu échanger avec toi, Sénateur, et de contempler notre collaboration future ! Puisque tu me vois déjà sénatrice, tu n’auras donc aucun mal à te faire à mon rôle de relai jusqu’au prompt rétablissement de mon père. »

Elaena se leva, aussi guillerette que possible et tourna le dos à Baelor sans lui laisser le temps de répliquer pour retrouver le grand bureau délaissé quelques minutes auparavant.

« C’est à grand regret qu’il me faut prendre congé, mon cher Baelor, tu connais les affres de la politique et, moi qui ne suis qu’une éphémère victime, je me vois dans l’obligation de me dédier corps et âme à la fonction pour ne pas décevoir mon père. Il serait de mauvais ton qu’il revienne et constate une bien mauvaise gestion en son absence. Revoyons-nous bientôt, je gage que nous aurons encore beaucoup de choses à nous dire. »

Contenu sponsorisé