La date de la fondation de Valyria comme cité, et l’établissement d’un pouvoir centralisé étendu à toute la péninsule, se perd entre mythes et réalité. L’épisode des trois fondateurs de la cité, Vaekar, Lyseon et Riahenys, dont le triptyque a finalement donné son nom à la ville, est connu de tous. On raconte qu'Arrax, Dieu des dieux, se révéla aux trois bergers et les guida jusqu’à l’emplacement actuel de la cité où ils rencontrèrent les trois enfants d’Aegarax, Dieu de toutes les créatures qui marchent, nagent ou volent : les trois premiers dragons, qu’ils dressèrent. Durant près de deux cent ans, les fondateurs gardèrent le pouvoir sur la péninsule et sur le savoir sacré de ses habitants, en fondant la Triarchie.  

Leur contrôle politique prit cependant fin avec la révolte des Dragons Verts, menée par cinq familles qui ne supportaient plus l’hégémonie tricéphale et détrônèrent les héritiers des fondateurs pour instaurer le Conseil des Cinq et le Sénat - et la démocratie valyrienne telle qu'encore pratiquée de nos jours. Parmi ces héritiers, la Dynastie Vaekaron - issue du fondateur Vaekar - semblait s'accoutumer le plus facilement au renversement. Non pas qu'ils soient las de l'exercice du pouvoir absolu mais parce qu'ils choisirent de se concentrer sur l'autre aspect de leur grande puissance : la Magie.

Retirés dans leur grande demeure ancestrale, Tour Vaekar, ils s'attelèrent à refouler ce qui pouvait leur rester de rancœur dans la recherche et la foi. Portés d'avantage sur les nourritures spirituelles que terrestres, ils amassèrent un nombre incalculable de livres et de grimoires. Avec le temps, les Vaekaron se construisirent une solide réputation de sages, valorisant la connaissance au profit de la force physique. Si certains se prennent à moquer leurs airs quelque peu démodés, personne ne peut nier que les Seigneurs Dragons issus de la dynastie comptent parmi les plus puissants car forts de techniques de dressage de dragons inédites, apprises en observant l'Histoire. Ils sont également très proches des prêtres et des temples, auxquels ils font de nombreuses donations. On dit que le sang des Vaekaron est utilisé tant par les hauts membres du Collège que par les appelés des Dieux, et sont tenus en grand respect de l'ensemble de la population.

Aînée de la dynastie, l'éblouissante Alynera a toujours été considérée comme un joyau parmi les bien nées de Valyria. Belle à damner un Dieu, rompue au Code de Conduite et icône de la mode valyrienne, elle faisait naturellement la fierté d'une dynastie dont l'influence, comme toutes celles des Fondateurs, avait décliné depuis la chute de la Triarchie. Du bout des lèvres, on l’appelait même "Princesse" tant elle en avait l'allure, la grâce, et bien entendu, la richesse !

Son avènement parmi les jeunes filles à marier rythma la vie mondaine de la péninsule pendant plus de deux ans. Bien qu'issue d'une famille du Sud, et courtisée aussi bien par ses frères cadets que ses cousins, le vieux Vaekaron n'excluait pas de déroger à la règle du mariage incestueux pour trouver un parti au delà de ses frontières méridionales. Pourquoi ne pas profiter d'une union avec le Nord pour accroître ses positions ?  

Pourtant, c'est bien son frère Daelor que la belle épousa en grandes pompes au temple de Meleys. Malgré les propositions alléchantes venues des quatre coins de l'Empire, le père des mariés s'en remit aux traditions ancestrales, ainsi qu'aux prédictions religieuses recueillies en rendant son dernier souffle. Selon elles, la beauté de sa fille était trop précieuse pour la donner à un autre. Pauvre patriarche. Que ne doit-il s'en retourner dans sa tomber en voyant le destin de son joyau prendre un si sombre tournant !

La guerre contre les Ghis emporta plus de la moitié des hommes de la famille, y compris Daelor et ses deux frères. Alors que tous célèbrent le triomphe de la victoire, Alynera porte grand deuil et réalise la précarité de sa situation. Son frère-époux, jaloux et mesquin, a déshérité l'intégralité des siens au profit de sa femme et s'il lui est possible d'épouser le dernier mâle éligible au mariage, ce dernier n'a pas dix ans ! Déjà, elle sent le souffle avide de ses anciens prétendants frapper aux portes de son palais. C'est une option, mais la belle est moins gourde qu'on peut le croire ; elle compte bien préserver le nom dont elle est dépositaire, et le cas échéant, son remariage ne se fera pas sans conditions !

Frère cadet du défunt Lorgor, Ragaenor réunissait toutes les caractéristiques d'un futur grand et puissant mage. Son impressionnante mémoire, doublée d'un tempérament patient et minutieux lui furent prédits dès l'Epreuve du Feu, tant et si bien qu'il resta presque quatorze heures à la merci des flammes avant qu'il ne soit finalement décidé de placer un œuf de dragon dans son berceau. Il ne pleura jamais, et ce jusqu'à ce jour. 

Exemple de piété, chérissant l'écrit et la protection des savoirs plus encore que sa sœur-épouse et ses deux filles, c'est à lui qu'on confia le titre de Mīsio Tembyr - curateur de la grande bibliothèque de Tour Vaekar, et autre grand temple du savoir valyrien pouvant rivaliser avec celle du Collège. Y passant le plus clair de son temps, l'on pourrait croire qu'il ne fait qu'un avec ses livres et que le situation politique et sociétale de la péninsule ne l'atteint pas; Erreur fatale que de le croire ! Sous ses airs imperturbables, Ragaenor voit tout, entend tout et depuis que la tragédie a frappé sa famille - cinq morts en une guerre ! - il ne peut plus se contenter d'observer.

Le testament de son défunt neveu faisant d'Alynera son héritière, et de facto la tête de la famille, a définitivement embrasé le feu silencieux qui a toujours flambé en lui. Rien, pas même une punition qui ne peut être que divine, ne sauraient mettre à mal des siècles de traditions. Se voulant le garant de celles-ci, c'est donc à la face de tous que Raeganor a déposé une mention pour faire réviser le testament contra legem de son neveu - faisant de lui, de facto, le successeur au siège sénatorial de son frère.