Le glissement de terrain a emporté une partie de la place des marchands en surface, mais cet affaissement a également entraîné l’éboulement de plusieurs boyaux souterrains, dont ceux dans lesquels se trouvaient Hordar Kihzeznis et Enora Zahor Amai. Ils n’ont pas le choix : ils doivent tous deux rebrousser chemin. La seule issue les conduit jusqu’à une salle centrale. L’ancien navigateur paraît par le boyau nord-ouest. La redoutable native de Sarnor, elle, débouche dans l’endroit par la droite, et le nord-est. Ils se contemplent un moment, mais le grondement derrière eux les convainc bien vite que, peu importe cette nouvelle compagnie, pour le moment, ils n’ont pas d’autre option que de se précipiter vers la troisième ou la quatrième entrée de la grotte.

Cependant, le duo improbable n’a pas le temps de réfléchir. Du troisième boyau, au sud-ouest émerge, comme s’il était poursuivi par le feu-dragon lui-même, Jaekar Veltheon, qui porte les stigmates de ses aventures précédentes. Et les bruits derrière lui sont tout sauf rassurant, puisqu’au fracas des éboulis se mêlent les plaintes gutturales de créatures inconnues des deux autres arpenteurs des bas-fonds, mais sans nul doute peu engageantes.

Les trois compères n’ont pas le choix. Ils doivent fuir, et slalomer à travers les égouts pour éviter de mourir broyés … ou dévorés.

La moindre parcelle de son corps lui était douloureuse alors qu'il courait, ou plutôt clopinait avec une angoisse grandissante. Jaekar jetait des coups d'oeil inquiet par dessus son épaule, prêt à voir des formes sinistres et tout autant mortelles lancées à ses trousses. Il n'en était rien pour le moment mais le jeune guerrier savait que ses poursuivants ne le lâcheraient jamais. Trop de sang coulait de la multitude de plaies que l'explosion et les combats lui avaient causé. Les rampants de la sub urba avaient goûté à la chair humaine fraîche ce soir et on avait troublé leur repos. Rien ne les arrêterait à part une bonne lame entre les dents ou un dragon. Jaekar ricana à l'idée qu'il ne valait pas mieux que les autres citoyens de la ville. Tout ne se résumait à tout brûler. Bien que cela aide parfois.

Avec un gémissement, le jeune homme s'arrêta quelques minutes et posa sa main droite sur le boyau humide de l'égout. Par chance, il n'avait pas plus plu récemment et même ses bottes restaient sèches. Jaekar toussa, la gorge sèche et pesta contre la fumée sèche. Il n'aurait jamais cru qu'on puisse être aussi assoiffé. Même l'eau rance d'une trace de botte ghiscari suffirait à étancher sa soif. Essayant de passer outre sa douleur physique et la gêne, Jaekar essaya de se rappeler les derniers évènements. Le souffle de l'explosion l'avait laissé sonné, voir même sourd d'une oreille. Le reste était une série d'images floues voir irréelles. Il avait cru un instant voir Maera penchée sur lui au point que son inimité l'avait gratifié d'un deuxième glaive, inutile au combat cependant. Il ne se rappelait pas comment il avait rejoint les égouts, ni ce qu'était devenu la magicienne.

Vérifiant sa ceinture et son glaive, Jaekar reprit sa route d'un pas plus traînant cette fois. Tant qu'il ne saurait pas où se trouvait les créatures, dont il entendait l'écho de leurs râles se répercutant dans les tunnels, il ne voulait pas gaspiller sa force ou son endurance. Il ne fallut pourtant guère plus de cinq minutes pour qu'une première forme apparaisse dans son dos et poussa un hurlement propre à glacer le sang de Jaekar. Ce dernier prit aussitôt les jambes à son cou et déboula sans réfléchir au milieu d'un croisement. Clignant des yeux devant la lumière qui se déversait d'une étroite bouche d'égout grillagée, il se rendit soudainement compte de la présence de deux silhouettes. Hordar et Enoria ? Quelle surprise ! Affectant une allure décontractée, malgré son visage poussiéreux et couvert de sang séché ou encore son armure déchirée, Jaekar prit son meilleur sourire canaille. Mais avant qu'il ne put ouvrir la bouche, les hurlements reprirent de plus belle derrière lui.

Hordar. Jaekar hocha la tête en direction du marin. Enoria. Un clin d'oeil salua la jolie jeune femme. Je suis très heureux de vous voir ici, mais je serai vous je me mettrai à courir. Et très vite !

Sans prendre la peine de leur expliquer, ou même de vérifier s'ils le suivaient ou se séparer, Jaekar repartit tout droit, bien déterminé à mettre le plus d'espace possible entre lui et les rampants.

Pour les copains:

Lancé de dés:

« Tu m'as habitué à de moins sordides endroits. »
« La ville est en liesses, navrée de ne pouvoir t’offrir un verre à la taverne du coin, mais vois-tu j’ai un sens tout particulier de la discrétion. Sans doute mon côté sarnori. Qu’as-tu pour moi ? »

Les rendez-vous à la dérobée était une spécialité pour Enoria, pourtant elle devait accorder cela à son interlocuteur, elle n’était guère du genre à organiser des rencontres en sous terrains. Premièrement parce qu’il était relativement peu naturel pour une jeune femme des terres du soleil de se résoudre à s’en priver, mais également parce que malgré toutes les tentatives de son mentor pour faire d’elle une espionne des bas-fonds… elle n’en restait pas moins une princesse. Seulement l’opportunité était bien trop belle. La ville entière, nobles et gueux, riches et pauvres, s’étaient assemblés en un point unique de la ville. Les yeux de la cité de Valyria s’étaient tournés vers un endroit commun, il était ainsi bien plus simple de s’y soustraire. Cela impliquait évidemment d’éviter les lieux fréquentés et Enoria s’était tout d’abord imaginé donner rendez-vous à son informateur dans un quartier lointain du centre des festivités. Cela avait été sans compter l’insistance de la jeunesse valyrienne qu’elle s’était mise à fréquenter depuis son arrivée à Valyria.

Il avait été plus simple que prévu de s’immiscer dans les cercles de la noblesse valyrienne. Tout d’abord parce que malgré leurs penchants répréhensibles pour les mariages incestueux, les valyriens n’aimeraient rien tant que l’exotisme, et qu’à sa plus grande surprise Enoria était considérée comme exotique. Et puis parce que son lien de sang devenu public avec la famille Qohaenos avait associé à l’exotisme de leurs fantasmes l’attrait d’un sang moins impur qu’ils n’auraient pu le penser. Il était peu dire que ces considérations semblaient ridicules à la jeune princesse mais après tout elle ne cracherait certainement pas sur l’accueil chaleureux qui lui était fait. Elle avait rencontré un jeune homme de la famille Lyseon, lointain cousin du chef de famille que l’on disait redoutable, à l’occasion d’une des nombreuses fêtes du Triomphe valyrien, ils avaient ri et discuté longuement, et peu encline à se laisser dénuder en public si aisément par un jeune homme, certes fougueux, mais encore inconnu, elle s’était dérobée sans un mot. Elle n’avait recroisé le jeune homme que très récemment, au détour d’une rue qu’elle descendait et qu’il remontait à la hâte. Il n’avait guère apprécié sa fuite silencieuse, mais il n’en montrait rien, ce qui fit sourire la jeune femme. Après quelques mots échangés, et les maigres rancœurs du passé balayées, le Lyseon s’était élancé dans une tirade fatigante au sujet du grand événement qui attendait les valyriens. L’élection d’une nouvelle Lumière de Sagesse approchait, le Maerion quittait son siège et s’était ouverte la campagne pour désigner son successeur. Enoria avait souri, feint l’ignorance, et s’était faussement extasiée face à la perspective du discours de Baelor Cellaeron. La jeune femme devait reconnaître au jeune homme sa capacité à convaincre, ou son insistance ne souffrant aucun refus, car sans même s’en rendre compte la jeune native de Sarnor avait affirmé qu’elle s’y rendrait et que, peut-être, pourraient-ils s’y rencontrer.

La stratégie n’était pas mauvaise. Elle avait décelé un intérêt du jeune homme envers elle, et la réputation des Lyseon n’était plus à faire, descendants d'un des fondateurs ils avaient certes perdus en influence mais guère en prestige. Être au bras de l’un d’eux ouvrirait sans doute des portes et c’était bien tout l’enjeu de sa présence à Valyria. Pourtant, Enora se retrouvait à présent face à la lourde tâche de mener de front une rencontre secrète et une apparition publique dans un lieu vers lequel se tournerait tous les yeux de la cité. La rage de son mentor ne se fit pas attendre, mais il avait depuis bien longtemps abandonné l’idée d’avoir la moindre maîtrise sur cette enfant. L’homme avait fini par se rendre à l’évidence : elle finirait par se faire tuer.

Il n’imaginait cependant pas que cela puisse se produire si vite. Car Enoria s’était donc résolu à rencontrer brièvement son interlocuteur sous les festivités qu’elle devait rejoindre. La parade lui semblait idéale. Elle n’aurait que quelques minutes de retard, elle serait vue, et ainsi serait-elle parvenue à réconcilier les deux facettes de sa mission, l’ombre et la lumière. Il ne fallut que quelques secondes pour que le deuxième éboulement ne suive le premier, et ce qui aurait pu paraître comme un effet d’usure commun apparût rapidement comme le signe d’un danger majeur. Enoria et son informateur furent littéralement séparés par un bloc s’effondrant entre eux, chacun des deux tombant de part et d’autre de la roche qui continuait à s’effriter et s’affaisser.

Il ne fallut pas bien longtemps pour que la jeune femme soit à nouveau sur ses pieds, et encore moins de temps pour que le réflexe de survie ne l’entraîne à courir pour fuir ce qui semblait n’avoir qu’une issue mortelle. Elle tombait une première fois, trébuchant sur quelques aspérités d’un sol sec mais inégal, et se relevait sans prendre le temps de considérer les quelques éraflures rougies qui ornaient à présent ses bras et jambes.

Tu seras ravie d’avoir ses éraflures plus tard, cela voudra dire que tu es en vie.

Elle courrait déjà depuis des minutes qui lui avaient semblé être des heures lorsque la princesse sarnori déboucha sur une salle dont la largeur contrastait violement avec l’étroitesse étouffante du boyau qui avait menacé de l’ensevelir.

« Vous ? »

Enoria ne connaissait pas personnellement le jeune homme, elle se souvenait l’avoir vu aux côtés d’Aerys Maerion à quelques reprises mais ils n’avaient guère eu d’opportunités d’échanger. La réputation des Maerion n’était pas à refaire et Enoria n’en ignorait rien. En revanche la présence du jeune homme ici signifiait qu’elle n’était pas la seule à se servir de l’ombre au moment où les valyriens étaient tout à leurs Lumières. Et si la suspicion de la jeune femme avait été piquée par la présence du jeune homme en ces lieux, nuls doute que l’inverse serait vrai. Peut-être aurait-elle pu tenter d’expliquer sa présence dans ces souterrains… Pourtant à la réflexion elle décidait de s’en abstenir. Toute tentative de justification ne ferait qu’amplifier la suspicion et surtout elle n’en aurait pas eu le temps.

« Hordar. Enoria. »
« Jaekar ? Tu… »

Un cri. Cela faisait plusieurs minutes que d’étranges sons émanaient à intervalles réguliers des environs sans qu’Enoria ne parvienne à l’identifier. Peut-être était-ce simplement les bruit d’une structure s’effondrant sur elle-même ? Qui pouvait savoir ce que ces valyriens avaient utilisé pour construire les fondateurs de leur ville puisqu’elle s’affaissait avec une telle facilité ? Pourtant, ce qui n’avait été que lointain et impossible à identifier était à présent un cri distinct, et il venait du boyau duquel avait émergé Jaekar… dans leur direction.

« Je suis très heureux de vous voir ici, mais je serai vous je me mettrai à courir. Et très vite ! »
« Tu… quoi ? »

Un énième cri, à présent si fort qu’il emplissait la salle dans laquelle le petit groupe se tenait. Peut-être n’était-ce rien, pour l’avoir rencontré à de nombreuses reprises Enoria n’ignorait rien du penchant de Jaekar pour l’excès. Cependant, la jeune femme n’était guère encline à s’appesantir sur ces considérations.

« On y va ! »

Faisant fi de l’avis éventuel d’Hordar, Enoria attrapait un pan de sa chemise et le tirait à sa suite afin de le mettre en marche. Après quelques secondes à le tracter elle relâchait la chemise, estimant qu’il était bien assez grand pour courir seul sans la force toute relative d’une jeune femme.

S’il y avait une chose qu’Enoria avait appris avec l’âge, c’était à courir. Elle n’exerçait pas la mission la moins dangereuse au monde, et elle n’avait jamais eu d’illusions quant à sa capacité à se défendre une arme à la main. Alors ne restait qu’à s’en remettre à son ingéniosité pour se tirer des situations les plus menaçante et à sa forme physique lui permettant – entre autres – de courir, vite. Elle rattrapait donc sans peine un Jaekar sans doute ralenti par les nombreuses blessures qu’il affichait.

« Qu’est-ce que tu… qu’est-ce que tu as fait ?! Que fuyons-nous ? »

Elle reprenait son souffle un instant, ne cessant pas pour autant de courir, mais reprenait avant de lui laisser le temps de répliquer.

« Et je te préviens, ne t’avises pas de me dire que tu n’en sais rien ! »

Ils courraient, ensemble, et si au début Enoria était persuadée qu’Hordar avait continué à la suivre une fois qu’elle eut lâché sa manche, elle n’en était plus si sûre. Elle craignait de se retourner, tant par anticipation de ce qu’elle pourrait voir à leurs trousses que par craindre de chuter à nouveau.

Lancé de dés:

Ce que Jaekar et ses comparses avaient réveillé au cours de leur périple n’avait rien de bienveillant. Les créatures étaient obnubilées par deux choses : le fait d’avoir été dérangées dans leur torpeur, et celui de voir leur faim incompressible se réveiller. L’odeur de chair humaine était si douce, si délicieuse, si tendre, si attirante … leurs narines en frémissaient d’allégresse. Et si elles n’avaient pas la vitesse de pointe d’humains dans la fine fleur de l’âge, elles avaient le bénéfice de la connaissance des lieux. A moins qu’une magie sombre ne soit à l’œuvre ? Dans tous les cas, elles progressaient, gagnant sensiblement du terrain sur le trio de fuyards qui peinaient à se repérer dans le dédale, régulièrement ralentis en plus par les ondes de choc qui continuaient à se répandre à travers le sol.

Une déflagration plus importante que les autres les renversa à terre. Quelques stalactites grincèrent dangereusement et deux se détachèrent du plafond. Il fallut un réflexe herculéen à Enoria pour éviter d’être empalée par ces dernières. L’une de ces armes des profondeurs venait de se ficher profondément dans son vêtement, à quelques millimètres de ses côtes, la clouant au sol. Et elle pouvait percevoir, horrifiée, les ombres des créatures de cauchemar qui poursuivaient le Veltheon, avides de faire enfin couler ce sang qui s’obstinait à rester dans ses artères …

Lancers de dés du MJ:

Epuisé par une longue nuit passée dans les tunnels sans repos et encore blessé par le combat et l'explosion, Jaekar n'en menait pas large. Le souffle court, il sentait ses poumons prêt à imploser. Il traînait plus qu'il ne soulevait ses jambes. Sans la crainte d'être rattrapée par les créatures, Jaekar aurait bien volontiers jeter linothorax, ceinture et les sandales cloutées qu'il portait. Quitte à prendre le risque de glisser, au moins il le ferait en voyageant léger. Ce fut donc avec une surprise non feinte qu'il vit Enoria apparaître à sa droite et caler son rythme sur le sien. Jaekar ne doutait pas une seule seconde qu'elle le dépasserait si elle le souhaitait. Lorsqu'elle le harcela de question, la première réaction du jeune homme fut un regard noir. Prenant sur lui, il gonfla ses joues et répondit d'une voix hachée mais encore forte.

Je n'y suis... pour... rien ! J'étais... occupé... A faire ma vie quand le sol.... s'est effondré !

Pris d'une quinte de toux, Jaekar ralentit l'espace d'une seconde. Profitant de tourner le dos, et à la croupe fort agréable d'Enoria, il cracha un glaire mêlé de sang avant de rattraper la jeune femme. Il ne lui avait pas menti. Du moins pas directement. Il n'était en effet pour rien dans les explosions qui secouaient la ville. Le simple fait qu'il dissimulait sa présence sous les égouts avant le début de la catastrophe. Jetant un regard en coin sur les traits délicats de sa compagne de course, Jaekar sourit cyniquement.

Je ne sais pas... qui tu voyais. Mais tes amants... n'ont... pas... de chance... de... devoir retrouver.. une couche... dans... les égoûts. Aussi agréable fut la compagnie. Finit il d'une traite alors que le sol tremblait à nouveau. Observant les deux stalactites tombées dans une lenteur démesurée, Jaekar poussa un "NON" de surprise. Enoria tomba, très certainement empalée par plusieurs kilos de roche. Ce fut la bouche béante que le guerrier découvrit qu'il n'était rien de tel. Seuls quelques millimètres séparaient la Sarnorienne d'une mort brutale. S'appuyant de toutes ses forces contre la roche, Jaekar comprit qu'il n'aurait pas le temps de la libérer avant l'arrivée des créatures. Reculant de quelques pas, le guerrier jeta un coup d'oeil derrière lui, vers la liberté, et adressa un regard éloquent à Enoria.

Je suis désolé. Si tu t'en sors ne me tues surtout pas.

Fléchissant légèrement les genoux comme pour se mettre à courir, Jaekar ne réfléchit pas plus et attrapa Enora par les épaules pour la tirer vers lui. Dans un long déchirement, le tissu de la robe sembla céder, prête à libérer la jeune femme. Si c'était le cas, ils formeraient un couple dépareillé, mais bel et bien en vie.

Lancé de dés:

Raenar tentait de se débattre de toutes ses forces pour ne pas rejoindre le monde de Balerion mais la prise d'Hordar était parfaite, l'homme ne pouvait rien faire contre la corde qui enserrait son cou. Tandis qu'il luttait avec toute l'énergie du désespoir, l'homme de main lui dit :

« Rien contre toi, ça n'est pas personnel. D'ailleurs, je ne te connaissais même pas. Mais comprend bien que si l'on laisse un seul maillon devenir instable, c'est toute la chaîne qu'il faudra remplacer ensuite. Et ça, c'est mauvais pour les affaires... Je suis sûr au fond que tu comprends ma position ainsi que le fait que je n'avais pas le choix. Du moins, pas le choix après avoir entendu tes explications fumeuses. Tu as peut-être raison et je suis peut-être en train de faire une bêtise en t'éliminant mais vois-tu, nous ne sommes jamais trop prudent ! Mon père n'est pas devenu ce qu'il est aujourd'hui sans son réseau d'informations. Ainsi, une machine impeccable avec chaque rouage qui connaît son rôle et ses limites amène à l'harmonie ! Et avec toi, on ne la sentait plus. »

Le corps s'affaissa mollement, il n'y avait plus trace de vie chez Raenar, il était désormais entre les mains du Dieu de la Mort.

« Maintenant que tu t'es rangé à mon opinion, je suis certain que tu comprends de quoi je parle. »

Hordar regarda de chaque côté du tunnel où il se trouvait tout en rangeant sa corde dans sa poche. Il n'y avait guère de bruits si ce n'était des grondements sourds qui n'auguraient rien de bon. Les bruits revenaient de plus en plus fréquemment et convainquirent le fils Kihzeznis de partir en laissant le cadavre sur place. De toutes manières, qui viendrait par ici ? De plus, il était certain qu'en revenant le lendemain, il n'y aurait plus rien. Il ne savait pas comment ça se faisait mais les corps disparaissaient. Sans doute une partie de la machine du réseau qui nettoyait les lieux après que l'acte ait été commis ? Ce qui était sûr, c'est qu'il ne reviendrait pas sur place pour vérifier.

Alors qu'il marchait prudemment depuis une bonne dizaine de minutes, Hordar entendit un bruit déchirant. Est-ce que Syrax, le Dieu du Chaos, allait apparaître devant lui ? Etait-Il en colère ? Que pouvait faire un homme face à un tel bazar ? Il y avait de la fumée partout et Hordar s'était cogné la tête sous l'effet de la surprise et du souffle de l'effondrement. Battant les mains devant lui pour tenter de chasser la poussière qui lui masquait la vue, il se demandait ce qui venait de se passer. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit qu'il n'y avait plus d'issue possible devant lui. Le chemin était bloqué par des amas de roches éparpillés.

*Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ma parole ?*

Il clignait des yeux comme un hibou devant une lumière vive. Instinctivement, il se mit à se toucher partout pour vérifier qu'il était entier. Il était couvert de poussière, il avait une entaille bénigne à la tête qui lui venait de sa chute et du contact de sa tête avec le mur du tunnel où il se trouvait. Mais il n'y avait, semble-t-il, pas de blessures graves. Mis à part le fait qu'il était un peu désorienté, il se sentait bien. Son glaive était toujours à sa ceinture ainsi que le poignard qui était dissimulé dans son dos sous sa chemise et celui qui se trouvait dans sa botte droite. Se relevant tout en s'aidant du mur, Hordar se dirigea vers la partie bouchée. Il avait beau regarder sous toutes les coutures, impossible de passer par là. Heureusement que de l'autre côté, il y avait un passage, il ne se retrouvait pas bloqué entre deux dépressions de caillasse. Soit, si le seul chemin possible était par là, il faisait confiance aux dieux.

Il déboucha sur une sorte de carrefour, il y avait plusieurs tunnels. En regardant au plafond, on pouvait observer une grille où filtrait un peu de lumière. C'est ce petit détail qui faisait que l'on y voyait un peu mieux qu'ailleurs. Commençant à se demander par où il allait bien partir, une silhouette surgit d'une des sorties. Était-ce un danger ? Hordar mit la main à sa ceinture et était prêt à sortir son glaive en cas de problème. La silhouette était menue, petite et féminine. Après d'intenses réflexions, Hordar n'arrivait toujours pas à mettre un nom sur ce visage qui lui disait pourtant bien quelque chose. Il l'avait déjà vue quelque part et le contraire semblait également vrai vu qu'elle semblait le reconnaître. Que faisait une femme dans un endroit pareil ? Et surtout, une femme de sa qualité ? Les questions étaient bien sûr naturelles mais alors il aurait également dû trouver un prétexte à sa présence dans les souterrains de la ville pour ne pas lui révéler la vérité.

A nouveau du bruit, plus fort, plus proche et plus étrange également. N'ayant pas le temps de parler avec Enoria, une troisième personne sort d'un troisième tunnel. Décidément, c'était jour de marché dans les souterrains y fallait croire. Lui par contre, Hordar mit directement un nom sur son visage, Jaekar Veltheon. Encore une fois, beaucoup de questions pouvaient être posées mais était-ce vraiment bien le moment ? Les bruits se rapprochaient et malgré tous les efforts de Jaekar pour paraître décontracté, on pouvait apercevoir son visage poussiéreux et le sang séché ainsi que l'état de son armure qui était déchirée. Nul doute qu'il n'avait pas vécu de très bons moments. Il nous salua à tour de rôle avant de nous conseiller de ne pas rester sur place. La fuite semblait être la meilleure option. Comme pour rendre les paroles de cet homme encore plus convaincantes, un bruit inhumain se fit entendre. Le genre de bruit qui faisait se dresser les poils sur la tête et le reste du corps, un cri à vous glacer le sang. Mais qu'est-ce que ça pouvait être ?

Il ne chercherait pas à le découvrir, il sentait la main d'Enoria attraper sa chemise pour le pousser à s'enfuir avec eux. Il ne fallait pas lui dire deux fois, cette mise en scène était plus que convaincante. Il se mit à courir derrière les deux compères que la providence lui avait apporté. Au bout d'un moment, il ne sentit plus la tension de son vêtement tiré par la force de la demoiselle. Elle l'avait lâché pour rattraper Jaekar et avoir une petite explication de pourquoi ils devaient courir et qu'est-ce que c'était que ce bazar. Pas besoin d'être un génie de l'observation pour voir que l'homme qui était avec eux était mal en point. Il semblait à bout de souffle et cette course semblait le faire puiser dans ses dernières forces. Répondant aux questions d'Enoria, Hordar entend que Jaekar n'y est pour rien. Qu'il menait sa petite vie quand soudain le sol s'était effondré. Il ralentit le temps de faire passer une vilaine toux et de cracher quelque chose. Tentant sans doute de noyer le poisson pour ne pas avoir à répondre à plus de questions, il se met à ironiser sur le fait qu'elle devait être avec un amant pour la retrouver ici.

Tout à coup, une déflagration beaucoup plus puissante que les précédentes retentit et nous jette au sol. Les murs ainsi que le sol tremblent. Deux énormes stalactites accrochées au plafond cèdent. Hordar entend un énorme cri de Jaekar puis plus rien. Les stalactites se fracassent au sol non loin de nous mais encore plus près d'Enoria. Hordar est mal retombé et voit quelque chandelles devant ses yeux, ce qui l’empêche de se lever pour aller prêter main forte à Jaekar. Ce dernier tente de faire ce qu'il peut pour tirer la jeune demoiselle de là. Les bruits se font de plus en plus menaçants et semblent se rapprocher. Il y a quelque chose de vivant qui les poursuit ? Alors qu'Hordar trouve enfin la force de se relever, il entend la robe d'Enoria se déchirer sous l'effort du troisième camarade pour la sortir de sous la stalactite. Pas le temps pour la décence semble-t-il, le danger est bien trop près pour s'en inquiéter.

« Allez, il faut bouger maintenant ! »

Hordar tend sa main pour aider ses deux compères à se relever afin de continuer à courir. Pas le temps de réfléchir, il est d'ordinaire d'un calme olympien mais ces bruits inquiétants ne l'aident pas à le conserver. Il sent l'adrénaline affluer dans tout son corps et son instinct qui lui crie de se barrer. En cas de combat, il ne savait pas s'il pourrait compter sur Enoria et Jaekar mais il lui semblait être la personne la plus à même de défendre le groupe en cas de besoin. Il espérait sincèrement ne pas avoir à en arriver là.

Spoiler:

Les souvenirs que conservait Enoria de Jaekar étaient ceux d’un jeune homme fringant et dans une forme olympique. L’individu qui tentait de courir et d’aligner quelques mots ne pouvait répondre à aucun de ces deux qualificatifs. Il était donc évident que sa tentative de prétendre n’avoir aucun rôle dans cette catastrophe perdait en crédibilité. Le temps n’était cependant pas à la contestation, ils n’étaient que trois pour survivre et Enoria préférait ne pas s’aliéner un tiers du groupe par une insistance malvenue.  

« Je ne sais pas... qui tu voyais. Mais tes amants... n'ont... pas... de chance... de... devoir retrouver.. une couche... dans... les égoûts. Aussi agréable fut la compagnie. »

Bien, il y avait au moins un point rassurant, il s’agissait bien de Jaekar Veltheon et de son humour bien à lui. De nombreuses réponses possibles affleurèrent dans l’esprit de la jeune femme, mais le sol irrégulier accaparait son attention de telle sorte qu’elle resta silencieuse. Là encore, l’heure n’était plus à la plaisanterie, s’il lui fallait mourir ici, elle préférait le faire dignement et non en raison d’une pierre sur son chemin l’ayant fait trébucher.

Il ne fallut guère longtemps avant que le sol ne se remette à trembler, et si elle avait voulu mourir debout, ou du moins faire en sorte de ne pas se laisser déstabiliser par une pierre sur son chemin, Enoria compris bien vite qu’elle n’avait aucune maîtrise sur les événements. Elle n’eut guère le temps de se féliciter de sa capacité physique à maintenir le rythme d’une course endiablée. Sans comprendre tout à fait ce qui se passait, elle se retrouva un moins d’un instant au sol, tombée lourdement sur le flanc droit elle en eut le souffle coupé. Elle bascula immédiatement le dos, suffisamment rapidement pour voir s’écrouler sur elle d’immenses pics de roche. Elle ne l’avouerait jamais, mais alors qu’elle prenait conscience que la roche allait s’effondrer sur elle, précipitant très certainement sa fin, la seule chose à laquelle elle put penser était que finalement, elle n’aurait pas dû délaisser un mot d’esprit sur la vigueur de ses amants au profit d’une prudence excessive. Si elle devait mourir, elle voulait mourir avec panache, et quel panache que d’avoir pour derniers mots « lorsque la performance est si belle, peu importe la scène, Jaekar, tu le comprendras peut-être un jour. ».

Après quelques secondes, Enoria fut capable de dresser un bilan relativement mitigé de la situation. La bonne nouvelle était qu’elle était en vie, ses poumons emplis de poussière l’emporteraient peut-être dans l’autre monde d’ici quelques jours, mais au vu de la douleur au niveau de ses côtes, il n’y avait guère de doute sur le fait qu’elle n’était pas dans cet au-delà glorieux que l’on promettait aux enfants du royaume de Sarnor. En revanche, cette survie semblait soumise à un délai d’expiration considérant qu’elle était à présent non seulement blessée, mais littéralement clouée au sol par un bout de tissu ridicule, alors même que s’intensifiaient les cris à leurs trousses. Que les cris s’intensifient était une chose, mais Enoria n’avait guère envie de mettre un visage sur cette voix. Le son peu mélodieux qui participait au tremblement des parois ne laissait pas présager une rencontre charmante.

Jaekar était là, hésitant visiblement sur la marche à suivre. Hordar quant à lui se trouvait légèrement à l’arrière de la troupe.

« Je suis désolé. Si tu t'en sors ne me tues surtout pas. »
« SI je m’en so… »

Voilà. S’en était fini des maigres ambitions d’Enoria Zahor Amai. Elle allait mourir dans les égouts d’une ville étrangère, et elle ne perdrait pas la vie comme elle l’imaginait, debout et menant sa mission, mais nue, et probablement dévorée. La jeune femme ne compris pas immédiatement ce qui s’était passé. Jaekar était parti, c’est ce qu’elle s’était dit. Mais au lieu de partir il s’était saisi d’elle comme si elle n’était qu’un pantin, ou aussi légère que le tissu qui se déchirait sur son dos, et le bruit du tissu qui cède – bien qu’il ne puisse couvrir les cris toujours plus proches – eu une résonnance toute particulière pour la jeune femme. Elle n’avait jamais expérimenté la sensation de froid. Elle n’en fut que plus étonnée lorsqu’une légère brise s’immisçait entre le tissu déchiré et le creux de ses reins. Au sol, étendue de tout son long sur un Jaekar décidément plus chevaleresque qu’il en avait l’air, Enoria ne pris pas réellement le temps de constater que sa robe était à présent fendue par une grande déchirure reliant ses deux flancs et dévoilant largement la peau de son dos et la chute de ses reins.

« Allez, il faut bouger maintenant ! »

Le jeune homme marquait un point. Elle n’aurait guère pu prétendre que le corps de Jaekar n’était pas un réceptacle agréable pour le sien, mais elle était allongée SUR lui, son dos sur sa poitrine, c’était donc ELLE que leurs poursuivants attaqueraient en premier. Il était plus sage de courir. Elle attrapait la main que lui tendait Hordar et retrouvait enfin une position digne, bien que, de retour sur ses pieds, elle constatait enfin que, malheureusement soumise à l’effet de la gravité, sa robe à présent fendue menaçait à chaque instant de dévoiler un élément supplémentaire de son anatomie, et notamment – soyons exacts – de son fessier.

« Si on ne peut même plus compter sur ses propres vêtements… »

La course reprenait, non sans peine du fait d’une douleur lancinante au niveau de ses côtes, et du fait de cette robe insupportable qui, non contente de ne plus faire son œuvre, trainait à présent dangereusement à sa suite. Enième pied de nez au destin, Enoria s’arrêtait quelques secondes pour finalement déchirer le bas de son vêtement pour le raccourcir, sentant la probabilité croître de voir un pied marcher dessus et emporter avec lui le reste de dignité qu’elle s’était évertuée de préserver durant les vingt-cinq premières années de sa vie.

Spoiler:

Les créatures des souterrains perçoivent leur nourriture à quelques pas seulement et redoublent l’allure. A quatre pattes, elles accélèrent, quand certaines se déportent sur les murs et parviennent à grimper sur ces derniers et à se déplacer, telles des araignées de cauchemar, entourant les trois damnés de ces enfers valyriens. Ces derniers, pourtant, malgré la peur légitime en pareille situation, sont promptes à tenter de se sauver, et de porter secours à Enoria. D’un mouvement sec, Jaekar tranche ses vêtements, la libérant de sa prison. Hordar houspille gentiment le duo incongru – lui tout poussiéreux et ensanglanté, elle à demi-nue. La course reprend. Et pour un temps, ils parviennent à tenir à distance leurs poursuivantes déchaînées.

Mais les poumons brûlent, et les bêtes connaissent mieux cet endroit. Surtout, le bruit en a attiré d’autres. Alors qu’ils débouchent dans une caverne, ils entendent une cavalcade sur leur gauche. Et les créatures derrière eux gagnent du terrain. L’une d’entre elles, hardie, saute, et manque de peu Hordar. Elle se retourne contre lui, présentant son faciès aveugle, sa gueule déformée, baveuse, putride, emplie de petites dents acérées. Ses mains griffues tentent de saisir l’homme.

Trois échappatoires s’offrent à eux. Sur leur gauche, évidemment. Mais aussi deux nouveaux boyaux, un qui continue tout droit, et un qui bifurque à droite. Le premier parait s’enfoncer plus profondément encore sous la terre, et exhale une odeur de pourriture assez marquée. Le second, plus étroit, est tapissé d’une mousse étrange que Jaekar et Hordar reconnaissent comme un ingrédient prisé pour certaines décoctions d’herboristes, connues pour provoquer un intense sentiment de bien-être … et des hallucinations, si ses spores sont respirées directement trop longtemps.

Trois ? Quatre. Jaekar repère sur une des parois la lueur faible d’une rune valyrienne. Il connait très bien ce système, et pour cause : il est utilisé par un certain nombre d’agents du réseau Maerion pour se cacher dans ces souterrains. Et après un certain nombre de choppes d’alcool fort, certains sont … bavards. Très bavards. Hordar aussi l’aperçoit, et l’identifie – pour des raisons évidentes. Quant à Enoria, qui n’est pas née de la dernière pluie, il ne lui faut que quelques secondes pour suivre leur ligne de mire et voir qu’il y a là quelque chose digne d’intérêt. Sauf qu’aucun ne connait le code runique utilisé. Qu’il suffirait de tracer à côté pour alimenter la magie résiduelle utilisée.

Les créatures des profondeurs, elles, n’ont pas ces préoccupations. Elles avancent. Leur repas, après tout, est tout prêt. A portée de saut. Oh, ces humains s’écrient, s’ébrouent. Fuient. Mais les reines des abysses, ce sont elles. Les prédateurs, ce sont elles. N’est-ce pas ?

Jaekar n'avait pas eu l'occasion de mettre à nue Enoria de manière aussi brutale. Ni le lieu, ni les évènements ne s'y prêtaient. Certes, il y'avait bien eu cette vague cousin de la famille Haeron dans la boue sous les débarcadères de l'île aux Cèdres. Pour sa défense, Jaekar avait l'innocente victime consentante de la jeune femme. Il ne pouvait d'ailleurs pas nier que Rhaenys avait été pris d'un accès de fureur en entendant à quel point sa cousine était tombée si bas. A moins qu'elle n'eut été jalouse. Jaekar toussota en se relevant. Hordar l'avait sauvé d'un moment gênant où Enoria aurait pu se rendre compte ne pas être assise sur le glaive de son sauveur.

Reprenant sa course, le jeune homme se prépara au sacrifice en se mettant en queue de peloton. Son linothorax lui permettrait potentiellement de survivre aux griffes acérées des créatures à leur poursuite. Si même une explosion n'avait su lui briser les os, Jaekar espérait survivre aux goules. De plus, comme il put s'en apercevoir très vite, la course mettait en valeur le déhanchement agréable d'Enoria. Raison de plus pour ne pas être distancer par ses compagnons. Malgré tout, même l'infatigable étalon devait pomper son sang vers le cœur plutôt que son arme favorite. Ce avec fut les poumons éreintés et le corps couvert d'une sueur âcre que Jaekar s'arrêta en une longue glissade. Alors qu'Hordar semblait prêt à concrétiser la première union entre une goule et un être humain, le jeune homme reconnut les symboles gravés contre le mur.

Un éclat de rire le secoua, qui se transforma en une toux grasse et vite essoufflée. Quelle ironie que les Maerion puissent sauver les pauvres hères du groupe de Jaekar. Ce dernier adressa une courte prière pour tout les dieux et les soifards qui constituaient les hommes de confiance du réseau de la famille. Traçant rapidement le dernier symbole, qui constituaient en un simple code de chiffres symétriques, Jaekar poussa un hurlement de joie lorsque la lourde paroi de pierre s'affaissa légèrement pour découvrir un couloir. Il devait mener à une cache de contrebandiers, et de là à la surface. Attrapant sans la prévenir Enoria par l'épaule, Jaekar la jeta dans le passage et dégaina son glaive.

Hordar, désolé de te déranger avec ta nouvelle amie mais tu nous as dis de cours alors COURS !

Retenant sa respiration, Jaekar trancha d'un grand coup la mousse étalée sur les murs. Essayant d'ignorer la fine poussière hallucinogène qui se dispersait dans le boyau, il donna un grand coup de pied dedans et courut se mettre à l'abri. Si Hordar l'avait suivi ou non, il n'en avait rien à faire. Si le marin préférait une vie d'amour et de cannibalisme, Jaekar le lui laissait bien ! Tout ce qu'il pouvait espérer c'était que la porte se referme vite et les sépare des goules.

Symbole utilisé par Jaekar (un 4 et sa symétrie):

Lancé de dés:

Enoria attrapa sa main et la course reprit de plus belle. On aurait pu croire qu'il ne s'était rien passé depuis le début qu'ils avaient croisé Jaekar mais il suffisait de jeter un œil à la tenue de la bâtarde mi Sarnorienne mi Valyrienne pour se rendre compte qu'il y avait eut quelque chose de louche ou de dangereux. Sans doute parce que l'on s'apercevrait qu'elle était avec le Veltheon qui était un personnage louche ainsi qu'avec Hordar qui était une personne dangereuse sous ses airs de garçon bien élevé. Tous ces événements qui s'enchaînaient mettaient à mal sa condition physique pourtant exemplaire. Il sentait sa gorge se serrer et lui faire mal ainsi que ses poumons chauffer. S'il ne faisait pas attention à sa respiration, le point de côté viendrait s'ajouter aux autres douleurs qu'il ressentait déjà.

Arrivant sur une caverne, un bruit de cavalcade s'entendit de la sortie à leur gauche. Y avait-il d'autres bestioles qui leur couraient après et tentaient de les piéger ? Les bruits de courses des choses qui étaient derrière se firent de plus en plus proche. N'ayant pas fait attention qu'il y avait une petite différence de hauteur entre le tuyau duquel on arrivait et le sol de la caverne, Hordar trébucha en posant le pied sur la surface. En effet, le sol était en contrebas de celui du tunnel et c'est ce qui lui sauva potentiellement la vie. Une ombre passa non loin de lui en tentant de l'attraper. C'est ce léger déséquilibre qui lui permit de ne pas se retrouver dans les mains d'un de leurs poursuivants. Instinctivement, l'homme de main des Maerion se retourna pour voir ce qui pouvait faire autant de bruits étranges.

*Qu'est-ce que...*

Il ne sut que penser de ce qu'il voyait. Ça avait l'air humain mais ça s'en éloignait tout autant. La gueule était déformée, il n'y avait pas vraiment de visage construit comme celui de ses compagnons. De plus, ça bavait beaucoup... Sans doute parce que la chose était excitée à l'idée de bientôt goûter du Valyrien. Les bestioles exhalaient une odeur à la limite du supportable et étaient dotées de dents pointues et acérées ! Qu'est-ce que c'était donc ? Pourquoi elles étaient vivantes ? Servaient-elles quelqu'un ? Trop de questions qui ne trouveraient nulle réponse. Ça n'était clairement pas le moment de se triturer l'esprit avec tout ça, ils devaient fuir. Sortant son glaive pour tenir leurs opposants à distance, Hordar se mit à regarder partout tout en évitant les mains qui voulaient l'attraper.

Il y avait trois tunnels dont celui d'où venait des bruits de course. Ça n'était clairement pas par là qu'il fallait s'enfuir... Ils seraient pris en tenaille ! Un autre tunnel semblait s'enfoncer plus profondément.. Mauvaise idée quand on cherchait à retrouver la lumière. Le dernier tunnel était recouvert d'une mousse.. C'était risqué de partir par là mais cela semblait être la seule option. Du moins, la plus logique mais elle n'était pas sans risque.

« On pourrait partir vers le tunnel où il y a la mousse mais il faut faire attention ! Si on la respire trop longtemps, on risque d'avoir des hallucinations... »

Au même moment, Jaekar éclate de rire en repérant quelque chose sur un mur. S'étant assuré de pouvoir tourner la tête l'espace d'une seconde pour savoir ce qui faisait rire ce drôle de personnage, Hordar repéra un symbole utilisé par les Maerion pour se cacher en cas de besoin. Ne pouvant remarquer ce que Jaekar faisait à cause des choses qui étaient à leur trousse, il entendit une porte s'ouvrir.

*Comment ? Il connaît nos codes ?*

Encore plus de questions s'ajoutaient dans l'esprit du marin mais ça n'était clairement pas le moment. S'il ressortait vivant de cette aventure, il se promettait d'avoir une discussion sérieuse avec le Veltheon ! Il vit du coin de l’œil qu'il attrapait Enoria pour la balancer vers la nouvelle sortie tout en sortant son arme pour être également en mesure de se protéger des bestioles. Fidèle à lui-même, il en profita pour faire un trait d'humour mais son conseil était bon. Assez tergiversé, il était temps de reprendre la course ! Il prit donc le même chemin que ses camarades. Se faisant, Hordar dût se protéger de sa cape pour ne pas recevoir les mousses que balançait Jaekar.

« Préviens-moi la prochaine fois que tu veux faire un truc pareil ! »

Ils débouchèrent sur une pièce et au même moment, ils entendirent un bruit encore pire que tous les autres. Un bruit de fantôme ou quelque chose dans le genre. C'était un bruit à vous glacer le sang et dresser les poils. Regardant derrière eux, Hordar remarqua que la porte ne se refermait pas.

« La porte ne se referme pas ! Les choses vont nous avoir ici... Il n'y a pas une autre porte ? »

Tentant de rassembler ses esprits pour ne pas tomber dans le genre de panique qui paralyse complètement le cerveau, l'homme respira profondément tout en observant son environnement. C'était une pièce où trônait un tombeau scellé en son centre. De part et d'autre, il y avait de vieux meubles et des coffres. On ne pouvait pas voir grand chose d'autre parce qu'il n'y avait quasi pas de lumière où ils étaient. Par contre, ça sentait le renfermé et la poussière à plein nez. Le tout devait être recouvert de poussière d'ailleurs, ce qui empêchait le groupe de voir quoique ce soit sur les objets autour d'eux.

« Sérieux, c'est la poisse ! Fouillez les coffres et les meubles, on trouvera peut-être quelque chose pour repousser ces monstres. Je vais continuer de garder un œil sur l'entrée pour les empêcher d'arriver jusqu'à nous si elles voulaient tenter leur chance... »

Puis regardant à nouveau Enoria et voyant le triste état dans lequel elle se trouvait, Hordar se décida de se séparer de sa cape.

« Tiens Enoria. Prends ma cape pour te couvrir. Elle risque de me gêner si jamais je dois me battre. »

La formulation n'était pas tout à fait correcte... Ça n'était pas si il devait se battre mais quand il devrait se battre. Comme c'était parti, il allait bientôt devoir croiser le fer avec leurs opposants. La pièce semblait être un cul de sac à moins que la pénombre ne cache une porte quelque part. Ou alors, il y avait quelque chose à faire avec le tombeau ?

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