La lame s'abattit une fois. Deux fois. Au troisième coup, une lueur jaillit du bouclier. Le porteur de l'artefact des Sept dévoilait sa véritable nature face à l'adversité. Orys le Boucher ne put que pousser un hurlement de terreur lorsque le jugement du Père tomba. Le meurtrier de la belle Anealys ne comprenait que trop bien que l'amour de la Mère et de la Jouvencelle, perdu si longtemps auparavant, n'aurait pu le sauver. La froide étreinte de l'Etranger se refermait déjà sur son coeur. Quelle force ténébreuse implora Orys pour combattre le funeste des Sept eux même ? Nul ne sut le dire. La force ne déserta pas le bras du monstre. Les coups redoublère..
Foutre des Dieux !
Le cri de surprise rendit son écho dans les sombres couloirs des archives valyrienne. Le parchemin que Jaekar tenait entre ses mains était déchiré. Le jeune homme ne comprenait que trop bien ce que cela signifiait. Le temps avait de nouveau frappé les maigres possessions non valyriennes des archives. Voilà plusieurs jours que les archivistes voyaient le fils de la Lumière de Sagesse frappait à leur porte dès le matin. Les taupes, comme les appelait Jaekar avec leur surpoids et leur regard myope, aurait volontiers refusé l'entrée d'un si impur sang si n'avait été le nom qui le précédait. Il était difficile de refuser l'accès au fils d'un puissant.
Il fallait dire que les archives recevaient rarement de la visite. Véritable catacombe souterraine, sèche mais sombre, les parchemins, tablettes d'argile et autres joyeusetés en cire y vieillissaient en paix. Lorsque la curiosité d'un valyrien venait le chatouiller, il était de coutume de demander aux maîtres de l'endroit que le document soit retiré et apporté dans une salle de lecture dédiée, voir au domicile du requérant pour les plus fortunés. Rares ceux qui demandaient l'accès direct aux boyaux des archives. Jaekar était pourtant de ceux là. Avec deux esclaves empruntés à son père, un Andal et un Ghiscari, qui tenait des flambeaux, il avait longuement erré avant de choisir sa lecture du jour : un magnifique texte chevaleresque, un conte Andal pourtant traduit en Valyrien.
Cependant, en dehors des traités de première importance ou des contrats, les documents étrangers se voyaient soumis à un traitement presque indolent. Remisés en vrac dans les parties les plus humides des tunnels, il était courant de les découvrir incomplets voir abîmés. Soupirant, Jaekar adressa à voix haute une prière vengeresse contre ceux qui osaient ainsi souiller la culture de manière si impie. Invectivant un adversaire imaginaire, il se tut soudainement lorsque son esclave se racla la gorge pour la troisième d'affilé. Jaekar se retourna agacé pour découvrir une silhouette, entourée probablement de la suite habituelle dans ces tunnels : garde, scribes et érudits. Plissant les yeux dans la lumière des torches, Jaekar tarda à reconnaître cette beauté pourtant époustouflante. Il finit par lâcher dans un souffle :
Daenyra ?