Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon : la prochaine extension Pokémon sera EV6.5 Fable ...
Voir le deal

avatar
Invité
Invité

La toile de la tente ne laisse désormais plus passer personne, si ce n'est pour les nouvelles parmi les plus urgentes, parmi les plus mauvaises. Longue est la journée d'un Légat, longue aussi est la journée d'un soldat, peu importe la naissance et le rang.
Parce qu'il y a le poids de l'armure, parce qu'il y a le poids de la mort par dessus.

Chaque fois que Iason ferme les yeux, le cadavre de son ami vient le hanter. Sur le corps martyrisé, les blessure semblent apparaître plus terribles encore, plus inhumaines, plus mortelles et rendent indéchiffrable ce qui pourtant a autrefois été un homme. Loin de la paix, loin des étoiles...
Il faut dormir pourtant, il faut dormir quand même. La mort d'un ami est une douleur pour eux qui s'appelaient “Frère”. Iason ne pleure pas: d'autres que lui ont perdu bien plus parmi les gens qu'ils aimaient, alors les yeux du Légat sont sec, alors le coeur du Légat est de roc et de granit.
La guerre ne s'arrête pas à la moindre tragédie...

Dormir une heure, dormir trois. Laisser venir les cauchemars pour le prix du repos et ne pas s'écrouler quand viendra l'effort de trop. Il faut calculer cela aussi, ce que les épaules et la raison supportent. Que la réflexion vienne et jaillisse, pure comme la flamme d'un dragon et plus tenace encore. Iason sait qu'une route sombre et solitaire s'offre à ses pas. Qu'il y a des dangers pour lui, que cette route, il l'emprunte seul aussi. Les alliés se méritent, les amis et les frères aussi. Iason songe aux murmures des soldats, peut-être discutent-ils les uns avec les autres en ce moment même, peut-être qu'un piète parmi eux leur offre le luxe d'une chanson, peut-être qu'ils se consolent, s'insultent, se rappellent ensemble des affections laissés au pays.
Peut-être, et pour Iason il n'y a qu'un silence lourd, capable de rendre fou. Personne pour le conseiller, ombre amicale comme lui l'a pourtant été. Personne pour comprendre son fardeau à défaut de l'en délester. Et la nuit s'englue de plus en plus dans la tente, comme une menace pour l'engloutir malgré le feu des bougies.
Il n'a pas peur, le Légat mais il se souvient. Il se souvient d'un ami comme d'un frère et d'une prédiction : “tu souffriras, oh tu souffriras...”
Le monde est ainsi, Iason sait qu'il n'a pas à se soucier de souffrir mais de vaincre. Simplement vaincre...

Il est debout et ce n'est pas debout que l'on se repose. Il est dos à l'entrée surtout depuis qu'on la laissé seul, sauf qu'il n'est jamais sage de tourner le dos là où de possibles ennemis peuvent venir. La posture de Iason possède quelque chose proche de l'orgueil en cet instant précis, une façon dont l'homme occupe soudain l'espace malgré la solitude.
Il est, il existe, il sera....

On entre, Iason ne se retourne pas. ”Hé bien soldat, tu es ivre ou perdu?” La colère ne se tresse pas entre ses mots. Iason sait que tout arrive avec un but précis, s'abandonner à la colère pour une action imprévue, c'est s'abandonner à la peur de celle-ci.
Le Légat n'a pas peur, préférant se tenir prêt à agir plus qu'à réagir. Des nuances et des ombres... Cela le brûle d'orgueil plus encore, a-t-on vraiment envie de suivre quelqu'un comme cela? Il ne sait pas, a conscience de sa propre nature plus que de toute autre chose tandis qu'un inconnu se tient derrière lui à une heure où nul autre que Iason ne devrait être ici. ”Il n'y a ni conversation agréable, ni coupe de vin à partager par ici, pars avant qu'il ne soit trop tard.”

Trop tard de quoi? Cela, même Iason ne le sait pas...
Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

La guerre s’était éternisée durant des années mais il semblait désormais que celle-ci prenait – enfin – un tour en faveur des Valyriens. Le Bris de Bhorash et la destruction de la cité éponyme avaient ouvert les frontières de l’empire de Ghis et les armées valyriennes avaient traversé au pas de course la distance séparant Bhorash à Meereen.

Meereen : le joyau septentrional du Vieil Empire. Ses immenses pyramides, massives, glorieuses et dorées, toisaient d’un air indifférent et si lointain les armées des seigneurs-dragons qui s’étaient amassées sous ses murs. Pour la première fois en plusieurs années de conflit, le Dragon voyait une avancée significative dans sa lutte contre la Harpie. Meereen était l’une des villes les plus importantes du Vieil Empire. Le fait que les armées de Valyria soient capables de jeter le siège sous ses remparts témoignait sans mal de la tournure que prenait la guerre. Rien n’était encore gagné. Mantarys avait également failli être assiégée par les légions ghiscaries quelques temps auparavant. Et il avait fallu toute la puissance des dragons pour renverser le cours des choses. Qui pouvait imaginer que Ghis n’aurait pas une arme similaire à employer pour chasser les Valyriens ?

En attendant, il n’y avait pas grand-chose à faire. Les camps se fortifiaient pour se défendre d’un assaut frontal venu des défenseurs de la cité mais également sur leurs arrières, venant de potentiels renforts. La troupe piétinait et il n’était donc pas étonnant de voir les hommes et les officiers trouver d’autres occupations pour tuer le temps. Les jeux d’argent, les prostituées, et l’entraînement étaient les manières les plus efficaces de s’occuper en attendant d’être envoyé en patrouille ou en mission. Aerys passait beaucoup de temps avec Mythrax à explorer les environs, poussant chaque jour ses patrouilles plus loin. Il revenait en dressant un bilan complet de ses observations : villages, ponts, rivières, forêts… tout ce qui pouvait être identifié, l’était.

Sur son temps de repos, celui qui était aussi le fils de l’un des cinq personnages les plus puissants de Valyria œuvrait aussi pour les siens. Son père était au centre d’un réseau qui courrait loin, dans tous les niveaux de la ville et qui touchait bien des personnes. Le réseau Maerion était une institution bien réelle dans le monde souterrain valyrien. On y échangeait des faveurs contre de la protection, des renseignements contre une bénédiction et tous regardaient avec crainte vers la pente du volcan où était sis Castel Maerion. Partout où s’étendait Valyria, les Maerion étendaient leur empire dans son ombre, et l’armée n’y faisait pas exception. Aerys avait naturellement la charge de ces affaires. Son frère aîné, Jaehaegaron, général aux côtés des dirigeants de l’armée, était promis à un destin politique pur car Arraxios souhaitait dissocier ces deux aspects pour permettre à leur famille d’être plus acceptée parmi l’élite valyrienne.

En l’occurrence, le réseau Maerion utilisait à merveille l’armée. Cette guerre était une occasion en or de pouvoir détourner des armes et du matériel de qualité pour les revendre à prix d’or au marché noir. L’ancien légat de la troisième armée avait été aisément corruptible et il avait largement fermé les yeux sur les disparitions d’armures, d’armes ou de ravitaillement. Sa mort avait mis un terme brutal à son entente avec les Maerion et il fallait désormais tout reprendre depuis le début. Aerys ne connaissait guère son remplaçant, car il n’avait jamais servi directement sous ses ordres. Il avait pourtant entendu parler de lui, en termes assez mitigés. Le sentiment général restait que le nouveau légat, Iason Valralys, était un homme capable au caractère toutefois assez discutable. Restait à savoir à quel point celui-ci saurait faire preuve de bon sens. Aerys avait rapidement reçu des instructions de Père. Sa position de fils de Lumière le plaçait dans une situation particulière car il disposait d’une aura et de connexions bien supérieures à ce que beaucoup d’officiers généraux pouvaient démontrer. Il ne craignait donc pas de susciter l’ire d’un légat.

Une fois que son père lui eût communiqué ses ordres, Aerys s’exécuta et se rendît à la tente de commandement de la troisième armée. Il ne prit pas la peine de quémander une entrevue ou de se faire annoncer. Jetant un regard furieux aux deux sentinelles, il leur passa devant sans un mot avant d’écarter les pans de tissus fermant la porte pour entrer. Il resta un instant sur le pas de la porte alors que le légat ne prit même pas la peine de se retourner, restant de dos et lui demandait s’il était ivre ou perdu. Un sourire se dessina sur le visage d’Aerys alors qu’il détaillait cette silhouette.

Aerys le laissa parler, le laissa menacer, avant de toussoter pour attirer l’attention de l’officier. Celui-ci devait comprendre à qui il avait affaire. On ne plaisantait pas avec les Maerion, et Aerys avait pour mission de le faire comprendre au plus vite.

« Allons légat, un peu de politesse. Ton prédécesseur était bien plus sympathique. »

Regardant autour de lui, Aerys détailla la tente, notant que celle-ci n’avait pas trop changée depuis la mort du précédent légat.

« Je vois que tu appréciais l’homme, car je retrouve là quelques babioles qui lui appartiennent, si je ne m’abuse. Enfin, qu’importe. Il est heureux que je ne vienne pas chercher ta compagnie pour autre chose que des discussions précises, vu ton sens de l’hospitalité. Aussi, j’irai droit au but. Nous devons parler, les miens et ton prédécesseur avaient un… arrangement. Je suis ici pour t’inciter à le suivre sans te poser de questions. Tu y gagneras la paix, la reconnaissance d’un homme puissant et tu seras riche. »



avatar
Invité
Invité

Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

Cette tente n'est pas la sienne, il y dort pourtant, il y est.
Le souvenir des morts est une arme, Aerys le sait lui aussi. Dehors, la nuit est étrange. Les gardes ont laissé cet homme passer et sans doutes y a-t-il une leçon à cela également. Iason reste immobile, ses yeux ne cherchent pas les babioles que l'autre a nommé, nul besoin. Le légat sait où sont les choses de la même manière qu'il sait où sont les morts : absents. Une langue acérée pour un visage noble, parfois il y a le danger, parfois il y a l'honneur.
Elle lui manque, l'amitié du disparu. Iason n'a pas le droit de le penser pour autant. Un simple soldat peut parfois se permettre bien plus de chagrin qu'un légat. Des fardeaux à porter, des nuits qui passent, des jours à vivre.

”Il est difficile de demander de la sympathie à quelqu'un quand s'en vient la nuit.” Et l'homme ne hausse pas la voix toujours. Ses mots ont la triste finesse d'un simple ruisseau quand ceux d'Aerys grondent comme l'océan. Iason écoute, laisse parler. Il savait qu'un visite de ce genre viendrait, aujourd'hui le fait est là.
Et le légat n'a pas bougé, continue de tourner le dos au soldat. Une réponse comme une autre, les gestes, les mots...
Cela ne suffit pas : dehors, les deux soldats postés à l'entrée de la tente écoutent. Lorsque viendra la relève, ceux-ci parleront. Il y aura des rumeurs (il y a toujours des rumeurs...), des choses dites sur le nouveau légat, au delà même du mensonge ou de la vérité.

”La Paix?” Le mot roule sur la langue du légat, prend de l'ampleur. ”Un fou s'est-il introduit ici à l'insu de les gardes? Il n'y a qu'une seule paix, celle que nous gagnerons avec la Harpie enfin à genoux. Tout le reste n'est que manigances.” Les paroles se durcissent, Iason se retourne enfin.
Sombres sont les yeux d'Aerys, ceux du légat le sont tout autant. Un jeu dangereux quand un grade quel qu'il soit n'a jamais été un bouclier. Se faire assassiner pour avoir refusé des faveurs, cela arrive...
Le souvenir de l'ami disparu est une douleur qui ne part pas. Pauvre fou, pauvre idiot, pauvre esclave des volontés des autres...
Le monde est ainsi cependant.
Des hommes puissants, Valyria en compte beaucoup. Certains sont parmi eux, sillonnent les routes et les champs de batailles. Certains meurent aussi, la guerre n'épargne personne. Un sang-mêlé peut subir bien des reproches, Iason le sait et les cheveux blonds d'Aerys sont une couronne que le légat ne portera jamais...
Sa mort peut se décider ce soir, des mots et des gestes. Des silences. La paix de l'esprit n'est pas pour les vivants, Iason en est convaincu.

”Riche...” La promesse d'Aerys. L'honneur ne sauve pas un homme, pas plus qu'elle ne le nourrit. L'honneur ne réchauffe pas la couche d'un coeur solitaire le soir, quand la richesse le permet. Le poids de l'argent n'est pas celui d'une épée, mais seuls les morts n'ont aucun regrets. ”De belles promesses que les tiennes, soldat. Mais les promesses ne font jouir que les catins...” Le sourire triste d'un mort danse dans son esprit et Iason ne peut désormais plus se jeter aux pieds de son ami pour demander pardon de l'insulte.
Il ne se jettera aux pieds de personne.

”Si je refuse j'aurai donc la guerre, une autre que celle que nous vivons déjà. J'aurai l'ire d'un homme bien trop grand pour me remarquer et enfin, j'aurai la pauvreté.” Mais le légat sait que cela est bien plus, car les soldats profitent des magouilles et arrangements eux aussi. Des soldats qui ne respectent pas leur chef peuvent-ils espérer la moindre victoire? L'homme le met dos au mur, le sait certainement.
Iason n'est pas le premier à qui cela arrive, ne sera pas le dernier. Il pourrait accepter, juste accepter et...

Et quoi?

”Mais tu as oublié une chose : je ne sers pas mes intérêts personnels, je sers Valyria.” Il y a les étoiles au dehors, sans doutes brillent-elles? Leur lumière se fiche bien des errements des hommes. De la même manière qu'en plein combat, d'autres chemins apparaissent dans l'esprit du légat : des choix, des décisions.
Des conséquences.
Il y en a toujours après tout.
Et Iason se redresse, épaules droites, le flanc nu de son épée. Celle-ci repose là où il l'a laissé. Qu'importe, car le légat a compris : s'il n'a peut-être pas les armes nécessaires pour gagner, il a au moins celles de refuser. Aussi, le demi sourire qui lui orne le visage est sardonique, moqueur.
Devant Aerys et sa proposition, aussi simplement que cela, Iason éclate de rire.


Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

« Un fou s'est-il introduit ici à l'insu des gardes ? Il n'y a qu'une seule paix, celle que nous gagnerons avec la Harpie enfin à genoux. Tout le reste n'est que manigances. »

A ces paroles, le légat nouvellement nommé se retourne et Aerys lui répond avec un silencieux sourire carnassier. Que certains étaient idéalistes à l’idée de pouvoir penser que la guerre ne se jouait qu’uniquement sur les champs de bataille. Le cadet des Maerion toisait l’homme qui lui faisait face avec une désinvolture toute spécifique à sa position. Dans l’absolu, le réseau Maerio n’avait guerre besoin de gangréner toute l’armée pour pouvoir détourner des équipements destinés au front. Comme dans beaucoup de choses, tout ceci était une question de principe.

Le principe, pour les Maerion, était simple : ne pas s’opposer à eux.

« De belles promesses que les tiennes, soldat. Mais les promesses ne font jouir que les catins...  »

Aerys se retint de lever les yeux au ciel face à son légat. Il ne pouvait toutefois pas forcément se contenir en laissant s’échapper ce murmure.

« Ma foi légat, je ne présume pas de savoir ce que tu es, ou ce qui te fait jouir. »

Ils étaient souvent à traiter les serviteurs des Maerion avec hauteur. Femmes et hommes, puissants surtout et indigents parfois, tous s’imaginaient trop bons, trop vertueux pour accepter de travailler avec les arracheurs de langue. Et pourtant, ils étaient souvent tout aussi cyniques que le reste de la population, ils se l’avouaient simplement moins. Iason Valralis ne faisait sans doute pas exception à la règle.

« Si je refuse j'aurai donc la guerre, une autre que celle que nous vivons déjà. J'aurai l'ire d'un homme bien trop grand pour me remarquer et enfin, j'aurai la pauvreté. Mais tu as oublié une chose : je ne sers pas mes intérêts personnels, je sers Valyria.  »

Et voilà, comme attendu, il sortait les grandes idées et les grandes paroles. Ils le faisaient tous, à un moment. C’était là une ligne de défense classique qu’Aerys, du haut de son jeune âge, avait déjà entendu plusieurs fois. Et, contre toute attente, Iason éclata de rire.

Aerys resta à toiser le légat d’un air scrutateur. Que devait-il faire de lui ? Lui arracher la langue n’aurait sans doute guère un bon résultat même s’il avait l’avantage de résoudre cette situation agaçante. Il pouvait toujours réfléchir à une manière de le convaincre, mais si cela ne marchait pas, il lui faudrait renoncer… ou trouver une solution définitive. Réfléchissant à s’installer sur un siège sans y avoir été invité, il resta toutefois statique. Il était inutile de chercher à insulter le légat qui était visiblement un homme de devoir.

« Tu es un homme de qualité, légat. Je me suis renseigné sur toi, j’ai écouté ce que la troupe disait. On te cite volontiers comme l’ombre de ton prédécesseur mais parfois comme le véritable artisan des péripéties vécues au cours des derniers mois par la troisième armée. »

Sentant sa résolution s’émousser au profit d’une colère noire et sourde qui montait depuis ses entrailles, l’éclaireur se raidît, comme au garde-à-vous, prêt à subir l’inspection d’un supérieur. Toutefois, il ne souhaitait pas se voir refouler par un illustre inconnu. Son regard se fit plus dur alors qu’il toisait Iason d’un air peu amène.

« Je ne souhaite que trouver un terrain d’entente avec toi, ô légat. Tu n’as pas à souffrir de ta loyauté et de ta position. Nous ne te demandons rien qui va à l’encontre de tes valeurs et de ton éthique personnelle. Accepte notre main tendue, accepte notre aide et ta vie sera bien plus simple. Je ne saurais te conseiller de refuser sans réfléchir aux conséquences. »

Aerys se décida alors à faire une démonstration de force. Il siffla, modulant le son qui sortait d’entre ses lèvres pour adopter une mélodie bien spécifique. Derrière Aerys, les pans de la porte de toile de la tente se rabattirent pour laisser entrer les deux sentinelles postées devant l’entrée. Dans un geste très dramatique, les deux soldats vinrent se poster aux côtés d’Aerys, laissant peu de doute sur leur véritable allégeance. Toujours respectueux, toujours droit comme un piquet, le Maerion toisait son supérieur d’un air où la victoire semblait acquise.

« Tu sers Valyria, légat. Nous aussi. Nous servons tous Valyria. Mais qui Valyria sert-elle, à ton avis ? »






avatar
Invité
Invité

Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

Les hommes rient et meurent avec la même facilité, Iason sait cela. Sous la lune et les étoiles, les choses paraissent simples, en vérité elles ne le sont jamais. Pas quand un coeur est capable de passions... Les siennes sont océans et incendies tout à la fois, il les porte comme d'autres portent fardeaux
Souvent, Iason pense à l'honneur. Il y a du sens à cela selon lui, même dans un monde en guerre. Surtout dans un monde en guerre.  L'homme s'y raccroche alors, y place ses désespoirs tout autant que ses espoits. L'honneur n'est ni armure, ni bouclier, l'honneur n'est pas une épée ou le feu d'un dragon, l'honneur est autre. Dans les silences et les décisions, dans chaque souffle que l'on souffre ou non.
Ce que propose l'Eclaireur semble si facile, anodin, Iason pourrait dire oui simplement. Un mot plutôt court, un peu idiot surtout après l'éclat de rire du légat. Et après? D'autres choses pourraient venir, d'autres demandes.
Des mauvais pactes, ils en passent tous en vérité. Certains ont des conséquences, d'autres non. On peut mourir pour moins que cela, et Iason n'a pas envie de mourir ce soir.
Pas même au nom de toute sa tristesse.

Au signal d'Aerys, les gardes viennent, le rejoignent. Le visage de Iason ne montre aucun signe de choc, de colère ou d'étonnement : les choses sont et passent, parfois on y succombent et parfois on les surpasse. Il regarde chacun de ces deux hommes se rappelle de leur visage sur le champs de batailles. De bons soldats en vérité, tous ne le sont pas ici.

”Qui suis-je pour décider de ce dont j'ai le droit de souffrir ou non?” La question est simple, comme moqueuse. ”Tu es jeune, Eclaireur Maerion. Plus que moi. Tu aurais pu être mon frère cadet en vérité...” Une phrase dangereuse, l'homme dont Iason parle a le sang pur mais pas le Légat. Iason ne fait pas preuve de respect, le sait. ”C'est dommage, nous ne le sommes pas car sinon j'aura veillé à ce que tu sois mieux élevé”

Parce qu'il se souvient de Tolos, d'hommes s'estimant au dessus des autres assez pour dévorer leurs semblables. Vols, viols, pillages et massacres, la guerre se constitue de cela. Iason le sait, sa naïveté n'a pas survécu à Tolos elle non plus. Certains veulent profiter plus que d'autres, se servent d'occasions pour s'enrichir et la guerre en est une, d'occasion.

”Nos intérêts divergent, Eclaireur: je sers Valyria pour que celle-ci ne serve pas la Harpie, et toi tu sers Valyria pour que Valyria serve à ton commerce propre. Approche encore, que je te traite comme je traiterai un frère en ce cas puisque nous sommes frères tous les deux en enfants de Valyria.”

Il ne prend pas la peine de vérifier si Aerys obeit ou non, de la même manière qu'il ignore les deux gardes regardé si assidument plus tôt. Se souvenir des visages est important. Le poing de Iason vole, cueille l'Eclaireur au nez. Le Légat n'a rien fait pour retenir son coup ou l'adoucir. Parce qu'il se souvient de Tolos et de ses marchés noirs, de crimes trop grands pour être crus ou racontés. Pace qu'il se souvient, en souffre encore et en souffrira toujours.
N'avoir su empêcher cela.
Peu lui importe qu'Aerys lui propose un marché d'un autre genre, Tolos a décidé et Iason a obéit.

”Relève toi, ces hommes que tu as sifflé comme des chiens seront pendus demain. Tu disais me connaître, Eclaireur, mais tu as oublié ma cruauté. A moins que vous ne décidiez de me tuer là maintenant, mais même si personne ne me pleure, cette affaire aura pour vous des conséquences fâcheuses. Tu as du coeur, contrairement à moi sûrement, ne le laisse pas battre ainsi à tous les vents ou des choses bien trop sombres te dévoreront. Pour d'autres, il est déjà trop tard...”



Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

Le coup était venu avec une vitesse qui avait surpris Aerys.

Il n’avait aucun souvenir de chute mais il retrouva ses esprits au sol, son postérieur endolori et la tête résonnant encore du coup porté. Il sentait son nez, douloureux et englué. Un goût de sang envahissait ses lèvres alors qu’il sentait le liquide vermeil rouler contre ses dents. Il repoussa l’aide d’un des deux hommes et se releva péniblement, pestant intérieurement qu’il lui incombât de régler ce malheureux contretemps.

Essuyant du revers de la main le sang qui maculait son visage, Aerys regardait le légat avec un regard fou et enfiévré. Oh oui, il avait une furieuse envie de le brûler vif, de lui arracher la peau du visage par lambeau et de lui arracher la langue à mains nues pour la clouer sur son front. Il voulait laisser libre cours à sa colère et faire ravaler cette insulte. Comme il toisait de nouveau Iason d’un regard où se lisait fureur, dépit et une certaine forme de respect pour la bravoure stupide dont il faisait preuve, Aerys s’exprima d’une voix glaciale, tranchante comme une faux.

« Tu ne les pendras pas, légat. Tu ne toucheras pas à un seul de leurs cheveux car si tu le fais, deux autres prendront leur place. Et on ne touche pas impunément une personne protégée par ma famille. Tu crois savoir où réside le pouvoir à Valyria alors que tu n’en as aucune idée. »

Un rire méprisant, bref et acide retentît sous la tente.

« Tu crois que le grand dynaste te protègera ? Les Riahenor sont incapables de protéger les leurs depuis huit cents ans. Crois-tu que Maegon s’embarassera d’un rebut tel que toi ? Il te poignardera lui-même s’il juge que cela peut faire avancer sa cause. Voilà un bien piètre allié et un bouclier bien peu recommandé. Maegon n’est pas le pouvoir, les dynasties ne sont plus le pouvoir depuis près d’un millénaire. C’est à peu près l’étendue de ton retard dans ta compréhension de ce qu’il se passe ici et où le pouvoir réside. Permets-moi de te montrer. Un coup pour un coup. »

Sur un signe de tête d’Aerys, l’un des deux soldats s’avança pour porter un coup au légat qui l’esquiva mais avant que le combat ne puisse dégénérer, l’autre ceinturait l’officier avec un air partagé entre la terreur de brutaliser un officier noble et l’excitation de profaner ainsi la norme sociale valyrienne. Un coup porté par un soldat vétéran n’était sans doute pas agréable à recevoir, et Aerys le savait bien. Lorsque le premier coup fut porté, sonnant Iason, les deux hommes échangèrent leur place et le deuxième coup frappa au plexus solaire, cette fois. Puis, alors qu’il chutait au sol à cours de respiration, les deux soldats reprirent leur position initiale sans un mot, aux côtés d’Aerys.

« Le voilà, le pouvoir, ô légat. Tu me frappes, et chacun des miens te rendra un coup. Nous veillons les uns sur les autres. Et nous pouvons veiller sur toi également, tandis que tu t’enrichis. Quel mal y a-t-il à cela ? »

Réfléchissant un moment à lui tendre une main pour l’aider à se relever, Aerys abandonna finalement l’idée, suspectant que l’autre en profiterait pour lui replacer un coup mesquin. Au lieu de cela, il évita soigneusement l’officier pour s’installer à sa table et servir deux coupes de vin avant de soupirer comme si tout cela n’était qu’une vaste perte de temps et une banale incompréhension entre gens bien nés.

« Les Maerion ne désirent pas être tes ennemis, mais tu sais que nous ne sommes pas tendre avec les nôtres. Alors si l’idée de collaborer avec nous te fait horreur, mets-toi en retrait. Ferme les yeux, et prétends que rien de tout cela n’existe. Nous n’en prendrons pas ombrage, mais si tu refuses notre amitié pour mieux nous attaquer, tu ne vivras pas longtemps. Je te le dis, de soldat à soldat : ne te sacrifie pas pour si peu. Viens, rejoins-moi et partageons un verre pour un nouveau départ. Tu es un homme de talent, Valyria ne devrait pas avoir à être privée de tes talents.   »



avatar
Invité
Invité

Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

Les tragédies ont besoin d'hommes pour s'écrire, un poing lancé parfois vers le ciel, parfois vers un autre visage. Une insulte de plus, une insulte de trop, une colère grondante et montante comme une marée, tout ce qu'un pauvre coeur peut supporter. Le poids d'un geste.
Frapper quelqu'un.
Aerys se relève bien sûr, brûlant de colère. Du temps gâché, de l'énergie... Le visage de Iason est éclairé par les ombres et la faible lueur des bougies, on pourrait le croire triste, on pourrait le juger simplement impassible. S'il y a une émotion dans les yeux sombres (et sans doutes y en a-t-il une, les hommes sont ainsi), le légat ne la nomme pas.
Sa voix est calme, les combats sont les seuls instants où il arrive encore à porter celle-ci. En cet instant précis, Iason prend conscience d'une chose : il est épuisé. Des années de guerre, des années de carnage. Des visages disparus, un ami qui n'est plus.
Une famille qui ne sera plus là pour l'accueillir, de retour à Valyria.
Les gens meurent.
Epuisé, ainsi peut-il qualifier cet état étrange qui le saisit depuis quelques jours. L'énergie est là pour ses tâches, pour les réunion d'état-major, pour le reste. L'énergie n'est pas là pour lui-même...
Epuisé oui, mais peut-on être épuisé sans être vaincu?
Les hommes se saisissent de lui, l'un d'entre eux tremble presque en le retenant, le Légat prend note de cela.
Iason ne se débat pas, n'hurle pas qu'on le lâche. Ses yeux sombres ne cillent pas un seul instant. Devant lui, le visage d'Aerys déborde de colère, d'expressions. D'émotions. Il en faut de l'énergie pour porter tout cela, une énergie que le plus vieux envie presque au jeune homme.
Le Légat bande ses muscles, rien de plus. Les coups portés sont violents, riches de sens eux aussi. Il songe aux étoiles, les voit presque dans sa douleurs.
On dit que les étoiles sont toujours belles aux yeux des soldats.
Il a le souffle coupé, ce genre de coup est comme un incendie sous sa peau. Le premier coup porté, Iason l'a esquivé avant qu'on ne le ceinture. Les mains d'un soldat qui tremblent un peu, cela est important de s'en rappeler, non? Ca, et puis d'une autre chose aussi.
Iason est assommé, bien que conscient. Aerys pérore toujours, qu'il fasse. Cela laisse au Légat le temps de rassembler les minuscules détails qui sont venus à lui.
Il a mal, cela n'est pas important. Mais le reste?

”Le pouvoir que tu me décris, Eclaireur, est bien étrange...” La douleur donne à la voix de l'homme une douceur surprenante. Il ne hausse aucun mot. ”Tes hommes m'ont frappé, ne serait-ce pas à toi de te mettre à leur service plutôt? Tu as déjà traîné par deux fois leur honneur dans la boue, la première en usant de corruption sur eux, la seconde en les faisant venir dans cette tente comme des ennemis. Et puis, la troisième, en les faisant m'attaquer...De ton propre poing tu aurais pu le faire, un coup pour un coup. Asseoir ta personne, ton image, en lieu et place de cela c'est eux que tu rends agresseurs.”

L'un des soldats semble mal à l'aise de plus en plus. Celui aux tremblements. Iason se relève seul, il bouge tête et épaules, fait craquer ses articulations un instant. Le coup au plexus rendra le port de la cuirasse sûrement douloureux demain...

”Tu ne les protèges pas, ce qu'ils gagnent à tes côtés, c'est une déchéance.” Iason tourne la tête vers les pauvres bougres, les deux gardent l'air digne cependant. ”Soldats”, appelle-t-il. ”Quelle est la punition en temps de guerre pour mutinerie, insubordination?” Ils répondent, du moins l'un d'eux. Cela demande du courage, c'est pitié que cela...
”La...mort, Légat” Iason acquiesce. ”Et qu'en est-il de la solde des mutins, celle que leur famille est sensée recevoir s'ils en venaient à périr sur le champs de bataille?” Il y a un léger silence cette fois-ci, le soldat qui répond n'est pas le même, mais l'autre. ”Il n'y en a pas.” Aux expressions de leur visage, Iason comprend lequel est seul, lequel est au contraire marié, a des enfants.

”Que dis-tu à présent, Aerys? Ces hommes, tu les remplaceras dans tes rangs en effet. Sont-ils vraiment tes protégés? Personne n'aime un pion comme il respecte un allié. Tu portes tes propres œillères, Eclaireur. Comme nous tous.”

L'autre est assis, un verre de vin a été servi. Cela aurait pu être une discussion entre amis, un débat d'idée, quelque chose...
Dehors, la nuit.
Deux soldats, l'un pense à sa famille, au petit dernier qu'il a eu à peine le temps de voir naître avant de partir, l'autre garde tout en lui. L'un tremble des mains, le second tremble de l'âme.
Et au premier plan de cette scène étrange, l'Eclaireur et le Légat. Il faut des hommes pour écrire des tragédies...

”Vous ne veillez pas les uns sur les autres, ils veillent sur toi.” Mais Aerys peut faire des promesses cependant, être sincère. Faire envoyer de l'argent aux familles lorsque cela est nécessaire.
Ces hommes jouent beaucoup, eux seuls peuvent décider de le croire. Une graine de doute ça et là, peut-être ne les verra-t-il jamais fleurir, Iason, peut-être ne constatera-t-il jamais le fruit de ces arbres étranges? Qu'importe.

”Honneur, nécessité... chacun de nous a choisit son camps. Renvoie ces hommes si tu veux continuer cette discussion, peut-être ont-ils envie d'écrire une dernière lettre ou de réfléchir. De se sentir le cou libre de toute étreinte une dernière fois.”

Il y a des soldats fidèles à Iason dans le camps, ce pour des raisons diverses. Iason pense à eux, à la manière dont ils se conduiraient face à un nouveau légat. Cela suffit à le faire sourire. Pour lui, pour eux...
Coeurs simples ou coeurs nobles, certains en ce monde continuent de choisir l'honneur.

”Je ne fermerai pas les yeux, je ne l'ai jamais fait.” Tolos, pense-t-il. Un cri dans son âme. Et si près à présent, une autre ville assiégée.
Dans le regard sombre du Légat, la souffrance est de feu brûlant et de fer forgé.

”Choix et conséquences, Aerys Maerion. Nul en ce monde n'est irremplaçable... “ Eux tous, lui. Des pions. Voilà pourquoi Iason ne compte supplier une aide quelconque, ou même prier. ”Et ma décision reste la même. La guerre me fait porter trop d'actions monstrueuses et de décisions inhumaines pour que je ne tache pas d'être un homme d'honneur au moins dans mes rangs. De la même façon que toi, tu te montres valeureux et honorable autre part puisque tu n'es pas la dernière des crapules. Les choses sont ainsi, le soleil se lève et se couche, nous vivons et mourrons de la même manière que nous nous habillons de nos décisions.”

Des tragédies et des hommes.
Pas de héros...


Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

Aerys regardait Iason droit dans les yeux, ses pupilles améthyste trahissant une légère surprise.

Jaugeant du regard tous les hommes qui formaient cette curieuse assistance sous une tente de commandement, il considéra la partie perdue. Il n’avait pas peur : son nom et son statut le protégeaient mieux qu’une armure. Toutefois, il n’était pas de ceux qui appréciaient de se voir refuser ses volontés comme on nierait à un malpropre le droit d’entrer dans un édifice. Jaugeant la situation, il prit soin de mémoriser les visages de chacun. Ces valeurs que certains décidaient d’ériger en forteresse de vertu n’étaient que des illusions. Et les illusions n’étaient jamais, de l’avis d’Aerys, d’un grand secours lorsque les calamités commençaient à frapper.

Les cas où un individu se dressait entre les plans des Maerion étaient assez rares dans l’expérience d’Aerys. Le plus souvent, ceux qui ne souhaitaient pas tremper dans les magouilles de la famille criminelle prenaient leurs distances. Ils bénéficiaient d’une certaine paix en fermant les yeux à défaut de participer activement à ce que les envoyés du réseau Maerion leur proposaient. Le cas d’Iason était problématique ; car Aerys ne voyait qu’une façon de régler un obstacle à un tel niveau. Il fallait, comme disait Père, remiser l’actif. En somme, arracher la langue de celui qui osait défier leur famille et lui laisser le choix lorsqu’il serait rendu muet. S’il s’acharnait à persister dans son erreur, alors il n’y avait plus qu’à le supprimer définitivement. Seulement, on était en guerre. Seulement, Iason était un légat, un homme puissant et central dans le dispositif martial valyrien. Aerys avait encore beaucoup à apprendre mais il n’était pas entièrement idiot. Il savait que Père pouvait se passer du légat pour mener son trafic, et qu’il ne verrait guère d’un bon œil l’attention que cela apporterait sur lui en plein conflit avec Ghis. Vidant sa coupe d’un trait, Aerys se releva, raide comme un piquet. Son ton était glacial, comme les blizzards qui descendaient des pentes des Montagnes peintes en hiver.

« Tu me semblais être un type bien, Iason Valralys, légat de la troisième armée. Tu as choisi de persister dans ta fable, et je respecte cela… en un sens. »

Faisant quelques pas vers la sortie, Aerys interrompit son mouvement lorsqu’il arriva au niveau de son légat, supérieur si distant qu’aucun éclaireur « classique » n’aurait jamais pu espérer pouvoir approcher autant un tel officier. Aerys, lui, le tutoyait du regard, le jugeant inférieur en rang à ce qu’il était lui.

« J’imagine que nous ne pouvons pas tous nous prévaloir d’un sang pur. Tu n’es pas à blâmer pour là où tes ancêtres se sont soulagés. Je connais une prêtresse qui dit qu’il faut de tous les hommes pour faire un monde. J’imagine que ce doit être rassurant de pouvoir se raccrocher à cela pour s’imaginer être vertueux ? Allons légat, je ne suis pas ton frère, je ne le serai jamais car tu es impur, et cela toute ta morale n’y changera rien. Mais soit ! Je cesse de t’importuner, tu as fait ton choix. Bienvenue dans le premier jour du reste de ta vie. »

Lui donnant une insolente tape sur l’épaule, Aerys le contourna et se dirigea vers la sortie.

« Une vie pour une vie, légat, n’oublie pas. À avoir la langue trop bien pendue, tu risques de la perdre. »


avatar
Invité
Invité

Pereat tristitia pereant osoresPas de gardes, mais une armée

Siège de Meereen, camp valyrien - An 1065, mois 1

C'est un enfant, comprend Iason. Et cela le frappe comme un vieux chagrin. Un enfant perdu entre l'ombre d'un père et l'immensité d'une guerre, qui porte au coeur la rage de ses choix et le propre code que sa conduite demande.
Peut-être a-t-il pitié, le Légat, de ce beau sourire sur le visage d'Aerys. Peut-être regrette-t-il ses propres jeux dédaigneux face au sang pur, mais non point pour leurs conséquences quelconques juste parce que...
Parce que c'est un enfant.
Un monde étrange, le leur. Un ennemi n'est pas forcément celui qui se dresse debout depuis les lignes adverses lors d'une guerre. Un monde étrange...
En veut-il au jeune homme, Iason? Il pourrait, oui.

”Nous sommes bien plus de choses qu'un simple choix, Aerys Maerion.” murmure simplement le Légat au jeune Eclaireur. Lui-même ne le comprend que maintenant, après s'être agrippé à une décision de la même manière qu'un dragon plante ses griffes sur sa proie. Tout se paye, il le sait.
Aerys se lève de son siège, s'avance. Il est épaule contre épaule avec Iason désormais, le Légat sait quelle est la personne à s'être tenue aussi proche de lui récemment. Un souvenir vivace -ne le sont-ils pas tous?-, douloureux. Cette personne est morte aujourd'hui, un chagrin qui continue, un chagrin qui s'étend.
Aerys n'est pas aussi insolemment proche pour des mots d'amitié. Mais ce que le jeune homme dit, Iason l'a déjà entendu tant de fois. Le Légat sourit, il y a de la douceur dans son visage, plus qu'il n'en a lui-même conscience. ”C'est exact, de la même manière tu n'es pas à féliciter pour ta naissance parfaite.” Sang-pur, sang-mêlé. Les hommes décident. ”Une vie pour une vie? Non, Eclaireur. Il faut d'abord être l'égal de quelqu'un pour ensuite devenir son obligé, et puisque tu refuses que je sois le tien... Nous payons tous nos choix, ainsi soit-il.” Et la menace du plus jeune glisse, disparaît.
Iason le laisse aller. Il y a de l'orgueil en Aerys Maerion, une chose évidente. Ce n'est pas à Iason de le corriger de ce trait de caractère, l'autre se forgera ainsi qu'il le désire et chutera sans doutes tout autant.
Parce qu'aucun chemin ne saurait être simple, au final. Il y a un futur pour Aerys Maerion si la guerre ne l'emporte pas. L'orgueil est un bouclier comme un autre mais contre les assauts de la mort et du danger, rien ne l'empêche de se briser.
Songeur, Iason se demande si d'autres circonstances l'amèneront à croiser l'Eclaireur. Le Légat n'est pas dupe, sait que même sans les menaces d'Aerys, la mort peut venir.
Il ne s'estime pas sauvé pour avoir tenu tête à un garçon plus jeune que lui, plus blond aussi. Le Légat ne regrette rien de sa décision pour autant. Comme Aerys, d'autres se feront une joie de le juger sur son simple sang. Des regards durs, des paroles meurtrières, des blessures à venir et des tristesses aussi. Il ne restera à Iason que son honneur pour se juger lui. Peut-être cela sera-t-il suffisant, peut-être que non.
L'envie de dormir vient, soudaine. Le repos. Iason prend le temps de rédiger ses ordres pour le lendemain cependant : des promesses se doivent d'être tenues. Il ne se sent pas en paix, nul n'est assez sage pour cela, mais au moins apte à dormir désormais.
Une richesse que beaucoup d'autres ne possèdent pas.

Contenu sponsorisé