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Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

Afin de célébrer son grand retour dans les affaires de Valyria, Baelor avait tenu à organiser une immense fête au Pinacle avec toute la faction mercantiliste afin de proclamer aux siens qu’il était de retour aux affaires. Même Echya Odenys avait été invitée, c’était dire si l’heure état à la concorde… quel dommage qu’elle eût, comme la plupart de ses soutiens, décliné l’invitation au vu du temps qu’il fallait pour se rendre au Pinacle pour ceux qui n’avaient pas de dragon.

Le déploiement de faste et de grandeur avait de quoi impressionner même les plus fervents habitués des orgies du Pinacle. Celle-ci surpassait tout. Les mets les plus rares et les plus chers avaient été servis en quantité suffisante pour chacun. Les alcools les plus prestigieux coulaient à flots ininterrompus et toute l’assistance honorait Meleys avec une ferveur renouvelée dans des conditions de confort et de luxure inégalées dans toute la République en cette chaude nuit d’été. La puissante forteresse qu’occupaient les Cellaeron depuis des siècles résonnait des bruits d’une grande soirée réussie. De retour aux affaires avec une vision plus radicalisée et plus décidée encore après son agression durant le Grand Effondrement, Baelor avait désiré utiliser cette occasion pour marquer son influence et apposer sa marque sur la faction des marchands valyriens. Seule l’aristocratie était présente pour cette soirée mémorable, mais c’était pour lui la seule qui comptait en cet instant précis. S’il se mettait à dos quelques marchands bourgeois, il s’en remettrait. Mais pour lui, qui connaissait les rouages de la politique valyrienne, il était indispensable d’espérer un succès sans embarquer derrière lui les nobles de la faction mercantiliste car leur influence allait bien au-delà de leur richesse pécuniaire.

Pourtant, il avait également invitée le gratin de cette faction sénatoriale avec un objectif bien précis. Ce devait être pour lui l’occasion d’amorcer un rapprochement et un armistice avec l’une des deux femmes lui disputant aujourd’hui la primauté de l’influence sur la faction : Elaena Tergaryon. Le torchon qui brûlait entre eux était de notoriété publique depuis la première séance au Sénat, au retour de la guerre. Il avait besoin d’un prétexte pour rencontrer discrètement la jeune femme en tête à tête et sonder ses ambitions. La grande fête qu’il donnait en cette soirée au Pinacle y convenait bien. Aussi, lorsque la soirée commença à atteindre une heure tardive, Baelor quitta les ébats qu’il partageait avec plusieurs convives et esclaves pour rejoindre le bureau dédié au chef de la famille Cellaeron tout en confiant à l’un de ses domestiques de confiance la tâche d’inviter Elaena à le rejoindre en toute discrétion.

Bien plus que dans l’hôtel particulier fort cossu que la famille occupait à Valyria, le siège du pouvoir Cellaeron se trouvait dans cette salle antique où une immense ouverture pratiquée dans un mur offrait un panorama époustouflant sur les sommets couverts de neiges éternelles des Montagnes Peintes. L’air y était plus vif que dans la plupart des territoires de la République mais, ce soir, il était d’une douceur agréable après la torpeur enfiévrée qui régnait deux étages plus bas. La plupart des murs étaient recouverts d’étagères supportant des documents et des livres imposants. La décoration, très éclectique, présentait les plus beaux présents diplomatiques ou d’influence reçus par les marchands Cellaeron depuis leurs tout-débuts. Deux lames de Gardes de l’Eau d’une cité rhoynare, un masque ghiscari doré, un calice ornementé andal, et quantité d’autres artefacts de ces civilisations ou d’autres, encore plus distantes et plus exotiques, ou simplement disparues depuis. Dans un coin trônait un imposant bureau qui faisait face à un trône seigneurial tout ce qu’il y avait de plus aristocratique quand bien même il semblait bien désuet. Au temps de jadis, les seigneurs Cellaeron utilisaient cet endroit comme salle du trône mais lorsque le pouvoir de Valyria s’était rapidement étendu et imposé à la région, son usage avait décliné… Jusqu’à disparaître, lorsque les Cellaeron avaient orienté leurs efforts à Valyria et non plus depuis le Pinacle. Aujourd’hui, l’endroit était le grand bureau seigneurial où le chef de la famille pouvait recevoir proches et alliés pour discuter des plans d’avenir. Baelor n’avait guère de meilleur cadre à offrir à la jeune femme pour débuter leurs discussions. Il avait fait disposer quelques mets sur la table et un flacon de cristal faisait aérer un vin provenant de l’île aux Cèdres.

L’endroit était éclairé par de multiples braseros qui ronflaient paisiblement en diffusant une chaleur douce. Dans un récipient d’ivoire, quelques bâtons d’encens laissaient un filet de fumée odorante serpenter au gré des mouvements de l’air des montagnes et se perdre sous la haute voûte donc on ne disposait presque pas le sommet. Au sol, de nombreux tapis provenant de Yi-Ti – et qui avaient coûté une véritable petite fortune – habillaient les lieux pour leur donner une atmosphère digne et confortable. Sur l’un des murs, une vaste tapisserie racontait le mythe d’Hugor de la Colline, premier roi des Andals.

Droit comme un piquet malgré son embonpoint, Baelor ouvrit des bras bienveillants lorsqu’Elaena fit son entrée et que la porte se referma sans un bruit derrière elle. Au cours des quelques mois, ils avaient bien changé. Il savait que lui s’était durci, que sa bonhommie était toujours présente mais empreinte d’une obscurité et d’une aigreur qui l’avaient rendu inflexible sur sa volonté d’aller jusqu’au bout et sur les moyens à utiliser pour y parvenir. Quant à la jeune femme, il constatait en la voyant pour la première fois depuis des mois qu’elle avait un air plus mature. Il vit à son air méfiant mais déterminé qu’il n’avait plus affaire à la jouvencelle qu’il avait connu quelques mois auparavant mais bel et bien à une femme d’influence bien décidée à défendre sa part du gâteau. Un sourire pointa à la commissure de ses lèvres, voilà qui s’annonçait intéressant.

« Très chère Sénatrice Elaena, que plaisir d’enfin te retrouver après tout ce temps. »

Bien qu’il n’y eût aucun plaisir dans ces retrouvailles, il fallait bien convenir qu’ils ne s’étaient plus retrouvés en privé depuis cette fameuse rencontre au Sénat, à une exception près. Durant le Grand Effondrement, leurs destins s’étaient croisés et si Baelor avait pris le lit pour les trois mois qui avaient suivi, il n’avait guère eu autre chose à faire que de ressasser cette terrible journée. Il se rappelait, avec certains de ses fidèles nouvelles acquis, tirant cette corde pour y découvrir, suspendues au bout, pendant dans le vide, Elaena Tergaryon et la jeune Saerelys Riahenor.

Tendant une petite assiette creuse de porcelaine, contenant des légumes rouges luisant, Baelor offrit à la jeune femme l’opportunité de répondre pour voir comment leur entretien se déroulerait.

« J’ignore si tu as goûté ces piments de feu des Îles d’Été. Ils deviennent, une fois marinés dans du citron, du basilic et du poivre rose, une véritable merveille. Je suis heureux que tu aies accepté mon invitation à converser quelque peu de manière informelle : sois-en remerciée. »



Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

Il n’y avait pas plus mémorable que les festivités du Pinacle, siège historique des Cellaeron et écrin montagneux pour tous ceux recherchant la profusion et l’exaltation. Du moins était-ce ainsi que l’on avait dépeint, à Elaena, ce qui l’attendait. Elle n’avait pas fait grand cas de l’invitation déposée à son intention au Palais Hoskagon, les discussions avec Baelor Cellaeron avait pris un tournant étonnant, mais le Grand Effondrement était venu mettre un terme aux échanges politiques. Il avait fallu de nombreux mois pour que Valyria et les valyriens se remettent de cette catastrophe dans laquelle bien nombreux avaient été les disparus. A présent que la vie retrouvait sa saveur délicieuse, les fêtes se multiplier et les fêtards redoublaient de ferveur. Chaque famille avait organisé sa célébration, au cœur desquelles s’étaient toujours tenues les orgies les plus débordantes pour honorer ces Dieux qui avaient permis le retour au calme. Toujours était-il que les affaires avaient bien vite repris et il fallut que Maelion évoque l’invitation de Baelor pour que la jeune femme s’y penche réellement.

De prime abord, la perspective d’une orgie dans l’antre du Cellaeron n’était pas pour lui plaire. Bien que leurs échanges se soient quelque peu réchauffés, elle ne se méfiait pas moins des ambitions du sénateurs, de surcroît elle avait beau faire mine de l’ignorer elle ne pouvait que constater les regards qu’il jetait sur elle. Il ne la voyait pas comme une adversaire ou même une alliée, du moins pas toujours, elle surprenait certains regards et pouvait y lire qu’elle constituait une proie pour l’homme. Elle avait tout entendu des prétendues prouesses du Cellaeron, à entendre la parole populaire celui-ci serait un amant des plus actif et conquérant. Ils étaient nombreux à égrener les noms de ces jeunes femmes dans leur prime jeunesse qui avaient cédé aux avances et comblé les envies de Baelor Cellaeron. Les raisons variaient selon les conteurs, certains évoquaient le charme de l’homme qui transcendait un physique devenu – avec les années – moins avantageux qu’il le fut ; d’autres mentionnaient ses manipulations habiles qui l’amenait à déceler, chez ses proies, les points faibles à viser pour arriver à ses fins ; enfin certains mentionnaient quelques rumeurs, qui voulaient que les plus récalcitrantes n’avaient pu qu’expérimenter le danger qu’il représentait et n’avaient plus osé s’élever contre sa volonté. Voilà autant d’histoires et de tableaux qui avaient dissuadé Elaena de participer à cette fête. Le Pinacle, lieu aussi reculé que magnifique, n’hébergeait pas de ces fêtes où tout Valyria se retrouvait. Non, le Pinacle donnait lieu à des célébrations plus exclusives, ouvertement sélectives, et ainsi les invités, en petit nombre, pouvaient-ils aisément se perdre – bien souvent volontairement – dans les coins et recoins de cette forteresse comme hors du temps.

Pourtant, malgré les réticences de la jeune femme, et le fait que l’invitation n’ait pas été étendue à qui que ce soit de son entourage, Elaena se laissa convaincre de la nécessité de s’y rendre. Maelion, en qui elle avait une sincère confiance, avait été invité en sa qualité de membre notable de la faction mercantiliste. Ainsi elle ne serait pas à proprement parler seule. Et puis, l’échéance de la campagne électorale approchant, la jeune sénatrice y voyait l’opportunité de continuer les discussions entamées avec le maître des lieux. Devait-elle craindre Baelor Cellaeron ? La question avait été, de nombreuses fois, posée. Elle décidait qu’elle avait à s’en méfier, elle aurait été idiote de le faire, mais elle n’avait pas reculé lorsqu’il lui avait fallu prendre la parole pour lui damer le point face au Sénat tout entier réuni. Elle ne reculerait pas pour une fête en sa demeure. Il y avait cependant un point qu’elle n’avait pas réussi à ôter de son esprit. Les fêtes du Pinacle étaient connues certes pour l’étalage de luxe et de profusion qu’elles étaient mais avant tout pour la lascivité de leurs orgies, et la ferveur des dévots qui s’y illustraient. Elaena n’avait jamais été de celles qui se refusent au plaisir de la fête, mais lorsqu’il s’agissait de communier elle n’aimait guère le faire entre n’importe quels bras. Seuls en cette soirée, aucun des bras qu’elle affectionnait ne serait présent. Elle n’osa évoquer cette réticence avec Maelion, craignant qu’il ne soit embarrassé ou bien qu’elle le soit davantage que lui. Elle chercha, de longs jours durant, des excuses justifiant de ne pas prendre part à cette partie de la soirée, mais elle avait beau s’y atteler, aucun stratagème ne parvint à poindre en son esprit. Sous l’insistance de son conseiller, la jeune femme finit par accepter, faisant fi de ce menu souci en décidant qu’elle trouverait une manière de se dégager. Après tout, nul n’était en position de lui imposer quoique ce soit… hormis peut-être les Dieux.

Le voyage ne fut guère pénible, Elaena goûtait avec plaisir à l’adrénaline de retrouver Meghar. Le dragon se plaisait à Valyria semblait-il, trouvant sans peine quelques camarades de chasse pour s’éloigner de la capitale et faire festin. A chaque retrouvaille, Elaena s’étonnait de voir la bête plus grande encore que la dernière fois. Meghar était aussi grand qu’Elaena était petite, et aussi sombre qu’elle était claire. L’association des deux donnait une impression étrange, presque absurde, car que pouvait faire une si petite femme sur une si grosse bête ? Comment pouvait-elle seulement prétendre la maîtriser ? A bien des égards, Elaena était persuadée de ne pas maîtriser Meghar, plutôt que l’animal et elles avaient une volonté commune qui rendait toute tentative de domination inutile. La jeune sénatrice profita du sentiment aigu de liberté que ce vol lui procurait, elle qui avait pour habitude de partir régulièrement pour des promenades – mêmes courtes – à dos de dragon, avait dû délaisser ce passe-temps au profit de nouveaux, bien moins exaltants à son goût.

Lorsqu’elle arriva au Pinacle, de nombreux invités étaient également arrivés, et les dragons perçaient le ciel en tournoyant au-dessus de la forteresse. L’image était grandiose, des dizaines de dragons s’ébrouant, jouant ou se défiant, au cœur de ces montagnes hostiles. Les appartements réservés à Elaena étaient d’un luxe certain, elle fut surprise de ne pas être la victime d’une mauvaise plaisanterie du maître des lieux, elle ne doutait pas qu’il trouverait un certain charme à la voir loger aux cachots. Pourtant non, les appartements étaient – si elle en croyait la princesse Myssaria qui l’accueillit en personne – des plus beaux de la forteresse. La vue y était à couper le souffle, Elaena devait bien l’avouer. La compagnie de la princesse avait été particulièrement agréable, l’épouse Cellaeron maîtrisait, comme son mari, l’art de la mondanité. Myssaria partie, Elaena ne se retrouva guère seule, elle ne l’était que très rarement. Les gardes Tergaryon à sa porte, sa dame de chambre s’affairant à lui préparer un bain et disposer sa tenue pour le soir, Elaena ne put que trop peu profiter du retour au calme que l’on ressentait après avoir côtoyé les cieux.  

Aux premières heures des festivités, tout ne fut que luxe, volupté et exaltation. Les mets et liqueurs aiguisaient les sens, la musique était enivrante, et tous les invités semblaient épris de ce sentiment d’être dissimulés aux yeux du monde. Perchés sur ces montagnes, ils se défaisaient du poids des responsabilités pour reprendre goût à la vie après de longs mois de convalescence. Elaena n’eut guère de mal à se mêler à ses congénères, il n’y en avait pas un qu’elle ne connaissait pas. A l’aise en société, entraînée à l’art du paraître et de la discussion, la jeune femme papillonnait de groupes en groupes, goûtant tel boisson sur les conseils de l’un, tel pas de danse sur les conseils de l’autre. Dans son ombre se tenait Maelion, fidèle soutien et visiblement décidé à ne pas la laisser seule dans l’arène. Il la regardait danser, riant sans cesse alors qu’elle tournoyait entre les bras des uns et des autres. Il vérifiait ce qu’elle buvait et mangeait, méfiant et ne souhaitant guère laisser cette tâche à sa garde seule, qui de toute manière se trouvait trop loin. Elle n’était guère difficile à voir, il ne faisait aucun doute qu’elle était l’une des plus jeunes personnes de cette assemblée, et la robe rouge qu’elle portait tranchait avec les choix de couleurs plus mesuré de bon nombre de convives. L’homme, qui avait l’expérience et l’âge de raison, ne put que remarquer à quel point elle était encore jeune. Il ne s’agissait pas là d’une question physique, ni même d’un manque de maturité, mais il le voyait à l’enthousiasme et la joie qu’elle communiquait sans craindre de paraître déplacée. Elle se moquait de l’être, car en ces heures rien d’autre ne comptait que le fait d’être. Et elle était, indubitablement. A bien y regarder, elle n’était sans doute pas la plus belle femme de cette assemblée, elle avait la jeunesse mais bien d’autres avec cet atout qui ne peut être qu’éphémère. Elle n’était pas la politicienne la plus habile non plus, elle se trouvait là entourée de maîtres dans l’art de la politique et des arcanes du pouvoir. Elle n’avait pas l’aura de son frère ainé, Maekar, qui semblait trainer derrière lui cette aura de gloire propre à ceux que les Dieux avaient choisi. Elle n’avait pas non plus l’intelligence de sa jeune sœur, Daenyra, que Maelion avait eu l’opportunité de rencontrer et dont la perspicacité avait été sans égale. La jeune femme qu’il regardait de loin aurait pu n’être qu’une dame parmi tant d’autres, mariée et vouée à donner à son époux de beaux enfants. Alors, s’il y avait si peu de choses où elle excellait, s’il n’y avait rien d’unique chez elle, comment expliquer ce destin ? Maelion sourit à cette simple pensée, car tout était là, devant ses yeux. Il fallait se méfier des héros, de ceux dont on louait l’extrême talent, l’intelligence ou la beauté, car ils n’existaient pas. Ils n’étaient que des hommes de paille créé par l’esprit pour personnifier quelque chose d’intangible. Il ne pouvait y avoir de héros sans foule, sans histoire, sans fiction, car le héros sans la fiction n’est qu’un homme.

A mesure qu’il l’observait, Maelion se dit que c’était sans doute cela qui la rendait hors du commun, cette capacité qu’avait Elaena à faire fi de la fiction, à faire fi de ces injonctions héroïques pour se contenter d’être. Se contenter était un mauvais choix de mot, car il n’y avait rien de petit ou de simple dans ce qu’elle faisait. Il fallait être fort pour accepter d’être pleinement dans un monde où l’on doit n’être qu’à moitié. Elle brillait. Pas par son intelligence, pas par sa beauté ou un quelconque talent, elle brillait tout simplement, comme attirant à elle toute la lumière des lieux pour la renvoyer vers les quelques chanceux qui s’approchaient d’elle. C’était un talent tout particulier, principalement parce qu’il ne pouvait être qu’inconscient. A devenir conscient, volontaire, il ne ferait que se transformer en prétention ou en hystérie. Ce qui différenciait Elaena Tergaryon de ceux qui l’entouraient, dans cette pièce au luxe fantastique, à la profusion étourdissante, c’était la vie pure et assourdissante qu’elle y insufflait. Ainsi animée, elle cessait d’être belle pour devenir sentiment de beauté. Elle n’était pas belle, la beauté ne pouvait être que subjective, elle était cette émotion que provoque chez tout être la contemplation de quelque chose d’objectivement beau. C’était ainsi qu’elle parvenait à faire l’unanimité. C’était par là même qu’elle devenait plus que ces héros sans existence propre.

« Je suis invitée à rejoindre Baelor à l’écart de la fête, je sais que tu vas vouloir venir avec moi, mais l’invitation n’est que pour moi. »

C’est la voix d’Elaena qui avait tiré Maelion Velnarys de ses pensées. Il voulut protester, il n’aimait pas l’idée que sa protégée puisse se retrouver seule avec Baelor Cellaeron, tout particulièrement alors qu’il regardait son visage exalté. Elle avait trop bu pour être lucide, trop dansé pour être méfiante, Cellaeron était suffisamment intelligent pour connaître l’impétueuse jeunesse de la demoiselle et en tirer avantage. Pourtant, elle ne le laissa pas rétorquer quoi que ce soit, et elle s’éloigna si vite qu’il la perdit bien vite de vue dans la foule rendue compacte par la musique et l’attrait de la danse. Il chercha longuement à trouver le chemin du bureau de Baelor, mais compris bien vite qu’il n’y parviendrait pas.

Maelion resté derrière, Elaena se laissa guider par le garde qui devait la mener jusqu’à Baelor. La fête était splendide, et si elle savait qu’il devait être question de politique, elle regretta de ne pas simplement pouvoir profiter de la fête. Elle avait bu, oui, mais elle se sentait tout à fait capable d’avoir un échange censé et stratégique avec celui qui proposait de ne plus être un ennemi, du moins pour un temps. Lorsqu’elle pénétra dans la pièce, elle ne put s’empêcher d’être frappée par le changement de luminosité. Les braseros étaient nombreux et pourtant il semblait que cette lumière ne parvenait pas tout à fait à chasser l’obscurité menaçante et latente. D’aucun auraient appelé cela une ambiance tamisée, Elaena ne put qu’y voir le combat constant entre la lumière et l’obscurité, le ballet intangible entre le jour et la nuit. Ce n’est qu’après cela qu’elle aperçut Baelor qui l’accueillait à bras ouverts, littéralement.

« Très chère Sénatrice Elaena, que plaisir d’enfin te retrouver après tout ce temps. »
« Sénateur Baelor, j’ai finalement le plaisir de te retrouver sur pieds, et de découvrir de Pinacle dont on ne cesse de vanter la beauté ! »

Ils étaient tous deux bien trop intelligents pour se laisser bercer par ces fausses courtoisies. Ils n’étaient pas amis, il ne pouvait y avoir d’amis dans cette configuration, et chacun se devait d’obtenir de l’autre tout ce qu’il souhaitait obtenir. Une table avait été joliment dressée, de multiples carafes proposaient des liqueurs aux couleurs harmonieusement agencées. Rien n’avait été laissé au hasard.

« J’ignore si tu as goûté ces piments de feu des Îles d’Été. Ils deviennent, une fois marinés dans du citron, du basilic et du poivre rose, une véritable merveille. Je suis heureux que tu aies accepté mon invitation à converser quelque peu de manière informelle : sois-en remerciée. »

Bien qu’ayant peu d’appétit à cet instant, la jeune femme aventura ses doigts fins jusqu’à la petite assiette et se saisit d’un de ces piments marinés. Elle douta un instant qu’ils aient été marinés, peut-être était-ce là une manœuvre de plus pour l’humilier ? Elle décida d’en faire fi, après tout s’il lui fallait affronter la souffrance que l’on associait traditionnellement à ces piments, elle le ferait. Elle n’était pas si délicate qu’elle ne le laissait paraître.

« C’est délicieux, je reconnais bien là ton goût très sûrs. Je t’en prie, Sénateur, je sais pour l’avoir expérimenté que les échanges informels sont bien souvent source de grandes avancées. De quoi souhaitais-tu m’entretenir ? »


Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
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Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

Elaena était peut-être une jeune sénatrice encore inexpérimentée, mais elle allait droit au but. Baelor appréciait cette qualité. Entre membres d’une même faction et aux intérêts généraux concordants, il était important de pouvoir se dire les choses rapidement et sans ambages. Quand bien même ils rivalisaient en influence pour une domination sur la faction, ils devaient garder la tête froide et agir pour leur intérêt à plus long terme. Baelor avait un plan pour cela. Une espèce de trêve pour leur permettre d’obtenir chacun ce qu’ils convoitaient.

Baelor n’avait aucune idée de si la jeune femme accepterait ou contre-proposerait autre chose. Il se devait d’essayer car une faction mercantile unifiée et soutenant massivement sa candidature était une condition fondamentale de réussite pour sa campagne. S’il n’était pas même capable d’unifier les siens, alors comment pouvait-il imaginer prétendre à accéder au pouvoir suprême ? Désignant d’une main le balcon qui donnait sur les Montagnes Peintes, Baelor offrit à la jeune femme de l’y suivre. Là, avec vue sur les reliefs dont la légende voulut qu’ils eut été créés par le fondateur de la lignée Cellaeron, Baelor déploya ses cartes.

« Je reconnais là ton esprit vif souhaitant aller à l’essentiel. Mais très bien, c’est effectivement la meilleure des choses à faire. Je souhaite que nous nous entendions. Notre division, bien trop publique à mon goût, nous affaibli mutuellement, et avec nous tous le parti mercantile que nous représentons. »

Empoignant la rambarde de marbre pour mieux observer ces montagnes qui gardaient la frontière septentrionale de Valyria bien mieux que n’importe quelle muraille ou forteresse, Baelor mesurait ces mots tout en voulant arriver à un accord rapidement. Il devait faire comprendre à Elaena qu’il ne s’agissait pas d’une manœuvre à court-terme mais bien d‘un accord durable qui avait pour vocation à les renforcer tous deux et à écarter la troisième force de leur lutte.

« Soutenons-nous mutuellement. Montrons à la République, à la faction et à l’Épicière Odenys que nous sommes capables de dépasser nos différends de jadis pour contribuer à construire la Valyria de demain. Je cesserai de te contrer en interne si tu m’assures de ton soutien et du reste de la faction pour ma candidature à rejoindre les Lumières. C’est un accord gagnant-gagnant : la faction n’est pas ce que je convoite et je doute que tu aies déjà des vues sur le poste suprême. Entendons-nous, ici, maintenant, et raflons la mise. Renvoyons Echya aux oubliettes de l’Histoire et le pouvoir sera à nous. Avec la période qui s’ouvre, nous avons besoin d’avoir un marchand au Conseil. Si Maerion est réélu, qui sait ce qu’il va pousser pour se faire maintenir dans cinq ans ? Une nouvelle guerre ? »

S’arrêtant de parler pour ne pas submerger Elaena d’informations et de réflexions, il prit un moment de silence pour inspirer une longue goulée d’air frais. Il aimait tant cet endroit. Le Pinacle était pour lui comme une retraite bienheureuse après le tumulte de la capitale.

Il disait vrai lorsqu’il expliquait à Elaena Tergaryon vouloir partager le pouvoir. Une entente proche et une relation personnelle solidement établie entre eux permettrait à leurs intérêts de prévaloir jusqu’au plus haut niveau de la République. C’était là un atout important à considérer. D’autant plus que d’autres forces politiques avançaient leurs pions pour rafler la mise. Les conservateurs de tout poil s’alignaient derrière Arraxios et nul ne pouvait prédire quelle grande famille annoncerait publiquement son soutien au candidat des religieux.

« Quand bien même tu peux désapprouver ma personne, tu dois bien te douter que la vision que j’ai pour Valyria est la bonne. Nous avons le potentiel de cueillir ce monde, de nous débarrasser définitivement du risque que fait peser Ghis sur nos existences, nous avons le moyen d’exiger de meilleurs accords commerciaux avec la Rhoyne et Sarnor. Notre population augmente à une vitesse importante, Valyria a faim de nouvelles terres. M’aideras-tu à repousser nos frontières par le négoce et la diplomatie plutôt que par la force ? »




Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

« Je reconnais là ton esprit vif souhaitant aller à l’essentiel. Mais très bien, c’est effectivement la meilleure des choses à faire. Je souhaite que nous nous entendions. Notre division, bien trop publique à mon goût, nous affaibli mutuellement, et avec nous tous le parti mercantile que nous représentons. »

Elaena avait suivi Baelor jusqu’à l’extérieur, découvrant à ses côtés la beauté des montagnes que laissait entrevoir cette terrasse dissimulée aux yeux et oreilles indiscrets. La jeune femme se savait en posture compliquée, mais le simple fait que Baelor évoque avec elle la nécessité de s’unir lui révélait une chose importante : il s’était trompé et l’avait compris. L’homme, fin stratège et mercantiliste historique, s’était imaginé pouvoir balayer du revers de la main celle qui n’était qu’une petite héritière sans légitimité. Il s’y était employé, d’ailleurs, lors de la séance de vote au Sénat, tentant par sa prise de parole de se positionner aux yeux de tous comme le digne successeur de Vaegon Tergaryon à la tête de la faction. Seulement Elaena n’était pas sans alliée, ni sans panache, et elle n’avait pas reculé face à l’affront, un geste qui avait pu lui aliéner certains soutiens mais lui en avait conféré d’autres. Alors que la voix de Baelor s’élevait, la jeune femme maintenait son regard solidement ancré sur les montagnes qui leur faisait face. Elle n’était guère familière de ce genre de paysages, ayant grandi dans les plaines paisibles du Centre, mais ils provoquaient en elle un sentiment unique, celui d’être un minuscule élément de quelque chose de bien plus grand.

Bien qu’il laissait retomber le silence quelques instants, Elaena ne prit par la parole pour répondre à Baelor, elle ne le regarda pas non plus, puisqu’il avait lancé l’invitation elle estima qu’il avait des choses à dire. S’il n’avait fallu retenir qu’un seul enseignement de la part de son père, c’est qu’il était essentiel de laisser son interlocuteur parler encore et encore, jusqu’à plus soif. La connaissance était synonyme de pouvoir, et elle ne comptait pas s’en délester ce soir. Ainsi, elle conserva un visage neutre lorsqu’elle le tourna en direction du sénateur qui repris la parole.

« Soutenons-nous mutuellement. Montrons à la République, à la faction et à l’Épicière Odenys que nous sommes capables de dépasser nos différends de jadis pour contribuer à construire la Valyria de demain. Je cesserai de te contrer en interne si tu m’assures de ton soutien et du reste de la faction pour ma candidature à rejoindre les Lumières. C’est un accord gagnant-gagnant : la faction n’est pas ce que je convoite et je doute que tu aies déjà des vues sur le poste suprême. Entendons-nous, ici, maintenant, et raflons la mise. Renvoyons Echya aux oubliettes de l’Histoire et le pouvoir sera à nous. Avec la période qui s’ouvre, nous avons besoin d’avoir un marchand au Conseil. Si Maerion est réélu, qui sait ce qu’il va pousser pour se faire maintenir dans cinq ans ? Une nouvelle guerre ? »

Toujours silencieuse, Elaena ne dérogea pas à sa règle de conduite et alors que Baelor tourna son regard vers les montages, la jeune femme en fit de même. Repassant mentalement le fil du discours de son ancien ennemi, elle laissa glisser imperceptiblement ses mains contre le marbre lisse, appréciant la caresse sur sa peau. L’air était frais, l’atmosphère paisible et silencieux, et la jeune femme pris le temps de se laisser envahir par l’apparente immobilité de la nature qui pourtant travaillait sans cesse. Ainsi, Baelor lui proposait de se partager le pouvoir. Il lui laisserait les clés de la faction, s’engageant à ne plus chercher à lui nuire, en échange de son soutien pour le poste de Lumière. Les élections approchaient à grand pas, et la faction mercantiliste, dont il avait cruellement besoin pour espérer être un candidat sérieux, était plus que jamais divisé. Les forces en présence menaçaient de ne jamais céder, et Baelor avait fait le pari de se tourner vers la Tergaryon au détriment d’Echya Odenys. Cette dernière n’avait rien de commun avec eux, et il y avait bien plus de points communs entre Baelor et Elaena qu’avec la marchande. Elle aurait refusé de l’admettre publiquement, mais c’était un fait. Baelor et elle défendaient les valeurs des quarante familles, des seigneurs-dragons, lorsqu’Echya s’était élevée à une condition, certes extraordinaire, mais ne pouvant faire oublier ses origines non aristocratiques. Elaena pouvait, cependant, envisager une alliance avec elle, car elles étaient toutes deux femmes dans un monde d’homme. Une alliance qui avait fait bondir son père lorsqu’elle l’avait évoqué, le patriarche ne manquant par d’exposer avec véhémence l’animosité qui régnait depuis bien longtemps entre la Odenys et lui. Ainsi, Echya ne pouvait être de confiance… Et Baelor oui ? Comment faire confiance à un homme qui avait investi une si grande énergie à lui faire du tort ?

Elaena n’était guère une femme habituée au silence, elle était au contraire bien trop spontanée et bavarde pour son propre bien. Elle était, de surcroit, largement ivre, ce qu’elle ne parvenait pas à s’avouer du fait dudit état d’ivresse. Cependant, par une force qu’elle ne s’expliquait pas, elle parvint à garder le silence. Ce dernier était une arme redoutable, surtout les esprits empressés. La première parole signait le début des négociations, et elle souhaitait le reculer autant que faire se pouvait. Elle laissait encore quelques minutes passer, si l’homme avait fini alors il lui demanderait de s’exprimer, mais elle sentait qu’il n’était pas à bout de ses arguments.

« Quand bien même tu peux désapprouver ma personne, tu dois bien te douter que la vision que j’ai pour Valyria est la bonne. Nous avons le potentiel de cueillir ce monde, de nous débarrasser définitivement du risque que fait peser Ghis sur nos existences, nous avons le moyen d’exiger de meilleurs accords commerciaux avec la Rhoyne et Sarnor. Notre population augmente à une vitesse importante, Valyria a faim de nouvelles terres. M’aideras-tu à repousser nos frontières par le négoce et la diplomatie plutôt que par la force ? »

Cette fois la jeune femme délaissa les montagnes pour concentrer son regard sur l’homme à ses côtés. Pour la première fois depuis le début de cet échange, Elaena laissa poindre un sourire sur ses lèvres, brisant la neutralité dans laquelle elle s’était emmurée. Baelor semblait partager le goût d’Elaena pour les envolées lyriques, et la jeune femme ne put s’empêcher de sourire à le voir ainsi chercher à l’atteindre pour mobiliser cet idéalisme qu’elle n’était jamais parvenue à dissimuler.

« Sénateur Cellaeron, je ne te connaissais pas ce goût pour la mise en scène lyrique… »

La réplique n’était guère agressive, plutôt amusée et résultat d’un esprit désinhibé par l’alcool mais loin d’être empêché.

« J’entends ta proposition, j’en comprends les contours, mais avant tout j’entends et partage ton constat. La faction est divisée et nos camarades ne savent où porter leur attention. Ce n’est bon ni pour nous, ni pour les intérêts des marchands qui font la grandeur et la richesse de notre République. »

Elaena se tourna légèrement, appuyant ses côtes contre la rembarde pour faire face à Baelor.

« Je n’ignore rien de ce que tu penses de moi, sénateur. Cependant, contrairement à ce que tu sembles penser, je ne désapprouve pas ta personne, pourquoi le ferais-je ? Qui suis-je pour le faire ? Ne sommes-nous pas tous les mêmes ? Nous cherchons notre place dans ce grand théâtre, nous jouons notre rôle, certains mieux que d’autres, et nous tentons de défendre, au travers de ces rôles entendus, ce qui nous semble juste… Juste pour nous, ou pour ceux qui dépendent de nous. Vois-tu Sénateur, je ne désapprouve pas ta personne car je ne la connais guère plus que tu ne connais ma personne. Je ne peux que connaître ce que tu acceptes de révéler au monde.

Or, il s’avère que ces révélations n’ont eu pour but que de me nuire jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, tu comprendras ma frilosité à te croire lorsque tu m’annonces vouloir à présent travailler avec moi, main dans la main. »


Elaena senti un frisson la parcourir, l’air été froid et sa robe guère couvrante, elle entreprit de retrouver la chaleur du bureau de Baelor, gageant que celui-ci la suivrait car il ne perdrait pas de vue qu’elle n’avait pas encore dit tout ce qu’elle avait à dire. Une fois à l’intérieur, elle se servit une coupe d’un des breuvages que Baelor avait fait préparer pour eux, elle lui en servit une coupe également qu’elle laissa à sa disposition sur la table. Attrapant du bout des doigts un petit gâteau sec, elle le porta à ses lèvres tout en parcourant la pièce d’un pas lent, le regard contemplatif.

« Nous en revenons donc à la question éternelle, celle qui divisa peuples et mariages… celle de la confiance. Je ne te ferai pas l’affront de te demander, Baelor, si je peux te faire confiance. La réponse serait convenue et guère convaincante, puisque lorsqu’il est question de confiance les mots semblent… démunis. Ainsi nous voilà tous deux, observant l’autre à la recherche de quelque chose… Puis-je lui faire confiance ? Il y a bien des manières de créer la confiance… le temps, l’amour, la fidélité… je crains que nous n’ayons rien de tout cela. Ne reste donc plus que… le marchandage et les intérêts communs.

Alors Baelor Cellaeron, qu’as-tu à proposer pour nous lier d’une confiance à même de permettre cette… alliance que tu suggères ? »


Elaena n’était plus cette petite fille apeurée et méfiante qu’avait rencontré Baelor lorsqu’il avait fait irruption dans son bureau. Le temps l’avait formée et surtout, l’alcool aidant, elle comprit que c’était ainsi qu’il lui fallait jouer.



Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

Regardant Elaena Tergaryon évoluer dans l’antique salle seigneuriale des Cellaeron confortait Baelor dans le fait qu’un accord serait trouvé. Pas forcément ce soir, cependant ; il restait toutefois convaincu que les intérêts qui étaient les siens convergeaient avec ceux de la belle d’Oros. Pourtant, la jeune femme restait un brin méfiante : elle voulait un gage de confiance. Et visiblement, elle n’était pas disposée à lui faciliter la tâche en avançant un premier indice de ce qu’elle souhaitait pour ce plan auquel elle ne semblait guère opposée pour le moment.

La famille Tergaryon était riche et puissante, aussi les offres capables d’intéresser leur représentante au Sénat valyrien étaient en définitive assez peu nombreuses. S’ils avaient pris la tête de la faction mercantile, ils étaient suivis de près par les Cellaeron et leur rivalité ne pouvait guère que compliquer la tâche car ces familles partageaient nombre de forces et de faiblesses communes. Dès lors, trouver un accord permettant de sceller une interdépendance des deux parties pour le respect de leur alliance jusqu’à son terme n’était guère évident. Baelor se demandait bien ce qu’Elaena pouvait préparer de son propre côté. Elle ne restait sans doute pas inactive et ses soutiens devaient fourbir des armes dans leur coin. Surtout, le Seigneur Soie souhaitait éviter une alliance contre lui entre Echya Odenys et Elaena, ce qui était une possibilité à ne pas négliger.

« Nos intérêts concordent d’ores et déjà, Elaena Tergaryon, expliqua Baelor, imitant la tournure de phrase de son interlocutrice.Sans un accord entre nous, il est à craindre que nous ne serons pas en mesure de remporter le siège. Or, tu le reconnaîtras, il n’est guère besoin de renforcer le pouvoir des Maerion ou de raffermir encore davantage l’emprise des amis de ton frère sur la République. Valyria est une cité marchande, l’un – ou l’une – des nôtres doit pouvoir présider à sa destinée. »

D’un sourire plein de fourberie, Baelor inclina la tête en direction d’Elaena, se satisfaisant de lui-même de la conclusion à laquelle il parvenait.

« Et, bien que cela m’ait demandé beaucoup de travail, je pense pouvoir affirmer sans crainte être le sénateur mercantiliste le plus à-même de remporter cette élection, avec le soutien de la majorité de la faction, bien entendu. Echya est redoutable et ferait, si tu veux mon avis, une Lumière formidablement efficace. Mais elle est issue du commun, elle n’a aucune faculté de rassemblement autour d’elle et jamais le reste du Sénat ne se prononcera en faveur d’une femme d’une origine aussi basse. Tu sais comme moi que la plupart des sénateurs sont des hommes, et qu’une bonne partie d’entre eux reste sensible à leur vision dramatique des relations entre hommes et femmes. »

L’esprit galopant de Baelor continuait de réfléchir à une manière de s’attacher le soutien rapide et sans condition d’Elaena et des soutiens Tergaryon au sein de la faction. Suivant la jeune femme dans sa pérégrination au sein de son bureau, Baelor s’arrêta finalement devant la tapisserie andale suspendue au mur. On y voyait le roi légendaire des Andals, Hugor de la Colline entouré des Sept composant la religion monothéiste organisée de son peuple. Le Père, la Mère, la Jouvencelle, l’Aïeule, le Forgeron, le Guerrier et l’Étranger entouraient ce roi de jadis et, chacun à sa façon, le soutenait dans sa quête à venir. Ancienne et superbement réalisée, la tapisserie était un splendide présent offert par le roi d’Andalos lorsque les Cellaeron avaient signé les premiers des pactes commerciaux avec son peuple, des siècles plus tôt. L’idée lui vint en regardant la Mère présenter à Hugor Colline celle qui allait être son épouse et lui donner, selon la légende andale, « quarante-quatre enfants ».

« Un mariage. »

Le mot tomba comme un pavé dans la mare et Baelor se retourna vers Elaena.

« Tu sais aussi bien que moi que certaines cultures n’ont pas notre vision très… circulaire du mariage. Les Rhoynars scellent souvent des accords commerciaux par des mariages, j’en suis la meilleure preuve. Quant aux Andals, ils forgent des alliances entre leurs maisons nobles par le même moyen. Voilà ce qu’il nous faut, voilà ce que je propose Elaena : un mariage entre les familles Tergaryon et Cellaeron : un évènement grandiose à présenter à la face du monde comme la plus éclatante des réconciliation de l’Histoire de la République. »

Encore furieux par les conséquences du Grand Effondrement, Baelor souhaitait à tout prix sécuriser le soutien des Tergaryon pour mieux pouvoir s’en servir comme d’un marchepied vers la victoire suprême. Ses ambitions ne devaient pas être entravées par des considérations matérielles ou de sang. Les Cellaeron avaient toujours été ouverts à des mariages en dehors du cercle familial, considérant que la richesse en hémoglobine ne valait pas grand-chose face à des diamants et de l’or pur. Baelor, en digne fils de sa famille, faisant le même choix. Un mariage pouvait rapprocher les deux familles et les faire sceller un pacte de sang pour obtenir cette victoire qu’il convoitait tant. Ensuite, Valyria serait sienne et il pourrait enfin œuvrer à lui donner la pleine mesure de son potentiel.

« Tu as une jeune sœur, me semble-t-il ? Ainsi qu’un frère au Collège des Mages ! Ne feraient-ils pas de parfaits époux, l’un ou l’autre, pour un enfant des Cellaeron ? Mes cousins ont des enfants fort sympathiques. J’ai moi-même un bâtard que je considère comme un fils mais je ne te ferai pas l’affront de te le présenter comme un candidat potentiel. Tu me demandais ce que je te proposais et te voici exaucée, Elaena : un mariage et une alliance de sang entre nos deux familles. Si tu as une autre idée, je suis cependant tout à ton écoute. »



Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

« Nos intérêts concordent d’ores et déjà, Elaena Tergaryon. Sans un accord entre nous, il est à craindre que nous ne serons pas en mesure de remporter le siège. Or, tu le reconnaîtras, il n’est guère besoin de renforcer le pouvoir des Maerion ou de raffermir encore davantage l’emprise des amis de ton frère sur la République. Valyria est une cité marchande, l’un – ou l’une – des nôtres doit pouvoir présider à sa destinée. »

Baelor Cellaeron pouvait être accablé de bien des critiques, mais il en était bien une que personne n’aurait pu légitimement proférer : il ne manquait pas de vision politique. L’homme n’était pas arrivé à sa place par hasard et il le démontrait chaque jour. Ainsi, Elaena l’écouta dévoiler petit à petit les menaces qui planaient sur eux et qui, implicitement, les rapprochaient malgré eux. La jeune femme se souvenait sans peine de la préférence de son père pour le seigneur soie plutôt que pour Echya Odenys qui, si elle n’inspirait que très peu de choses à Elaena, semblait bien plus résolument opposée aux Tergaryon que l’était Baelor. C’est que ce dernier partageait avec eux la nécessaire préservation d’un héritage qu’Echya ne pourrait que construire. Ainsi, le Cellaeron avait raison sur un point, s’ils souhaitaient faire avancer les arguments et la cause mercantiliste, un siège de lumière était plus que nécessaire. Maerion, placé au pouvoir par les Tergaryon, entre autres, ne s’était guère révélé hostile mais il n’était pas un allié fiable et ne défendait pas les mêmes intérêts. Valerion était bien un homme fort de la faction, mais il semblait avoir décidé d’un rapprochement avec la faction religieuse.

« Je te rejoins en cela, il me serait difficile de contester cette analyse. Nous avons besoin d’une Lumière mercantiliste. »

« Et, bien que cela m’ait demandé beaucoup de travail, je pense pouvoir affirmer sans crainte être le sénateur mercantiliste le plus à-même de remporter cette élection, avec le soutien de la majorité de la faction, bien entendu. Echya est redoutable et ferait, si tu veux mon avis, une Lumière formidablement efficace. Mais elle est issue du commun, elle n’a aucune faculté de rassemblement autour d’elle et jamais le reste du Sénat ne se prononcera en faveur d’une femme d’une origine aussi basse. Tu sais comme moi que la plupart des sénateurs sont des hommes, et qu’une bonne partie d’entre eux reste sensible à leur vision dramatique des relations entre hommes et femmes. »

Une fois encore, Elaena ne put contester l’évidence. Elle ne pouvait ignorer le mépris de certains à son passage, alors même que certes jeune femme, elle était pourtant fille de familles nobles, pures et puissantes. Quel serait, dès lors, la capacité d’Echya à se hisser au plus haut sans avoir le sang et le nom adéquats ? Il ne fallait pourtant pas ignorer ce qui avait déjà été fait. Echya était issue du commun et cependant elle cotoyait à présent les plus grands, devenant même une candidate sérieuse et, visiblement, redoutable. N’était-il pas, dès lors, impossible de ne pas admirer cette femme et de ne pas en attendre le meilleur ? Celle qui avait déjoué tous les pronostics ne le pouvait-elle pas encore ? Et alors que Baelor Cellaeron semblait ne voir en la gente féminine qu’un cheptel de femelles à manipuler ou posséder, Echya Odenys, elle, faisait avancer leur cause commune.

Ainsi, la question n’était pas aussi simple que le prétendait Baelor. Il ne s’agissait pas pour Elaena de déterminer quel serait le candidat idéal, car il n’y en avait pas, mais il s’agissait de sécuriser sa position tout en sécurisant l’influence de sa faction. Pour cela, le choix du candidat à soutenir avait toute son importance. La jeune femme continuait à parcourir la pièce, laissant courir ses doigts le long des meubles précieux, les laissant parcourir les contours anguleux des différents objets précieux ramenés de contrées lointaines. Durant quelques secondes, elle laissa même son esprit vagabonder. Au loin, elle pouvait entendre la fête battre son plein et elle se surprit à sourire en imaginant les scènes de liesses et de légèreté qui devaient se dérouler non loin d’eux. A l’opposé de la légèreté festive, la conversation qui liait Elaena Tergaryon et Baelor Cellaeron n’avait rien de futile ou d’agréable, c’était un mal nécessaire.

La voix de Baelor ramenait Elaena en ces lieux et la surprise lui fit replonger son regard dans celui du Seigneur Soie qui se trouvait à présent non loin d’elle.

« Un mariage. »

De manière relativement surprenante, le visage d’Elaena ne trahit pas son opposition quasi épidermique face à la proposition du Cellaeron. Bien au contraire, les traits de la jeune femme s’adoucir, sortant à peine d’une contemplation concentrée, et laissèrent éclore un sourire amusé. Elle aurait pu contester immédiatement, refuser ardemment, simplement par principe, mais cela aurait été une réaction puérile. Et au fond, Elaena Tergaryon devait avouer que sa curiosité avait été piquée. Elle ne dit rien, se contentant de se tourner complètement pour faire face à Baelor et le laisser exposer son plan.

« Tu sais aussi bien que moi que certaines cultures n’ont pas notre vision très… circulaire du mariage. Les Rhoynars scellent souvent des accords commerciaux par des mariages, j’en suis la meilleure preuve. Quant aux Andals, ils forgent des alliances entre leurs maisons nobles par le même moyen. Voilà ce qu’il nous faut, voilà ce que je propose Elaena : un mariage entre les familles Tergaryon et Cellaeron : un évènement grandiose à présenter à la face du monde comme la plus éclatante des réconciliations de l’Histoire de la République. »

Si la curiosité d’Elaena était piquée, c’est bien que son esprit se demandait quel membre de la famille Tergaryon allait se voir proposer un époux ou une épouse Cellaeron, et surtout quel membre de sa famille le seigneur soie allait-il proposer à Elaena.

« Tu as une jeune sœur, me semble-t-il ? Ainsi qu’un frère au Collège des Mages ! Ne feraient-ils pas de parfaits époux, l’un ou l’autre, pour un enfant des Cellaeron ? Mes cousins ont des enfants fort sympathiques. J’ai moi-même un bâtard que je considère comme un fils mais je ne te ferai pas l’affront de te le présenter comme un candidat potentiel. Tu me demandais ce que je te proposais et te voici exaucée, Elaena : un mariage et une alliance de sang entre nos deux familles. Si tu as une autre idée, je suis cependant tout à ton écoute. »

Toute jeune cheffe de famille, la demoiselle d’Oros n’avait encore guère eu l’opportunité de se frotter à ces discussions dont elle avait été elle-même victime auparavant. Combien de jeunes hommes avait-elle du rencontrer à la demande de son père ? Ce dernier n’avait jamais caché son opposition face au mariage de ses deux enfants. A vrai dire, si le destin l’avait permis, sans doute Vaegon Tergaryon aurait-il provoqué le mariage d’Elaena avec Aenar, son fils ainé. La petite n’en démordait pas, elle voulait Maekar. Ainsi, entêté et déterminé à lui faire changer d’avis, Vaegon avait-il essayé de faire planer la menace d’un mariage en dehors de la fratrie pour sa fille ainée. Menace inutile tant il était impossible de lui imposer un mariage que même le patriarche se refusait à cautionner. C’est que le mariage non incestueux n’était guère une idée naturelle pour le chef de la branche d’Oros qui, s’il avait largement bénéficié du sien, n’en restait pas moins persuadé qu’il ne pouvait guère diluer plus avant le glorieux sang de sa famille.

Toujours était-il qu’Elaena n’avait encore apporté aucune attention à la question du mariage. Le sien avait été, depuis toujours, relativement évident bien que retardé. Pourtant alors que Baelor évoquait la possibilité de proposer la main de Daenyra ou de Maerion, la jeune femme en tira un malaise certain. Elle avait toujours imaginé qu’il serait de la responsabilité de leurs parents de choisir les époux et épouses de la fratrie, et voilà que ce rôle lui incombait ?

« Ainsi j’offrirais un frère, une sœur, et tu n’avancerais que l’enfant d’un lointain cousin ? Baelor, je ne suis pas si ingénue. Je te remercie de cette proposition qui a le mérite de démontrer ta bonne volonté afin d’unir nos intérêts. Cependant, je ne peux l’accepter. »

Elaena déposa sa coupe vide sur une petite table qui se trouvait près d’elle et entama de traverser la pièce pour se rapprocher de Baelor. Il était temps de cesser ce jeu du chat et de la souris. Elle n’avait aucune raison d’avoir confiance en cet homme, mais elle n’avait pas non plus beaucoup d’options. Il lui semblait évident que le sénateur peinerait à rassembler suffisamment de soutien sans elle, mais il pouvait se révéler également très nuisible pour elle si leur guerre continuait à faire rage. Ils pourraient perdre gros, et la faction pourrait se retrouver déchirée entre différents courants irréconciliables.

« Je ne recherche pas seulement à consolider ma position personnelle, Baelor, crois-le ou non. J’ai à cœur de protéger notre faction de ces luttes intestines qui nous affaiblissent au Sénat. Cependant je ne suis pas de ces esprits purs qui ne cherchent qu’à privilégier le bien commun. Il me semble qu’en cela nous nous ressemblons davantage que nous le voudrions.

Je peux te soutenir, Sénateur. Je peux inviter ceux qui me sont fidèles à soutenir ta candidature et prendre publiquement ton parti. Je peux même tenter d’influer en ta faveur auprès de quelques contacts militaristes et civilistes. Malgré nos différends je suis capable de voir où se porte mon intérêt.

Pour cela, je te demande de déclarer publiquement ton ralliement à ma cause. Devenir Lumière te pousse à t’éloigner naturellement des enjeux de factions… et tu ne pourrais envisager de meilleur leader que celle qui a à cœur de préserver la gloire des mercantilistes au Sénat. Moi. D’ailleurs nous pourrons nommer, ensemble, quelques-uns des chanceux qui entreront au Sénat par la grâce du nouveau Conseil, afin de nous assurer que le parti d’Echya ne gagne pas en influence. Quelques chanceux qui nous seront redevables… à tous les deux.

Tu soutiendras également l’élection d’un des miens lorsque le temps sera venu de trouver un successeur à mon grand-père à la tête d’Oros. Je suis certaine que mon cousin sera ravi de recevoir ce soutien sonnant et trébuchant avant et durant sa campagne.

Et comme l’homme répond bien souvent davantage à l’argent qu’au sang, nous ne pourrons que bénéficier d’un partenariat commercial entre nos familles.

Tu veux que nous soyons alliés, Baelor ? Très bien, je l’accepte. Mais si tel doit être le cas alors nous travaillerons ensemble. A une gloire commune. Et lorsque tes enfants légitimes seront plus âgés, alors nous pourrons rediscuter d’un éventuel lien du sang.

Voilà ma proposition. Qu’en dis-tu ? »


Elaena était à présent à quelques centimètres de Baelor. Bien loin était la demoiselle qui avait ressenti le besoin d’imposer un bureau entre eux par peur du sénateur. La jeune femme n’avait plus peur car elle avait cessé de se voir comme elle s’était longtemps vue : un objet tout juste bon à être saisi. Elle n’était plus objet, elle était sujet.



Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

Le refus d’Elaena Tergaryon d’engager sa famille dans une union maritale avec les Cellaeron était prévisible bien que regrettable. Baelor avait un intérêt tout particulier à s’entendre avec l’une des familles les plus riches et influentes de Valyria, bien devant les Cellaeron. Là où les Tergaryon s’inscrivaient davantage dans le schéma traditionnel d’une famille plutôt ancré dans des valeurs du Sud, tirant leur puissance d’une influence sans limites à la capitale et du contrôle de l’une des cités les plus importantes du pays, les Cellaeron agissaient différemment. Ils ne contrôlaient ni Anogaria, ni Mantarys, qui étaient les deux cités les plus proches de leur forteresse du Pinacle. Leur influence, en revanche, s’étendait aussi loin que Valyria disposait de relations diplomatiques. Plusieurs branches cadettes mineures résidaient dans le Vieil Empire et dans certaines cités de la Rhoyne. Certains cousins lointains un tantinet aventuriers s’étaient même établis chez les Andals et chez certains rois de Sarnor. Ils constituaient un réseau d’influence et d’information à part, permettant aux Cellaeron d’amasser d’imposantes quantités de marchandises et de pratiquer une politique commerciale agressive. L’union entre ces deux facettes de la noblesse valyrienne aurait, en théorie, permis d’accoucher d’une alliance des plus solides, capable de renverser l’ordre établi à Valyria depuis des siècles.

Elaena, toutefois, n’avait pas jugé bon de choisir ce chemin et Baelor ne pouvait point l’en blâmer puisqu’elle lui faisait une contre-proposition intéressante. La jeune femme s’était montrée bien confiante, s’approchant du Seigneur-Soie pour lui faire part de ses plans. La soutenir publiquement, c’était une exigence à laquelle il s’était attendu. Le partenariat commercial, à défaut d’un mariage, permettrait effectivement de lier les deux familles et de croiser leurs intérêts. Le soutien pour la prochaine élection, en revanche, était inattendu. Il surprenait donc Baelor positivement car celui-ci y voyait là une preuve que la jeune femme ne manquait ni d’ambition, ni de vision. Et pour un animal politique comme Baelor, c’était là une preuve de la qualité politique de son alliée et donc une confirmation que son intuition était juste.

Elaena Tergaryon et lui avaient débuté sur de mauvaises bases pour d’évidentes raisons de compétition interne. Toutefois, ils n’avaient pas les mêmes objectifs à court-terme et n’avaient donc aucune raison d’être ennemis. Cela confirmait que la jeune femme était une alliée potentielle de grande valeur et qu’elle deviendrait plus redoutable et influente avec le temps qui passerait. Lorsque son père serait rappelé par Balerion, elle deviendrait la titulaire du siège et concentrerait entre ses mains toute la puissance de sa famille. Selon toute vraisemblance, elle deviendrait alors la femme la plus influente et la plus puissante de Valyria. Une telle alliée était précieuse à plus d’un titre.

Toutefois, Baelor n’était pas non plus un débutant. En bon commerçant, il savait reconnaître quand un accord ne lui était guère favorable. Obtenir le soutien d’Elaena en échange de l’aider à conserver la mainmise sur Oros était plus qu’il n’était prêt à donner. Le fait que les Tergaryon aient jadis soutenu Arraxios Maerion démontrait également à quel point leur soutien pouvait changer et, le cas échéant, mieux valait ne point trop les renforcer sans pouvoir peser dans la balance de l’autre côté. Parmi toutes les ambitions annexes auxquelles pouvaient penser Baelor pour renforcer sa famille, il y avait la cité de Mantarys. Capitale du nord du pays, cité aux richesses nombreuses et carrefour commercial significatif, elle pouvait faire un parfait joyau à placer sur la couronne des Cellaeron. Ils avaient essayé de gouverner la cité, parvenant en de rares occasions à y faire élire un archonte en leur nom, mais jamais à la conserver plus d’un mandat. Baelor souhaitait renforcer cette emprise en prenant le contrôle de Mantarys.

« Je te réponds que tu confirmes mes intuitions sur le fait que tu es une grande négociatrice et une habile politicienne, Elaena Tergaryon. Toutefois, bien que j’apprécie ton ambition et ta réflexion, tu te doutes que je ne peux approuver cette proposition en l’état. Mon soutien à ta cause dans la faction t’est acquis car je pense que tu es la meilleure candidate pour défendre nos intérêts, et l’accord entre nos deux familles devrait nous permettre de dégager quelques bénéfices substantiels fort appréciables. »

Il laissa échapper un soupir navré alors qu’il haussait ses épaules massives.

« Toutefois, m’engager dans un soutien actif de ta famille pour conserver Oros me coûterait cher pour ce que tu apporterais à cette quête qui est la mienne. Aussi, je te propose que ce point de ta proposition soit rendu réciproque. Nous aiderons les tiens à continuer à régner sur Oros aussi longtemps que je vivrai… si vous en faites de même en nous aidant à sécuriser Mantarys à la prochaine élection pour ensuite la conserver. De ma perspective, je trouve cet accord plus équitable. Après tout, nous sommes désormais alliés, en attendant d’être amis ; nous avons tout intérêt à ce que l’autre gagne en influence. »



Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8

« Je te réponds que tu confirmes mes intuitions sur le fait que tu es une grande négociatrice et une habile politicienne, Elaena Tergaryon. Toutefois, bien que j’apprécie ton ambition et ta réflexion, tu te doutes que je ne peux approuver cette proposition en l’état. Mon soutien à ta cause dans la faction t’est acquis car je pense que tu es la meilleure candidate pour défendre nos intérêts, et l’accord entre nos deux familles devrait nous permettre de dégager quelques bénéfices substantiels fort appréciables. »

Toutefois, m’engager dans un soutien actif de ta famille pour conserver Oros me coûterait cher pour ce que tu apporterais à cette quête qui est la mienne. Aussi, je te propose que ce point de ta proposition soit rendu réciproque. Nous aiderons les tiens à continuer à régner sur Oros aussi longtemps que je vivrai… si vous en faites de même en nous aidant à sécuriser Mantarys à la prochaine élection pour ensuite la conserver. De ma perspective, je trouve cet accord plus équitable. Après tout, nous sommes désormais alliés, en attendant d’être amis ; nous avons tout intérêt à ce que l’autre gagne en influence. »


Elaena resta silencieuse un instant, détournant son regard pour délaisser le seigneur soie au profit de son royaume. Les montagnes étaient belles, c’était un fait, mais ce qui touchait Elaena davantage était de l’ordre de l’invisible. Il régnait en ces lieux un calme majestueux qui imposait à quiconque de lever la tête vers les cieux. Ce calme était-il de ceux imposés par les Dieux au sein des lieux capables d’incarner leur divinité aux yeux des hommes ? Elaena avait l’habitude de se sentir toute petite. Elle avait toujours été la princesse d’Oros, cette jeune femme dont on attendait qu’elle soit plus petite que ses frères, plus discrète et délicate. Elle avait été rappelée à son insignifiance à son arrivée au Sénat, lorsque tous ces grands et vieux hommes s’étaient contentés de la regarder du coin de l’œil, ou bien de détailler son corps comme si elle pouvait se résumer à cela. Ce soir, Elaena ne se sentait pas diminuée, elle ne se sentait pas insultée d’être petite face à la majesté naturelle de ces montagnes. Elle se sentait au contraire… reconnaissante. Elle aimait cette manière qu’avait la nature de lui rappeler que quoiqu’il arrive au sein de la société humaine, quelque chose de plus grand existait. Face à l’immensité de la nature, Elaena replaçait les choses à leur juste niveau. Quoiqu’il arrive le soleil se lèverait encore sur Valyria, les montagnes seraient toujours là, et rien de l’insignifiant ballet humain – aussi puissants soient-ils – ne pourrait atteindre ce que la nature avait construit sans eux.

Apaisée par le spectacle qui s’offrait à elle et pas le moins du monde gênée par le silence qui s’était installé, Elaena finit par reporter son attention sur Baelor qui ne semblait pas plus perturbé qu’elle par son absence de réponse. Baelor était un animal politique, rompu à l’exercice de la négociation, il connaissait le pouvoir du silence et n’était sans doute pas de ceux qui se laissent aisément envahir par la peur du vide volontairement provoquée de ces silences savamment orchestrés. C’est que, finalement, ce silence n’en était pas un. Il ne s’agissait guère d’une stratégie vouée à déstabiliser l’adversaire. Le visage d’Elaena était apaisé, contemplatif, ses lèvres étirées en un sourire doux et serein. Baelor avait eu sa réponse avant même que la jeune femme ne prononce le moindre mot. Les yeux dans ceux de Baelor, Elaena ne se départit pas de son sourire serein et il fallut encore quelques secondes pour qu’elle se décide à rompre le silence.

« Ivestragī se tymptir rhaenagon. Valar Morghulis. » - Que le jeu commence. Valar Morghulis.


***

An 1066, mois 12, quelques jours après les élections

La fête était si grandiose que le silence des montagnes lui-même en était altéré. Le palais des Cellaeron vibrait, presque physiquement, au rythme des chants, des percussions et des danses. Le jour était faste. Baelor Cellaeron avait gagné, il était la nouvelle Lumière du Conseil des Cinq et avait déployé des trésors fastueux pour célébrer cette victoire sans pareil. Chaque couloir, chaque corridor, chaque salon et chaque jardin avait été décoré, en leur sein d’immenses tables proposaient aux convives les mets les plus délicats, les liqueurs les plus savoureuses, et il semblait même que les flammes des milliers de chandelles disposées dans tout le palais brillaient d’un éclat plus grand encore qu’à l’ordinaire. Certaines salles avaient été dédiées à la danse, de magnifiques danseurs se mêlant aux convives pour un spectacle aux couleurs et aux mouvements exquis. D’autres espaces étaient ceux de la gourmandise, les corps étendus s’emplissant avec un appétit presque lascif. D’autres lieux encore étaient animés de spectacles, de feu et de chants, qui ravissaient les sens et captivaient les esprits. Pas une pièce du palais avait été délaissée et il semblait que les montagnes toutes entières avaient été dédiées à l’excès en cette soirée. N’y avait-il vraiment aucun lieu d’ombre et de silence ? Ce n’était pas tout à fait exact.

A l’étage, sur le balcon d’une pièce gigantesque et majestueuse, plongée dans une pénombre sensuelle et baignée d’un encens capable d’inhiber les sens, une silhouette se détachait. De loin, cette fine silhouette se mêlait presque à la pénombre du lieu. Il fallait s’en approcher pour en distinguer le corps et les formes. Apparaissait une chevelure argentée, tombant en cascade jusqu’à rejoindre les reins dénudés de la silhouette, les cheveux à peine retenus par quelques tresses et bijoux de pierres précieuses. La silhouette, dos à la porte, faisait face aux montagnes. A bien y regarder on pouvait même percevoir le rythme paisible de sa respiration. Il fallait imaginer la poitrine se soulever dans un rythme lent et égal. Il fallait imaginer encore les lèvres s’entrouvrir pour laisser s’échapper un air chaud, capable de trancher avec la fraicheur du soir. Il fallait imaginer tout cela car c’était un spectacle que la silhouette réservait aux montagnes à cet instant. Le spectateur, pénétrant dans cette pièce grandiose, devait dès lors se contenter du dos partiellement exposé de la jeune femme, du drapé de tissu luxueux d’un rouge éclatant qui interdisait aux yeux l’accès à des jambes qu’on imaginait fines, à la peau délicate et claire. Se contenter vraiment ? N’y avait-il pas déjà suffisamment d’érotisme dans la vue de ce dos offert aux éléments, la peau se couvrant par moment de petits frissons alors que le vent se risquait à tourmenter le tissu, révélant au détour d’un souffle le galbe d’un mollet, insuffisamment protégé par un jupon largement fendu. Lorsque les cheveux étaient, eux aussi, balayés par le vent, on pouvait apercevoir le cuir, noir, d’une ceinture ; tressé, dur et solide, il contrastait lascivement avec le grain de la peau si fine contre laquelle il reposait. Il y avait dans cette silhouette un condensé de Valyria.

Soudain, de manière imperceptible, la silhouette tressaillit. C’est qu’elle avait entendu qu’elle n’était plus seule. Était-ce le vent qui, d’un murmure, avait trahi le spectateur discret qui s’était glissé dans cette pièce où personne n’était censé pénétrer ? La silhouette tourna légèrement la tête, rapprochant son menton de son épaule gauche sans pour autant regarder véritablement en direction de ce qui se tenait dans son dos, à quelques mètres d’elle. Elle n’avait guère besoin de le voir pour connaître l’identité de ce nouvel arrivant. Ils n’étaient que deux à pénétrer en ces lieux ce soir-là. Ils n’étaient que deux à s’être échappés du tumulte bouillant de la fête pour rejoindre la pénombre. La silhouette et le spectateur avaient bien des choses à célébrer pourtant, mais ils avaient également bien des choses à préparer. Tout ne faisait que commencer.

Elaena se retournait, adossant son dos contre le marbre de la rambarde, provoquant une nouvelle salve de frisson au contact de sa peau contre le matériau froid. Ses mains couvaient une coupe à laquelle elle n’avait pas encore touché. Elle était plus maquillée que d’habitude, ses yeux soulignés de noir, à la manière des femmes du Nord, lui donnaient un air presque tribal, sauvage et dangereux. Sa robe, de cuir et de soie, évoquait celle d’une guerrière à quiconque savait en lire les symboles. Il fallait s’approcher de la ceinture de cuir qui n’était tressée qu’au dos, et en observer les gravures. Son sourire, cependant, était bien celui qu’on lui connaissait. Elaena n’était pas de ces femmes guerrières qui perdent la légèreté de leur enfance. Peut-être en cela n’était-elle pas encore suffisamment forte pour survivre à ce monde fou qu’était la politique valyrienne. Elle aimait cependant cet aspect d’elle-même. Elle aimait danser et sentir les regards sur elle. Elle aimait la légèreté que permet la beauté douce. Et elle aimait le contraste de ses traits, naturellement fins et doux, avec le noir rugueux qui entourait son regard améthyste. Elle aimait être une femme de contraste finalement. Ne fallait-il pas autant de lumière que d’ombre pour cela ?

« N’est-ce pas ironique ? Te voilà Lumière, et c’est cet endroit, à peine éclairé, que tu choisis pour refuge. »

Elle ne s’avança pas, se contentant de fixer son interlocuteur avec cette fois un sourire mutin. Elle leva la coupe en sa direction cependant, l’invitant silencieusement à la rejoindre.

« Félicitations à la nouvelle Lumière. »


Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl
Un Songe d’une Nuit d’ÉtéElaena Tergaryon & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 12

Que la victoire était douce.

Navigant au milieu de ses invités lascivement répartis dans tout son domaine, le seigneur du Pinacle pouvait enfin savourer les fruits de ses efforts. Après des semaines et des mois d’intrigues, de promesses, de trahisons et de menaces, Baelor Cellaeron était une Lumière de Sagesse. Le Sénat lui avait confié un siège pour cinq années, le propulsant à la tête du pays aux côtés de quatre autres conseillers. À eux tous, ils étaient chargés de faire respecter les différents intérêts des groupes qui les avaient fait élire… et de guider Valyria vers la grandeur. Tel était en tout cas le plan de Baelor. Il avait milité pour propulser son pays sur la voie de la construction d’un empire qui dominerait toutes les terres connues et au-delà encore.

Ce soir, cependant, n’était pas aux grands discours ou aux plans mondiaux. Ce soir, Baelor et ses alliés célébraient une victoire bien méritée. Ils avaient fait sortir les odieux Maerion de la Tour du Conseil et ils avaient empêché les dynasties de faire un retour en grâce qui aurait été bien trop embarrassant à justifier. Valyria avait tenu, la République en sortait grandie. Et Baelor avec elle. La sécurité au Pinacle était désormais assurée par des détachements spéciaux de la première armée valyrienne qui sécurisait tous les lieux de pouvoir de la République. Une centaine d’hommes d’élite tenait garnison en ces lieux et ils avaient le respect de la plupart des invités qui connaissaient les prouesses de ce corps d’armée réputé.

Malheureusement pour lui, cette victoire n’était pas destinée à être célébrée ce soir par Baelor. Tout hédoniste connu et reconnu qu’il était, il devait se focaliser sur sécuriser ses soutiens pour le début de son mandat. Il passait donc la soirée à partager quelques ébats, quelques baisers ou quelques coupes de vin tout en échangeant sur la politique avec ses interlocuteurs. Se vautrer dans la luxure et honorer Meleys ce soir aurait été du gâchis. Il y avait tant et plus à faire, il aurait tout le temps de se rattraper plus tard. Au bout d’un long moment, il parvint enfin à s’éclipser. Il avait une rencontre à mener, une femme à honorer : sans doute pas de la manière dont il l’aurait souhaité.

Lorsqu’il pénétra dans cette même pièce où ils avaient scellé leur alliance des mois auparavant, Baelor trouva Elaena pratiquement à l’endroit où il l’avait laissée. La pièce était faiblement éclairée car elle n’était pas destinée aux invités ce soir. Il y avait tout juste un bol de dattes et d’olives qui traînait sur une table, non loin d’un chandelier qui brûlait de quelques mèches. Il détailla la silhouette de la Tergaryon qui se découpait avec précision sous la mousseline fine qui recouvrait son corps. On y voyait le galbe de ses jambes, la courbe de sa poitrine et sa peau qui luisait sous la douce lueur sélène. Ses rubis, saphirs, émeraudes et diamants reflétaient la brillance des étoiles avec de pâles reflets colorés. Ses yeux violets émergeaient de la nuit et de ce maquillage noir ; ils luisaient comme deux pierres améthyste au fond d’une crique un soir de pleine lune. Elle se retournait pour lui faire face.

Face à elle, Baelor Cellaeron n’était pas l’archétype du désirable Valyrien. Il était rond comme une barrique, avait toujours l’impression d’avoir le souffle court. Son visage gras dissimulait ses émotions derrière un sourire plein de bonhomie qu’il affichait en permanence. Ses deux petits yeux d’un violet clair et pâle étaient fichés au fond de leurs orbites, dissimulés comme deux gemmes trop fragiles ou trop précieuses pour être montrées au monde. Pourtant, ces mêmes gemmes vous perçaient le cœur et l’esprit lorsque le Seigneur-Soie vous regardait. Son cuir chevelu était légèrement dégarni, laissant apparaître la peau de son crâne et quelques tâches de vieillesse. Pourtant, malgré cela, il se dégageait du Cellaeron une forme de majesté qui tenait plus dans sa façon d’appréhender le monde qu’autre chose. Baelor arpentait n’importe quel lieu où il se trouvait comme s’il était le bienvenu, et encore plus depuis son élection. Ce soir, il portait un splendide peignoir de soie noire aux reflets bleus noué par une ceinture vert clair.

Lorsqu’elle but à sa santé, il inclina la tête en guise de remerciement, n’ayant pas de coupe sous la main.

« Les Quatorze te bénissent pour ta présence ici, Elaena. Rien de tout cela n’aurait été possible sans ton concours. Tu as pris la bonne décision. »

Un sourire sincère de satisfaction était affiché sur la lippe de Baelor. Il fit quelques pas pour se servir une coupe en or et la remplir d’hydromel avant de retrouver son interlocutrice sur le balcon et de s’accouder à ses côtés, de façon à la regarder.

« N’est-ce pas dans l’obscurité qu’une lumière brille le plus fort ? » questionna-t-il la jeune femme avec un air songeur.

Il leva la tête vers la voûte céleste parsemée d’étoiles et de nuages stellaires.

« C’est en tout cas la leçon que je dire des étoiles. Savais-tu que certaines cultures considéraient que chaque étoile valait pour l’âme d’un défunt ? C’est poétique, à défaut d’expliquer quoique ce soit. »

Il revint à Elaena, baissant son regard sur elle… et vers son décolleté.

« Et pourtant, il n’y a qu’un seul soleil, qui illumine tout notre monde. »

Il laissa en suspens cette phrase énigmatique et revint à des considérations plus triviales.

« je dois avouer que je n’ai pas été surpris de la réaction d’Echya à l’élection. Je ne m’y attendais pas pour autant, mais en réalité je doute qu’elle ait eu d’autre choix. Elle sera un puissant obstacle sur ta route vers le pouvoir. As-tu décidé ce que tu feras d’elle le moment venu ? »

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