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Un pacte avec le diable
Maekar & Aeganon & Baelor




Le jeune homme se souvenait encore des paroles proférées à l'attention de sa sœur, Daenyra, quelques jours plus tour dans la cour de la demeure familiale. Il se souvenait lui avoir dit se concentrer sur ses battements de cœur pour garder le contrôle, se concentrer sur le mouvement des ailes de son dragon et, alors que le vent de plus en plus frais caressait son visage, c'était exactement ce à quoi il s’attelait. Oh non il n'était pas tourmenté par les voix des défunts, pas plus que d'habitude en tout cas, mais ce qui enserrait son cœur était lié à la raison pour laquelle il chevauchait son dragon, aussi tard dans la nuit, bien loin de son foyer. Maekar Tergaryon avait été entraîné à faire face à toute sorte d'ennemi, à surmonter n'importe quel type de menace sans laisser la peur faire partie de l'équation, mais jamais il n'aurait cru que sa plus grande source d'inconfort se cacherait au sein même des frontières de son pays.
Depuis le Grand Effondrement ce pays peinait à se reconstruire petit à petit, à force de temps et d'efforts de chacun, mais les plus nobles et influents valyriens se devaient de voir au-delà de cette reconstruire, de voir surtout plus loin et c'était pour cela que Kyraxes avait pris son envol, ce soir-là. Tous les jours le Tergaryon avait ressassé le jour de cette bataille dantesque, se rappelant du moindre détail et, surtout, se rappelant de l'acclamation du peuple l'appelant à devenir ce qu'il n'avait jamais envisagé. Lumière, Lumière, Lumière : il se rappelait encore de ce son bien étrange à ses oreilles et, de ces vivats étaient nés les graines de l'espoir, les graines d'une possibilité d'un changement nouveau. Certes les petites gens n'y connaissaient rien au jeu de la politique, mais si la voix du peuple se faisait entendre dans cette direction, Maekar pouvait-il seulement ignorer cet appel ? Il avait essayé mais, après mûre réflexion et plusieurs échanges, il était allé trouver son camarade de toujours, son frère d'armes et de sang pour avoir son ressenti. Ainsi, en cette fraîche nuit, le Tergaryon n'avait qu'à tourner la tête pour voir son camarade, Aeganon Bellarys, chevaucher juste à côté de lui avec une détermination similaire à la sienne.

Les élections avançaient à grand pas, tous les sénateurs le savaient et chacun essayait de sortir leur épingle du jeu, mais il n'y avait à peine plus qu'une poignée d'hommes de pouvoir qui avaient une réelle chance d'obtenir ce poste prestigieux et éminemment influent. Maekar savait qu'il n'était rien de plus qu'un challenger, une nouvelle tête trop méconnue sur la scène politique pour avoir de poids mais, justement, c'était armé de son audace et de sa nouvelle réputation, armé des précieux conseil de son ami qu'il s'était élancé vers la demeure du plus sérieux des candidats, afin de s'entretenir avec ce dernier. Il ne fallut donc pas très longtemps pour que les deux jeunes sénateurs puisse apercevoir la forteresse, grande et impressionnante, dans laquelle résidait le sénateur Baelor Cellaeron : le visage emblématique de la faction mercantiliste, en ce moment. Qu'espéraient-ils apprendre ou retirer d'une telle entrevue ? Le Téméraire gardait ses idées pour lui et son ami, mais ce dernier avait trop fait de pieds et de mains pour qu'ils ne se présentent pas, maintenant que cette entrevue informelle avait été acceptée.

Le Tergaryon savait que s'il débutai sa campagne maintenant, sans soutien ou sans y voir clair sur la situation et le rapport des forces en présence, il courrait trop à la catastrophe. Alors, plutôt que de foncer tête baissée comme n'importe quel soldat le ferait, il avait décidé d'agir non pas soldat mais en Sénateur, ce qui était un drôle de changement pour lui. Lui et Aeganon discutèrent donc beaucoup et, ce soir-là, ils approchaient de la forteresse de Baelor, amorçant la descente alors qu'une plate-forme de pierre s'étendait devant eux. Kyraxes se retint de rugir à l'approche de ce lieu où il n'avait jamais posé les pattes, se posant finalement sur la plate-forme avant de se pencher, pour laisser son cavalier descendre. Ce dernier était sobrement vêtu d'un long manteau noir, sous lequel se cachait une tunique aux tons sombres et tressée de fils d'argents, çà et là, ayant troqué sa toge de sénateur contre une tenue plus informelle.
S'avançant en direction des portes qui s'ouvraient à leur arrivée, Maekar tourna sa tête vers son ami et frère, avant de lui souffler un :

« Merci d'être venu avec moi. »

Ils avaient traversé des rivières de sang et de flammes ensemble, si bien qu'aucun remerciement n'était nécessaire, car ils ne comptaient plus le nombre de fois où ils s'étaient sauvés mutuellement les fesses. Cependant le Tergaryon était conscient que ce plan n'allait pas forcément dans le sens du Bellarys, aussi se devait-il de reconnaître l'effort qui était fourni, au nom de leur amitié éternelle.  Des serviteurs accueillirent donc le duo et, une fois rentré dans cette immense demeure qui suintait le luxe et les richesses, Maekar se délesta de son manteau, ne garda que ce qu'il avait apporté avec lui, avant de laisser les serviteurs guider les deux sénateurs vers le maître des lieux.  Le général n'était pas connu pour ses grandes démonstrations affectives, la retenue étant le trait qu'on reconnaissait et respectait le plus chez lui mais ce soir, spécialement ce soir, il se devait se se montrer moins...fermé. Aussi, lorsque Baelor arrivé dans son champ de vision, Maekar pencha légèrement la tête en avant, en signes de salutations respectueuses, avant d'ouvrir le dialogue par un simple :

« Sénateur Baelor, merci de nous recevoir à une heure aussi tardive. »

Certes ils étaient tous les trois Sénateurs, mais un peu de respect n'avait jamais fait de mal à personne, non ? Alors qu'il s'approchait de son hôte, Maekar laissa traîner son regard dans la pièce où il était actuellement, reconnaissant que ce lieu n'avait pas dérobé la réputation qu'on lui prêtait. Oh certes on disait de Baelor qu'il était un serpent, aussi sournois que rusé mais, contrairement au reste de la population, malgré la connaissait de cette réputation, le Tergaryon préférait se faire son avis par lui-même. Il n'était pas dupe, plus naïf depuis bien longtemps, mais pas encore assez cynique pour deviner la suite des événements.

« On m'avait vanté la beauté et la grandeur de ta demeure, mais c'est autre chose de la voir de ses propres yeux. Vraiment. »

Certes sa propre demeure familiale était impressionnante, il en avait bien conscience mais cette forteresse était aussi époustouflante de l'intérieur que de l'extérieur. Baelor avait raison d'aborder un sourire confiant aussi souvent qu'il le faisait. Laissant Aeganon prendre la parole s'il le souhaitait, car il avait aussi une importance de poids dans l'échange à venir, le jeune homme vint finalement conclure son intervention par un :

« J'en oubliais mes manières. Nous ne pouvions arriver les mains vides, aussi j'espère que ce vin saura ravir ton palais. Tu m'en diras des nouvelles. »

De son dos il sortit une outre de vin, qu'il tendit à Baelor ou l'un de ses serviteurs : le premier qui chercherait à s'en emparer. Ce n'était qu'un geste empreint de politesse plutôt qu'autre chose, mais un geste de poids car il s'agissait là du meilleur des vins que cultivait sa famille. Un geste de bonne foi, en quelque sorte.
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Un pacte avec le diableft. Maekar et Baelor

Le Pinacle, & An 1066, mois 8

Tout Valyria défilait sous lui, et comme à chaque fois, alors que les paysages se confondaient entre deux immenses battements d’ailes d’Astyrax, Aeganon se sentit fasciné par cette impression de puissance et de légèreté mêlées. Compte tenu de l’envergure de l’Ancien, et du fait qu’il était aisément capable de parcourir une distance impressionnante en une seule propulsion, voler avait toujours été une expérience fascinante. Dès qu’il avait été en mesure de le monter, et malgré les réticences de sa famille et des instructeurs, qui craignaient l’acclimatation d’un jeune garçon à un dragon aussi vieux – et dangereux, il fallait l’admettre – le Bellarys avait découvert le plaisir ineffable de s’extraire de la gravité. Aujourd’hui encore, malgré son statut et son âge, il redevenait un adolescent turbulent et curieux de tout, dont l’activité préférée constituait en une multitude de défis et d’acrobaties aériennes. Il pouvait se le permettre : Kyraxes, en dépit de sa belle envergure pour son âge, ne pourrait atteindre ses propres pics de vitesse. Et du reste, la conduite stricte de Maekar ne l’y incitait pas. Alors, de temps en temps, il s’éloignait pour enchaîner les figures, s’amusant des sauts que faisait son estomac à chaque changement un peu vif, et encore plus de ce que parvenait à accomplir son compagnon à la moindre de ses sollicitations. Enfin, comme souvent, le jeune homme ne se faisait que peu d’illusion sur le fait que, si la chose n’avait pas amusé Astyrax, qui avait toujours semblé avoir un point faible pour les facéties de son humain, il l’aurait envoyé paître promptement. Parfois, il se demandait si le dragon lui-même n’appréciait pas ces exercices, s’interrogeant sur leur utilité. Peut-être l’Ancien en profitait-il pour effectuer quelque parade amoureuse complexe, rappeler son statut de mâle dominant et reproducteur ? Il était le dragon lié le plus âgé de tout Valyria, et peu de dragons sauvages atteignaient son âge. Il savait qu’avec le temps, l’Ancien avait pris l’habitude de frayer avec ces derniers, sans doute pour trouver de nouvelles femelles, puisque leur famille n’avait, jusqu’à Jaelyx, plus réussi à faire éclore de dragons.

Bientôt, le Pinacle fut en vue, et ces amusements gamins cessèrent. Aeganon fit se poser Astyrax sur l’aire prévue à cet effet, enlevant les attaches rattachant ses jambes à sa selle, puis sauta à terre avant de flatter la bête, qui paraissait tout juste échauffée par ce long voyage. Comme souvent, son compagnon ailé n’attendit guère et décolla presque immédiatement, le laissant seul. Il saurait revenir à temps quand ce dernier l’appellerait. En attendant, il avait une magnifique chaîne de montagne à parcourir, qui avait vraisemblablement dû lui manquer depuis le temps passé par le Bellarys à Anogaria durant ses classes militaires. Et lui-même avait l’une des résidences les plus en vue de tout Valyria à explorer. Que demander de plus ? Ah, bon, des agapes fines et de jolies danseuses, sans doute, mais il ne doutait pas que cela se trouverait aisément dans l’antre de Baelor Cellaeron. Après tout, ses fêtes privées étaient parmi les plus renommées de la péninsule, quand bien même il n’y avait jamais été invité. Normal : il n’était qu’un cadet, du menu fretin, un militariste obtus qui parlait trop et se noyait dans sa fange. Officiellement. Officieusement, il était celui qui avait tiré les ficelles pour organiser cette rencontre, dans les alcôves du Sénat et de quelques banquets, trouvant les bons interlocuteurs, notamment le bâtard de Cellaeron, par qui il était passé pour organiser tous les détails. Chacun avait tout à gagner à discuter de la situation née du Grand Effondrement à l’abri des regards. Lucerys Arlaeron avait beaucoup réfléchi avec ses plus proches conseillers, y compris son ancien aide de camp, main gauche bien utile pour ce genre de basses œuvres. Ce qu’il fit remarquer à Maekar quand ce dernier le remercia :

« Je n’ai pas passé les trois dernières semaines à tout préparer minutieusement pour ne pas pouvoir jeter un coup d’œil en personne au Pinacle. Laisse-moi savourer la récompense de mes efforts. »

L’endroit était munificent cela était certain. Mais là encore, cela ne surprenait pas Aeganon, autant compte tenu des moyens financiers très appréciables de Cellaeron que du rang qu’il devait tenir. Vu l’éloignement de la capitale de son siège familial, et vu qu’il comptait sur son aura de mystère pour entretenir la mystique de ses soirées privées comme de ses alliances, il fallait que chaque visiteur soit suffisamment frappé pour que l’engouement ne retombe pas comme un soufflé. Leur hôte arriva, et Aeganon laissa Maekar le saluer puis présenter son offrande. Jouant son rôle de benêt égrillard pour encore un temps, un sourire évocateur ourla ses lèvres alors qu’il commentait :

« Pour te présenter tous mes respects Sénateur, j’avais pensé à emmener quelques danseuses de ma connaissance qui aurait ornée de façon tout à fait charmante ta demeure, mais je sais que tu n’en manques pas, et hélas, le Sénateur Tergaryon préfère l’ivresse du bel alcool.
Mais si cela te sied, une fois à Valyria, je serais heureux de te confier une de mes esclaves personnelles pour quelques heures. Une prise de guerre d’un harem de Meereen, une masseuse … très habile de ses doigts. »


Et qui lui rapportait une fortune, accessoirement. Tout en faisant mine d’observer les alentours en s’esbaudissant, Aeganon pépia :

« Ton fils a répondu avec diligence à ma sollicitation, et nous en sommes très heureux. Il semblerait que nous avions autant envie de nous entretenir avec le hérault d’Arrax que ce dernier avec l’Elu du Grand Effondrement … et son modeste compagnon d’armes. »

Bien sûr, son sourire s’était fait amusé en parlant du titre de Baelor, que ce dernier devait à l’apparition de son propre dragon, ce qu’il ne devait pas ignorer. Ils étaient tous liés, d’une façon ou d’une autre. Davantage, peut-être, qu’on pouvait le supposer.


Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl
Un Pacte avec le DiableMaekar Tergaryon & Aeganon Bellarys & Baelor Cellaeron

Le Pinacle, Valyria du Nord - An 1066, mois 8



Sis sur son piton rocheux, le Pinacle émergeait de la brume nocturne et de l’obscurité tel un vaisseau piqué de lueurs douces. La forteresse ancestrale des Cellaeron était bâtie sur le lieu légendaire où le mage fondateur de leur lignée avait jadis érigé les Montagnes Peintes qui protégeaient depuis tout la Péninsule d’une invasion. Réputées impraticables et impossibles à traverser en dehors des chemins pratiqués, ces montagnes agissaient aussi efficacement que n’importe quelle forteresse pour sécuriser les approches des territoires valyriens. Situé en dehors de toute ville, le Pinacle permettait aux Cellaeron une assise totale sur les terres alentours ainsi que sur les routes et les cols des environs. Il permettait surtout aux seigneurs-dragons commerçants de pouvoir avoir à disposition une base à l’abri des regards dont il pouvait avoir besoin.

Bâti comme une forteresse, le Pinacle tenait désormais plus du palais que de l’ouvrage défensif. De nombreuses ouvertures et extensions avaient été pratiquées pour permettre une vie plus agréable en ses murs. Depuis l’arrivée au pouvoir de Baelor, l’endroit recevait régulièrement le gratin de l’aristocratie valyrienne et de quelques privilégiés qui pouvaient ici se livrer à toutes les décadences que pouvait offrir le monde. Il n’y avait aucun désir inassouvi pour ceux qui quittaient ces orgies d’exception, même les plus honteux selon les préceptes valyriens pourtant ouverts d’esprit. En ces moments, l’endroit se transformait encore. L’endroit devenait chaud, une douce torpeur envahissait alors les participants alors que des mélanges d’encens et d’huiles essentielles alourdissaient l’air et que les corps s’étendaient, lascifs, auprès des braseros, au milieu des coussins ou parfois même dans les bassins de marbre emplis d’eau chaude ou fraîche. Au gré des occasions, des moments de la journée, et de qui dirigeait les lieux, le Pinacle vivait, avait ses propres émotions et sa personnalité : Baelor aimait à le considérer comme le siège familial le plus vivant de Valyria.

En cette fraîche soirée, le Pinacle était comme endormi. Le soleil avait depuis longtemps disparu à l’ouest, laissant ses ultimes rayons détacher nettement les sommets des montagnes alentours menant vers Anogaria. La grande forteresse blanche construite toute en hauteur n’était illuminée qu’à quelques fenêtres et la plupart du bâtiment était déjà plongée dans l’obscurité. De son bureau seigneurial, Baelor se repassait en tête ce que lui inspirait la réunion qui était sur le point de s’ouvrir. Bientôt arriveraient ses invités : s’il en croyait les discussions préliminaires tenues entre ses intermédiaires et ceux de Lucerys Arlaeron, la rencontre qui s’annonçait pouvait bien être déterminante pour l’élection à venir… et pour tous les Valyriens. Il n’était pourtant pas à l’origine de cette rencontre, restait donc à voir ce que les militaristes allaient avoir à lui dire. La partie n’était jamais gagnée avant d’être remportée pour de bon. Ce soir, Baelor avait édicté qu’il écouterait, qu’il proposerait éventuellement mais qu’il ne s’estimerait jamais tiré d’affaire. Toutefois, le moment politique était plus que jamais pour les représentants des intérêts de l’armée et il aurait été sot de ne pas écouter ce que ce groupe avait à dire. Un cri draconique dans le lointain lui signifia que ses invités n’étaient plus très loin. Il prit le temps de rester à son balcon, constatant la taille de l’Ancien Astyrax qui lui avait indirectement sauvé la mise lors du Grand Effondrement. La créature était gigantesque et le Seigneur Soie eût un moment la crainte que la plateforme sur laquelle elle déposa sa formidable masse ne cédât sous elle. Ce ne fut heureusement pas le cas et il se détourna du spectacle pour accueillir les deux sénateurs de l’armée.

À la différence de Baelor, qui avait hérité le siège sénatorial de son père, Maekar Tergaryon et Aeganon Bellarys s’étaient vu confier leur responsabilité sénatoriale par l’armée elle-même en reconnaissance de leur valeur durant la guerre. Là où ils étaient donc nouveaux dans l’arène politique et tributaires d’un système qui les y avait placés, Baelor était englué dans un confort et une façon de faire depuis un long moment. Cela donnait deux visions profondément intéressantes à confronter. Le premier à être accueilli par Baelor fut Maekar. Ce dernier le remercia de les recevoir à une heure si avancée et complimenta le Pinacle. Silencieux, le Cellaeron se contenta de baisser la tête en signe de remerciement, un sourire placide plein de confiance peint sur sa lippe graisseuse. In conclût en tendant une outre de vin que Baelor fit quérir par un serviteur – pas un esclave – d’un imperceptible mouvement de la main. Il observa un moment le fils aîné de celui qui avait, jadis, exercé un pouvoir sans partage sur la faction mercantile. Il était rare de voir une famille obtenir deux sièges, et pourtant les deux personnages ce soir venaient de telles familles. Maekar Tergaryon avait de son père l’air sempiternellement préoccupé et une espèce d’aura qui semblait crier au monde qu’il ferait ce qu’il faudrait pour accomplir sa vision, quoi qu’il en coûtât. Il retrouvait dans ses yeux la même détermination qui animait sa sœur Elaena, brûlante chez elle, glaciale chez lui.

« Je te remercie pour tes mots et ton présent, Sénateur. Ou général ? Tu as peut-être une préférence au titre auquel tu souhaites que l’on t’identifie ? glissa Baelor d’un fin sourire. J’ai hâte de découvrir ce vin, bien que je te garantisse que tu ne mourras ni de soif, ni de faim, en mes murs ! »

Bien que disposé à la discussion, Baelor avait vu d’un mauvais œil la popularité grandissante de Maekar au sein d’une partie de Valyria. Il ignorait encore ce que le jeune homme voulait en faire, et plus important encore, comment le vieux renard d’Aquos Dhaen souhaitait l’utiliser. Maegon Riahenor avait déjà considéré sa candidature comme plus naturelle que la sienne et avait tenté de l’acheter. Si les militaristes venaient ici avec la même erreur en tête, ils allaient être reçus. Baelor n’était donc guère d’une excellente disposition envers Maekar, d’autant plus qu’il restait du sang de sa fragile alliée Elaena.

Entra alors en scène l’autre joyeux luron de cette drôle de bande : Aeganon Bellarys. Baelor avait longuement observé le jeune homme durant la première séance plénière du Sénat depuis le retour de la guerre. Il y avait vu un tribun emporté et provocateur, mais au verbe acéré. Assurément, Lucerys avait trouvé un nouveau chien fou à lâcher sur ses détracteurs : Riahenor et Echya en avaient fait l’amère expérience. Pourtant, sa véhémence était brouillonne, mal calculée, plus vexatoire que politiquement ciblée : à terme, cela pouvait nuire au bon fonctionnement de la République et Baelor n’était guère certain de vouloir voir ce Bellarys-là continuer de progresser. Toutefois, sa réputation d’hédoniste lui parlait plus et son entrée en matière plut au Seigneur Soie dont le sourire se réchauffa un peu, semblant plus sincère. Derrière ses piques et ses plaisanteries, Baelor discerna sans mal le rappel que venait de lui adresser le Bellarys : sa nouvelle réputation d’héraut d’Arrax n’était due qu’à l’arrivée de l’Ancien au-dessus de la ville. Peut-être qu’au-delà des apparences, Aeganon Bellarys était plus encore digne d’intérêt qu’il ne l’aurait cru. Toutefois, il était politiquement aussi important qu’un insecte. On pouvait l’écraser ou le piquer d’une aiguille pour l’exposer, il n’en restait pas moins insignifiant. Maekar Tergaryon, lui, disposait d’un capital bien plus important. Bien qu’il eût préféré échanger directement avec Œil d’Argent, Baelor savait qu’il devait se contenter de cette nouvelle garde qui remplacerait un jour Lucerys et ses lieutenants à la tête des intérêts militaristes. Alors pourquoi pas, après tout ?

« J’espère avoir l’occasion de pouvoir faire sa connaissance, en ce cas, Sénateur Aeganon. Soyez en tout cas les bienvenus tous les deux en mes murs. Suivez-moi, je vous en prie. Vous avez fait un long voyage et je ne doute pas qu’une collation et de la boisson sauront vous reconstituer. »

Ouvrant la voie, Baelor mena ses invités au travers des salles et couloirs de marbre de son palais, les précédant dans un imposant escalier menant jsuqu’au cœur du Pinacle : le bureau de Baelor. Plus encore que l’hôtel particulier confortable qu’occupait la famille à Valyria, le siège du pouvoir Cellaeron se trouvait dans cette pièce antique où une immense ouverture pratiquée dans un mur offrait un panorama époustouflant sur les sommets couverts de neiges éternelles des Montagnes Peintes. L’air y était plus vif que dans la plupart des territoires de la République : cette nuit, un vent venu du Nord apportait la froideur des sommets. La plupart des murs étaient recouverts de rayons où étaient stockés des documents et de larges ouvrages. La décoration, très éclectique, présentait les plus beaux présents diplomatiques ou d’influence reçus par les marchands Cellaeron depuis leurs tout-débuts. Deux lames de Gardes de l’Eau d’une cité rhoynare, un masque ghiscari doré, un calice ornementé andal, et quantité d’autres artefacts de ces civilisations ou d’autres, encore plus distantes et plus exotiques, ou simplement disparues depuis. Dans un coin trônait un imposant bureau qui faisait face à un trône seigneurial tout ce qu’il y avait de plus aristocratique quand bien même il semblait bien désuet. Des siècles auparavant, les seigneurs Cellaeron utilisaient cet endroit comme salle du trône mais lorsque le pouvoir de Valyria s’était rapidement étendu et imposé à la région, son usage avait décliné… Jusqu’à disparaître, lorsque les Cellaeron avaient orienté leurs efforts à Valyria et non plus depuis le Pinacle. Aujourd’hui, l’endroit était le grand bureau seigneurial où le chef de la famille pouvait recevoir proches et alliés pour discuter des plans d’avenir.

L’endroit était éclairé par de multiples braseros qui ronflaient paisiblement en diffusant une chaleur douce qui chassait l’air glacial venu des montagnes. Dans un bol d’or ouvragé, quelques bâtons d’encens laissaient un filet de fumée odorante serpenter au gré des mouvements de l’air des montagnes et se perdre sous la haute voûte donc on ne disposait presque pas le sommet. Au sol, de nombreux tapis provenant de Yi-Ti – et qui avaient coûté une véritable petite fortune – habillaient les lieux pour leur donner une atmosphère digne et confortable. Sur l’un des murs, une vaste tapisserie racontait le mythe d’Hugor de la Colline, premier roi des Andals. Baelor mena ses invités jusqu’à un coin aménagé avec des banquettes confortables disposées autour du vaste foyer de l’une des cheminées de la pièce où ronflait un feu joyeux. Sur une collection de tables basses de cuivre et de bois précieux trônaient divers amuses-bouches raffinés et exotiques. Il y avait des délicatesses valyriennes, ghiscaries, rhoynares et quelques spécialités provenant de l’une des régions du continent éloigné de Westeros. Une collection de vins d’été et d’hiver était disposée au milieu de flacons d’alcools fort en tout genre. Les invitant à prendre place, Baelor s’installa avec stratégie au centre, pour contrôler la conversation et pouvoir capter toute communication extra-verbale entre les deux militaristes. Drapé dans une toge de fil d’or qui faisait luire le métal précieux sur sa peau, lui donnant un air de statue dorée animée de vie, Baelor interrogea ses invités.

« Je vous en prie, demandez ce qu’il vous plaît. Vous êtes ici comme des invités de marque et, bien que vous deviez revenir prochainement pour une soirée, je peux vous assurer que la promesse du Pinacle reste intacte. »

Il claqua des doigts et une collection de femmes et d’hommes fit son apparition, venant se placer derrière lui. Il y avait là des jeunes, des moins jeunes, des rousses, des blonds, un albinos, deux jumelles, un Dothraki, une Yi-Ti… : toute une diversité réunie là par le Seigneur Soie. Se tournant vers Aeganon, Baelor lui adressa un sourire entendu.

« Tu me parlais des doigts de ta fille de Meereen, Bellarys. Permets-moi de te vanter la bouche d’Alyssa, de la distante Qarth. Crois-moi, ses lèvres bleues annoncent la seule couleur dont tu pourras être certain de ne pas avoir à te revendiquer à la fin de sa performance. »

Se tournant vers Maekar, Baelor pencha la tête sur le côté :

« Et pour toi, ô Téméraire ? Quel sera ton choix ? Qui subira le feu de Bhorash ce soir ? »

Sans leur laisser le temps de répondre, il tapa dans ses mains et revint aux affaires sérieuses, laissant à peine le temps à ses interlocuteurs de décider.

« Mais parlons affaires, chers amis. Comme je dis souvent lors d’une discussion : on ne se remplit jamais mieux les bourses que lorsque celles-ci sont bien vidées ! »



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Un pacte avec le diable
Maekar & Aeganon & Baelor




La négociation n'avait jamais été le fort du jeune général. Oh certes il savait que son nom et ses faits d'armes jouissaient d'un certain poids, d'une certaine renommée mais c'était sur un tout autre champ de bataille qu'il posait le pied et, bien sûr, il savait que cette aura d'héroïsme ne durerait qu'un temps. L'homme qu'il était venu visiter aujourd'hui était intelligent, très intelligent même sans parler de l'influence dont il jouissait et, s'il n'était pas le plus simple de candidats à aborder pour la tâche que Maekar avait en tête, il était sans nul doute le meilleur choix. Et puis, depuis quand Aeganon et Maekar préféraient-ils la solution de facilité, de toute façon ? À nul risque, nulle gloire comme certains de leurs frères d'armes avaient l'habitude de le dire, jadis. Maekar arriva donc devant l'antre du serpent, remerciant son camarade et frère d'armes qui le fit sourire en avançant qu'il avait suffisamment trimé, pour mériter sa place ici. Pour le coup, le Tergaryon n'avait absolument rien à redire là-dessus car c'était totalement vrai, le rendez-vous n'aurait certainement pas pu se faire sans l'intervention du Bellarys.
Vint enfin le moment de rencontrer le maître des lieux et, si l'esprit de Maekar partait déjà dans tous les sens en s'imaginant comment allait se poursuivre le moment le plus complexe de cette conversation, il fit un effort pour se ramener au moment présent, écoutant son hôte l'interroger sur la façon dont il devait l'appeler. Glissant à son tour un fin sourire à demi-sincère, le Tergaryon précisa alors ce qui lui semblait pourtant être une évidence :

« Ce n'est pas le guerrier, le général ou le Téméraire qui se présente à toi, aujourd'hui. Ce soir, c'est entre sénateurs que nous sommes. »

Il serait mensonger de dire que Maekar ne se demandait jamais s'il redeviendrait un jour le Téméraire, s'il empoignerait à nouveau son épée mais, pour l'heure, cette lame avait été troquée contre la toge de Sénateur et cela lui convenait bien. En temps de paix, ce pays n'avait pas besoin de guerriers mais de dirigeants pour mener ce peuple dans la bonne direction. Il laissa alors son compagnon prendre la parole, faisant mention d'une masseuse aux doigts de fée, avant de se présenter comme le modeste compagnon d'armes de Maekar. Ce dernier ne put s'empêcher de sourire face au ridicule de cette appellation, précisant alors :

«  Le modeste compagnon d'armes, sans qui je ne serais sans doute plus là. »

Ce n'était un secret pour personne, la batalle du Grand Effondrement avait été âpre et ce n'était que grâce à l'aide de l'autre que les deux pouvaient encore marcher et parler, aujourd'hui. Mais ils n'étaient pas là pour parler de cette tragédie qui était encore bien trop présente dans leurs têtes, ils étaient ici avec un plan beaucoup plus large et vaste en tête si bien que, silencieusement, le Tergaryon suivit bien volontiers son hôte jusqu'à une pièce richement décoré où des banquettes avaient été disposées pour l'occasion. Maekar balaya la salle d'un regard évidemment curieux, avant de prendre place sur l'une des banquettes, observant Baelor claquer des doigts pour amener quelques...distractions pour ses hôtes.
Aeganon savait bien que son ami n'avait d'yeux que pour Elaena, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas goûter à d'autres sources pour autant. Ainsi, il balaya les quelques présents alignés devant lui, accrochant le regard des deux jumelles avant de répondre au Sénateur, un léger sourire sur son visage :

« Tu es bien accueillant avec tes invités, Sénateur. Ta générosité st grandement appréciée. Pour ma part, si tu me le permets, je me sens gourmand, ce soir. Un seul plat ne saurait satisfaire mon appétit.  »

Les jumelles feraient très bien l'affaire, ce soir, mais avant de pouvoir se permettre de goûter à de tels plaisirs ils avaient tous les trois du pain sur la planche. Laissant son ami et son hôte s'installer et se mettre dans de bonnes disposition, ce fut avec une expression neutre et respectueuse que le Tergaryon accrocha le regard de Baelor, en annonçant la couleur sans chercher à utiliser quelques ronds de jambe ou phrases détournées. Le Cellaeron avait déjà été bien généreux d'accepter cette entrevue, il ne fallait pas abuser en lui faisant perdre son temps, non plus/

« Je pense que tu sais pourquoi nous sommes ici, ou tout du moins tu le devines. Nous briguons tous les deux le rôle de Lumière, toi et moi, avec des objectifs qui nous sont propres, mais c'est ici avec une proposition que nous nous présentons à toi. »

Maekar n'était pas naïf au point de croire qu'il était apprécié par Baelor, car ils étaient tous les deux en compétition pour le même poste. Il n'était pas non plus stupide au point de penser que le Sénateur n'avait pas reçu d'autres visites comme celle-ci par le passé, mais lui et Aeganon avaient le poids de toute la faction militariste derrière eux et c'était une force avec laquelle il fallait compter. Sans eux, Baelor remporterait peut-être la victoire mais cela serait long et fastidieux, alors les deux sénateurs-guerriers étaient venus avec une option qui faciliterait la vie à leur hôte de marque.

« Au cours des prochains mois, nous pourrons nous tirer dans les pattes dans cette course aux votes, nous faire la guerre pour que l'un de nous puisse devenir Lumière, ou bien... »

Il laissa le silence s'installer pendant quelques secondes, passant son regard sur son ami l'espace de quelques secondes, avant de retourner calmement dans la direction de Baelor, pour enfin lui expliquer en détail l'idée qui avait émergé dans sa tête et celle de son ami de toujours.

«...ou bien je peux retirer ma candidature, et faire en sorte que la faction militariste se range de ton côté, estimé Sénateur. Nous avons des objectifs différents, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas nous entendre pour autant. Je respecte ton ambition et ton influence, c'est pour cela que nous sommes venus vers toi et pas un autre. »

Maekar savait que Baelor n'accepterait pas, pas immédiatement en tout cas car l'art de la négociation demandait patience et compromis mais, avant de se mettre à cette danse des mots, le Téméraire préféra tout de même dresser un portrait global de la situation, en donnant au Cellaeron toutes les informations dont il pouvait avoir besoin, pour accepter ou renvoyer directement ses invités chez eux.

« Bien entendu, tel quel, quelques petits points de ton programme seraient à négocier, pour que nous y trouvions tous notre compte, mais je tenais avant tout à mettre les choses au clair. C'est le moins que je puisse faire, après nous avoir accueillis comme tu l'as fait.  »


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