Etablis depuis un moment dans la Demeure des Charmes, à Mhysa Faer, les Velinarys, du moins une partie de la famille, ont toujours plus ou moins été vu comme  des excentriques ; sympathiques, agréables - quoique plutôt solitaires si on oublie un instant les banquets auxquels ils participent - mais globalement un peu étranges. Mages de père en fils, de mère en fille, ou presque, ils se consacrent à une vie d'érudit et préparent leurs enfants à faire de même. Et ce n'est pas leur intérêt pour l'occultisme, qui semble se passer de génération en génération, comme s'il était héréditaire, qui intrigue, puisqu'il s'agit d'un intérêt bien honorable, mais bien leur désintérêt des dragons - rares sont les Seigneurs-Dragons de la famille, souvent uniques pour chaque génération, et l'appartenance de la famille à la noblesse ne tient qu'à un fil, d'autant qu'on considère depuis un certain temps maintenant, que la famille est, en quelque sorte, composée de deux clans : ceux pour qui les dragons sont encore primordiaux, encore attachés avec ferveur aux créatures et surtout à la noblesse qu'elle apporte, et ceux qui considèrent que les Velinarys ne sont plus faits pour cette vie de noblesse depuis longtemps et qu'ils doivent accepter le chemin qu'est le leur - à savoir, abandonner leur place parmi la noblesse valyrienne et arpenter les couloirs du Collège éternellement.

Les tensions au sein de la famille sont grandes depuis des générations maintenant et opposent les Seigneurs-Dragon à leurs frères et sœurs, que le destin a souvent fait mage plutôt que chevaucheur. Et si les mages mettent en avant leur supériorité numérique, preuve selon eux du destin de la famille et de ce que les Dieux attendent d'elle, les Seigneur-Dragons, eux, mettent en avant leur existence unique au sein de la maison, preuve selon eux que les Dieux veulent que les Dragons conservent leur place au sein des Velinarys ( dans le cas contraire, ils n'en auraient pas, disent-ils ), et que ceux-ci sont les chefs incontestables de la famille, puisque sortant du lot.

Aujourd'hui encore, l'agitation secoue la famille, et Baehra Velinarys, mage émérite mais surtout matriarche à la poigne de fer, a activement cherché à l'alimenter. Quoiqu'elle eut consenti à épouser son cadet, Aegaron, alors unique Seigneur-Dragon après la mort prématuré de leur père, la relation entre Baehra et Aegaron a toujours été victime des mêmes tensions qui ont agité la famille depuis bien longtemps, tous les deux revendiquant leur place de chef et des traditions familiales bien différentes ; place de chef qui revint finalement au Seigneur-Dragon.

De cette union naquirent sept enfants, dont deux plus notables ; Daemorys, l'aîné, mage comme sa mère, et Galaenar,  le second, unique Seigneur-Dragon de la fratrie, comme son père avant lui. Et tandis que Baehra s'assura que son aîné soit un reflet d'elle-même et cherche à mener la famille vers leur " droit chemin ", Aegaron, lui, confirma  au second son statut inné de chef, marquant alors, pour une nouvelle génération, le fossé entre les différents partis de la famille.

Malgré les années, les tensions ne se sont jamais affaiblies ; pire encore l'avenir des Seigneur-Dragons Velinarys semble plus compromis que jamais, maintenant que la seule petite-fille de la famille s'avère être une mage, et qu'on n'est pas certains qu'il y en aura d'autre, des petits-enfants.

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Immaculée ; ou presque. On discerne une petite marque rouge sur la hanche de la petite au creux du berceau. Elle gigote, elle regarde les silhouettes qui s'agitent autour d'elle. Celles, presque angoissées, des parents qui l'ont vu naître. Celle, presque sévère, de la grand-mère qui écoute avec attention ce que les flammes révèlent au prêtre. Celle, enfin, dudit prêtre, presque extasié.

Le nourrisson au fond du berceau était, bien malgré lui, complètement ignorant à l'importance de sa naissance et des paroles du prêtre. Complètement ignorant aux regards posés sur lui, à l'appréhension palpable, aux doigts qui serrent le tissu des toges, ceux d'un père trop tendu, d'une mère qui n'a de cesse de regarder vers la matriarche qui toise le brasier.

Dans un coin de la pièce, Aegaron et Galaenar s'échangent un regard. Quelque chose qui ressemble à du reproche, quelque chose qui ressemble à de l'embarras. Quelque chose qui dit, quelle erreur, que l'aînée de la génération à venir soit de Daemorys. Quelque chose qui veut dire, Galaenar, où est-il, notre héritier ? Quelque chose qui veut dire, ne nous laissons pas impressionner par ce poupon, cette petite fille qui n'aura pas d'autres pouvoirs que ceux qu'elle apprendra au Collège. Quelque chose qui veut dire, Hella, elle ne sera pas importante pour notre famille, quoiqu'en dise Baehra et son fils, si tu nous donnes un héritier aussi, Galaenar.

Et pourtant, le prêtre, il voit bien en Hella quelque chose d'exceptionnel, ce que voulait entendre son père, ce que sa grand-mère attendait. Talentueuse, mage brillante comme son père avant elle, comme sa mère avant lui. Etendard de Baehra qu'elle soulève, affiche fièrement, garde contre elle, Plus comblée encore que la mère et le père de l'enfant - et elle le leur montre, à Aegaron et Galaenar, la voici, l'héritière de la famille.

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On ne voit pas, dans les couloirs de la Demeure des Charmes, les enfants jouer, courir, renverser les vases auxquels la grand-mère tient tant, salir le sol qu'on s'efforce de garder propre. On n'entend pas, dans les couloirs de la Demeure des Charmes, les pas précipités des enfants qui viennent chercher un fruit après l'étude, les rires pendant les jeux, les cris quand on s'écorche les genoux.

Hella n'a d'autre compagnie que sa grand-mère, très investie dans son éducation, et qu'on a préparé, dès qu'elle fut en âge de comprendre, à son entrée future au Collège.
Hella passe ses journées à la bibliothèque, accompagnée de son aïeule, de son père, parfois, lorsque le temps le lui permet. Hella est docile, Hella écoute, Hella lit les livres que sa grand-mère pose sur la table, ceux qu'elle met sur sa table de chevet et que la petite fille dévore jusqu'à ce que la bougie se consume.
Mais Hella, bien qu'elle soit jeune, elle est loin d'être insensible et ignorante aux tensions qui agitent  la Demeure. Et quand les mots héritier et dragon reviennent trop souvent dans la bouche de son grand-père, qu'elle comprend la frustration qui l'anime, Hella elle a du mal à s'empêcher d'être curieuse, d'interroger Baehra, son amie la plus proche. La réponse est toujours la même, un peu mystique, un peu nimbée de mystère, quelque chose qui dit ne l'écoute pas, ça ne tient pas debout, son histoire d'héritier et de dragon. Nous n'étions pas faits pour chevaucher, le destin le montre aujourd'hui - les dragons chez les Velinarys s'arrêteront après ton oncle. Laissons les à ceux qui sont faits pour les monter - les Velinarys ne le sont pas, ou du moins ne le sont-ils plus.
Et quand Hella demande pourquoi elle ne mérite pas d'en monter un, pourquoi les Velinarys ne sont pas des chevaucheurs, selon elle, Baehra hausse les épaules - parce que les Dieux l'ont voulu ainsi, que la magie nous appelle.

Elle s'y est faite, Hella, au destin. Parce que ce qu'elle lisait dans les livres de sa grand-mère était comme elle l'avait décrit ; fascinant, exaltant, grisant. Hella regardait avec un émoi tout particulier les moments exceptionnels où Baehra acceptait de lui montrer ce qu'elle savait faire, en la mettant en garde, pendant des minutes qui semblaient trop longues pour la petite fille, sur l'utilisation excessive de la magie, disait-elle. Elle la regardait souffler la vie avec tant de facilités, semble-t-il,  qu'Hella enrage presque de ne pas pouvoir le faire, maintenant, tout de suite. Patience, Hella, mais Hella n'est pas patiente, et elle lit, dans son lit, jusque tard le soir, compte les années qui la séparent du Collège, devient l'ombre de Baehra, recopie ses moindres faits et gestes, sous les yeux fiers et triomphants de son mentor, malgré l'ombre d'inquiétude qui passe parfois sur le visage de la matriarche ; parce qu'Hella est trop ambitieuse, Hella est trop précipitée, Hella ne sait pas se contrôler, alors même qu'elle n'a pas encore accès à la magie, qu'elle ne fait que lire, et on a peur des ravages que la magie pourrait faire chez elle, un jour.

On ferait bien mieux de se concentrer sur l'apprentissage de la magie et l'enseigner à tous nos enfants. Ce n'est pas pour rien que les dragons se font rares, chez nous. Il viendra un jour où le dernier partira pour de bon, et ce jour est bien plus proche qu'Aegaron et Galaenar ne veulent l'admettre. S'accrocher autant à un titre de noblesse qui ne nous apporte rien qui ne soit pas superficiel et gâcher le potentiel magique évident de la famille... Tu comprends, toi, Hella, n'est-ce pas ? Hella ne comprend pas, mais elle acquiesce. Elle acquiesce et le répète dans sa tête, trois fois, parce que ça a l'air de lui tenir à coeur, à sa grand-mère, de pouvoir transmettre ce qu'elle connaît de sa magie et voir la chair de sa chair, à son tour, exceller dans ce domaine. Alors Hella hoche la tête, dit qu'elle comprend, qu'elle a raison.

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Patience est mère de toutes les vertus, et Patience finit par payer.
Hella est plus grande, Hella finit par intégrer le Collège, sous les yeux ébahis de ses parents, ceux, presque larmoyants, de son mentor, de sa confidente, qui n'a eu de cesse de lui répéter combien elle était importante, combien elle rendait sa famille fière. De lui répéter, de lui marteler que les Velinarys reposent désormais sur elle - parce que Galaenar n'a pas eu encore eu d'enfants, n'en aura probablement pas, qu'on n'est pas sûr que les cadets en donneront. Qu'Hella est la seule de sa génération, la seule qui pourra continuer la lignée.

Baehra lui parle en long, en large et en travers, des enfants prodiges qu'elle aura, du beau mariage qu'elle fera, avec un mage, comme elle - même s'il est vrai que c'est décevant, de devoir marier Hella en dehors de la famille, qu'on ne comprend pas, qu'il n'y ait jamais eu d'enfants après Hella.

Le Collège change les choses, parce que l'influence de Baehra n'est plus là, qu'il n'y a plus personne pour lui rappeler la Demeure des Charmes, lui rappeler ce qu'on attend d'elle, chez les Velinarys. La vie de famille qu'elle fantasmait déjà disparaît peu à peu, parce qu'Hella est trop concentrée sur les ouvrages qu'elle lit, passe son temps libre à la bibliothèque, ne vit que pour ce qu'on lui enseigne.

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Hella se révèle être la mage talentueuse qu'on avait prédit, intéressée, sérieuse, appliquée, et elle n'a pas de mal à trouver un patron en dehors des Velinarys, comme le lui avait soufflé Baehra. Laemon, un spécialiste en Manipulation mentale, est l'un d'eux, et il s'avère particulièrement impliqué dans l'apprentissage d'Hella - et maintenant que sa grand-mère n'est plus vraiment présente pour faire office de mentor, c'est tout naturellement qu'Hella, encore un peu jeune et perdue, malgré sa détermination et son arrogance, se tourne vers Laemon pour y trouver la figure de mentor qui lui avait tant manqué.

Laemon est si impliqué dans la vie d'Hella que c'est lui le premier qui évoque l'idée d'un mariage, et parvient à en convaincre Hella, parce qu'il est bien plus manipulateur qu'elle n'est forte tête, bien plus vicieux qu'elle n'est maline, parce qu'il lui fait miroiter toutes les choses qu'il peut lui apporter, qu'il pourra l'aider bien plus qu'il ne le fait déjà, et que si elle doit se marier en dehors de sa famille, de toute façon, autant choisir un bon parti ; et Laemon en est un. Hella accepte, parce que c'est vrai, Hella devra se marier, de toute façon, sa famille l'attend, et Hella promet de se marier dès qu'elle quitte le Collège - ce qu'elle fait un peu traîner.

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Hella quitte le Collège une fois qu'elle intègre le Quatrième Cercle. Comme convenu, elle prend du temps pour elle avant de préparer sa spécialisation, et comme convenu, elle épouse Laemon - quoiqu'elle décide de garder son nom, au vu de la notoriété de son aînée, et de son nom, au sein de la communauté magique.  A la demande d'Hella, ils voyagent le long de la Rhoyne après s'être installés un moment à Volantis. C'est là qu'ils ont vent de la victoire valyrienne, de la paix signé avec l'Empire de Ghis, qu'Hella veut à tout prix visiter.
Sur le chemin du retour, alors qu'ils se sont installés dans une petite bourgade sur la route menant vers Valyria, Laemon sympathise avec un Danseur de l'eau, qui lui fait part de quelques ouvrages qu'il a en sa possession, de ceux qu'il aurait, dit-il, lui-même rédigé ; et au détour d'une conversation, mentionne cet apprenti ( de ce qu'Hella en conclut, c'est un apprenti, puisqu'il n'a jamais fait appel à d'autres mots que bon à rien ) qui traîne dans ses pattes depuis un moment et qui représenterait un poids tel qu'il hésite vraiment à s'en débarrasser.

Hella a beau refusé, s'indigner et s'agacer, Laemon a pris sa décision : ce fameux bon à rien a travaillé avec un Danseur de l'eau pendant des années, il y a forcément des choses à en tirer, Hella. Ce sont des choses qu'on n'apprend pas, au Collège ; tu voulais voir de nouvelles choses, en voici.
Le bon à rien semblait bien porter son nom, et Hella avait bien du mal à imaginer ce qu'il pouvait lui apporter, lui qui tenait à peine debout et qui était, en plus, plutôt malade. Hella pouvait grimacer, marmonner autant qu'elle voulait, Laemon n'attendit aucun accord de sa part pour discuter avec le Danseur de l'eau d'une compensation, comme ils le laissaient sans apprenti, et lorsqu'ils plièrent bagages, pour revenir à Valyria alors qu'Hella avait encore tant à voir, c'était avec le fameux Thalis qui boîtait derrière eux, la mort dans l'âme, parce que ça ne lui plaisait pas, visiblement, que Laemon ait employé le terme esclave. Et quoiqu'Hella comprenait la peine que ça pouvait infliger, elle était un peu indignée, au fond : elle avait pourtant évoquer de vive voix que sa vision des choses et ses intentions vis-à-vis de Thalis, quoiqu'elle n'eut jamais voulu de sa présence, n'étaient pas celles de Laemon, qui se réjouissait ouvertement de leur nouvelle acquisition.

Parce qu'elle n'a pas vraiment le choix, Hella accepte de cohabiter avec Thalis, alors même que son insolence l'irrite au plus haut point. Il accepte, non sans grogner comme il le sait le faire, le rôle d'assistant qu'Hella préfère à celui d'esclave, peu importe ce qu'en pense Laemon - parce qu'elle peut bien dire ce qu'elle veut, Thalis est éduqué, connaît des choses qu'elle ne connaît pas, et l'inverse est tout aussi vrai.
Retour à Valyria, parce que Thalis n'est pas en condition de voyager trop longuement, que ses années chez le Danseur de l'eau ont l'air de l'avoir bien amoché, parce qu'Hella veut revoir sa grand-mère, montrer à son père ce qu'elle a appris, comme elle a encore bien grandi, depuis qu'elle est partie.

C'est bon, c'est fait. Te voici validée. Bravo ! Ce petit picotement que tu ressens est celui du début d'une aventure où tu rencontreras des personnages et des créatures incroyables. Te sens-tu prête à nous rejoindre ? On espère que oui car le grand moment est arrivé !

Ton personnage Hella Velinarys, va désormais rejoindre les Mages de notre belle Valyria pour devenir l'une de ses membres les plus illustres, espérons-le !