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Herya Valgaris
Herya Valgaris
Mage

Victoriae mundis et mundis lacrimaLaedor Arlaeron et Herya Valgaris

Domus Valgaris, an 1066, mois 11

Tout était d'un calme olympien. Le silence en était presque assourdissant. Pas un bruit, pas un murmure, seulement le son sourd d'une étoffe qui se froisse et d'un souffle irrégulier. La nuit était tombée depuis longtemps déjà et Valyria dormait d'un sommeil profond sous l'égide de Gaelithox. Dans le quartier marchand, au fond d'une ruelle, se dressait une domus, un peu plus grande que les autres autour, un peu plus jolie aussi. Elle n'était pas luxueuse mais elle témoignait simplement des moyens de ses occupants, un peu plus hauts que ceux de leurs voisins. Les Valgaris s'y étaient établis depuis fort longtemps déjà, et cette nuit là, seule Herya était présente. Les jumeaux étaient partis livrer de la marchandise dans une citée voisine, et l’aîné de la famille, Vahaerion, était parti se terrer dans une maison close.

Elle fixa ses propres yeux face à son miroir, guettant la moindre réaction, aussi infime soit-elle. Ses doigts virent tâter la peau de son visage, cherchant une faille, vérifiant si elle était bien réelle, bien éveillée. Son regard détailla la moindre parcelle de ses traits. Depuis leur retour d'expédition et plus particulièrement depuis l'incident avec la Pierre de Vie, quelque chose avait définitivement changé. Herya était encore relativement jeune, mais quelques mois plus tôt, elle avait remarqué l'apparition des premières rides et des premiers cheveux blancs, à seulement 32 ans... Sans doute son incident suite à sa prédiction auprès de Baelor avait-il précipité un peu son vieillissement. Mais voilà. Elle avait beau regarder attentivement, elle ne voyait plus l'ombre d'une ridule, ni l'ombre d'un cheveu blanc. Sa peau était plus belle, plus fine, plus blanche aussi. C'est comme si 10 ans de sa vie s'était évaporés pour revenir en arrière. N'importe quelle femme aurait tout donné pour vivre ce miracle, mais Herya ne le voyait pas de la même manière. Il s'était produit quelque chose qui dépassait l'entendement. Et le plus inquiétant n'était pas son rajeunissement soudain.

Le silence. Toujours ce silence. Et surtout, une clarté d'esprit qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps. Où était passée la Voix ? Où s'était-elle terrée ? Herya ne l'entendait presque plus, et chaque jour passant, elle se faisait de plus en plus faible. Elle voulait comprendre les mécanismes magiques ayant permis d'éradiquer sa présence et malgré des nuits sans sommeil à chercher dans des parchemins tous plus anciens les uns que les autres, la mage s'était rendue à l'évidence : elle n'aurait pas la réponse à ses questions. Peut-être les dieux l'avaient-ils délivrée de ce mal qui la rongeait ? Dans cette éventualité, la Valgaris avait redoublé de dévotion et se rendait au temple deux fois plus qu'à l'accoutumée, déposant de riches offrandes en guise de remerciements. La Voix arrivait parfois à se glisser dans une brèche ouverte par le stress pour la colère, mais il lui était désormais impossible de faire des phrases entières, se limitant parfois à de simples mots ou des onomatopées. Tandis qu'elle se plongea encore plus dans ses réflexions, on frappa à la porte. Elle se redressa d'un bon, abandonnant son reflet.

Elle savait qui venait lui rendre visite en pleine nuit, et elle sentit une pointe de colère grossir graduellement en elle. Dans la matinée, on lui avait fait parvenir une missive de la plus haute importance, avait dit le messager. En voyant le symbole sur le parchemin, Herya avait d'abord ricané et avait ensuite donné son accord. Laedor souhaitait absolument la voir, de nuit de préférence, chez elle, afin d'éviter de se retrouver dans un lieu fréquenté. Un simple regard derrière elle la fit sourire. Sur son lit, elle se rappela leurs corps lascivement enlacés quelques mois plus tôt. Si le fils Arlaeron souhaitait la voir pour renouveler l'expérience, la mage quant à elle, n'était pas d'humeur à de quelconques acrobaties.

Elle descendit rapidement et face à la porte, elle prit une grande inspiration. Elle ouvrit la porte et dès l'instant où elle entraperçu le visage blond de son amant, elle l'attrapa violemment par le col, et le plaqua contre le mur intérieur. Un regard empli de colère, Herya le fustigea.

- " Tiens tiens, le retour du fils prodige. Le héros de Yéen si j'ose dire. Qu'est-ce que ça te fait tous les jours d'avoir failli nous tuer tous par ton incompétence ?" - fit-elle entre ses dents.

Les doigts cramponnés à son col, elle ne décoléra pas. Elle aimait Laedor comme un ami, mais l'expédition lui avait laissé un arrière-goût amer.

- "Si tu es venu pour satisfaire tes désirs, cher Sénateur, les maisons closes ne sont pas loin. Je ne serai pas ta catin ce soir."




Laedor Arlaeron
Laedor Arlaeron
Lames d'Argent

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Domus Valgaris, an 1066, mois 11

Accoudé sur son bureau, la tête entre les mains, Laedor était dans une impasse. Les bouts de parchemins répandus tout autour de lui, remplis de notes, de rature et de schéma le démontrait aisément. Il avait toujours tenu à travailler seul sur ce projet, personne ne devait savoir les recherches qu’il menait au risque que tout soit compromis. Il avait plus progressé depuis son retour de Sothoryos que durant tous les mois précédents, poussé par une nouvelle énergie qu’il n’avait pas encore cherché à expliquer. Ses poings se serrèrent, il frappa vivement sur le pauvre meuble de bois qui ne lui avait rien fait et cria un bon coup pour exprimer son mécontentement. Soit ! Cela ne l’enchantait guerre, mais il avait besoin d’aide et ne voyait qu’une personne possible à mettre dans la confidence. Se levant, il ramassa rapidement tous les documents jonchant ici et là afin de les mettre en lieu sûr comme à son habitude. Il fourrait les derniers papiers dans son sac au moment où un des Jurés passait la porte, alerté par le bruit. Il allait le renvoyer, mais le rappela rapidement, griffonnant une note rapidement, la scellant de son effigie avant de lui tendre.

« Assure-toi que ce message parvienne à Herya Valgaris et qu’on me délivre sa réponse. Rapidement et discrètement, tu sais où me trouver ! »

Il le renvoya d’un geste, sans même le regarder, terminant de prendre ses quelques effets avec lui. L’Arlaeron n’avait plus le temps de réfléchir à cela et la suite devrait attendre au soir. Il allait devoir expliquer son plan et le résultat de ses recherches à son amie en espérant qu’elle voudrait et pourrait bien l’aider avec la suite. Si une personne de son entourage avait la discrétion et les compétences pour l’aider à avancer dans ces hypothèses ce ne pouvait être qu’elle. Avant cela, Laedor avait une journée chargé devant lui. Son père lui avait remis une liste qu’il sortit et étudia, gens qu’il devait aller rencontrer. Une grimace se glissa au coin de ses lèvres à cette seule pensée. Tout cela était si futile ! Alors qu’il touchait peut-être au but ! Froissant la miséreuse en sa main, il sortit, résigné. Lucerys ne devait être au courant de rien, pas avant d’avoir quelque chose de plus solide à lui montrer.

Arrivant devant la porte de la Valgaris, Laedor toqua deux fois vivement, juste assez pour être entendu, mais pas trop au risque d’attirer l’attention à cette heure tardive. Il n’eut pas à attendre longtemps avant d’être attrapé et jeté brutalement contre un des murs intérieurs de la résidence qui avait déjà connu d’eux cette même passion brutale quelque temps plus tôt.

« Je ne pensais pas que nous nous amuserions ainsi ce soir, mais… » Commença-t-il enjôleur avant d’entendre les réprimandes qu’elle lui faisait sur leur dernière aventure et la colère dans sa voix. Visiblement, Herya n’avait pas envie de jouer, dommage.

« Je ne suis pas Sénateur, » cracha-t-il entre ses dents, sur le même ton qu’elle. « Pas encore et pas avant un bon moment, je l’espère. »

Laedor se tenait loin de la scène sénatoriale pour le moment et pour aussi longtemps qu’il le pourrait. Il avait d’autres plans qui nécessitaient son temps, son attention et malheureusement pour elle, l’aide de la Mage ici présente.

« Crois-tu vraiment que j’aurai usé d’autant de subtilité et pris tant de précaution uniquement pour tirer un coup ? Je sais très bien où se trouvent les bordels, merci ! »

Il ne voyait vraiment pas l’intérêt de revenir sur leur dernier voyage ensemble. N’étaient-ils pas revenus, vivant, et avec la Pierre de Vie. Elle aurait eu l'air maligne là-bas sans dragon, elle y serait même probablement encore s’il n’avait pas été là, mais elle ni avait visiblement pas pensé. Réalisant qu’elle ne se calmerait pas, il abdiqua.

« Bon aller vas-y, fait moi tous les reproches que tu veux, mais rapidement, nous n’avons pas que ça à faire. »

Herya Valgaris
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Mage

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Domus Valgaris, an 1066, mois 11

Elle le regarda droit dans les yeux, fixant le moindre changement d'expression, la moindre faiblesse dans le firmament de ses iris bleus. Mais rien. Herya lâcha alors violemment son emprise. Si elle allait lui faire la morale ? Certainement. Si elle avait un désir ardent qui se réveillait en elle en le voyant. Egalement. Leurs corps collés l'un contre l'autre n'aidait en rien. La mage se recula alors.

- "Oui Laedor. Je vais te faire des reproches mais je vais prendre tout mon temps pour le faire. Sais-tu combien cela me coûte mentalement et physiquement d'essayer d'avoir un quart du niveau de mes confrères ? Sais-tu quels sont les sacrifices auxquels j'ai été obligée de consentir pour un jour être bien vue ne serait-ce pas les autres mages ? As-tu seulement imaginé un instant ce qu'une enfant du peuple, issue d'une famille d'artisans qui pratiquent un art à peine noble, peut vivre dans un univers où le sang prime sur tout alors que le sien est à peine viable ? " - elle se mit dos à lui, contenant une montée de colère soudaine.

Au fond, Herya savait également ce que la situation actuelle coûtait à son comparse. Elle savait qu'être issu d'une famille très puissante n'était en rien facile et que la pression était bien plus forte que sa situation à elle. Mais ce soir, sa venue était la goutte d'eau qui faisait déborder le vas.

- "D'une part, ce jour là, j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux. Et c'était peu glorieux. J'ai vu aussi tous mes efforts anéantis en une fraction de seconde. Et surtout Laedor, j'ai cru que tu allais y rester. Qu'allions-nous dire sur ta mort ? Désintégré par mégarde suite à des enfantillages ? On aurait pu mentir, en racontant Ô combien ton sacrifice fut héroïque et bénéfique pour tous ! Que grâce à toi nous avions tous eu la vie sauve ! Même les dieux n'auraient su entendre pareil mensonge."

Herya se dirigea vers une petite table où trônait un plateau orné de quelques mets communs et de vin de plutôt bonne qualité. Par chance, en cette nuit chaude, il était encore frais. Elle s'en servi une coupe. La cinquième ce soir. Le vin avait parfois cet effet de réchauffer les corps et les coeurs. Mais dans l'instant présent, il entretenait la colère de la mage.

- "Imagine-moi, très cher Laedor, devoir aller toquer à la porte de la chambre de ta sœur chérie pour lui annoncer que son frère et futur mari est mort dans des circonstances stupides. Me vois-tu, moi, celle avec qui tu passes tes nuits, aller le lui dire, à elle ? Me vois-tu, moi, lui briser le cœur ?" - siffla-t-elle entre ses dents.

Prise d'un accès de colère, elle jeta son godet au sol. Ses mains tremblaient de colère. Elle se tourna alors vers lui et le regarda. Son visage tendu se mit à s’adoucir et elle s'approcha de lui. Ses mains vinrent se placer le long de son visage et ses lèvres frôlèrent les siennes avant de venir déposer un baiser sur son front.

- "Ne recommence jamais." - fit-t-elle tandis qu'elle soupira. Croisant les bras sur sa poitrine, elle le toisa du regard. - "Pourquoi es-tu venu ce soir et pourquoi est-ce aussi pressant ? " - ajouta-t-elle tandis que ses traits se durcirent à nouveau.


Laedor Arlaeron
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Domus Valgaris, an 1066, mois 11

Non, Laedor n’avait aucune idée de ce que cela signifiait de ne pas être né dans les meilleures flammes, sous les meilleures étoiles. Il n’avait toujours connu que son confort et ses privilèges et se mettre à la place des autres n’était pas chose aisée pour lui. Aussi, des réprimandes d’Herya et de sa colère, c’est sur une chose en particulier que se focalisa son attention.

Tu t’es inquiété pour moi?

Pour Laedor c’était insensé, même à la limite de l’inconcevable. Il avait l’habitude de causer du souci à Naerys, elle lui en faisait part avant qu’il ne parte pour une mission ou une bataille, mais c’était une femme, elle ne connaissait rien aux choses de la guerre alors qu’Herya avait l’habitude de le voir véritablement en danger et il avait toujours survécu jusqu’à présent. Cette fois aurait pu être différente, elle aurait pu être la dernière et il serait mort, loin de chez lui, de chez eux.

La réalité le frappa. Elle s'était inquiétée. Elle avait eu peur pour sa vie, la sienne et celle de leurs compagnons. Elle avait raison. Il encaissait la nouvelle alors que le sol subissait les assauts de la coupe projetée par la Valgaris en colère. Sous le choc, il ne réalisa que trop tard son rapprochement.

« Je suis désolé. » Murmura-t-il contre ses lèvres alors qu’elle s’éloignait déjà de lui. Il tenta de la retenir par le poignet, mais elle glissa hors de sa portée et le toisa avec amertume.

« Je n’ai pas agi comme tu étais en droit de l’exiger d’un coéquipier. J’ai laissé l’attrait de la grandeur m’emporter au moment où j’aurais plutôt dû écouter la voix de la raison et de la sagesse. Je ne peux pas revenir sur le passé tout comme il m’est inutile de te dire que je pourrais encore refaire la même chose… Les mêmes erreurs ou d’autres encore bien pires. C’est pour cela que j’ai besoin de toi. »

Parce qu’il était jeune, qu’il était fou, que son monde s’écroulait trop tranquillement pour qu’il puisse s’en rendre compte, Laedor avait besoin d’amis pour le guider. Depuis toujours, il caressait une idée, depuis peu de temps -juste assez pour voir qu’il n’arrivait à rien seul- il s’était mis en quête de vérité.

«Herya, c’est en ma très chère amie, mais en surtout la plus brillante mage que je connaisse que je viens réclamer de l’aide ce soir. »

Parce qu’il savait le lien qui les unissait, qu’il n’avait aucun doute en sa discrétion et sa fidélité, mais aussi parce qu’il savait qu’une réussite lui serait profitable, peut-être même plus à elle qu’à lui qui avait déjà tout, Laedor n’avait pas hésité un instant au choix de son acolyte. Il se voyait déjà, déposant aux pieds de son père et de sa sœur l’aboutissement final de leurs recherches. La fierté qu’il verrait alors dans l’unique œil paternel, le soulagement dans le visage de Naerys alors qu’il lui prouverait sa valeur, se montrant capable de débusquer ce qui depuis toujours hantait ses rêves et les transforme en cauchemars.

L’Arlaeron se rapprocha d’un pas, affrontant le regard sévère qu’elle lui jetait toujours et d’un geste assuré, il déposa sa main sur son épaule. Lentement, ses doigts traçaient une course invisible du haut de son bras jusqu’à sa main qu’il emprisonna dans la sienne. Son regard, lui, n’avait pas bougé et il la regardait toujours avec autant de sérieux.

« Depuis quelque temps, je cherche des informations sur les responsables de l’assassinat de ma mère. » Il déglutit, il savait les dangers auxquels ils pourraient être confrontés. Il ne voulait pas la mêler à tout cela, pas après tous les reproches qu’elle venait de lui faire et pourtant, il avait besoin d’elle. « Voudras-tu m’aider dans cette quête ? »

Herya Valgaris
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Domus Valgaris, an 1066, mois 11

La proximité entre eux lui fit mal. Mal parce que c'est ce qui causait leur séparation. Mal parce qu'elle éprouvait encore beaucoup de colère. Les excuses de Laedor étaient sincères et Herya le savait. Elle aurait voulu lui enfoncer ses poings dans le visage mais elle n'aurait su en être capable. Voir son visage désolé la rongeait de l'intérieur et son estomac se tordait de tristesse. Il fallait passer à autre chose, même si dans le fond, cela s'annonçait bien plus compliqué. Elle aurait voulu répondre à cœur ouvert à son tendre ami mais elle ne le pouvait plus. La mage aurait souhaité lui dire à quel point elle avait besoin de lui, elle aussi. Mais Lucerys veillait et Herya ne souhaitait pas son courroux plus fort qu'il ne l'était déjà.

Le fils Arlaeron s'approcha d'elle et ses doigts virent effleurer sa peau. Elle frissonna et durant une fraction de seconde, s'imagina être dans ses bras. Elle tenta de chasser cette idée de son esprit mais lorsqu'il emprisonna sa main dans la sienne, ses lèvres eurent un désir soudain de venir embrasser les siennes. Ce n'était plus possible. Laedor lui exposa alors son problème et Herya l'écouta jusqu'à la question qui l'avait mené jusqu'à elle cette nuit. Alors, doucement, elle écarta sa main de son emprise et recula face à lui.

- "Avant toute chose Laedor, je crois que nous allons devoir nous abstenir de tous ces... gestes. Il sont agréables et si réconfortants mais... tu vas désormais être un homme marié et si ton père l'apprenait, je ne donnerais pas cher de ma peau. "

Elle détourna le regards de ces yeux qu'elle aurait aimé dévorer d'un coup. Elle s'arrêta quelques secondes sur les courbes que dessinaient ses épaules trapues sous ses vêtements, sur cette mâchoire fine et solide sur laquelle les doigts courraient avec plaisir et sur ce torse contre lequel elle aimait tant se blottir. De ses deux mains, elle repoussa Laedor pour mettre encore plus de distance entre eux.

- "Pense à Naerys aussi. Elle doit être au courant de notre relation et j'ose à peine imaginer la souffrance que cela provoque en elle."

Cette souffrance, Herya ne la connaissait que trop bien. Depuis que Yraenar et elle avaient décidé de prendre de la distance, la mage peinait de le voir aux bras de filles de marchands, toutes plus attrayantes les unes que les autres. Pire encore, il prenait un malin plaisir à passer devant chez elle à chaque fois qu'il courtisait une demoiselle qui ne se doutait pas qu'il était fiancé. Elle devait alors serrer les dents tandis qu'elle l'imaginait prendre soin de ces belles plantes. Il ne perdait rien pour attendre.

Fouillant dans son cabinet, Herya attrapa de quoi écrire mais également son équipement nécessaire à la lecture de flammes. Elle déposa tout sur une petite table dans un coin de la pièce et alluma une lampe à huile. Elle s'était enfermée dans la pénombre en attendant Laedor afin de ne pas éveiller les soupçons. Maintenant qu'il était arrivé discrètement et que tout le monde était couché depuis longtemps, il était temps d'y voir plus clair.

- "Bien. J'accepte de t'aider sans condition." - fit-elle sans même le regarder dans les yeux. - "Raconte-moi cette histoire s'il te plaît, et dis-moi quels sont les éléments que tu as à ta disposition. Si les dieux le veulent, j'arriverais peut-être à trouver quelque chose..."

Laedor Arlaeron
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Même si au départ le rejet d’Herya lui fait mal, il se reprend et prend sur lui. Il est vrai, elle a bien raison, il sera bientôt un homme marié, et même si cela n’avait jamais rien empêché par ici, il ne devait pas oublier que sa fiancée était une des raisons de sa venue ici et non ses propres envies.

Naerys me pardonnera, elle comprendra.

C’était un mensonge et au fond, il le savait très bien. Peu importe où il se trouvait, si son regard ne déviait que d’un peu sur les courbes d’une femme, sa sœur lui reprochait expressément de ne pas être l’unique centre de son attention alors savoir son fiancé dans la demeure d’une femme n’allait en rien être pour lui plaire. Mais il le devait, pour elle, pour eux.

Laedor regarda la Mage valser au travers de la pièce afin d’y quérir ce dont elle avait besoin pour son rituel. Il ne la dérangeait ni ne plaçait mot durant tout le temps de l’opération, mais la regardait avec grand intérêt. Jamais l’Arlaeron n’avait montré un grand intérêt pour la magie et toutes ces choses occultes. Même lorsqu’une même lecture de flamme avait laissé présager un avenir au sein des mages pour son jeune frère, Laedor plutôt que de s’y intéresser s’en était plutôt détaché au possible, laissant au benjamin tout le plaisir de briller dans cet univers que lui redoutait. Toujours sans mot, il prit place à la table lorsqu’elle l’y invita. Tâchant soigneusement de ne rien déplacer de ce qui semblait important à la suite des choses, il leur servit néanmoins deux généreuses coupes de vin en espérant qu’aucune d’elles n’irait rejoindre celle qui traînait encore quelque part, ce serait dommage de gâcher une bonne bouteille. Avant de débuter son récit, il prit une longue gorgée afin de trinquer mentalement avec les dieux, les implorant de l'aider dans sa quête. Ensuite, il refit la chronologie de cette tragique nuit.

« Cette journée-là ne me semble pas différente des autres. Je veux dire, j’ai beau tenter de replonger dans mes souvenirs, rien ne semblait différent cette journée-là. Mon père se trouvait au Sénat, moi, j’avais passé la journée avec mon professeur d’histoire de la guerre et de la diplomatie. Ce que je pouvais détester cet homme. Il était petit, chauve et je me fichais totalement de ce qu’il pouvait bien tenter de m’enseigner à cette époque, j’avais cinq ans. Tout ce qu’il n’était pas un dragon, un cheval ou une épée passait bien loin dans mon ordre de priorité. »

Il eut un sourire amer qu’il put apercevoir dans sa coupe, avant de l’y noyer et de poursuivre.

« Naerys devait encore avoir échappé à la supervision de sa nourrice ou je ne sais plus, mais je me souviens que son cri m’avait glacé le sang. Le temps que j’arrive dans la chambre de mes parents, elle était déjà remplie de gardes. Ni ma mère ni Naerys n'auraient dû s’y trouver et pourtant… »

Il bredouilla un instant, mais tenta de le cacher en prenant une nouvelle gorgée. Alors qu’avant la guerre il n’avait jamais été porté plus qu’un autre sur la bouteille, voilà qu’il y allait avec plus que de raison. En remplissant de nouveau sa coupe, il songea qu’après son mariage, il devrait faire attention et réduire sa consommation.

« Ma mère ne devait pas se trouver à la maison. Je crois qu’elle devait passer la matinée en ville pour réunir des fonds pour aider à la reconstruction d’un des murs d’enceinte de la caserne qui allait s'effondrer. J’ai cherché de ce côté, mais tout ce que j’ai pu en tirer est qu’un message lui aurait été transmis afin qu’elle rentre. De ce que j’en sais, personne d’extérieur à nos gens ou qui aurait pu attirer l’attention n’a été aperçu. Mon père avait fait fouiller chaque recoin à l’époque, mais rien n’en était ressorti. »

Voilà où il en était, il avait l’impression de chercher un fantôme ayant tué un fantôme.

« Je ne sais pas comment marche ta magie, ce qu’elle permet de voir et comment elle pourrait m’être utile, mais je ne sais plus où chercher ni vers qui me tourner alors j’espère qu’elle saura me donner une piste. »


Herya Valgaris
Herya Valgaris
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Domus Valgaris, an 1066, mois 11

Elle écouta attentivement le récit du soldat et fit abstraction des détails inutiles ou qui pouvaient parasiter sa lecture de flammes. L’histoire lui semblait étrange et peut-être qu’un nécromancien aurait été plus adéquate. Qui de mieux pour réveiller et interroger les morts ? Elle pensa naturellement à l’Augure mais l’idée même de devoir marchander avec lui donna des frissons.

- «  Très bien. Laisse-moi essayer une lecture de flammes. Je ne peux te promettre une vision détaillée mais j’espère que celle-ci saura t’aider. » - fit-elle tandis qu’elle s’affaira à préparer son matériel.

Une fois tout en place, délicatement, elle vint s’entailler la paume de la main. Son visage se crispa sous la douleur. Même si elle se faisait régulièrement soigner par ses collègues, l’intérieur de ses mains était abimé et les cicatrices commençaient à se voir avec le temps. Ainsi, le sang s’écoula lentement le long de son poignet avant de finir sa lente descente dans une coupe en bronze qu’Herya avait au préalablement placée contre sa peau. Une fois la quantité suffisante recueillie, elle entoura sa plaie d’une bande de lin blanc trempé dans une sorte de mixture verdâtre qui était en réalité un cataplasme aux virtus cicatrisantes. Puis, respectant des gestes bien précis, la mage alluma un feu dans un bol rituel et elle se déplaça à l’intérieur de l’atrium afin de faire s’évacuer les fumées. Elle posa le bol sur un socle et s’installa aussi confortablement que possible devant celui-ci.

- « Laedor, à partir de maintenant, il me faut un silence absolu. » - fit-elle tandis qu’elle ferma les yeux.

Elle versa le contenu de la coupe au-dessus des flammes en effectuant des gestes circulaires. Entre ses dents, elle récita des incantations et sa respiration s’accéléra. Sa poitrine se souleva en cadence et de plus en plus, il lui sembla entrer dans une sorte de transe. Ses yeux se révulsèrent et sa main précédemment entaillée passa au-dessus des flammes. De ses doigts, elle caressa les volutes de feu et elle s’immobilisa. Ses yeux revinrent à la normale. Elle se concentra et sa tête fit quelques mouvements d’interrogation. Ses sourcils se froncèrent.

Il lui sembla voir quelque chose. Elle vit Lucerys, dans un premier temps. Puis une ombre. Il ne s’agissait pas d’une ombre comme celles que l’on faisait jaillir des enfers, mais une ombre qui remplaçait un visage inconnu. Lucerys semblait s’entretenir avec elle, d’une manière légère à la manière d’un ami ou d’un proche. Puis les images se brouillèrent, comme perturbées par quelque chose. Herya eut un frisson. Puis, il y eut une femme, une très belle femme aux cheveux blonds. Etait-ce Haenys ? Oui, il ne pouvait en être autrement. La mage tenta d’y voir plus clair mais un sentiment d’angoisse et de danger l’accabla. Elle se sentit soudainement oppressée et menacée. L’ombre s’approcha. La mère des enfants Arlaeron semblait connaître ce visage et fut prise d’une crise de panique. La peur s’était instiguée jusque dans sa chair et ses os. L’effroi sur son visage faisait peine à voir. Puis, il y eut la souffrance. Une souffrance inimaginable. Physique, déjà.  Haerys avait souffert et s’était éteinte dans la terreur et le calvaire. Puis il y avait eu une souffrance psychique que l’on avait que peu de mal à imaginer. Une mère pensait à ses enfants jusqu’à la mort.

Se rendant compte que les émotions d’Haerys commençaient à se répandre en elle tel un poison, Herya tira sa main des flammes d’un geste sec et recouvra le feu d’un autre bol pour l’étouffer dans un geste peu sûr. Elle réprima difficilement, elle aussi, une vague de panique. Quelque peu secouée par ce qu’elle avait vu, elle se leva et se traîna jusqu’à la table sur laquelle était posée une jarre d’eau. Elle la vida entièrement. Elle passa alors sa main sur son visage dans une tentative de se remettre de ses émotions. Son cœur battait la chamade et le sang sembla enfler dans ses tempes.

- «  Laedor, je crois que ton père connait l’assassin. Et je pense que ta mère aussi, le connaissait. C’est certainement pour cela que personne d’extérieur n’a attiré l’attention puisqu’il ne s’agissait pas d’un étranger. » - fit-elle en mettant de l’ordre dans ses idées. – « Je voudrais te rassurer en te disant qu’elle n’a pas souffert, mais ce ne serait que mensonges. Pardonne-moi Laedor. » - fit-elle, un regard désolée sur le visage.



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