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Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Auri sacra famesDaelarys Nadresyon & Baelor Cellaeron

Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

Baelor Cellaeron occupait avec sa famille de vastes appartements sur trois étages dans l’immense tour qui dominait toute Valyria et au sommet de laquelle siégeait le Conseil des Cinq. Depuis son élection comme Lumière de Sagesse et son nouveau statut de serviteur de tous les Valyriens, Baelor et les siens avaient emménagé dans ces lieux prestigieux pour pouvoir être en sécurité face aux multiples dangers que posaient cette charge. Il s’agissait également d’honorer la fonction, qui était également largement de représentation.

Le nouveau bureau de Baelor était bien plus grand que celui qu’il occupait au Sénat. Cette pièce était si vaste qu’il y avait des colonnes pour soutenir le formidable poids de la tour. Une ouverture assez large pour faire entrer un dragon permettait d’apprécier une vue sans aucun équivalent dans le monde connu : Drivo passait pour être l’édifice le plus haut du monde. On y voyait une partie de Valyria s’étendant aux pieds de la tour, ses différents Quadrants et au loin, la campagne et les volcans. Le meuble sur lequel Baelor travaillait avait la même propension au gigantisme. Bien des logis valyriens avaient une superficie moins étendue que cette immense table où trente personnes auraient pu siéger sans jamais se gêner les unes les autres. Malgré cela, la table était emplie de documents, parchemins et autres outils nécessaires à la conduite des affaires de la République. Baelor regardait rarement cette cité qui s’étendait à perte de vue, car il travaillait dos à cette vue, laissant à ses interlocuteurs qui s’asseyaient alors face à l’ouverture le soin d’apprécier le moment. Ils étaient toutefois rares à être reçus en ces lieux, car Baelor préférait mener ses affaires auprès du Sénat. S’élever aussi haut en faisait, selon lui, un personnage à part. Tous n’avaient pas la possibilité d’aller dans ces lieux uniques : leur accès était réservé à une sélection drastique de personnes dignes de confiance et d’une loyauté à toute épreuve.

Baelor souhaitait que son fils aîné, du moins le plus âgé dont il avait connaissance, soit l’une de ces personnes. Depuis toujours, il avait toujours travaillé à donner à ce fils illégitime l’attention d’un vrai père et de lui préparer une véritable place dans ce monde. S’il avait été un temps question de le voir hériter pour de bon de sa place, les enfants qu’il avait eu avec Myssaria avaient repoussé à chaque naissance un peu plus loin cette éventualité. Jusqu’à ce que la princesse de la Rhoyne donnât le coup de grâce à ce projet, faisant jurer Baelor de ne jamais laisser Daelarys avoir une part d’un héritage qu’ils avaient bâti à deux. La seule chose que Baelor pouvait légitimement laisser à son fils, c’était une place dans ce monde. Il n’était pas dénué de talents et l’influence de son père ouvrait des portes. Au fil du temps, c’était une relation de confiance qui s’était bâtie selon Baelor. Il avait longuement associé Daelarys à ses décisions, lui avait confié sa sécurité. Tout cela était en train de changer depuis qu’il était Lumière, car sa sécurité était désormais supervisée par les officiers de la première armée valyrienne. Daelarys lui-même avait trouvé son bonheur dans la marine valyrienne et, selon Baelor, il avait l’étoffe d’un grand officier.

En cette journée du quatrième mois de l’an 1067 après la Fondation, Baelor avait convié son fils à le retrouver dans cet illustre bureau pour pouvoir échanger au sujet de quelque chose qui le préoccupait grandement. A la différence de ce qui pouvait être publiquement affiché, Baelor n’était pas intégralement convaincu du bien-fondé de son alliance avec les militaristes dans la faction rouge. Il était pieds et poings liés car il s’était associé à eux pour se faire élire, mais il n’avait aucune envie de voir son pouvoir être confisqué par une clique d’officiers ambitieux et de second-nés voulant se faire un nom. Pourtant, les autres factions ne lui semblaient guère plus prometteuses. Les bleus étaient dominés par les Riahenor, au premier rang desquels Maegon n’avait guère digéré sa défaite à la dernière élection, tandis que les jaunes étaient sur un chemin qui ne plaisait guère à Baelor.

Il était encore plongé dans ses pensées lorsqu’il entendit Daelarys approcher. Il se retourna pour lui faire face, lui adressant un sourire un peu plus franc que celui, figé, qu’il arborait en permanence pour charmer ses interlocuteurs. Il alla à sa rencontre, lui prenant la nuque avec affection dans une main.

« Mon fils ! Bienvenue en ces lieux formidables. J’espère que l’ascension n’a pas été trop éprouvante. J’aurai aimé te convier plus tôt, mais depuis le meurtre de Lucerys, je n’ai pas une minute à moi. Comment te portes-tu depuis tous ces mois ? Quel est le sentiment général dans la marine ? »



Daelarys Nadresyon
Daelarys Nadresyon
Citoyen

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Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

L’atmosphère était étouffante, poisseuse et emplie de parfums en tout genre. Les tissus collaient à la chair, lorsqu’il y en avait encore et les souffles étaient saccadés. La lumière des quelques lampes à huile disséminées un peu partout peinaient à se frayer un chemin parmi l’obscurité, rendant les visages difficilement perceptibles. Mais qu’importe puisque c’était l’effet recherché. Il fallait entretenir une sorte de mystère autour de chaque personne qui naviguait dans les eaux des maisons closes. Non pas pour l’anonymat car chacun était libre de s’y rendre sans être mal perçu, mais plutôt pour entretenir des jeux de regards entre clients et artistes de toute sorte. Daelarys, lui, avait justement choisi un art qu’il considérait comme primordial, si ce n’est vital : celui des entrelacs corporels. Autour de lui, les peaux luisaient à cause de la chaleur et des huiles parfumées dont s’enduisaient certaines filles. Elles étaient trois, nues, et n’avaient d’yeux que pour le Nadresyon. Elles murmuraient son nom, doucement et lascivement, contant ses exploits en mer tandis qu’elles s’approchaient dangereusement de lui. Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire, s’apprêtant à passer une nuit des plus exotiques. A nouveau on murmura son nom. Encore, et encore. Puis soudainement, l’une des filles aux cheveux d’un noir de jais le secoua violemment. On l’appela, une fois de plus. Et cette fois, la seconde fille le secoua également. Il s’apprêta à les repousser puis un flash de lumière éclata, l’aveuglant et le poussant à fermer les yeux.

Lorsqu’il les rouvrit, il se retrouva dans sa chambre, seul, à l’exception de l’esclave qui avait eu un mal fou à le réveiller. Ce dernier eut un sourire narquois en constatant que le Nadresyon avait visiblement fait un rêve délicieux. Celui-ci soupira. Depuis la mise en place des couvre-feux, sa vie nocturne avait été annihilée. Il remercia l’esclave et le congédia.  Daelarys avait rendez-vous avec son père aujourd’hui, et déjà, il était en retard. Il se leva d’un bond, fit sa toilette rapidement et s’habilla d’une toge superbement ouvragée par les meilleurs tisserands de la ville. Le fils Cellaeron se mit alors en route vers le nouveau bureau de son père, en profitant pour organiser ses cheveux et la barbe hirsute qu’il avait les mauvais matins. Il savait par avance qu’elle allait être le sujet de leur conversation. Après tout, les récents évènements étaient sur les lèvres de chaque valyrien, mais cette fois-ci, le peuple s’était divisé et la guerre civile allait éclater d’un moment à l’autre. Daelarys avait choisi son camp, le sien. Il était militaire et les affres de la guerre résonnaient encore en lui. Son seul désir désormais était de faire payer à Ghis d’une manière ou d’une autre. Le désastre engendré par l’expédition à Sothoryos n’avait fait que confirmer son envie de pulvériser l’empire d’en face. De plus, son père et lui avaient toujours été proches des militaristes et cela avait grandement fonctionné pour les Cellaeron. Ce n’était pas le moment de leur tourner le dos.

Il arriva dans le nouveau bureau de son père. La pièce était immense et la table qui y trônait aidait à cette impression de gigantisme. Mais il n’eut pas le temps d’admirer les lieux que son père arriva à sa rencontre, prenant sa nuque dans sa main. Le Nadresyon aimait ces contacts avec son géniteur, il aimait cette relation père-fils qui fonctionnait, malgré son amertume défaite face à l’héritage familial. Baelor ne l’abandonnerait pas à son sort, et l’enfant illégitime le savait.

- « Bonjour père. L’ascension vaut bien toutes les peines du monde lorsque l’on a comme récompense un tel décor ! » - fit-il en levant la tête et les mains vers le plafond – « Je sais que les temps sont difficiles pour toi. Et je n’ose te déranger dans de pareilles situations. »

Il posa une main sur l’épaule de son père et lui adressa un sourire. Il marqua un temps d’arrêt dans ses réponses et, par l’une des fenêtres, regarda l’horizon et la cité qui s’étendaient face à lui.

- « Je vais bien. Même si ces couvre-feux commencent à mettre mes nerfs à rude épreuve. Mais je sais que cela ne durera pas longtemps. » - il passa une main dans sa barbe – « Pour répondre à ta question, la marine est sur le qui-vive. Tout le monde se tient prêt à partir d’une minute à l’autre. Les marins sont tendus et ne savent pas sur quel pied danser. Lorsqu’ils partent le matin en mer pour quelques entraînements, ils embrassent leurs femmes et leurs enfants comme s’ils partaient en guerre. » - il marqua à nouveau un temps d’arrêt. – « Et toi mon père, comment te porte-tu ? »




Baelor Cellaeron
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Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

A la dernière question de Daelarys, Baelor se trouva surpris de ne pas avoir de réponse.

Depuis la mort de Lucerys, peu après son élection au titre de Lumière, Baelor n’avait pas eu un moment à lui. Les réunions des Cinq étaient devenues électriques, à tel point que Valerion Qoherys avait cessé de s’y présenter. L’information était tenue secrète afin de n’alarmer ni les élites valyriennes, ni la population. Baelor lui-même ne savait quoi faire d’une telle information qui laissait présager de troubles supérieurs encore. Pour le moment, toutefois, ce n’était curieusement pas une priorité tant la situation générale était précaire. La Harpie aiguisait ses serres en prévision d’une faiblesse suffisamment structurelles chez les Valyriens pour pouvoir fondre dessus. L’une des dernières réunions où tous les Cinq s’étaient présentés avait justement acté l’envoi d’un groupe de gens de confiance pour semer le trouble dans le Vieil Empire et retarder au possible les préparatifs de guerre.

Qu’il aurait voulu pouvoir communiquer ces vérités à son fils, aux soldats, aux marins ! Il aurait souhaité crier au peuple de ne pas se perdre en conjectures et de ne pas s’inquiéter : certaines Lumières veillaient encore sur eux. Il comprenait l’angoisse que Daelarys mentionnait en parlant des marins qui quittaient le rivage sans certitude de revenir. Après tout, la guerre contre Ghis n’avait-elle pas été déclenchée à la suite d’un incident maritime ?

« Ces hommes font bien de se préparer. Nous avons beau avoir des intérêts chez les Ghiscaris, il n’y a nul besoin d’être dupe : ils provoqueront une nouvelle guerre. Et s’ils ne le font pas, nous nous y emploieront le moment venu. Mais pour te répondre, je me porte comme un charme. Toutes ces responsabilités et ces devoirs, c’est grisant ! »

Un pieux mensonge, pour faire oublier la peur de prendre une funeste décision qui le tenaillait chaque jour.

« Quant à me déranger, ne t’en fais pas. J’ai toujours eu du temps pour toi, ça ne changera pas aujourd’hui, ni demain. Je suis d’ailleurs heureux que tu sois monté aujourd’hui, nous devons parler. »

Contournant son fils, Baelor se dirigea d’un pas nonchalant et chaloupé vers la porte monumentale de son bureau qu’il referma avec précaution avant de faire le même chemin en sens inverse, prenant son fils par l’épaule pour le mener jusqu’à l’immense ouverture qui donnait sur la cité. On voyait tous les grands bâtiments de cette moitié de la ville, les différents quartiers, tout ce qui caractérisait Valyria. Baelor resta un moment silencieux avant d’expirer longuement.

« La politique est une maîtresse ingrate, Daelarys. J’ai combattu toute ma vie pour me retrouver dans ce siège. J’ai été élu par mes pairs sur un programme résolument tourné vers l’expansion de nos frontières et la suprématie de Valyria sur tout Essos… Et me voilà rendu à gérer la pire crise interne depuis les Dragons Verts. Quand je vois la tournure que prennent les événements, j’ai peur que la maîtrise des choses m’échappe. En m’associant avec les militaristes, j’ai fait ce qu’il fallait pour m’assurer la victoire au Sénat. Mais mon accord était avec Lucerys, Arrax veille sur son âme. Jamais je n’ai souhaité m’inféoder à des cadets trop ambitieux pour leur propre bien.   »

Soupirant encore une fois, plus longuement, Baelor se tourna vers son fils, le regard sombre.

« Je crois bien avoir fait un pacte avec Balerion, Daelarys. Pour le bien des Valyriens, assurément. Mais je crains que cela ne se retourne contre moi à un moment, ou un autre. Toi qui a accès aux bavardages de nos alliés rouges, qu’entends-tu de plus que moi ? Parle-t-on de rendre au Sénat son indépendance ? De renvoyer les hommes dans les casernes ? D’évacuer Valyria ?   »

Baelor fronça les sourcils en posant ces questions. Elles le taraudaient depuis la première heure. Le meurtre de Lucerys n’avait donné ni suspect, ni piste. Cela pouvait être n’importe qui, car Lucerys était alors assurément l’un des personnages les plus puissants de Valyria. Cela pouvait même être l’un des nouveaux Rouges qui avait bâti ce plan pour gagner du pouvoir. Cela pouvait être une Dynastie souhaitant s’élever de nouveau dans le chaos. Cela pouvait être cet ambitieux Valerion qui n'avait pas tardé à rassembler des soutiens en vue d’un pouvoir plus autoritaire et personnifié autour de lui-même. Ils étaient nombreux à bénéficier de la mort de Lucerys, y compris parmi ses anciens fidèles. Baelor avait été obligé de suivre le flot lors de l’assassinat, mais désormais il commençait à avoir ses doutes. Donner trop de pouvoir à l’armée, c’était assurément en perdre de son côté. Il était le représentant du peuple valyrien, il défendait également ses propres intérêts. La dernière question fut posée à voix basse, comme s’il craignait qu’on eût pu l’entendre.

« Sommes-nous dans le bon camp, Daelarys ?   »



Daelarys Nadresyon
Daelarys Nadresyon
Citoyen

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- An 1067, mois 4

Un vent frais s'engouffra par l'une des fenêtre et vint soulever légèrement les cheveux du Nadresyon. En ces temps compliqués, même de simples choses comme une brise matinale faisait un bien fou. Daelarys écoutait attentivement son père et malgré une maîtrise parfaite dans son discours, le fils Cellaeron ne pouvait s'empêcher de déceler une pointe d'anxiété dans les paroles de son père. Sa position de Lumière était mal tombée. A peine venait-il d'obtenir cette place qu'il chérissait tant qu'il se retrouvait déjà dans une fâcheuse posture. Le Nadresyon avait de la peine pour lui.

- "Les peuples ont toujours fait la guerre. Nous n'y échapperons pas. Sans toutes ces batailles et ces sacrifices, nous n'aurions pas tout ce qui se présente à nous aujourd'hui... J'attends le départ en guerre comme un vieillard attend la mort. Je sais qu'elle est là, qu'elle va arriver mais je ne sais pas encore quand. Sur quel pied dois-je danser ? " - fit-il avant de se tourner vers son père.

Il l'observa aller refermer la porte comme on clos une boîte de Pandore, de crainte que tout un tas de secrets ne s'en échappe et le vit revenir vers lui. Le prenant par l'épaule et le menant face à une vue des plus splendides de Valyria, Daelarys sut que les propos de Baelor seraient graves et importants. Il était évident que sa position de Lumière le plaçait en ligne de mire, mais le Nadresyon sentit au fond de lui que c'était plus que ça, qu'il y avait quelque chose de plus sombre encore. Ses craintes se renforcèrent lorsque son père se mit à émettre des doutes sur ses choix politiques, sur ses alliés et ses adversaires. Rarement - pour ne pas dire jamais - le marin l'avait vu dans cette posture. Il cru même, durant un instant, sentir de la fébrilité. Une mauvaise interprétation sans doute.

Lorsque son père évoqua un pacte avec Balerion, Daelarys eut un frisson tout le long de son échine. Si ce dernier était incroyant, il ne pouvait nier l'importance qu'avait ce dieu auprès des valyriens, et entendre sa seule famille prononcer son nom comme un serment lui fit soudainement peur. Il savait pertinemment que s'engager dans la politique et à une si haute allure était dangereux, car même le plus proche des alliés pouvait se révéler aussi mortel qu'une flèche tirée en plein cœur. Les soupçons concernant l'angoisse de son père se révélèrent de plus en plus.

- "Père, je n'entends rien car personne ne dit rien à ton encontre. Tu fais ce qui te semble juste et tu as toujours œuvré selon ce était bon à tes yeux. Et cela t'a réussi. Je ne connais pas aussi bon diplomate que toi et d'aucuns auraient fait s'effondrer Valyria à ta place. Je comprends tes craintes depuis la mort de Lucerys, mais ne dit-on pas "garde tes amis auprès de toi et tes ennemis encore plus près" ? Je sais que tu trouveras le bon compromis, comme à ton habitude. Je serai là pour t'épauler au besoin, parce que c'est mon rôle, depuis toujours. "

Il voulait rassurer son père mais il craignait que cela ne soit pas suffisant ni même tout simplement efficace. Il voulait l'aider mais à ce stade, cela dépassait ses compétences. Daelarys avait toujours accompagné Baelor lors de ses déplacements diplomatiques, il s'était formé auprès du meilleur et avait appris toutes les ficelles du métier. Mais il ne serait jamais aussi bon que lui, et le jeune homme n'en avait cure. Il doutait d'ailleurs qu'il y ait meilleur que son père en politique. Il ne pensait pas cela par fierté familiale mais par simple déduction. Son père était capable de retourner les opinions en sa faveur, tout comme il était capable de manipuler sans même que l'on puisse sans rendre compte. Même si l'inquiétude était soudainement grandissante, Daelarys savait que son père s'en sortirait.

- "Crois-tu qu'il y ait vraiment un bon camp ? Ne pense-tu pas que les valyriens devraient s'unir plutôt que de se diviser ? Je serai dans le camp de ceux qui défendront nos terres et notre nation, père. Parce que c'est là notre devoir en tant que citoyens."


Baelor Cellaeron
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Baelor s’en voulait de s’être ainsi ouvert à son fils sur ses doutes. Habitué des trahisons en politique, il savait que trop partager pouvait se retourner contre lui. Il n’y pouvait toutefois rien, car même lui avait parfois besoin de laisser sortir ses sentiments. Il avait depuis longtemps appris à se claquemurer derrière un visage de bonhommie assumée et sous un tas conséquent d’orgies exaltantes. Malgré tout cela, il lui arrivait de fendre l’armure. Il ne le faisait qu’en présence de son clan, et de ceux dont la loyauté lui était à peu près assurée. En cela, son mariage avec Myssaria était plus que réussi puisque les temps époux, malgré leurs différends et leurs caractères parfois opposés, savaient dialoguer et échanger sur leurs émotions. Le Seigneur Soie avait eu de nombreuses discussions à cœur ouvert avec sa princesse au cours des années, certaines plus agréables que d’autres. Daelarys, par sa condition de bâtard et par la proximité qu’ils entretenaient tous les deux, était aussi un personnage tout indiqué pour Baelor. Il se devait de montrer plus de retenue envers sa fille aînée Valaena puisque celle-ci hériterait un jour de toutes ses richesses. Elle siégeait déjà au Sénat à sa place et il était résolu à ne jamais lui montrer quelles faiblesses pouvaient le miner.

Un père n’aurait cependant jamais dû faire porter le fardeau d’un tel savoir à son enfant. Il tâcha de se reprendre, s’adressant un sermon intérieur. Il songeait à ce que son propre père lui disait à cette époque. Il n’avait guère eu l’occasion de pouvoir échanger en profondeur sur ce genre de sujets car son père Aegon était lui-même un homme fort occupé. Il était mort lorsque Baelor était encore jeune, il n’avait que vingt-huit ans. Pourtant, il se rappelait certaines discussions avec le vieil Aegon, et notamment ses remarques incisives sur la politique et sur l’impératif besoin de ne jamais montrer la moindre faiblesse. D’aussi loin qu’il pouvait se souvenir, Baelor ne parvenait pas à se rappeler d’un quelconque moment où son géniteur avait fendu l’armure. Il chassa ce fantôme de ses pensées pour ramener son attention à ce que disait Daelarys. Il n’avait pas tort : il lui fallait impérativement garder ses ennemis plus près de lui. Mais qui étaient ses ennemis ? Les bleus étaient contrôlés par son rival Maegon Riahenor, les Rouges étaient ses alliés mais leur vision ne laissait guère de place à une domination Cellaeron quant aux Jaunes, ils avaient leur propre agenda où Baelor perdait tout. Prisonnier de ses allégeances et de ses marchés, le Cellaeron risquait de perdre ce pouvoir suprême avant même d’avoir pu l’utiliser. Peut-être était-il temps de tracer sa propre route.

En tout état de cause, Daelarys posa la question fatidique : verbalisant toutes les interrogations de Baelor en une seule phrase. Y avait-il un bon camp ? Assurément pas. Les Valyriens devaient s’unir, son fils était dans la vérité absolue en disant cela mais cela sonnait comme un vœux pieu. Les intérêts divergents des trois factions continuaient d’écarteler loyautés et aspirations ; ces trois camps seraient bientôt irréconciliables et, alors, le sang coulerait. Il n’y aurait pas de crime plus impie que des Valyriens faisant couler le sang d’autres Valyriens mais Baelor craignait qu’il n’y eût aucune autre sortie à cette crise. Jadis, pourtant, même les Dynasties avaient su abandonner leur pouvoir pour mieux garantir la paix et la sauvegarde du sang divin. Baelor ne croyait guère à ses fadaises, considérant que la Triachie s’était effondrée sous le poids de sa propre tyrannie et que ses dirigeants avaient simplement été assez habiles pour percevoir l’impossibilité d’une victoire face aux Dragons Verts. Cependant, il devait reconnaître qu’il y avait une sagesse ancestrale en ces familles qu’il ne retrouvait dans aucune autre, la sienne incluse. Pour autant, il n’était pas près à souhaiter voir ces poseurs perclus d’un statut aussi ancien que les éons revenir sur le devant de la scène ; Maegon Riahenor à lui seul était le meilleur obstacle à un tel retour. Baelor se souvenait encore de la dernière élection, lorsque ce dernier s’était pavané sous la coupole du Sénat durant son discours. Il jaugeait l’assistance et arpentait les lieux comme s’il était lui-même à l’origine de tout cela, comme s’il avait lui-même dompté les premiers dragons.

« Seuls les Dieux ont l’honneur de pouvoir choisir selon ce qui les arrange, mon fils. Nous n’avons guère ce luxe. »

Les forces qui étaient en mouvement à Valyria dépassaient de loin ce que les Cellaeron étaient capables de faire mouvoir et il apparaissait qu’ils devraient continuer à jouer le jeu des factions jusqu’à trouver leur compte. Baelor ne se satisfaisait guère de cela. Ils devaient trouver la force de créer leur destin.

« J’ai toutefois une idée. Il va nous falloir nous assurer la loyauté de certains. Ton légat, le Velaryon, penses-tu qu’il serait homme à nécessiter un peu d’avancement et d’or ? »

Comme toujours, Baelor s’entretenait avec son fils de ses plans et de ses ambitions, mais cette fois, il allait lui parler comme à un égal, et lui présenter son plan en détail.

« Si nous parvenions à nous assurer de son allégeance, non pas pour les Rouges mais pour le nom Cellaeron. Nous serions libres de commencer à prendre de l’indépendance, et pourquoi pas constituer une nouvelle dynamique d’influence. Nous pourrions apporter ces forces aux Rouges et faire valoir qu’ils devront compter avec moi, avec nous, pour gagner. Et nous exigerons la seule chose qui compte : un Conseil des Cinq aux pouvoir renforcés, avec la faculté de gouverner par décrets et un Sénat à l’influence diminuée, afin d’éviter ces jeux et cette corruptions endémiques. »

Il posa un regard serein sur son fils : Baelor n’avait jamais tremblé au moment d’ourdir des complots et de penser à sa stratégique politique.

« Que veux-tu pour toi dans toute cette histoire ? Quelle est ton ambition ? Un titre, des terres ? Un mariage ? »




Daelarys Nadresyon
Daelarys Nadresyon
Citoyen

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Daelarys ne voyait que deux issues à la situation actuelle. La première, sans doute la plus fantaisiste dans l'état actuel des choses, était que les trois factions parvenaient à trouver une entente, un compromis entre elles. La seconde était pavée de mort et de sang. L'air était électrique et le ciel semblait peser une tonne sur les épaules des valyriens. En tant que soldat, le jeune homme sentait ce poids plus que nul autre. Le Nadresyon aurait pu y voir une manière d'obtenir un poste plus élevé dans la hiérarchie, mais présentement, il ne voyait qu'une catastrophe grandissant chaque jour un peu plus que la veille. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il n'avait jamais eu peur de la mort. Ni même lors de sa noyade. Il l'avait attendue comme les bras d'une femme voluptueuse. Désormais, la mort ressemblait à une vieille tenancière d'un bordel insalubre. Beaucoup moins accueillante.

- "Peu importe nos décisions, nous courrons droit à la guerre civile. Ghis n'en perdra pas une miette et viendra achever les derniers valyriens encore assez lucides pour ne pas se laisser happer par des dissensions politiques. "

À la question que lui posa son père, Daelarys ne put que sourire.

- "Tu as vu juste père, comme à ton habitude. Jacaerys Velaryon est bien connu pour son addiction aux jeux. Ce n'est pas encore problématique mais ça ne saurait tarder. Tous les soldats savent qu'il joue dès qu'il le peut et qu'il est, en plus, mauvais joueur et mauvais perdant. Je ne serais pas étonné si les deux tiers de sa solde y passait. Même une paire de seins à la peau tendre lui semblerait moins attrayante qu'une paire de dés. Je suis certain qu'il ne crachera pas sur une avance d'or. Et puis, quel homme refuserait une telle proposition ? " - fit-il en ricanant.

Son père lui avait appris un bon nombre de choses sur la valeur de l'argent. Depuis enfant, le Nadresyon avait pris conscience que l'or n'était pas toujours ce qui pesait le plus dans la balance de la négociation. Mais beaucoup de femmes et d'hommes n'avaient pas eu la chance d'avoir ce genre d'éducation, les rendant alors beaucoup plus manipulables face à une bourse pleine de monnaie sonnante et trébuchante. Il écouta le plan de son père attentivement.

- "Pourquoi penses-tu que Jacaerys nous permettra de prendre notre indépendance ? La Vème armée, qui est pourtant la mienne, n'a pas autant de poids que la Ière armée ou qu'une armée terrestre. Dis m'en plus. " - dit-il en se penchant vers Baelor - "Ce que je souhaite..? "

Il mit un peu de temps pour réfléchir à cette question inattendue. Il avait presque tout ce dont il désirait - si ce n'est cette part d'héritage qui l'intégrait dans la famille Cellaeron à part entière - et n'était jamais allé au-delà de ses désirs de carrière militaire.

- "Ce que je souhaite ne peut s'obtenir que par le mérite. Peut-être est-ce la seule chose positive que m'apportera cette guerre. Un nouveau poste dans l'armée ? Mon propre navire ? Qui sait. Mais cela, tu ne peux me l'offrir car je m'y oppose. Un mariage ? Qui voudra épouser un bâtard, peu reconnu militairement ? La famille semble avoir déjà assez honte de ma présence pour me marier à une femme d'un rang moindre. Et aucune d'un rang plus haut ne saurait accepter pareille personne que la mienne. À qui pense-tu père ?".

Pour la première fois, Daelarys mit un mot sur ce qu'il était face aux Cellaeron. Conscient du mal que cela pouvait faire à son père, il se garda d'évoquer Valaena et Myssaria. La question était tranchée depuis longtemps et il était inutile de revenir dessus. En revanche, il ne put s'empêcher de rappeler amèrement ce qu'il avait subit depuis son enfance : l'exclusion d'une famille qui le considérait comme une erreur. Il en avait été blessé et continuait à l'être avec le temps. Il était donc évident que si mariage il devait y avoir, cela serait certainement compliqué. Le Nadresyon ne doutait pas que son père saurait lui trouver le meilleur parti mais pour qui ? Pour lui ou pour la famille de sa future épouse ?

Il s'apprêtait à refuser l'intégralité des potentielles offres de son père lorsqu'il repensa à Elyria.

- "Il y a bien ces collines sur l'île d'Elyria... l'été, tout y est blond et vert, l'air est frais et la mer nous tend les bras. L'hiver, la neige recouvre les hauteurs et il semble y régner un calme plus apaisant que nulle part ailleurs. Le matin, la brume recouvre les flots et lorsque l'on se réveille, on croit se trouver dans un rêve. On peut y manger des choses que beaucoup de valyriens ne peuvent s'imaginer, on y rencontre des hommes et des femmes de tous les horizons. La forteresse est solide et aucun imbécile se risquerait à l'attaquer. Je dois souvent m'y rendre puisque l'une de nos bases navales s'y trouve et je t'avoue avoir déjà songé à y vivre..."




Baelor Cellaeron
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- An 1067, mois 4

La discussion avait pris un tour inattendu.

Baelor notait avec une infinie attention les remarques de son fils bâtard sur son supérieur. Ainsi, Jacaerys Vaelaryon était un homme joueur. Si cela était confirmé, et il n’avait aucune raison de douter qu’il en serait autrement, le plan était d’ores et déjà conçu, prêt à se refermer sur cette pauvre âme trop sotte pour ne pas comprendre les lois du jeu aléatoire et des statistiques de base. Ils étaient peu, cependant, en dehors des marchands, à utiliser cet outil mathématique. Baelor se frotta son crâne dégarni. Daelarys avait mis le doigt sur tout ce qu’il fallait. Les joueurs compulsifs étaient les plus aisés à manipuler, un légat en manque de reconnaissance n’en serait que plus facile. D’expérience, tous les légats étaient en manque d’honneurs. Ils considéraient tous valoir mieux et ils aspiraient tous à devenir général ou capitaine-général. Baelor se devrait de rencontrer le Velaryon, mais s’il ne différait pas de ceux de sa race, il aurait bien vite évacué cet obstacle. Cela demanderait, comme d’ordinaire, un brin de subtilité pour amener le poisson dans la nasse. Il se rangerait tout seul dans le filet, sans même comprendre. Baelor administra une claque sonore sur le biceps de son fils. Il était fier de ce rejeton, bien plus malin et loyal que la plupart des enfants valyriens qui étaient nés avec un dragon.

« Je vois que tu as retenu nos discussions. »

Baelor hocha la tête d’un air entendu. Il en était fort satisfait.

« Ceux qui se perdent dans le jeu sont des cibles aisées pour nous autres. Tout l’art de ce genre d’approche consiste à ne pas dévoiler que tout était ficelé depuis le début. Tout du moins, l’autre doit toujours s’imaginer être en tort – souvent il l’est – et ne pas se sentir complètement acculé. Rien de plus dangereux qu’un obligé désespéré. »

Baelor parlait tout autant pour Daelaerys que pour lui-même, réfléchissait aux mille manières d’approcher le légat Jacaerys et de lui passer la corde autour du cou.

« Je vois que tu te souviens aussi que tout homme a son prix. Nous pourrions lui faire une avance d’or, c’est certain. Mais il faudra d’abord s’assurer qu’il est suffisamment cynique pour cela. Sinon, il suffira de l’emmener perdre plusieurs nuits de jeu dans l’un de mes établissements. Lorsque je lui présenterai la note, il n’aura guère de choix. Qu’en penses-tu ? Le connais-tu suffisamment pour présumer de sa réponse à une approche frontale ? »

Les questions de son fils avaient le don de placer Baelor face à sa conscience et ses ambitions. Il se rapprocha de son fils, le prenant par les épaules et marchant ainsi à ses côtés. Il parlait moins fort, suspectant toujours des écoutes indiscrètes bien qu’il n’ait jamais pu s’assurer que quelqu’un avait une fois essayé d’écouter ses propos dans cette salle. Le pouvoir suprême prélevait un tribut sur la psyché de Baelor, le faisant lentement verser dans une forme de paranoïa.

« Bellarys et ses sycophantes ont les dents qui rayent le marbre du Sénat, Daelarys. Ils se servent de moi et des autres Lumières comme d’hommes de paille. Leur ambition ne s’arrêtera pas à ce coup. Ils veulent plus. Nous les gênerons bien assez vite pour qu’ils songent à se débarrasser de nous, mais pas avant d’avoir mis au pas les Jaunes et les Bleus. Pour l’instant, les Cellaeron ne sont que leur banque. Nous devons nous attacher une, peut-être deux armées. Ainsi, ils devront réfléchir à deux fois avant de se tourner contre nous. Voilà l’importance de s’attacher pour de bon le Velaryon. »

Lorsque son enfant lui expliqua ce à quoi il aspirait, Baelor cessa de marcher et l’écoutant attentivement. Il se demandait souvent à quoi auraient pu ressembler leurs vies s’il l’avait légitimé, en faisant de lui un Cellaeron. Sans doute que bien des choses auraient été différentes. Pourtant, pour l’amour de Valaena, pour la loyauté de Myssaria, il avait dû agir ainsi. Il espérait que Daelarys le comprenait, à défaut de lui pardonner ou de s’en réjouir. Baelor aurait souhaité agir pour son fils, lui faisant bâtir le meilleur navire de la marine valyrienne, faisant pression sur Valineon pour que ce dernier nommât son rejeton comme l’un de ses subordonnés directs. Il respectait toutefois le vœu de son fils, et d’autant plus que cela lui inspirait une véritable fierté.

Toutefois, lorsque vint le moment de parler mariage, Baelor se laissa aller à un sourire tendre envers son fils.

« Il n’y aura pas de meilleur moment que maintenant, Daelarys. Tu es le fils, certes illégitime, d’une Lumière de Sagesse. En ces temps, une alliance avec nous se monnaie très chèrement. Il y a une raison pour laquelle je n’ai jamais fait de secret de l’affection que j’ai pour toi, fils. Nous pouvons trouver une alliance qui t’installera dans un rôle similaire à celui qu’aurait dû être le tien, si les circonstances avaient été différentes. Ils savent que tu n’hériteras pas, mais ils savent que je t’aime et que je serai toujours là pour toi. »

La mention d’Elyria fit réfléchir Baelor. Il avait espéré que son fils lui parlerait des splendides lagunes de Lys, la colonie que Baelor avait fondé en association avec Rhaenys Haeron. Il espérait secrètement pouvoir l’imposer à Rhaenys comme gouverneur. Il aurait ainsi le loisir de vivre une vie aventurière, pleine de gestion et d’exploration. Peut-être n’était-ce pas la vie faite pour son fils, et qu’il se projetait sur lui tel qu’il était jeune. Baelor aurait adoré pouvoir imprimer sa marque comme gouverneur d’une nouvelle cité. Mais Daelary rêvait d’Elyria, de ses collines, de sa cité fortifiée et de l’imposante forteresse qui tenait lieu de bastion pour la marine valyrienne dans ces eaux. Baelor ne s’y était jamais rendu. Cette information ébranlait une petite certitude dans le cœur du Cellaeron, celle que son fils resterait toujours à ses côtés. Il en avait oublié que ce dernier avait une vie à mener, et qu’il ne pouvait guère rester éternellement dans l’ombre de son géniteur. En pleine réflexion, Baelor restait silencieux, laissant flotter un moment sans répondre à son fils. Il retrouva son animation au bout d’un long flottement. Il adressa un sourire à Daelarys.

« Elyria, hm ? Ma foi, si je peux t’offrir quelques collines sur un caillou en pleine mer, cela me fait plaisir. Mais que vas-tu y faire ? Si je te construis un palais, il te faudra l’entretenir, car tu sais que je ne pourrais pas éternellement financer une telle entreprise ? »



Daelarys Nadresyon
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Citoyen

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Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

Daelarys aimait ces moments de discussions intenses et stimulantes entre son père et lui. Depuis quelques temps, elles s'étaient faites plus rares en raison de leurs emplois du temps bien chargés. Il convenait donc d'en profiter autant que faire se peut. La tape de son père sur son bras le fit rire. Par la suite, il écouta le plan bien ficelé de son père concernant le sort de Jacaerys Velaryon. Il acquiesça au stratagème.

- "Nous avons combattu ensemble à Tolos après le siège et malgré son addiction aux jeux, il n'en reste pas moins quelqu'un de respectable. Ne le bouscule pas de trop non plus..." - il parut réfléchir - "Je le sais suffisamment malin pour ne pas mordre à l'hameçon à la première approche. Il serait dangereux de le sous-estimer. S'il est aujourd'hui légat, c'est entièrement à la force de sa maîtrise et de sa volonté et non de son héritage. Ne l'abordons pas comme un vulgaire homme de taverne."

Lorsque son père lui expliqua les raisons qui le poussaient à vouloir s'assurer le rattachements de plusieurs armées auprès des Cellaeron, il lui sembla distinguer nettement l'anxiété dans les paroles de son père. Son inquiétude était tangible et contagieuse. Daelarys fronça les sourcils et fut, lui aussi, pris d'une préoccupation soudaine.

- "Ils n'oseront pas s'en prendre à toi. Les Cellaeron ont bien trop d'influences partout sur les terres valyriennes. Il serait insensé de vouloir nous couper l'herbe sous le pied. Ils savent également que ta ruse n'a pas d'égal. Tu as toujours eu un coup d'avance et notre conversation aujourd'hui le prouve. Qui plus est, tu es marié à une princesse Rhoynarde et ce serait jouer avec le feu que de l'importuner également. Ne te fais pas trop d'inquiétudes père.

Il ne prononça pas le nom de Myssaria. Même s'il avait un respect infini pour son père et ses choix, celui de sa belle-mère restait de loin le plus discutable à ses yeux. Mais cette question n'avait pas sa place dans ce moment précieux entre père et fils ce jour-ci. Non. Aujourd'hui, Daelarys avait fait le choix de s'ouvrir sur ses ambitions et ses choix auprès de son père et il fut soulagé de le savoir bienveillant et relativement d'accord sur ceux-ci. L'entendre lui dire qu'il l'aimait provoqua une petite décharge dans son coeur. Rarement, il ne l'avait entendu le lui dire. Il ne put s'empêcher de sourire tandis que Baelor se tenait à ses côtés.

- "Je n'ai jamais vraiment souhaité me marier mais je suppose que si tu juges la situation suffisamment propice à une union, alors je l'accepte. Néanmoins, je ne pense pas être un mari idéal..." - fit-il avant de rire.

À la simple mention d'Elyria, il vit la déception dans le regard de son père. Sans doute aurait-il préféré autre chose, une autre île, ou peut-être un autre désir ?

- "Je n'ai pas besoin d'un palais pour être heureux. Une simple demeure me suffirait, père. Néanmoins, je crois voir dans tes yeux que l'idée de me voir partir à Elyria ne te plaît guère. Est-ce le lieu qui te sied difficilement ou est-ce le simple fait de savoir ton fils à des lieues d'ici ? Tu sais que je serai toujours là pour toi alors si cela peut te rassurer, je me plierai à tes volontés tant que l'océan sera à mes pieds. De plus, te savoir en proie à toute cette faune valyrienne sans avoir ton bras droit à tes côtés me préoccupe. Je parle de moi, bien sûr." - ajouta-t-il, tandis qu'il glissa un sourire mesquin à l'attention de Baelor. - "Je souhaite simplement voguer sur les eaux jusqu'à ce que la mort vienne me chercher elle-même, sentir les vents marins sur ma peau, le sel sur mes lèvres, le roulis incessant des vagues sous mes pieds et le bruit d'un bois travaillant à mes oreilles. " - fit-il, un air rêveur sur le visage.


Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

Baelor et Daelarys étaient issus d’une ancienne et noble lignée qui avait depuis longtemps renié le potentiel de son sang pour celle de l’or. Cédant des siècles auparavant à l’appel d’une puissance et d’une richesse incommensurables en s’éloignant de la capitale, les Cellaeron d’antan avaient gardé racines au cœur des montagnes supposément érigées par l’un de leurs ancêtres, fondateur de leur lignée selon certaines chroniques. En rompant avec les traditions du Sud et en ouvrant leur famille aux unions extérieures, ils s’étaient affaiblis, devenant des sang-mêlés au bout de quelques générations. Les mages Cellaeron n’étaient guère promis à de grandes choses et ils étaient peu à s’en aller vers le Collège des Mages de Valyria ; les dragons obéissaient à leurs maîtres avec réticence et il y avait eu plusieurs accidents. Pourtant, avec le passage du temps, Baelor en était venu à constater combien ses aïeux avaient fait preuve de sagesse, s’attachant de larges portions d’un territoire dont personne n’avait envie, exploitant des mines et des droits de péage sur tous les cols et chemins praticables. Au fil des siècles, le nom de Cellaeron était devenu synonyme d’opportunité commerciale et de prospérité. Des branches cadettes s’étaient établies partout, les cousins aventureux cherchant tous à surpasser leurs prédécesseurs en servant leur nom commun : toujours plus loin, toujours plus riche. Telle était la devise des Cellaeron, qui repoussaient sans cesse les limites de leurs propres réseaux commerciaux.

Dorénavant, il s’en trouvait dans la plupart des grandes cités ghiscaries : Ghis, Meereen, et Yunkaï en tête. La plupart des cités de la Rhoyne bénéficiaient d’une antenne Cellaeron également, que ce soit en représentation officielle de la République ou simplement pour le négoce local. Les ramifications de cet empire commercial s’étendaient jusqu’en Andalos, Sarnor, dans l’archipel estivien et à la cité de Qarth. Les prochaines générations pousseraient probablement plus à l’Orient encore, vers Sothoryos, Yi-Ti, Asshaï ou Leng. Peut-être certaines mettraient même le cap sur cet étrange continent encore inexploré par les Valyriens qu’était Westeros. Pour ces raisons, le Pinacle était le repère d’une quantité d’or énorme car toutes ces ramifications irriguaient les cartes mondiales du commerce mais charriaient d’importantes quantités d’or mensuellement vers la forteresse familiale. Baelor et Valaena étaient les dépositaires actuels et prochains de l’une des plus grandes fortunes de Valyria. Ainsi, bien que de sang-mêlé, Baelor n’en était pas moins un grand adepte de la stratocratie à la valyrienne, considérant que les Enfants d’Arrax étaient tous égaux, mais certains plus que d’autres. Ainsi, il se laissa à sourire lorsque Daelarys lui fit remarquer que le légat de la cinquième armée, Jacaerys Velaryon, était un homme capable et qu’il convenait de ne point l’aborder comme un homme de taverne. Il n’en restait pas moins issu d’une famille bien modeste par rapport au pouvoir sans borne que connaissait Baelor. Toutefois, le portrait que lui en faisait son fils lui plaisait : un homme déterminé et ambitieux, voilà qui pourrait mieux servir ses propres plans que ce bien têtu légat de la première armée. Il se réjouissait secrètement d’avoir eu affaire à un homme aussi intègre, mais cela le frustrait beaucoup de ne pas avoir su trouver les mots pour faire basculer le Nohtigar dans son escarcelle.

Lorsque son fils évoqua Elyria, Baelor l’écoutant plus attentivement encore. Il avait perçu son trouble et Baelor s’en sermonna silencieusement. Il aurait dû être plus attentif à ne pas laisser ses sentiments filtrer, il s’était relâché et s’était intolérable pour un homme de sa stature, chargé des fonctions qui étaient siennes. Il balaya ses doutes et les paroles de son fils d’un revers de main.

« Non, Daelarys, non ! Tu aimes la mer et c’est là une maîtresse exigeante. J’ai eu l’occasion de m’y frotter quelques fois, je comprends ton attrait pour ce monde. Si c’est sur Elyria que tu dois vivre, ainsi soit-il. Rends-toi sur place et choisis l’endroit qui te plaira. Ma seule demande est que tu assistes à un dîner prochainement ici, avec moi. J’aimerais convier le grand amiral. Le connais-tu ? Daenar Valineon ? Cela vous donnera l’occasion de faire connaissance et pour lui de remarquer tes qualités. Il ne te restera plus ensuite qu’à travailler dur en rejoignant la marine pour rapidement gravir les échelons. »

Baelor était ambitieux pour tous ses enfants mais dans le cas de Daelarys, il devait l’être plus encore car il savait que celui-ci n’aurait jamais la sécurité financière dont disposaient ses héritiers. Dans son esprit, Daelarys devait être amiral, voire remplacer Daenar Valineon le moment venu. Cela s’annonçait pratiquement impossible pour un bâtard mais s’il gravissait les échelons jusqu’à devenir amiral, ce serait déjà une grande chose. Et pour cela, Baelor ferait son possible pour l’y assister.

« Quant au mariage, oui, cela peut être un bon moment… Mais ta naissance illégitime te donne la liberté de poursuivre ce que ton cœur souhaite, si toutefois tu veux céder aux sirènes déraisonnables des mariages d’amour. Il y a peut-être une femme que tu as déjà en vue ? »

Un sourire en coin, Baelor regardait son fils avec un regard dans lequel un éclair d’espièglerie luisait avec des reflets de tendresse toute paternelle. Toutefois, il revint bientôt aux affaires courantes.

« En ce qui concerne ton supérieur actuel, avant que je n’oublie. Il serait bon que tu le sondes sur ses ambitions futures et, idéalement que tu l’assèches au jeu. Pousse-le à se ruiner, et lorsqu’il sera mûr, amène-le moi. Tu saurais t’en charger ? »



Daelarys Nadresyon
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Appartements de Baelor Cellaeron, Tour du Conseil des Cinq, Drivo
- An 1067, mois 4

À la mention de Daenar Valineon, Daelarys leva la tête et porta une attention toute particulière aux propos de son père. Non pas pour Daenar, mais le nom Valineon. Lors de son service militaire, il avait fait la connaissance de Rhaegar Valineon, qu'il considérait aujourd'hui comme son ami le plus proche. Ils ne s'étaient pas vus depuis des années, chacun ballotés entre leurs devoirs. L'un et son commerce, l'autre et l'armée. Il espérait que le marchand allait bien et que son marché était fructueux. Le Nadresyon repensa également à sa sœur, Aemma, pour laquelle il avait toujours eu une attirance certaine. Elle devait être mariée à son frère désormais. Il chassa ses pensées lubriques de son esprit et se concentra de nouveau sur les paroles de son père. Daelarys imaginait très bien les idées qui fusaient derrière la tête de celui-ci.

- "Le temps ne presse pas. Nous sommes à l'aube de quelque chose de bien plus important qu'une simple question d'île. Je suis certain que le moment venu, nous saurons trouver un emplacement adéquat. Et je ne suis pas encore tout à fait prêt à t'abandonner dans ces jungle politique.. " - fit-il en souriant et en posant sa main sur l'épaule de son père - "Je connais Daenar Valineon mais seulement par sa réputation. Je n'ai jamais eu la chance de le rencontrer jusqu'à présent et je ne doute pas que ce repas sera enrichissant pour nous tous. Tu peux compter sur ma présence. "

La volonté de son père de pousser son ascension vers le haut lui tira un léger sourire. Il ne voulait pas lui montrer à quel point cela lui faisait plaisir ou mieux encore, calmait ses angoisses. Il avait toujours eu la peur d'être répudié par son père pour une raison ou une autre. Baelor était son seul repère et le perdre revenait à voir son monde s'effondrer. Mais cela, il ne l'avouerait jamais, par fierté. A l'évocation des femmes et d'un potentiel mariage, Daelarys ne pu s'empêcher d'afficher un sourire narquois. Il aurait voulu répondre avec toute l'effronterie qui faisait son caractère mais il se retint. Se vanter de préférer les femmes lorsqu'elles étaient déjà mariées n'était certainement pas du ton du jour.

- "Non, aucune femme. L'armée et la guerre ne permettent pas ce genre de fantaisies actuellement. Si tu trouves une femme qui satisfait tes ambitions et les miennes, alors c'est d'accord." - fit-il nonchalamment.

En attendant, il saurait fort se satisfaire de présences plus légères et certainement plus divertissantes. Sur ce dernier point, les Cellaeron n'étaient pas les derniers et l'héritage de Baelor ne saurait se perdre.

- "Je me chargerai de Jacaerys. L'une de tes maisons de jeu sera un endroit parfait pour lui. Et pour la mise en place de ta stratégie. Je doute qu'il me refuse la faveur de m'accompagner jouer un peu... " - fit-il avec un sourire en coin.


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