Vous avez quitté le doux climat sec et brûlant de Valyria près de six jours auparavant. A bord d’une galéasse rapide construite pour la haute-mer, vous avez tracé une route directe depuis Gelios vers l’archipel estivien. A cette période de l’année, vous avez évité sans mal les tempêtes d’automne redoutables. La veille au soir, vous avez aperçu les premières îles de ce grand archipel à la réputation unanime. La seule absente est Alynera Vaekaron, la dynaste, ancienne sénatrice et cheffe de famille, reléguée au rang d’épouse. Enceinte, celle-ci a préféré monter son dragon et quitter Valyria plus tard, effectuant le trajet en une fois. Un vol long et exigeant, car il s’agit de partir à l’aube des terres valyriennes pour atteindre les Îles d’Été avant la nuit. En cette fin d’après-midi, votre navire est enfin survolé par une silhouette familière pour quiconque a posé le pied à Valyria : l’ombre portée de Yraenarys, le grand dragon cuivré d’Alynera, est immense.
Votre navire est bientôt rejoint par les élégants bateaux-cygnes locaux. Ces embarcations sont grâcieuses à souhait et d’une vitesse sans équivalent dans le monde connu, grâce à leur complexe système de voilure. Accompagnés d’un dragon, vous faites une entrée fracassante dans le port de la grande cité de Tête d’Ebène. L’île de Jahla ne ressemble à rien que vous connaissez déjà. Par endroits, la jungle semble tomber dans les flots turquoise de cette mer placide. Des grappes d’oiseaux aux couleurs chatoyantes s’envolent régulièrement à la vue du dragon lointain. Vous reconnaissez certains de ces perroquets rouges pour avoir été vendus des fortunes sur le Grand Bazar de Valyria. Vous pouvez apercevoir des dauphins joue dans le sillage des grands navires estiviens. La cité qui se tient face à vous n’est pas fortifiée. Vous constatez qu’elle est construite autour du port et de façon à ne pas gêner son développement, mais bien à l’accompagner. L’architecture démontre de nombreuses techniques différentes selon l’usage et l’origine des bâtiments. Les matériaux locaux sont visiblement suffisamment variés pour permettre des entrepôts en pierre mais pas forcément suffisamment nombreux puisque de nombreuses bâtisses sont en bois ou en terre cuite. Toute la cité est parcourue de couleurs chamarrées et d’une panoplie de sons qui vous parviennent alors que vous n’avez pas encore posé le pied à terre. Vous constatez également que de nombreux navires d’apparat sont mouillés dans le port.
Toisant ce port, bâti sur une falaise de grès rouge, le Palais Vert du prince Shaltoq Xoraq… n’est pas vert. Il s’agit d’une bâtisse impressionnante construite toute en longueur qui semble avoir été étudiée pour jouer avec les courants de l’air tropical du coin. Vous y distinguez sans peine les nombreuses et immenses tentures aux couleurs vives qui virevoltent mollement dans l’air moite.
Enfin, votre navire s’arrime à l’un des multiples quais de la cité portuaire et vous reconnaissez sans mal le sémillant ambassadeur des Îles d’Été à Valyria qui s’est déplacé des semaines en amont pour préparer ce grand rendez-vous. Il vous accueille à bras ouvert, visiblement très heureux de pouvoir faire la démonstration de son influence, tant à l’étranger qu’à domicile.
« Bienvenue ! Soyez tous les bienvenus dans les Îles d’Été et sur Jahla, domaine du grand prince Shaltoq. Je gage que votre voyage a été sans problème ? »
Comprenant que vous n’avez pas de plainte spécifique à lui adresser, il vous fait signe de le suivre tandis qu’une vaste mise en scène mêlant population et élite locales vous accueille dans une haie d’honneur soigneusement élaborée. On vous jette des fleurs fraîches dont chacune vaudrait une petite fortune à Valyria, on joue de la musique, on vous présente les fruits locaux et les épices venues de plus loin dans l’archipel. Tout cela est un ballet bien orchestré qui vous démontre, si cela était nécessaire, de la richesse d’un seul prince estivien. Et les îles alentour en comptent parfois jusqu’à cinquante. Et il y avait une douzaine d’îles. La grande faiblesse des Estiviens résident dans leur fragmentation car nul souverain n’a jamais réussi à imposer son pouvoir à l’ensemble de l’archipel. Cette grande civilisation souffre à l’inverse de luttes intestines permanentes qui affaiblissent considérablement sa capacité à intervenir dans le jeu des grands empires qui se forment en Essos continental. Fédérées, les Îles d’Été seraient sans nul doute d’une puissance comparable à Andalos. Sans cette union purement chimérique, elles ne restent qu’à la marge de l’Histoire, subissant bien trop souvent les raids esclavagistes des Ghiscaris, copieusement et unanimement détestés.
Pourtant, lorsque leur intérêt est en jeu, les souverains estiviens savent se coordonner. La meilleure preuve de tout cela est que chaque princesse et chaque prince a envoyé au moins un émissaire pour assister à votre rencontre avec le puissant prince Shaltoq. Il règne sur la majeure partie de l’île de Jalha, où vous venez de mettre les pieds. Son domaine s’étend jusqu’à la Pointe dorée, en englobant le Val-aux-Lotus et le Val-aux-Pivoines, ainsi que la Baie des Perroquets que vous avez traversé en arrivant. Si c’est pour l’instant Tête d’Ébène qui est la plus grande cité de l’archipel, il lui est arrivé d’être dépassée par Grand Banian ou Pointe-Lotus selon les vicissitudes politiques de leurs souverains.
Arrivés au cœur des jardins qui précèdent votre arrivée au Palais Vert, vous retrouvez Alynera Vaekaron qui fait un atterrissage remarqué, provoquant la terreur des locaux. La plupart des habitants insulaires n’ont jamais vu un dragon de leur vie, peu en ont entendu parler, et encore moins savent qu’ils sont une réalité. Et la créature qui accompagne Alynera n’est pas vraiment la plus chétive du cheptel Vaekaron. L’esprit toujours ombragé, il décolle bien vite pour vous laisser à votre mission. Certains Estiviens voient le grand dragon se diriger vers le large avec inquiétude. Ne va-t-il pas carboniser les petites îles voisines de Xon ou Doquu, voire l’archipel des Osselets ?
Votre entrée tant attendue dans la salle du trône du prince est enfin une réalité. Vous découvrez un endroit de grande richesse et décoré avec tout le faste possible car il s’agit autant de vous impressionner que de rappeler à tous les envoyés des princes estiviens qui est le plus puissant d’entre eux. Des dizaines de bannières aux couleurs vives et emblèmes équivoques vives sont accrochées partout. A côté de ce déchainement de couleurs, Valyria semblerait presque terne. Vous comprenez bien vite que la bannière émeraude sur laquelle figure un hippocampe noir, la plus présente dans la salle et le palais, est celle de votre hôte. Ce dernier vous attend dans une somptueuse tenue de soie verte piquée de perles et de d'or. Autour de son crâne rasé gît une fine couronne d’or et d’émeraudes. A votre vision, il se lève et vous fait signe d’approcher devant tous ces notables qui vous dévisagent. Tous sont assis le long de ce grand tapis jaune que vous remontez. Votre accompagnateur ambassadeur, frère du souverain, prend la parole.
« Mon estimé frère ! Votre altesse princière ! J’ai l’honneur de vous présenter les envoyés de la République valyrienne. Ils ont franchi une mer, chargés de la confiance de leurs dirigeants, pour vous rencontrer et discuter avec vous d’un rapprochement de votre île avec les puissants chevaucheurs de dragons. »
Shaltoq Xoraq, prince souverain de Jahla
Vous constatez que le prince est un peu plus vieux que son frère. Le contour de ses yeux est ridé, tout comme la commissure de ses lèvres. Il porte une courte barbe qui commence à grisonner. Il dégage indéniablement une aura régalienne puissante et vous constatez qu’il ressemble bien plus à un roi qu’autre chose. A ses côtés, l’ensemble des envoyés des autres princes semblent presque des quémandeurs tant le contraste est important dans leur tenue et leur maintien. Certains, toutefois, représentent de manière évidente de plus puissants souverains. Rien de comparable à la puissance que déploie Shaltoq devant vous tous. Lorsqu’il prend la parole, vous entendez une véritable voix de stentor qui résonne sans peine dans l’ensemble de la grande salle dans laquelle le silence se fait immédiatement.
« J’ai pu constater des mes yeux la beauté d’un tel animal. Celui qui vous accompagne, ambassadeurs, est une créature somptueuse. Il doit instiguer la fierté dans le regard des vos alliés et la terreur dans celui de vos ennemis. J’espère avoir de nombreuses raisons d’être fier d’ici à la fin de nos discussions. »
Le souverain n’était pas connu pour faire grand secret de son animosité envers les Ghiscaris. Son frère lui servait une solution idéale pour renforcer la sécurité de son royaume et lui laisser les mains libres pour l’unification de l’archipel. Il claqua deux fois dans ses mains et serviteurs vous apportèrent de larges fauteuils confortables.
« Présentez-vous donc, j’aime savoir à qui je parle. Ensuite, vous prendrez place et nous discuterons. Je souhaite que nos échanges se tiennent devant l’ensemble de ces représentants que vous voyez. Ils convoieront ensuite l’état de nos discussions à leurs maîtres et ainsi, les Estiviens sauront ce que l’Histoire nous réserve. »
- HRP:
Bienvenue dans cette quête diplomatique o/
Dans cette discussion, vous devrez d'abord faire le choix de l'ordre le plus protocolaire pour vous présenter et penser à un cadeau commun - ou pas - à faire à Son Altesse
Une fois que cela sera fait, nous pourrons entamer la discussion sur les points concrets de l'alliance