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Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Dieux, délivrez nous de la Haine
Délicates attentions entre dames

Thermes des nobles dames, Quartier Est & An 1067, mois 4

Ah la douceur des bains au coeur de Valyria. N'existait-il plus parfait endroit pour se prélasser, se soigner ou simplement être vus dans l'appareil le plus simple ? Il était certain que les premiers hommes avaient foulé les terres d'Essos nus, il n'était que le devoir de leurs descendants de pratiquer cette tradition. Les eaux chaudes, réchauffés par le cœur ardent des Quatorze, s'y mêlaient à la glacial tentation de Caraxès. Le beau peuple de Valyria s'y mêlait, parfois y croisait même la plèbe. Evidemment ce n'était de vagues regards, parfois leur proximité était telle que trois murs de marbre les séparaient. La mixité restait en puissance mais bien présente.

Or s'il était une chose que Vaenyra Menaelos appréciait depuis qu'elle avait atteint le Cinquième Cercle, c'était une certaine liberté dans ses mouvements. Les années enfermées au Collège pour étudier sans s'arrêter étaient de lointains souvenirs. Certes, elle travaillait plus dur encore et mettait bien plus sa santé en danger à chaque invocation, mais le rythme dicté était au moins le sien. Son devoir était d'être une citoyenne éminente de Valyria et non plus une apprentie quémandant son bout de pain et de reconnaissance.

Elle pouvait y retrouver ses rares amies au dehors du Collège - où la moindre relation était entachée par les différents Cercles et intrigues. Ici, elle pouvait ainsi retrouver sa tendre et chère Daera par exemple. Ce n'était pas le cas ce matin là où Vaenyra n'était accompagnée que de trois jeunes femmes. L'une était sa belle cousine aux cheveux plus argentés que les siens et les deux autres de simples connaissances. La première aussi grasse qu'insipide et l'autre aussi belle qu'arrogante. Une magnifique paire de chaînes qui mettait à mal la patience de la Mage mais au moins pouvait elle écouter d'une autre distraite leurs commérages incessants, étendue nue sur le rebord d'un bassin d'eau tiède. Une oreille qui se fit soudainement bien moins distraite tant le nom brûla son esprit et sa curiosité.

Que fait-donc la Vaekaron ici ? Voilà des mois qu'on la voyait plus ! grinça l'obèse en secouant ses bajoues.
Quelle dame ! Quelle grâce qui représente bien les Dynastes. Si loin de la froideur de ce Riahenor, il me donne des frissons dans le dos. L'as-tu jamais rencontré Vaenyra ?

La réponse de sa cousine se perdit dans l'esprit de la Magie tant son attention se concentrait sur elle. On ne pouvait aimer une telle femme, une garce faussement bigote. Elle usait de sa beauté comme une putain de ses atouts mais elle n'avait pas la bonne grâce d'avaler la couleuvre ! La haine brûlait au plus profond de Vaenyra tandis que le venin de la jalousie distillait son goût amer dans la bouche. Ses lèvres se pincèrent et elle rejeta sa chevelure encore humide en arrière d'un geste inconscient. Elle haïssait Alynera depuis des années, de sa grâce à la relation particulière qu'elle avait avec Jaenera. Que son modèle puisse se compromettre avec ces Dynastes lui hérissait le poil.

L'absence, ou plutôt la discrétion, de celle qui se disait la princesse de Valyria avait été une brise bienvenue, non pas qu'elles aient le malheur de se croiser souvent. Maintenant que sa némésis semblait revenue d'entre les morts, Vaenyra lui trouvait bien mauvaise mine, faisant ainsi les frais de ces langues de harpies ghiscaris de ces compagnes. Vaenyra se délecta, sans rien en laisser montrer, de leurs remarques sur ce ventre qui poussait - son état n'était plus gère un secret pour la bourgeoisie de Valyria - son air fatigué et ses cernes plus profondes que la Fosse.  La Mage se laissa couler dans l'eau avant d'en ressortir pour mieux s'étirer et montrer son corps encore ferme et jeune, malgré ses trente années passées.

Mesdames, taisez vous donc ! Il ne fait pas bon de médire sur une telle dame. dit sèchement Vaenyra avant de croiser le regard d'Alynera et d'hocher lentement la tête à son attention. Il ne vaut mieux pas prêter attention à un enfant dont on ne sait si le père est l'époux... Oun de ces soldats à qui son offre l'offre pour la dévoyer et s'attirer leurs faveurs. De simples rumeurs mais cela expliquerait pourquoi elle prie si ardemment le pardon. reprit elle juste assez fort pour être entendue alors que les trois femmes éclataient d'un mélange de rire gras, cristallins et surtout moqueurs.  




Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Vaenyra

Thermes, Quartier Est & An 1067, mois 4

Malgré les excellents soins prodigués par les mage-médecins, la santé d’Alynera Vaekaron s’amenuisait. Son voyage dans les Îles d’Été avait suscité un effort trop important. Depuis son retour, elle souffrait dans ses appartements. Les potions, au goût âpre, qu’elle avalait à longueur de jour la protégeaient désormais de régurgiter l’eau de son corps, ultime malédiction pour un valyrien, mais n’empêchaient pas les migraines écrasantes. Les maux, quels qu'ils soient, demeuraient incoercibles. Le dragon qu’elle portait en son ventre était tant vorace que son corps s’était creusé, laissant son corps, autrefois ciselé et musclé, maigre et hagard. Les autres la regardait tantôt avec pitié, tantôt avec grande admiration : la semence des Vaekaron possédait une énergie créatrice si puissante, trop peut-être pour une femme ! Ce que les mage-médecins ne savaient pas c’est que lorsqu’ils la pensaient confinée dans ses appartements, Alynera fomentait aux côtés de son oncle-époux le retour des dynastes au pouvoir. Contre son gré, Ragaenor avait bien du accepter son aide et son œil sur la situation. Son expérience de sénatrice et de femme de la haute société valyrienne, rendait son appui indispensable à lui qui avait passé la plupart de ses décennies dans une vaste bibliothèque. 

Ces derniers jours, les savants, fort de leur sagesse sur le sang divin, avaient conseillé à Alynera de faire des bains de chaleur. Ils étaient persuadés que l’enfant à naître rugissait déjà de son Épreuve du Feu à venir et que la mère devait contenter son impériale humeur. L’hypocauste centenaire de la Tour Vaekar était cependant trop vétuste pour apporter tout le confort nécessaire à sa condition. De plus, il était impératif que le peuple continue à la voir quotidiennement. Après-tout elle était pour lui leur « princesse », selon le propre terme que les valyriens lui avait donné enfant pour avoir partagé son repas avec un mendiant des rues. Et, avec les événements à venir, il était primordial que ce lien ne soit pas brisé. Bien évidemment, ce n’était pas dans les thermes, qu’elle rencontrait les pauvres gens mais son passage dans les rues avait le don de toujours galvaniser la foule.



« Là, je vais garder tes affaires noble Dame-Dragon Alynera. »



L’employée vérifia que toutes les affaires de la dynaste étaient correctement pliées, pendant que la servante personnelle de sa cliente déroulait le strophium maintenant sa gorge. Les mains le long de sa colonne, cette dernière s’étira quelque peu. Sa poitrine était devenue bien épaisse et bien lourde. Habituée à la jeune femme, familière des lieux depuis son adolescence, et surtout aux attentes des hautes naissances, la gardienne ferma le casier avant de baisser obligeamment la tête. Ses yeux s’empêchèrent, avec quelques difficultés, d’observer le corps changé de la Princesse. Ainsi, les rumeurs des autres étaient donc vraies : la lignée de Vaekar était fortifiée ! Les préparations terminées, Alynera se dirigea vers le caldarium, un voile de lin léger autour du corps, changeant ainsi quelque peu l’ordre traditionnel d’une séance. 

Comme à l’ordinaire, depuis l’assassinat de Lucerys Arlaeron, les thermes étaient peu peuplés. Rares étaient encore les épouses et leurs filles à fréquenter l’établissement. La plupart préféraient désormais se retrouver entre elles, dans la demeure de l’une ou de l'autre, afin de ne pas risquer de croiser ancienne accointance. Fière de son ventre et sûre de son statut, Alynera considérait qu’elle était bien au-dessus de cette officieuse loi. Les employés des thermes étaient payés au client, il était du devoir de l’aristocratie de ne pas affaiblir cette caste de travailleurs.

Lorsqu’elle arriva dans la vaste pièce, au marbre blanc étincelant, une dizaine de femmes, dont un groupe de trois rieuses, étaient présentes. D’ordinaire, elle préférait la quiétude de bains privatisés étant accompagnée de sa cousine et les bains étant relativement calmes elle n’avait pas jugé nécessaire de le faire. De plus, elle ne devait pas perdre l’objectif politique de ses apparitions publiques. D’un sourire bienveillant, elle salua ses compagnes matinales sans réellement les regarder. Mais alors qu’elle se dirigeait vers le bassin elle entendit une turbulente et résonnante défense. 



« Mesdames, taisez vous donc ! Il ne fait pas bon de médire sur une telle dame. »



L'effusion étant telle Alynera fut bien obligée de poser son regard sur la jeune cantatrice. Et, ainsi, reconnut la jeune femme qui quelques instants auparavant riait avec ses compagnes. Vaenyra Menaleos. L’inquiétante Mage du Cinquième Cercle. Un moment suffit pour qu’elle comprenne que la situation était désagréable et glissante. Malgré son salut, la manière dont la Mage lui offrait son corps en spectacle n’avait rien de cordial. À ses côtés, le corps de Vaessa se dressa. Elle n'avait pas le tempérament noble de sa cousine-mère qui, très peu intéressée par ce qu’on pouvait raconter d’elle, du moins en apparence, lui rendit avec respect sa salutation s’apprêtant à continuer son chemin. Cependant, c’était son compter la volonté vindicative de la collégienne, bien décidée à faire d'elle son ennemie du jour.

« Il ne vaut mieux pas prêter attention à un enfant dont on ne sait si le père est l'époux... Ou un de ces soldats à qui on l'offre pour la dévoyer et s'attirer leurs faveurs. De simples rumeurs mais cela expliquerait pourquoi elle prie si ardemment le pardon. »



À ces insultes terrifiantes, le corps tout entier de la Vaekaron s’arrêta. Il lui était difficile de réprimer la tempête furieuse que son feu magique faisait naître en elle. D'une main elle fit signe à la fille de Ragaenor de ne pas régair. Depuis sa prime enfance, la descendante de Vaekar était habituée aux réactions les plus étranges de la part des autres. Elle était née dans l’une des trois familles divines de ce monde, même les roitelets des contrées étrangères n’étaient rien face à ce statut. Contrairement à qu’on pouvait imaginer, elle ne tirait de ce statut aucun orgueil particulier mais davantage une déférence de chaque instant envers cette lignée légendaire. Aussi, les paroles bien basses de Vaenyra n’étaient pas pour la perturber outre mesure. Malheureusement, ce n’était ni la première, ni la dernière, à tenter de l’ébranler par des rumeurs aussi fausses que peu imaginatives. Las, la jalousie des mortels était bien trop prévisible.  !

« Dois-je demander à les faire sortir, mère ? »

Les yeux d'un brasier violacé, Vaessa toisait la Mage délurée. Si ce n'était qu'à elle de réagir, elle l'aurait jetée dehors en lui empoignant les cheveux jusqu'à lui en décoller la peau. Mais, d’un geste inébranlé, sa cousine-mère laissa son pagne tomber à ses pieds parfaits. Cette dernière n’avait à rougir de rien, si ce n’était de la bêtise humaine... qui malencontreusement, cette fois-ci, provenait d'une femme au sang pur.



« Ce ne sera pas nécessaire. »



Le regard d'Alynera demeurait calme et serein alors qu’elle toisait à son tour Vaenyra. Elle n’avait pas vu la Mage depuis longtemps, mais cette couleur de cheveux était toujours aussi étrangement barbare. Une tare qui dévoilait bien toute la méchanceté de son âme. 


« Prends garde Vaenyra, ta langue un jour pourrait bien un jour t’étouffer. »



Sa voix ne s’était faite aussi forte, mais le timbre avait été aussi haut. Elle ne serait pas affectée de cette engeance sournoise. Et, d'un front magnanime, elle salua les trois compagnes. Si il ne faisait nul doute que l’une était physiquement plus avantagée que l’autre, elle les trouve réellement affreuses et d’une vulgarité qui lui fit regretter de ne pas avoir privatisé sa propre piscine. Sa main prenant appuit sur celle de Vaessa, elle s’immergea dans le bassin pour aussitôt se diriger vers deux dames, dont la famille était cliente de la sienne depuis des siècles, membres de la faction religieuse. Tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Les deux Dames, vénérables elles, semblaient bien marries de la situation et embarrassées de se retrouver à côté d’une telle hystérique. Elle tentèrent de maitriser leurs voix.



« Alynera, tu es resplendissante ! Ta défunte mère doit se réjouir du pays des morts. »



« Vois Vaessa comme ta cousine, mère, est, décidément, la préférée de Meleys. »



Alynera sourit, secouant la tête de toutes ses ondulations argentées. 


« Mon père Arrax m’a bénie, il est vrai… et chuchotant pour tenter de faire oublier la crise insensée de la Mage, … mais avouons que j’ai une mine affreuse. » 

Mais alors qu'elles riaient, d'un rire légèrement emprunté, Alynera ne put s'empêcher de frémir intérieurement. La vermine avait bien de l'outrecuidance ! Que les Quatorze soient témoins, elle se vengerait de cet affront !




Vaenyra Menaleos
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Mage

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Thermes des nobles dames, Quartier Est & An 1067, mois 4

« Prends garde Vaenyra, ta langue un jour pourrait bien un jour t’étouffer. »

Le rire cristallin et moqueur poursuivit la belle emplumée jusqu'à son bain. Vaenyra n'aurait pu espérer meilleure réponse de la part de son ennemie désormais déclarée. Se toisant avec l'amour d'un ghiscari pour Valyria, les deux femmes signèrent ce pacte de haine tacite spécifique au beau sexe. Les langues déliées frapperaient et l'encre coulerait. Nul besoin de la violence propre aux hommes, la beauté d'une joute verbale s'enrichissait là où la guerre n'était que le cimetière des espoirs perdus. Vaenyra pleurait le sort de son frère, disparu dans les méandres de Borash et bien plus encore, ce geste anodin qui avait emporté Athelor. Le goût de son sang imprégnait les lèvres de la Mage à l'heure du hibou lorsque les souvenirs de son corps déchiqueté lui revenaient, hantée par ce regard terrifié. Athelor était mort sans se jamais douté avoir été trahi. Seule Vaenyra payait le prix des vivants: la culpabilité.

Tu viens de te faire une ennemie mortelle Vaenyra ne put s'empêcher de commenter sa cousine, la ramenant à la réalité douceâtre des thermes. La concernée cligna des yeux quelques minutes avant d'observer le visage angélique d'Alysanne. Aussi belle et cultivée soit sa cousine, elle ne pouvait comprendre les sentiments ardents de Vaenyra pour la dynastie des Vaekaron et en particulier leur princesse. 

Je n'ai fait que répéter ceux que les mauvaises langues du peuple radotent. J'ai beau détester cette Mantarienne*, j'espère tout de même qu'elle sait garder le sang de ses descendants purs.  

Je parlais plutôt du regard de sa fille, elle aurait pu d'égorger vive sous les yeux des Dieux.  

Oh ce n'est rien. La jeune éphèbe n'attends que d'être fécondée  par un dragon

Retournant se réchauffer dans l'eau, Vaenyra ne pouvait s'empêcher qu'elle tenait une occasion parfaite pour se confronter à sa némésis. Insouciante de son esprit fragmenté la poussant à se faire une ennemie dangereuse, elle jouissait du moment présent. Pourtant, elle était consciente de ne pas vouloir s'embarquer pour un esclandre digne d'une dispute entre putains. Elle souhaitait s'opposer intellectuellement à Alynera. Faisant signe à sa cousine, Vaenyra commença à nager en direction du groupe formé autour du dynaste. Aussi ardente fut la haine de cette dernière envers la Mage, celle-ci était une membre admise de la communauté religieuse et son implication dans l'accident du Navarque lui procurait une réputation de défenseur des Temples. Vaenyra s'était construire par son mérite et non par quelques bontés et dons bien placés.

À ses côtés, Alysanne était une prêtresse de Tessarion qui officiait auprès de nombreuses familles de la bourgeoisie. Loin des cercles de pouvoir, sa gentillesse et sa modeste lui valaient la reconnaissance de bien des marchands et artisans dont elle savait se défendre pour avoir grandie parmi eux. En d'autres termes, la bienséance ne pouvait leur voir se fermer les portes du groupe, et ce malgré les paroles de Vaenyra quelques instants auparavant.

Mesdames... salua chaleureusement Vaenyra avec son sourire le plus coquet dont elle avait le secret. Alynera, Dame Dragon. reprit-elle plus froidement et d'ignorer royalement la nièce-fille de son ennemie. Permettrez-vous à ma cousine et moi-même de nous joindre à votre compagnie ? Les bains sont si vides à l'heure sombre que nous vivons... Se prélassant contre le mur et savourant les bains plus chauds qu'Alynera avait choisis, Vaenyra observa cette dernière du coin de l'oeil. Que pensez-vous des derniers évènements ? Avec la présence de notre Inquisitrice au coeur même de votre palais, vous devez bien avoir une position sur la question... Où n'êtes-vous qu'une femme pâlotte sans capacité de raisonnement ? sous-entendait le ton de Vaenyra malgré son sourire chaleureux.

*Image de femme sexy, fatale, poupée, souvent dessinée à la va-vite sur les murs des bordels, équivalent de la pin-up valyrienne

Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Vaenyra

Thermes, Quartier Est & An 1067, mois 4

Depuis la création de Valyria, chaque génération, les Vaekaron se transmettaient bien des choses. Savoirs, légendes, prophéties, serments, code de conduite… la liste était aussi longue que le temps des humains s’écoulait trop rapidement. Il y avait pourtant une règle, simple, aussi solide que le carmeltazite connue de tous : en public un Vaekaron ne livrait jamais son opinion personnelle. Il pouvait la donner en qualité de Triarque, de Sénateur ou d’Enfant des Dieux, mais, au-delà de ces magistratures, jamais, rarement, un descendant de Vaekar laissait entendre son opinion publique.  Leurs desseins demeuraient aussi mystérieux que leur Tour désuète et leurs austères manières. Élevés au rang des demi-dieux, ils s’assuraient ainsi que les rumeurs, les conjectures, les spéculations les concernants soient minimes. Avant la Révolte des Dragons Verts, un mot d’eux signifiaient la vie ou la mort. Déchus, leurs ailes écaillées arrachées, leurs pensées tues, leur ressort intime, demeuraient leur seul pouvoir.



À l’effluve particulièrement nauséabond de la Mage, les deux Dames, pieuses, baissèrent la tête sans répondre. Leur rang, aussi respectable soit-il, ne leur permettait pas de se mettre en travers du chemin d’une Mage du Cinquième Cercle, accompagnée d’une prêtresse du sacerdoce de Tessarion. Il revenait à Alynera, seule, voire à sa nièce, quoiqu’elle cette dernière n’ait pas encore fait son rêve de Meleys, de réagir à l’affront. Pourtant, mis à part un regard étrangement opaque sur la jeune Mage, rien ne vint. Alynera Vaekaron demeurait murée dans une indifférence terrifiante, alors que ses doigts se laissaient bercer par les légers remous de l’eau. Au rythme calme du bassin, dans les nuages de la chaleur bienveillante, elle comprenait enfin. Ainsi, il s’agissait donc d’une simple colère. La jeune Mage souffrait d’un hybris consumé par la plus vilaine des flammes de ce monde, une jalousie possédée. Au fond d’elle-même, la dynaste souriait de toutes ses dents. D’aucuns se battaient donc encore pour le prestige de l’accès à la Tour. Toute cette méchanceté, offerte, pour simplement effleurer l’ombre de leur légende. Ha, tout n’était pas perdu ! Elle pouvait sentir un scintillement d’or parcourir son être, la poussière divine de sa haute naissance. Oui, l’accès au Collège leur était donc bel et bien ouvert… Cette pensée allégea ses humeurs trop flegmatique.



« Au cœur de la bibliothèque, Vaenyra. »



Sans la regarder, sa voix corrigea à mi-voix l’effrontée — du reste, cette dernière ne le savait que trop bien, puisque l’accès lui avait été refusé. De qui pénétrait dans le monde de l’Érudit, Alynera n’avait aucune emprise. Afin de réconforter sa position de cadet, Lorgor avait amadoué son frère avec les clefs d’un royaume où la seule armure était le savoir. Même elle, aînée de tous les aînés, ne pouvait y accéder comme elle le souhaitait. Le gardien de ces abîmés était féroce, protecteur de vérités dissimulées. Il fallait, chaque jour, porter son honneur haut pour espérer passer les portes de cette cité enfuie. Aussi, comment cette petite peste osait-elle se penser supérieure à son sang ? Elle n’avait qu’à ravaler sa fierté, comme elle-même le faisait bien, et accepter le jugement du Maître. Hélas, aveuglée par sa jalousie égoïste, elle ne pourrait jamais comprendre. Jaenera était encore une enfant lorsque Ragaenor avait accepté de la prendre comme pupille. Tous deux avaient un lien indestructible. Certains pensaient qu’il la voyait comme une fille, mais en vérité elle était pour lui un instrument. Sa vengeance envers le coup que le Collège leur avait porté. Le meurtre de l’une des leurs. Pour autant, elle n’était pas au cœur même de leur palais. La Tour était réservée aux descendants de l’une des trois primogéniture de cette terre. Qu’importe la puissance du sang, qu’importe le pouvoir qu’ils pouvaient représenter, les autres n’y logeaient jamais. Et cela n’avait jamais fait aucune exception, même pour celle qu’on surnommait « La presque dynaste. »



« Afin de respecter la neutralité que le Collège impose, je crois qu’il serait préférable de questionner Alysanne. Malgré l’impartialité du Clergé, une envoyée de Tessarion, aussi douce et généreuse, doit certainement pouvoir nous parler des plaies actuelles qui sévissent à l’intérieur des foyers de notre Cité. »



Alynera était bien magnanime de s’adresser à ces jeunes bécasses. Elles n’étaient pas les bienvenues parmi ces eaux divines, ces perfides le savaient très bien. Pour autant, elle aurait arboré devoir en arriver à un esclandre. Et, à dire vrai, elle n’en aurait pas eu la force physique, ni mentale, car maintenant qu’elle était dans une eau à température tolérable, ses maux tout entier semblaient vouloir s’abandonner à la quiétude. Son corps s’était déjà détendu. L’enfant à venir semblait paisible, fièrement bercé par le toupet dynaste de sa génitrice. Bien entendu, la majorité des Mages n’étaient pas neutre. Attachés à leurs familles, leurs époux ou épouses, ils avaient dû, comme tous les autres, choisir un camp. Il était de notoriété commune que l’Inquisitrice avait participé à ses côtés à l’ambassade dépêchée dans les Îles d’été. Quant à Vaenyra on disait qu’elle supportait les Bleus, de manière plus ou moins officielle. Ces Mages, à défaut de Jaenera peut-être, n’en étaient pas moins rattachés au Collège qui lui ne s’était pas prononcé. Du moins, pas encore. Tôt ou tard il devrait prendre partie, il devrait se prononcer en faveur d’une faction. Et cet assentiment devait tout entier aller aux Dynastes. 


« Parle, prêtresse, nous t’écoutons avec intérêt et attention. »



Couchant sa tête sur le coussin que sa servante déposa sur le rebord, elle lui offrit un sourire encourageant et calme. La douceur d’Alynera était, cependant, très loin d’être candide. Il y avait une sorte de punition farouche d’offrir tant d’importance à des âmes aussi viles. Passer au-dessus de leurs moqueries, c’était leur renvoyer toute l’âpreté de leur caractère. À ce jeu, la princesse avait presque trois décennies d’expérience. La Mage était, certes, connue pour être redoutable mais ce n’était rien comparé à ce qu’il attendait si elle persistait à s’en prendre publiquement à une Dynaste. Elle comprendrait bien assez tôt que les mortels, tels qu’ils soient, finissaient toujours pas ployer devant le poids de leur héritage. Et puisque ces sangsues étaient désormais là, bien accrochées de leurs dents acerbes : il fallait donc les empoisonner en eaux troubles.


Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Vaenyra n'aurait jamais cru être capable de pouvoir jeter un sort de silence aussi efficace de son existence. Les maîtres du Collège se seraient regardés avec circonspection mêlée de respect. Il était temps pour le monde de cesser de voir les Mages comme de vulgaires érudits sans aucune attirance  pour le sang, le sexe ou la politique. Ils y goûtaient dès leurs plus jeunes années et jusqu'à la guerre récente, la plupart des membres des Cercles Supérieurs avaient tué bien plus qu'un vétéran. Le sang le plus puissant coulait dans leur veine et la parole divine elle-même s’épanchait de leur bouche. Plongeant la tête dans l'eau, Vaenyra laissa ses cheveux se plaquer contre son crâne alors qu'elle remontait, leur coeur battant de fierté.

Échangeant un regard avec sa cousine, elle se permit de sourire. Évidemment, les deux dames n'auraient osé intervenir dans une discussion entre une Mage et leur chef de file. Elles étaient bien trop occupées à téter ses lourds mamelons pour un peu de reconnaissance, sans se douter qu'ils seraient bientôt ravagés par une nouvelle bouche, non moins petite qu'avide. Prête à saluer son adversaire d'autre pique, Vaenyra sourit doucement et prit appui contre le rebord du bassin. Aussi vicieuse qu'une wyrm, Alynera la frappa au creux des reins. Piquée au vif, la Mage se retourna, le visage soudainement fermé et froid.

Nul ne doute que l'accès à la bibliothèque de certains a coûté l'escalade d'une Tour.

Peu lui important à cet instant de critiquer ouvertement Jaenera, même sans la nommer. Les lagues se déliaient enfin et elle pouvait voir toute l'arrogance impudente d'Alynera éclater au grand jour. Aussi douloureux son venin soit, l'esprit de Vaenyra était suffisamment pour l'écraser, le transformer et le réinjecter avec plus d'ardeur. Il était clair que la dynaste se croyait au-dessus des autres de par l'ancienneté de sa famille. Qu'Arrax ait donné le pouvoir de dompter les dragons à ces trois ancêtres, Vaenyra n'en doutait pas. Ils n'étaient pourtant rien - et même son soutien pour la faction bleue n'était pas du fait du mégalomane Riahenor.

Une si noble Dame doit savoir que la neutralité du Collège est un choix du Magister et de ses membres de par notre puissance. Notre sagesse nous empêche de commettre les erreurs du passé en laissant une oligarchie aux relents dynastiques s'imposer.

Dans le fond, Vaenyra ne voulait pas la dominance des siens. Leur pouvoir était quel que nul ne saurait leur résister. Une technocratie sans pareille pouvait régner à tout instant au Sénat et éclipser jusqu'aux racines poussiéreuses de son histoire. Malgré tout, les Mages n'étaient que les serviteurs de l'appareil de l'Etat et s'assurer de son bon fonctionnement par leur pouvoir. Nul besoin de dominer l'exécutif quand l'administratif ne demandait qu'à être parfaitement efficace. L'affaire du Navarque lui avait démontré son utilité en tant que censeur et prêteur aux côtés des Temples. Évidemment, Alynera n'était pas capable de voir plus loin que son prestige terni par les ans et la crasse.

Je te remercie noble dame Alynera. Puisse ma Maîtresse t'accompagner au terme de ta grossesse sans douleur ni plaie. commença doucement Alyssane, respectueuse, mais non pas moins farouche. Il serait mentir de dire que le clergé de Tessarion apprécie de voir l'armée parmi nos murs. L'art périclite alors que la seule musique qui s'élève de notre joyeuse cité est celle de son pas cadencé. Où se trouve l'art ma noble dame lorsque les seules statues sont ces éphèbes peignant la toile blanche de nos maisons par le sang versé des innocents ? Où se trouve le savoir lorsque notre seul apprentissage est celui des horaires dictés par l'Homme et non les Quatorze ? Où est la guérison lorsque les Légats tournent le couteau dans la plaie, jour après jour ? Non, noble dame, je n'apprécie pas les récents évènements et Tessarion geint de peine dans le carcan de cette prison qu'on lui offre dans nos esprits désormais.

Vaenyra avait le souffle court, les sens excités par la tirade de sa cousine. Les Quatorze savaient qu'elle pouvait se donner à Syrax pour les quelques moments d'intimité passionnelle avec Alysanne. Détournant le regard, elle observa plus attentivement Alynera. Qu'aurait-elle à répondre cette fois-ci ? Le serpent enserrait sa gracieuse gorge et il ne devait guère plus rester de chuchotement à ce toupet ingrat, aussi étrange puisse être cette créature de Sothoryos.



Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
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Vaenyra

Thermes, Quartier Est & An 1067, mois 4

La complainte de la prêtresse entonne dans l’eau quelques sortilèges secrets. À chaque phrase, chaque mot, chaque syllabe, les eaux semblent s’agiter de plus en plus. La tête délicatement posée sur un coussin de soie, Alynera ne sent que trop tard le mal qui l’accable. Tout autour d’elle le sang versé par les innocents. Les tourments de la mer de Douleur la lèchent de leur écume sanguine. Elle peut entendre raisonner tout autour d’elle les rugissements des dragons tandis qu’elle cherche éperdument le corps de son frère puîné. Taelor. Silencieuses, ses cordes vocales s’épuisent à vouloir être plus fortes que le chaos environnant. Et puis, toujours cette même écume lorsqu’on lui dépose sur ses bras noirs le dernier casque d’argent. Oui, elle peut les voir, ces hérauts de mauvaise augure, par cinq fois, arriver un à un, franchir les grandes arcades antiques vaekarienne pour apporter la nouvelle endeuillée. Que le palais, soudain, lui semblait immensément vide ! De Quatorze dragons vernaculaires, il n’étaient plus que six ! Le sang lui monte dans ses narines tandis que l’illusion se mélange aux bruits des pas cadencés de l’armée martelant les pavés de leur cité marbrée. Sa gorge s’abreuve de cette once métallique, savamment salée, tandis que les six processions de ces dernières années gravissent, d’un pas établi, vers les Quatorze flammes. Dans la complainte de la prêtresse chantent les derniers pleurs des dragons tandis que, rendus à un été sauvage, ils prennent leur dernier envol. Du chaos des hommes, de leur hybris mortel, que observent-ils de là-haut ? Et, ici-bas, quels étaient donc les desseins de ces hommes qui voulaient encore accabler leurs jours et leurs nuits d’une guerre essoufflée ? Sous les écailles de ses paupières, dures et immobiles, nageaient quelques larmes épuisées. Ce timbre, cette force volontaire, droite et juste, n’était pas sans lui rappeler son doux ami… depuis trop longtemps disparu dans les horizons des cieux. Elle eut un sourire, sans que personne ne puisse réellement en déchiffrer la teneur tant il semblait loin, à des centaines de kilomètres d’ici. Où se trouve le savoir lorsque notre seul apprentissage est celui des horaires dictés par l'Homme et non les Quatorze ? Où est la guérison lorsque les Légats tournent le couteau dans la plaie, jour après jour ? 


« Tu parles avec honnêteté prêtresse Alysanne. »



Derrière elle, la présence protectrice de sa fille-cousine se resserre. La folie des hommes avait brisé, irrémédiablement, la destinée de Vaessa. « La veuve vierge » l’appelait-on dans le susurrement silencieux des pierres. La jeune dragonne dont les trois fiancées avaient péri sous la larme de la Harpie. Si jeune et déjà vouée à demeurer une ombre de mystère supplémentaire dans cette vaste Tour. La pauvre enfant, les paroles de l’envoyée de Tessarion n’avaient pu la laisser de marbre ! Dans ces eaux, souillée, illusionnées, trompeuses, où les mots étaient des armes aiguisés, la Vaekaron sentit son cœur se joindre au sien. Il lui semblait, les blessures ouvertes, les cicatrices heureuse de la guerre, qu’ils étaient désormais inébranlable… immolés sur l’autel de ces autres qui se pensaient tant supérieurs à eux.



« Depuis que je suis entrée dans ces thermes, tes mots sont les premiers à faire preuve d’honnêteté. Ils t’honorent, tout comme ta probité. »



Tel un dragon longtemps assoupi, Alynera réouvre doucement ses yeux. Reptiliens, ils montent vers la petite assemblée alors que l’intérieur de son ventre brûle d’un feu nouveau. La densité spodumène de son regard se pose sur la jeune Alysanne alors que quelques cils chassent les dernières perles de larmes. La Vaekaron semblait consumait par la flamme de cette Cité, de celle du monde, comme si tous les maux s’étaient forgés en elle.  Malgré les écarts de conduite précédent, elle était réellement reconnaissante envers la jeune femme de discours informel. Maintenant, peut-être, pourraient-ils mettre derrière eux toute cette folie des premières mensonges.



« Tandis que Tyraxes et Vhagar se disputent dans l’infini des astres, nos cœurs saignent avec le tien, celui du peuple et celui des Dieux. Il est difficile de ne pas voir cette situation comme un outrage, porté par quelques mortels, aux portes des Quatorze Flammes. Mais par delà les maux qui nous déchirent et séparent nos familles, ne penses-tu pas que le savoir et l’art, présents providentiels, possèdent encore la capacité de nous unir ? Alors que les coupables sont activement recherchés par nos meilleurs soldats, la Cité a encore besoin du chant du monde. Cette prison dans laquelle nos esprits ont enfermé la déesse Tessarion, dis-tu, il ne tient qu’à nous d’en abattre les murs. Les militaires, toute loi martiale entendue, n’ont aucun empire sur nos agissements civiques et cultuels. Le clergé de Tessarion, tout comme les autres, devrait être au-dessus de ces contingences mortelles. Je vois que tu l'es, en tout cas. »



Alynera ne souriait pas, elle ne souriait plus. La question était trop grave pour être paradée. Les Quatorze étaient flagellés, chaque jour nouveau, cela lui était insupportable. N’avait-elle pas prononcé ces graves mots quelques jours auparavant : « je me plains à vous, je me plains aux Dieux » ? Oui, tous ceux qui oubliaient, tournant leurs dos aux beautés du monde, la filiation cosmologique de cet univers était des êtres plus dangereux encore que leur invisible ennemi. Ils les pousseraient à leur perte. 
Pour les Dieux immortels rien ne passait comme une insulte !

« Vaenyra, toi dont les humeurs biliaires semblent être exacerbées par les évènements qui nous entourent, depuis de trop nombreuses semaines il est vrai, qu’as-tu à rajouter aux propos de ta cousine ? »


Vaenyra Menaleos
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Mage

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Thermes des nobles dames, Quartier Est & An 1067, mois 4

A l'image de son ennemie jurée, Vaenyra ne put s'empêcher de réfléchir aux paroles de sa cousine. Les récents évènements pouvaient être des châtiments divins. Chacun des Quatorze eut apposé à sa griffe empourprée sur la charte du lien les unissant au peuple de Valyria. Contrairement à Alysanne, la Mage était tolérante et ouverte d'esprit quand venait la question du mystique. Elle croyait malgré tout à la balance. Valyria payait le prix de ses fautes et son orgueil. Au plus profond d'elle-même, Vaenyra ne pouvait se pardonner la mort de son frère à l’époque où elle avait fait couler le sang.

Les yeux écarquillés d'horreur de son némésis d'alors resurgirent dans son esprit. Ses propres pupilles se dilatèrent d'angoisse et un rictus, que toutes manquèrent par chance, déchira son beau visage. Sournoise eau divine, la folie prenait racine peu à peu dans l'esprit de la Mage. À jamais hantée par le souvenir de son crime, à jamais endeuillée de la mort des siens. Elle trouvait un profond réconfort dans la peine de Alynera et pleurait tout à la fois ces hommes disparus trop tôt. Aussi bouleversée que perturbée, Vaenyra ne put s'empêcher de penser mesquinement que les fautes des Vaekaron devaient être cent fois supérieures aux siennes. Par cinq fois le glas des hérauts de la mort avait résonné, et par cinq fois un dynaste s'était effondré.

Tu m'honores trop, Dame Alynera. Je suis désolée que nos paroles aient pu effleurer tes chastes oreilles, nous ne faisions que suivre la voie de la connaissance pour mieux démentir ces fades apostats.

Vaenyra tourna vivement la tête vers Alysanne et son regard s'étrécit légèrement. Les Quatorze bénissent et maudissent cette femme ! La délicatesse dont elle faisait preuve pour s'amender, sans nier les faits, n'appelait qu'au pardon. Malgré tout, Vaenyra ne le désirait pas. Observant le regard reptilien d'Alynera, elle ne pouvait nier sa beauté passée et revenue par la grâce de la grossesse. Son ventre se noua malgré elle en songeant qu'elle ne porterait jamais la graine de son frère non plus. Mue par l'esprit tragi-comique de la haine transie d'amour,  Vaenyra se jura que jamais elle ne toucherait physiquement la dynaste ou sa descendance. Leur combat serait celui des Cieux et du verbe ; Tessarion en soit témoin.

Aussi Vaenyra ne put s'empêcher de sourire d'un air satisfait tout en hochant la tête respectueusement. La Princesse croyait signer l'arrêt des hostilités en se confessant et pourtant, elle concédait une modeste victoire à la Mage. Malgré elle, elle but ses paroles, les analysa et les décortiqua. Rien dans les déclarations de la dynaste ne pouvait la surprendre. Elle désirait le pouvoir pour les siens et uniquement les siens. Ne comprenait-elle pas que le châtiment qui leur avait été infligé les marquées à jamais de l'opprobre des Dieux ? Leur destinée était de servir le régime et non le réclamer pour leur ego personnel. L'hybris des puissants brillait une nouvelle fois de sa fadeur. La mine aussi sérieuse que son interlocutrice, Vaenyra rejeta les épaules en arrière et observa longuement la dynaste et sa cousine-fille avant de répondre d'une voix rocailleuse, brisée par les pensées sinistres invoquées par cette discussion.

Ce que tu crois être des humeurs biliaires ne sont que le reflet de notre société gangrénée par la corruption et le vice. laissa-t-elle échapper. La guerre contre Ghis était une épreuve des dieux que nous avons brillamment réussie pour mieux échouer. La folie d'un petit nombre met en danger notre peuple tout entier. Ce sont les heures les plus sombres de notre époque que nous vivons Alynera. Meurtri et blessé, le dragon de la République semble désirer qu'une chose : qu'on abrège ses souffrances. D'un mouvement de la tête, Vaenyra laissa ses cheveux encore mouillés s'éparpiller telle une aura... ou des ailes draconiques. Mais les dynasties ont su nous prouver que le dragon, même mourant et blessé, peut mordre à mort si on lui laisse une chance... S'approchant d'Alynera, Vaenyra la regarda droit dans les yeux et lui sourit. C'était le premier sourire sincère et chaleureux à destination de la dynaste depuis leur première rencontre des années auparavant. Je crois que ma cousine a raison. Nous payons le prix de l'orgueil des hommes et défendre les institutions bâtis par nos ancêtres et acceptés par les Dieux est la voie de la rédemption... Dis moi Alynera, que sais tu de l'art de la chromatographie ?






Alynera Vaekaron
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Vaenyra

Thermes, Quartier Est & An 1067, mois 4

« Ce que tu crois être des humeurs biliaires ne sont que le reflet de notre société gangrénée par la corruption et le vice. La guerre contre Ghis était une épreuve des dieux que nous avons brillamment réussie pour mieux échouer. La folie d'un petit nombre met en danger notre peuple tout entier. Ce sont les heures les plus sombres de notre époque que nous vivons Alynera. Meurtri et blessé, le dragon de la République semble désirer qu'une chose : qu'on abrège ses souffrances. »



Vaenyra ressemblait à l’une de ces pieuvres géantes dont les marins contaient les histoires sur la rade, tard le soir, à la lumière du feu, pour assouplir le cœur des femmes qui les avaient attendus. Plus l’ombre de ces monstres étaient gigantesques, plus elles semblaient à même de pardonner leurs écarts. Non qu’Alynera ait réellement entendu l’une de ces histoires, bien entendu, mais les servantes de sa maison, dépêchées dans l’ombre des murs, les lui avaient mainte fois rapportées. Il n’y avait rien de plus fascinant que d’entendre les récits terribles du royaume de Ceraxès à la lumière de la bougie, le drap de soie remonté sous les yeux terrifiés, le corps tremblant d’horreur devant le théâtre d’ombre installé dans la pièce. Et quoiqu’il existait quelques représentations peintes de ces monstres des mers, nul n’aurait pu être plus parlant que la jeune femme qui se trouvait sous ses yeux. Car, fait étrange pour une valyrienne, la magicienne semblait ne faire qu’un avec l’eau : ses cheveux, telles des tentacules, venaient percer les retranchements invisibles du petit groupe. Elles étaient telles des lianes d’argent menaçant de les enserrer pour les faire prisonnier, attendrir leur chair humaine avant de les dévorer. La Mage était, à n’en pas douter, une beauté et la manière avec laquelle elle s’amusait à renverser sa tête, afin d’écouler le poids de l’eau dans sa masse chevelue, n’était que pour l’assurer à tous. Il y avait en elle quelque chose d’hypnotisant, un je ne sais quoi, une homochromie peut-être, mais ce spectacle rendait la Vaekaron mal à l’aise et, en ce sens la Mage avait raison. Le Dragon ne semblait désirer qu’une chose celui d’abréger ses souffrances, au plus vite.



« Je crois que ma cousine a raison. Nous payons le prix de l'orgueil des hommes et défendre les institutions bâtis par nos ancêtres et acceptés par les Dieux est la voie de la rédemption... Dis moi Alynera, que sais tu de l'art de la chromatographie ? »



Malheureusement, malgré ses mots fiers et hauts, comme s’ils étaient la seule vérité en ce monde, la Mage n’était pas prête à abréger les souffrances de sa proie. Il était certain, derrière son sourire trop sincère pour ne pas cacher un vice malin, qu’elle était déterminée à lui infliger une défaite publique.  

« Des secrets du Collège, nous sommes laïques. Et cela devrait rester ainsi.  »



La conversation était dangereuse et, prise au piège dans des eaux troubles et profondes, Alynera ne voulait pas s’y soumettre. Sa voix était descendante, lasse, sans qu’elle ne cherchât plus à le dissimuler. Vaenyra était une Mage, certes promise à un brillant avenir, mais la seule voie de sa rédemption résidait en sa capacité à comprendre d’où provenait la source de sa magie. La fougue de sa jeunesse la rendait incompétente aux jeux de pouvoir. Elle gazouillait quelques vérités, celle de l’orgueil des hommes, la défense des institutions civiles acceptées par les Dieux, baragouinait une idée vague d’une rédemption mensongère. Mais, haute de ces trente années, que connaissait-elle de la rédemption ? Leur rédemption n’était pas dans la défense des institutions telles qu’elles existaient aujourd’hui, c’était aberration que de le penser ! Leur expiation, ce rachat des Quatorze Flammes pour leur vaine existence, devait être une offrande à leurs pieds… une purification de l’âme, de l’être et du corps. Bien évidemment, c’était quelque chose de difficile à comprendre pour ceux qui ne pouvaient périr par la rage du feu. Mais les thermes n’étaient ni le lieu, ni le moment, de parler de ces sujets hautement philosophiques sans risquer de verser dans quelques déplorables sophismes.



« Je suis navrée que tu aies eu à perdre ton frère-fiancé lors de la bataille de Tolos. En cette perte, y vois-tu un châtiment des Quatorze… un encouragement vers la rédemption dont tu parles ? »



Alynera s’était posée la question, à chaque fois qu’un corps était revenu à la Tour sur son bouclier d’acier. Était-ce une punition de leurs pères ? Si oui, laquelle et comment réparer leurs erreurs ? Mais réfléchir ainsi c’était rejeter l’idée que le sacrifice du sang des siens, pour Valyria, était un honneur suprême. Alors comprendre si c’est parce que les Dieux étaient mécontents de leurs Enfants, si c’était parce que les Vaekaron étaient trop renfermés dans leur bibliothèque ou si c’était le juste prix à payer n’avait pas vraiment d’importance. Et puis, les Dieux lui avaient pris, presque tout, mais ils lui avaient donné l’Espoir. Une autre forme de rédemption.



Vaenyra Menaleos
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Thermes des nobles dames, Quartier Est & An 1067, mois 4

Lorsque Vaenyra apporta le sujet de la chromatographie, elle entendait simplement la science des couleurs, leur éclatement et surtout leur signification. Véritable alchimie des sens, elle permettait de comprendre le monde, de le percevoir, mais également de l'appréhender dans sa nature divine la plus pure. Quelques vieux parchemins du Collège racontaient la religion soutenue par certaines peuplades des Monts d'Os qui considérait le souffle chromatique d'une personne au cœur de son identité. Ils portaient une grande attention à leurs vêtements, leur maquillage et chaque chose dont il pouvait contrôler la tonalité ou la luminosité étaient soignés. Il en découlait une esthétique unique, mélange parfois surprenant d'une myriade de couleurs ou au contraire une dichotomie clair-obscur.

Que la dynaste ne connaisse pas en détail l'histoire de ce terme ainsi ce que cela impliquait, Vaenyra pouvait le concevoir. Ce dont elle ne pouvait que s'indigner était de cacher son ignorance derrière un voile bigot et hypocrite. L'audace de la dynaste ne trouvait son égal que dans l'ample panse d'une Lumière de Sagesse, dont Vaenyra tairait le nom au risque d'offenser le fat homme. Plus qu'une Mantarienne, Alynera était non moins insipide que les lavandières qui suivaient les armées depuis la nuit des temps. Peut être que l'insulte que la Mage avait colportée y trouvait son fondement tel l'auguste oncle celui de son épouse. Le respect - ou du moins la rivalité révérencieuse - naissant dans le coeur de Vaenyra s'évapora aussi sûrement que la chair d'un ghiscari soumis à la flamme du dragon.

La chromatographie est simplement l'art de séparer les couleurs, Alynera. dit sèchement la Mage, tout sourire disparu de son visage à la beauté froide. De la même façon que l'on sépare le bon du mauvais grain, cela nous permet de rendre compte de la complexité de notre monde. Vois l'arc-en-ciel et sa façon de briser le carcan divine à s'exposant à notre regard. À cet instant précis, chaque couleur existe par elle-même, évanescente et fragile. Il lui suffit pourtant de se mélanger. Tout le monde sait ainsi que le Bleu et le Jaune donnent un Vert intense, puissant et tenace. Ne dit-on pas que le cuivre permet de se séparer des maladies les plus infâmes ?

Le double sens ne pouvait échapper à son auditoire, aussi sot soit-il. Vaenyra voulait alors prophétiser l’alliance - espérée par certaines, maudites par d'autres - des factions qui s'ouvraient à un conflit froid et délétère à Valyria. La désunion des teintes politiques de la cité ne pouvait que la fragiliser. Or les Verts avaient autrefois réussi à juguler les dynastes et leur oligarchie. Rien ne saurait les empêcher de faire de même. Que la Mage ait tort ou raison, seuls les dés jetés par les Divins sauraient le montrer.

Alors même qu'elle jouissait de sa leçon, Alynera frappa fort et bien bas. L'uppercut souleva le coeur de Vaenyra dont le corps se tendit. Ses mains se crispèrent contre le bord du bassin, ses yeux s'étrécirent en deux fentes malignes et sa langue claqua, pleine de venin, dans sa bouche. L'hardie impudence de la dynaste ne connaissait-elle donc aucune limite, elle qui éprouvait pourtant la douleur de la perte ? Un goût de cendre dans la goule, la Mage toisa longuement son abjecte rivale. Les Dieux lui pardonnent de ne pouvoir la foudroyer sur place ou l'énucléer en public. La voir ainsi manier la disparition de son frère, sous un prétexte religieux, enflammer son esprit. Si proche, elle était si proche de cette promesse morbide qu'elle s'était faite quelques instants plus tôt.

Ce que les Dieux prennent, c'est notre devoir de l'accepter.

La mort d'Hogear serait à jamais une plaie béant dans le coeur de Vaenyra. Pourtant, elle avait accepté cette mort et ne demandait désormais que la vérité la concernant. La Mage ne voyait aucune rédemption, aucun espoir dans l'infamie divine qui l'avait frappé. La vie était la vie. Résiliente, Vaenyra avait accepté qu'il n'y eût aucune raison de vivre pour autres choses que des misères si elle laissait sa peur du destine la contrôler. Douce et amère ironie que sa comparse n'ait pu comprendre cette philosophie si simple. Avalant la ciguë de l'impudente, la Mage se força à reprendre contenance avant de répondre d'une voix brisée, infamante et pourtant pleine de verve et de velours à la fois :

La rédemption dont je ne parle n'a rien à voir avec nos bien-aimés disparus ou pour adoucir l'ire des Quatorze. La rédemption est le chemin de la vérité pour ceux qui ont compris que cette éclatement des couleurs, des teintes de notre peuple, est un risque aux relents soufrés. Certains désirent le pouvoir pour porter atteinte à nos valeurs, ramener notre pays en la guerre ou percevoir le pouvoir pour leur seule personne. Notre rédemption n'est pas d'accepter ces changements brutaux et infâmes, mais bel et bien de se réformer dans la paix et le respect des institutions d'hier pour en faire le miracle de demain.


Alynera Vaekaron
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Vaenyra

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Au tout début, il n’y avait rien. Il n’y avait que le Daorun, immense, ténébreux, qui n’était ni la nuit ni le jour. Le jour et la nuit, du reste, n’existaient pas. Et dans cette entité, sans frontière, sans forme, sans immensité définie, il n’y avait ni bruit, ni joie, ni surprise, ni peur, ni colère, ni dégoût, ni tristesse, ni mépris. Dans ce néant, sombre, épais, infini, sommeillait un démiurge. Bien sûr, il ne savait pas encore qu’il était le démiurge de toutes les choses. Pour cela, il devrait naître de lui même. Il n’était ni le ciel, ni la terre, ni l’eau, ni le feu, ni volcan, ni dragon. Il était Vok, le parfait, la totalité de toutes les choses. Il était Udrir-Prūmia, le cœur, la langue de ce néant. Plus tard, on le retrouva dans toutes les choses vivantes du monde : le corps, la bouche, les fluides des Quatorze, de leurs trois enfants mortels, des créatures magiques, des hommes et des animaux. Dans les ténèbres infinis, ses yeux violets scintillaient. Puis, vint la Guerre de l’Aube, pendant laquelle la Nuit tenta de vaincre le Soleil. Elle dépêcha l’astre lunaire pour gonfler les rivières, les lacs et les mers. Sa jalousie mauvaise gela le monde. Alors le Soleil donna à Arrax le secret du feu. Il lui enseigna la magie cosmique et lui donna une forme humaine, pour aider les mortels à surmonter la longue bataille, et un corps de dragon pour fondre la glaciale menace. Il se bâtit de longues années, sans jamais se reposer, et puis il engendra un être égal à lui-même son épouse, Syrax, déesse du Chaos. Ils eurent douze Enfants. Jusqu’à ce que leurs propres fluides, sperme, crachat, salive, engendrent le reste. Un jour, Aegarax, se révéla à trois bergers d’un peuple menacé par les dothrakis. Il se révéla dans le feu de son dragon et les mena jusqu’aux Quatorze flammes. Là-bas, tout était aride, sec, rien ne pouvait pousser au milieu de cette terre de lave. Ils y reçurent l’initiation primordiale et virent Arrax, Syrax et leurs Enfants. Ils changèrent d’apparence et avec eux leurs épouses. Ils engendrèrent des enfants qui se marièrent entre eux. Ils montèrent les premiers dragons. Ils protégèrent les autres bergers des attaques meurtrières. Lorsqu’ils maîtrisèrent suffisamment leur sang-magie, ils initièrent d’autres familles en leur offrant leur premier œuf. Ils devinrent leurs vassaux et tout vibrait d’une parfaite harmonie. Sur cette caldeira dont eux seuls possédaient le secret, ils commencèrent à construire des palais défensif. Et, ainsi, s’érigèrent au-dessus des hommes et des mortels comme les Élus des Dieux, leurs Enfants mortels, des demi-dieux. 


« Cherches-tu à me défier Vaenyra Menaleos ? »



La tête sur ses avant-bras, au repos, sa voix était caverneuse. On aurait pu croire le long corps du dragon ensommeillé par les chaudes vapeurs émanant des bains, et peut-être l’était-il, mais sous ses lourdes paupières son instinct de survie était acéré. Qui était-elle cette fille de rien pour se hisser au-dessus d’elle, elle, la descendance du plus grand miracle de l’Histoire ? Pensait-elle l’intimider, lui faire peur, la faire rougir, lui procurer de la honte ? Elles étaient peut-être des égales face à la loi, mais dans le poids de la théogonie elles ne l’étaient pas. La place d’Alynera était réservée dans la vouté céleste. Dans huit mille ans,  et plus encore, les astrologues pourraient remonter jusqu’à son existence. Qui était-elle, elle ? Elle portait sa hargne comme un manteau de velours, ses dents avides comme un sourire conquérant. Un brasier grondait en elle comme l’appel des tambours de guerre dans les tréfonds de la caldeira. Il était évident que la Mage cherchait à la nuire, ternir son éclat millénaire. Pour ce faire, la sotte avait décidé de s’en prendre plus qu’à la Misio Lentor, mais à sa sainte famille et, par la même, à tous les Dynastes. La menace était claire : Vaenyra avait évoqué le poison nécessaire afin de se séparer des Enfants divins. La Menaleos, jouant au petit capitan, voulait oublier d’où lui provenait la source de son pouvoir. Ce n’était rien. Tout ceci n’était rien. La démonstration ridicule d’une supériorité puérile. Et, pour son propre bien, car il y avait ici bien trop de témoins pouvant attester de sa folie furieuse, Alynera la mettait en garde d’un œil reptilien. Déjà, invisiblement, sa question avait soulevé derrière elle tout le poids de sa lignée. Il semblait qu’avec elle s’était hissé le spectre inquiétant du dragon primordial. Elle pouvait le sentir, la gueule longue avancée, inspirant calmement, les naseaux en suspens de ne savoir s’il faudrait croquer ou rugir. Vaenessa, dans un mouvement d’eau, s’était repliée à ses côtés. 


« Si tu veux parler, fais-le sans détour. »



Que croyait-elle ? La jeune noble connaissait peut-être la science de la magie, mais elle possédait celle du Ciel. Vaenyra avait devant ses yeux, l’une des plus grande dresseuse de la Cité : essayait-elle vraiment de lui donner un cours sur la chromatographie ? Le mot, certes, elle ne le connaissait pas, un langage de sorcier, mais la science des couleurs elle la maîtrisait bien plus que la Mage ne pourrait jamais le soupçonner. Que savait-elle du dressage des maîtres du ciel ? Pensait-elle qu’il suffisait de monter sur un dragon, de s’envoler et de serrer les cuisses pour ne pas tomber ? Dès leur enfance, les êtres magiques étaient dressés. Ils devaient devenir une extension des hommes et les hommes une extension d’eux. L’art de la colorimétrie en était tout une étape. S’était-elle déjà demandée, sous sa bravoure de pacotille, de quelles couleurs voyaient-ils le monde ?



« Mais cesse de t’importuner avec des métaphores trop perceptibles. La Triarchie est tombée il y a huit siècles, à qui ourdit donc ta menace empoisonnée ? »



À son tour, Alynera se dressa dans l’eau. Son ventre semblait s’être gonflé à mesure de l’intensité du regard de sa porteuse. Elle était trop choquée par la démesure idiote de son interlocutrice pour la haïr réellement. De mémoire, pourtant, jamais elle n’avait vécu un tel affront. Tout ceci n’était qu’une farce grossière. Le cuivre pouvait bien couler et avoir anéanti le pouvoir de ses ancêtres, elle était toujours là. Un sein nourricier  pour Valyria, où celui de la mage demeurerait éternellement stérile. Elle pouvait l’attaquer, lui exhiber sa beauté jouvencelle : elle n’était qu’une simple mortelle dotée de dons spécifiques. Alynera Vaekaron était la déesse Meleys faite femme, une reconnaissance divine pour honorer le nom des siens. En soi, elle était bien plus magique que la Mage ne le serait jamais. Un artefact de la cosmogonie.



« Heureusement que notre République ne t’a pas attendue pour se forger. Ce n’est pas avec quelques catachrèses douteuses que l’on bouleverse un monde…. »



Et, alors, le dragon invisible souffla son dédain, les dents sanguinaires à quelques centimètres du visage de la Mage tandis qu’Alynera sortait déjà du bassin, suivie des deux nobles dames et de sa cousine. Elle iraient trouver un lieu plus calme, plus privé, mieux fréquenté. La Misio Lentor laissa-là les cousines, délaissant une bataille indigne. Pourtant, longtemps après son départ, l’effluve de son parfum semblait faire raisonner la fin de sa phrase. … et encore mois que l’on fonde un !



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