Ah la douceur des bains au coeur de Valyria. N'existait-il plus parfait endroit pour se prélasser, se soigner ou simplement être vus dans l'appareil le plus simple ? Il était certain que les premiers hommes avaient foulé les terres d'Essos nus, il n'était que le devoir de leurs descendants de pratiquer cette tradition. Les eaux chaudes, réchauffés par le cœur ardent des Quatorze, s'y mêlaient à la glacial tentation de Caraxès. Le beau peuple de Valyria s'y mêlait, parfois y croisait même la plèbe. Evidemment ce n'était de vagues regards, parfois leur proximité était telle que trois murs de marbre les séparaient. La mixité restait en puissance mais bien présente.
Or s'il était une chose que Vaenyra Menaelos appréciait depuis qu'elle avait atteint le Cinquième Cercle, c'était une certaine liberté dans ses mouvements. Les années enfermées au Collège pour étudier sans s'arrêter étaient de lointains souvenirs. Certes, elle travaillait plus dur encore et mettait bien plus sa santé en danger à chaque invocation, mais le rythme dicté était au moins le sien. Son devoir était d'être une citoyenne éminente de Valyria et non plus une apprentie quémandant son bout de pain et de reconnaissance.
Elle pouvait y retrouver ses rares amies au dehors du Collège - où la moindre relation était entachée par les différents Cercles et intrigues. Ici, elle pouvait ainsi retrouver sa tendre et chère Daera par exemple. Ce n'était pas le cas ce matin là où Vaenyra n'était accompagnée que de trois jeunes femmes. L'une était sa belle cousine aux cheveux plus argentés que les siens et les deux autres de simples connaissances. La première aussi grasse qu'insipide et l'autre aussi belle qu'arrogante. Une magnifique paire de chaînes qui mettait à mal la patience de la Mage mais au moins pouvait elle écouter d'une autre distraite leurs commérages incessants, étendue nue sur le rebord d'un bassin d'eau tiède. Une oreille qui se fit soudainement bien moins distraite tant le nom brûla son esprit et sa curiosité.
Que fait-donc la Vaekaron ici ? Voilà des mois qu'on la voyait plus ! grinça l'obèse en secouant ses bajoues.
Quelle dame ! Quelle grâce qui représente bien les Dynastes. Si loin de la froideur de ce Riahenor, il me donne des frissons dans le dos. L'as-tu jamais rencontré Vaenyra ?
La réponse de sa cousine se perdit dans l'esprit de la Magie tant son attention se concentrait sur elle. On ne pouvait aimer une telle femme, une garce faussement bigote. Elle usait de sa beauté comme une putain de ses atouts mais elle n'avait pas la bonne grâce d'avaler la couleuvre ! La haine brûlait au plus profond de Vaenyra tandis que le venin de la jalousie distillait son goût amer dans la bouche. Ses lèvres se pincèrent et elle rejeta sa chevelure encore humide en arrière d'un geste inconscient. Elle haïssait Alynera depuis des années, de sa grâce à la relation particulière qu'elle avait avec Jaenera. Que son modèle puisse se compromettre avec ces Dynastes lui hérissait le poil.
L'absence, ou plutôt la discrétion, de celle qui se disait la princesse de Valyria avait été une brise bienvenue, non pas qu'elles aient le malheur de se croiser souvent. Maintenant que sa némésis semblait revenue d'entre les morts, Vaenyra lui trouvait bien mauvaise mine, faisant ainsi les frais de ces langues de harpies ghiscaris de ces compagnes. Vaenyra se délecta, sans rien en laisser montrer, de leurs remarques sur ce ventre qui poussait - son état n'était plus gère un secret pour la bourgeoisie de Valyria - son air fatigué et ses cernes plus profondes que la Fosse. La Mage se laissa couler dans l'eau avant d'en ressortir pour mieux s'étirer et montrer son corps encore ferme et jeune, malgré ses trente années passées.
Mesdames, taisez vous donc ! Il ne fait pas bon de médire sur une telle dame. dit sèchement Vaenyra avant de croiser le regard d'Alynera et d'hocher lentement la tête à son attention. Il ne vaut mieux pas prêter attention à un enfant dont on ne sait si le père est l'époux... Oun de ces soldats à qui son offre l'offre pour la dévoyer et s'attirer leurs faveurs. De simples rumeurs mais cela expliquerait pourquoi elle prie si ardemment le pardon. reprit elle juste assez fort pour être entendue alors que les trois femmes éclataient d'un mélange de rire gras, cristallins et surtout moqueurs.