Port militaire de Mhysa Faer, An 1067 Mois 2
Ma tendre et chère dynaste,
Puisses-tu pardonner ma plume maladroite et le tremblement de ma main. Je me dois louer ton verbe et verve, les ennemis de Vaekaron devraient craindre voir le sceau béni de tes lèvres s'entrouvrirent. Tessarion a réellement béni cette plume que tu manies aussi sûrement que le guerrier manie l'épée. J'ai saisi ma propre arme dès que j'ai lu tes mots et je te réponds avec mon cœur.
Je te remercie, ta lumière est pleine de sagesse. Je souffre d'entendre les rumeurs qui enflent parmi les nôtres à Mhysa Faer. Les évènements dont tu me fais part nous sont parvenus, déformés et trahis par l'idéologie de leurs colporteurs. Les sicaires de chacune de ses factions séditieuses devraient se voir la main clouée aux portes de notre belle cité. Je ne saurai pourtant mentir, belle dynaste. Je jubile. L'éclatement de notre société est l'indicateur d'un vent de changement, ou du moins d'un renforcement des traditions pour les Bleus, et nul ne saurait me contredire. Tes propres mots accompagnent mes paroles.
Je jubile de pouvoir trouver ma place dans cette danse macabre. Ne crois pas que je désire vendre mon âme et mon honneur au plus offrant. Les valeurs des Andals et de l'armée m'ont forgé à leur image. Je pleure autant que je jubile. Je suis déchiré. Ma loyauté première ira à l'armée et à la République avant ma propre famille et mon frère. Jagaenon ne devrait pas oublier que c'est grâce à ce même système qu'il décrie qu'il a su s'élever aussi haut dans le Clergé de notre Très Craint Arrax. Je condamne cette même armée pour ses velléités martiales et ses fausses excuses pour s'accaparer du pouvoir.
Hélas, trois hélas, je me devrai alors de servir ceux que tu nommes les Bleus. Maegon Riahenor est un grand stratège et du sang le plus pur que seuls les Vaekaron et Lyseon peuvent égaler. Je n'aime pas le personnage et, pourtant, la République se doit de survivre. Cherches-tu à éprouver mes sentiments en nommant les Ghis comme leur soutien ? Je ne saurai croire de telles inepties et te demandes de tourner quatorze ta divine langue avant de porter de telles accusations envers la République.
Tu as raison de taire tes pensées pour cette dernière faction que tu nommes. Je ne puis comprendre l'engouement des temples et de mon frère pour Qoherys. L'homme est aussi doux que le miel et plus infâme que la ciguë. Belle dynaste, je me jette à tes pieds pour te supplier d de prendre garde à cet homme ! Il saurait accueillir le serpent ghiscari en son sein tout en caressant la tortue Rhoyne de l'autre main pour servir ses intérêts...
L'écriture se brouille, quelques tâches apparaissentCette quatrième voit que saurait-elle m'apporter, douce dynaste ? Permets-moi de te poser cette question honnêtement. De tous les chemins dessinés par cette sanglante vigie qui nous guide, je ne suis qu'un outil, un pantin au service de son devoir. Un devoir aimé et pourtant une prison, une prison dont les dorures s'effritent et le clair obscur se fait de plus en plus pesant. Pourtant, il existe des circonstances où le mensonge est le plus saint des devoirs.
Convaincs-moi Alynera que cette quatrième voie est la bonne. Je ne saurai mentir, les Dieux ne désirant plus nous aider, je saisirai mon destin en main par ma seule pensée.
Je ne puis te jurer allégeance, dynaste. Pourtant, je le jure devant les Quatorze, si dans leur miséricorde ils m'accordent leur attention, de protéger ton fils et les victimes d'une guerre fratricide si jamais elle éclatait.
Arrax puisses te bénir comme il a béni tes ancêtres,
Jacaerys Velaryon
Légat de la Veme Armée,