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Jacaerys Velaryon
Jacaerys Velaryon
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t1399-jacaerys-velaryon-a
Le Deuil, c'est refuser de mourir
Le sang se lave avec des larmes et non avec du sang.

Amphithéâtre de Valyria, An 1067 Mois 4



Depuis la mort du grand général, une chape lourde et délétère s'était emparée de la belle citée de Valyria. Prisonnière de son propre carcan de luttes sociales et politiques, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même au pas d'une armée devant autrefois la protéger. Pourtant, la vie ne s'arrêtait jamais même au cœur d'une dictature qui n'en disait pas son nom. Les marchés continuaient malgré la disparation de certaines denrées, les criminels violaient et les milices punissaient, là le chanteur se faisait acclamer dans la rue alors qu'ici le pitre était roué de coups. Surtout, Valyria priait. Une ferveur religieuse s'emparait de la ville alors que les troubles s'étendaient dans la durée. Arrax punissait son peuple du péché d'orgueil. Si certains osaient questionner leur faute et châtiment, la populace aimait se réunir et priait.

Évidemment le clergé avait su saisir cette occasion en or. L'occasion faisait le larron, or il n'était de plus cruel et opportuniste homme qu'un renard ou un prêtre à la recherche d'ouailles. Leur museau dans la tanière, les prédicateurs, confesseurs, chanoines et autres bonzes avaient envahi les murs, appelant à la maison leur bétail, leur populace, cette paroisse infidèle, mais aimée des Dieux. Les foules allant enflant alors que certains orateurs de talent, tels le Grand Prêtre Velaryon, les rassemblements commencèrent à se faire en des lieux publics. Bientôt il se tenait un moment de prière collective hebdomadaire au sein des saints patrons de l'Art de la Poésie : au cœur de l'amphithéâtre lui-même.

C'était à la demande de son frère que Jacaerys se retrouvait parfois à se tenir près des clercs lors de cet évènement. Le Légat détestait profondément voir Jagaenon tournait de cette manière la colère plébéienne à son avantage. Il n'était certes pas le seul, et Jaca préférait voir ce pouvoir destructeur entre les mains du Grand Prêtre que d'autres, cela n'empêchait sa désapprobation. Les Dieux bénissaient soi-disant leurs protecteurs, pourtant, il ne s'était jamais rarement senti aussi seul. Au moins était-ce le clergé de Tessarion officiant aujourd'hui. Les robes et autres tissus colorés affluaient, de la même façon qu'une troupe de théâtre - espèce rare en ces temps sombres - était apparue dans la foule. Même si la poésie du prêtre était bien pauvre, Jacaerys se réjouissait de ne pas avoir à supporter l'arrogance idolâtre de son sang ainsi que le reflet déformé et tapageur qu'était sa Mage.

Sa position de Légat lui permettait de se tenir derrière les prêtres officiants. Il s'était même montré en avant au tout début de la réunion pour que tous sachent que l'Armée par sa présence acceptait cette réunion. Une fois sa démonstration fort peu légitime achevée, Jacaerys s'était reculé presque aussitôt parmi les ombres pour écouter le prêche. Poésie et danse se mêlaient aux arabesques des flambeaux déposés sur la scène. Malgré le jour, les ténèbres se balançaient au rythme des paroles. Le regard voilé, Jacaerys penchait la tête sur le côté aussi contemplatif qu'inconscient des dangers de son esprit.

Lorsque le premier tambour résonna, il ne le remarqua qu'à peine. Le crescendo sourd des peaux frappées entraînait pourtant sa pensée vers le passé, le souvenir. Les plaines de Lhazar. La masse infinie de dix mille cavaliers Dothrakis. Leurs grandes montures élancées, taillées pour leur vitesse....

Boom. boom. boom.

Au loin, une vague de bronze et d'acier, de pesantes lances levées vers le ciel en un geste de défi. Les cris de guerre, les cors qui s'élèvent pour être entendus des Dieux eux même.

Boomboom. boomboom. boomboom.

La charge de vingt mille cavaliers, les lourds sabots frappant le sol.

boomboomboomboom.boomboomboomboomboomboom.
boomboomboomboom.


L'écho de l'acier, le fracas des armes. La mort.

BOOMBOOMBOOMBOOMBOOMBOOMBOOMBOOMBOOM
boomboomboomboomboomboomboomboomboom
boomboomboomboom
boomboomboomboom
boomboom


Les ailes dorées des Ghiscari vainqueurs, tâchés de sang, laissant un homme, seul, brisé, hanté...

***

Le silence envahit l'esprit de Jacaerys qui inspira un grand coup alors que le chant guttural du prêtre se taisait également. Accablé par cette mouche qui le piquait, mauvais perdant de cette lutte contre sa volonté, il serra les poings et tourna le dos sèchement à la foule. Acteur secondaire de cette mascarade poétique, il savait que personne ne remarquerait sa disparition. S'enfonçant dans les ténèbres des salles dédiées normalement aux acteurs et à leurs instruments, le Légat y retrouva une certaine paix d'esprit. Assez pour venir frapper de son poing le mur le plus proche dans un vain geste de décharge. Pestant, grognant contre la douleur qui envahissait sa main, ensanglantée par le bout de mosaïque profondément planté dans sa paume, Jacaerys se laissa aller contre le mur, la tête basse. Seul le frottement du tissu contre la pierre put lui faire relever. Prostré, sa dextre blessée contre son torse, il plissa les yeux pour distinguer la silhouette qui s'avançait.

"Qui est là  ? Ne devrais-tu pas être à la cérémonie citoyen ?"