Le destin, tel une légère plume, maintient, en équilibre, notre vie d’éphémère terrien, sans jamais tant le connaître, il parvient, en se laissant deviner, à instruire certains. »
Nashmia Noormohamed
https://youtu.be/ug48TpsX8Gk
Âme belliqueuse, il n’avait qu’en tête de faire ses preuves, de porter Valyria jusqu’au sommet, de mener avec Aenar, le nom des Tergaryon. Mais sous ces envies, ces attentes se cachaient dans les abîmes des doutes, des incertitudes qui l’assaillaient inlassablement. Des murmures qu’il tentait douloureusement de chasser par l’épée. En vain, un poison qui ne cessait de s’infiltrer, s’enracinant dans ce cœur vacillant. Sa seule distraction restait alors ses enchaînements, son renforcement musculaire, tout ce qui avait attrait à sa voie de guerrier. Comme à son ordinaire la sueur perlait plus encore à ses tempes, et son échine. Pourtant ses mires demeurèrent concentrées sur sa cible. Une discipline que Maekar arborait au quotidien. Et que l’originaire d’Oros pensait d’ailleurs indéfectible en tant que protecteur de Valyria. Un choix que le deuxième fils ne partageait pas avec l’aîné.
En effet, Aenar, être solaire et épicurien aimait les célébrations, et l’animation que procurait la capitale. Impulsif, il lui arrivait parfois d’en ressortir avec quelques séquelles, mais guère rien qui n’en tâcherait les festivités tant attendues par ce dernier.
Pareilles à des bacchanales, il en revenait parfois titubant, allant très vite retrouver le sommeil dans un vacarme assez conséquent.
Et puis quelques idées lui passaient par l’esprit : inciter son cadet à le rejoindre dans sa débauche. Une chose que Maekar arriva à rejeter bon nombre de fois jusqu’à ce soir.
Maekar réprima un grognement caractéristique et sembla peser le pour et le contre de cette virée entre frères. Dans les méandres de sa psyché, il comprit que le moment était venu de céder aux caprices de ce dernier une bonne fois pour toute. Quitte à se morfondre, cela sera avec à la main un peu de vin, qui sait peut-être que ce breuvage noierait ses sombres songes. Le jeune homme acquiesça alors pour toute réponse, un sourire quelque peu contrit. Et ajouta
Les femmes et Aenar, une histoire immuable. Néanmoins, les dieux ne pouvaient guère s’en offusquer. L’éphèbe jouissait de traits, et d’une énergie dont n’était capable Maekar. Une beauté qui ravissait la gente féminine. Un amour courtois qu’il le leurs rendait vivement. Au détriment de leur sœur, Elaena qui pourtant lui était promise.
Un paradoxe s’était installé peu à peu, insidieusement entre le militaire et la douce Elaena, une relation qui se voulait candide. Un lien devenant de moins en moins fraternel, et ô combien glissant vers un terrain dangereux, tentateur. La jouvencelle avait des ardeurs et des envies toutes désignées en la personne de Maekar. Des sensations bien trop interdites pour être acceptées par leur père si cela devait se savoir malgré eux.
Il fallait donc bannir, balayé ces désirs enflammés. Refouler cette lumière qui réveillait son âme ternie, respirer un autre air, moins passionné. La raison devait se faire reine, répudier ces conflits qui n’avaient pas lieu d’exister. Ce fut ainsi tiraillé, que le jeune homme mit de la distance, provocant certainement ombrage et incompréhension chez la demoiselle. L’égoïsme n’était pas permis dans leur histoire.
Le soir tomba bien trop vite au goût de l’originaire d’Oros. Ce dernier marcha en compagnie d’Aenar, ayant rengainé son arme à contre cœur. Maekar n’écouta que d’une oreille les promesses de son acolyte, l’air quelque peu absent. Des minutes s’écoulèrent et voilà le duo devant une bâtisse de bonne facture. Le militaire n’avait pas le moins du monde eu souvenir d’avoir quitter promptement le camp d’entraînement.
On poussa la porte, la fête battait déjà son plein. Des rires et conversations donnaient le ton une fois avoir passé le seuil. L’alcool coulait à flot sur les tables.
Maekar réprima comme il le put son reniflement amusé. Aenar avait le don de capter l’attention et trouver les mots.
Peut-être que la nuit s’annonçait pas si morose en définitive.