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Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

I'm wide awake and I can see the perfect sky is torn @Alynera Vaekaron

   
L'an 1058 3ème mois

« Le destin est ce fuyant et déroutant devin, il s’avance à toute allure, allant bon train, mêlant futur incertain et passé opportun, se faufilant, dans les interstices sans fin.
Le destin, tel une légère plume, maintient, en équilibre, notre vie d’éphémère terrien, sans jamais tant le connaître, il parvient, en se laissant deviner, à instruire certains. »
Nashmia Noormohamed


https://youtu.be/ug48TpsX8Gk

Sa lame plongea plus ardemment, tranchant, lacérant ce sac d’entraînement. Méthodiquement, le jeune homme répéta son geste, faisant fi de la chaleur écrasante. L’astre solaire jouait de ses rayons sur la peau à présent marquée du militaire. Quelques cicatrices parsemaient l’épiderme du soldat, certaines ne dataient que de quelques jours, d’autres d’années auparavant. Ainsi le corps et l’âme du Tergaryon semblait s’être accommodée à ce rythme de vie, attendant fatidiquement les champs de bataille.

Âme belliqueuse, il n’avait qu’en tête de faire ses preuves, de porter Valyria jusqu’au sommet, de mener avec Aenar, le nom des Tergaryon. Mais sous ces envies, ces attentes se cachaient dans les abîmes des doutes, des incertitudes qui l’assaillaient inlassablement. Des murmures qu’il tentait douloureusement de chasser par l’épée. En vain, un poison qui ne cessait de s’infiltrer, s’enracinant dans ce cœur vacillant. Sa seule distraction restait alors ses enchaînements, son renforcement musculaire, tout ce qui avait attrait à sa voie de guerrier. Comme à son ordinaire la sueur perlait plus encore à ses tempes, et son échine. Pourtant ses mires demeurèrent concentrées sur sa cible. Une discipline que Maekar arborait au quotidien. Et que l’originaire d’Oros pensait d’ailleurs indéfectible en tant que protecteur de Valyria. Un choix que le deuxième fils ne partageait pas avec l’aîné.

En effet, Aenar, être solaire et épicurien aimait les célébrations, et l’animation que procurait la capitale. Impulsif, il lui arrivait parfois d’en ressortir avec quelques séquelles, mais guère rien qui n’en tâcherait les festivités tant attendues par ce dernier.
Pareilles à des bacchanales, il en revenait parfois titubant, allant très vite retrouver le sommeil dans un vacarme assez conséquent.

Et puis quelques idées lui passaient par l’esprit : inciter son cadet à le rejoindre dans sa débauche. Une chose que Maekar arriva à rejeter bon nombre de fois jusqu’à ce soir.

« Allons tu ne peux pas te défiler, frère. Tu es bien trop sombre ces derniers temps. » s’exclama le jeune fanfaron d’un sourire amusé.

Maekar réprima un grognement caractéristique et sembla peser le pour et le contre de cette virée entre frères. Dans les méandres de sa psyché, il comprit que le moment était venu de céder aux caprices de ce dernier une bonne fois pour toute. Quitte à se morfondre, cela sera avec à la main un peu de vin, qui sait peut-être que ce breuvage noierait ses sombres songes. Le jeune homme acquiesça alors pour toute réponse, un sourire quelque peu contrit. Et ajouta

« Si cela est si criant mon frère, je te remercie de ta sollicitude. Néanmoins, j’espère être revenu en un seul morceau pour cette nuit. » le cadet souhaitait, ou du moins comptait être suffisamment remis de leur vadrouille nocturne pour le lendemain.

« Enfin ! Tu verras que festoyer est le plus grand remède face à la morosité. Surtout en bonne compagnie. » exulta le seigneur dragon d’un clin d’œil évocateur.

Les femmes et Aenar, une histoire immuable. Néanmoins, les dieux ne pouvaient guère s’en offusquer. L’éphèbe jouissait de traits, et d’une énergie dont n’était capable Maekar. Une beauté qui ravissait la gente féminine. Un amour courtois qu’il le leurs rendait vivement. Au détriment de leur sœur, Elaena qui pourtant lui était promise.

Un paradoxe s’était installé peu à peu, insidieusement entre le militaire et la douce Elaena, une relation qui se voulait candide. Un lien devenant de moins en moins fraternel, et ô combien glissant vers un terrain dangereux, tentateur. La jouvencelle avait des ardeurs et des envies toutes désignées en la personne de Maekar. Des sensations bien trop interdites pour être acceptées par leur père si cela devait se savoir malgré eux.

Il fallait donc bannir, balayé ces désirs enflammés. Refouler cette lumière qui réveillait son âme ternie, respirer un autre air, moins passionné. La raison devait se faire reine, répudier ces conflits qui n’avaient pas lieu d’exister. Ce fut ainsi tiraillé, que le jeune homme mit de la distance, provocant certainement ombrage et incompréhension chez la demoiselle. L’égoïsme n’était pas permis dans leur histoire.

Le soir tomba bien trop vite au goût de l’originaire d’Oros. Ce dernier marcha en compagnie d’Aenar, ayant rengainé son arme à contre cœur. Maekar n’écouta que d’une oreille les promesses de son acolyte, l’air quelque peu absent. Des minutes s’écoulèrent et voilà le duo devant une bâtisse de bonne facture. Le militaire n’avait pas le moins du monde eu souvenir d’avoir quitter promptement le camp d’entraînement.

On poussa la porte, la fête battait déjà son plein. Des rires et conversations donnaient le ton une fois avoir passé le seuil. L’alcool coulait à flot sur les tables.

« Que les quartorze m’aident à trouver le temps moins long. » souffla-t-il a lui-même alors que son aîné salua bien chaleureusement les convives, invités. Le jeune homme suivit le mouvement d’un pas quelque peu nonchalant.

« Daelor ! Te voilà mon ami ! Regarde je t’avais promis d’emmener d’autres lurons ! » s’exclama amicalement Aenar.

Maekar réprima comme il le put son reniflement amusé. Aenar avait le don de capter l’attention et trouver les mots.

« Je te salue Daelor, mon frère m’a vanté bon nombre de fois tes fresques. » une remarque qui sembla arracher un ricanement sincère à l’intéressé.

Peut-être que la nuit s’annonçait pas si morose en définitive.


 

   
Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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I'm wide awake and I can see the perfect sky is torn Maekar Tergaryon

   
Tour Vaekar, 3ème mois de l'An 1058

À l’instant même où les grandes portes s’ouvrirent sur elle, des mains firent glisser la lourde cape de ses épaules. Théâtralement fut ainsi révéler à l’assemblée une vision divine, le corps parfait de la jeune dynaste. L’organdi de soie blanche, tramé aux fils d’or, le recouvrant était si fin que les flammes vinrent aussitôt susurrer avec mystère dans la transparence de l’étoffe. Cette nudité, déshabillée, semblait jouer avec les lumières et leurs ombres. Et tandis qu’elle s’avançât au milieu des prestigieux convives, la musique et le brouhaha se confondirent comme envoutés par cette vision fantastique. Les pères, leurs épouses, leurs fils et leurs sœurs contenaient leur désir ardent d’arracher ce trophée aux siens.

Dix mois auparavant, Alynera Vaekaron avait quitté le monde de l’enfance pour celui des plaisirs. Son Rêve de Meleys avait marqué un tournant inédit dans les hautes sphères valyriennes : Lorgor, le vieux Dragon de la Tour, envisageait de donner sa fille unique à une famille du Nord. Jamais encore on n’avait pu rêver à l’union d’une fille dynaste, de branche principale, à autre famille noble ! Pourtant, à la surprise générale, le patriarche s’était mis en tête que son joyaux serait la monnaie d’échange contre la plus grande dot jamais vue en Valyria. Quoique la raison soit officiellement politique, ce faisant il exposait à tous la précarité des siens. Les enfants de Vaekar avaient grand besoin d’argent. Les coûts inhérents à leur mode de vie, cette concupiscence de leur esprit pour les livres, la recherche magique et les sources du savoir, engendraient des frais inconsidérés. De génération en génération les coffres s’amenuisaient, un jour prochain ils seraient vides. Or, pour contrer cette malédiction imposée par leur besoin vital de connaissance, le Mīsio Lentor voyait en la beauté sculpturale de sa fille la perspective de générer un profit sans pareil. Ce don de Meleys était, devait être, leur rédemption. Pourtant, si les propositions affluaient il ne semblait pas décidé à arrêter son choix. Comme tous les hommes des Possessions, Lorgor Vaekaron semblait s’être épris de sa merveille. Ainsi, depuis dix mois, les fêtes s’enchaînaient au rythme des enchères. 


Les invités réunissaient toute la jeunesse dorée du Sud, celle qui acceptait de côtoyer leurs pairs libéraux dont le sang-mêlé n’était pas de trop mauvais goût. Ils étaient, en grande majorité, les amis de l’héritier de la demeure. Une petit cour, tapageuse et pédante, qui n’observait jamais un lever de soleil sans quelques effluves de vin en bouche ou autre parfum féminin. 


«  Et il ne m’a clairement pas assez vanté les tiennes ! »



S’esclaffant, ledit seigneur mit une claque amicale, quoique appuyée, sur l’épaule de Maekar. Gardant son emprise rapace sur sa clavicule, il lui plaçât une coupe de vin dans les mains. Il était grand temps de débrider ce garçon impotent ! De deux ans son aîné, il était un embarras certain pour la tradition épicurienne des siens. 


« Ce soir, fais honneur à mon nom ! Bois, mange, danse, jusqu’à ce que ton corps ne te soutienne plus ! Cet endroit, Tour Vaekar, est le berceau des enchantements magiques les plus merveilleux de ce monde… nul doute qu’il ne te laissera pas indifférent. » 


Après une énième claque, le deux bras écartés en l’air, maître des lieux, il tourna sur lui même en riant. Si Daelor Vaekaron possédait les traits altiers caractéristiques des siens, son assurance généalogique à l’une des trois lignée fondatrice, cette appartenance à la grande histoire, transpirait de son être. Et, en cela, il était différent du reste de sa famille qui préférait cultiver une vie moins mondaine et davantage secrète. Persuadé de sa filiation divine, il se mouvait dans le monde en toute supériorité. Il se foutait de tout, ou presque. Cette vision hypnotique de l’arrogance de sa jeunesse, de sa beauté, de son nom, avait réuni autour de lui une cour de fidèles dont Aenar Tergaryon faisait, éminemment, partie. 


« Et, en parlant d’enchantement magique… aies l’honneur de rencontrer ma sœur. »



D'un sourire immense, orgueilleux, aux lèvres, il attira son aînée vers lui. Il nourrissait pour elle une obsession jalouse qui donnait à son regard quelque chose de furieux, une insatisfaction permanente. Le suc de pavot, déjà fortement dilué dans son sang, n’y était pour rien : sa sœur était une déesse humaine, l’une des merveilles de Valyria et, à ce titre, du monde. Il ne pouvait supporter l’idée qu’un autre puisse l’épouser. Secondé par son frère, Maelor, il n’était pas le seul à se dresser contre la décision criminelle du chef de famille. Leur oncle, le célèbre et discret Érudit, se joignait aussi à eux - quoique ses intentions soient bien différentes. Dans l’intimité du palais, les serviteurs se gaussaient car là était bien l’unique sujet sur lequel Daelor, l’héritier, et Ragaenor, son oncle, s'accordaient. 



« Alynera, je te présente Maekar Tergaryon. »



Cette dernière posa un regard interdit sur le nouveau compagnon-jouet de son frère. Elle n’appréciait guère Vaegon, tout comme ses fils. Le matage du sang d’une des familles les plus illustres de leur histoire avait été un parjure à leur société. Un parjure difficilement pardonnable, mais surtout un triste mirage à son propre sort... Car, derrière son visage poli à l’obéissance paternelle, elle aurait préféré mourir que de devenir une vulgaire femme du Nord. Et c’est précisément ainsi qu’elle percevait les enfants de la branche cadette. Vulgaires. Elle salua le cadet d’un sourire profane. Ils s’étaient déjà croisés à la caserne, quoiqu’ils n’avaient jamais été présentés officiellement. 



« Maekar, je suis ravie de faire ta connaissance. Aenar tu nous l’avais décidément dissimulé bien trop longtemps ! »



Et aussi vite qu’elle était apparue, elle s’échappa de leur petit groupe. Alynera possédait peu d’amies, si ce n’est aucune. Elle avait grandi protégée des immenses murailles de la Tour, au milieu de sa fratrie, loin du commun des mortels. En société, elle était davantage un objet de vénération, de curiosité ou de jalousie. Et dans ces soirées, données en l’honneur de sa vertu à ravir, elle se joignait principalement à des groupes décidés par sa mère ou exigés par son père. Détachée des liens terrestres, elle gravitait selon un code de bienséance parfaitement assimilé. Pour autant, s’encanailler avec son frère et Aenar était au-dessus de toute bonne volonté. Elle ne supportait pas de voir l’influence que ce dernier avait sur le caractère de son benjamin, naturellement enclin à la décadence. 


***

Une heure, deux ou trois passèrent, qu'importe, suffisamment du moins pour que le vin assagisse les rigueurs de son esprit. Au détour d’un rire, un raisin au bord des lèvres, alors que son regard balayait la salle du banquet, elle aperçut au loin le profil triste du Tergaryon. S’accordant une minute mâle, elle l’observa en silence. À l'instar des hommes de sa famille, il possédait une beauté toute musculaire. On aurait pu croire un roc si ce n’était pour ses yeux pâles, étrangement doux et cet air... bien trop mélancolique pour les réjouissances de cette soirée. Un agacement dans la lèvre inférieure, elle se leva sans hésitation pour se faufiler entre les convives. Sans un bruit, telle une chatte nocturne, elle prit place derrière lui chuchotant au creux de son oreille :



« Qu'oses-tu donc juger avec tant de sévérité, fils de Vaegon ? »

 

   
Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

I'm wide awake and I can see the perfect sky is torn @Alynera Vaekaron

   
L'an 1058 3ème mois

«I've been waiting until midnight
Slowly dying since the sunrise
'Cause I, I was born, I was born to the night
In the night, in the night, I survive
All the poison, the pleasure, the highs. »


https://youtu.be/riP6j7SZ04s

Les festivités sonnaient tellement sourdes à ses oreilles. Maekar ne se sentait guère à sa place, un peu comme le serait une armure mal ajustée. D’ordinaire, le cadet arrivait parfaitement à se plier aux exigences, à la discipline de l’art militaire. Mais, hélas il n’était pas cas ici de posture, de force, et de tactique. Pourtant, il pouvait être primordial lors de d’évènements de ce genre de nouer quelques amitiés, alliances. Et parfois juste permettre l’amusement. Cependant le cœur n’était clairement pas à l’ouvrage.

« Ce soir, fais honneur à mon nom ! Bois, mange, danse, jusqu’à ce que ton corps ne te soutienne plus ! Cet endroit, Tour Vaekar, est le berceau des enchantements magiques les plus merveilleux de ce monde… nul doute qu’il ne te laissera pas indifférent. » Lui rétorqua le seigneur dragon Daelor. Étant des hôtes de marque, il était hors de question de faire machine arrière. Ne pas manger à sa tablée, ne pas participer aux festivités serait outrageusement perçu comme impoli. Tout bon citoyen de Valyria se devait de faire honneur par extension.

« Alynera, je te présente Maekar Tergaryon. »
le corps svelte, longiligne de la dénommée Alynera se mouvait d’une grâce naturelle. Femme aux traits délicats, la demoiselle posa un regard indéchiffrable sur sa personne. Elle le jaugea, reine dans toute sa splendeur. Un sourire ourla ses lèvres, poli, pour finalement partir rejoindre sa propre cour. La Vaekaron lui laissa une drôle d’impression sans qu’il ne put mettre de mot. Indescriptible, le cadet songea que cela sera certainement la dernière fois qu’il la croiserait.

Les heures passèrent sans réel engouement. Le Tergaryon pensait même que le moment était venu de retrouver sa caserne, à pas de loup. Qui sait son frère aîné n’aura peut-être pas de souvenir de la veille.Cependant, les dieux avaient bien d’autres projet en ce qui le concernait. 


« Qu'oses-tu donc juger avec tant de sévérité, fils de Vaegon ? » lui murmura cette dernière à son oreille. Maekar avait littéralement baissé sa garde, n’ayant pas entendu sa démarche féline. Un manquement qui le déconcerta. Il réprima un grognement contre lui-même.

« Navré de troubler ta quiétude Dame Alynera. Je suis d’une très mauvaise compagnie pour ce genre d’occasions. Mon frère a plus hérité de ce côté que moi.» rétorqua celui-ci.
Les rires de son aîné mêlés à ceux de son partenaire de crime résonnèrent dans toute la bâtisse. Semblaient-ils échangés des anecdotes fortes agréables.
Un sourire amusé ourlait ses lèvres alors qu’il recroisa une fois de plus ce visage qu’on louait dans tout Valyria.Il essayait de convaincre sa nouvelle acolyte que les festivités ne l’enchantaient guère. Néanmoins, son humeur semblait plus touchée qu’un simple ennuie d’être entre ces murs.

« A dire vrai, j’ai été traîné jusqu’ici. Je me voyais bien continuer mon entraînement jusqu’au soir, histoire de parfaire ma technique. Mais mes plans sont comme qui diraient tombés à l’eau. Enfin sans offense aucune, la célébration est bien belle… seulement. »  Maekar n’était pas d’ordinaire très loquace, cependant la boisson déliant les langues, le voilà à répondre à l’un des hôtes de la Tour Vaekar.

Il chassa ses sombres pensées.
« Enfin nous ne sommes pas là pour parler de mes états d’âme, cela ne ferait que ruiner ce moment de fête. » ses yeux ne manquèrent pas de trouver un peu plus loin quelques instruments de musique qui semblaient être entreposés. Le vin ayant déjà fait son chemin, il se questionna intérieurement sur leur présence et une idée sommes toute saugrenue lui traversa l’esprit.

« N’ayant rien de mieux à faire si ce n’est que boire, pourrait-on jouer un peu de musique, histoire de nourrir plus aisément notre âme ? » la harpe bien plus en retrait des festivités, semblait l’appeler inconsciemment.

D’un commun accord, surtout la boisson faisant son effet, les voilà créatures euphoriques en quête d’un quelconque divertissement. L’instrument posé contre l’un des murs, les attendait patiemment. Phare dans la nuit, ce dernier ne demandait qu’à être entre ses mains. Pincer, glisser ses cordes, entendre ses notes s’harmoniser devenir musique. Une certaine quiétude entourait le soldat. Une sérénité qui faisait écho à son âme tiraillée. Le jeune homme s’installa plus confortablement, sa prise devenant plus affirmée, plus habile. Il y avait bien longtemps que ce dernier n’avait pas eu entre ses doigts autre chose qu’une arme.
Les dieux leur offrit bien plus que la vie, la prospérité et les dragons. Bien que ces êtres éthérés, figures éternelles, gardaient farouchement Valyria. L’art noble de la musique fut un des dons les plus précieux donnés commun des mortels.

Une symphonie de notes, de sensations, s’en suivaient lorsqu’il débuta sa partition. Concentré, le Tergaryon oublia l’espace d’un court instant d’être présentement au beau milieu d’un festin, où se mêlait luxure, et gourmandises du soir. Le jeune homme poursuivait sa mélodie quand soudainement la voix de son acolyte résonna, semblant curieuse.

« Je ne savais pas que la branche cadette portait en son sein un mélomane. » répondit la jeune femme quelque peu amusée.

Son regard croisa une fois de plus le sien, intrigué.
« Si cela pourrait rester entre nous. » ajoutait-il joueur. « En effet, je berçais ma sœur étant enfant. N’ayant pas l’âme d’un véritable cantateur à l’époque, je me suis tourné vers nul autre que la harpe. Il était donc plus aisé pour ma mère de la calmer. »

« Ta soeur ? » continua cette dernière.

« Oui Elaena… »souffla-t-il songeur, presque nostalgique.
« Quoiqu’il en soit je pense que mes talents de musiciens se sont émoussés avec le temps. Tu dois certainement me surpasser Fille de Lorgor. D’ailleurs je pense que ta pratique ne pourrait que me nourrir davantage. »



 

   
Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Tour Vaekar, 3ème mois de l'An 1058

« Et pourquoi voudrais-je jouer du trigonum pour toi fils de Vaegon ? »



Appuyée sur son avant-bras, le corps serpentin, elle l’observait l’air mutin. Afin de le tourmenter, amusée par la tournure des choses, elle laissa un long silence pendant lequel ses yeux semblèrent se jouer de lui. Derrière son air princier, cependant, elle était agréablement surprise par Maekar Tergaryon. Non qu’elle ait été touchée par ce surprenant sentimentalisme, mais plutôt parce qu’en plus de ne pas s’intéresser à cette fête, à laquelle il n’aurait jamais du participer, il ne montrait pas le moindre intérêt pour elle. C’était certainement une attitude à laquelle elle n’était pas familière — encore moins lorsque cette fête était à son honneur. Il était probablement le seul de ce palais à ne pas vouloir la mettre dans sa couche ou la ravir en mariage. Et cela lui donnait bien tous les droits de le tourmenter !



« Tu viens en le palais de mon père, invité par mon frère, à une célébration en mon honneur, mais tu boudes dans ton coin les plaisirs de bonne chère, affichant triste mine, jusqu’à me parler d’une autre. Dis-moi qu’à donc cette sœur que Meleys ne m’a point dotée ? Devrai-je me plaindre aux Dieux qu’il existe plus belle et mieux faite que moi ? »

Elle prit un air chagriné, presque attristé, mais ses pupilles étaient trop pétillantes pour que cette colère soit réelle. La lecture de ses Flammes ne lui avaient point promis d’avenir particulier, telle que celui de Mage ou de Prêtresse, autre qu’une beauté offerte par Meleys à son image. En cela, elle avait toujours été la préférée de son père, le joyau de Tour Vaekar. La salvation de la dynastie. Mais, la jeune Alynera avait appris depuis bien des années que ce présent divin était sa propre malédiction. Cette apparence la renforçait davantage dans un rôle strictement féminin, ses études n’étaient pas autant encouragées que celles de ses frères. Cette fête, elle-même, n’aurait jamais eue lieu d’être si elle avait été moins belle. Son père l’aurait mariée à l’un de ses frères, sans que la question de son départ n’effleure son esprit, mais voilà qu’elles étaient toutes deux mises à prix. Le plus riche, le plus fort, la ravirait loin d’ici et ses enfants auraient un sang souillé. À ce titre, ils ne seraient que de vulgaires progénitures et elle une femme sans honneur. Entre Maekar et elle, Alynera aurait dû être la plus effacée. Après tout, lui, que risquait-il ? Son sang était déjà dilué par la faute paternelle, mais il demeurait homme. Il avait choix de son destin. Cette sœur, Eleana, qui semblait le tourmenter si fort, il pouvait l’enlever à son frère aîné si tel été son souhait. Mais elle qu’avait-elle à faire à part attendre sa propre condamnation ? 


Croquant dans une fraise, elle chassa ces funestes pensées. La fille de Lorgor n’avait pas un tempérament mélancolique, quoiqu’elle ait été élevée dans les ruines d’un héritage écrasant. C'était peut-être d'ailleurs parce que sa famille avait tout eu et avait presque tout perdu qu’elle n’aimait pas s’attrister d’un avenir qui n’était pas. Mieux que quiconque les Enfants d’Arrax savaient pertinemment que les Dieux tissaient les fils des destinées humaines comme ils leur chantaient. Aussi les heures de ce soir ne devaient être dédiées qu’aux réjouissances, des sens et de l’esprit. Elle s’était montrée, quelques heures auparavant, derrière un masque résolu à feinter son amusement toute la nuit durant. La Fortune lui offrait une échappatoire heureuse, elle ferait de Maekar son compagnon nocturne.



« J’ai été stupéfaite de ta ressemblance avec Aedar. Elle ne semble que physique cependant… Ton frère possède cette assurance impulsive, toute aristocratique, et en cela partage bien la rage excentrique de mon cher frère. À la différence, tu sembles posséder quelque chose de plus taciturne, quoiqu’impitoyable, en toi. »



Alynera possédait l’une des rares qualité stratège que l’on pouvait admirer chez une femme, l’observation. Silencieuse, en retrait de l’agitation qui se formait autour d’elle, les détails ne lui échappaient que rarement. Pour autant les effluves de l’alcool devaient lui avoir monté aux joues car elle ne sut trop pour quelle raison elle avança ces quelques phrases.


« Bien, jouons ! Vérité ou mensonge. Celui qui perd, bois sa coupe. »

D’une invitation du regard, elle lui fit signe de se rapprocher d’elle. Bien entendu, elle commencerait. Elle chercha un instant dans la foule des invités une proie de laquelle se gausser.

« Vois-tu le fils Cellaeron ? Là-bas dans sa toge de soie mordorée ? »

Elle désigna discrètement le cousin éloigné du Seigneur Baelor. Un jeune homme tout aussi ambitieux que ses choix vestimentaires. Il fallait dire que l'ambition dévorait cette branche, davantage encore que la principale, qui s’était retirée à Anagoria pour forger sa propre fortune. Riche ils l’étaient, mais plus encore ils étaient pétris d’une volonté de surpasser leurs parents restés à Valyria.

« Si je te dis qu’il a proposé 160 millions, en pièces d'or, à mon père pour ma main, vérité ou mensonge ? »

 

   
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