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Jaehaegaron Maerion
Jaehaegaron Maerion
Sénateur

Tout pouvoir est une conspiration permanente

ft. Daenerys Maerion et Maegon Tergaryon

Castel Maerion, An 1067, Mois 10

– Maître ? Ton bain est prêt. Il faut te hâter, sinon l’eau va refroidir.

  Sailli de toute part par la fraîcheur du matin, Jaehaegaron releva la tête de son ouvrage et croisa le regard de son domestique, lequel se tenait à l’encadrement de la porte de son bureau. Le jeune valyrien n’avait pas entendu ni le grincement des gonds ni même les bruits de pas de son serviteur. L’information qui venait de lui parvenir, un bon bain chaud, lui arracha un petit sourire.

Oui, oui. J’arrive, lui adressa-t-il avant de le quitter des yeux pour finir le paragraphe qu’il était entrain d’étudier.

  La nouvelle de la destinée de son tout jeune fils, Tyraegor né de l’union avec sa désormais soeur-épouse, Daenerys, avait poussé le jeune sénateur a se pencher sur la question de la magie valyrienne. L’annonce de la future entrée de son fils au Collège des Mages n’avait pas eu le même retentissement que celui que l’on pouvait naturellement escompté à l’annonce de la naissance d’un héritier, ce ni dans la bonne société valyrienne, ni même encore dans le Castel Maerion, où le père du fringuant sénateur avait d’ailleurs déjà fait connaître ses impressions de manière très directe. Sans être non plus interprété comme un mauvais pressage, on pouvait estimer assurément que le nom des Maerion aurait pu briller en prestige s’il en avait été autrement. Quel paternel ne serait pas fier d’annoncer qu’il avait donné à sa lignée un héritier et que de fait sa famille était consolidée ?

Désormais père, Jaehaegaron avait tenu à prendre cependant toute la responsabilité de cette nouvelle situation. S’il était vrai que Tyraegor aurait pu accéder à un rang plus noble, il n’en n’est pas moins qu’il avait réussi l’Épreuve du Feu et qu’il avait reçu, à un si jeune âge, l’immense honneur de servir les Dieux de sa Cité en étudiant la science des arcanes. De son vivant, le jeune valyrien n’avait pas eu le souvenir d’avoir côtoyé de très près des mages.

Certes, la position de sa famille lui avait permis de fréquenter du monde, et en abondance ! Mais sous l’empire d’un père qui le destine et qu’il lui rappelle chaque jour que le sort fait, qu’il va hériter du nom Maerion et de tout ce qui va avec, Jaehaegaron n’avait jamais eu le temps de se pencher sur cet art aussi ancien que le domptage des premiers dragons par les fondateurs de Valyria et si emblématique de sa Cité que la renommée hédoniste des mœurs de sa patrie.

Ainsi, cette nouvelle était vécu plutôt comme une réjouissance pour le jeune homme. Depuis la guerre avec Ghis, Jaehaegaron avait bien changé. Tout avait bien changé, même. Meleys, sa sœur aînée, à qui il était promis, fut emportée quelques jours avant les premiers combats et lui accompagné de son jeune et fringuant frère ainsi que de son père avaient du rejoindre manu militari le champ de bataille pour servir sous les bannières de la République. Cet épisode avait été la source de grands chamboulements dans la psyché du Sénateur Maerion, même si celui-ci n’en mesurait pas encore toutes les conséquences. Il en résultait du moins qu’à son retour, Jaehaegaron avait entrepris d’accepter sa situation et de se mettre au clair avec les Dieux. La venue d’un fils destiné à la magie, d’une union que rien ne permettait de prévoir et qui avait été la cause et le catalyseur de nombreux doutes et remises en question, était donc perçu comme un signe, une bonne augure … Peut-être un mariage prolifique ? Une union forte ? Comme l’espérait le cœur du jeune sénateur.

Maître. Ton bain va refroidir.
- Oui, s’agaça le sénateur qui peinait à finir sa lecture. Voilà, j’arrive.

  Dès qu’il eut fini son paragraphe, Jae se leva de son fauteuil et son regard se plongea alors dans la pièce. L’aurore du matin avait enveloppé son bureau dans une vape obscure qui ne laissait apparaître que les traits effacés de son environnement. La lumière du soleil, chaude, commençait à percer au lointain. La frêle bougie qu’il avait pris avec lui pour entamer sa lecture au lever du lit ne lui était plus d’aucune utilité. Il l’éteignit alors avant de se diriger vers la porte de son bureau.

Dans la pièce voisine, plusieurs domestiques s’activaient à préparer la journée du jeune sénateur. Sur une des banquettes de la salle, ses linges, parfaitement lavés et prêts à être enfilés. Au milieu de la pièce, une somptueuse bassine, acquise à très bon prix et forgé par un excellence artisan trônait fièrement. La vapeur de l’eau chaude emplissait la pièce et enveloppé le bain d’un discret nuage. Jaehaegaron était pressé de plonger son corps assailli par le froid matinal.

Plus vite, lança-t-il à la jeune esclave qui lui ôtait son dernier vêtement.

  L’entrée dans cette eau, si pure, si chaude, provoqua en lui un long instant de satisfaction. Ses poils se dressèrent à mesure qu’il s’immergeait dans la bassine et ses muscles, légèrement engourdis par le froid matinal, se détendaient eux aussi. Un râle de plaisir lui sortit tout naturellement de la bouche alors qu’il était complètement installé.

Et très bientôt, la machine rodée de la maison se mit en marche. Le jeune sénateur avait renouvelé en grande partie son service domestique personnel au retour de la guerre. Après tout, il fallait bien faire quelque chose de l’argent qu’il avait reçu du fait de sa participation au conflit et à la victoire de la République, si s’en était une. Jaehaegaron s’était rendu à l’une des ventes organisées par la guilde des marchands et avait demandé à voir les plus beaux arrivage. Les rapports de la famille avec cette organisation mercantile ayant facilité les choses, il avait cependant du dépensé le prix fort pour chacun des esclaves présents dans cette salle. Dans un autre contexte, le sénateur aurait trouvé cette idée minable mais la guerre usait et nécessitait à celui qui en sortait de tenter de reprendre le cours d’une vie normale, sans quoi, sombrer dans la folie était son destin. Et c’était ainsi que l’héritier Maerion avait choisi de mettre en application cette pensée.

Bientôt, une jeune femme apporta le savon qu’elle versa dans le bain tandis qu’une autre s’était munie de quoi le laver. Jaehaegaron considérait que prendre soin du corps d’un seigneur-dragon et sénateur était un honneur particulier qui ne pouvait être attribué à n’importe qui. Parmi le groupe dont il avait pris possession, le jeune valyrien avait donné cette charge à la plus belle d’entre elles. Ses cheveux blonds dévalant ses clavicules et sa poitrine en une cascade de boucles avaient eu l’insigne honneur de recevoir la faveur des yeux et du cœur de son désormais maître. S’approchant du jeune homme, son parfum inonda ses narines et prolongea la sensation de détente que celui-ci ressentait. Le jeune valyrien se plongea totalement dans le moment présent et profita.

Jusqu’à ce que l’émotion passe et que son esprit se mette à ruminer... La journée, qui avait commencé sur les coups de cinq heures, était loin d’être terminé. Après avoir pris une modeste collation, Jaehaegaron avait passé deux petites heures dans son bureau à étudier le livre traitant de magie, appartenant à la bibliothèque familiale. En vérité, il s’était surtout laissé porter par ses pensées qui lui rappelait sans cesse les enjeux de la situation présente.

Son père, Arraxios Maerion, grand héros de la République, ancienne Lumière du Conseil et de renommée sans conteste dans toute la péninsule valyrienne, était l’un de ces poids que le jeune valyrien devait supporter chaque jour passant depuis sa naissance. Son empire paternel n’avait jamais vraiment disparu car le vieux Maître du Castel Maerion veillait au grain. Il était toujours là pour rappeler à son héritier sa condition. Même lorsqu’il s’agissait du fils de celui-ci, le jeune Tyraegor.

Sa destinée au Collège des Mages n’avait pas plus à Arraxios, qui lui attendait de Jaehaegaron et de Daenerys, un héritier digne de porter le nom Maerion. Le désormais grand-père l’avait fait savoir directement pendant la cérémonie de l’Épreuve du Feu de son petit fils. Autant dire que de tels commentaires ne purent être reçu favorablement par Jaehaegaron.  

Ce jour-là, une dispute éclata. Le prenant par le bras, Jae le fit sortir de la pièce et le regarda droit dans les yeux. Une colère noire traversait ses pupilles. Quoi que son fils put faire, Arraxios condamnait absolument l’acte de celui-ci, qu’il prenait pour de l’insubordination. Les mots volèrent comme des éclats de verre et les noms d’oiseaux qui furent proférés à ce moment allaient prendre du temps à être oublié. Le jeune valyrien avait pourtant toute la légitimité d’agir ainsi. Il en était convaincu !

Jaehaegaron pouvait encore ressentir la colère le prendre alors que Arraxios déclarait à demi-mot que Tyraegor aurait pu faire mieux pour sa première épreuve. Par tous les Dieux ! Comment un enfant, un nouveau-né pouvait-il faire quelque chose, un jour à peine après sa naissance ? Seules ces choses là appartiennent au domaine des êtres bien supérieurs aux Valyriens, qu’ils montent ou non des dragons. Comment pouvait-on attendre quelque chose d’un être dont la naissance ne datait d’à peine un soleil et une lune ? Jaehaegaron avait consenti à l’autorité de son père sur sa vie, et ce depuis sa naissance. Mais il voyait bien le jeu auquel Arraxios voulait jouer. Laisser son propre fils se faire embarquer dans le même labyrinthe que lui était hors de question. Certes, le seigneur-dragon était attaché aux règles et aux préceptes moraux ainsi qu’aux traditions ancestrales de son peuple mais il n’avait pas envie d’enfermer son fils dans le même carcan que lui avait imposé son propre paternel. Si la vertu doit prédominer, elle se doit de l’être autant chez le père que chez le fils et Jaehaegaron avait tenu ce jour là, à le rappeler à son père.

Mais les minutes passèrent plus vite que le cours de ses pensées. L’eau du bain devenait déjà tiède. Peut-être était-ce à cause des pensées de celui qui l’occupait ? Après tout, des lectures de Jae, les arcanes avaient l’air de regorger de nombreux mystères et autres secrets encore inconnus malgré l’âge ancien de cet antique art. Comme l’eau n’était plus agréable et qu’il fut lavé pendant sa rêverie, Jaehaegaron fit un signe de tête pour signifier qu’il en avait terminé avec son bain. Le jeune valyrien en émergea, l’eau goûtant de son corps, et une esclave le sécha. Un autre se prépara à l’habiller. Le petit déjeuner attendait le sénateur car à cette heure, l’ensemble du Castel devait être assurément éveillé.

Sa tenue enfilée et sa toilette journalière faite, le sénateur disposa ses domestiques et quitta la pièce pour rejoindre la grande salle où sa sœur-épouse accompagné du tout nouveau-né Tyraegor ainsi que le reste de la famille devait déjà être attablé. Le valyrien pressa le pas, passant un complexe de couloirs et de salles avant d’arriver dans la grande salle. Des domestiques s’activaient en tout sens pour préparer la table et servir leurs maîtres. Arrivant de dos, Jaehaegaron reconnu la longue chevelure blonde de Daenerys et les bredouillements sonores de leur fils.

Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Tout pouvoir est une conspiration permanenteDaenerys Maerion & Jaehaegaron Maerion & Maegon Tergaryon

Castel Maerion, Valyria - An 1067, mois 10

Voilà déjà un mois que son fils le petit Tyraegor était né. La jeune mère avait longtemps eu peur que sa grossesse se termine mal. Elle ne pouvait oublié les paroles du mage qu’elle avait vu en début d’année. Et puis il y avait eu son expédition sur le territoire des Ybéens et ses combats face aux andales. Elle avait eut peur de perdre l’enfant alors qu’elle apprenait qu’elle avait pris tant de risque. Elle avait alors prié les quatorze encore plus ardemment qu’à l’accoutumé et lorsqu’elle avait mis au monde l’enfant et voyant qu’il s’agissait d’un fils, la cadette des Maerion et future dame du Castel avait affiché un large sourire. Elle avait finalement réussi là où sa sœur avait échoué et pour une fois, elle avait eu la sensation de ne pas être qu’une doublure, une suppléante pour son frère-époux et ses parents. Mère avant tout, elle avait eu du mal à laisser son fils réalisé si jeune son épreuve du feu. Mais elle n’avait pas pu s’y opposé, respectant les traditions familiale. Mais lorsque les flammes avaient parlé et qu’on avait annoncé à la mère que son fils était voué au Collège des Mages, la réaction de Daenerys avait été sens appel. Pendant plusieurs mois, la jeune femme refusa de voir son fils, symbole de son propre échec et peut-être une punition des quatorze face à ce qu’elle avait fait et qui un jour se réaliserait. Elle s’était longuement demandé pourquoi cela prenait tant de temps.

Délaissant son fils, le confiant à une nourrice, elle préférait passer la majorité de son temps à prier les quatorze, cherchant une réponse à ce choix qui privait les Maerion d’un héritier. Ce ne fut qu’après de longues discussions avec sa mère Vhaenyra que la dame daigna créer enfin un lien avec son fils et premier né tout en se jurant elle-même qu’elle ferait tout pour donner un nouvel héritier à sa famille et à son époux. Daenerys Maerion décréta finalement que l’enfant devrait dormir dans sa chambre constatant la façon dont son père regardait son fils et craignant pour sa vie. Alors, ce matin-là, comme les précédents matin depuis quelques semaines, elle resta de longues minutes à observer son fils avant d’appeler une servante pour qu’elle vienne s’afférer autour d’elle et du jeun Tyraegor. La jeune femme prépara un bain et les futures tenues de la mère et l’enfant avant d’aider sa maîtresse à se dévêtir. Daenerys ne profita pas longtemps de l’eau chaude de son bain et alla s’occuper de laver son fils avant qu’on ne vienne l’aider à passer sa stola et habillé son premier-né. Elle laissa ensuite la femme s’occuper de ses cheveux et une femme prête, elle prit dans ses bras le jeune enfant pour rejoindre la grande salle où le premier repas de la journée ne tarderait pas à être servi.

La jeune mère fit son apparition dans la salle et constata que déjà ses parents et son frère Aerys s’y trouvaient déjà. Jaehaegaron devait être encore en train de lire et relire des documents propre à Drivo pour être ainsi retardé. Daenerys prit alors place sur l’assise qui était la sienne et berça doucement son fils. Sa mère qui se trouvait à ses côtés déposa un tendre baiser sur le front de son petit-fils et offrit un sourire complice à celle qui était son trésor et qui lui avait offert la descendance tant attendue. Sa mère avait été un soutien pour la jeune femme qui avait toujours vu de la bienveillance dans ses yeux lorsqu’elle regardait Tyraegor. Vhaenyra ne s’était d’ailleurs pas faite prier pour s’occuper un peu du jeune nouveau-né avec nourrice qui lui était attitré le temps que sa mère accepte la volonté des Dieux. Vhaenyra avait cette force et cette résilience que n’avait pas encore sa fille, elle n’avait pas connu toutes ces fausses-couches. Parce que ce n’était pas pour rien que la fratrie Maerion ne comptait que quatre enfants. Une terreur qui avait envahie subitement Daenerys les premiers temps. Alors évidemment, elle avait été fière de donner naissance à un enfant vivant et d’autant plus attristé de savoir qu’il la quitterait le jour de son entrée au Collège des Mages. Perdues dans toutes ses pensées, elle n’avait pas vu arrivée son frère-époux et ne l’aperçu que lorsqu’il entra complètement dans son champ de vision alors qu’elle relevait la tête attirée par l’apparition de fruits devant elle. « Mon époux, te voilà enfin. Tes parchemins t’auraient-ils encore beaucoup trop accaparé ce matin ? » fit la jeune femme en offrant un sourire à son aîné.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

-Tyraegor ? Décidément, ces Maerion ont un vrai souci avec les prénoms. Jaehaegaron, Tyraegor... J’ai l’impression que ma langue trébuche dès que je les appelle...

Maegon aussi prenait son bain avant sa visite programmée chez les Maerion. Une rencontre importante qui devait permettre à Maegon d’avancer Jaehaegaron comme nouvel homme fort de l’armée. Une étape décisive dans l’avancement du plan de Maegon pour la préparation militaire de la République face à l’ennemi Ghiscari. La fin du précédent conflit avait peut-être semé des illusions pacifistes dans les esprits, certainement guère chez Maegon Tergaryon. Il ne croyait pas au retour du temps des orgies tranquilles. Le peuple était en tumulte, et les affaires du dehors ne se présentaient pas beaucoup mieux. Il connaissait peu Jaehaegaron, il avait la réputation d’un tacticien remarquable et d’une réputation sans faille dans son service de l’armée. Son appartenance à la faction religieuse lui donnait de surcroit une aura de vertu et de sainteté dont la République avait besoin à la tête de ses troupes. Un homme une épée à la main et le regard tourné vers le ciel, sorti d’une des meilleures familles de la République et membre du Sénat était un choix évident parmi les candidats potentiels.

Naturellement, Maegon aurait pu se porter candidat lui-même, mais s’eut été une erreur de débutant. Il ne disposait pas de faits d’arme assez importants, ni d’un grade officiel dans l’armée. Briguer cette charge, s’était s’assurer de se faire d’inutiles ennemis et manquer une occasion de se faire des obligés et des alliés. Maegon voyait le long terme, et la situation d’ensemble. Cette situation ne commandait pas qu’il devienne, dans le moment, le chef des armées valyriennes. Cependant, il pouvait franchir un pas supplémentaire. Si le poste suprême ne lui était pas possible, la charge de Général était à portée. Il pouvait enfin devenir l’égal militaire de son cousin Maekar et cela, son nom, sa fortune et son influence pouvait le permettre.

En sortant de l’eau encore chaude des idées de batailles militaires et politiques plein la tête, il s’étendit comme un fauve sortant de sa sieste. Sa toge passée et le soleil pointant sa lumière, il se fit porter une rapide collation matinale qu’il avala en vitesse. Il repassait mentalement dans sa tête les divers membres de la famille Maerion. Le vieux dragon édenté Arraxios ne faisait plus tellement parler de lui depuis sa défaite contre Baelor. Maegon n’y avait participé que de loin, suivant largement les initiatives de la branche cadette. Au reste, depuis la mort de Lucerys, Arraxios appartenait au monde d’hier. La déférence qu’on pouvait avoir vis à vis de ce redoutable politicien et remarquable chef de guerre ne signifiait plus qu’il faisait encore partie de la grande partie d’échec qui se jouait perpétuellement dans la capitale valyrienne. Maegon n’était pas encore trentenaire, il préférait donc miser sur le fils aîné, qui était à peine plus âgé que lui. Il préférait l’avenir au passé. Cependant ce choix ne se révélait payant qu’en agissant dans le présent.

C’est pourquoi, tel un pèlerin, il fit route, avec une petite escorte, vers Castel Maerion. Une fois arrivé, il se fit annoncer pour une entrevue avec le Général-Sénateur Maerion. On le fit attendre dans l’antichambre. Il espérait également revoir Daenerys, qui avait été sa consoeur de bataille contre les Andals et qui avait semblé plutôt distraite lors de certaines phases de la bataille. Naturellement, si elle avait été enceinte au moment des combats, c’était un miracle qu’elle soit encore en vie, et leur fils aussi.

Il ne restait plus qu’à attendre que le maître des lieux daigne le recevoir.
Jaehaegaron Maerion
Jaehaegaron Maerion
Sénateur

Tout pouvoir est une conspiration permanente

ft. Daenerys Maerion et Maegon Tergaryon

Castel Maerion, An 1067, Mois 10

- "Il n’y a pas plus prenant que les affaires de Drivo, chère épouse, lui répondit-il avant d’avaler quelques raisins. Oh mais, c’est notre petit Tyraegor. Permets-tu ?" demanda le jeune père avant d’apercevoir son petit garçon. Il le prit dans ses bras et lui sourit avant de marcher autour de la table pour saluer le reste des Maerion.

- "Père, mère, cher frère, je vous salue … et le petit Tyraegor aussi", dit-il alors que le nouveau né gazouillait à foison. Vharenya lui retournât son sourire mais ce ne fut pas le cas de son père, Arraxios. La guerre qu’il avait lancé contre son paternel ne prendrait-elle fin que lorsqu’il aurait amassé autant de gloire que lui ? Une mort était-elle nécessaire, alors qu’une pensée pareille allait à l’encontre de toute la doctrine Maerion : la Famille, le Sang, l’Autorité …

Plongé dans ses pensées, Jaehaegaron prit place sur une chaise près de son épouse. Les yeux violets de son jeune enfant scrutait les détails de son visage. Son regard, sa bouche, sa mâchoire, sa barbe. Tout cela devait-être impressionnant pour un si jeune être qui ne connaissait encore rien au monde. Tyraegor n’avait pas encore connu la guerre … mais son père, lui, prédisait déjà qu’il allait la connaître. Son destin, déjà tracé, était une sorte de guerre, du moins aux yeux de Jaehaegaron. Des batailles se menaient déjà, et dès sa naissance, des partis se dessinaient… Mais alors qu’il rêvassait, Arraxios, celui qui était encore le maître du Castel, l’interrompit.

- "Quelles affaires te prennent autant de temps pour manquer le respect de te tenir devant tes parents, au levé du soleil ?

Le salaud. Il ne pouvait manquer une occasion pour frapper à nouveau son propre fils, pour le tester, pour prouver à nouveau sa valeur, sa capacité à hériter du nom Maerion.

- Tu connais mieux que moi les affaires qui occupe un Sénateur, Père. Pourquoi cette question … Il chercha ses mots. Saugrenue ?

- Ne me manques pas de respect, Jae…

- Si tu dois bien le respect à ton père, Jaehaegaron, tu le dois aussi à nous, coupa sa mère, consciente de la bataille qui se jouait. Alors, quelles affaires pressent le Sénateur Maerion ? Rappelle-toi que tu n’agis pas pour ton seul intérêt mais que …

- Que je suis l’héritier Maerion et que je me dois de servir et de protéger mon sang. Nous savons, Mère, trancha-t-il, agacé. Mon sang sera ravi d’apprendre que le Sénateur Maerion reçoit ce jour un personnage très important, annonça-t-il d’un air fier, récoltant les regards intéressés de sa famille. Je suis très préoccupé par la situation de la République, depuis cet événement que la Sénatrice Daera a causé. Malgré l’intervention de la Triarchie, Daera et ses fidèles ont marqué des points. Leur influence grandit alors que la notre faiblit. Nos forces ont peut-être été disspercées mais la partie d’échec éternel que constitue Valyria continue d’être jouée. L’é … Le jeune valyrien  se demanda s’il était nécessaire de prononcer ses mots. L’échec de ta réélection en tant que Lumière doit être lavée, Père. J’aspire à relever le nom Maerion et à renforcer le pouvoir de la République. Daera ne me dit rien qui vaille. Mais ce n’est pas, à cette heure, le problème le plus urgent … La tête des armées valyriennes doit-être renouvelée, par quelqu’un qui en porte la stature. Bellarys est un bon gestionnaire certes. Mais, au regard des forces qui se déploient sous nos yeux, il vaut mieux pour la République et le Sénat que les armées se trouvent un nouveau chef."

Sur ces mots, son conseiller sénatorial entra dans la salle, au pas pressé. Jaehaegaron sourit, puis tourna sa tête dans sa direction. Celui-ci s’approcha de ses maîtres et déclara.

- Le Sénateur Maegon Tergaryon vient d’arriver. Il t’attend dans tes appartements, maître Jaehaegaron.

- Ah, une heureuse nouvelle. Bien, je m’excuse mais le Sénateur Tergaryon n’attendra pas plus longtemps, dit-il en se redressant, toujours berçant son enfant dans les bras. Bien sûr, le jeune sénateur n’allait pas l’emmener de si tôt dans une entrevue aussi importante. Aussi, le jeune père rendit délicatement sa progéniture au soin de son épouse avant de suivre le pas de son domestique.

Le Sénateur et son conseiller traversèrent un dédale de salles, de couloirs, de corridors et d’escaliers avant d’arriver aux appartements de Jaehaegaron. Sur le chemin, le jeune valyrien repensait au visage de son père lorsqu’il eut annonçai ses intentions. S’il est âgé, Arraxios n’est pas non plus le pied dans la tombe. C’est un vieux loup rodé aux engrenages de la politique. Malgré toute l’assurance – peut-être même l’arrogance qu’il tenait à afficher, le jeune Jaehaegaron restait encore le fils Maerion, qui devait respect à son père autant qu’il devait tenir pour sacré le sang de sa famille.

Alors qu’ils arrivaient devant les portes de l’antichambre, le jeune valyrien pria un instant les Quatorze pour qu’ils bénissent son entrevue à venir et qu’ils le gardent de tout orgueil inutile. Son conseiller lui ouvrit les portes. Jaehaegaron, entrant dans la pièce, fit alors face à l’ambitieux Sénateur Tergaryon, un homme qui lui semblait bien bâti.

- Sénateur Tergaryon, te voici ! Puisse les Quatorze nous apporter la félicité. Le Castel te parait-il confortable ?

Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Castel Maerion, Valyria - An 1067, mois 10

Drivo, toujours et encore Drivo, à croire qu’il n’y avait que le Sénat qui pouvait compter aux regards des hommes. Elle avait vu son père s’enfoncer dans la politique et sa mère le soutenir becs et ongles. Devrait-elle agir comme elle ? Sans aucun doute puisque son époux semblait préférer la compagnie de ses parchemins à sa famille. Mais Daenerys n’était ni Meleys et encore moins sa mère. Si elle pouvait accepter que Jaehaegaron s’implique dans la politique de Valyria comme l’avait fait avant lui Arraxios, elle ne resterait certainement pas en retrait, quant bien même elle devrait s’imposer à son frère-époux jusque dans ses appartements du Sénat. La demande de son aîné de prendre leur fils dans les bras fit finalement s’étirer les lèvres de la cadette. Visiblement, il prenait conscience que la chair de sa chair se tenait juste sous ses yeux. Évidemment, la mère céda à contre cœur après quelques instants d’hésitation. Si elle avait mis du temps à accepter le destin de son fils malgré tout l’amour qu’elle lui vouait, le laisser entre les mains d’une autres personne que les siennes était un acte qui lui coutait beaucoup. Pourtant elle devait bien s’incliner face au lien qui unissait aussi son fils à son père. A bien des égards, le petit Tyraegor avait pris les traits de son père. Mais visiblement, son caractère et sa destinée particulière ressemblaient plus à ceux de sa mère. Si petit et déjà aussi rebelle puisque bien qu’étant l’aîné de la famille qu’ils construiraient tous les deux avec les années, il n’en serait jamais l’héritier. Un petit rire vint accompagner les salutations de Jaehaegaron et de leur fils. Daenerys inclina la tête déposa une main affectueuse sur le bras de son époux lorsque ce dernier eut pris finalement place à ses côtés. La Dame et future maitresse des lieux allait échanger quelques mots avec son époux lorsqu’Arraxios l’en empêcha. « Père ! » lâcha cette dernière son regard venant s’encrer des les prunelles améthyste du patriarche.

Spectatrice de la joute verbale entre Jaehaegaron et leur père, Daenerys pressa sa main sur le bras de son frère-époux. Qu’importe les désaccords, qu’importe les grieffes, ce n’était ni le lieux ni le moment de les faire éclater aux grands jours et encore moins en présence de leur fils. Tout le monde le disait, les enfants ressentaient les tensions plus que quiconque et il était hors de question qu’elle laisse cette atmosphère pesante envahir la pièce. L’intervention de Vhaenyra fut accueilli par sa fille comme un soulagement. Comme toujours l’épouse de l’ancienne lumière de Sagesse connaissait plus que très bien chacun des membres de sa famille et elle tenta avec délicatesse mais fermeté de mettre fin, pour l’instant aux hostilités à peine voilées. Mais il fallut l’arrivé d’un conseiller annonçant la venue du Sénateur Tergaryon pour définitivement mettre fin à la scène. Les prunelles de la Maerion s’illuminèrent à l’idée de revoir le Sénateur. Depuis qu’ils avaient combattu ensembles à Ybeen, la Dame-Dragon vouait une certaine admiration pour l’homme et le considérait comme un potentiel allié de poids pour les Maerion. Reprenant son fils dans ses bras, elle regarda son époux s’éclipser et prendre la direction de ses appartements. « Père, Mère, Aerys, veuillez m’excuser. Je crains fort que tout ceci n’ait que trop agiter mon fils. Je préfère le ramener au calme. Je reviendrai seule lorsqu’il se sera endormi. » fit alors la mère en se levant à son tour. Évidemment, tout ceci n’était qu’un prétexte et la jeune femme pouvait affirmer sans trop se tromper que sa mère avait lu dans ses pensées. Vhaenyra lui donna la permission de se retirer tout en échangeant un regard entendu sur ce qui allait se passer par la suite.

Ce fut son fils dans les bras que ses pas la menèrent jusqu’aux portes des appartements de son époux. Là, elle y trouva un garde qui lui barra l’entrée. « Ecarte-toi, garde ! Je suis attendue par le Sénateur Maegon Tergaryon. » L’homme ne s’écarta pas tout de suite, jugement sûrement que la présence d’un nouveau-né n’était pas chose coutumière. « Je ne peux laisser mon fils. Et ce n’est qu’un bébé. Il ne comprendra rien et ne répétera rien, imbécile. » renchéri la Dame-dragon qui commençait doucement à perdre patience. Elle était encore maitresse en sa demeure et cet homme faisait preuve d’un peu trop de zèle face à elle à son goût. Le garde céda après de longues minutes et la Maerion fit une entrée triomphante dans l’antichambre de son époux. Elle y trouva naturellement Jaehaegaron et leur invité de marque, le Sénateur Tergaryon. « Maegon, Iksan biare naejot ūndegon ao* Je suis heureuse de te voir ! » fit Daenerys en s’approchant du Tergaaryon. « Permets-moi de te présenter notre fils, Tyraegor Maerion. » ajouta la dame en présentant le petit être qu’elle berçait doucement.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

La famille Maerion trainait derrière elle une réputation controversée. Illustre famille de la République pour les uns, assemblée de criminels pour les autres, personne ne pouvait être indifférent à leur style. Le Patriarche de la famille, Arraxios Maerion, avait commandé avec un charisme et une habileté exceptionnelle les troupes valyriennes pendant la guerre. Une puissante coalition à laquelle d’ailleurs Maegon avait pris part, avec sa cousine Elaena, avait propulsé ce chef de guerre redoutable au poste de Lumière de Sagesse. Signe des temps nouveaux, le général avait été remplacé par un maquereau de luxe dans les ors de la République.

La défaite politique était cruelle, bien plus que la défaite militaire. La mort venait très souvent conclure le coup du sort sur le champ de bataille alors qu’en politique, la Faucheuse laissait place à une compagne bien plus déplaisante : la honte. Oh, certes, perdre contre un adversaire aussi redoutable que Gras Double n’était pas déshonorant. En revanche, finir bourricot de l’élection, derrière le dynaste Riahenor, sorti de nulle part, ça, c’était la véritable humiliation. D’autant plus que les familles Maerion et Riahenor ne s’aimaient guère. Leur rivalité était moins célèbre que celle entre cette puissante famille dynaste et celle des Arlaeron, mais elle existait.
Ces petites rivalités, issues de vieilles haines recuites, n’intéressaient pas réellement Maegon Tergaryon. Il n’épousait les querelles de personnes. Il appartenait à cette espèce singulière en politique qu’on appelait les faiseurs de Roi. Peu enclin à briguer les charges et les honneurs, il se contentait de monétiser son soutien, en argent, en faveur ou en alliances politiques tangibles. Un régime d’Assemblée comme celui de la République constituait donc un véritable terrain de jeu pour ces prédateurs-là.

La victoire remportée en Ybben avait affermi encore sa position chez les militaristes et dans l’armée. De plus, la sœur de celui qu’il venait voir aujourd’hui avait participé à la victoire. Il comprenait cependant un peu mieux pourquoi elle avait été aussi perturbée pendant une partie de la mission. Elle devait probablement avoir été déjà engrossée à ce moment-là. Voilà pourquoi la place des femmes n’était pas sur un champ de bataille. Ces créatures étaient toute faites pour dissimuler et tromper leur monde, y compris leur alliés, leurs amis, leurs maris et leurs amants. Or, sur un champ de bataille, c’était la fraternité virile et honnête qui permettait la cohésion et le triomphe des armées.

Qu’elles enfantent, et laisse ainsi aux hommes le soin des affaires de la chose publique. Il fallait vraiment être nordiste pour considérer que les deux sexes étaient égaux en toute chose et pouvaient chacun s’interchanger comme on pouvait changer une épée pour une autre. L’ordre naturel des choses établi par les Dieux s’en trouvait subverti et Arrax ne pouvait en être qu’irrité. Nul doute qu’un jour prochain, ces doctrines nordistes causeraient de grands troubles dans la République.

Pour l’heure, c’était la tête de ses armées qu’il fallait pourvoir. Lorsque l’héritier des Maerion le reçu enfin, Maegon étira un fin sourire. La discussion entre quatre yeux allait pouvoir commencer. Maegon se leva en signe de respect et salua son collègue.

-Collègue, je te remercie de me recevoir en ta demeure. Je n’étais jamais venu à Castel Maerion auparavant, je dois dire que j‘ai eu bien tort. Comment se porte ton père ? Voilà un moment qu’il n’a pas reparu en public, j’espère que sa santé est bonne.

Formule de politesse, en réalité, Maegon se moquait bien de savoir comment l’encombrant Arraxios se portait. Son remplacement par Baelor avait fait les affaires des plans de Maegon, et il fallait maintenant passer à autre chose. Alors que le maître des Tergaryon allait commencer la discussion, une intruse fit irruption dans l’entretien. Daenarys et son fils venait d’arriver, ce qui provoqua une certaine surprise, en tout cas pour Maegon. Le nourrisson qu’elle tenait dans les bras, affublé de ce nom complètement imprononçable, avait été destiné au Collège, quelque chose qui n’avait pas dû plaire à tout le monde. Un premier né, mâle, constituait un héritier parfait. Il pouvait apparaître à certains comme un véritable gâchis de lui paver un chemin fait de livres, de sorts et autres arcanes fastidieuses. En tout cas, ce ménage à trois et demi n’était pas forcément du goût de Maegon. Parler politique en présence d’une femme n’était pas dans ses coutumes. Il y était parfois obligé, mais il avait toujours l’impression de parler poésie à un poulpe. Au reste, quoiqu’il apprît à apprécier la jeune femme sur le champ de bataille, cette entrée en grande pompe ne lui disait rien de bon. Il détourna lentement son regard vers son mari pour scruter sa réaction.

Si Maegon ne se laisserait jamais dominer par une femme, une amante ou une épouse dans les subtilités de la carrière publique, il n’en était peut-être pas le cas pour celui qu’il envisageait de soutenir comme Capitaine-Général. Voilà une nouvelle question que l’entretien permettrait d’élucider : qui portait la culotte dans ce couple-ci. Il salua Daenarys comme il l’avait fait pour son époux.

-Daenarys, et le petit Tyraegor. Et bien, voilà un enfant qui me semble en bonne santé. Nul doute qu’il fera honneur au Collège et à sa lignée.

Il n’alla pas plus loin, ignorant si Daenarys ne faisait que passer ou si elle serait partie prenante de la discussion. Après tout, il n’était pas chez lui, il appartenait à l’héritier des Maerion de donner le signal que l’on pouvait commencer à discuter, avec ou sans sa femme.
Jaehaegaron Maerion
Jaehaegaron Maerion
Sénateur

Tout pouvoir est une conspiration permanente

ft. Daenerys Maerion et Maegon Tergaryon

Castel Maerion, An 1067, Mois 10

Mis à part son allure physique qui le prêtait si bien au champ de bataille, le Sénateur Tergaryon semblait avoir d’autres cartes à jouer dans cette immense partie de jeu politique que constituait Valyria. Et pour un jeune homme ambitieux comme Jaehaegaron, le jeu de son collègue qui lui faisait face est d’autant plus intéressant.

Après tout, les Tergaryon avaient participé à la campagne de la désormais Lumière de Sagesse Baelor Cellaron avant de les rejoindre dans la grande guerre contre Ghis et l’union des militaristes à la suite de la chute de l’ancien Capitaine Général. Il était évident que Maegon Tergaryon ne souhaitait plus rester en arrière de la politique valyrienne. Et c’était peut-être une réjouissance pour le stratège Maerion qui lui aussi avait de grands projets pour son nom. Maintenant, les Quatorze devaient lui montrer quelle voie prendre.

- Ah, mon père, s’exclama Jaehaegaron en se dirigeant vers son bureau. Je peux te rassurer, Tergaryon, mon père se porte bien. Cependant, comme les récents évènements l’ont montré, les Quatorze ont décidé de mettre notre République à l’épreuve malgré notre victoire sur Ghis. Mon père semble considéré qu’il n’a plus l’atout des Dieux. Tout du moins, c’est ce que je me permet de penser. Il se rapprocha de son interlocuteur, comme pour lui parler à demi-mot. Il est temps que la jeunesse empresse le pas à la République. Ne crois-tu pas, conclu-t-il avec un sourire avant de franchir les portes de son bureau et d’inviter le sénateur Tergaryon à le suivre.

Là, des esclaves de la famille s’affairaient à régler les derniers détails de la rencontre. Jaehaegaron avait ordonné que la discussion se déroule sous les arcades de son bureau, qui donnait sur l’une des nombreuses terrasses privées du Castel. Des meubles luxueux étaient agencés pour former un petit salon à l’abri des regards ou des oreilles trop curieuses. Sur la table qui trônait au centre de ce salon à l’air libre, les domestiques avaient déposés plusieurs coupes de fruits et d’autres assortiments de nourriture. Un esclave, l’attitude droite et presque invisible – valait-il mieux pour lui qu’il le soit, attendait de pouvoir servir les boissons à ses maîtres. Le Sénateur invita Maegon a prendre place tandis que le domestique remplissait leurs coupes selon leurs désirs.

- Bien, Maegon. Parlons en frères. Il me tardait de pouvoir enfin te rencontrer. Les évènements se précipitent les uns comme les autres. Avec cette irruption imprévue des dynastes et cette agitatrice de Daera, notre position n’a fait que d’être mise en danger et reculer. J’ai longuement réfléchi, Maegon. Nous devons mettre au pas la politique, frapper fort ou bien les prochaines discussions sénatoriales seront une insulte pour nos familles et l’institution sacrée qu’est l’armée de la République. L’incompétence du Capitaine-Général nous y mènera …

Alors que Jaehaegaron se pressait de lancer la conversation, un brouhaha soudain se déclencha aux abords de l’antichambre de son bureau. Il reconnut la voix de son épouse parmi les protestations de son conseiller sénatorial et du garde. Des pas déterminés résonnèrent dans l’antichambre puis dans le bureau avant que la silhouette gracieuse de sa soeur-épouse n’apparaisse sous les arcades.

« Par Arrax », chuchota Jae. Le Sénateur renvoya le garde, affublé d’un air dépossédé, d’un signe de la main. Après tout, Daenerys avait bien le droit de pouvoir revoir l’un de ses alliés, et se faire présenter le descendant Maerion était un grand honneur qui ne pouvait être refusé.

- Le petit Tyraegor nous fait l’honneur de sa visite, ria-t-il. Je ne suis pas de l’avis de certaines mauvaises langues qui voient l’élection d’un nouveau né au Collège comme une mauvaise chose. Que le premier fils de notre union doive emprunter la voie mystérieuse des arcanes est un désir divin, et nous savons trop bien ce qui se passe lorsque la loi des Dieux est enfreinte, lança Jaehaegaron à sa sœur, en signe d’avertissement.  

Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Tout pouvoir est une conspiration permanenteDaenerys Maerion & Jaehaegaron Maerion & Maegon Tergaryon

Castel Maerion, Valyria - An 1067, mois 10

Daenerys Maerion avait fait une entrée remarquée dans l’antichambre de son époux. La Dame n’était pas prête à céder du terrain et à se ternir écartée de toute décision politique de la famille Maerion. Évidemment, elle ne se rendrait jamais au Sénat, là n’était pas sa place. Mais elle ne serait pas non plus une jolie plante qui ne fait que de la figuration dans les soirées mondaines. Elle serait un jour la maitresse de maison et elle comptait bien le faire comprendre à tous. Alors ce fut sourire aux lèvres qu’elle avança encre un peu plus. « Nul doute en effet, mon cher Maegon Tergaryon. J’y veillerai personnellement. » répondit la mère qui gageait là de tout faire pour que le jeune Tyraegor ne déshonore jamais son nom et son lignage. Servir le Collège était une opportunité pour les Maerion d’étendre leur puissance au-delà de l’armée et des cercles habituels de leur famille. Si leur père ne pouvait le comprendre elle e avait cure. Daenerys n’était pas n’importe qui, n’était d’ailleurs pas la petite fille sage qu’elle avait été pendant des années alors que sa sœur était encore la femme de son aînée. Les années avaient fini par passer et les échanges qu’elle avait eu avec la prêtresse de Tessarion ou avec sa mentor Alynera avaient largement contribué à réveiller la dragonne qui sommeillait en elle. Tout comme les différents événements qui avaient rythmé la vie de Valyria depuis la fin de la guerre. Daenerys avait fait des choix, parfois cruel, mais comme lui avait dit Alynera, la vie était faite de choix et tous avait des conséquences. Le fait principal était d’accepter ces conséquences.

« Ton fils te réclamait mon époux. Je gage qu’il était trop agité en compagnie de père. » fit la sœur-épouse du sénateur Jaehaegaron Maerion. Quant au reste des paroles de son époux, Daenerys lui répondit dans un premier temps par un sourire. Elle était forcément heureuse de savoir que son frère acceptait le choix des Quatorze quant à l’avenir de leur premier né. Ce destin privait évidemment la famille Maerion d’un héritier mais personne ne pouvait complètement contester la lecture des flammes. « La loi des Dieux ou celle des hommes ? » siffla la dame-dragon en guise de seconde réponse à son époux. Elle n’était pas idiote et elle avait parfaitement compris l’avertissement de son frère qui semblait vouloir lui rappeler sa place et sa condition de femmes du Sud. « N’oublie pas que je suis ta meilleure alliée, Jae. Mon retour d'Ybeen n'est pas resté inaperçu. » souffla la sœur aux oreilles de son frère. Depuis son retour Ybeen, Daenerys n’était plus simplement une femme de la famille Maerion. Elle était connue de tous . « J’ai dû vous interrompre dans votre échange et votre discussion. Veuillez m’en excuser. Vous pouvez poursuivre, je vous en prie, Sénateurs. » ajouta la mère qui fit quelques pas dans la pièce pour rejoindre un siège recouvert de velours aux couleurs de sa famille. Elle chuchota quelques mots à son fils avant de reporter son attention sur les deux hommes.

« Je ne toucherai bien évidemment pas un mot de ce qui se dira ici à Arraxios ou Vhaenyra. Je ne peux oublier qu’ils n’ont point pris position après l’assassinat du Capitaine Général Lucerys Arlaeron.» poursuivit la Dame qui voulait par ces simples mots rassurer les deux hommes. En tant qu’épouse et sœur, la cadette des Maerion laisserait le choix à Jaehaegaron d’en informer ou non leur père et patriarche. Mais à dire vrai, elle serait curieuse de voir ce qu’il déciderait de faire. Informer Arraxios, c’était rester dans son giron. Le tenir à l’écart de ses agissements, c’était enfin prendre l’indépendance dont il méritait. C’était assumer ses choix quel qu’ils soient.  C’était s’affirmer face à la figure paternelle et Daenerys était persuadée que Jaehaegaron en était capable. Il avait eu vent de son discours au Sénat lors de l’élection de Lumière de Sagesse. Certes cela n’avait pas suffi, mais tous s’accordaient pour dire que le sénateur avait fait fort impression. Et de toute façon, quoi qu’il puisse décider, Daenerys serait désormais à ses côtés comme l’était depuis leur mariage Vhaenyra. Pour cela, elle marchait dans les pas de sa mère et s’approchait sûrement de ce qu’avait pu être Meleys avant sa chute mortelle. Une sœur avec laquelle la jeune femme conversait souvent dans le silence des Quatorze Flammes.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Que le sénateur Maerion soit chez lui soit une chose, mais que son épouse se permette de s’ingérer dans leur entretien et de les inviter à le continuer en sa présence comme si elle était le chef d’orchestre de l’affaire agaça singulièrement Maegon. Il plissa légèrement les yeux. Mais pour qui se prenait cette matrone ? Pensait-elle que l’on discutait du prix des courges ? Se croyait-elle en présence de deux domestiques ?

Au reste, Maegon fut choqué de la façon dont l’épouse parlait au mari. Il n’en laissa rien paraitre, mais jamais il n’aurait accepté que son épouse se soit permis de lui faire des remontrances ainsi devant un partenaire politique sans le payer du prix d’une monumentale claquade histoire de lui apprendre que si la parole était d’argent, le silence était d’or.

Il tourna lentement la tête vers le Général Maerion, l’air sceptique. Il ne parla pas, mais ses yeux disaient tout. Etait-il bien raisonnable de confier la direction des armées valyriennes à un homme qui se faisait dominer par sa femme dans son privée ? Maegon en était bien échaudé mais il ne pouvait rien en dire pour l’instant. Après tout, si le comportement de Daenerys était un affront à son égard, cela restait encore dans les limites de ce que sa fierté pouvait endurer. Au reste, reprendre la femme d’un homme en sa présence n’aurait fait que le castrer davantage, et le but de la manœuvre n’était pas là. Le sénateur Tergaryon prenait conscience qu’il venait de mettre le pied dans le chaos de la famille Maerion. Pourquoi Arraxios devrait-il être tenu au secret ? Visiblement, une forme de rupture s’était faite entre le père et le fils. Une rupture assez grave pour que sa femme la laisse paraître devant un étranger.

Quelle tactique fallait-il adopter dans ce qui semblait un véritable marécage ? Maegon prit le parti de l’apathie. Il ne continua pas la conversation. Après tout, même si sa femelle de compagnie faisait la fière, il considérait Jaehaegaron comme l’hôte de l’entretien et c’est par conséquent lui qu’il cherchait à mettre à l’aise. Encore plus au vu des petits jeux étranges auxquels sa femme se livrait à ses dépens.

D’un autre côté, il ne pouvait pas ne rien dire du tout et laisser un blanc gênant s’installer dans la conversation. Il fallait lancer une bouteille à la mer pour le pauvre sénateur pris entre un père irascible et une épouse vindicative. Il décida donc de taquiner légèrement la jeune femme en lui lançant un signal subtil sur le fait qu’elle était en train de sortir de son rôle et que dans le Sud, nous étions civilisés.

-Je suis bien convaincu que tu y veilleras Daenerys, après tout, dans le Sud, les femmes ont à cœur leur devoir de mère et veillent sur leurs enfants. Pas comme dans le Nord où elles passent leur temps à négliger les devoirs familiaux que les Dieux leur ont charitablement donné pour je ne sais quelles distractions qui ne sont pas pour elles.

Le ton était badin, le message implicite, mais en réalité clair. Jaehaegaron pouvait peut-être tolérer que son épouse fasse la fière à ses dépens, cela le regardait. Le sénateur Tergaryon, en revanche, ne comptait certainement pas accepter qu’une femelle lui dise où et quand il pouvait continuer un entretien politique, ni avoir l’audace de prétendre prendre parti à part égale dans une conversation qui ne la regardait pas. Invité peut-être, serpillère, certainement pas. Il enchaina ensuite rapidement pour redonner la main à Jaehaegaron.

-N’es-tu pas d’accord, collègue ? Ne sommes-nous pas bénis, ici, dans le berceau de la civilisation valyrienne, d’avoir des femmes vertueuses, humbles et douces qui prennent soin de leur foyer ?

Une façon comme une autre lui faire passer la dragée amère qu’il venait d’avaler, de réduire Daenarys un peu plus au silence, et de passer enfin ce quasi incident diplomatique pour laisser à Jaehaegaron le choix de la laisser rester ou de la faire partir sans qu’il ne soit obligé de prendre en considération l’insubordination de sa femme. Le chef des Tergaryon lui faisait comprendre, par ce petit accrochage aux allures satisfaites, qu’il ne lui tenait pas rigueur, pour l’instant, du comportement de Daenerys. On aurait enfin une chance de parler de ce qui l’avait amené dans ce bourbier : la politique.
Jaehaegaron Maerion
Jaehaegaron Maerion
Sénateur

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ft. Daenerys Maerion et Maegon Tergaryon

Castel Maerion, An 1067, Mois 10

Jaehaegaron n’imaginait pas que les retrouvailles entre ce cher Maegon et son épouse se passeraient de cette manière, et surtout pas au beau milieu d’un entretien aussi important pour lui et sa famille. Cela dit, cette partie du grand jeu politique qu’était Valyria était peut-être aussi le moyen d’avancer ses propres pions. Après avoir quasiment envoyé son père balader en ne le tenant pas au courant de ses activités sénatoriales, comment le général et sénateur Maerion pouvait-il se contenter de s’en arrêter là.

Certes la situation l’avait mis mal à l’aise. Alors que son épouse s’installait sur le siège non loin, leur petit dans les bras. Daenerys, assurément agaçait le Sénateur Tergaryon par son comportement. Maegon était battit comme un homme du Sud et pensait comme un homme du Sud. Il avait de la valeur et Jaehaegaron partageait sûrement la plupart de ses idées. A vrai dire, le Sénateur Maerion ne voulait pas prendre le risque de froisser ni son épouse, ni son invité. En effet, car elle aussi, Daenerys, représentait un atout de taille que le Valyrien ne pouvait pas se permettre de négliger. Il l’avait que trop bien compris durant les heures sombres où celui-ci s’était perdu parmi les flammes et les encens du Temple. Alors, quelle était donc la meilleure solution ? Donner du gage à l’un à défaut de perdre l’autre ? Trop risqué. Rebattre les cartes et prendre de la hauteur ? Oui.

- Assurément, Maegon. Je n’ai pas encore eu l’occasion de véritablement fréquenter les dames du Nord. Ah, je ne doute pas de leurs valeurs mais nous autres sommes bien béni, lui-répondit-il en riant, pour apaiser la situation et faire passer la couleuvre en toute douceur. Comme tu le perçois, la situation au Castel a bien changé. La défaite que notre nom a du encaisser est plus que lourde. C’est pourquoi je me suis plus qu’engager à nous redresser, qu’il faille user d’une poigne de fer pour cela… Ma très chère épouse est une alliée importante pour la prospérité de nos affaires. Votre expédition en Ybeen est un bon exemple., expliqua le sénateur, le plus simplement du monde. Toutefois, si cela participerait à prendre ton aise, je pense que Daenerys serait tout à fait disposé à nous laisser au calme., finit-il avant de s'avancer vers la table qui le séparait de son invité afin de prendre sa coupe et de la porter à ses lèvres.

Avait-il réussi à rebattre les cartes comme il avait tenté de le faire ? Ravir le Sénateur en lui donnant la sensation du contrôle tout en satisfaisant les attentes de Daenerys. Jaehaegaron pensait bien ce qu’il disait à son propos. Son retour de la guerre s’était montré plein d’enseignements. Le premier desquels, il ne fallait pas lâcher la quête du pouvoir et consolider à tout prix le sang familial. Le sénateur n’aimait pas son paternel mais il n’avait qu’une seule chose en tête, être digne de la charge qui lui léguerait bientôt.

Dans tout les cas, Jaehaegaron ne s’attendait pas à ce que Maegon ne demande formellement à Daenerys de les laisser tranquille. Cela lui semblait trop imprudent pour un invité, qui plus est, dans la demeure même des Maerion. Le sénateur voulait accélérer les choses et conclure pour de bon le pacte qui les porterait tous à leur juste place.


Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Tout pouvoir est une conspiration permanenteDaenerys Maerion & @Jaehaegaron Maerion & @Maegon Tergaryon

Castel Maerion, Valyria - An 1067, mois 10

Les échanges entre Daenerys, Jaehaegaron et le sénateur Maegon Tergaryon étaient tendu. Manifestement, mais elle n’était pas surprise, la façon dont pouvait agir Daenerys agaçait le sénateur. L’homme n’avait visiblement pas l’habitude qu’une femme parle ainsi à son époux. Et intérieurement, elle remerciait les Quatorze que Jaehaegaron ne soient pas ainsi et plaignait celle qui s’unirait un jour face au dieux à Maegon. Pour cela, elle n’était pas encore à la hauteur des enseignements de sa mentor Alynera Vaekaron. Et même si la jeune Dame-dragon était persuadée que la Princesse n’hésitait pas à conseiller son oncle-époux. La différence se faisait sur le moment. Contrairement à Alynera, Daenerys peinait encore à le faire uniquement dans l’alcôve de leur intimité. Sans doute était-ce dû à son caractère qui était bien différent de celui de la dynaste. Alors, lorsque Maegon amena dans leur conversation la place des femmes du Sud et questionna Jaehaegaron sur ce qu’il en pensait, Daenerys se pinça les lèvres. L’homme enchaina trop rapidement pour qu’elle parvienne à lui répondre dans l’immédiat. Daenerys ne prononça pas un mot alors que son époux répondait. Et lorsqu’il la présenta officiellement comme une alliée dans sa politique de relever le nom des Maerion, un petit sourire se dessina aux coins de ses lèvres. A voix basse, elle murmura quelques paroles à leur fils.

Une fois que son époux eut fini et après qu’il est proposé qu’elle quitte les lieux, la Dame arqua légèrement un sourcil. Jaehaegaron tentait tant bien que mal de ménager le lévithan et le dragon. En cela, Daenerys lui en était reconnaissante. Pourtant, elle ne pouvait laisser passer les paroles de Maegon si facilement. L’entendre parler ainsi alors que sa propre cousine, née certes à Oros dans le centre de Valyria mais dont la branche principale était bien Sud et siégeant à Drivo l’agaçait, elle. De quel droit cet homme se permettait de donner des leçons dans une demeure qui n’était pas la sienne, à une famille qui n’était pas la sienne ? Daenerys en rageait mais devait mesurer ses paroles. « Mon cher Maegon, tu fais erreur. Les femmes du Sud n’ont pas uniquement à cœur leur devoir de mère et le fait de veiller sur leurs enfants. Les femmes du Sud sont bénis des Quatorze et sont tout autant des filles, des sœurs, des mères et des sœurs-épouses. Elles veillent sur leurs parents, leur fratrie, leurs enfants et leur époux. Elles les protègent tous, là est leur devoir, comme il s’agit du devoir de leur frère-époux. Alors comme pour leur frère-époux, ce qui touche à leur famille les regardent. » Sa voix était calme, posée mais sans appel. Le message était aussi clair et simple qu’avait pu être celui de Maegon quelques instants plus tôt. Daenerys avait un droit de regard sur ce qui touchait à sa famille et à un point dont il n’avait pas idée. A dire vrai, Jaehaegaron ignorait lui-même à quel point Daenerys était prête à tout pour faire de sa famille, de son époux et de son frère des êtres incontournables à Valyria. Puis se tournant vers son frère-époux, Daenerys reprit toujours aussi calme, berçant le petit Tyraegor. « Disposée par Tyraxès, mais je suis certaine que notre cher ami le sénateur Tergaryon ne se laissera pas distraire par une femme. » Daenerys appuya ses dernières paroles avec un petit clin d’œil en direction du Sénateur et général Tergaryon. « Il est bien au-dessus de tout cela et sait se montrer tolérant envers une certaine dame qui siège encore à Drivo malgré son lignage principal du Sud. Mais qu’il se rassure, je ne compte pas faire de politique. En cela je me rapproche bien plus de sa chère cousine Daenyra que de la sénatrice Elaena Tergaryon, cheffe de la faction mercantiliste il me semble. » conclut la Dame-dragon avant de se lever de son siège et d’aller quérir une servante. Quittant de longues minutes la pièce, elle demanda à ce qu’on apporte un petit paravent pour scinder en deux la pièce et laisser entre eux les hommes, du moins visuellement. Puis une fois sa demande faite, elle revint dans la salle. Daenerys était une forte tête et n’était pas de celle qui s’agenouillait devant les hommes et encore moins devant un homme qui n’était pas de sa famille. Mais si son petit manège avait eu l’effet escompté, les deux hommes avaient dû profiter de son absence pour amorcer les sujets les plus politiques et les plus délicats.

Revenue dans la pièce, elle reprit sa place en silence. Puis soudainement, elle offrit un petit sourire à Maegon. « Si tu me le permets, je rendrai visite à ta cousine Daenyra prochainement. Il me tarde de la revoir. » Oui, Daenerys avait hâte de converser de nouveau avec la sœur de Maekar et Elaena Tergaryon . La jeune femme avait toujours su la mettre à l’aise. Elle avait toujours su deviner ce qui lui passait par la tête ou presque. Elle se souvenait encore de cet échange lors d’une fête donner à Castel Maerion. Daenerys avait fait faux bons à celui qui était désormais son frère-époux, marquant par-là déjà son désaccord face à la décision de leur père de les marier. Daenerys ne voulait pas être un second lot, une belle plante remplaçant sa sœur décédée. Et à l’époque, son cœur était encore totalement dévoué à Aerys. Daenerys aurait pu poursuivre pour complimenter encore davantage Daenyra, mais elle fut interrompue dans son élan par l’ouverture de la porte. Une servante entra et disposa là où le souhaitait sa maitresse. « Ainsi vous ne me voyez plus, messieurs les sénateurs ! » acheva finalement la Dame-dragon avant de passer une tête de l’autre côté du dit paravent pour s’assurer qu’ils étaient encore présents dans la pièce. De toute façon, elle gardait une vue imprenable sur la porte qui menait vers l’extérieur. Evidemment, Daenerys guetterait le moindre son et ne perdrait pas une miette de leur conversation. Mais elle n’interviendrait que si elle le jugeait, pour le bien du nom Maerion ou pour le bien de son frère-époux. Il était hors de question que son sacrifice soit vain par le jeu des alliances.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Malgré un début tendu, Maegon sentait une issue favorable se pointer. Il avait trouvé très habile de renvoyer à son interlocuteur la décision à l’invité, ce qui témoignait de son sens tactique pour désamorcer ce qui ressemblait de plus en plus à un accrochage. Maegon ouvrit la bouche pour dire qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que Daenerys participa à la discussion.
Et, naturellement, il avait fallu qu’elle ouvre la bouche avant lui. Maegon ? faire erreur ? Il y avait des mots à ne pas dire aussi légèrement. Il resta de marbre en subissant le long discours de l’épouse. L’évocation de sa cousine Elaena lui sembla comme un tison brûlant qu’on posait sur sa peau. Il n’en laissa rien paraître sinon un léger plissement des yeux, planté droit vers la jeune mère. De son nez, le Sénateur Maegon Tergaryon laissa s’échapper un léger soupir qui témoignait que cette fois-ci, on avait bien réussi à l’agacer, et pour de bon.

Tout devait être si simple au départ. Il s’agissait juste de discuter avec Jaehaegaron, se mettre d’accord sur les conditions du soutien de la partie de la faction militariste, à laquelle Jaehaegaron n’appartenait pas, et voir dans quelle mesure les deux hommes pouvaient s’entraider. C’était une combinaison parfaitement rationnelle, un calcul politique tout ce qu’il y avait de plus commun, de banal, presque, sinon dans ses conséquences, au moins dans sa négociation. Et il avait fallu qu’une mégère en puissance vienne s’occuper de se mêler de ce qui ne la regardait pas au prétexte qu’elle se croyait des droits sur on ne savait quelle affaire familiale. Cela, après tout, c’était l’affaire des Maerion s’ils n’étaient pas aptes à tenir leurs femmes.

En revanche, jusqu’ici, Maegon s’était estimé bien gentil que l’on change les conditions de l’entretien en cours de route, lui qui avait accepté une entrevue en tête à tête avec un collègue et un confrère soldat. Jamais il n’avait été question que la pièce rapportée ne soit de la partie. Il allait accepter par complaisance. Cependant, si l’invité à un devoir envers ses hôtes, l’hôte à un devoir envers l’invité. Et en l’occurrence, l’invité estimait qu’il avait été suffisamment patient avec les deux zigoto qu’il avait en face de lui. Il n’avait aucunement l’intention de se faire marcher dessus. Il se garda tout de même bien de rappeler à l’un comme à l’autre qu’à Ybben, il y avait été, et que l’escapade de Daenerys avait été beaucoup moins glorieuse qu’on ne l’avait laissé paraître. Il aurait pu rappeler que c’était lui, Maegon Tergaryon, qui avait apporté un certain réconfort à la jeune femme, perturbée après avoir piloté misérablement son dragon dans un mur de la forteresse qu’ils devaient défendre, rendant de fait encore plus complexe un siège qui s’annonçait terrible. Après tout, quand bien même la récente mère l’avait profondément agacé, il ne voulait pas lui faire perdre la face, cependant, s’ils se croisaient en tête à tête, il ne manquerait pas de lui rappeler un peu qu’elle ferait bien de porter son caquet un peu moins haut et d’apprendre à voler par grands vents avant de prétendre faire l’Albatros dans la politique valyrienne.

C’était cependant pour plus tard. En effet, comme si elle devait s’attendre à ce que ses paroles n’aient aucune conséquence, elle se mura derrière un paravent, comme pour témoigner sa bouderie tout en écoutant. Voilà qui ne manquait pas de sel. Le maître des Tergaryon ne savait pas s’il fallait être impressionné par tant d’audace ou consterné par tant de bêtises. Il jeta un regard glacial à Jaehaegaron. Autant dire que celui-ci venait singulièrement de perdre en crédit auprès de son collègue. Voilà quel était l’autre problème d’une femme mal dressé : elles n’affrontaient jamais les conséquences de leurs actes. La faute en revenait à son mari qui la laissait ainsi parader en maîtresse des lieux, posant son séant et ses paravents ou elle voulait. Aurait-elle demandé à ce que Maegon et Jaehaegaron fassent les beaux qu’elle leur aurait lancé des biscuits pour les récompenser.

Le sénateur gonfla les joues et souffla longuement avant de se lever. Il en avait assez vu pour aujourd’hui. Il n’avait pas de temps à perdre avec un homme qui avait visiblement de l’ordre à remettre dans son ménage, ou pas. Puisqu’on ne le prenait pas au sérieux, il n’y avait pas de raisons qu’il en fit autant. Après tout, ce n’étaient pas les Tergaryon qui avaient échoué à conserver leur place au Conseil des Cinq, et ils avaient été transparents dans la Faction Rouge. Maegon et d’autres avaient fourni l’essentiel des efforts, et celui-ci n’entendait pas vendre le fruit de son travail au rabais.

-Bon…

Dit-il sèchement, prenant beaucoup moins de gants que la dernière fois et ne cachant pas son déplaisir. Jaehaegaron avait peut-être du temps à perdre dans ces broutilles, mais Maegon, lui, avait objectivement mieux à faire.

-De toute évidence collègue, notre entretien n’arrive pas au bon moment et il semble que tu as bien des affaires à gérer. Je te prie de m’excuser de t’avoir dérangé. Si tu trouves un peu de temps pour discuter des affaires de la Cité, je serai ravi de te recevoir à mon bureau au Sénat.

Il s’inclina légèrement vers son collègue.

-Je te remercie pour ton hospitalité. Que les dieux bénissent ta femme et fon fils. Au revoir.

D’un pas décidé, le sénateur se dirigea vers la porte de la pièce, qu’il ouvrit, et sorti, se mettant à marcher dans le couloir. Les Maerion était peut-être libres de gérer leurs affaires comme ils l’entendaient, il fallait cependant leur rappeler que Maegon Tergaryon l’était tout autant.
Jaehaegaron Maerion
Jaehaegaron Maerion
Sénateur

Tout pouvoir est une conspiration permanente

ft. Daenerys Maerion et Maegon Tergaryon

Castel Maerion, An 1067, Mois 10

Il avait tenté la carte de la tactique, mais cela avait misérablement échoué. Certes, le jeune Maerion avait à coeur de se fidéliser Daenerys, sa soeur-épouse, mais celle-ci dépassait délibérément les bornes de la décence. Que cela soit une nouvelle fois la source de la ruine de leur nom était absolument inacceptable pour le jeune patriarche en puissance. Le sénateur avait fait une erreur en ne voyant pas arrivé directement les intentions de sa dame. Et il était formellement déterminé à ce que cet écart de conduite ne soit pas son conséquence.

Lorsque Maegon lui jeta un regard glacial, Jae le lui soutint. Ils étaient de la même génération et dans leurs veines, coulaient le même sang pur ancestral. Le sénateur avait prédit que son invité n’allait pas renvoyer Daenerys dans ses appartements. Mais c’était sans compter la manœuvre deséspérée et idiote de celle-ci. Jaehaegaron ne voulait absolument pas que cet entretien ne serve à le déchoir un peu plus au regard des autres honorables membres de la politique valyrienne. Que madame Maerion veuille avoir son mot à dire dans les affaires familliales, cela s’entendait dans la stricte mesure des seules circonstances actuelles. Mais que ce nouvel arrangement soit à l’origine d’une nouvelle chute, d’un nouvel échec, Jaehaegaron, lui qui aspirait à redresser la famille, n’était pas prêt à l’accepter ni même à se laisser distribuer d’autres faveurs ou pardons pour le moment.

Alors que le Sénateur Tergaryon, l’hôte de la journée, semblait désespérément agacé par la situation, et qu’il se levait pour prendre la sortie de la pièce, Jaehaegaron se leva lui aussi l’air impérieux. Il n’offrit pas de réponse particulière à son invité et le laissa quitter le bureau du regard. S’avançant alors à son tour, le jeune Valyrien passa derrière le paravent et croisa le regard de sa sœur.

- Qu’espérais-tu ? lui lança-t-il, dans un regard qui mêlait froide colère et orgueil typiquement valyrien. Je suis bien disposé à te laisser prendre place au conseil de nos affaires familiales mais il semble que ton jeune âge et ton nom, s’il t’a apporté la plaisance de ton cours de vie ne t’ait pas en revanche transmis la sagesse et la stratégie. Là, il se rapprocha un peu plus de la porte qui menait sur l’antichambre et le couloir en élevant la voix, sûrement dans l’espoir que leur invité ait l’écho de ses paroles. En tant que ton mari et futur maître de cette maison, je pense qu’il est dans ton intérêt que tu ailles réfléchir à tout cela dans le calme. Je suis déjà impatient à l’idée que tu me transmettes les sages enseignements que notre Père à tous, Arrax, aura la joie de te communiquer.

Sur ces mots, le sénateur s’avança dans le couloir et jeta un regard froid à l’officier qui était sensé garder la pièce de tous les parasites qui pouvaient grouiller autour de lui. A haute voix, il lui ordonna « Accompagnez ma sœur-épouse dans ses appartements. Elle a besoin de repos et de calme pour s’éclaircir les idées et prendre soin de notre petit. » Puis il baissa le ton en s’approchant de l’oreille du garde et lui tenant fermement le bras, « Vous subirez une correction pour cela. Si elle s'échappe de ses appartements, cela sera pire encore. »  avant de relâcher celui-ci et de prendre le pas définitif sur le couloir.

Le jeune valyrien avait encore beaucoup de choses à apprendre, même du haut de sa position de sénateur et de général. Pour le moment, il se gardait bien de qualifier son entretien d’échec. Ce que le jeune maître devait faire, c’était mater les émotions et les ressentis des uns et des autres pour les concentrer sur leur tâche collective, la gloire de Valyria. Après tout, Jaehaegaron ne pouvait se défiler devant les sautes d’humeurs des uns et des autres s’il celui-ci aspirait à commander la plus belle et la plus victorieuse armée du monde. Les hommes suivent l’autorité, la puissance et la violence. Le sénateur était tout à fait disposer à user d’une poigne de fer, d’une main qui ne tremble pas, pour obtenir ce qu’il voulait.

Bientôt celui-ci rattrapa Maegon, lequel se dirigeait vers la sortie du bâtiment principal. Comment allait-il pouvoir le mater à son tour, lui qui aspirait à devenir général de l’armée valyrienne. Il ne voulait pas le brusquer plus encore mais espérait pour autant que son invité allait reprendre confiance en lui. Jae avait le sentiment qu’il fallait parler à un homme du Sud comme un homme du Sud aime intérieurement qu’on lui parle. Par l’ordre et la verticalité, mais toujours sous les ors de la République et les honneurs de sa position.

- En tant que ton général, je t’informe que notre entretien n’est pas terminé, estimé sénateur, lança à haute voix le futur maître du Castel. Il s’avança un peu plus près de la bête pour le rejoindre sur le parvis, en silence. Hmm, le soleil est bien haut. Allons profiter de la douceur et du calme des jardins, collègue. Nous n’allons tout de même pas refuser le cadeau que nous fait Syrax. Sur ces mots, le sénateur emboita le pas à son invité et se pressa d'ajouter "Rassure-toi, nous n'avons plus à craindre les parasites du pouvoir."

Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Tout pouvoir est une conspiration permanenteDaenerys Maerion & @Jaehaegaron Maerion & @Maegon Tergaryon

Castel Maerion, Valyria - An 1067, mois 10

Daenerys avait fait fort, elle le savait. Mais elle espérait aussi que les deux hommes aient profité de son absence pour aborder les sujets les plus délicats. Ils auraient pu parler des sujets dont ils ne souhaitaient pas qu’elle en soit la confidente. Mais visiblement, ni l’un ni l’autre n’avait saisi l’occasion qu’elle leur avait offert. Pire que cela, le sénateur Maegon Tergaryon sortait ses grands airs de seigneur offensé et lança des regards noirs aux deux Maerion. Evidemment, Daenerys n’y avait pas été de main morte, refusant de faire marcher sur les pieds sous son propre toit. Mais il fallait dire que de voir Jaehaegaron essayer de ménager les deux parties l’avait laisser maîtresse des lieux. Peut-être aurait-elle préféré qu’il décide clairement si elle pouvait rester ou non au lieu. Elle découvrait alors un être qu’elle n’avait jamais vu. Voilà qu’il voulait la ménager alors qu’il n’avait eu de cesse de l’écarter de tout pendant toute leur enfance. A dire vrai, il régnait dans la pièce une belle incompréhension que finalement Maegon brisa en se levant. Le sénateur décida seul de mettre fin à l’entrevue qu’il devait avoir avec Jaehaegaron. Un affront qui fit tourner le sang de Daenerys. Pour qui se prenait-il à la fin. Son nom était grand mais leur famille avait plus de noblesse que la sienne. Au moins les Maerion n’avaient pas des enfants qui vivaient dans le centre de Valyria et dont ils avait pris les mœurs.

Daenerys observa l’homme quitter les lieux et ne bougea pas d’un iota alors que son époux se levait lui-aussi. La Dame-dragon ne se décida à en faire de même que lorsque ce dernier lui demanda ce qu’elle avait espéré à agir de cette manière. La colère dans la voix de son époux était parfaitement perceptible mais cela ne fit que faire éclater au grand jour tout ce que la jeune femme avait tenté de canaliser. « Et toi, à quoi t-attendais-tu ? ! » siffla-t-elle à l’attention de Jaehaegaron. « Il n’a cessé de mépriser ma position dans cette maison. Il méprise les femmes les réduisant à de belle plantes et à des êtres uniquement bon à enfanter des héritiers à leur famille. Je ne suis et ne serai jamais une simple dragonne pondeuse, Jaehaegaron ! » répliqua sèchement la cadette des Maerion. Le simple fait qu’elle l’appelait par son prénom et non un diminutif témoignait de sa propre ire. « Je plains celle qui deviendra sa femme devant les Quatorze. » Puis Daenerys se rapprocha de son époux. « Et toi, toi, tu laisses faire ! Tu laisses un invité se comporter de la sorte envers celle que tu as épouser devant Vermax. Même père n’aurait pas agi de la sorte si l’on avait porté atteinte à l’honneur de mère ! » Instinctivement, Daenerys ferma un court instant les yeux s’attendant à ce que la main de son mari vienne s’écraser sur sa joue. Cela aurait été plus que justifiée, elle ne pouvait que l’admettre. Puis l’homme se rapprocha de la porte et lui fit remarquer son jeune âge et son manque de sagesse. Daenerys accusa et n’eu guère le temps de répliquer. Déjà Jaehaegaron lui suggérait de rejoindre ses appartements pour calmer ses humeurs et attendre les conseils d’Arrax. Mais cela ne fit qu’accroitre la rage qu’elle portait dans son cœur. Franchissant les mètres qui la séparaient elle aussi de la porte, Daenerys vint se planter dans son frère-époux, Tyraegor dans les bras. « Mon jeune âge et mon nom, tu dis ? Tu n’as pas la moindre idée de tout ce que j’ai dû sacrifier pour notre nom et notre famille. Tu n’as pas la moindre idée de quoi je suis capable pour faire en sorte que les Maerion ne soient plus jamais considérés et regardés comme cela à pu être le cas après la défaite de père dans sa tentative de réélection en tant que Lumière de Sagesse et pour que nous ne soyons pas considérés comme une famille sur laquelle on ne peut compter après la mort de Lucerys. » Les flammes de Synthara brillait dans ses yeux. Sa voix se brisait parfois à la fin d’une phrase prise par les émotions qui se bousculaient dans son être.

Marquant un court silence, Daenerys baissa pour la première fois la tête. « Je ne suis simplement pas aussi docile que pouvait l’être Meleys. Je ne l’ai jamais été et je ne suis même pas étonnée de constater que tu sembles le découvrir que maintenant. Si je peux encaisser tes brimades, je ne peux accepter qu’on insulte le sang des filles de Meleys. Nous sommes bénis des Quatorze, Jae. Aegarax nous a accordé leur confiance pour dresser ses enfants. Nous ne sommes pas une simple famille du Sud. Nous avons dressé les dragons peu de temps après les familles Dynastes, nous ne pouvons en dire autant des Tergaryon. » ajouta-t-elle en relevant la tête. « Jae, j’ai vu des choses que tu ignores et il a des choses que tu dois savoir. A Ybeen, Synthara n’était pas si docile et je dois reconnaître que le sénateur Tergaryon a fait en sorte que je me reprenne. Mais ce n’est pas la seule chose que tu dois savoir. J’aimerai que nous discutions du Rêve de Caraxès après ton entrevue avec Maegon. » Autant qu’il apprenne tout cela de sa bouche plutôt que d’une autre. Redevenant plus douce, plus calme, la jeune femme pressa le pas pour se retrouver à la hauteur de son époux. Elle leva une main et la posa avec délicatesse sur la joue de son époux. « Mon époux, je te connais mieux que tu ne le crois. J’ai eu le temps de t’observer. Je connais la faiblesse que t’ont donné les Dieux, je connais ton sang, Jae. Je sais que la guerre peut t’être fatale bien plus que pour un autre. Je me méfie de ceux qui prône la guerre parce que je ne supporterai pas de te perdre Jae. Que ferais-je avec nos enfants si tu venais à disparaître ? Je lui ai juré de te protéger, Jae, à elle ! Je lui ai juré alors qu’elle pleurait devant moi de t’avoir laissée. Alors je t’en conjure n’accepte pas d’accord qui te mettrait trop en danger. Et n’oublie jamais que tu es ici chez toi. C’est à toi de décider si l’entrevue est terminée ou ne l’est pas. » souffla finalement la Dame-dragon qui laissa retomber sa main le long de son corps. Elle n’ajouta pas un mot laissant partir son époux et restant aux côtés du garde qui observait la scène. « Ne dis pas un mot. Tu n'as rien vu, rien entendu. Accompagne-moi dans mes appartements comme le veut mon frère-époux. » fit la dame en s’adressant aux gardes. Nul besoin que leurs parents soient mis au courant de ce qu’il venait de se passer.
Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

La rupture qu’avait engagé Maegon eut l’effet escompté. Le Temple avait été remis au milieu du village. Maegon marchait d’un pas lent dans le couloir. Il testait, il jaugeait. Jaehaegaron allait-il tenter de rattraper la catastrophe ? Peu importait au maître des Tergaryon. L’héritier des Maerion devait comprendre qu’il n’avait pas à faire à un petit joueur. Le monde valyrien reposait sur des rapports de force subtils, encore plus dans le sud où la culture d’une grande rigidité imposait de défendre son honneur et son bout de gras l’épée à la main si nécessaire.

Lors que le Général Maerion vint quérir le militariste dans le couloir, celui-ci, encore de dos à lui, leva les yeux au ciel. « Son » général ? décidemment, les Maerion était plus au fait sur la direction d’un réseau de truand que sur la diplomatie sénatoriale. Maegon ne releva pas, cette petite maladresse ne devait pas cacher ce qui se passait. Jaehaegaron le rattrapait par la main.

Il se retourna, le visage impassible. Démonstration était faite que la famille de l’ancienne Lumière de Sagesse avait plus besoin de Maegon que l’inverse. Du moins, dans une certaine mesure car l’entente avec les Maerion servait de façon puissante les plans du sénateur Tergaryon pour faire avancer sa carrière. Il n’accueillit le Maerion de façon très chaleureuse quoique courtoise. L’invitation à aller discuter tranquillement dans les jardins lui sembla une main tendue qu’il décida de saisir. Après tout, il était venu ici pour cela, qu’on puisse enfin discuter des affaires en cours. Il était grand temps de s’y mettre, au calme, posément et sans l’interférence des fébrilités d’un con qui voulait se prendre pour le cerveau.

Rassuré ? le sénateur ne l’était pas. Il marchait aux côtés du Maerion, pour l’instant en silence. Il était hors de question que les tumultes domestiques viennent interférer dans des trajectoires politiques élaborées avec soin. Faire obtenir le Capitanat Général à la famille Maerion était le socle d’un plan bien plus étendu pour rebâtir le futur de la République. Il jouait avec virtuosité sur les noms et les lignages, il mesurait les lignes de faille avec lucidité et précision, il avait commencé à tisser une toile, elle prenait forme, et le prochain fil se jouait là. On pouvait penser que le Tergaryon se croyait assuré de sa position, il n’en était rien. Il jouait gros, il le savait. Il commençait tout juste à rétablir la prépondérance de la branche aînée en ayant largement profité de son opposition secrète au couvre-feu. Il avait triangulé Maekar, solidifié son lien personnel avec Laedor, jeté des ponts avec les Haeron, il l’avait fait parce que tous ces gens, d’une façon ou d’une autre, lui semblaient donner des gages de fiabilité, ils comprenaient le jeu qui se jouait. Etait-ce le cas pour les Maerion ? L’épisode montrait que c’était encore à démontrer.

Une fois dans les confortables jardins de Castel Maerion, Maegon sembla se détendre un peu. Il croisa les bras, encore un peu sur le qui-vive. Les abcès devaient être crevés.

-Puisque nous sommes seuls, parlons alors, collègue. Ce qui vient de se passer m’oblige à quelques observations. Entendons-nous bien, ce que tu fais dans ton privé, la façon dont tu gères tes affaires, qui te conseille, ta femme, ta cousine ou que sais-je, cela ne me regarde pas, je n’aurais jamais la prétention de m’en mêler.

Il marqua une pause.

-Cependant... Lorsque nous convenons d’un entretien face à face, j’attends que nous soyons face à face. Parce que je ne traite pas avec ceux qui te conseillent. Je ne traite pas avec ta femme. Je ne traite pas avec ton père. Je ne traite pas avec n’importe lequel de tes domestiques. Je traite avec toi, collègue, et toi seul. Ce n’est ni avec ta femme, ni avec ton père, ni avec un autre que j’envisage de travailler et de construire le futur de la République. C’est avec toi. Maintenant, collègue, pèse bien, dans la position délicate où se trouve ta famille depuis la défaite de ton père, ce que cela signifie. Cela signifie que c’est sur toi, tes qualités et ton futur que je mise. Les Maerion m’intéressent, parce que tu m’intéresses. Ce que j’attends est très simple, j’attends d’être pris au sérieux comme je prends au sérieux les autres. Perdre mon temps ne m’intéresse pas plus que perdre celui des autres.

Après cette petite mise au point, le sénateur fut plus détendu. Mieux valait quelques secondes supplémentaires de froid, que de partir sur des bases malsaines.

-Ceci étant posé, je pense que nous pouvons passer au cœur du sujet. J’ai commencé à bâtir un début de coalition pour te soutenir au poste de Capitaine-Général de nos armées. J’ai assuré le soutien de Laedor, ce qui n’est pas mince. J’ai également pris contact avec Rhaenys Haeron pour l’entretenir du projet, elle pose une condition à son soutien, elle veut un engagement que l’un des Légats fera partie de tes généraux après que tu sois nommé. Elle permettra de glaner des voix mercantilistes, cela me semble un engagement raisonnable. Reste deux éléments à considérer.

Il marqua une légère pause.

-Baelor, d’abord. Il faudra le convaincre. Après tout, si tu veux avoir une chance de candidater, il faudra qu’une Lumière te propose et il me semble le choix le plus évident. Mon analyse est qu’il sait très bien de toute façon qu’il ne pourra pas continuer à être silencieux face à Aeganon, ni à le laisser parader, je pense qu’il attendait un échec de sa part pour frapper, et la remise en cause du couvre-feu est un signal assez fort pour qu’il prenne des mesures. Baelor est un égoïste, et c’est pour cela que j’ai de bons espoirs. Aeganon l’a débordé et a agi sans son conseil ni son aval. Je doute que Baelor souhaite avoir ce type de partenaire en position de force. Et, enfin...

Il leva légèrement la tête vers le ciel.

-Il y a ma famille. Il va de soi que je souhaite que mon cousin Maekar soit confirmé dans ses fonctions. Pour moi-même, le poste de Général suffira au soutien et au travail que je fournis pour ta candidature.
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