On tambourina à sa porte. Une fois d’abord. Les pas derrière s'éloignèrent puis revinrent une quinzaine de minutes plus tard. À nouveau, on frappa à la porte, plus fort cette fois. Toujours pas de réponse. Des chuchotements se firent entendre dans le couloir et le ton sembla monter entre deux personnes.
- « Réveille-le je te dis ! C’est lui qui l’a demandé ! »
- « Je sais mais tu as vu son état… ? »
De nouveau les deux personnes se mirent à se disputer tout bas. Alors on tambourina une troisième fois à la porte. Puis, on bougonna et un fracas se fit entendre. L’un des esclaves, le plus vieux, glissa sa tête par l'embrasure de la porte et se glissa doucement à l’intérieur de la chambre plongée dans l’obscurité. Il se dirigea vers l’une des fenêtres et écarta légèrement les voilages qui obstruaient la lumière et observa le ciel quelques instants. Le soleil se levait à peine.
- « Daelarys, il est… »
- « Je sais. » - fit une voix rauque et encore largement endormie.
L’esclave acquiesça et quitta la pièce. Sa mission matinale était achevée et il avait désormais d’autres tâches à accomplir. Daelarys, lui, se leva péniblement. Sa tête tambourinait et ses yeux peinaient à s’habituer à la lumière sans le faire souffrir. Il se redressa sur sa couche et tandis qu’il se frotta les yeux, il fut pris d’une douleur sourde à l’œil droit. En passant délicatement ses doigts sur son pourtour, il lui sembla sentir une boursouflure. Daelarys se leva et tituba jusqu’à un miroir accroché un peu plus loin dans sa chambre. Il se tint devant et se regarda de la tête aux pieds. Entièrement nu, il ou remarquer du premier coup d’œil les cicatrices de la guerre mais également d’autres marques qui n’étaient pas là la veille. S’il n’avait aucun souvenir de sa soirée, il eut vite fait de comprendre où il lavait passée, lui arrachant un sourire. Il nota également l’énorme œil au beurre noir qu’il avait senti quelques instants plus tôt. À n’en point douter, son escapade nocturne s’était soldée par une bagarre. Il espérait au moins avoir gagné… Le Nadresyon s’observe encore un peu et il gesticula devant son reflet. De nouveau, cela lui arracha un sourire. L’armée et la marine lui avaient bâti un corps musculeux et robuste, le gardant pour le moment de développer la bedaine paternelle.
Rapidement, il enfila une toge et sorti de sa chambre. Les deux esclaves l’attendaient avec quelques fruits et du thé de Yi-Ti. Les trois compères échangèrent un regard et Daelarys plissa des yeux.
- « Comment suis-je rentré hier soir ? » - fit-il tandis qu’il engloutissait une galette de blé et une sorte de confit de dattes.
- « C’est nous qui t’avons traîné jusqu’à ta chambre. Tu étais ivre. » - fit le plus vieux des deux avec un sourire en coin.
Daelarys le regarda et eut le même sourire narquois. Cela faisait quelques années déjà qu’il avait le même esclave et celui-ci ne connaissait que trop peu les déboires du fils Cellaeron. Daelarys le traitait bien et Zodal bénéficiait d’une certaine liberté. Il s’était alors instauré une sorte de relation de confiance entre les deux hommes.
Il termina rapidement son repas et se pressa d’aller aux thermes, en espérant que la vapeur des bains calmerait sa gueule de bois et son mal de tête. Il avait rendez-vous dans la journée avec son ami de toujours, Rhaegar Valineon qui était venu s’installer à Valyria quelques temps. Et pour l’occasion, il souhaitait être présentable et dans de bonnes dispositions. Il se lava alors à grandes eaux et se fit tailler un peu la barbe et les cheveux. Si en sortant des thermes il semblait être un homme neuf, son énorme cocard faisait tâche. Qu’importe. Il fit ensuite quelques emplettes rapides qu’il fit livrer chez lui puis alla s’installer à la table de l’une des nombreuses échoppes au Grand Bazar.
Il n’y avait plus qu’à attendre l’arrivée de son compagnon. Peu à peu, l’impatience le gagnait, tant il était ravi de le retrouver enfin.