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Vahaedar Altarys
Vahaedar Altarys
Citoyen

Jeu de jambes, jeu de borgneRhaegar Valineon

Ludus Altarys, An 1067, Mois 10

Vahaedar passa une paume rapide et contrariée sur sa gorge fraichement rasée. Malgré l’aisance avec laquelle il vivait désormais, celle d’un nanti, l’ancien mercenaire n’avait jamais cessé de s’adonner à l’exercice manuel. Il ne croyait pas ces autres, figaros, le couteau à la main sur une gorge renversée. Et puis, il estimait la dépense futile. Après tout, comme certains s’amusaient à le lui rappeler, sa fiancée la première, il demeurait un homme de peine. Le soleil de la péninsule n’avait pas encore percé par dessus les toits des demeures plébéiennes, celles dont l’orgueil espérait, un jour, s’ériger plus haut que les palais patriciens. D’ordinaire il savourait ce spectacle silencieux mais, ce matin-là, le sien, d’orgueil, était meurtri. Un grognement rauque s’échappa de sa gorge : son rendez-vous de ce matin n’aurait pu tomber plus mal ! D’ici bas, au milieu des courtisanes, des ivrognes, voleurs et autres joyeuses crapules des rues, il était aisé d’oublier les terrifiantes créatures célestes, leurs nobles Seigneurs-dresseurs et la dangerosité perfide de leur Sang-Magie. Si Dame Fortune en avait voulu autrement, il aurait dû se retrouver de l’autre côté des rives du monde. Cette dernière, pourtant, depuis son premier vagissement, s’amusait à lui ravir tout ce qui lui appartenait et, malgré son adresse émérite au combat, il ne pouvait se défendre de ses attaques inattendues : de sa pauvre mère, à son rang dans la société valyrienne jusqu’à sa fiancée. 


Daera. Fière de sa place, nouvellement ascendante, dans la petit cercle politique de la capitale, enhardie par ce nouveau surnom dont les badauds l’avaient couronné, vaniteuse à l’excès, elle avait renié toutes les promesses qu’ils s’étaient faites. Ah, ah, ah, rejeton de catin espérait devenir princesse, aussi blanche qu’une colombe, l’hymen encore vierge ! D’un jour à l’autre, elle lui avait jeté son gant à la figure, prétendant, soudainement, que son commerce de petite vie ne pourrait désormais lui apporter que préjudice. Si elle ne l’avait pas dit, il la connaissait depuis bien trop longtemps pour ne pas savoir qu’elle nourrissait l’espoir, pauvre délurée, d’user de cette gloire nouvelle afin d’entrer dans l’aristocratie sacro-sainte. Dans sa rage, vêtus des lambeaux de sa fierté masculine déchue, il refusait de le croire : celle qu’il avait sauvé d’une vie de misère, de prostitution vile et de la probable mort précoce qui incombait au métier, bref à qui il avait tout offert, estimait qu’il était, désormais, trop peu ? L’affront était encore trop frais pour qu’il sente germer en lui le goût de le vengeance. Il savait pourtant qu’il ne laisserait pas la faute impunie. Et, cette main sur cette paume saillante, c’était peut-être ça qui le contrariait le plus : l’obligation de devoir, désormais, la détester. D’un geste sec, il noua son pagne tentant de chasser ces pensées néfastes. Depuis son plus jeune âge, Vahaedar avait été un homme de bon sens. Les affaires étaient les affaires. Le destin, la chance et… les femmes : les affaires étaient les affaires.



Silencieusement, il banda ses doigts abîmés de la dispute de la veille, ce jour fatal où « la Lumière du peuple » avait décidé de le précipiter dans les ténèbres. Aujourd’hui, malgré le voile funeste au-dessus du ludus, était un grand jour. Pour la première fois, l’un de ces puissants Seigneurs venaient le trouver pour recevoir une leçon particulière. La chose n’était pas anodine, non, non, elle signifiait, en silence, dans l’ombre des murs du bas quartier populaire, que son nom circulait dans les hautes sphères. Sa revanche , plus tard, commencerait par là. Ses hommes n’étaient pas de simples esclaves, Valyria allait se les arracher. Ils seraient sur toutes les lèvres, dans toutes les maisons et les fortunes colossales s’amenuiserait pour une soirée en leur compagnie. Ce n’est pas pour rien qu’il les avait proposé à gagner, pour une soirée, à une loterie caritative organisée par des Dames, dont on disait qu’elles côtoyaient les lointaines dynastes. Oui. Ses hommes deviendraient les héros du peuple, ceux fait de chair et de sang, à la différence de ces autres et leur Sang-Magie. Car, là, était la vraie lumière du peuple. D’un geste décidé, il sangla son habit de travail. Allons, homme de peine devait gagner pitance ! 


Un homme qui avait autant combattu que lui avait déjà vu à maintes reprises borgnes et autres éclopés. Il y avait, cependant, un mystère bien différent à l’oeil manquant du rejeton de la prestigieuse famille Valineon - le neveu du Grand Amiral et de la Grande Inquisitrice, rien que ça voyez-vous ! Peut-être était-ce parce qu’on n’attendait pas que l’un d’entre eux, un noble, soit prédisposé à recevoir une blessure aussi immonde ; ou peut-être était-ce la désinvolture avec laquelle il s’adressait au monde; ou peut-être, encore, était-ce autre chose… Quelques jours en amont, il était venu le trouver très décidé de ce qu’il voulait. Jusqu’alors Vahaedar ne donnait pas de cours aux individus extérieurs, sa famille, était son seul gagne-pain. Il avait cependant changé d’avis devant l’aura du jeune homme. Rhaegar Valineon semblait de ceux à avoir des milliers d’aventures tenues secrètes sous sa caboche en croute de mouton. Les deux hommes avaient convenu d’un prix, que le marchand n’aurait à payer que si le premier cours était un franc-succès. La dernière chose qu’il désirait était de s’attacher un boulet qui n’aurait pas la carrure pour arriver au parachèvement d’une technique maitrisée. Entrer dans la danse était aisé, tenir la cadence tout autre chose. 


« Seigneur Valineon, bienvenue dans le ludus Altarys ! »



Il s’était exclamé, ses grandes mains souriants pour lui, alors qu’un esclave amenait le client de marque devant lui. Le laniste, sans autre formule de politesse, en guise de bonjour, lui tendit sa main. Il était peut-être un grand seigneur dans son monde aux tours d’ogives, mais ici il serait un élève. Si Vahaedar lui présentait les marques de respect attendus pour un être de son rang, il n’abaisserait pas son art à devenir un acte de parade. 


« Souhaites-tu te changer avant de commencer ? »  

Rhaegar Valineon
Rhaegar Valineon
Marchand

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Jeu de jambes, jeu de borgneVahaedar Altarys

Ludus Altarys, An 1067, Mois 10
Cela faisait des lunes qu’une rage certaine habitait Rhaegar Valineon, troublant impunément ses nuits et assaillant ses muscles comme ses pensées le jour. Une férocité qui l’avait rendu moins ouvert aux plaisanteries auxquelles habituellement il avait pu répondre avec plaisir, qui l’avait rendu plus renfermé que d’ordinaire. Une situation intenable aussi bien pour lui que pour les siens et ceux qu’il avait l’habitude de cotoyer et qu’il se devait de résoudre au plus vite pour son propre bien. Cette raison était ce qui l’avait alors porté à pousser les portes du ludus de Vahaedar Altarys, y voyant là un moyen de laisser sortir ce fauve qui chauffait à blanc son sang et de l’utiliser pour apprendre quelque chose qui pourrait lui être utile à l’avenir. Son service militaire avait beau lui avoir été utile, il n’en restait pas moins qu’afin de poursuivre plus intensément ses activités il se devait d’apprendre auprès d’hommes expérimentés. Un moyen de satisfaire l’érudit qu’il était et d’exercer des entraînements qui occuperaient son esprit mis à rude épreuve par des sentiments bien trop tumulteux, à l’image d’une mer démonteée au cours de la plus terrible des tempêtes. Que les dieux pouvaient être cruels envers les Hommes.

Vêtu d’une courte tunique et d’une paire de braies, Rhaegar marchait silencieusement à travers les différentes rues du Quandrant. Nombreux étaient les citoyens et les citoyennes à déambuler à des rythmes différents, s’arrêtant parfois pour discuter lorsqu’ils venaient à croiser des connaissances, entrant ou sortant des bâtisses, certains -les doyens- assis sur de petits tabourets et observant quotidiennement cette foule allant et venant devant eux. Tous avaient leur petites habitudes qui leur permettaient de remplir plus ou moins efficacement leur journée lorsque leur situation personnelle n’était pas des plus éclatantes. Tous avaient leurs petits tracas, de la courtisane malmenée par son  client, du voleur qui s’activait par pur désir de s’enrichir ou tout simplement se nourrir, aux domestiques qui se devaient de satisfaire les demandes de leurs maîtres en se rendant au Grand Bazar. Si certains pouvaient poser leur regard sur cet homme à l’œil unique, échangeant sur sa présence aussi bas, aucun cependant n’était assez téméraire pour venir interrompre son avancée emplie de détermination. Un mal pour un bien : il avait certes besoin d’extérioriser toute la colère qu’il possédait en lui, il préférait le faire dans un cadre plus légal et ne pas risquer d’être arrêté par des soldats de la Première ou lynché sur place.

Lorsqu’il arriva enfin devant le bâtiment qui constituait le ludus, le natif d’Asshaï s’arrêta un instant et ferma ses paupières. Une première inspiration. Une première expération. Et il répêta le procédé deux fois avant de rouvrir les paupières, fixant cette entrée qui était-là l’ultime séparation entre lui et Altarys. Ce dernier avait été relativement ouvert à la négociation et cette session aujourd’hui ne représentait rien de plus qu’un essai pour eux qui ne les engageaient à rien si cela ne s’avérait pas satisfaisant pour l’un comme pour l’autre. Prenant une dernière profonde inspiration, Rhaegar entra alors d’un pas décidé et il ne fut qu’une question de courtes secondes avant qu’il ne soit mené par un esclave jusqu’à un maître des lieux qui l’accueillit. Se saisissant de la main du laniste, le Valineon lui répondit alors :

- Je te remercie pour ton accueil Vahaedar. Nul besoin de me changer, j’ai pris soin de choisir ma tenue afin qu’elle soit la plus appropriée possible pour ne pas perdre de précieuses secondes  à mon arrivées.