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(Aventure) La côte pirate. ft Les deux zouzes
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Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Depuis son retour d’Ybben, le sénateur Maegon ne chômait pas. Auréolé par une victoire contre les ennemis de la République, son influence sur la troupe allait croissant. Ils avaient bien failli ne pas en revenir vivants, ni victorieux. Sans l’arrogance fabuleuse du féodal adverse et de sa magnanimité condescendante, les sbires du Roi Darreth auraient sans doute pu se vanter d’avoir vaincu les dignitaires valyriens venus assister Ybben.

Une résistance héroïque et une boule de feu bien placée avaient réduits en cendres les ambitions inconcevables de ceux qui prétendaient occuper le premier rang des puissances de l’univers en lieu et place de la République et des Possessions Valyriennes.

Dans ce défilé d’officiers qui venaient jauger et quérir protection et services auprès d’un poids lourd émergent aussi bien de la politique que de l’armée valyrienne, on lui avait glissé un mot sur la requête formulée auprès du Sénat par la famille Targaryen. Des pirates auraient investis les eaux valyriennes, plusieurs pêcheurs auraient disparus en mer. Les rapports restaient fragmentaires.

Maegon avait hésité, les Targaryen passaient depuis longtemps, dans la légende populaire, pour une famille issue de bâtardise Tergaryon. Or, Maegon voyait la bâtardise comme une souillure et l’idée qu’un sang légitime vînt en aide à un sang issue d’une coupable fornication ne l’inclinait pas tellement à porter une main secourable à cette famille.

Se jouait alors dans la tête du sénateur une sorte de computation pour savoir qui était le plus méprisable entre les Targaryen et les pirates qui leurs griffaient les flancs par des rapts continus. La question trouva réponse sans délai. Il paraissait relativement improbable que les pirates fussent des valyriens. La souillure de la métèquerie du présent l’emportait ainsi sur celle d’une bâtardise lointaine. Au reste, Maegon demeurait un homme d’ordre et que des pêcheurs valyriens disparaissent continuellement dans l’indifférence totale constituait un désordre qu’il fallait faire cesser.

Il fit introduire par l’un de ses scribes une requête afin de prendre part à la mission soumise par la mesnie Targaryen. Il faudrait certainement du temps pour monter une équipe correcte afin de conduire à bien la mission. Maegon ne s’attendit pas à recevoir de nouvelle avant huitaine. Il en fut pour ses frais, trois jours plus tard, un licteur se rendait au Palais pour l’informer que les noms avaient été choisis. Dans son magnifique bureau, Maegon décacheta le vélin sénatorial pour découvrir qui seraient les hommes avec lesquels il allait remporter une victoire contre la briganderie maritime qui sévissait. Le papier dans une main, une coupe de vin en argent dans l’autre, il commença à lire. Lorsqu’il vit ses deux autres coéquipiers il s’étrangla et manqua d’asperger de vin le licteur qui se tenait debout face à lui.

Il tendit le vélin au lecteur, l’air furieux.

-Si c’est une plaisanterie, licteur, elle est de mauvais goût.

Le licteur lui assura qu’il n’en était rien et que le message était tout ce que l’on pouvait faire de plus officiel. Maegon cligna des yeux. Ses deux coéquipiers seraient donc des coéquipières. L’air sombre, la nouvelle ne passait pas. Il manqua de peu de faire un scandale et faire signifier au Sénat que cette mission se ferait sans lui. Il se reprit de justesse, mais il se sentait insulté. Vyshera Arlaeron et Alynera Vaekaron l’accompagneraient donc dans cette nouvelle mission à laquelle il prendrait part. C’était ridicule. Pour qui se prenaient ces deux péronnelles ? Deux femmes du sud, qui se devaient de tenir un dehors respectable, humble et hors des turpitudes de la politique et du tumulte des combats. La première faisait déjà assez insulte à son sexe en ayant intégré les rangs de l’armée, elle y avait ajouté l’outrage, le blasphème même, de devenir légat. Quoiqu’elle fut de la famille de Laedor, un allié, Maegon ne pouvait s’empêcher de penser que cette femme militaire et célibataire était une monstresse dans la nature. La deuxième, Alynera Vaekaron, ne lui paraissait pas mieux indiquée pour une mission pareille. Que venait faire la femme de Ragaenor dans cette galère ? Le dynaste n’avait donc pas le courage de porter lui-même l’étendard de sa maison dans le service de la République ?  Il devait donc envoyer sa nièce de femme pour le faire à sa place.

Tout cela n’augurait rien de bon. À quoi servait de s’entraîner jusqu’à l’épuisement total de ses muscles, à parfaire ses aptitudes aux armes, à chercher à forger en lui un commandant parfait, si on l’affublait de deux femelles pour aller sur le champ de bataille.

Pour marquer sa désapprobation du choix fait par le Sénat, Maegon fit écrire à ses deux partenaires de combat pour leur signifier qu’il lui paraissait plus judicieux que chacun se rendît à Fosse-Dragon par ses propres moyens. Il n’indiqua pas d’ailleurs le délai dans lequel lui-même se rendrait sur le lieu de la mission. Après quoi, il laissa filer les jours, le temps de laisser mariner son mécontentement. Ce n’est que huit jours plus tard que Maegon se décida enfin à prendre le chemin de Fosse-Dragon. Il avait revêtu sa tenue de combat et tenait en main son épée en acier valyrien bien dissimulée dans son fourreau. Son arc ainsi qu’un carquois bien rempli de flèches était attaché dans son dos. Dans la cour du palais, Caraxès attendait, la mauvaise humeur de son maître le rendait lui aussi irritable. Maegon s’approcha de lui, posant sa main sur ses larges flancs et attendit que le dragon donne moins de signes de nervosités pour se hisser jusqu’à la scelle. D’un mouvement précis il empoigna les rennes, et le dragon s’élança dans les airs. Il longea la cote un moment, faisant quelques cercles dans les airs, pour apprécier la disposition des lieux. Il vint enfin se poser à destination. Descendant de son dragon, quelques serviteurs du chef des Targaryen vinrent à sa rencontre. Sa réponse fut sèche et courte.

-Instruis ton maître que le Sénateur Maegon Tergaryon est arrivé pour lui porter secours.

Il ne chercha même pas à savoir si les deux autres étaient là. Il n’en avait cure. La mission venait de commencer. Que diable était-il venu faire dans cette galère ?
Vysehra Arlaeron
Vysehra Arlaeron
Dame-Dragon

La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10


- " Vysehra, missive du Sénat."

D'un geste agacé et lasse, elle jeta son glaive à terre et plaqua ses cheveux détachés en arrière. Trempée de sueur et peu satisfaite de son entraînement matinal, il n'était pas bon de traîner dans ses pattes. Depuis des jours déjà, le calme plat qui régnait au camp la laissait nerveuse. Dans ses tripes, il lui sembla sentir que quelque chose se préparait. Alors, pour passer ses nerfs, elle martyrisait ses meilleurs hommes au combat à l'épée. Elle s'approcha alors du messager avec un regard noir et jeta ses gants par terre avec colère. Elle n'était arrivée à rien de bon ce matin-là et cela mettait sa patience à rude épreuve.

D'un geste sec, elle attrapa la missive et en déroula le contenu. À mesure que ses yeux passaient sur les lignes, ses sourcils se froncèrent de plus en plus. Si elle voulait de l'action, la voilà servie. Mais à cette demande inattendue se présentaient trois problèmes. Le premier était le sénateur Maegon Tergaryon. Même s'il était un allié des Arlaeron, et plus précisément de Laedor, il ne restait pas moins fidèle aux traditions valyriennes et s'opposait donc à la position de Vysehra. Le second problème était Alynera Vaekaron que la légate n'avait connue que par le prisme de son inceste puant et de son petit conflit d'intérêt ridicule avec Naerys. Et enfin le dernier, et pas des moindres, la mer. Vysehra avait une peur bleue de l'océan et de ses profondeurs. Même si elle savait nager et avait déjà eu l'occasion de voyager à bord de bateaux en tout genre, elle préférait l'éviter. Caraxès pouvait être impitoyable et il l'avait déjà démontré par le passé. Elle se tourna alors vers l'un des soldats.

- "Talaelor, fais préparer mes affaires. Je pars. Et n'oublie pas mon arbalète." - fit-elle en froissant la missive de sa main droite.

Le jeune homme s'exécuta sans demander son reste, connaissant le caractère de sa supérieure.   Excédée de plus belle, la Arlaeron donna un coup de pied dans une caisse de matériel qui se renversa. La voilà qui devait partir en mission avec une princesse dont l'inceste souillait son nom et un sénateur qui s'étouffait constamment de son égo. Puis, la simple pensée des roulis d'un navire lui donnait la nausée. Cette histoire commençait mal. Très mal. Maegon n'ayant pas eu la décence de prévenir d'une date d'arrivée, Vysehra estima qu'elle partirait le lendemain. Une bonne nuit de sommeil et un bon repas pour Talaemion étaient plus que nécessaires. Le lendemain, elle s'équipa et s'en alla retrouver son dragon somnolent. À son approche, il sentit sa présence et entrouvrit un oeil. Il grogna de mécontentement mais fut relativement coopératif. Vysehra donna ses instructions à ses collègues masculins qui prenaient le relai et celle-ci décolla dans un nuage de poussière.

Elle arriva avant Maegon et fit un peu de repérage terrestre. Préférant éviter toute approche pouvant se remarquer de loin, elle se fit discrète et campa à l'écart du littoral jusqu'à l'arrivée des deux autres. Loin d'être enthousiaste à l'idée de coopérer avec Maegon et Alynera, elle se força tout de même à garder un voile aimable et courtois. D'une part, le Tergaryon était suffisamment important au sein de la politique valyrienne et potentiellement dans la hiérarchie militaire pour entacher leur relation, et d'une autre part, les Vaekaron restaient une dynastie qu'il valait mieux garder à l'oeil pacifiquement malgré leur pauvreté relative.

Puis, après quelques jours d'attente, Maegon arriva enfin. Si Talaemion n'avait pas réagi à la présence d'un autre dragon dans les airs, la légate n'aurait pas été avertie de son approche. Elle enfourcha alors la bête et fila jusqu'au point de rendez-vous. Arrivant derrière le sénateur, elle descendit du dos de son compagnon et mis pied à terre. Son armure s'entrechoqua et elle remit en place son épée. Elle s'approcha.

- "Sénateur Tergaryon..." - fit-elle en guise de salutations, glissant un sourire léger.


Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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La côte pirateVysehra & Maegon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10


La chausse trouve naturellement sa place le long de l’énorme scelle. Malgré ces mois, alités, le geste conservait toute son élasticité. Lentement, ses doigts parcourent la fleur du cuir, épaisse, souple, grasse, et un frisson, aussi long qu’intense, électrise sa chair. Au même instant, sous son corps, lui répond toute la masse d’Yraenarys. Il frémit d’une impatience heureuse. Le souffle tremblant, la dresseuse laisse sa joue trouver les écailles de son dragon. Ses mains, puis ses bras, viennent enlacer l’encolure gigantesque. Et, alors que ses yeux se ferment d’un bonheur longuement attendu, petite fille perdue au milieu de la magie d’Aegarax, elle réalise ce qu’elle soupçonnait depuis plusieurs lunes, depuis que son corps rond l’avait empêché de grimper jusqu’à l’échine du colosse. La dynaste n’était pas liée à ses enfants comme elle l’était à Yraenarys. Si la dureté de l’Épreuve avait fait naître en elle une férocité insoupçonnée — elle observait d’un œil alerte les moindres faits et gestes de ses nourrissons, l’instinct prêt à tuer le moindre assaillant —, ce n’était pas comparable à ce lien invisible qui l’unissait à sa créature magique. Du feu magique ils étaient nés ensemble et grandissaient au même diapason. Et quand bien même elle était vouée à mourir bien avant lui : Yraenarys était une partie d’elle tout comme elle une partie de lui. Il était son extension animale ; elle était son extension humaine. Avec le temps, d’aucuns avaient pu remarquer comme les pupilles améthystes de la dynaste pouvaient, parfois, se jaunir brièvement. Ces retrouvailles formèrent des larmes de sel sous ses yeux clos. L’épouse de Ragaenor tenait son rôle de femme avec un don tout disposé, mais elle avait détesté l’éloignement obligé par cette grossesse. Des années plus tard, elle comprenait la source de l’opiniâtreté de sa mère quant au fait que son père l’avait encouragée à devenir une dresseuse émérite. Elle savait, elle, que, tôt ou tard, la société, la semence de son époux, son propre corps, seraient autant d’obstacles à la sève de sa magie. L’apex de ses doigts chercha à s’enfoncer doucement dans la chair de l’animal, qui laissa échapper un souffle intimidant sur les serviteurs alentours. « Ivestragī's sōvegon naejot se zirȳ. » Volons à eux. 



Le susurre suffit pour qu’Yraenarys rugisse d’un son strident, s’avançant d’un pas lourd vers les failles de la roche millénaire. Pendant l’ascension, étroite, vers la surface de la terre, Alynera jeta un coup d’œil furtif derrière elle. Au milieu des serviteurs, Maelor s’était avancé pour observer son départ. Elle savait, quoiqu’elle ne puisse le quantifier, le vide qui était le sien. Lorsqu’il avait appris son départ, il s’était rangé du côté de leur oncle, partageant sa colère et son refus mais elle ne leur avait pas laissé le choix. Le Seigneur Targaryen était un client de la dynastie Vaekaron, il était de leur devoir de lui porter secours. De plus, le Sénat avait laissé entendre que le butin pourrait être récolté en parts égales aux défenseurs des terres valyriennes et elle avait besoin de cet argent. Le mal magique qui rongeait son fils ne pourrait être tenu secret bien longtemps, l’arrivée de l’Ancien ne pourrait détourner la tragédie longtemps, ils avaient besoin d’une trésorerie à même de le soigner. Et puis, cette escapade ne serait qu’une mise en bouche de ce qui l’attendait avec Aerys Maerion. Et puis, encore, il y avait Aelarys... Alors que son corps ondulait au même rythme que les mouvements de son dragon, un sourire borda ses lèvres jusqu’à exploser d’une immensité enfantine. Son frère, désormais plus petit, ne pouvait comprendre le carcan temporaire duquel elle s’échappait, quoique son époux, lui, l’ait malheureusement bien compris. Aidant l’élan de son dragon, elle courba son échine d’un mouvement avant. Les griffes dans la roche, il continua son ascension jusqu’à trouver la surface et, de deux grandes ailes, s’envoler vers l’étendu des cieux. 



Après quelques heures de vol, Alynera survola enfin le fief Targaryen. Fosse-Dragon. Ce n’était guère la première fois qu’elle se rendait sur ces terres reculées, mais la sensation de désolation lui était toujours la même. La propriété était austère, tombant en ruines à quelques endroits, moquée par le tout Valyria. La grisaille de la roche volcanique était en rupture totale avec les façades vives et colorées des demeures patriciennes péninsulaires. Néanmoins, il n’était pas difficile de comprendre pourquoi les Vaekaron s’étaient intéressés à ces étranges personnages dont la récente richesse ne pouvait effacer la boue des rustres souliers. Tout comme les descendants de Vaekar, ils étaient des êtres nébuleux davantage tournés par la connaissance, le savoir et la recherche que les futilités hédonistes de leurs pairs. Son père avait tout de suite su voir en Aelarys un dresseur hors norme, il l’avait pris comme pupille malgré les railleries de la société. Encerclant la demeure, elle se demanda si il se terrait là quelque part dans les murs de cette triste forteresse. Partie en amont, elle n'observa, sans surprise, aucun dragon et se posa dans la cour où un serviteur l’attendait déjà. Il lui fut offert un couvert sobre, dans une pièce qui l’était plus encore. La tenture unique décorant le lieu était recouverte par un tas de poussière centenaire venue rogner le tramage en de petits trous parsemés. Les fenêtres étaient petites, les murs épais, la température fraiche. Si elle toucha son repas par respect, Alynera était surtout bienheureuse de pouvoir reposer ses muscles déjà endoloris. Elle avait été mise en garde d’un retour à l’exercice prématuré, mise en garde qu’elle avait préféré ignorer. Mais, la mission n'avait pas encore commencé qu’elle comprenait son orgueilleuse erreur. Son bassin était endolori et son entrejambe douloureusement brûlante. Admettre, même intérieurement, que les guérisseurs puissent avoir eu raison fit tourner son humeur au sang. Elle coupa soudainement la parole volubile du patriarche. « Dis-lui que je veux lui parler, ses conditions seront les miennes. Les Maerion le trouveront, ils le tueront. » Ses yeux dans les siens, il était difficile de dire de quel côté elle se trouvait. Six mois auparavant Aerys lui avait confié que le cadet Targaryen était l’un des acteurs du Grand Effondrement, mais elle refusait encore de le croire — quand bien même toutes les preuves étaient là. Elle ne voulait croire qu’un homme élevé par son père ait pu commettre un tel crime… Une autre partie d’elle-même savait déjà que l’éclaireur lui avait pourtant dit vrai. « Aelarys ? Je ne sais où il se trouve Dame Alynera, il faut me croire ! » Écoutant d’une oreille sourde les paroles du seigneur, ses yeux balayèrent la salle comme si le meurtrier pouvait se dissimuler dans l’ombre de la pierre. « Alors trouve-le. Je représente sa seule chance, avec, peut-être, Daenar Valineon. » Ces mots ne souffrant d’aucune continuité, elle posa quelques questions de rigueur sur les filles du seigneur. La collation était terminée lorsque fut annoncé l’arrivée du Seigneur Tergaryon.



Derrière le Seigneur des lieux, Alynera réprima un sourire lorsqu’elle aperçue l’armure reluisante et la longue épée de la fille des Dragons-Verts. Bien évidemment, on ne pouvait demander à un Arlaeron, même pour une mission de la plus haute discrétion, de ne pas se vêtir du plus bel argent. Un argent qui, nul doute, brillerait dans le ciel au moindre rayon du soleil… « Seigneur Tergaryon, bienvenue à Fosse-Dragon ! Dame Vysehra. C’est un honneur, immense sans nul doute, que de vous recevoir sur mes terres. Je regrette que la raison en soit bien funeste. » Alynera salua avec égards ses pairs d’un léger mouvement de tête, quoique sensiblement plus appuyé pour le sénateur. Le Sénat avait choisi de réunir une équipée bien étrange ! Si elle ait été contactée pour la puissance d’attaque de son dragon, elle ne doutait pas des réserves que ses compagnons du jour émettaient à son égard. Elle sentit le carcan de son rang sortir de son échine pour la corseter. « Le navire a disparu deux heures après le milieu du jour, alors que l’astre était éclatant. Les vas et viens de ces pirates semblent somme toute réguliers. Le soleil est encore au matin, cela devrait vous laisser le temps de les observer à votre tour… Si je puis vous être d'une aide quelconque, dis-le moi. » Digne noble du Sud, malgré sa pauvreté certaine, il ne s’était adressé qu’en regardant Maegon. Récupérant ses gants, les ajustants, Alynera ne put s’empêcher de regarder le ciel. Le Sénat pouvait croire à l’histoire ficelée, bien contée, du vieux seigneur, mais pas elle. Le remerciant pour son hospitalité elle appela Yraenarys. L'heure n'était plus aux bavardages.


Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Venir à Fosse-Dragon lui rappelait la bataille à Ybben. Une grosse masse de pierre en ruine qui prétendait défendre un territoire désolé. Les Targaryen étaient en cela fidèles à leur réputation de hobereaux de la politique valyrienne. Seigneurs Dragons mais si peu. Sénateurs mais si peu. Ils officiaient en réalité de contremaître sociaux de la politique valyrienne, une forme de croisement entre un roturier et un noble, donnant on ne savait trop quoi ou plutôt, si, on ne le savait que trop : une famille a priori incapable de se défendre contre quelques forbans.

Le plus beau dans cette fantastique équipe de héros, c’est que Maegon devait être celui qui avait le plus d’expérience de la mer puisqu’il avait souvent vogué au-dessus des mers et qu’il était resté très proche de l’armée dans laquelle il avait fait son service et dont la spécialité était l’amphibie. Autant dire que c’était notoirement insuffisant et qu’au lieu d’une des deux pintades, il aurait nettement préféré avoir avec lui le bâtard de Daelor, ou bien un Valinéon.

A dire vrai, ce problème de composition de l’équipe lui paraissait devenir secondaire à mesure que l’histoire se précisait.

Préciser était un grand mot. Rien ne semblait avoir de sens pour le sénateur dans le problème qui se posait aux gens du cru. De simples pirates disparaissant à volonté et attaquant des navires de pêcheurs ? De plus, si les pirates frappaient en général au même moment, comment pouvait-on les laisser s’enfuir à chaque fois ? Autant de questions que le Sénateur Tergaryon n’aimait pas, car elles témoignaient qu’il y avait plus à cette histoire de pirates.

Impassible, encore de mauvaise humeur, il resta silencieux un instant, le temps de réfléchir à un plan. Après tout, là était sa force, il l’avait montré à Ybben. C’était lui qui avait devisé le plan pour se sortir de la nasse dans laquelle les éléments les avaient plongé. Lui encore qui avait eu l’idée d’appâter la flotte du Jarl loin de ses bases pour la flamber en pleine mer en profitant de la supériorité aérienne fournie par les dragons. Aussi, son utilité dans cette équipe, donnée par sa légitimité politique, était celle de trouver un plan viable. Que savait-il réellement ? Rien, il fallait donc des renseignements, il fallait comprendre ce qui se tramait. Pour l’heure, la force brute ne servirait de rien. Le maître des Tergaryon croisa les bras un moment.

C’est à ce moment là qu’Alynera appela son dragon, faisant hausser un sourcil à Maegon. Que comptait-elle faire exactement ? La voyant faire, il jeta un regard perplexe au Légat. Il manqua de dire à la nièce de Ragaenor que si Son Altesse Sérénissime voulait bien partager avec eux le fruit de ses réflexions, il en serait bien content. Ils ‘abstint cependant de ce commentaire désobligeant. Les manières monarchiques empestaient de ces dynastes comme une odeur de mort sur un champ de bataille. Ils arrivaient comme des fleurs en toute circonstance, sans trop savoir comment, ni pourquoi et pensaient que leur onction par Arrax règlerait tous les problèmes. Maegon prit sur lui d’interrompre le chaos qui commençait à s’installer.

-L’heure n’est pas aux dragonades. Trop de questions restent sans réponses satisfaisantes sur les agissements de ces pirates. Au reste, il nous faut un plan, si ces flibustiers sont capables d’échapper à la vigilance des gens du cru, qu’en sera-t-il de nous qui ne sommes pas de cette région ? Nous sommes dans le noir. Si ces pirates hantent ces cotes, nous devons les appâter et les piéger. Nous pourrions affréter un navire de pêcheurs et déguiser quelques soldats de la garde locale. Les pirates cherchent une cible facile, donnons-la-leur. Une fois qu’ils aborderont, nous les prendrons par surprise pour en capturer autant que possible vivants et les interroger.

Il sa tourna de nouveau naturellement vers le Légat, après tout, comme militaire, il lui semblait qu’elle était la plus à même, quand les œstrogènes ne polluaient pas son cerveau féminin, de comprendre la logique de l’homme de guerre.

-Si nous tirons trop fort sur la ligne, elle cassera et le poisson comprendra à présent qu’il a face à lui d’autres adversaires que quelques pauvres gardes. Nous perdrons l’effet de surprise.
Vysehra Arlaeron
Vysehra Arlaeron
Dame-Dragon

La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

Les voilà désormais au complet. À l'arrivée de la Vaekaron, la régate fit quelques salutations des plus mondaines avant de croiser les bras pour les écouter déblatérer. Vysehra garda le silence relativement longtemps pour mieux observer et écouter ses compagnons. Ainsi le navire revenait de manière cyclique et était perdu à chaque fois ? Il y avait anguille sous roche. Comment pouvait-on le perdre à chaque fois ? Mentalement, elle imagina un plan qui lui donna des frissons. Lors de son arrivée précoce, elle avait eu le temps de survoler à plusieurs reprises les environs et de faire du repérage discret. La présence de roches avec, pour certaines, des cavités suffisamment grandes pour y abriter un homme lui avait donné des idées.

Son oreille fut attentive au plan de Maegon mais celui-ci ne lui convenait guère. Il lui demanda alors un avis qu'elle fut ravie de lui donner.

- " Ton plan est intéressant Maegon mais je crains que nous n'ayons affaire à plus puissant et plus malin que ce nous pensons. Les appâter et tenter de les attaquer pourrait se retourner contre nous. Si nous ratons notre assaut, nous risquons de les perdre et de ne pas être en mesure de les retrouver. Nous allons devoir mettre la force brute de côté... et les dragons au repos." - fit-elle en glissant un regard à Alynera - "Je doute que les marins ne parlent. Et quand bien même, si le reste de l'équipage fuit on ne sait où, il ne sera nullement possible de les confronter à la justice valyrienne."

La régate croisa les bras et fit mine de réfléchir encore un peu. Son plan allait la mettre face à ses propres peurs mais ils n'avaient pas le choix. Qui plus est, il était hors de question de montrer le moindre signe de faiblesse face au Tergaryon.

- "Si nous voulons savoir que fait ce navire et son équipage, il va falloir monter à bord. Et pour ce faire, nos solutions solutions restent minces. Nous allons les appâter, comme tu le proposais. Mais pas avec des marins. Il va leur falloir plus gros et plus important que ça pour les occuper quelques minutes de plus." - elle leva les yeux vers ses deux compères tandis qu'un sourire mesquin se dessina sur ses lèvres - " Dame Alynera et toi jouerez les appâts. Il suffira de faire courir le bruit que deux émissaires très importants de Valyria sont en visite et qu'ils iront faire une virée en mer un jour donné. Lorsqu'ils vous trouveront, ils vous kidnapperont. Le butin a récupérer sera bien trop important pour qu'ils laissent filer cette occasion unique. Mais ils ne vous laisseront pas monter en étant armés."

Vysehra fit demander une carte des côtes de Fosse-Dragon et lorsque celle-ci lui fut donnée, elle la déroula sur une planche de bois soutenue par deux tréteaux qui traînaient dans la cour. Sans doute pour le dépôt d'arme. Avec son pied droit, elle farfouilla la terre battue et quelques cailloux de différentes couleurs apparurent. Elle les ramassa et les épousseta rapidement. D'un geste sec, ses doigts placèrent les petites pierres.

- "Lorsque je suis arrivée à Fosse-Dragon, et en vous attendant, j'ai pu faire un peu de repérage avec Talaemion. Il s'avère que, non loin des côtes, un peu plus au nord, il y a des roches qui sont concaves pour certaines d'entre-elles. Et elles le sont suffisamment pour accueillir un homme sans qu'il puisse être vu de l'extérieur. C'est là que je serai." - fit-elle en avalant difficilement sa salive. Elle respira lentement pour mieux contrôler son angoisse. Alynera et Maegon ne devaient pas savoir. De ses doigts délicats, elle glissa les cailloux pour figurer leurs mouvements - "Je me cacherai dans l'une de ces cavités. J'emporterais mon épée, mon arbalète de poing et plusieurs carreaux et j'attendrais que le navire ennemi daigne se montrer. Dès lors, vous embarquerez avec eux, et non sans discuter. Il faut gagner du temps. Vous allez devoir accaparer leur attention autant que possible. Je me glisserai à la nage jusqu'à la coque de l'embarcation et je m'accrocherai à sa poupe."

Le plan n'était pas sans danger, mais il semblait inévitable.

- " Il faudra l'appâter dès que le soleil commencera à décroitre pour qu'à la nuit tombée je puisse me hisser à bord. Puis nous improviserons. Ils n'attaquent visiblement qu'en journée mais je doute qu'ils laisseront filer l'occasion de prendre en otage un sénateur et une dynaste. Qu'en pensez-vous ?" -fit-elle en s'attardant sur Maegon.

S'ils acceptaient, la légate allait devoir se jeter à l'eau, littéralement, et l'idée même de plonger dans ce bouillon noir lui provoqua une secousse qui remonta le long de son échine. Elle savait nager depuis l'enfance mais la peur des profondeurs et de l'eau n'aidait en rien à sa concentration. Cette fois-ci, il faudrait en faire abstraction autant que faire se peut. Vysehra allait également devoir abandonner son armure qui lui était si rassurante en temps normal. Une sorte d'inconfort mental s'installa dans son esprit tandis qu'elle maudissait le Sénat de l'avoir délogée de Mantarys pour l'envoyer dans un tel merdier.



Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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La côte pirateVysehra & Maegon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10


L’heure n’est pas aux dragonnades. La voie impérieuse, légèrement dissonante, du sénateur était venue déranger son arcade sourcilière. Un bref instant elle le dévisagea, les yeux dressés sur lui, sourcil contre sourcil, avant d’acquiescer d’un léger mouvement du menton. Le tempérament bileux, la couleur rose haute sur le poitrail, Maegon Tergaryon était un homme d’action. Et, tout comme leur coéquipière, membre de l’armée, il était plus à même de savoir comment procéder dans une telle situation… Aussi Alynera écouta attentivement, quoiqu’elle ne comprit pas comment ils pouvaient ne pas partir en éclaireurs avant de fomenter le moindre plan. Certes les informations du vieux Targaryen devaient être avérées, mais elle aurait préférée s’en assurer avec ses propres yeux. Son avis n’étant pas demandé, et jugé non pertinent, elle demeura en retrait. Alors qu’ils parlaient entre eux, elle ne manqua pas la seconde fourche qui lui fut envoyée — mais qu’aurait-elle pu attendre d’un sang aussi traitre que celui des Arlaeron ? 



Les bras croisés sur sa poitrine, l’âme masculine, toute aura sensuelle envolée, Vysehra contrecarra les intentions du Seigneur d’Oros en dressant un plan qui laissa la Vaekaron dubitative. Quand le premier ne prenait pas en compte l’aspect magique de la situation, la seconde reposait toute l’opération sur une nage en mer haute chargée d’une épée en acier valyrien, d’une arbalète et de plusieurs carreaux. Si elle ne savait pas nager, il lui semblait impossible de pouvoir rejoindre un navire ainsi équipée. Il n’avait pas fallu autant de pois à sa défunte tante, lors de son ordalie, pour couler dans les antres de Caraxès ! Elle n’aurait probablement pas réagi si sa vie, et celle de l’un des chef d’une des plus vieilles familles du continent, étaient en jeu. Car, dans ce plan, si le Surin d’Argent ne parvenait pas à se hisser à bord, leurs vies étaient perdues — et encore fallait-il qu’elle ne se fasse pas remarquer !



« Et comment comptes-tu nager avec dix livres sur le corps sans couler à pic ? » 



Sa voix fut basse, mais suffisamment ancienne pour se faire entendre. Impavide, elle demeura campée à sa place d’indésirable. Alynera nourrissait peu d’attrait pour la martialité, quoiqu’elle ait effectué son service militaire et fait ses preuves à Mhysa Faer, mais elle pouvait soupeser le poids de l’équipement détaillé. Un équipement, par ailleurs, bien léger pour défendre trois personnes. Léger et, pourtant, déjà trop. Bien entendu, la dernière question du Légat, courtoisement adressée à eux deux, n’était destinée qu’à Maegon.



« Une Dynaste et un Seigneur-Dragon sur un même bâtiment pourrait, certainement, intéresser ces pirates… mais ils penseront que nous voyagerons avec nos dragons et se méfieront. Nous ignorons la source de la puissante magie qui semble les entourer et, par là même, les protéger. Si nous devons les appâter, ne devrions-nous pas faire penser que le convoi part pour les Îles d’Été chargé d’un convoi aussi précieux qu’il est secret ? Ces brigands doivent être aux faits de nos derniers accords commerciaux. » 



Marquant un silence, elle avança de quelques pas. Le plan de la Arlaeron, la suite improvisée mis à part, lui semblait meilleur pour la raison qu’il leur permettait de pénétrer dans le cœur magique de l’affaire. C’était néanmoins une action bien plus dangereuse que de se livrer à un interrogatoire sur quelques pirates capturés. Elle observa la carte, rapidement, demeurant légèrement en retrait de leur conseil.



« Je peux me tenir seule, ainsi vous pourriez vous partager les armes… À ce dernier mot, on pouvait voir toute la répugnance qu’elle nourrissait pour cet élément, opaque et froid. Gagner du temps ne devrait pas être un problème. »



Son regard coula vers Yraenarys dont la gueule inquiétante, entrouverte, l’écaillée dressée, semblait comprendre que le plan se ferait sans lui. Étrange était la décision du Sénat de ne pas avoir dépêché un membre du Collège avec eux. Et il était inutile d’en chercher un à travers les rangs des Targaryen ! 



Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Le cerveau du sénateur cherchait assidument un moyen de se sortir du véritable casse-tête que cette mission commençait à devenir. Non pas que le plan de la légate lui paraissait mauvais cependant, la dynaste avait soulevé un point que le militariste jugeait impérieux, toute légate qu’elle était, la gringalette ne pourrait pas jouer les sirènes avec son équipement. L’effort physique exigé par ce plan diminuerait forcément les capacités de combat de celui qui devrait nager.

Par ailleurs, les versants magiques de leur situation l’inquiétaient. Et de tous trois, la dynaste était la plus à même de les envisager. On pouvait bien imaginer que la femme de Ragaenor avait posé ses yeux sur quelques livres dans le cours de sa vie. Le risque était grand, il ne fallait vraiment pas rater sa chance. Au reste, l’idée de laisser la dynaste seule lui semblait si contre-intuitive qu’il ne s’y résignait pas tout à fait.

L’idée que les deux femmes veuillent prendre de tels risques le laissaient perplexe. L’audace, sans dragons, et sur mer, élément notoirement défavorable à la quasi-totalité des valyriens, ressemblait bien plus à de la folie comparée à une prudente et raisonnable tentative d’extorquer des informations. Ainsi était les femmes que l’on sortait de leur élément naturel. Soucieuse de prouver on ne savait trop quoi, elles voulaient aller toujours plus loin dans la fantaisie au risque de faire tuer l’ensemble des participants à la mission. Ces moment-là devaient laisser s’effacer le combattant pour laisser de nouveau la place au sénateur.

Ses options étaient réduites. Continuer une argutie autour de quel plan adopter lui semblait vain. Dans tous les cas de figure, il allait devoir risquer sa vie, mieux valait que cela apparaisse comme un cadeau qu’il faisait dans un plan bancal qu’il pouvait sauver le moment venu, plutôt que de laisser cette opportunité aux deux autres en imposant son plan. Par ailleurs, les remarques faites par Alynera rendaient le plan moins inacceptable que sa version d’origine. Ainsi, la ligne qui lui semblait la plus profitable était de laisser les ovaires prendre la main de l’opération, et de jouer, dans la mesure du possible, les chevaliers servants avant de blouser tout ce petit monde par un coup de derrière les fagots dont il avait le secret, exactement comme à Ybben.

-Les propositions de la dynaste me semblent bien pensées, légat.

Maegon ne crut pas utile d’en dire davantage. Après tout, si l’argentière en armure voulait faire de la résistance et aller dans le mur avec un plan bancal, cela convenait parfaitement au sénateur militariste qui pourrait ainsi se permettre de hausser le ton pour pousser un plan qu’il n’avait pas conçu, mettant la légate en minorité. Avec un peu de chance, la jalousie terrible que les femmes se vouaient entre elles ferait le reste. Il manqua presque de rire. Soutenir pour diviser, diviser pour régner. Quel monde absurde que celui où un homme se voyait contraint d’user de ces stratagèmes de couloir du Sénat pour ne pas s’aliéner deux femelles. Assurément les Dieux avaient de drôle d’épreuves.

-Si personne n’a d’objections, il me semble temps de procéder aux préparatifs.

Plus vite la mission était terminée, par la victoire ou la mort, plus vite il pourrait enfin soit se reposer, soit se concentrer sur des affaires plus sérieuses.
Vysehra Arlaeron
Vysehra Arlaeron
Dame-Dragon

La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

Le plan se mettait enfin en place. Chaque détail serait préparé en amont et toutes les éventualités étudiées afin de réduire le risque d’une catastrophe ou d’un incident diplomatique. Vysehra n’écouta que quelques mots provenant de la Vaekaron, se retenant de sourire ironiquement par moment. Elle n’avait ni leçon, ni remarques à recevoir d’une jeune femme qui se mariait à son oncle et l’avait laissée l’engrosser. En revanche, elle dû admettre que sa proposition de stratégie n’était pas dénuée de sens. Elle se garda bien de le notifier. La logique des choses voulait que la légate s’allège de son armure pour la nage ainsi que de tout ce qui pouvait potentiellement la faire couler, cela coulait de source et il lui avait semblé relativement inutile de le préciser. Peut-être aurait-elle dû mieux choisir ses mots en adéquation avec le niveau de son interlocutrice. Son arbalète de poing pesait peu. Faite d’un bois léger mais robuste, elle était destinée à être dissimulée et transportable dans n’importe quelle situation. Quant à son épée, elle représentait un poids important, mais Vysehra savait s’en accommoder.

La difficulté, selon elle, n’était pas de nager avec de l’équipement, mais d’affronter ses propres peurs. La Arlaeron était terrifiée par les profondeurs. Caraxès était capable de bien trop de choses pour ne pas s’en méfier. Il faudrait pourtant passer outre et garder la tête haute devant la Vaekaron et le Tergaryon. Hors de question de faire étalage de ses faiblesses, aussi anodines soient-elles pour un valyrien. Elle regarda alors de nouveau le plan puis se tourna vers ses camarades.

- “ Très bien, faisons ainsi. Préparons-nous. Disons… Dans deux jours. Le vent se lève depuis hier et j’ai bien peur qu’une tempête ne se prépare. Cela sera suffisant pour que l’on prépare les derniers détails et que l’on se charge de la cargaison. Vide, bien entendu, il est inutile d'engranger plus de pertes. Chargeons tout de même quelques caisses de poisson salé afin de leur passer l’envie de fouiller chacune d’elles.

Elle pointa les deux rochers précédemment évoqués.

- “ Nous partirons un peu avant l’aube, le Sénateur et moi. Un simple rafiot sera suffisant pour nous déposer à proximité des rochers pour ensuite s’y cacher. Dame Vaekaron, tu partiras avec la cargaison. Je ne doute pas que tu sauras distribuer les ordres nécessaires. “ - fit-elle sans sourire. Les yeux toujours rivés sur la carte, elle sembla calculer mentalement la suite des évènements. - “ Je propose également que nous laissions les dragons au repos ces deux jours durant. Ne pas les voir rôder dans le ciel devrait rassurer sur notre dangerosité. Aussi, si nous voulons que le plan fonctionne, il serait peut-être bon d’envoyer quelques messagers sous couvert de simples gens du peuple écumer les tavernes. La rumeur de la présence d’Alynera devrait se répandre comme une traînée de poudre. Pour le reste, nous allons malheureusement devoir faire face à l’incertitude…

L’idée de laisser Talaemion loin d’elle ne lui plut guère. Ni même l’idée qu’ils ne connaissaient pas, où n’avaient pas ne serait-ce qu’une infime idée de la destination du navire pirate. La mission était risquée, tout comme leur plan. Mais le jeu en valait peut-être la chandelle.

- “ Profitons de ces deux jours pour glaner des informations.

Elle lança un regard à Maegon, le considérant comme celui qui devait donner les ordres aux Targaryen et leurs péons.




Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Deux jours.

Deux jours à passer dans la ruine des Targaryen avant de pouvoir enfin se lancer dans la mission. Le maître des lieux avait fourni à chacun des appartements. Tout ici était rustique. Maegon Tergaryon était habitué aux odeurs raffinées de son palais, ou encore au parfum si particulier qu’avaient les lieux de pouvoir, comme le Sénat. Il connaissait même l’odeur des charniers et de la chair brûlée au feu dragon depuis la campagne victorieuse contre les Andals.

Chacune de ces effluves produisaient sur son cerveau reptilien un effet de stimulation. Fort différente était l’odeur de ces murailles bâties par des pêcheurs de sardines. Tout ici empestait le poisson. Les murs, les meubles, les draps, les gens dégageaient cette odeur faisant deviser le Tergaryon sur le fait que sentir le Targaryen n’était pas un projet d’avenir viable.

Non content de le sentir, il fallait manger le poisson chaque jour, à chaque repas. Cette nourriture ne lui plaisait pas. De temps en temps, il trouvait du réconfort dans les crustacés, qu’il affectionnait bien davantage que quelque thon ou quelque rouget. Quant au vin, il n’était pas utile d’en parler davantage, Maegon avait dû se rabattre sur l’eau tant il prenait pour une infâme vinasse ce qui était à disposition.
L’avantage d’une nourriture de piètre qualité demeurait dans le fait de pouvoir se concentrer sur l’essentiel, à savoir la mission. Le Tergaryon restait dans l’idée que l’obscurité de la situation les mettait en danger. C’était un méli-méli de spéculations à laquelle la magie venait visiblement se mêler. Trouver un mage par ici serait impossible. Maegon tenta tout de même de se renseigner pour savoir si un fou du Collège aurait établi ses quartiers dans les environs. Comme il le pensait, il fit chou blanc. Tout comme sur tout le reste. Discuter avec les Targaryen et les gens du cru pendant ces deux jours ne lui apprit rien qu’il ne sût déjà. Maegon fut cependant frappé par l’étonnante précarité de la vie de ces pêcheurs valyriens.

Un homme au style littéraire acéré, bien érudit, aurait pu faire une monographie saisissante de ces pauvres ères. Expliquer à de telles gens qu’ils faisaient partie d’un peuple divin devait les laisser perplexes. Rien en eux ne laissait transparaitre une divinité quelconque. Peut-être était-ce le destin de tout valyrien ? Devoir choisir entre la divinité ou la sous-hommerie. Une race pareille ne maîtrisait pas la demi-mesure.

Le sénateur donna les ordres nécessaires pour que tout fut préparé le moment venu. Le légat et lui devaient partir avant, le navire de fortune prêté par les pêcheurs suffirait largement à leurs besoins. Se retrouver seul avec le légat le laissait perplexe. Si les choses tournaient mal, la dynaste se retrouverait seule, sans aucun combattant de haut niveau pour la protéger. Au vu de la situation politique, si quelque chose arrivait « La Princesse » dans une mission effectuée avec un Tergaryon et une Arlaearon, crier à l’assassinat politique ne serait pas bien difficile.

Il ne pouvait pas se permettre une telle bévue alors que tant de grandes choses se conduisait à sa main dans la République. Le Sang des élus d’Arrax devait être conservé intact. Non qu’il leur reconnu une grande légitimité à gouverner, mais toute civilisation digne de ce nom devait bien attacher à ses reliques une certaine forme de respect et comme on ne pouvait pas placer ces gens dans des musés, il fallait bien les garder en vie.

La nuit n’avait pas encore pris congé lorsque Maegon se rendit sur la jetée du petit port de pêche d’où il devait embarquer dans le précaire esquif. Ces deux jours lui avaient paru une éternité digne de la damnation. Enfin, on allait avancer. Comme toujours, cela se résumait en deux alternatives : vaincre ou périr.

Premier arrivé sur les lieux, il prit déjà place dans « raffiot » comme l’avait qualifié plus tôt le légat. Elle arriva d’ailleurs peu après. Maegon ne la distingua pas tout de suite dans la nocturne obscurité. Cette escapade prenait des airs de Pince Mi et Pince Moi sur un bateau. Il fallait espérer que personne ne tombe à l’eau. Encore que, si la survie d’Alynera était essentielle pour des raisons politiques, celle de Vyshéra était bien plus optionnelle. Toute légat qu’elle fut, elle était une femme d’une branche secondaire. Cela se remplaçait facilement.

-Bien, je suppose qu’il est l’heure d’y aller, légat.
Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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La côte pirateVysehra & Maegon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

Alynera avait été surprise que le Seigneur Tergaryon accepte sa proposition. Elle s’était attendue à une forme de résistance, persuadée qu’il ne laisserait jamais le dernier mot à la légate. Elle en fut un instant contrariée, masquant ce soudain déplaisir derrière un air de parade tout féminin. Ce plan était de mauvais augure : les affres du danger formaient déjà des embruns silencieux autour de l’île. Par quelle sottise s’était-elle offerte au danger ? Pour la gloire de la République ou par fierté mal placée ? Elle aurait bien aimé le comprendre car une chose était certaine les disparitions de sa famille, lors de la dernière guerre, montraient toute la limite de l’apprentissage reçu lors de son service militaire. Oui, sans Yraenarys, son sang serait sa seule arme. Les deux jours suivants furent ternes. Les informations espérées par le Surin d’Argent ne donnèrent rien, toutes les pistes avaient déjà été fouillées bien avant leur arrivée ou compromises par ce rideau magique que rien, ni personne, ne semblait pouvoir fendre. Le Seigneur des lieux, par des manières empruntées, théâtrales, fier de recevoir des personnages de si haut rang s’était donné peine pour leur rendre le séjour confortable. Elle fut probablement celle qui s’acclimata le plus aisément à la rusticité des lieux, peut-être parce que la frugalité, en dehors des lettres, était un maître mot de son éducation. Néanmoins les heures furent longues à errer dans cette habitation humide, dont les hauts murs de roche grises n’avaient aucune forme d’élégance. L’éloignement prolongé, et non réellement préparé, à ses nourrissons mit à l’épreuve ses émois quoiqu’elle trouva un certaine réconfort, le soir, dans les pièces qui avaient été mises à sa disposition, à laisser la fatigue de son corps la gagner. Ainsi, se laissant porter par un sommeil réparateur, elle n’eût pas loisir de réfléchir aux dangers à venir.



Au petit matin du jour dit, quelques servantes de la maîtresse de maison vinrent la préparer à sa mission. Alors que ses compagnons devaient être en train de s’équiper de leur armement, l’aventure masculine salée dans les narines, des petites mains peaufinaient les siens. Elle était partie de Tour Vaekar sans autres vêtements que sa tenue de voyage. La Dame de Fosse-Dragon s’était empressée de lui proposer sa plus belle tunique et stola. Évidemment les deux étaient à la hauteur de la pauvreté de la maisonnée, quoique le lin fut d’une excellente qualité et la méthode de tissage d’une finesse relative. La Vaekaron fut presque gênée de porter ces vêtements étrangers qui sans nul doute, malgré leur maigre valeur, possédaient une valeur personnelle et intime pour la maîtresse des lieux. Cependant il fallait avouer que cette tenue, loin du raffinement célèbre des siennes, ajoutait son sel à la mascarade. Elle voyagerait, bel et bien, d’une discrétion toute réelle ! Dissimulant un poignard à lame triangulaire dans les replis du vêtement, elle remercia encore son hôte en lui promettant de lui rendre ses effets. Intérieurement, elle se jura également de trouver un moyen pour lui faire parvenir quelque chose de plus convenable. Crottés ou non, les Tergaryen n’en restaient pas moins l’une de quarante nobles familles de Valyria…



Et ainsi, quelques instants plus tard, Alynera fut chargée au milieu des poissons salés. L’odeur aurait pu lui paraître insurmontable si elle n'avait pas passée deux jours sur l’île, au milieu d’une odeur permanente de poissons morts. Quoique Vysehra s’était bassement moquée d’elle quant au fait qu’elle donnerait des ordres, elle laissa les marins et quelques soldats costumés faire leurs affaires. Elle ne connaissait pas grand chose aux bâtiments et, sans regrets, ne souhaitait pas en apprendre davantage. L’un d’entre eux, la veille, lui avait conseillé de se nourrir uniquement de pomme afin d’éviter tout mal être en pleine mer. Le conseil ne fut pas de grande utilité car quelques instants, seulement, après avoir mis pieds sur le navire la nausée ne la quitta plus. Le temps que le navire prenne hauteur, elle resta à observer le corps massif de son dragon s’éloigner. Elle pouvait sentir toute sa colère et sa répugnance à devoir respecter cet ordre de ne pas l’accompagner. Lorsqu’il fut impossible de le dissocier de la roche, un petit point noir et lointain au milieu du vaste horizon, elle se fit accompagner dans la petite pièce, fortement exiguë, dans laquelle elle poursuivrait son voyage… jusqu’à se faire enlever par des pirates.

Malade, la tête lourde et la bile aux lèvres, les heures défilèrent à demi-conscientes. Puis, enfin, au-dessus d’elle, il lui sembla entendre des pas agités sur le pont principal. Les hommes semblaient courir de part et d’autres. Quelques instants plus tard, l’un d’entre eux vint la trouver pour lui annoncer qu’un navire sans couleur était en vue : elle devait se tenir prête. Peu habituée à être seule, sans aucune aide pour la servir, la Vaekaron trouva difficile de s’extirper de son état. Et lorsqu’elle fut enfin debout ce ne fut que pour être envoyée valsée à l’autre bout de la cabine. Leur navire venait d’être percuté. Les grincements du bois étaient plus incessants que jamais. Les repères de la valyrienne, aiguisés dans les cieux, étaient piètre au milieu des vagues. Elle n’avait plus aucune idée d’où elle se trouvait, ni vers quel côté le navire voguait, mais, tant bien que mal, elle réussit à se barricader derrière la porte et reprendre contenance. Une dizaine de minutes plus tard, la trappe s'ouvrit et des hommes descendirent.

« Fouillez tout ! Du poisson salé ? C’est ce que nous verrons ! »

Malgré ses sens désorientés, Alynera nota que l’homme semblait bel et bien valyrien. Il s’exprimait facilement, sans difficulté aucune, quoique son accent et ses intonations lui soient peu familières. Elles s’apparentaient davantage à ce qu’on pouvait attendre des ivrognes du petit peuple, mais tout ceci était pure fantaisie puisqu’elle n’en avait, bien évidemment, jamais côtoyé... Par le trou de la serrure elle observa les silhouettes éventrer, puis renverser, les chargements. Au début, comme prévu, ils ne tombèrent que sur les poissons salés. 


« Allons, allons, tu aurais donc dit vrai marin ? ! »



La réponse du marin fut inaudible, mais les silhouettes semblèrent lasses de tomber sur ce pauvre larcin. Celui qui semblait être leur chef, tourna sur lui-même à la recherche d’un indice. Quelques secondes lui suffirent pour s’arrêter sur la porte, discrète, derrière laquelle était confinée la valyrienne. Au même moment, l’un de ses sbires renversa une caisse vide puis une deuxième.



« Ha ! Ha ! Un transport de poisson salé, hein ? Que caches-tu donc derrière cette petite porte ? Un trésor ? » 



« Il... Il n’y a rien derrière cette porte... »



Ajustant son voile, se dissimulant le plus possible, la Vaekaron recula contre le mur de bois. Gagner du temps, mais combien ? Sans aucune idée de la topographie des lieux, comment pouvait-elle mesurer le temps nécessaire à leur folle nage ? Et puis, combien d'autres étaient sur le pont ? La poignée bougea quelques instants, mais la porte ne s’ouvrit pas. La clef était contre la poitrine de la jeune femme, le cœur aux abois. Un fracas se fit entendre, suivit d’un deuxième et la porte fut propulsée vers elle. Son cri de surprise sembla réjouir les invités d’un rire gras et vainqueur. 



« Une femme ? ! C’est donc ça le mystère qui voguait sur les mers ces jours derniers ? ! »

Une main brutale vint l’extirper de sa cachette de fortune et lui arracha son voile. Découvrant son visage, l'homme demeura perplexe quelques instants. Pourtant de eux deux c’est elle qui aurait dû être la plus perplexe car c’était la première fois qu’elle voyait des pirates. Ils ne ressemblaient en rien à ce qu’elle s’était imaginée, dans ses sottes idioties romanesques.

« Eh bien, eh bien, rarement poisson salé n’aura été aussi appétissant. » Il semblait hypnotisé par la vision qui s’offrait à lui alors qu’un rictus libidineux jouait déjà dans ses commissures. « Voyez-vous même les gars ! » Il la poussa au milieu des autres avant de placer une lame sous la gorge du marin. « Allons, où est donc le trésor ? » 



« Il n’y en a pas ! Je… Mon époux est marchand. Il a établi son comptoir dans les Îles d’Été. Je… je… devais le rejoindre. Il a inventé ce convoi de poisson salé en pensant me protéger… Il… avait peur que vous me ravissiez. »

Il ne lui était pas difficile de jouer les demoiselles en détresse, tant elle était révulsée à l’idée que ces hommes puissent la toucher davantage. Elle tenta de se dégager, sans trop dépenser ses forces comme ce qu’il était attendu d’une femme ravie par un groupe de pirates.

« Je vous en prie, laissez-nous. Je vous donnerai mes bijoux. Et… mon époux vous fera parvenir d’autres richesses. » 



« Ma jolie, ma jolie, est-il seulement si riche cet époux pour t’affubler d’une telle tenue ? »



Et tous rirent pieusement avant de les pousser marin et captive vers les escaliers. Dehors, les hommes étaient aux arrêts. La troupe des pirates n’était pas nombreuse, ce qui sous-entendait qu’ils se sentaient probablement assez puissant pour ne pas déployer toute une armada. Quelques soldats costumés l’observèrent, alertes, à la dérobée, mesurant le danger qu’elle courrait. 



« Bien. Mes amis, j’ai le regret de vous annoncer que nous avons été roulé… Prenez la fille, elle nous distraira quelques nuits et qui sait cet époux voudra bien payer une rançon ? Tuez les autres. »



Alors que les hommes étaient mis à genoux, Alynera, cette fois, usa d’une force nécessaire pour s’extirper et recula d’un pas rapide vers les membres de l'équipage Targaryen.



« Vous n’en ferez rien ! Désormais, il ne restait plus qu'à espérer que ses deux compères nagent assez rapidement car l’acte final prenez fin. Je vous ordonne de les laissez saufs. »



« Yeux améthystes, cheveux d’argent et arrogance à l’épreuve, allons, allons, serais-tu donc noble ma jolie ? »



« Noble ? Elle eut un rire dédaigneux, facilité par ses nerfs battants à tout rompre, tu m’insultes pirate. Le fait même que tu n’aies pas compris mon identité est un blasphème aux Quatorze ! »

« Ma Dame ! Non ! » cria admirablement un marin avant de se faire plaquer au sol par un pieds monumental.

« Je vous ordonne de nous relâcher où les Enfers de Balerion ne seront d’aucun repos pour vos âmes égarées. » 



Leur vraisemblable capitaine sembla hésiter, la fureur frémissante sur les lèvres. Il comprenait doucement que le trésor était cette femme. Il s’attarda davantage sur elle. Dans l’obscurité de la cale elle lui avait semblé belle, certes, mais sa tenue peu élégante l’avait induit à croire à sa petite histoire. Désormais, à la lumière du jour, il devenait clair de ce qu’il avait sous la main. Et ces marins, les lames sur leurs cous, à l'article de la mort, gonflés d’horreur à l’idée qu’elle puisse révéler son identité étaient tous autant de preuves. De plus, il n'y avait que quatre familles en Valyria qui se considéraient au-dessus de l'aristocratie… et pour lesquelles un pégu n'avait pas peur de sa propre mort. Parmi elles, un seul nom était associé à une beauté digne d'une déesse. Cela pouvait-il être cependant ? Désormais, tous les pirates, également ceux restés sur l'autre navire, observaient la scène étonnante qui se déroulait sous leurs yeux. Finalement, ils n’avaient pas été roulés : leur butin du jour relevait tant de l’impossible qu'ils ne l'avaient pas vus ! 



« Et que fait la grande et noble Alynera Vaekaron sur ces eaux ? Sans dragon qui plus est ? »



« Si tu tues ces hommes, tu répondras de mon corps mort. »

Sans répondre, elle dégaina sa petite dague pour la placer la pointe sur sa gorge offerte. Et maintenant, combien de minutes faudrait-il encore gagner ?

Vysehra Arlaeron
Vysehra Arlaeron
Dame-Dragon

La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

- « Effectivement Sénateur. » - fit-elle tandis qu’elle vit un navire sans couleur faire son apparition au loin.

Le poisson avait mordu à l’hameçon. Il ne leur avait pas fallu déployer beaucoup d’efforts pour que le navire pirate ne pointe le bout de son nez et fasse sur la cargaison et les occupants du bateau appât. Mais parmi ces occupants se trouvait Alynera Vaekaron. S’il venait à lui arriver quoi que ce soit, la Arlaeron ne donnerait pas cher de sa tête. Doucement, le bâtiment pirate s’approcha avant de venir percuter celui affrété pour servir de leurre.  Vysehra et Maegon regardèrent le navire s’arrêter et jeter l’ancre, le temps du sabordage. Sans dire un mot, pour ne pas que leurs paroles ne résonnent dans la roche creuse, ils s’entendirent. Il fallait y aller maintenant. Instinctivement, Vysehra recula légèrement lorsqu’il fallu plonger. Sous ses pieds, l’inconnu. Et surtout, le royaume impitoyable de Caraxes. Soudainement, elle fut prise d’un vertige. Alimenté par la peur, celui-ci la fit douter. Pourtant, l’heure n’était pas aux hésitations. Prenant alors sur elle et réprimant une montée anxiogène, elle se glissa doucement sans l’eau pour éviter d’attirer l’attention avec des éclats d’eau.

Durant les deux jours qui les avaient retenus sur terre, elle en avait profité pour étudier la meilleure manière de s’alléger de son équipement tout en emportant de quoi se défendre ou attaquer. Naturellement, et à contre-cœur, elle avait abandonné temporairement son épée dans le bien piètre domaine Targaryen. Son armure, elle-aussi, fut laissée au sec. Trop lourde et sans une once de discrétion, il était inutile de la garder. A la place, elle accrocha un scramasaxe bouclé à sa ceinture, sur le haut de ses fesses. Pourvu de deux attaches et fixé à l’horizontale, il ne risquait pas de pendre et donc de tirer, même faiblement, son corps vers le fond. Une dague effilée avait été glissée sous sa tunique et une petite arbalète balestrin ainsi que des carreaux adaptés à la taille de l’arme de jet avaient été accrochés dans son dos. L’ensemble était lourd mais pas assez pour l’empêcher d’avancer.

Soufflant par le nez et nageant le plus discrètement possible, Vysehra se concentra sur la coque du navire et sur les occupants de l’embarcation. Trop occupés à fouiller l’autre bateau et à interroger la dynaste, ils ne prêtèrent pas attention aux deux valyriens qui se faufilaient vers eux. Intérieurement, la légate luttait. Cep lan était une pure hérésie, basée sur un hasard ou une issue que seuls les Dieux choisiraient. Mais il fallait le faire. Et la légate n’était en rien responsable du choix du Sénat : ils avaient choisi d’envoyer une dynaste pour une mission potentiellement dangereuse. Tout du moins, elle tenta de se rassurer de la sorte.

S’approchant de la proue, elle chercha un point d’attache repéra des éléments saillants suffisamment large pour s’y agripper. Mieux encore, les gros anneaux de fer qui servaient généralement à y glisser des cordes allaient leur permettre une meilleure accroche tout en économisant un peu de leurs forces. Vysehra s’en approcha puis chuchota doucement au Sénateur à ses côtés.

- « Tu es prêt ? »

Sous ses pieds, l’eau bleue virait rapidement au noir. Qui plus est, la mer était froide et un peu plus mouvementée qu’à son habitude, sans doute encore sous le joug de la tempête des deux derniers jours.



Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

-Prêt.

En d’autres circonstances, Maegon n’aurait trouvé de plus alléchant qu’une femme qui murmure. Néanmoins, pour être alléché, il eut fallu deux éléments, le premier, qu’il prit Vyshera pour une femme, ce qui n’était pas entièrement le cas. Il la voyait plutôt comme une sorte d’erreur de la nature, contraire à sa fonction essentielle. Célibataire et militaire à la façon de ces déesses chasseresses et vierges qu’on pouvait observer dans d’autres lieux et d’autres temps.

Ensuite, il aurait fallu qu’il ne soit pas en train de nager vers un navire grouillant de pirates tenant entre leurs mains une dynaste. Que Vyshera soit une femme métaphysiquement monstrueuse par son manquement à son rôle cosmique ne pouvait pas tuer les pulsions de la libido d’un mâle qui vivait, comme Maegon, pour le pouvoir, et donc pour posséder. En revanche, l’idée que ses intérêts politiques fussent menacés lui rendait toute étreinte marine inconcevable. Le prédateur jouait aujourd’hui sur la défensive, il devait protéger cette meute absurde qu’il formait en la circonstance avec ces deux femmes. Combien de pirates seraient postés sur le navire ? Comment était la disposition du pont ? Autant d’information qu’il allait devoir découvrir dans la seconde. Autant d’information qu’il espérait pouvoir glaner avant que la castagne ne commence.

Contrairement au légat, il avait gardé son épée, qu’il bien ceinte. Il s’agissait là du meilleur acier valyrien, il ne risquait donc pas d’être encombré par sa masse. Il avait embarqué une dague de la même matière. Ils avaient tous négligé que la mer, elle aussi, comptait parmi leurs adversaires. Alors que Maegon et Vyshera se trouvaient en position de commencer leur escalade, la mer montrait quelques signes d’agacement. Maegon faillit presque avoir un sourire en se disant qu’ils allaient peut-être vaincre un adversaire en supériorité numérique après un plan bancal, pour finalement aller servir de nourritures aux petits poissons. Entre ça et la bataille d’Ybben où il avait du commander des gens à peine humains dans une forteresse épouvantable et fouettée par les vents comme les contremaîtres les plus sadiques maltraitaient leurs esclaves, il allait commencer à se faire une réputation de soldat que l’on envoyait dans les pires endroits du monde, et qui en revenait, contre toute attente, vivant.

L’aqueuse marâtre ne semblait pas montrer davantage de signaux de rages. Ils purent donc commencer leur ascension discrète vers le pont du navire. S’agrippant à qui mieux mieux aux diverses prises. Peu coutumier de l’escalade, Maegon était un peu lent, trop lent à son goût. Il faisait cependant le pari qu’il valait mieux arriver en haut, que de glisser comme un demeuré et de ruiner la mission par un gros « plouf » qui donnerait immédiatement l’alerte. Il priait les Dieux que la situation ne soit pas en train de dégénérer. Hélas, bien que prudent, son pied glissa et il s’accrocha de justesse à un boute qui pendait là, proche du sommet. Suspendu dans l’air et tenant à la seule force de ses bras, il se mit à respirer lentement afin que son corps ne stresse pas. Il se rapprocha de la paroi et retrouva une prise.

Ils arrivèrent enfin au terme de leur escalade. Discrets, ils pouvaient voir assez nettement que la situation était déjà bien hors de contrôle. Alynera était découverte, sa propre dague, tenue par sa propre main, pointait sa gorge. Il fallait réfléchir, et vite. Il y avait environ une vingtaine de pirates. La facilité de leur besogne faisait qu’ils étaient armés pour combattre quelque marchand, mais certainement pas des soldats entraînés. Toujours était-il qu’à deux contre dix, même des piètres combattants pouvaient aisément l’emporter en submergeant l’ennemi. Maegon tourna lentement la tête vers Vyshera pour murmurer.

-N’entre pas tout de suite dans le combat, je vais essayer d’en tuer un ou deux discrètement avant d’attirer l’attention sur moi. Je vais essayer de les mettre de dos à toi, tu pourras ainsi en tuer un ou deux sans effort avant qu’ils ne te repèrent.

Si ce plan marchait bien, ils pouvaient enlever de l’équation quatre assaillant sans même se battre. Et vu la qualité de leurs adversaires, en plus des soldats dissimulés encore en vie, on pouvait bien espérer vaincre, et en prendre un vivant. Le chef des Tergaryon se hissa doucement pour ramper ensuite derrière des tonneaux. Il se redressa légèrement, accroupi. Il sorti sa dague. Il repéra sa première cible.

Il fallait viser la gorge, impérativement, un égorgé ne fait pas de bruit, il a bien trop de choses à faire, comme mourir égorgé dans son sang. Le pirate le plus proche de lui était concentré, comme tous, sur la dynaste en pleine tentative de suicide. Maegon ne lui laissa aucune chance, la dague lui ouvrit la gorge comme un coupe papier défait un pli. Cependant, le sang jaillissant à gros bouillon ne manqua pas d’attirer l’attention d’un, puis deux, puis rapidement du reste de la mauvaise troupe. Maegon ne réfléchit même pas et lança sa dague en plein dans le ventre d’un des flibustiers avant de dégainer sa lame dont le scintillement ne laissait aucun doute sur l’alliage qui la composait.

-Le premier qui touche un cheveu de la dynaste Vaekaron perdra ses dents d’une façon autrement moins douce que celle du scorbut auquel les déchets de votre genre sont habitués.

Deux pirates en moins, et l’attention détournée de la Vaekaron : c’était fait. Maintenant, derrière la bravade, il allait falloir survivre, le temps que Vyshera entre en action. Et vu la tête des pirates, pas le moins du monde intimidés quoique méfiants, cela ne serait pas une mince affaire. Maegon se mettait à leur place. S’il était un pirate puant, l’idée de violer et rançonner une dynaste lui paraitrait bien assez intéressante pour aller défier Arrax en personne. L’assaut ne se fit pas attendre. Les premiers pirates foncèrent sur lui. Maegon ne cherchait pas pour l’instant à les éliminer, ni à entrer au contact, mais à les placer.

Il donna donc un coup de pied dans un tonneau avant de courir. Le sol mouillé et glissant, allié à une légère houle, manqua de le faire trébucher. Un des pirates ayant couru plus vite que les autres était à porté d’arme. Maegon n’hésita pas un instant et fendit l’air de sa lame. La hache que son adversaire brandissait fut coupée nette par l’acier valyrien et les intestins du boucanier se déversèrent sur sol. Les pirates, cette fois-ci, eurent un mouvement de recul. Pour rançonner, il fallait être vivant, pour violer, il fallait encore avoir les organes idoines, et si ils étaient assez nombreux pour prendre et tuer leur adversaire, ce ne serait pas, pour une partie d’entre eux, sans concéder l’un ou l’autre de ces deux éléments essentiels.
Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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La côte pirateVysehra & Maegon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

« Le premier qui touche un cheveu de la dynaste Vaekaron perdra ses dents d’une façon autrement moins douce que celle du scorbut auquel les déchets de votre genre sont habitués. »



Les prenant tous par surprise, la voix du Seigneur Tergaryon s’était élevée haute sur le pont. Tous s’étaient retournés, d’un même mouvement, vers l’homme ruisselant. Il apparaissait la figure improbable, le corps lourd, créature marine armé de sa seule épée. Seul contre tous. Si la vision amusa les pirates, deux d’entres eux en furent aussitôt égorgés. Puis, tout se déroula très vite. Les deux corps n’étaient pas encore tombés à ses pieds que la horde de furieux fondit sur lui. Le sénateur, quoique le nom soit peu cohérent avec l’action, renversa un tonneau par son seul pieds et, soudain, le pont devint un marécage visqueux. Un long moment, Alynera observa le seigneur que ses ravisseurs avaient pris en chasse. Le plan avait-il donc changé ? Pourquoi, par Balerion, s’était-il donc mis à découvert ? Discrètement — tous semblaient l’avoir oubliés cependant —, la dague toujours en suspens, elle observa l’endroit par lequel il était apparu. Il lui sembla décerner une ombre, furtive. Le cœur battant, il semblait à ce moment là pouvoir bondir de sa poitrine à tout moment, elle observa la situation. Les pirates ne s’étaient pas tous jetés à corps perdus derrière l'invité des mers, certains étaient demeurés les bras fermement croisés, le rictus méchant et moqueur. Qu’espérait-elle faire ? Imiter le sénateur ? Un second invité, et puis quoi ? Lorsqu’elle fut certaine d’apercevoir Vysehra, elle lui fit un signe discret du menton. Une négation. Si elle se montrait, ils n’avaient plus aucune chance de découvrir le repère magique. Resserrant sa dague dans sa paume, elle se mordit la lèvre inférieure. Ces voleurs ne l’auraient pas tuée, mais il n’était rien d’autant assuré pour Maegon Tergaryon. Heureusement, son faciès de sang-pur pourrait, peut-être, encore lui sauver la vie… mais comment ?

Aussi, elle n’eût guère choix. Elle n’était pas ses compères de fortune, des arts martiaux elle ne connaissait rien. Il ne lui restait plus qu’à faire diversion, le rôle qui lui avait été attribué depuis le début. Théâtralement, l’oeil tempétueux, le souffre au nez, elle fonça sur les matelots prisonniers en secouant un au hasard.  



« Oooh... comment avez-vous osé ? ! Vous l’aviez caché, félons ! À quel moment a-t-il acheté votre loyauté ? À QUEL PRIX ? ! »



Surpris par ce, nouveau, revirement de situation, l'un des pirate l’attrapa par les bras, les croisant fermement derrière elle. Pour autant, elle continuait à vociférer sur le pauvre équipage, ne réfléchissant à rien, laissant l’inspiration lui venir. Ce n’était probablement pas la meilleure — et les Quatorze savent que son oncle-époux en aurait été mortifié —, mais rien n’aurait pu l’arrêter. L’homme la traîna tant bien que mal vers les tourillons de bois, là-bas il pourrait mieux l'assagir.

« Allons, allons, que s’passe-t-il maint’nant princesse ? On n’veut plus d’nner sa vie pour ses chers m’telots ? »



« Cet homme… me pourchasse ! Il désire me ravir, et depuis des semaines je me dissimule à lui ! Il est si riche que les Dieux se pâment de jalousie lorsqu’il apparaît ! La seule chose qui se refuse à sa richesse est ma divine vertu ! J’ai cru que les mers mettraient un terme à ses ardeurs… mais, hélas, je découvre qu’il avait réussi à acheter mon équipage à mon détriment ! Et maintenant que je suis prisonnière de vous, brigands, je connais d’ores et déjà mon funeste sort. Ô vous me vendrez à lui ! À moins que sa bassesse ne l’oblige à acheter son unique liberté ! Dans les deux cas je suis femme perdue… »



Il était fort probable que l’homme n’ait rien compris au florilège de paroles qui s’écoulaient de sa voix tremblante. Elle s’était débrouillée pour qu’il perçoive bien les informations sur sa richesse, les tenants et aboutissants de l’histoire romanesque n’étaient que d’intérêts mineurs. La mort de ses frères avait tari son corps depuis bien longtemps, mais elle trouva suffisamment de ressources — l’adrénaline, ce mot dont elle ne connaissait que la sensation — pour s’effondrer en sanglotant. Derrière ses paupières closes, elle espérait que le Tergaryon ne soit pas mort. L’idiot ! Que ne s’était-il tenu au plan ! Elle détestait devoir jouer les gourgandines — bien que, dans le rôle, elle se démarquait royalement. 



« DEBOUT ! »



Elle demeura ainsi, solide, ferme, alors qu’il tentait de la remettre sur ses deux pieds. Puis, insolante orante, la rage au cœur, elle se mit à genoux l’implorant une dernière fois

 :

« Oh donnez-le moi, vivant ! Donnez-le moi et je vous jure, sur les quatorze Enfers de ce monde, et devant Arrax, père de mon père, que mon époux vous recouvrira des plus grands trésors de ce monde ! »



Puis, ce fut le noir. 


Lorsqu’elle reprit conscience sa tête bourdonnait comme un lendemain de premières festivités. Son premier réflexe fut de placer sa paume sur sa tempe gauche avant de grimacer. Il lui était impossible de toucher sa peau, brûlante et humide. Les quelques instants qui suivirent elle ne bougea pas, les yeux fixes, reprenant doucement ses esprits. La pénombre semblait décupler les grincements de ce qui semblait être la coque. Sa gorge était sèche, coincée, la tête lui tournait dangereusement. Vraisemblablement, son ravisseur l’avait assommée. Il était un peu trop tôt pour penser aux conséquences de cette aventure, mais le goût âpre de la colère résonnait déjà en elle. Comment le Sénat avait pu lui demande ça, elle, mère honorable ? Elle mit plusieurs minutes avant de réaliser qu’un homme était à ses côtés et que cet homme n’était autre que Maegon Tergaryon. 



« Par les Dieux, Sénateur ! »



Voulant se relever, elle trébucha les mains les premières sur sa tunique. La bile aux lèvres, la douleur tourbillonnante dans son crâne, elle avança à tâtons jusqu’à lui. Hésitante, elle porta le dos de sa main sur son visage afin de s’assurer qu’il était encore vivant. Sentant son souffle — et un grognement peu prometteur — elle remercia les Dieux en chuchotant avant de se reculer légèrement.

« Il était inconscient de risquer la mission toute entière, ta vie même, pour la mienne. »


La furie du ponton avait disparu, laissant place à une dynaste au visage dur. Certes, il était leur protecteur dans cette mission mais attaquer ces pirates seul auraient pu s’avérer bien plus grave que cette cale ! Il était certain qu’ils ne l’auraient pas tuée, pas tout de suite du moins. Elle était trop précieuse, trop rare, une marchandise d’exception. Elle aurait probablement dû le remercier, mais elle ne le fit pas. Tout comme elle s’abstint de formuler les questions qui se bousculaient en elle : que c’était-il passé ? depuis combien de temps voguaient-ils ? avait-il eu un signe de la Légate ? Comme pour chasser cette conversation de prisonniers de fortune, elle tenta de mieux percevoir où ils étaient. Ils n’étaient pas attachés, mais ce n’était pas, pour autant, bon signe. Il était certain qu’ils ne pouvaient sortir de là. Ses yeux, mieux habitués à l’obscurité, ne percevaient aucun escalier. La lumière filtrait au-dessus d’eux… comme s’ils avaient été jetés depuis le ponton. Elle tenta une nouvelle fois de porter sa main à sa tempe, mais sans succès autre qu’une nouvelle grimace et une nouvelle nausée. 



« L’équipage… est-il sauf ? »

Vysehra Arlaeron
Vysehra Arlaeron
Dame-Dragon

La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10

Si Vysehra s'était attendu à un échec de la mission d'une manière ou d'une autre, elle n'avait nullement prévu que cela soit du fait de l'âne Tergaryon. Lorsqu'il lui exposa son plan d'assassiner quelques marins avant même le départ du navire, la légate n'eut pas le temps de le retenir. Il mettait à l'eau tout le plan savamment préparé en amont. Elle ordonna au sénateur de redescendre et d'attendre mais sa voix se perdit dans le clapotis de l'eau contre le bois de l'embarcation et les discussions sur le pont. Exaspérée et prise d'une envie soudaine de l'étrangler, elle n'eut d'autres choix que de faire jouer sa patience. Doucement et sans un bruit, elle grimpa jusqu'à pouvoir observer discrètement la scène rocambolesque qui se déroulait sur le pont.

Maegon se précipita sur certains pirates tel le fier héros raté qu'il était, faisant couler le sang comme le vin à sa table. Ses yeux tombèrent sur ceux d'Alynera qui semblait aussi surprise et mécontente qu'elle. Son discret signe du menton confirma ses pensées. Il fallait attendre. Mais une fois de plus, les dieux lui offrirent une scène des plus pitoyables et mémorables. Voilà donc que la princesse dû jouer la tragicomédie pour mieux tempérer la troupe de pirates bien remontés. En voyant la réaction du sénateur, Vysehra retint un ricanement mauvais. Et plus encore lorsqu'il fut embarqué dans les cales. Néanmoins, son sourire s'effaça lorsque la bande de macaques assommèrent la dynaste avant de l'emmener, elle aussi, dans les cales. Même si le geste était justifié par l'agacement de ses cris, celui-ci aurait pu lui coûter la vie.

Trop absorbés par l'apparition soudaine du sénateur et les piailleries de la jeune femme, ils ne prirent pas la peine de vérifier par-dessus bord la présence d'un second complice. Profitant de cet oubli, la légate longea la coque du bateau à la recherche d'une ouverture quelconque lui permettant de se faufiler. Sentant son corps tendu par l'effort physique, elle manqua de tomber et se raccrocha de peu à une lucarne. Le coeur tambourinant par la peur de tomber à l'eau, elle jeta un coup d'oeil par celle-ci. Rapidement remarqua un marin seul et visiblement endormi à l'autre bout de la pièce qui ressemblait à une ère de stockage de tonneaux. Doucement, elle se faufila à l'intérieur, se contorsionnant pour mieux retomber sur un tas d'étoffes au sol, puis s'étira. Ses muscles endoloris la firent souffrir mais elle ne s'attarda pas lorsqu'elle vit le type en train de se réveiller. Elle se jeta sur lui et avant même qu'il ne puisse réagir, elle lui enfonça un morceau d'étoffe dans la gorge. Celui-ci paniqua et se mit à gesticuler sous la panique mais la dague en argent qui lui entailla légèrement le cou le calma.

- "Si tu me réponds, je te laisse la vie sauve. Si tu hurles ou si tu tentes quoi que ce soit, je t'égorge comme un porc. C'est compris ?" - fit-elle en lui mentant ouvertement. Le type hocha péniblement la tête.

Une odeur pestilentielle de vomi et d'alcool émanait du bougre qui était affalé entre deux tonneaux. Vysehra tenta à plusieurs reprises de lui arracher des réponses, mais celui-ci répondait par la négative et la positive en même temps, rendant toute réponse incompréhensible. Il était donc évident qu'elle était tombée sur le poivrot du navire venu se planquer pour mieux décuver. Dégoûtée par son odeur et ne pouvant rien en tirer, elle le fouilla et ne trouva rien d'autre qu'un couteau de poche rouillé et complètement inutile. Le type ne serait qu'un obstacle de plus. Elle le lâcha puis l'assomma avec l'une de ses bouteilles. Son corps roula par terre et emporta avec lui une caisse entière de bouteilles que la légate n'avait pas vu. Un fracas monstrueux retenti alors dans la cale. Au loin, elle entendit des voix et une agitation soudaine. Rapidement, elle retira le linge de la bouche de l'ivrogne pour ne pas éveiller les soupçons et se cacha derrière l'embrasure de la porte.

- "Arrax par pitié..." - psalmodia-t-elle en chuchotant

Deux types entrèrent en poussant la porte et manquèrent de trébucher sur le corps du type puant.

- " Ah ! Magel a encore abusé du vin ! Et il est allé se cacher, le porc ! "
- " Tire-le de là, il va nous renverser des tonneaux ou nous siffler toute la boisson avant même d'être arrivés. Et on en aura bien besoin avec les deux singes qu'on a mis en cage tout à l'heure... Remonte sur le pont, je vais vérifier les stocks."

Le premier emporta le corps de l'ivrogne et le second s'approcha des tonneaux pour mieux voir leur cargaison. Lorsqu'il resta seul avec Vysehra, celle-ci s'approcha, et le poignarda dans le dos.

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Arrax
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'D6' : 3
Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Maegon se débattait comme un beau diable. Pouvait-il seulement imaginer être le seul ici à comprendre qu’une mission d’aussi faible importance ne valait rien à coté des bouleversements politiques que le fait qu’une Vaekaron meurt en mission accompagné d’une Arlaeron et d’un Tergaryon pouvait avoir ?

Non, le cerveau féminin était irrémédiablement scolaire. Ces deux paires d’ovaires ne voyaient que la mission, la mission et encore la mission. Pour l’heure, Maegon tentait de donner des coups d’épée, retranché derrière une barricade de fortune. Il ne comprenait pas pourquoi Vyshera n’intervenait pas. Les ennemis étaient idéalement placés. Il fallait qu’elle rentre dans le combat, auquel cas les choses allaient passablement se compliquer pour Maegon. Lorsqu’il vit la dynaste se faire assommer, il comprit que quelque chose avait du se passer. Il espérait que le légat n’avait pas été repéré ou abattue. La rage fit se jeter Maegon dans la bataille, il réussit bien à blesser encore quelques pirates gravement, avant qu’un coup ne vienne l’assomer.
Plus tard, il senti une main relativement douce bouger sur son visage. Il se réveilla avec un épouvantable mal de crane. Il était vivant. L’humiliation était totale. Lâché par Vyshera, forcé par les guignolades de la dynaste à se dévoiler plus tôt qu’il n’aurait voulu, il se retrouvait vivant et prisonnier. Il comprit assez vite qu’Alynera était la prisonnière à ses cotés. Echec total, puisque le sénateur, croyant qu’il pourrait au moins jouir du silence de la mégère, n’eut même pas cette maigre consolation.

Voilà qu’il se faisait réprimander. Et que, cerise sur le bateau pirate, elle lui posait des questions, à lui, sur l’équipage. Un léger spasme au niveau du ventre trahissait l’émotion qui montait dans l’âme et le corps du sénateur.

-fff…Humpffff… krrr krrr krr… pfou ha ha ha…HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA….

C’était un rire dément qui s’échappait désormais du visage déformé, comme fou, du sénateur, dont tout le corps tremblait d’hilarité. Ça avait été plus fort que lui. Le sang pur se payait parfois d’un prix et il ressortait en cet instant présent. Ses yeux roulaient presque alors qu’il riait aux éclats, ses mains tapant instinctivement sur ses cuisses comme pour calmer un mouvement nerveux qui devenait de plus en plus violent. Peu à peu, la tension reprit, et alors qu’il laissait encore échapper quelques ricanements, il leva son visage vers la dynaste avec un air qui aurait fait croire à n’importe qui qu’il venait d’absorber quelque produits stupéfiants, un léger filet de bave lui coulant au bord de la commissure droite de ses lèvres. Toujours à moitié dans l’hilarité, il se mit à répondre.

-Sinistre gourdasse…

Ce furent ses premiers mots et ceux là venaient des tripes. En réalité, le coup du chantage au suicide pour essayer de préserver l’équipage allié au fait que l’officier militaire ne s’était pas montré constituait un franchissement de limite pour le militariste du sud qui n’entendait plus voir deux folles jouer les guenons dans sa mission.

-Est-ce que quelqu’un t’as déjà dit que tu n’étais qu’une outre d’orgueil élevée dans l’idée que tu étais je ne sais quelle sorte de sainte patronnesse qui éjacule sa condescendance au visage de tous ceux qu’elle rencontre ?

Il reprit cette fois-ci un air un peu plus sérieux, même s’il semblait toujours prit par une sorte de folie qui le faisait parler très vite, comme si le fou-rire le guettait à chaque mot qu’il prononçait.

-Est-ce que tu vas arrêter de croire que le monde vit pour te sauver parce qu’il rêve d’avoir ta gratitude espèce d’adolescente attardée ? Tu n’es pas une princesse Andale, je ne suis pas un Prince, et je ne suis pas charmant. Je n’ai aucune envie de mettre ma vie au bout de mon épée pour te sauver, ta mort m’indiffère à peu près autant que ta vie de ménagère d’une Bibliothèque hypertrophiée, est-ce que tu comprends ça ? Comprends-tu ? Non, bien sur que non, l’idée même que le fait qu’on puisse s’intéresser à autre chose que toi et la tragédie imaginaire de ta vie de dynaste grandiloquente, ou que l’on puisse anticiper plus de dix secondes après une action dépasse complètement ton horizon de pensée.

Il se remit à rire peu à peu, tout en parvenant à articuler, mais cette fois-ci il parlait tout seul.

-Comment pourrait-elle comprendre haha ha ha ha….Comment pourrait-elle comprendre…

Il reporta son attention sur elle.

-Toutes les vies ne se valent pas. Tergaryon, Arlaeron, Vaekaron.

Il répéta, en détachant bien chaque nom.

-Tergaryon…Arlaeron…Vaekaron.

Il enchaina.

-Est-ce que tu vois ? Non, non bien sur qu’elle ne voit pas, il faut des yeux pour ça ! Ne vois-tu pas que Tu es une dynaste au milieu de deux acolytes qui sont dans des factions opposés à la tienne ? Est-ce que tu as la moindre idée des conséquences qu’auraient ta mort sur la République si tu venais à avoir ne serait-ce qu’une égratignure ? Tu crois que certains ont tenté d’éviter une guerre civile pour qu’une femelle insignifiante gonflée par l’idée ridiculement surévaluée de son importance vienne en déclencher une autre par sa stupéfiante stupidité ? J’ai une tête à vouloir mourir ? Tout ce que tu avais à faire c’était de fermer ta bouche, ne pas faire trop de vague, et prier. Tu sais faire, ça, prier, Alynera Vaekaron ? Alors tiens-t’en à ça.

Il conclut, cette fois-ci le plus sèchement du monde.

-Ce n’est pas une assemblée de lecture de Tour Vaekar ici, certains n’ont pas le luxe de faire n’importe quoi sans assumer les conséquences une seule fois dans leur vie. Alors au lieu de me faire la morale et de poser des questions idiotes, prie, pendant que je réfléchis à comment nous sortir d’ici, ou que l’autre vipère qui nous sert d’équipière arrive à nous délivrer.

Il fallait qu’il arrive à se sortir de ses entraves, et qu’il retrouve son épée. Vu sa qualité et sa préciosité, les pirates devaient l’avoir conservé. Il ne pouvait en être autrement. Hélas, il ne pouvait pas se lever pour l’heure. Il testa les liens qui lui bloquait les mains. Il fallait s’y attendre, les marins savaient faire des nœuds. Maegon souffla en gonflant les joues. Il contortionna ses mains, de sorte à pouvoir appliquer une pression sur l’articulation de son pouce. Il ferma les yeux, et se mit à souffler par intermitence, avant d’appuyer largement. Un effroyable « crac » retenti arrachant un grognement de douleur au sénateur militariste. Il venait de briser son pouce gauche, ce qui lui offrit la marge de manœuvre nécessaire pour se débarrasser de ses liens. Encore un peu d’effort furent nécessaires pour se lever, la houle failli bien le faire retomber. Il testait, pour voir s’il était en capacité minimale de se battre ou en tout cas de maîtriser un adversaire. Il conserva ses liens qu’il rattacha fictivement en ayant un rictus de douleur suite à son pouce cassé.

-Si tu as fini de prier, voilà le plan, nous allons faire semblant d’être inconscients, vu la valeur que nous représentons, il faudra bien qu’ils viennent nous nourrir ou nous donner à boire. Si un pirate vient seul, je l’étranglerai par derrière lorsqu’il viendra à toi. Prend tout ce qui passera à ta portée pour le tuer rapidement, avec une bonne ficelle sur les cordes vocales, il ne sera pas entendu.

Maegon se mit en place, c’est-à-dire dans sa position initiale, faisant semblant d’être encore inconscient. Il ne fallut pas quinze minutes pour des bruits se fassent entendre. On venait.

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Arrax
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'D20' : 19
Alynera Vaekaron
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La côte pirateVysehra & Maegon

Sur la mer - An 1067, mois 10

Tremblant, son corps se recroquevilla sur une âme offensée. Jamais d’aucun ne s’était adressé à elle avec un tel dédain. Fille de fondateur, engeance divine, elle était habituée à la déférence des humains et des créatures célestes. Cette colère, éructée à son nez, de la plus vulgaire des manières, la priva de toute réaction. Il lui sembla avoir envie de pleurer tout autant que de sauter violemment à la gorge du sénateur. Lorsque, de sa fatuité toute mâle, il explosa ses chaînes libérant ainsi des flammes de malheureuses testostérone dans leur geôles, elle recula comme seul réflexe de défense. Elle mit de nombreux instants, contre le bois humide de la cale malodorante, a reprendre contenance. En vérité, Alynera n’avait cure de ce que pouvait penser un Maegon Tergaryon de sa propre personne. Il lui était indifférent. Tout comme la plupart du reste de leur société. Son nom n’avait rien à prouver, il n’avait aucune revanche à prendre, tout ce que ces autres nobles possédaient été possible par l’Initions du sang des siens. Le visage qu’elle portait dans le monde était bien différent de celui, introvertie, qu’elle affichait dans son existence toute familiale. Elle chassa un sourire, retenant un reniflement déplacé. Le soldat n’aurait pas l’honneur de voir sa victime touchée.

Écoutant d’une oreille discrète ses sombres éructations, Alynera fit un effort pour ordonner à ses mains d’ôter la large fibule qui maintenait sa palla. Elle était faite d’acier Valyrien, un cadeau plus coûteux encore que l’or des tréfonds de la Terre. L’objet lui avait été offert pour son service militaire, malheureux présage de l’appel futur à défendre la Cité de son père. Ses doigts la gardèrent un instant, la soupesant, dans le creux de sa paume. Sinistre gourdasse… Elle n’avait qu’à obéir et le laisser d’user ses muscles de chair pour tuer l’un des pirates. L’hésitation, telle était sa prière. Avec ses dents, elle déchira silencieusement un morceau du large châle afin de créer un morceau suffisamment solide pour étrangler l’assaillant. Puis, après une énième hésitation, elle fit glisser contre le corps du seigneur la petite fibule. 



« L’aiguille devrait être assez tranchante pour percer une carotide. »



Une mort instantanée, silencieuse. La conclusion de leurs échanges était donnée. Sans réponse de la part du prisonnier, elle recula contre les caisses humides. Elle ne pouvait empêcher ses yeux d’obérer le corps recroquevillé, théâtralement endormi du Seigneur d’Oros… et elle pria pour qu’ils s’en sortent indemnes. Les minutes, roulées par une houle de mauvaise augure, défilèrent. Autour de ses deux poings étaient enroulés la bande de sa palla. Puis, un bruit de serrure se fit entendre auquel son cœur répondit. Deux pirates entrèrent, chassant la pénombre. Ses yeux désormais fermés, la tête légèrement renversée, elle les laissa arpenter de leurs gros pas.



« Ils respirent. »


« J’me d’mande bien ce que le chef va faire de ce foutoir. Jamais rien vu de pareil ! »



Leur accent lui était impossible à identifier — elle n’avait pour référence que celui des patriciens —, mais la phonétique était résolument valyrienne.



« Le chef sera pas content qu’on ait touché à son minois. »

L’un des hommes s’accroupit vers elle pour l’observer. Lorsqu’elle sentit son haleine faire frissonner son épiderme, elle ouvrit grands ses yeux. Et, sans réfléchir davantage, elle lui assena une gifle dont la surprise eu l’effet de le faire chanceler vers l’arrière. Elle se jeta alors sur lui, la bande de sa palla, tendue, fermement enroulées sur ses poings, tout contre sa gorge. Il y avait une humeur endormie chez les Sang-Pur, un goût bestial pour le sang, un trait de caractère violent qui savait ressurgir dans une iris enflammée. Alynera pouvait sentir sa peau chauffer de la plus douce des caresses. Mais, malgré cette fureur bilieuse, son corps avait été trop malmené, par son récent accouchement et par le coup qui lui avait été assené un peu plus tôt, pour être réellement de poids face à un pirate...



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'D20' : 4
Vysehra Arlaeron
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La côte pirateAlynera Vaekaron & Maegon Tergaryon

Fosse-Dragon - An 1067, mois 10


Sous leurs pieds, il lui sembla que la houle était plus forte. Un coup d'oeil rapide par l'une des lucarnes de l'entrepôt de stockage confirma ses soupçons. Le ciel s'était couvert et le vent s'était levé. Elle n'aperçut rien d'autres que la mer et la terre était déjà loin. Rapidement, elle s'en alla verrouiller la porte de l'intérieur afin de gagner du temps et revint près du corps du marin fraîchement assassiné. Vysehra reconnu alors son visage. Il était l'un de ceux qui avait embarqué les deux singes dans la cale. Elle le fouilla et trouva alors un trousseau de clés en fer forgé. Sans doute celle de la cellule, espéra-t-elle. Elle tira ses vêtements et le dépouilla de chacune de ses frusques pour les enfiler à la place des siennes. Quoique passablement dégoutée de l'odeur de transpiration, le bougre semblait tout de même être assez propre pour que les tissus ne soient pas poisseux. En enfilant les vêtements de l'un des pirates, elle s'assurait une planque temporaire. Son mètre 85 allait au moindre lui permettre de ne pas se faire repérer de suite, de dos, tout du moins... La légate tira ses cheveux en arrière autant qu'elle le put et les cacha dans le chapeau du mort, après une inspection minutieuse de celui-ci. Elle pouvait bien mourir en mer, mais récupérer des poux, ça, il en était hors de question.

Une fois changée et bien équipée, elle ouvrit la porte et glissa un œil rapide en dehors. Pas un chat. Ils devaient tous être sur le pont à s'afférer pour préparer la potentielle tempête qui arrivait. Vysehra tenta de se repérer autant que possible dans le labyrinthe que constituait le navire et il lui sembla enfin trouver l'escalier qui menait aux geôles. Mais c'était sans compter le type qui travaillait en fond de cale. Celui-ci remonta et tomba nez-à-nez avec la légate. Il la détailla et celui ne mis pas longtemps avant de comprendre que quelque chose était en train de se tramer. Le marin était un golgoth. Atteignant facilement les 2 mètres et faisant le double de la carrure du Tergaryon, l'abattre ne serait pas aisé.

- "Mais qu'est-ce que tu fiches ici toi !" - grogna-t-il avant de s'approcher d'elle de manière menaçante.

Rapidement alors, Vysehra attrapa son arbalète de poing qu'elle chargea d'un carreau avec dextérité, le visa, et tira. Le géant vacilla, son estomac dégueulant une gerbe de sang. Mais cela ne sembla pas l'arrêter ni même l'inquiéter. Posant ses mains sur la plaie, il tira le carreau de ses grosses mains et le regarda comme s'il ne s'agissait que d'un cure-dent.

- "Tu vas bientôt rejoindre tes petits camarades. Au fond de l'océan, catin !"

Il dégaina deux gros couteaux de pèche et fondit sur Vysehra qui senti une vague d'horreur lui nouer l'estomac. Dégainant son scramasaxe, elle parvint à repousser les couteaux une première fois, puis une seconde fois. Soudain, elle trébucha dans de grosses cordes qui traînaient au sol et le monstre en profita pour lui attraper le cou de ses moins noires de poix. Il l'étrangla et la légate tenta de se débattre. Elle sentait alors petit à petit que ses globes oculaires étaient pressés vers la sortie et que le sang arrêtait de circuler lentement. Le type, lui, était rouge comme une pivoine, et les veines de son front gonflaient de plus en plus à mesure qu'il serrait. De l'écume se forma aux commissures de ses lèvres, lui donnant l'air d'un porc enragé.

Se débattant comme un diable, Vysehra parvint à lui assener un coup de pied à l'endroit même où il avait été perforé par le carreau d'arbalète. Il recula alors sous le coup de la douleur et Vysehra en profita pour reculer et rattraper son épée alors qu'elle peinait à reprendre son souffle. Crachant la salive qui s'était accumulée dans sa bouche, elle ne put que remarquer son goût métallique. Remonté de plus belle et pris dans une frénésie meurtrière, le marin revint à la charge, ses deux couteaux à la main.

Spoiler:


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