Occupé comme il l'était à lorgner tout ce qui avait des seins et des cheveux, à défaut d'une crinière de feu, Daelarys ne risquait pas de lui répondre comprit Jaekar. Pressant sa cruche contre le torse du soldat aux muscles noueux, il lui souhaita une belle ivresse et autant de caresses. Il s'éloigna aussitôt du fils de Baelor. Ce dernier et Valerion ne partageait presque aucun commun mais Jaekar appréciait la délicatesse du gros homme. A ses yeux, il avait su joué de la foule pour se faire élire au conseil des Lumières de Sagesse. Ce n'était pas rien et le bâtard était persuadé que le marchand savait d'autant plus faire preuve de malice et de traîtrise. Bien qu'il n'ait jamais entendu parler d'une quelconque influence Cellaeron dans le monde souterrain, de toutes façons dominé par les Maerion, Jaekar ne doutait pas que Baelor avait ses propres leviers et secrets.
Continuant de déambuler, il finit s'approcher de trop près des Riahenor. Il salua allégrement la vénérable Vaelya, connue pour ses faits d'héroïsme, une véritable image de sainte à l'image de sa bien aimée Rhaenys. Où la diablesse pouvait elle d'ailleurs se cacher ? Jaekar ne pouvait pas envisager que la plus puissante membre de la petite noblesse de Velos puisse éviter une telle assemblée. Tandis qu'il parlait de la pluie et du beau temps avec Vaelya, il ne pouvait la trouver. Aussi son regard fut presque aussitôt attiré par un charmant minois à la pureté toute valyrienne, loin de l'exotisme sensuel de Rhaenys ou de la torpeur dans laquelle le plongeait Daenerys. L'insolente se démarquait par ce port de tête tout dynastique, tout en arrogance et grâce mal déguisée. Alors qu'il se dirigeait droit vers la demoiselle, accompagnée d'une illustre inconnue qu'il savait être une vague cousin Arlaeron versée dans les arts militaires, un de ses compagnons l'attrapa par le bras :
Jaekar, est ce que tu te diriges vers qui je pense ?
Evidemment mon ami ! Comment ne pas songer à de tels délices en voyant la courbe délicate de sa gorge.
Tu es fou. Tu sais qui elles sont ?
La grande perche maigrichonne ne m'attire pas. Je trouve la seconde bien plus à mon goût.
Si la première ne t'écorche pas vif avec sa lame, et que tu ne fais pas fuir la seconde, je suis bien curieux de savoir quel sort Maegon Riahenor te réserver pour débaucher sa cousine, bâtard.
Jaekar rejeta sa crinière impure en arrière et jeta un regard de défi à son avis. Il hésita l'espace d'une seconde puis se décida qu'on ne vivait qu'une seule fois. Attrapant une coupe, qu'il vida d'une traite, il se dirigea droit vers les illustres inconnues. Qui ne le resteraient guère pour longtemps.
Mesdames... commença le jeune bellâtre avant de s'incliner en une révérence parfaite: Jaekar Veltheon. Pour vous servir... ajouta le concerné d'un mielleux. Autant je sens le mercure de l'argent des Arlaeron sur toi, guerrière. Autant je me demande qui tu es, belle dame. Seule ta grandeur et beauté me laissent deviner un lien de famille avec la délicate Vaelya. Est ce que j'ai tort maîtresse Riahenor ?