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Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
Admin


Du Pain et du SangLes miséricordieux
Quand Daenerys Maerion rouvre les yeux, elle sent le goût du sang dans sa bouche, et doit se concentrer plusieurs secondes pour parvenir à discerner l’espace autour d’elle. Que s’est-il passé ? Se relevant des gravats, elle parvient tant bien que mal à se tenir sur ses jambes et contemple, bouche bée, le spectacle cauchemardesque qui s’étend sous ses yeux. La demeure louée par les Maerion, à deux pas de l’estrade imposante installée pour accueillir le discours de Baelor Cellaeron, a été entraînée en partie par le glissement de terrain. Sidérée, elle contemple l’immense pile de gravats à quelques centimètres de ses pieds. Par chance, elle a été emportée du bon côté, celui qui tient encore debout. Mais pour combien de temps ?

Heureusement, Garin Rosayan, projeté contre le mur lorsque la maison a vacillé sur ses fondations, émerge à son tour de son évanouissement. L’homme se déploie et remarque immédiatement la jeune fille. Nulle trace du reste de sa famille, qui doit, à vrai dire, se trouver sous les décombres qui leur font face. S’efforçant de ne pas céder à la panique, l’ambassadeur rhoynar empoigne fermement l’épaule de la jeune femme, et la force à descendre par l’escalier qui a survécu par miracle.

Une fois en bas, ils contemplent le paysage désolé qui s’offre à leur vue. A la gueule béante de roches qui orne désormais la place des marchands s’ajoute la dévastation causée par l’effondrement des diverses demeures. Ils sont tirés de leurs pensées par une voix claire. Elaena Tergaryon a laissé son frère et ses deux amis partir aider comme ils le peuvent et a reconnu Daenerys, ainsi que Garin. Si Daenerys voudrait essayer de trouver les membres de sa famille, à eux trois, face au monticule de débris, il y a peu de chances qu’ils arrivent à quoi que ce soit.

C’est alors qu’on les hèle. Saerelys Riahenor, qui a échappé au glissement en raison de son retard, s’est rapidement organisée avec ses camarades mages pour aider les blessés comme elle le peut. Rapidement, quelques amis et elle remettent pansent les petites plaies et bosses de Daenerys et Garin, avant de leur demander de les assister dans leur travail. Peut-être, en retour, pourront-ils après aider à déblayer les décombres … L’argument fait mouche.

A l’extrémité du cratère où ils se trouvent, la chute de l’estrade en bois monumentale a barré, en partie, la route aux éboulements, et des morceaux de la construction se sont encastrés dans la roche, en un équilibre précaire. Lentement, certains doivent descendre et tenter d’extirper les corps de ceux qui sont accrochés ou ont échoués sur cette barrière protectrice, avec l’aide des mages. Elaena est la première à s’y risquer. Et, une fois descendue, quelle n’est pas sa surprise de reconnaître Baelor Cellaeron, pendant mollement en travers d’une poutre fiché dans la glaise, assommé, ensanglanté. Deux femmes se maintiennent, l’une accrochée à la jambe de l’autre, à la poutre, dans un équilibre instable et à la force des bras de la première, tandis qu’un jeune adolescent hurle, ses jambes coincées entre deux poutres et un rocher.

Et, dans le chaos ambiant, ces malheureux ne peuvent compter que sur eux pour les sauver, ou les condamner à leur sort.


Ordre de passage


Règles générales

Pour cet évent dynamique et forcément un peu stressant, l'avantage sera donné à la rapidité d'exécution. Des personnes sont en danger, le Mal court les rues : il est urgent d'intervenir [Event 2] - Les Miséricordieux (Du Pain et du Sang) 3460246627

Vous n'aurez donc que quatre jours - 96 heures - pour poster votre réponse à chaque tour. Si vous ne pensez pas avoir le temps, pas de problème ! Vous serez PNJsés par le MJ pour ce tour et vous pourrez rattraper votre coup au prochain tour [Event 2] - Les Miséricordieux (Du Pain et du Sang) 4062388460

Il n'y a donc aucune pression, manquer un tour ne sera pas pénalisant  [Event 2] - Les Miséricordieux (Du Pain et du Sang) 894420505

Nous vous demandons simplement de bien vouloir prévenir dès que possible vos partenaires de jeu si vous ne pensez pas pouvoir tenir le délai. Les tours doivent rester inchangés pour que les plans de la MJ marchent à merveille  [Event 2] - Les Miséricordieux (Du Pain et du Sang) 1138098981

D'ici là, bon jeu ! Et que le sort vous soit favorable  [Event 2] - Les Miséricordieux (Du Pain et du Sang) 1502348457



Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Les miséricordieux
“You have to jump into disaster with both feet.”



Il est de ces moments qui marquent l’histoire et dont, pourtant, les acteurs sont incapables de raconter le déroulement exact. Je me souvenais sans peine de la tension qui m’avait écrasé la poitrine. Les discussions avaient été longues, et je n’avais certainement pas envisagé de parvenir à un accord avec celui qui s’était présenté en rival face à moi. Pourtant, alors qu’il avait pris place face à la foule, prêt à annoncer sa candidature pour la position la plus prestigieuse qui soit, je n’avais rien à contester : je l’avais soutenu. Je me souviens ainsi que malgré la tension diffuse qui me submergeait, j’arborais une expression calme et ne trouvais rien à redire à ce qui se déroulait devant nos yeux. J’étais entourée de mon frère, Maekar, et d’amis proches, Aeganon et Laedor, et la conversation animée qui nous avait occupés avait suffi à alléger mon humeur. Nous avions bu, mangé, ri, et nous avions attendu l’arrivée de Baelor. Celui-ci avait entamé un discours que j’estimais classique mais qui, combiné à la distribution de nourriture, parviendrait sans peine à mobiliser les foules.

Puis plus rien. Après un regard glissé en direction de Maekar, je restais un instant interdite, fixant le terrible spectacle qui s’étalait sous mes fenêtres. Sans doute aurais-je tenté de suivre Maekar ou de le retenir si mes esprits avaient été clairs, mais j’étais sonnée, et il me fallut quelques secondes avant de quitter mon immobilisme et m’aventurer hors de la maison. Il me semblait que le sol continuait à trembler à chacun de mes pas, comme si tout ne tenait qu’à un fil prêt à se rompre. Peut-être du fait du choc, je ne perçu rien des cris et pleurs avant d’avoir rejoint la rue et m’être rapprochée des débris. Du moins, il m’avait semblé qu’il ne s’agissait là que de débris. La réalité était toute autre. Il n’y avait pas là que des débris. Ici s’étalait les restes de la charpente d’une des maisons emportées. Là, émergeant à peine de la glaise mêlée de roche, un meuble massif emporté lui aussi. Et là… Là émergeait ce qui ressemblait à un bras. Plus loin encore une jambe émergeant du chaos. Les corps se mêlaient au reste comme les éléments organiques d’un tableau figurant le néant. La vue de ces corps suffit sans doute à me sortir de l’état de choc et de la tétanie dans laquelle il m’avait plongé. Ce fut aux cris d’apparaître dans mon monde, le déchirant en plein cœur. Il y avait les plaintes de douleur, les cris de terreur et les pleurs de ceux qui avaient vu disparaître ceux qu’ils aimaient. Et puis il y avait le silence assourdissant de ceux qui ne criaient plus.

Promenant mon regard autour de moi, j’apercevais bientôt le prince Garin Rosayan en compagnie d’une Daenerys Maerion visiblement déboussolés. Ne l’étions-nous pas tous ?

« Prince Garin, Daenerys, par ici… »

Je m’approchais d’eux, retrouvant enfin une certaine capacité de mouvement et, surtout, de pensée.

« Arrax soit remercié vous êtes saufs ! Comment allez-vous ? Où sont les autres ? Je… »

Je m’interrompais à l’entente de la voix de Saerelys, qu’Arrax en soit remercié elle était saine et sauve. Je me précipitais vers elle, la serrant dans mes bras dans un geste non dénué de désespoir.

« Quel soulagement de te voir… »

J’accompagnais Saerelys jusqu’à l’endroit où se trouvaient toujours Garin et Daenerys. Il fallait faire quelque chose. Voilà ce qui me hantait, tournait sans cesse dans ma tête, m’empêchant de formuler toute autre pensée que celle-ci. Les mages s’occupaient des quelques blessés à la surface, mais combien autres restaient en contrebas ?

« Saerelys ! Sae, je descends… »

J’avais crié au loin, plus proche du bord du cratère que mes camarades. Descendre. Une riche idée. Mais comment ? Je posais un premier pied sur une partie de la pente qui m’avait semblé plus stable que les autres. J’y déposais mon poids une fois seulement la stabilité confirmée. Peut-être mon sens de la stabilité avait-il été altéré par l’obsession de mon esprit à descendre, toujours est-il que ce qui m’avait semblé stable ne l’était pas, et que c’est avec un cri de surprise que je perdais pieds et glissais inexorablement vers ce qui me parut, un instant, comme une mort certaine. Lorsque je rouvrais les yeux, je prenais un instant pour réaliser que non, je n’étais guère morte, à moins que l’au-delà ne soit l’exacte copie de ce qui se déroulait dans le monde des vivants. Si cela était ce que nous promettait Balerion, il me faudrait dès lors lui exprimer le fond de ma pensée. Je pouvais entendre au loin mon prénom, mais à vrai dire j’étais avant tout concentrée sur le fait de me relever sans glisser davantage. J’avais eu la chance insolente d’être stoppée dans ma course par un amas de glaise et de roches qui, si elles m’avaient largement heurtées, m’avait empêché de rejoindre les profondeurs.

Je me relevais, non sans douleurs, mais prenant cette fois de multiples précautions avant de m’appuyer sur quoique ce soit, et je prenais appui sur les aspérités de la pente pour conserver un appui en cas d’éboulement de ce qui me soutenait. A présent que j’étais là, il n’était plus question de reculer.

« Tout va bien ! »

Je criais sans réellement savoir à qui je m’adressais, légèrement confuse à cause de la chute, et reprenais ma descente. Je n’étais plus très loin d’un amas bien plus large que celui qui m’avait sauvé la vie et où plusieurs blessés semblés être bloqués. Après ce qui me semblait être des heures, j’arrivais enfin.

« Il y a des blessés ici… Je vais avoir besoin d’aide ! Vite ! »

Je m’approchais d’un jeune garçon dont les cris avaient suffi à ne me faire voir que lui. Je tentais vainement de soulever l’une des poutres qui écrasaient sa jambe, provoquant un cri plus déchirant encore du fait de l’imperceptible élévation de la masse qui finissait par retomber sur sa victime. D’instinct je déposais ma main sur joue.

« Je sais que tu souffres, nous allons te sortir de là, m’entends-tu ? Nous allons te sortir de là et je te promets que tout ira bien… Tu es très courageux, si courageux… »

J’attrapais l’une de ses mains ensanglantées que je serais entre les miennes un instant. D’autres suppliques s’élevaient progressivement, et je quittais le jeune homme du regard pour regarder ce qui nous entouraient. Combien étaient-ils à avoir déjà perdu la vie ? Combien seraient-ils à succomber à des blessures qui ne pourraient être soignés à temps. Je me surpris à prier Arrax de nous permettre de les sauver, tous, mais je n’avais guère la naïveté d’y croire. Les Dieux valyriens n’étaient pas miséricordieux, mais tout en ce monde répondait à un dessein bien précis que l’on ne pouvait contester.

A l’aide.

Pitié.

Je me retournais, incapable de tracer l’origine de ces implorations dont le désespoir était déchirant. Je me relevais, abandonnant à contre cœur le jeune homme alors qu’un groupe de mages s’approchait lentement. Progressant prudemment, j’arrivais à hauteur d’un homme que je ne reconnus pas immédiatement. C’est bien grâce à la riche tenue qu’il portait que je pus reconnaître Baelor Cellaeron. Le sénateur qui, quelques minutes auparavant était au sommet de son prestige et de sa gloire, gisait à présent inconscient, partiellement recouvert de débris, d’éclats de roches et de boue. Le sang qui recouvrait son visage et son inconscience ne laissaient aucun doute sur l’ampleur de ses blessures. Je m’approchais de lui prudemment, tentant de ne rien déranger dans l’équilibre précaire sur lequel j’évoluais.

« Sénateur… Sénateur… »

Je débarrassais les quelques roches et débris qui s’étaient amoncelés sur sa poitrine et ses bras afin de saisir l’une de ses mains, était-il… mort ? J’approchais mon visage de son torse, tentant d’y déceler le bruit de quelques battements même irréguliers.

« Le sénateur Cellaeron est ici, il est vivant ! »

Je m’adressais au petit groupe qui progressait prudemment et dont j’étais, visiblement, l’éclaireur. Deux mages s’étaient arrêtés pour aider leur jeune homme dont les cris saturaient à nouveau l’air. D’autres groupes seraient bientôt là, nous n’étions guère nombreux, mais peut-être serions-nous en mesure de sauver ces malheureux ? Ma voix peut-être avait-elle aidé à la ramener à lui, toujours était-il que les yeux de Baelor Cellaeron s’ouvrirent alors que je reportais mon attention sur lui. Comme un réflexe je lui adressais un sourire chaleureux.

« Et bien sénateur, en voilà un drôle d’endroit pour s’assoupir… Sans doute n’imaginiez-vous pas avoir écrit un discours si… renversant. »

Peut-être cela pouvait-il sembler déplacé, mais j’imagine aisément que l’homme puisse être souffrance, et peut-être l’humour aiderait-il à le distraire quelques instants ? J’attrapais de nouveaux les quelques débris qui l’entouraient ou le recouvrait, tentant de lui donner l’opportunité de respirer avec davantage de confort.

« Je dois continuer à avancer, de l’aide arrive, Sénateur. Tenez bon… »

J’attrapais sa main dans les miennes un instant. Peut-être Baelor Cellaeron était-il un être plus courageux que je ne l’étais, mais j’imaginais la peur qui serait la mienne si j’étais à sa place. J’imaginais la douleur et son effet pervers sur l’esprit, cette impression que la dernière heure est arrivée. Je voyais seulement maintenant le sang qui recouvrait mes mains, et ce goût métallique qui avait envahi ma bouche.  Oui, j’aurais été terrifiée à la place de Baelor Cellaeron, et j’aurais béni les Dieux d’avoir ce contact humain, cette chaleur que je décidais de lui partager, ne serait-ce que quelques secondes. Je maintenais sa main avec force entre les miennes, comme pour lui montrer, par ce contact, qu’il était encore en vie et qu’il était à présent temps de s’accrocher à cette lueur pour se sortir de cet enfer.

Les ombres qui nous survolaient me rappelait à l’urgence de la situation, sans que je n’ai réellement conscience qu’un combat se préparait en contrebas et que, moi-même, je risquais de perdre des êtres chers.

« S’il vous plait… »

Les cris que j’avais entendu plus tôt et m’avaient conduit à la rencontre Baelor s’étaient transformés en pleurs désespérés. J’en identifiais enfin la source. Plus loin, sur un terrain bien plus accidenté et instable, deux jeunes femmes se maintenaient l’une à l’autre pour ne pas chuter et rejoindre les corps sans vies qui peuplaient le contrebas du cratère. La poutre à laquelle la première se retenait était si instable que l’on pouvait en percevoir quelques mouvements lorsque la jeune femme tentait de raffermir son accroche. L’autre jeune femme se tenait aux jambes de la première, et elle tentait désespérément de remonter à mesure qu’elle glissait et provoquait l’éboulement de roches et morceaux de charpente autour d’elle.

Il était évident qu’il fallait les aider. Mais comment ? Je ne pouvais guère m’aventurer sur ce terrain sans risquer, moi-même, d’y perdre la vie. Peut-être était-il envisageable de m’accrocher aux quelques poutres et roches qui semblaient baliser le terrain, mais je doutais de leur stabilité effective.

« Saerelys, Garin, Daenerys ! »

Je me retournais, captant finalement le regard de mes trois camarades déjà affairés de leur côté.

« Quelqu’un peut-il m’aider ? Il faut aller jusqu'à elles, les aider à remonter, je peux le faire mais… comment éviter la chute ? »




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Du Pain et du Sang :Les miséricordieux.

Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Missionnée par le Collège, Saerelys avait quitté son enceinte sous la bonne escorte d’un certain nombre de ses camarades. Tous n’étaient pas liés à la mission qui leur avait été donnée, à elle et à d’autres. Certains profitaient juste de la journée qui s’annonçait. Une belle journée, comme Valyria en connaissait beaucoup. D’autres ne suivaient le groupe que pour retourner à la demeure de leur famille, ou pour aller à la rencontre de quelques unes de leurs connaissances. Toujours est-il que l’ambiance était légère et douce, rythmée tantôt de rires, tantôt de discussions plus sérieuses. Car leur mission était d’ordre politique. Ils devenaient, pour quelques heures, les oreilles du Collège. Des oreilles qui se devraient de ramener chaque miette, chaque parcelle, du discours qui serait prononcé prochainement.

Tout aurait pu aller pour le mieux si le groupe n’était pas déjà en retard, dans les faits. Jeunesse aidant, les différents novices et mages n’y prêtaient cependant que peu d’attention. Tout cela était du à leur rencontre avec le Sénateur Lucerys Arlaeron, entouré de sa garde. Saerelys aurait pu s’agacer de ce retard, il est vrai. Dans les faits, un discours ne commençait jamais réellement à l’heure prévue. Peut-être n’en manqueraient-ils que l’ouverture ? Il n’empêche, la jeune femme pressa le pas. Une mission restait une mission. Aussi se devaient-ils de la remplir en bonne et due forme.

C’est alors qu’une intense secousse parcourut le sol. Une secousse telle que Saerelys en fut désarçonnée, manquant de tomber en arrière. Attrapant son poignet de justesse, ce fut Kaerys qui la maintint debout. Échangeant un regard, ce contact se rompit cependant à l’instant où les premiers cris retentirent. Des cris de douleur. Des cris de peur. Des cris semblables à ceux que la jeune femme avait pu entendre alors qu’elle officiait auprès d’Haemera, si ce n’est que ceux qui retentissaient en ce jour étaient d’une force telle… Une force incommensurable. Aussi intense que cette secousse qui semblait les avoir étourdi un instant. Un instant de trop.

« Qu’est… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? se risqua à murmurer Kaerys, d’une voix blanche.
- … Je… Saerelys secoua la tête, faisant voler la seule mèche qui s’était évertuée à s’échapper de son chignon. Nous le saurons bien assez vite. » répondit finalement la jeune femme, à voix haute.

Aucun d’entre eux, aucune d’entre elles n’était réputé pour avoir l’esprit faible, dans leur groupe. Leur condition empêchait cela. Les Dieux avaient empêché cela. Alors, tous et toutes devaient se douter de ce qui les attendaient, au détour de cette rue. Une scène qui leur avait été épargnée jusque-là. Une scène qui devait pourtant être commune pour ceux et celles qui avaient vu la guerre de leurs propres yeux. Alors, Saerelys fit volte-face. Ses pauvres camarades semblaient hébétés. L’un d’entre eux se trouvaient même assis sur le sol, sans doute après avoir chuté. Faisait signe au novice le plus proche de l’aider à se relever, la jeune femme prit une profonde inspiration. Il lui faudrait bien cela pour passer outre le tumulte tout proche.

« Êtes-vous toujours avec moi ? commença Saerelys, remarquant par la même occasion que cela n’était pas réellement le cas. Réveillez-vous, pour l’amour de Tyraxes ! Allez vous rester ainsi, bras ballants ?! Alors que vous entendez aussi bien que moi les cris de ces malheureux ? Le ton de la novice ne s’adoucit qu’en voyant les mines de certains de ses camarades changer, se faisant tour à tour plus pensives, attristées, dépitées également. Non, nous n’allons pas rester là. Kaerys. L’intéressée releva la tête. Cours jusqu’au Collège aussi vite que possible ! Préviens tout ce que tu trouveras sur ton chemin de ce qu’il s’est passé ici. Ramène-nous toute l’aide que tu trouveras ! Je doute que nous soyons assez pour apaiser toute cette douleur ! Détournant ses prunelles améthystes de sa consœur, la jeune femme esquissa un grand signe de la main, invitant ses autres camarades à la suivre. Vous autres, vous venez avec moi ! Nous aviserons lorsque nous serons arrivés ! Pressons-nous ! »

Alors que Kaerys cavalait dans la direction opposée, le reste des novices déboucha finalement sur la place. Tout n’était que chaos. Le sol… Le sol semblait s’être dérobé sous les pieds de tous ces malheureux. Des pavés et de la terre, il ne restait qu’une gueule béante. Une gueule béante dont s’échappait les cris et de la poussière. Cette immonde créature de glaise et de pierres avait également englouti les bâtiments et les bâtisses les plus proches. Que s’était-il passé ? Était-ce l’un de leurs si chers volcans qui était entré en éruption ? Non, Saerelys ne pouvait pas songer que pareille chose soit possible. Et dans tout cela, du sang, des larmes, des cris. Des âmes en peine recherchant déjà leurs proches dans les décombres tous proches, alors que d’autres tentaient vainement d’apaiser un saignement, de retenir la Vie là où elle se trouvait.

« Nous ne sommes guère nombreux, il est vrai. reprit Saerelys, faisant à nouveau face à ses camarades, qui s’étaient figés tout comme elle en arrivant sur la place. Je sais que la guérison n’est pas obligatoirement l’art magique qui vous sied le plus. Mais nous sommes là. Les Dieux ont souhaité que nous soyons sur la route de ces pauvres hères. Nous ne pouvons pas les délaisser ! Nous n’en avons pas le droit ! s’exclama la jeune femme, sentant un feu intense se déverser dans ses veines. Si nous sommes au Troisième Cercle, ce que nous avons assez de connaissances médicales pour les accompagner, pour rattacher la vie à leurs chairs ! Pour contraindre leur sang à retourner dans leurs veines ! Pour refermer leurs plaies, pour leur rendre leur souffle ! Alors, soyez digne de cet enseignement que nous avons reçu ! Montrez-leur, montrez-nous, montrez-vous que vous êtes dignes d’être appelés Novices et Mages ! Saerelys pointa la direction d’où ils venaient d’un geste de la main. Que l’un d’entre-nous se charge d’emmener les personnes les moins atteintes en dehors de la place ! Je ne veux ici que les personnes qui ne sont pas à même de se déplacer par leurs propres moyens ! Parez au plus pressé ! L’important est de soigner tout ceux qui peuvent l’être, de stabiliser les personnes qui ne peuvent l’être entièrement ! Allons y, à présent ! Une personne par blessé, deux si le cas est plus grave qu’il ne semble l’être ! Demandez de l’aide à autrui si un cas vous est inconnu ! La jeune femme se tut, quelque instant levant les yeux en direction des cieux. Et que Tessarion soit avec nous ! »

Dans un même mouvement déterminé, consœurs et confrères s’égrainèrent sur la place. Alors, Saerelys souffla. Cela ne dura que quelques instants, quelques instants de doute, de trouble. Avait-elle bien agit ? Était-ce cela, de galvaniser ses hommes, et ses femmes dans le cas présent ? La novice n’eut pas le temps de se poser d’avantage de questions. A son tour, elle s’élança sur la place, saluant d’un mouvement de tête le novice qui s’était fait la mention d’escorter les cas les moins graves à l’extérieur de la place. S’agenouillant auprès du blessé le plus proche d’elle, le premier réflexe de la jeune femme fut de lui serrer la main. De le rassurer de quelques mots, de l’aider à se redresser, de lui sourire, lui assurant que tout irait bien. Car tout irait bien. Car il ne s’en sortirait qu’avec quelques contusions, qui auraient rapidement disparu. Car ses plaies, de petite taille, furent rapidement cicatrisées. Car les Dieux avaient décidé que son heure n’était pas encore venue.

Laissant l’homme aux bons soins du novice chargé de l’emmener à l’extérieur de la place, Saerelys se redressa. Déjà couverte de poussière, la jeune femme alla porter assistance à l’un de ses confrères. C’est après l’avoir aider à apaiser les troubles de sa patiente que Saerelys se redressa à nouveau. Entendant alors une voix familière prononcer son prénom, la novice n’eut que quelques instants pour réagir, entourant la Tergaryon de ses bras. Qu’il était bon de savoir Elaena saine et sauve ! L’espace de quelques instants, l’adrénaline quitta ses veines, les refroidissant. Les mots de son amie, comme murmurés du bout des lèvres, lui arrachèrent un fin sourire.

« Les Dieux soient loués, tu es saine et sauve ma tendre amie… » murmura à son tour la jeune femme.

Faisant signe à l’autre novice, lui indiquant ainsi qu’elle reviendrait vite, Saerelys emboîta le pas d’Elaena. Il y avait là le Prince Rhoynar pour qui elle avait fait danser le feu, ainsi que la plus jeune des Maerion. Tous deux semblaient se porter pour le mieux, les décombres les ayant sans doute épargnés. Tout comme elle, ils semblaient couvert de poussière, cependant. Elaena s’éloigna cependant bien vite d’eux, se rapprocha du bord de la gueule béante qui s’était ouverte dans le sol. La novice n’eut pas le temps de la rattraper, juste d’entendre son nom, son surnom. Arrivant aussi vite que possible au bord du gouffre, la jeune femme retint son souffle. Son amie s’était déjà engouffrée dans la gueule de la bête.

« Elaena ! Elaena ! s’écria alors Saerelys, allant jusqu’au mettre ses mains en porte-voix. Elaena, m’entends-tu ?! »

Une réponse, bien que faible, se fit entendre. Alors, la novice soupira de soulagement. Faisait-il noir, là où la jeune femme se trouvait ? La novice n’y voyait que peu de chose, alors qu’elle-même se trouvait en hauteur. Alors, délicatement, Saerelys joignit ses mains, ne prononçant nul mot. Ce sort était parmi les premiers que les novices apprenaient à utiliser. Un sort bénin, mais qui pourrait éviter une glissade fatale à Elaena. En quelques instants, un petit orbe lumineux se détacha de sa chair, éclairant délicatement sa chair pâle d’une lueur d’un mauve doux. Intimant à l’orbe de quitter sa paume, Saerelys lui ordonna de rejoindre les bas fonds.

« Commençons par t’envoyer un peu de lumière ! s’exclama Saerelys, avant de se tourner vers la place, hélant de des membres de son groupe. Aelor, Delear, par ici ! Nous ne serons pas trop de trois magiciens pour régler cela ! »

Adressant un sourire qu’elle voulait serein à Daenerys et à Garin Rosayan, Saerelys entama sa descente, en compagnie de ses deux confrères. Avant d’entreprendre réellement ce cheminement, tous deux firent apparaître leurs propres orbes, afin de ne point manquer un obstacle. Arrivés sans encombres dans la fosse, tous trois échangèrent un regard, ce fut finalement Aelor et Delear qui s’approchèrent des poutres et du malheureux se trouvant dessous. Quant à Saerelys, il lui suffit d’un regard pour apercevoir son orbe violine, éclairant la pâle chevelure d’Elaena. S’avançant prudemment jusqu’à elle, c’est à cet instant que la novice remarqua les deux pauvres jeunes femmes suspendues dans le vide, la première rattachant sa vie à une poutre alors que la seconde ne devait son salut qu’aux jambes de sa comparse.

Tapant dans ses mains, Saerelys demanda un peu plus de lumière à son orbe, afin de juger la situation avec plus de précision. Comment faire ? Il était impossible pour la première femme de remonter, la seconde lui tenant les jambes et l’empêchant de bouger le bas de son corps. Fallait-il sauver la seconde pour espérer sauver la première, alors ? Mais cela signifiait s’aventurer sur un terrain des plus instables…

« Je crains ne pas pouvoir faire léviter un tel poids… murmura Saerelys, se sentant démunie malgré sa Magie. Du moins, cela serait possible mais ces pauvres femmes n’auraient guère le temps de remonter suffisamment jusqu’à nous malgré cela… Si seulement nous avions une corde, afin de pouvoir attraper l’une d’elles. Cela nous éviterait de les rejoindre. Le terrain semble se faire de plus en plus instable. »

Saerelys n’avait même pas besoin de tâter le sol du pied pour se rendre compte de sa dangerosité. Valyria était comme un œuf de dragon. La ville s’était construite sur sa coquille, sur un vide béant. Un vide béant qui avait englouti la place sur laquelle tant de personnes s’étaient réunies… Que pouvaient-ils faire, à eux cinq ? L’espace de quelques instants, la jeune femme releva la tête en direction de ce ciel qu’elle ne parvenait même pas à discerner. Ses confrères et ses consœurs avaient déjà tant de travail. Si seulement des renforts pouvaient leur parvenir… Il fallait que Kaerys mène sa mission à bien. Toute la Magie disponible ne serait pas de trop, pour espérer arranger les choses.

Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Du Pain et du Sang Les Miséricordieux.

Valyria, Quadrant Sud - An 1066, mois 5

Tout avait été parfaitement préparé.

Des semaines et des semaines de tractations, de menaces, de mots aimables, de promesses et de rencontres.

Des soldats et des officiers de l’armée, des artistes, des prêtres, quelques mages dont le Magister lui-même, des marchands par dizaines, des nobles et des bourgeois, tous avaient été reçus ou avaient invité Baelor à venir discuter. Il avait pris soin de rassembler une base importante parmi les membres de la classe marchande valyrienne. Il s’était même assuré le soutien discret et très symbolique de plusieurs représentants de puissances étrangères. Il avait été vu discutant avec des dignitaires de tous pays, notamment plusieurs principautés rhoynardes, ainsi que du Vieil Empire. Plusieurs représentants de ces pays étaient d’ailleurs présents sur la place ce jour-là.

Et tout avait été réduit à néant.

Lorsqu’il émergea de son inconscience, Baelor sentit cette frustration l’envahir immédiatement. Qui ? Qui avait osé saccager ainsi son allocution ? Et détruire ainsi la ville, bien sûr. La fureur qui l’envahissait se tarît soudainement, alors qu’il sentait sa douleur au crâne. Il n’était pas mort, c’était déjà une victoire en soi. Il entendait quelqu’un qui l’appelait par son nom, par son titre. Il ouvrit les yeux pour tomber nez à nez avec Elaena Tergaryon : c’était une surprise.

« Et bien sénateur, en voilà un drôle d’endroit pour s’assoupir… Sans doute n’imaginiez-vous pas avoir écrit un discours si… renversant. »

Sans trop comprendre ce que disait la jeune femme, il tâcha d’essayer de se relever mais le poids des gravats qui lui étaient tombés dessus l’empêchait de bouger. La jeune femme s’escrima à le libérer et il put enfin respirer normalement, pour son plus grand soulagement. Encore incapable de parler, il adressa à Elaena un regard empreint de reconnaissance. Après avoir brièvement saisi la main de Baelor, elle s’éloignait déjà, l’esprit occupé par d’autres drames.

« Je dois continuer à avancer, de l’aide arrive, Sénateur. Tenez bon… »

Au bout d’un moment, Baelor avait repris des forces et il se rendit compte qu’aucune aide n’arrivait. Il pesta, se demandant ce qu’il fallait faire dans cette ville pour être jugé digne de recevoir des secours. Si un candidat aux fonctions suprêmes ne suffisait pas…

Se relevant tant bien que mal, il tituba au milieu des gravats, luttant contre la pente et son équilibre plus qu’aléatoire alors que sa tête le lançait terriblement. Il avait mal partout. Il entendait des voix lointaines, partout autour de lui. Il en reconnaissait certaines, peut-être. Il n’était guère sûr de lui. Il regarda autour de lui, constatant la désolation et son cœur se serra à cette vision.

Il n’était en tout cas prêt à rester ici plus longtemps que nécessaire. Blessé, à peine conscient de son environnement, il avait encore suffisamment de jugeotte pour savoir qu’il ne serait d’aucune aide. Et que son instinct de survie lui criait de s’éloigner au plus vite de l’épicentre de la catastrophe. Il remonta lentement vers le bord de l’effondrement qui lui semblait aussi loin que Ghis elle-même. Chaque pas le faisait souffrir, et il chuta plusieurs fois. Il parvint à une espèce de plateau dans la désolation, un pan de la chaussée avait dévalé la pente mais était resté solidaire, offrant une drôle de perspective à la vue d’un morceau de route pavée habituelle. Dessus, se tenaient un père et sa fille, visiblement en état de choc. Ils eurent un mouvement de recul en voyant l’imposante carcasse du Sénateur se laisser tomber à leurs côtés.

Baelor était épuisé et devait faire une pause. Il regarda le père et la fillette d’un air consterné. Il n’avait aucune idée de leur statut social, et pour une fois, il s’en fichait bien. Il s’allongea à leurs côtés, soufflant comme un bœuf, transpirant et en proie à une violente migraine. Et puis, se rappelant qu’il devait tout de même peut-être un jour guider le peuple valyrien, il s’adressa à ses deux camarades d’infortune, espérant qu’on viendrait les soutenir bientôt.

« N’ayez aucune crainte. Nous allons nous en sortir. Nous sommes Valyriens. Les Dieux ne nous abandonneront pas. »

Ce faisant, Baelor se demanda si son dragon, malgré leur lien distendu, viendrait lui offrir une porte de sortie. Il aurait voulu ajouter d’autres mots réconfortants mais la fatigue le prenait et il se laissa un instant dans le silence, contemplant la catastrophe et la possibilité de sa propre fin.


Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Du Pain et du SangLes miséricordieux


« Les dieux nous ont frappé. Pour nos fautes. Et maintenant … Nous prions. Mais ils ne nous répondent pas. »

L’air halluciné, l’homme qui se tient à côté de Baelor l’observe, un feu brûlant dans ses yeux. Comme illuminé, il se leva, ignorant ses plaies et ses bosses et se mit à tonner, sa voix caverneuse résonnant au milieu du vacarme, des cris, des larmes :

« Valyria, repens-toi ! Vois ce que ton hubris a coûté ! La fureur divine s’est abattue sur nos terres ! Nos dieux ont puni ceux qui travestissent nos valeurs sacrées ! Contemplez ce désastre ! La terre a avalé les nôtres, car nous l’avons souillé en important les immondices des putrides ghiscaris, et le furoncle a éclaté, alors que le traître qui a pactisé avec ces démons voulait nous acheter !

Il n’est pas mort ! Pas encore ! Comme tous ces nobles qui se pavanent et refusent de voir à quel point ils ont tort !

AMIS ! FINISSONS CE QUE LES DIEUX ONT COMMENCE ! »


Exalté, la face rouge et rubiconde, l’homme brâme sur un ton de plus en plus halluciné son discours enfiévré, et passablement fou, pointant du doigt Baelor, horrifié, médusé, qui observe la scène. Qu’a-t-il donc fait aux dieux pour mériter cela ? Ils lui en veulent. Sûrement. Sinon, ils ne l’auraient pas laissé dans cet état. Il est blessé, fatigué, il a froid. Et voilà qu’un illuminé vient lui cracher à la face des insanités ? Oh, si ce n’était que cela. Certains ont entendu. D’où viennent-ils ? Ils n’ont pas l’air de sortir du cratère. Peut-être ont-ils eu la chance d’y échapper. Une petite foule se forme, d’une vingtaine d’individus. Ils hurlent des insultes. « Catin de l’Empire. » « Esclavagiste immonde.» « Exploiteur des honnêtes gens. » Et d’autres encore plus fleuries. Pour le moment, quelque chose les retient, comme la conscience que Baelor demeure un Sénateur. Un Seigneur-Dragon. Un homme puissant. Mais il faudrait si peu pour que tout s’embrase. Et pour que la journée prenne une teinte encore plus sombre. Le sang, pour certains, n’a pas encore assez coulé. Et l'enfant le regarde, apeuré, sans comprendre ce qu'il se passe, sa tête dodelinant entre le Seigneur-Soie et son père.

Au sein du cratère, rien ne va non plus. Le garçon aux jambes broyées hurle de plus en plus fort, et la monotonie de sa souffrance est insupportable, tant par la douleur qu’elle exprime que par ce simple fait que cette régularité brise les oreilles et énerve vite. L’humain est ce qu’il est. Elaena et Saerelys ont décidé de s’occuper des deux femmes en situation précaire. Qui glissent de plus en plus. Les deux jeunes mages qui les accompagnent semblent tout aussi perplexes face à la situation, et un peu perdu. Au-dessus, les cris ont cessé. Et l’un d’eux ne peut s’empêcher de soupirer :

« Enfin ! »

L’autre lui lance un regard noir. Le silence, finalement, est encore plus oppressant. Mais il permet d’avoir les idées claires. Saerelys remarque une poutre en piteux état, mais encore droite, et qui se situe sous les deux femmes. A vue de nez, elle pourrait faire la hauteur nécessaire pour permettre à la seconde de poser les pieds sur quelque chose de solide. Encore faut-il la soulever. Il y a d’autres débris autour, de diverses formes et taille. Elaena, elle, est distraite par la bataille furieuse qu’elle aperçoit entre son frère, ses deux amis et … des wyrms.

Des wyrms. Qui menacent tous ces blessés. Et le sol, sous le poids des affrontements, tremble dangereusement. L’urgence devient asphyxiante. Les cris reprennent. Le garçon est endurant au mal. Ou alors, la souffrance lui a fait définitivement perdre la tête. Il faut procéder à une évacuation, sauver ce qui peut l’être. Ou ils mourront tous.

En hauteur, grâce à l’efficacité d’une Saerelys ayant mis du plomb dans la cervelle des jeunes mages, une vague forme d’organisation s’est créée, pour soigner ceux qui sortent du cratère. Garin et Daenerys, après avoir repris leurs esprits, apportent leur concours, comme ils le peuvent. Tentent d’aider au mieux. De rationnaliser les efforts qui, parfois, manquent de coordination. L’aide ne vient pas. Où sont les mages ? Les dragons ? La réponse vient de Kaerys, qui revient en trombe, comme si des fantômes étaient à sa poursuite et déclare, en direction du cratère, suffisamment fort pour que tous l’entendent :

« Les dragons sont devenus fous ! Des wyrms ont attaqué la fosse ! Le Collège est mobilisé là-bas ! »

La panique gagne les rangs. On se bouscule pour partir, au mépris de sa propre vie, et de celle des autres.

Qui a dit que rien ne pouvait arriver de pire ?
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Les miséricordieux
“You have to jump into disaster with both feet.”



« Je crains ne pas pouvoir faire léviter un tel poids… Du moins, cela serait possible mais ces pauvres femmes n’auraient guère le temps de remonter suffisamment jusqu’à nous malgré cela… Si seulement nous avions une corde, afin de pouvoir attraper l’une d’elles. Cela nous éviterait de les rejoindre. Le terrain semble se faire de plus en plus instable. »

A peine Saerelys avait-elle terminé sa phrase que déjà de nouvelles secousses se faisaient ressentir. Elaena avait beau étudier la situation, elle ne trouvait guère de solution pour parvenir sans risque jusqu’aux jeunes femmes. Les cris de jeune homme qui se trouvait à quelques mètres d’eux gagnaient en intensité. Les appels de détresse des jeunes femmes, eux aussi, ne cessaient guère. D’ores et déjà l’esprit de la jeune femme ne parvenait plus à former une pensée cohérente, comme gelé par ce qui s’apparentait à de l’angoisse. Une angoisse qui se dirigeait avant tout vers ce qui se passait plus bas encore au cœur du cratère. Elle n’avait pu ignorer le survol de Kyraxes, et de là où elle et Saerelys se trouvaient elle pouvait voir les prémices d’un combat qu’elle redoutait plus encore que la mise en danger de sa propre vie. Maekar était en bas, Aeanon et Laedor également, et les trois hommes se trouvaient plus que jamais face à des adversaires capables de les faire tomber. Une bonne fois pour toute.

Il ne fallut guère plus qu’un premier cri pour que le monde s’en retrouve bouleversé. S’en suivi, quelques minutes plus tard, un fracas qui fit trembler le sol jusqu’à l’endroit où se tenait Elaena. Kyraxes était tombé. Et si l’imposant dragon était tombé, cela signifiait que son frère était en danger.

« Maekar… »

Un souffle, un dernier souffle avant l’asphyxie. Elaena aurait aimé être présente, réagir, mais elle ne pouvait que fixer l’endroit où se déroulait une bataille autrement plus décisive. Elle avait essayé par trois fois maintenant d’appeler Meghar sans succès, le dragon ne venait pas et Elaena sentait qu’il ne viendrait pas, pour une raison qui lui échappait totalement. Pourtant elle ne pouvait pas rester là, à simplement regarder son frère périr. Que faire ? Pouvait-elle seulement envisager une seule seconde de le rejoindre ? Elle ne serait qu’une gêne inutile et probablement un corps de plus destiné à nourrir les choses qui menaçaient de les dévorer tous autant qu’ils étaient. Il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour sauver Maekar sans l’intervention de Meghar, et même l’arrivée de son dragon ne pourrait lui permettre d’aider son frère. Alors quoi ? Fallait simplement accepter d’être inutile et de laisser mourir son âme sœur ?

Plus haut, les cris avaient cessé un instant, remplacés par le mécontentement d’un groupe de survivants qui semblaient décidés à en découdre avec Baelor. Elaena ne perçut rien de tout cela. Elle s’était perdue en elle-même, tentant de retrouver le chemin de la conscience et de l’acceptation. Les plans se faisaient et se défaisaient à une vitesse astronomique sans pour autant qu’elle ne parvienne à en formuler un seul à haute voix. Il fallait qu’elle se détourne du combat qui faisait rage en contre bas. Il fallait qu’elle se concentre. Maekar, Aeganon et Laedor faisaient leur devoir et si elle ne pouvait rien faire pour les aider, elle pouvait aider ceux qui se trouvaient autour d’elle. Elle avait également un devoir à accomplir. Elle s’était promis de ne jamais être de ces jeunes filles apeurées qui tremblent pour le retour de l’être aimé. Alors, et même si elle tremblait en effet, elle commença progressivement à revenir à elle.

« La poutre là, si l’on parvient à la remonter et… »
« … Les dragons sont devenus fous ! Des wyrms ont attaqué la fosse ! Le Collège est mobilisé là-bas ! »

La voix paniquée venait d’interrompre les plans déjà bien chancelants de la jeune femme. Elle n’avait aucune idée de la marche à suivre pour parvenir à sauver les deux jeunes femmes. Non loin, les cris du jeune homme avaient repris de plus belle. Le sol tremblait à présent de manière constante. Il ne fallait guère de connaissance scientifique pour comprendre qu’il se déroberait bientôt sous leurs pieds s’ils ne partaient pas au plus vite. Et à présent, la panique du jeune mage s’était répandue dans tous les esprits. Les dragons étaient devenus fous. Voilà pourquoi Meghar ne donnait signe de vie. Voilà pourquoi aucun d’entre eux ne venait à leur secours. Bientôt les quelques mages qui les entouraient encore commencèrent à remonter dans panique, les quelques victimes capables de se lever et d’avancer le faisaient, certains rampaient à défaut de pouvoir marcher. La panique, voilà bien ce qui manquait à cette opération d’ores et déjà épineuse.

« Ça suffit ! »

Le cri d’Elaena l’avait surprise elle-même. Elle pensait l’avoir formulé dans sa tête uniquement, mais il fut si instinctif, si ferme qu’il eut au moins pour effet de surprendre et interrompre la fuite de certains.

« Toi, là-bas ! »

Montrant du doigt un des jeunes mages qui se trouvait à leurs côtés quelques secondes plus tôt mais avait engagé une remontée rapide, elle lui fit signe de redescendre.

« Sae, il faut que nous agissions rapidement si nous voulons sauver qui que ce soit, ajoutons la panique et la désorganisation au chaos et nous sommes perdus. »

Le jeune mage était arrivé à leur hauteur, Elaena s’adressa donc à son amie en même temps qu’à lui.

« Il faut parvenir à les atteindre. Tu parlais d’une corde, il y a cette poutre qui me semble encore en état… correct. Tous les deux, essayez de les atteindre, je reviens. »

Elaena attrapait la main de son amie pour la serrer entre les siennes avant de remonter à la hâte en direction du jeune homme dont les cris ne cessaient pas et qui avait déjà perdu beaucoup de sang.

« Garin, Maeryn, il faut dégager sa jambe. Peut-être en faisant levier… ou si Maeryn tu connais un sortilège capable de nous aider. Usez de tous les moyens et une fois dégagez confiez le à… »

Elaena balayait les alentours du regard, Daenerys Maerion se trouvait non loin d’eux, Baelor également un peu plus haut mais elle n’aurait pu dire s’il était en position d’aider, il semblait davantage en difficultés que sur le point de s’en sortir.

« …  Daenerys ? Daenerys s’il te plait nous avons besoin de toi. Dès que le garçon sera dégagé Daenerys pourra le mener jusqu’en haut. En attendant, Daenerys, organise la ligne d’évacuation. Tous ceux capables de se déplacer doivent le faire de manière ordonnée et remonter par le chemin que nous avons balisé en descendant. Pour ceux nécessitant de l’aide pour remonter, je compte sur toi pour les guider, et… »

Elaena levait les yeux vers celui qui avait porté la nouvelle source de panique. D’autres étaient déjà partis, fuyant pour sauver leur vie comme peut-être le devraient-ils tous à cet instant. Kaerys était resté.

« Kaerys, aide Daenerys à organiser la remontée des blessés et conduits les en lieux sûr. S’il te plait mobilise tous les mages afin de non seulement protéger mais guérir ceux que nous parvenons à sortir de là ! Vite ! »

Bien. Les choses, au moins, étaient plus organisées. Ne restait plus que… Fallait-elle vraiment qu’elle s’en mêle ?

« S’il vous plait ! Il y a encore beaucoup de blessés en contrebas ! Laissez libre court à votre colère et le Sénateur Cellaeron ne sera pas le seul à perdre la vie dans ces décombres… N’y a-t-il pas eu suffisamment de drame ici en ce jour ? Ceux qui sont en mesure d’aider, s’il vous plait venez me voir, pour les autres il faut que vous partiez pour sauver vos vies, et MAINTENANT ! »

A ses côtés une femme progressait lentement pour remonter vers la surface et Elaena saisit sa main pour l’aider à franchir un passage particulièrement glissant. Elle ignorait si le groupe écouterait ses arguments ou s’ils s’acharneraient dans leur idée qui était, visiblement, de s’en prendre à Baelor. Le temps était compté, déjà l’évacuation débutait et elle observait Garin, Maeryn et Daenerys tenter de sauver le jeune homme. En contrebas, elle ne parvenait pas à voir si Saerelys et le jeune mage avaient commencé à mettre en place un plan de sauvetage pour les deux jeunes femmes. Une nouvelle secousse, et déjà quelques débris reprenaient leur course pour rejoindre le fond du cratère. Ils en feraient sans doute de même s’ils ne se dépêchaient pas. Rejoignant son amie et le jeune mage en contrebas, Elaena pris le temps d’assurer ses pas, glisser, tomber ou provoquer un nouvel éboulement ne faisait pas partie de sa liste.

« Sae, avez-vous besoin d’aide ? Comment penses-tu pouvoir les atteindre ? »

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Du Pain et du Sang :Les miséricordieux.

Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Le sol s’ébranla à nouveau. Saerelys n’eut le temps que de faire un pas en arrière, craignant de chuter dans le précipice. La secousse ne dura cependant pas. Le calme semblait être revenu. Mais pour combien de temps encore. Déjà grave, la mine de la jeune femme s’obscurcit d’avantage encore. Quelques secondes, quelques minutes ? Une poignée de minutes, peut-être. Il leur fallait agir, et vite. Cette fosse deviendrait leur tombeau, dans le cas contraire. A eux tous. Loin de ce ciel qui était pourtant le leur, dans le froid, dans la douleur. Saerelys secoua la tête. Pas maintenant. Il n’en était pas question. Que ces ombres se taisent. Elle avait besoin de la totalité de son esprit pour pouvoir concourir à la résolution de cet épineux problème.

« Ela… Ela… Parle-moi. Elaena. S’il te plaît. Parle-moi. » murmura Saerelys, tout en lui secouant délicatement l’épaule.

Le combat faisait rage, en contrebas. Ces immondes vers pouvaient dévorer des dragons ? Saerelys préféra chasser cette idée de son esprit. Non. Ils ne le pourraient pas. Elle se refusait à cette idée. Ils devaient s’en sortir, comme eux. Comme elles. Le destin de ces guerriers n’était pas de leur ressort, hélas. Seuls les Dieux pouvaient encore les sauver, leur donner la force nécessaire pour combattre et en réchapper. Le sol tremblait encore, à nouveau. Alors, la terrible nouvelle tomba, de la bouche même de Kaerys. Saerelys serra les dents. Quelle était donc cette épreuve à laquelle les Dieux les confrontaient ? La panique était déjà grande et elle ne le serait que d’avantage après cette annonce !

« Kaerys ! s’exclama Saerelys, afin d’entre dûment entendue. Reste là-haut ! Nous sommes bien assez nombreux ici pour le moment ! Je veux que tu prennes ma place, que tu t’assures que les Mages et les novices qui s’occupent des blessés restent en bon ordre ! Commencez à rapatrier les blessés les plus graves jusqu’au Collège si ce n’est pas encore fait ou mettez-les à l’abri si vous le pouvez et où vous le pouvez ! Nous devons évacuer tous ceux qui peuvent l’être et les éloigner le plus possible ! Le terre gronde encore ! »

En hauteur, Kaerys hocha prestement la tête, lui semblait-il, sa fine silhouette disparaissant presque instantanément. Saerelys serra les poings. Si elle apprenait qu’un autre de ses comparses avaient tenté de fuir… Il ne passerait pas au Cercle Supérieur au sein de sitôt, la jeune femme s’en faisait la promesse. La novice fut cependant rappelée à la réalité par la voix d’Elaena. Oui, il fallait atteindre ces deux malheureuses au plus vite. Serrant les mains de la Tergaryon entre les siennes, Saerelys laissa une courte prière s’échapper de son esprit. Que Tyraxes leur donne les clefs pour résoudre ces épineuses situations. Laissant son amie la quitter pour rejoindre le Prince, la jeune femme reporta son attention sur la fosse, puis sur le Mage qui se trouvait toujours à ses côtés.

« Fouillons les décombres. lança simplement la jeune femme. Le Sénateur Cellaeron a fait construire une estrade. Nous y trouverons sans doute une corde ou deux. »

La fuite de son confrère n’avait pas échappé à Saerelys. Qu’il se rattrape où tous et toutes comprendraient qu’elle n’avait pas hérité de la douceur de sa mère bien aimée. Fort heureusement pour lui, le Mage obtempéra, se rapprocha des décombres. La novice ne tarda pas à lui emboîter le pas, non sans lancer, en direction des deux femmes toujours suspendues :

« Nous ne vous abandonnons pas ! Nous allons juste chercher de quoi vous faire remonter ! Tenez bon ! »

Dans les décombres se trouvaient bien des choses. Indiquant un reste de poutre au Mage qui secondait le Prince Rosayan, Saerelys lui proposa d’en faire un levier. Si la Magie devait être utilisée au final, mieux valait cependant ne point présumer de ses forces à ce sujet. Tendant également le voile qu’elle portait jusqu’alors dans sa chevelure à l’autre Mage, la jeune femme l’enjoignant à s’en servir afin de faire un garrot une fois le malheureux sortit des décombres. Mieux valait se montrer prudent, et fort était de constater qu’il s’agissait sans doute là de l’une des dernières étoffes intactes permettant un tel acte. Le second Mage repartit, ayant besoin de plus d’une paire de bras pour soulever le morceau de poutre, Saerelys et son confrère restant dégagèrent quelques morceaux de corde de ce capharnaüm. Est-ce que cela suffirait ?

« Il sera rapidement temps de le savoir. » songea la jeune femme.

Se rapprochant du précipice, il y avait-il d’autre mot pour le décrire, les deux jeunes gens  commencèrent par nouer les différentes cordes entre elles. L’éboulement en avait arraché certaines. Tout en s’activant à cette tâche, son confrère s’assurant après elle que ses nœuds étaient bien serrés, les resserrant au besoin avec sa force plus importante que la sienne, le regard de la jeune femme s’en retournait aux décombres. Il fallait accrocher cette corde. Cela répartirait mieux les forces. Pour le moment, ils n’étaient que deux ici et n’auraient peut-être pas l’énergie nécessaire pour faire remonter deux autres personnes.

Laissant le jeune homme à sa tâche, Saerelys retourna donc dans les décombres, revenant quelques instants plus tard avec une solide pierre, qu’elle eu toutes les peines du monde à déplacer, tant et si bien que son confrère vint à son secours. La pierre déposé à un ou deux mètres de la fosse, tout deux firent passer la corde autour, la nouant une nouvelle fois. Ceci fait, la jeune femme se redressa. Tout semblait prêt. Encore fallait-il passer au plus complexe. Enroulant le reste de la corde autour de son bras, Saerelys s’approcha à nouveau de la fosse, prenant une dernière fois en compte tous les éléments en présence. Il restait cette poutre, plus basse que l’autre. Peut-être pourrait-elle leur offrir quelques secondes des plus salutaires, afin que la femme qui s’agrippait à l’autre puisse se saisir de la corde ?

« Penses-tu qu’il nous serait possible de soulever cette poutre quelques instants ? Nous ne pourrons pas sauver celle qui s’agrippe à la poutre du haut sans sauver tout d’abord celle qui se tient à ses jambes.
- Elle n’est plus très enfoncée dans la paroi, je le crains. Nous ne tiendrons que quelques secondes, même à nous deux.
- Quelques secondes… La jeune femme se tut. Eh bien soit. Allons y pour quelques secondes. A moins que tu ne trouves une meilleure idée. »

Seul le silence lui répondit. Alors, Saerelys laissa la corde se dérouler dans le vide. Elaena reparut à ses côtés à cet instant. D’un claquement de doigts, la jeune femme ordonna à sa sphère lumineuse de se déplacer dans le vide, afin qu’ils puissent y voir plus clair. Ceci fait, la novice se tourna vers son amie, la mine grave. Sans doute n’auraient-ils droit qu’à un seul et unique essai. L’instant fatidique, où tout se jouerait. Que les Dieux soient avec eux et les prennent en pitié. Car la jeune femme ne voyait point d’autres possibilités.

« Elaena, heureuse de te revoir. commença la novice, sincère dans ses propos. Vois donc par toi-même. Nous avons installé cette corde de manière à ce que ces femmes puissent s’y raccrocher. Ainsi, nous n’aurons plus qu’à les tirer en dehors de cet enfer une fois cela fait. La jeune femme se tut, son air se faisant grave. Nous allons devoir faire usage de la Magie, pour leur accorder quelques secondes afin que la femme la plus proche du vide puisse libérer l’autre. Un peu d’aide ne sera pas de refus. Prépare-toi à les faire remonter avec nous. L’ancre que nous avons conçu devrait pouvoir supporter leur poids le temps que nous lâchions la poutre de notre côté. »

Pour appuyer ses propos, la jeune femme tira sur la corde, avant de la tendre à Elaena. Ceci fait, Saerelys s’approcha à nouveau du vide. Échangeant un regard avec l’autre Mage, tous deux prirent une profonde inspiration. Alors, la novice tendit ses mains devant elles, les yeux clos. Faire abstraction de tout ce qui se passait autour d’elle. De ce combat, en contrebas. Il ne devait plus avoir que cette poutre. Rien qu’elle. Visualiser le réel pour ensuite le modifier selon sa volonté. Cela devait marcher.

« Ô grande Tyraxes ! Donne-nous la force de sauver ces deux pauvres âmes, je t’en supplie et t’implore. » songea Saerelys, de toutes ses forces.

Alors, des flammes traversèrent son sang, la jeune femme laissa sa Magie lui échapper. Une Magie qui entra en opposition directe avec le poids de la poutre. L’autre Mage avait-il déjà fait son œuvre ? La jeune femme espérait que non. Dans le cas contraire, cela signifiait qu’ils avaient tous deux surestimés leurs compétences. Saerelys serra les dents. Rouvrant les yeux, des larmes lui échappant par la même occasion, la jeune femme s’exclama, en direction d’Elaena :

« Maintenant ! Il faut qu’elles s’accrochent ! Au plus vite ! »


Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Quadran Sud & Année 1066, mois 5

La jeune Dame Dragon et dernière des enfants, Danenerys Maerion était à la fenêtre avec son frère Aerys, son père la Lumière de Sagesses Arraxios Maerion et le prince Rohynar Garin pour écouter le discours du sénateur Cellaeron. La jeune Dame Dragon écoutait intriguée avec un petit air crispé. Elle n’avait pas envi que son père perde sa place de Lumière. Elle avait appris à aimer son statut de fille de Lumière de Sagesse. Et puis tout avait été très vite. Daenerys avait eu du mal à prendre pleinement conscience de ce qu’il s’était joué autour d’elle et sous ses pieds. En un battement d’aile, le sol de l’appartement qu’elle occupait avec sa famille pour écouter le Sénateur Baelor Cellaeron s’était dérobé. Elle s’était vu projeter, heureusement du bon côté du précipice et n’était pas tombée dans la gueule béante qui venait de s’ouvrir. Un peu sonnée, c’était le prince Garin qu’elle avait retrouvé en premier. Elle avait un temps cherché du regard son frère Aerys et son père. Mais elle était surtout inquiète pour sa mère et plus surprenant pour son aîné Jaehaegaron. Et puis les minutes avaient passé et la jeune Maerion avait retrouvé des amies Elaena Tergaryon la sœur aînée de son amie Daenyra et puis surtout la mage Saeralys Riahenor.

Rapidement, Daenerys Maerion tenta d’aider tant bien que mal la mage et le reste du petit groupe qu’elle formait avec les autres. Elle regarda Elaena s’approcher du Sénateur Baelor et de deux femmes qui étaient elles aussi en mauvaise postures. La Dame-Dragon ne la quitta pas du regard et finalement fit les premiers pas pour avancer vers le Sénateur qui s’était relevé et qui marchait d’un pas peu assuré. Mais son élan fut interrompu par un attroupement. La foule s’agaçait et commençait à vociférer. La jeune femme ne savait pas trop si elle devait agir ou les laisser et aller aider d’autres pauvres gens qui se trouvaient en danger de mort. Daenerys n’eut en fait que peu de temps pour réfléchir. Elaena l’interpela pour qu’elle organise l’évacuation de ceux qui pouvaient se déplacer. « Ne t’inquiète pas Elaena, nous allons les aider et les guider. » fit la Dame-Dragon des Maerion en entrainant la mage à sa suite. « Il n’y est surtout pour rien, soyez raisonnable et faites ce que la sénatrice Tergaryon vous a dit de faire. » renchéri la demoiselle qui ne cessait de refreiner les battements de son cœur. Elle le sentait sa dragonne était toujours en vie mais elle peinait à la localiser et sans cette certitude que tout allait bien, son esprit s’embrumait par moment.

La Maerion se pinça les joues et se précipita en direction d’un petit groupe qui cherchait à fuir. Parmi-eux il y avait des enfants et la jeune femme tendit sa main pour les aider à suivre le chemin que son groupe avait tracer en descendant dans les gravats. Un homme qui voulait sûrement passer devant tout le monde finit par trébucher et se retrouva à se retenir à une poutre, les jambes gigottant dans le vide. « Sénateur Cellaeron, aidez-moi à remonter cet homme. Sénateur, pouvez-vous remonter ? Il faudrait les aider lorsqu’ils arrivent en haut pour leur indiquer le chemin le plus sûr pour quitter cette zone de la ville. Les Dieux n’ont pas pu nous abandonner et les dragons se battent pour nous tous eux aussi, je le sens. » souffla la Maerion en offrant un tendre sourire réconfortant au sénateur.

Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Valyria, Quadrant Sud - An 1066, mois 5

« Les dieux nous ont frappé. Pour nos fautes. Et maintenant … Nous prions. Mais ils ne nous répondent pas. »

Baelor étudiait l’homme à ses côtés d’un air surpris. Il ne s’était pas attendu à ce que l’homme lui réponde pour partir dans un délire mystique. Se redressant légèrement sur son céans, le Cellaeron sentait dans l’air le déplaisant parfum du danger de nouveau poindre son nez. A moins que ce ne furent les émanations d’une ville en souffrance ?

« Valyria, repens-toi ! Vois ce que ton hubris a coûté ! La fureur divine s’est abattue sur nos terres ! Nos dieux ont puni ceux qui travestissent nos valeurs sacrées ! Contemplez ce désastre ! La terre a avalé les nôtres, car nous l’avons souillé en important les immondices des putrides ghiscaris, et le furoncle a éclaté, alors que le traître qui a pactisé avec ces démons voulait nous acheter !

Il n’est pas mort ! Pas encore ! Comme tous ces nobles qui se pavanent et refusent de voir à quel point ils ont tort !

AMIS ! FINISSONS CE QUE LES DIEUX ONT COMMENCE ! »


Hum.

Oui, du danger, effectivement. Pas l’odeur des égouts.

Voyant qu’on le pointait du doigt parmi les survivants qui commençaient à se rassembler autour de lui, Baelor se dressa, chancelant, sur ses jambes et fit face au groupe de personnes qui se rassemblait devant lui. A leur maigreur, leur désespoir et leur colère, il leur opposait sa masse imposante, sa face déterminée et sa toge souillée, déchirée, dont la richesse semblait bien loin. Il toisait la foule d’un regard sombre, cette fois, le danger venait de ceux qu’il prétendait vouloir servir au Conseil. Ainsi le peuple, le bas peuple, se dressait contre lui ? Lui, qui avait tant donné pour eux ? Ingrats petits pourceaux, punaises, limaces atrophiées… Il expira bruyamment pour recouvrer son calme alors qu’il se tournait vers le reste du groupe qui commençait à se jouer aux imprécations colorées.

« Catin de l’Empire. » « Esclavagiste immonde.» « Exploiteur des honnêtes gens. »

Le Sénateur les toise avec attention. Oh il pourrait darder sur eux mille et un regards, mais avec quel effet ? Il était peut-être un homme puissant, mais il était surtout un homme seul à cet instant précis. Un homme simple, sans dragon, sans garde, sans richesses, et presque sans statut. L’instant était dangereux et le moment crucial. Baelor, blessé, ne pouvait se défiler et il le constatait que trop bien. Il ne pouvait pas faire autrement que de mesurer chacun de ses mots avec une attention toute particulière. De tous ces discours, jamais aucun n’avait déterminé s’il vivrait ou non. Alors que la foule manifestait sa colère de plus en plus bruyamment, le Cellaeron prit conscience que ce serait cette fois le cas. Il était prêt à ouvrir la bouche pour débuter son discours lorsqu’un souffle se fit entendre derrière lui.

« Sénateur Cellaeron, aidez-moi à remonter cet homme. Sénateur, pouvez-vous remonter ? Il faudrait les aider lorsqu’ils arrivent en haut pour leur indiquer le chemin le plus sûr pour quitter cette zone de la ville. Les Dieux n’ont pas pu nous abandonner et les dragons se battent pour nous tous eux aussi, je le sens. »

Baelor se retourna d’un coup sec, faisant face au sourire plein de réconfort d’une jeune femme d’une grande beauté. Restant fidèle à sa réputation, il la reconnût instantanément pour avoir souhaité l’inviter au plus vite dans ses fêtes exclusives. Un beau brin pareil, ce serait un délice, au moins à regarder durant une orgie, encore plus à pratiquer, s’était-il alors dit. Mais toutefois, la libido du Seigneur-Soie n’était pas à proprement parler à son paroxysme en cet instant précis et l’homme, dans toute sa rudesse, apparût à la jeune Maerion. L’appeler deux fois par son titre devant des indigents ? N’avait-elle donc aucune mesure ? Il la repoussa derrière lui dans un geste violent, cherchant à la protéger en s’interposant avec la foule. Lui jetant un regard noir, il siffla entre ses lèvres avec acidité.

« Pauvre oie stupide, ne reste donc pas là. Ne vois-tu donc pas ce qui se passe ? Va ! Redescends, ceci est mon problème, et le mien seul. Et la prochaine fois que tu me vouvoies, je ferai en sorte que tu le regrettes. »

Usant de ce qui lui restait comme force, il la poussa jusqu’à ce qu’elle chute dans les gravas un peu plus loin. Puis, considérant qu’il n’y avait pas de danger pour elle, ni pour lui, il reporta son intérêt sur le groupe hostile qui avait dû suivre avec curiosité cet échange soudain. « Sénateur »…. Il en bouillonnait encore d’une rage froide, sourde. Il se tourna vers la foule d’un air hargneux et s’avança vers eux, l’air décidé, brûlant d’un feu sacré qu’il n’avait jamais ressenti. Il cherchait des yeux celui qui l’avait alpagué au début, sans parvenir à le trouver.

« Traître ? C’est ainsi que vous m’appelez ? Traître ? »

Ce faisant, il fit son entrée au milieu du groupe, cherchant toujours des yeux son interlocuteur initial. Il marchait lentement, avec précaution, évoluant au milieu de ces crétins finis. Enfin, il remarqua ce visage rubicond qui l’avait apostrophé. Lorsqu’il le retrouva, il alla à sa hauteur.

« Ainsi donc, je suis un traître et un vendu à la Harpie ? Aurais-tu préféré continuer à te battre contre les légions ? Aurais-tu voulu attendre une année de plus avant de voir ton enfant ? Tu es père, comme moi je le suis, citoyen. Si tu avais eu la possibilité de faire cesser ce conflit, pour préserver des vies, pour préserver celle de ton enfant, ne l’aurais-tu pas fait ?   »

Il se tourna vers la populace, les regardant dans le blanc des yeux. Oh oui, ils étaient misérables, ils étaient en colère et désespérés. Mais Baelor ne se laisserait pas faire, et il ne s’écraserait surtout pas. Il lança à la cantonade :

« Ne l’auriez vous pas tous fait ? Ne feriez vous pas tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver vos enfants ? Pour sauver les enfants de la République ?   »

Il revint vers le prophète furieux, ignorant ce que serait sa réaction et à quel point il était perdu dans ses délires mystiques.

« Regarde-moi dans les yeux si tu veux bien, citoyen. Fais-moi face et ose me dire après avoir regardé ton enfant que tu aurais agi différemment.   »

Ressentant la fureur de vivre, ressentant la flamme qui l’animait lors des grandes séances du Sénat, Baelor retrouvait son aisance alors qu’il sentait le regard de l’autre baisser devant sa bedaine imposante. Il regardait ses pauvres hères comme s’il les comprenait, cherchant à désarmer la méfiance et la fureur qui les animaient.

« Si vous pensez que je suis celui qui vous a trahi en signant la paix, retournez-vous contre les vrais signataires et responsables, car vous ne trouverez nulle part mon nom au bas des papiers qui ont été échangés à cette occasion ! Pourtant, vous avez raison. »

Le silence s’était fait alors que Baelor semblait désormais conspirer avec eux, accrochant un regard par ci, agrippant avec fermeté une épaule par là.

« Je suis autant victime que vous des traîtres qui grouillent dans notre belle cité, mes amis. Et votre colère, légitime, je la saisis. Je n’irais pas oser vous dire que je la comprends, mais je peux faire de mon mieux pour m’en porter le garant. Ces chiens infâmes qui ont frappé Valyria aujourd’hui, qui vous ont frappé : ils ont choisi MON discours pour frapper. Vous êtes-vous demandé pourquoi ? Pourquoi se donner la peine de me frapper moi, si je suis un traître ? » tonna-t-il d’un air furibard, laissant sortir sa fureur de voir son lancement de campagne ruiné ainsi.

Monumental, Baelor disposait d’un coffre exceptionnel lorsqu’il se mettait à parler fort. Des années d’entraînement au Sénat et un corps massif faisant caisse de résonnance en faisaient un orateur maîtrisant son art et sachant au moins comment piloter ses forces et ses faiblesses.

« Ils n’ont pas attaqué au hasard, mes amis. En faisant s’effondrer Valyria, ils ont frappé en notre cœur. Ce n’est pas une tour noble, ni le Sénat, ni une ambassade mais une place grouillante du peuple, du bon peuple, valyrien qui a été touchée. Ne vous y trompez pas ! Ils frapperont encore, persuadés que leur ennemi ne doit pas triompher. Pensez-vous à des amoureux de la République qui se ligueraient contre moi ? Non, mes amis, non. Ils NOUS ont frappé ensemble. Ils savent que vous et moi, moi et vous, nous avons de grandes choses à accomplir ensemble. Nous sommes un peuple, ensemble. Vous et moi, moi et vous, mes amis. Ils veulent nous frapper ? Qu’ils nous frappent ! Nous nous relèverons. Ils veulent nous briser ? Qu’ils essaient ! Nous rebâtirons. Je vous fais cette promesse solennelle à vous, mes amis, je trouverai ceux qui ont fait ça. Je les trouverai tous. Du plus petit exécutant au plus puissant commanditaire. Je les trouverai, et je les tuerai. Même si pour cela, je dois mettre à feu et à sang tout Essos ! Il n'y aura pas de répit pour les traîtres et les assassins, je les traquerai jusque dans les Quatorze Flammes, jusque le domaine de Balerion s'il le faut ! Nul endroit ne saurait les protéger de la furie et de la justice ! A MORT ! »

Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Du Pain et du SangLes miséricordieux


Si les mages sont reconnus pour leurs pouvoirs, leur ingéniosité n'est pas non plus à prendre à la légère. Et en même temps, qu'attendre d'autre de ces érudits dont beaucoup sont versés dans les études les plus érudites, qui sont capables de résoudre des problèmes scientifiques poussés en quelques équations bien senties ? Un cerveau bien aiguisé est parfois plus pratique qu'une magie puissante ... même si la seconde aide beaucoup à réaliser les idées concoctées par le premier. En l'occurrence, Saerelys, aidée d'Elaena et de ses comparses mages, parvient, après moult efforts, à ses fins : la fatigue la submerge rapidement face à l'énergie dépensée, mais l'assemblage tient. Les deux femmes, l'une après l'autre agrippent la corde. Elles sont extirpées de leur position précaire. Le soulagement est immense. Deux vies sauvées.

Il n'y en aura pas de troisième. Le malheureux garçon à la jambe prisonnière a perdu trop de sang. De rage, avant que les hommes qui se sont portés à son secours ne parviennent à faire quoi que ce soit, il prend une pierre et entreprend de découper l'os qui le retient prisonnier. Un craquement sourd survient, un hurlement, et la jambe se rompt. La scène, difficilement soutenable, manque les faire tourner de l'oeil. Le gamin se retourne, rampe sur ses coudes avant de tendre une main vers Daenerys, qui est tombée non loin. Repoussée par Baelor Cellaeron, ce dernier lui a sans doute sauvé la vie. Certes, elle a chuté lourdement en arrière, sa vue se brouillant face à la concussion. Mais après être revenue à elle, elle se relève. Envolés les beaux atours, qui ressemblent plus à de la charpie en tissue pétrie de poussière qu'autre chose. Mais elle est vivante, et loin du danger. D'autres ne peuvent en dire autant. Comme le mourant qui la contemple, murmurant "belle dame" entre ses lèvres sèches et blanchâtres. Il s'affaisse dans un dernier cri. Le moignon de sa jambe sectionnée tressaute une ultime fois. La détermination, hélas, n'a pas été suffisante. Balerion a prélevé son tribut.

Et il a faim, le gourmand dieu de la mort. Si le sort a paru le favoriser, aujourd'hui, la folie humaine apparaît déterminée à lui verser un nouveau tribut. La foule veut un coupable. La foule a faim, elle aussi. De sang, de vengeance. Baelor est une cible idéale, facile, tentante. Qui n'a jamais rêvé d'écraser un seigneur-dragon arrogant, un marchand richissime, qui bénéficie de tout ce qu'un valyrien peut rêver. Il est là, devant eux. Seul. Blessé. Quatre années de souffrance et de rancœur se déversent sur lui. Il fait face. Avec courage, il joue sa vie de la pointe de ses mots. Chaque assertion est soupesée. Le verbe est haut, accusateur, tranchant. La rondeur sénatoriale a laissé la place à la vivacité de celui qui demeure l'un des plus formidables négociateurs de Valyria, et qui l'a amplement prouvé. Certains, déjà, baissent leurs bras. Des regards s'échangent, se coulent en coin. Il a raison ! ILS ONT TENTE D'ABATTRE VALYRIA ! Qui ça, "ils"? Les autres ! Les forces obscures qui veulent affamer les honnêtes gens ! Évidemment, bien sûr, tout à fait ! Peut-être les ghiscaris, qui voudraient les mettre à mal ! Les paroles fusent. Baelor se sent sauvé. Le doute est semé.

" A MORT ! Oui, tu as raison, Baelor Cellaeron ! Punissons les impies ! Citoyens, contemplez celui qui a effacé les morts de vos frères et fils d'un trait de plume sacrilège, qui a pactisé avec la Harpie ! Qui a sans doute provoqué ces morts pour après nous arroser de son argent sale, de son argent offert par l'Empereur ghiscari en personne pour ses oeuvres ! Il se dira le sauveur de Valyria, il l'affirme déjà ! Mais nous savons qu'il n'en est rien ! LES DIEUX L'ONT PROUVE !"

La voix hallucinée du meneur de la foule retentit à nouveau, la harangue encore. L'on s'invective. C'est que Baelor a ébranlé plusieurs frondeurs. On se traite de lâches. De vendus. Certains tentent de se saisir du Sénateur. D'autres de le défendre. La raison contre la folie, ou deux folies ensemble? Quoiqu'il en soit, au milieu de la foule qui se fend, Baelor ne peut qu'être emporté par la foule. Des mains s'accrochent à sa toge. Le tissu se déchire par endroit. Des coups portent. Le sonnent. Il tombe à terre. Il ne sait plus qui est qui, si les bras qui s'empoignent au-dessus de lui sont amis ou ennemis.

Soudain, tout s'arrête. Et un cri retentit :

" Les dieux ont parlé !"

Un homme pointe le ciel, qui s'est obscurci. Une masse immense bloque momentanément les rayons du soleil. Elaena n'a pas de mal à reconnaître Astyrax, l'imposant Ancien que monte son ami Aeganon. Quant aux autres, ils ne peuvent que savoir ce qu'une telle créature peut être. Des voix résonnent :

" Un Ancien est apparu ! Nous sommes sauvés ! Loué soit Aegarax qui nous envoie ses premiers-nés !

Cellaeron est béni ! L'aide accordée est venue ! Sa parole a attiré l'attention des dieux !"


Le meneur a beau exciter ses propres troupes, il a perdu le contrôle. Des mains, amicales cette fois, entourent Baelor, l'exfiltrent, le remettent sur pied. Ce dernier, une fois remis de ses émotions, ne peut que constater ce qui lui a échappé jusqu'alors : dans cette foule, la poussière du cratère manque. Et si le sang a coulé, il est très frais. Ils sont pour beaucoup indemnes. Surtout ceux autour de son désormais rival, qui darde sur lui un oeil enfiévré. Comme s'ils avaient ralliés la place après. Le dragon dans le ciel plonge soudain au sol. Qui tremble. Et s'effondre. Comme un jeu de quilles machiavélique, les parois s'affaissent les unes après les autres, et elles glissent dans la terre béante.

Saerelys et Elaena, qui ont aidé leurs victimes à remonter, sont prises de court. Elles courent aussi vite que leurs jambes le leur permettent. Daenerys et les hommes près d'elle font de même. Elle atteint le haut du cratère dans un ahanement profond. Elle est sauvée. Momentanément, puisqu'elle se retrouve face à cette foule en furie, comme tous les égarés qui sont remontés.

Saerelys et Elaena sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Le dernier effort n'est pas suffisant. Elles tombent. Par un réflexe exceptionnel, Elaena se raccroche à une roche qui affleure de la paroi. Ses doigts se calent sur sa prise. De son autre main, elle agrippe Saerelys qui pend dans le vide. Plusieurs mètres la sépare des entrailles de Valyria, et du sol. Les bruits qui s'en échappent ne sont guère rassurants. Des débris se sont fichés dans la roche. Des restes de poutre, de cordes, des corps humains aussi, ou plutôt ce qu'il en reste. Cette dernière ne manque pas d'aspérités, bien que sa stabilité laisse à désirer.

Elles ont sauvé des dizaines de vies. Hagards, nombreux sont ceux qui, parvenus tout en haut du cratère, doivent la vie à la ténacité des deux femmes et à leur organisation. Désormais, ce sont leurs propres existences qu'elles doivent sauver. Quant à Daenerys et Baelor, désorientés et fatigués, ils sont désormais au milieu de ce qui menace de dégénérer en un affrontement entre bandes de fanatiques. La seule chose dont le Sénateur est certain, c'est qu'à la fin de cette journée, il aura acquis des séides dévoués ... ou bien sera tombé victime d'une conspiration dont il ne comprend ni les tenants, ni les aboutissants, mais qui l'a manifestement pris pour cible. Et Baelor n'est pas un homme à aimer être pris dans les fils de l'araignée. Car l'araignée, c'est lui, et lui seul.
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Les miséricordieux
“You have to jump into disaster with both feet.”



Lorsqu’elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, Elaena crut sa dernière heure arrivée. Elle avait toujours été de ces personnages qui ne pensent guère à la mort, bien trop occupés à courir après la vie. Alors que l’échéance de sa disparition semblait approcher elle regretta de ne pas s’y être préparée davantage. Alors qu’elle se sentait tomber, elle se dit que peut-être aurait-elle été moins terrifiée si la mort était devenue, depuis longtemps, une lointaine amie dont on attend la visite à l’improviste sans la craindre. Cependant, il fut bien heureux qu’Elaena n’ait pas acquis la capacité d’abandon que les gens prêts à la mort cultivent, car c’est bien cette fureur de vivre qui aiguisa ses sens et lui permet d’attraper, dans un mouvement réflexe, la roche qui dépassait de la paroi. La position était instable et incroyablement douloureuse. La forme de la roche permit à la jeune femme d’affirmer sa prise, non sans douleur, elle sentit sa main s’entailler largement sur les aspérités de la roche et se demanda combien de temps elle parviendrait à tenir.

Tout était allé très vite. Trop vite. Après avoir tenté de mettre de l’ordre dans la chaîne de sauvetage, et sans prendre le temps de constater si ses ordres avaient été suivis, la jeune femme s’était dépêchée de retourner auprès de Saerelys. La jeune mage avait devisé un plan afin d’atteindre les deux jeunes femmes qu’ils tentaient de sauver depuis de longues minutes déjà.

« Elaena, heureuse de te revoir. Vois donc par toi-même. Nous avons installé cette corde de manière à ce que ces femmes puissent s’y raccrocher. Ainsi, nous n’aurons plus qu’à les tirer en dehors de cet enfer une fois cela fait.

Nous allons devoir faire usage de la Magie, pour leur accorder quelques secondes afin que la femme la plus proche du vide puisse libérer l’autre. Un peu d’aide ne sera pas de refus. Prépare-toi à les faire remonter avec nous. L’ancre que nous avons conçu devrait pouvoir supporter leur poids le temps que nous lâchions la poutre de notre côté. »


Elaena se contenta d’acquiescer, nerveuse car le temps était compté. Depuis de longues minutes déjà, tous pouvaient sentir le sol trembler, quelques roches se détachaient et entamer leur chute vers le fond du cratère où se déroulait un combat dantesque. Il fallut toute la détermination du monde à la jeune femme pour faire abstraction de ce qui se passait en contrebas. Les trois hommes qui se battaient contre des monstres étaient chers à son cœur, l’un d’entre eux était son cœur tout simplement. Penser à la perspective de le perdre, de les perdre, signifierait perdre ses moyens, et Elaena n’en avait plus le luxe, car bientôt il lui faudrait se battre pour sa vie. Elle le sentait. Alors elle avait concentré toute son attention sur la simple tâche de tirer la corde. Tâche uniquement simple en apparence car le poids était conséquent et les forces d’Elaena limitées. Seulement Saerelys déjà usait de magie pour parvenir à leurs fins, et Elaena sentait l’énergie de son amie se mobiliser tout entière pour cette tâche. La jeune native d’Oros ne pouvait donc faillir.

« Maintenant ! Il faut qu’elles s’accrochent ! Au plus vite ! »

Et elles le firent. Les deux jeunes femmes parvinrent à trouver une issue favorable à la situation dans laquelle elles avaient été plongées, et Elaena finit au sol tant elle tirait avec la force du désespoir. Elles étaient sauvées. Dans un geste purement réflexe, Elaena et Saerelys tombèrent dans les bras l’une de l’autre, une simple seconde, le temps de se donner à l’une et l’autre le réconfort dont elles avaient besoin pour soulager leurs esprits fatigués. L’étreinte avait été brisée par le cri terrible de douleur du jeune homme à la jambe blessée. Elaena avait été trop loin pour voir avec précision ce qui se passait, mais le cri n’avait guère laissé de place à l’interprétation, cela avait été un cri de souffrance pure. Cela avait été de ces cris qui annoncent la fin. Si elle avait voulu rejoindre le jeune homme et l’aider, Elaena n’en avait pas eu l’occasion, car très vite le ciel s’était obscurcit, le sol avait tremblé, et le vent s’était levé.

Levant les yeux au ciel, la jeune femme avait aperçu Astyrax. Il était venu. Elaena n’avait su s’il fallait s’en réjouir et le craindre, l’Ancien était en mesure d’aider les hommes en contrebas, mais déjà le sol avait montré les signes d’un effondrement imminent. Ainsi, alors que tous regardaient vers le ciel, Elaena avait attrapé la main de Saerelys et crié :

« Sae, il faut remonter, tout s’effondre ! »

Elles avaient couru, aussi vite que leurs jambes le leur permettaient, mais cela n’avait pas été suffisant. La main d’Elaena n’avait pas lâché celle de son amie et à présent ces mains liées étaient le lien tenu qui empêchait la jeune mage de tomber dans le vide béant laissé par l’effondrement. Ecartelée entre la roche et son amie, Elaena se dit qu’elle ne pourrait tenir longtemps. Elle n’était pas un guerrier aux bras rendus puissants par le combat, et le mouvement de balancier, certes léger mais constant, qu’imposait le poids de son ami au bout de son bras ne faisait qu’amplifier la plaie que déjà la roche imposait à son autre main.

« Sae ! Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps ! »

L’avertissement avait été fait d’une voix forte mais posée, Elaena ne voulait pas inquiéter son amie, mais sa voix intérieure n’avait plus rien de calme.

« Vois-tu quelque chose pour te raccrocher ? Si oui, mon amie, n’hésites pas ! »

Toute à sa douleur, Elaena n’entendit guère avec précision ce que lui répondit Saerelys, tout ce qu’elle perçut fut l’allègement premier, correspondant sans doute à la première tentative de Saerelys pour s’accrocher à autre chose que sa main, et finalement l’allègement final qui permet à Elaena de retrouver une position plus tenable. Sa deuxième main finalement libre vint rejoindre l’autre sur la roche qui l’empêchait jusqu’à présent de rejoindre le royaume de Balerion. La roche était coupante, mais à présent que le poids était mieux réparti, les entailles semblaient anesthésiées. Ou peut-être simplement son corps avait-il décidé que le temps de la souffrance viendrait après. S’il y avait un après.

« On peut peut-être trouver un moyen pour remonter ! »

A sa droite un morceau de poutre, un peu plus haut une petite roche, peut-être que si elle parvenait à trouver un appui pour ses pieds la jeune femme parviendrait-elle à remonter ? Se balançant légèrement, Elaena finit par trouver un point d’appui satisfaisant. Elle y déposait un pied et entreprenait de se hisser jusqu’à la poutre non loin d’elle, afin de l’attraper. La poutre n’était visiblement pas suffisamment ancrée, car celle-ci céda rapidement sous le poids d’Elaena qui glissait d’un coup, perdant ses chaussures et évitant de justesse la chute grâce à sa main solidement fichée dans la roche. La douleur vive lui arracha un cri que, cette fois, elle ne put contenir.

« Sae ! »

Le souffle court, Elaena tenta de repousser, pour encore quelques temps, la douleur de sa main entaillée et comme tétanisée par l’effort. Elle n’était pas un être pour qui la douleur était une amie, et elle crut un instant qu’un tel niveau de souffrance parviendrait à lui faire perdre connaissance. Cependant, elle refusa d’être une faible demoiselle en détresse, surtout si cela devait lui coûter la vie. Les deux jeunes femmes ne pouvaient compter que sur elles-mêmes à présent, et il était hors de question que ce jour signe leur fin.

« C’est trop dangereux de monter sans sécurité… N’y a-t-il rien que ta magie puisse faire pour nous aider ? Je sais comme il te coûte d’en abuser, mais je t’en prie si nous voulons survivre… »

Saerelys hésitait, Elaena le sentait, car déjà la magie utilisée précédemment avait puisé dans son énergie.

« Il est hors de question que nous mourions ici ! Notre heure n’est pas venue de rejoindre Balerion ! Peut-être une corde ? Pour nous assurer lors de nos tentatives de remontées ? »


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Du Pain et du Sang :Les miséricordieux.

Quadrant Sud & An 1066, mois 5.

Sauvées. Elles étaient sauvées. D’un même mouvement, Saerelys et son comparse jugulèrent cette Magie qui coulait dans leurs veines, laissant la poutre glisser, tomber en contrebas. Cela n’avait plus d’importance. Portant sa main à son front, il semblait à la novice qu’elle était prise comme d’une légère nausée. Une nausée dont il était impossible de connaître l’exacte origine, au milieu de tout ce tumulte. Une nausée que la jeune femme oublia cependant bien vite, lorsqu’elle accueillit Elaena au creux de ses bras. Sauvées. Elles avaient réussi à les sauver. Toutes les deux. Alors, Saerelys se laissa aller quelques instants aux larmes. Sauvées. Sauvées. Elles avaient réussi. Ils avaient réussi.

Un moment de répit qui fut bien trop court, dans cet enfer qu’elles vivaient. Qu’ils vivaient tous. Le sol trembla à nouveau, grondant comme un monstre prêt à passer à l’attaque. Un grondement qui se mêla à un cri de souffrance pure. Un cri semblable à bien d’autres que Saerelys avait pu entendre au cours de son apprentissage au Collège ou alors qu’elle prenait soin de ceux et de celles qui en avaient le plus besoin. Un cri qu’elle ne parviendrait pas à arrêter cette fois. Il était déjà trop tard. Bien trop tard. Cette pensée s’imposait dans son esprit, l’enserrait, l’asphyxiait presque. La novice aurait presque pu en occulter la présence de ce Dragon qui se trouvait non loin, s’il n’avait pas été un Ancien.

« Cours ! » s’exclama Saerelys, pour toute réponse.

Déjà, le sol se dérobait sous leurs pieds, malgré la course effrénée qui était la leur. Malgré ce sang, déjà fort chaud de part leur nature, malgré cette force que le désespoir leur offrait, cadeau amer s’il en était, le sol s’effondrait encore et toujours sous elles. Sous eux. Ils étaient trop nombreux pour parvenir en haut du cratère et s’y mettre en sécurité avant que le pire n’advienne. La chute était inévitable. Saerelys le pressentait, au-delà de ses noires pensées. Car la situation était telle qu’elle avait bien du mal à garder l’esprit clair. D’un ultime mouvement, la jeune femme poussa l’une des deux femmes qu’elles avaient sorti du précipice en avant, la faisant remonter à sa place à la surface.

Puis vint la chute. Une chute dans laquelle Elaena fut entraînée également. Alors, Saerelys serra sa main dans la sienne. C’était donc ainsi que les Dieux voulaient voir leurs destins s’achever ? Liées dans la Mort ? Alors que la jeune femme ravalait ses larmes à cette pensée, la chute cessa. Relevant la tête, la novice étouffa un cri de stupeur. Son amie avait réussi à se rattraper à une fine corniche. Une situation précaire, s’il en était. La Tergaryon ne tarda pas à lui rappeler ce fait. Alors, Saerelys secoua la tête. Une seconde chance. C’était là une seconde chance que les Dieux leur offraient. Peut-être même serait-elle la dernière qu’elles auraient à leur disposition pour quitter cet Enfer sur Terre.

« Tiens bon Elaena ! Encore quelques instants, juste quelques instants ! Je fais au plus vite ! »

Il lui fallait se raccrocher ailleurs sur la paroi. Avisant tout ce qui pouvait se trouver à sa portée, Saerelys porta finalement son choix sur la poutre solide la plus proche. Elle n’aurait droit qu’à un seul essai. Un seul. Sa Magie ne lui permettrait sans doute pas de se transformer en une quelconque créature volante avant d’atteindre le sol… Et ces monstres qui y grouillaient. En était-elle juste capable en temps normal ? Profitant du léger mouvement de balancier induit par Elaena, la jeune femme finit par sauter, se réceptionnant tant bien que mal sur la poutre. Le souffle coupé par le choc, ses bras entourant et agrippant la poutre aussi fort qu’elle le pouvait, Saerelys s’accorda quelques secondes pour rassembler ses esprits. Bien. Elle était arrivée et le bois semblait pouvoir retenir son poids. Ce répit resterait cependant bien trop court, le sol grondant de plus en plus férocement.

Elaena avait raison. Remonter était leur seule possibilité. Leur seul Salut possible. Saerelys n’eut cependant pas le temps d’y songer d’avantage, son amie tentant de changer d’emplacement sur la paroi. Un déplacement que la novice suivit du regard, le cœur battant à tout rompre. Un cri d’une puissance dont elle ne soupçonnait même pas l’existence lui échappa alors que l’autre jeune femme manquait de chuter à nouveau, la faute à une poutre mal fichée dans la paroi. Alors, la novice tendit la main, cherchant à tous prix à éviter une nouvelle descente aux enfers à sa camarade d’infortune, qui ne se rattrapa que de justesse à une autre corniche.

« Ela ! Reste avec moi, je t’en conjure ! s’exclama Saerelys, en retour. Respire, mon amie. Respire doucement. Je sais que tu souffres. Souffle doucement à présent. Ne laisse pas la douleur prendre le dessus. Je sais qu’il s’agit-là d’une mince affaire, mais fais-moi confiance. Nous aurons besoin de toutes nos forces pour nous sortir de cette épreuve. »

Saerelys raffermit sa prise sur la poutre, regardant tout de même autour d’elle s’il n’y avait pas de prise plus aisée, par précaution. Que faire ? Remonter en gravissant la paroi semblait être une tâche fort complexe, proche de l’impossible, des débris chutant ici et là sans qu’elles ne puissent avoir la moindre possibilité de les éviter ou de s’en prémunir. Elaena avait failli y laisser la vie en ne faisant qu’un pas ! Faire appel à la Magie ? Une ombre passa sur le visage de la jeune femme lorsque son amie fut mention d’une telle idée. La peur la rongeait. La rongeait à un point tel que la novice n’avait pas la moindre idée de l’énergie qui pouvait lui rester, en définitive.

« Ela… Je… Je ne sais pas si j’en serais capable. » laissa échapper Saerelys, sur un ton bas qui trahissait son trouble et son doute.

Elle n’était qu’une novice. Qu’une novice du Troisième Cercle, depuis seulement un an et demi, qui plus est. Comment sa simple force magique pourrait-elle les sortir de cet Enfer ? Une force magique déjà entamée par d’autres sorts, qui plus est ? Sa sortie du Deuxième Cercle semblait remonter à si peu de temps… Elle n’avait rien de ces guerriers qui pouvaient partir à la bataille sans craindre les blessures, ou même de sentir le souffle de Balerion sur leur nuque en toutes circonstances. Elle n’était qu’une novice. Du sang de Riahenys, certes. Mais une novice tout de même…

Saerelys releva les yeux en direction d’Elaena. Tout comme elle, elle ne souhaitait pas rejoindre Balerion. Pas aujourd’hui. Mais que pouvait-elle bien faire ? Une corde, cela ne serait jamais suffisant au vu de la distance qui les séparait du haut du cratère. Ôtant l’une de ses mains de la poutre, Saerelys tâta sa chevelure quelques instants. Avec sa robe en piteux état, rien ne disait que le pic qui retenait auparavant son voile était resté en place. C’est alors que l’étonnement déforma ses traits. Serais-ce possible ? Délicatement, la novice ôta une épingle à cheveu de bronze de sa chevelure d’argent. Tordu, l’objet faisait grise mine. Mais cela suffirait. Du moins, la jeune femme l’espérait.

« Que Tyraxes me vienne en aide. » songea Saerelys, déglutissant difficilement.

Piquant le dos de sa main restée agrippée à la poutre, la jeune femme délaissa ensuite l’épingle. Trempant l’un de ses doigts dans son propre sang, Saerelys se saisit ensuite de la corde la plus proche, y déposant de nombreuses gouttes du liquide à l’odeur métallique. Tout cela n’était que de la simple théorie. Comment savoir si les choses se passeraient convenablement en pratique ? En de telles circonstances, qui plus est ? Délaissant la corde, la novice trempa à nouveau l’un de ses doigts dans son sang. Et dire que certains de ses comparses jugeaient les runes moins intrigantes, moins intéressantes que la métamorphose. Comme ils pouvaient avoir tort.

« Iā qogron naejot dīnagon ao. » murmura Saerelys, traçant le premier symbole.

Premier symbole que la jeune femme dessina à même la paroi, à l’aide de son propre sang. Déjà, celui-ci crépitait, brûlait de cette flamme qu’elle ne chercha pas à contenir cette fois. Non loin, la corde qu’elle avait délaissée s’anima, petit à petit. Tel un serpent de cordage, elle ondulait sur la paroi sans difficulté apparente, tout d’abord faiblement, puis de manière plus vive. S’épongeant le front comme elle ne pouvait, le laissant rouge après le passage de ses doigts, Saerelys humecta ses lèvres. Le premier pas avait été fait. Trempant à nouveau son doigt sur la piqûre, la novice traça un nouveau symbole, psalmodiant toujours à voix basse.

« Iā qogron naejot brōzagon tolie. »

Saerelys acheva de tracer le deuxième symbole. Alors, la première corde s’approcha de deux autres, qui se trouvaient non loin, les nourrissant à leur tour de ces quelques gouttes de sang que la novice lui avait offertes. Trois longs serpents de corde. Voilà la ménagerie qu’elle venait de créer de ses propres mains, de son propre sang. Trois serpents qui ne feraient bientôt plus qu’un, lorsque son œuvre serait achevée. Pressant sa chair afin d’en faire sortir d’avantage de sang, la novice reprenait son œuvre. Les Dieux soient loués de lui avoir offerte pareille appétence pour les runes. Les Dieux soient loués de lui avoir permis d’appartenir à la lignée de la glorieuse Riahenys pour cette vie. Car sans son sang, cette tâche se serait révélée bien plus complexe.

« Iā qogron naejot jiōragon ao hēnkirī. »

Les trois cordes serpentines se mêlèrent entre elles, se renforçant mutuellement, se torsadant.  Encore quelques efforts. Encore un peu de volonté. Car la Magie provenait aussi des idées. Traçant un quatrième symbole sur la paroi qui se trouvait non loin d’elle, Saerelys ferma les yeux. Ces runes, elle les connaissait par cœur. Combien de fois les avaient-elles tracées les yeux fermés, sans y mettre la moindre Magie, afin de s’entraîner ? Visualiser la surface. Visualiser une sortie, une issue. Visualiser un endroit où la corde s’enroulerait, se nouerait d’elle-même à un point d’ancrage qui leur accorderait un peu de répit. Visualiser leur survie. Voilà tout ce qui importait, alors que son doigt courait toujours sur la roche mise à nue.

« Iā qogron naejot māzigon se jēdar. »

Un frottement se fit entendre sur la paroi. Alors, Saerelys rouvrit les yeux. La corde serpentait le long de la roche, évitant certains débris, remontant petit à petit jusqu’à cette lumière qu’elle apercevait au loin. La jeune femme laissa échapper un long et profond soupir de soulagement. Elle y était presque. Encore un dernier effort. Une dernière rune, un dernier symbole. Il fallait que cela fonctionne. Il le fallait. Tyraxes rendait sa main plus sûre, lui semblait-il. La novice trempa à nouveau son index sur le dos de son autre main, rougit par ce sang sans cesse étalé à sa surface. La corde devait être arrivée à la surface, à présent. Il était temps. Le dernier symbole. Celui qui achèverait son œuvre.  

« Iā qogron naejot mīsagon īlva. »

Prononçant le dernier mot de son incantation, Saerelys traça d’un seul mouvement la dernière partie de la rune. C’est alors que la corde sembla se tendre. Prudemment, la novice tendit la main dans sa direction, l’attrapant délicatement, tirant dessus pour s’assurer de sa stabilité. La corde resta là, en place. Leur ligne de vie. Leur Salut se trouvait là. Leur dernière chance de sortir vivantes de cet Enfer. Prenant son courage à deux mains, la Riahenor quitta la poutre qui lui servait de refuge, se retrouvant suspendue à la corde. Grimpant d’un mètre sur la paroi, arrivant enfin à la hauteur d’Elaena, la jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement. L’assemblage tenait. Pour le moment du moins. La novice sentait son sang bouillir dans ses veines. Il fallait que ce fait persiste. Encore quelques minutes. Il le fallait.

« Suis-moi Elaena ! s’écria Saerelys, tentant de couvrir le tumulte ambiant. Cette corde nous mènera à la surface. Mais nous devons nous hâter ! »

Prenant appui sur la paroi à l’aide de ses pieds, Saerelys poursuivit son ascension. Elaena la suivrait. Mais pour cela, il fallait lui donner d’avantage de corde. Cela n’empêcha pas la novice de s’arrêter après quelques secondes. Jetant un regard derrière elle, la novice poussa un soupir de soulagement en voyant que son amie était parvenue à la suivre. Et ce, malgré sa main blessée. Alors, la novice porta son regard en direction de la surface. Encore un dernier effort. Juste un dernier effort et elles retrouveraient enfin la surface.

Et elles aussi, elles seraient sauvées.




Traductions:
Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Du pain et du SangLes Miséricordieux !

Quadran Sud & Année 1066, mois 5
Daenerys ne l’avait pas vu venir le coup du sénateur. Elle n’avait d’ailleurs pas eu le temps de réagir alors que l’homme la poussait au bas des gravats. Elle n’avait pas eu le temps non plus de répondre aux paroles du sénateur. Pourtant elles raisonnaient encore dans sa tête alors qu’elle reprenait doucement ses esprits. Si elle en avait eu le temps, nul doute qu’elle aurait rétorqué quelques mots salés à son égard. Jamais elle n’accepterait qu’on lui parle sur ce ton-là, pas même un sénateur. Baelor Cellaeron n’était qu’un être vaniteux, voilà ce qu’elle pensait de lui. Un être incapable de voir qu’il avait plus besoin de son aide qu’elle avait besoin de sa protection. Pur qui se prenait-il au juste. Elle était la fille de la Lumière de Sagesse Arraxios Maerion, l’un des hommes sans doute les plus crains de Valyria. Les Maerion n’étaient pas n’importe qui. En dehors de leur sombre réputation, sa famille était toute de même unes des premières à avoir dompté un dragon après les membres des familles fondatrices. Et puis sa mère était une figure importante de la faction religieuse presque aussi dévote que l’ensemble des grandes et grands prêtres et des novices des Quatorze Flammes. Alors oui elle aurait pu lui dire le fond de sa pensée mais elle n’en avait pas la force. Non elle avait plutôt envie de rendre tripes et boyaux après sa chute et les soupirs lancinant qu’elle capta enfin à côté d’elle n’arrangèrent rien. Du coin de l’œil, elle remarqua enfin le pauvre garçon qui avait rampé jusqu’à elle, amputé d’une jambe. Daenerys ne dit rien lorsque le garçon murmura ses derniers mots, pire peut-être même pour ce pauvre homme, elle eut comme un mouvement de recul en le voyant emporté par le dieu de la mort. Un geste d’instinct qui l’attrista elle-même mais étrangement, une fois le mort définitivement mort et inerte, la Maerion alla jusqu’à fermer ses yeux. Un geste simple mais qu’elle jugeait nécessaire. Et puis elle reporta son attention sur ce qui se passait au dessus d’elle. Et ce qu’elle vit ou plutôt ce qu’elle ne vit pas l’inquiéta. Daenerys ne vit pas ses amies Saerelys et Elaena. Alors elle entreprit de remonter à la surface pour voir ce qu’il se tramait encore.

Ce fut à ce moment-là qu’elle fut arrêtée dans sa progression par les cris de ceux d’en haut. Un Ancien, un ancien survolait désormais le gouffre immense. Et puis le dragon disparait, la jeune Dame-Dragon ne le voit plus mais son cœur se fait un peu plus léger. Alors elle se dépêcha aussi vite qu’elle le pouvait de revenir à la surface. Elle y retrouva Baelor et le groupe qui s’était formé et l’atmosphère était étrange et désagréable. Il y avait une certaine tension et Daenerys ne comprenait pas ce qui s’était sûrement joué un peu plus tôt. Certains semblaient entourer Baelor Cellaeron et semblait le soutenir désormais. « Que faisons-nous maintenant ? Nous ne pouvons rester ici, tout va finir par s’écrouler. Et je ne vois plus Dames Saerelys Riahenor et Elaena Tergaryon. Nous devrions essayer de les retrouver avant de quitter les lieux. » fit la jeune femme sans rien d’autre comme mise ne forme que cela alors qu’elle arrivait enfin de nouveau à hauteur du Sénateur. « Ecoutez, tout va finir par s’effondrer. L’arrivée d’un Ancien est un signe. Mais nous avons peu de temps. Alors soyez raisonnable et mettez de côté vos ressentis pour le moment et sauvez vos vies et aidez ceux qui en ont besoin… » siffla entre ses deux une Daenerys Maerion plus qu’agacée par les agacements des uns et des autres.  « Et qui peuvent encore l’être. » souffla à mis mot la jeune femme bien consciente que certains ne survivront probablement pas même en les aidant maintenant.

Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

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Du Pain et du Sang Les Miséricordieux.

Valyria, Quadrant Sud - An 1066, mois 5

En voyant les regards et les expressions changer, Baelor pensa sincèrement avoir enfin inversé cette tendance menaçante et lancinante qui risquait de lui ôter la vie s’il ne menait pas habilement son chemin. Pourtant, la voix furibarde de celui qui défiait le Cellaeron depuis le début résonna de nouveau anéantissant ses espoirs d’une résolution rapide du défi qui s’offrait à lui.

« A MORT ! Oui, tu as raison, Baelor Cellaeron ! Punissons les impies ! Citoyens, contemplez celui qui a effacé les morts de vos frères et fils d'un trait de plume sacrilège, qui a pactisé avec la Harpie ! Qui a sans doute provoqué ces morts pour après nous arroser de son argent sale, de son argent offert par l'Empereur ghiscari en personne pour ses oeuvres ! Il se dira le sauveur de Valyria, il l'affirme déjà ! Mais nous savons qu'il n'en est rien ! LES DIEUX L'ONT PROUVE ! »

Pourtant, cette fois, l’effet n’est pas identique à quelques moments plus tôt. Cette fois, la foule renâcle et résiste. Le peuple a beau être aux abois, il ne se laissera pas influencer par un prophète de rue. Un sourire invisible se peint dans l’esprit du Cellaeron. Cette fois, il a des alliés et c’est ainsi qu’il est à l’aise. Dans un conflit où il peut mener sa barque au gré des courants et des vents contraires. Pourtant, dans l’échauffourée qui suivît, Baelor comprit que la partie était loin d’être gagnée alors que les coups pleuvaient. Dans le chaos, il chuta à terre et se demanda si sa vie était ainsi condamnée, finir dépecer vif par une foule mécontente.

« Les dieux ont parlé ! »

De ce cri jaillit un silence assourdissant alors que tout le monde se figeait. Baelor en profita pour se relever, aidé par quelques mains secourables. Le spectacle qui emplissait le ciel était stupéfiant de grandeur. Un immense dragon, plus terrifiant et titanesque que toute autre créature habituellement aperçue, venait d’occulter la lumière de l’astre solaire. La silhouette gigantesque de l’un des anges gardiens de Valyria venait d’apparaître pour défier les présages les plus sombres.

« Un Ancien est apparu ! Nous sommes sauvés ! Loué soit Aegarax qui nous envoie ses premiers-nés ! Cellaeron est béni ! L'aide accordée est venue ! Sa parole a attiré l'attention des dieux ! »

Cette fois, le vent venait de définitivement tourner en faveur de Baelor qui constatait qu’on le traitait enfin avec une déférence respectable, quasi divine. Voici donc que les Dieux avaient en effet décider de lui venir en aide : il ne s’en plaignait pas. Pourtant, il remarqua en la présence, distante, de Daenerys Maerion l’absence des autres personnes dont il avait entendu parler plus tôt dans la journée. Il lui revint la vision du visage d’Elaena Tergaryon et d’un nom qu’elle appelait. Il les chercha du regard, il voyait que Daenerys Maerion les cherciat aussi du regard. Elle s’approcha et lui fit part de ses réflexions. Retrouver Elaena Tergaryon et Saerelys… Riahenor. Voilà qui devenait diablement intéressant. Baelor prit un temps de réflexion. Que les filles de ses deux rivaux disparaissent dans l’accident, voilà qui aurait le mérite de les ébranler suffisamment. Tout du moins le Tergaryon, Maegon semblait incapable d’aimer un autre individu que son épouse, mais peut-être sa fille y faisait-elle exception ?

Toutefois, Daenerys marquait un point. Sauver des vies aujourd’hui, c’était capitaliser sur la reconstruction et la situation de demain. Si l’on apprenait que Baelor avait abandonné les deux jeunes femmes, il pouvait dire adieu à sa carrière politique et probablement à sa vie. Se plaçant aux côtés de la jeune muse des Maerion, Baelor tonna de sa voix d’orateur entraîné.

« Mes amis ! Les Dieux nous ont fait un signe en nous envoyant cet Ancien, il va sans dire que c’est une journée importante pour nous tous. Mais regardez ce que nous montre le grand dragon, ce trou éhonté, cette blessure béante où gisent encore nombres d’innocents et d’anonymes. Ils peuvent être vos femmes, vos enfants, vos parents, votre famille ou vos amis ! Et les miens ! Montrons-nous à la hauteur de notre civilisation, mes amis. Organisons une chaîne pour les retrouver. »

Commençant à s’improviser sauveteur en chef, Baelor commença par répartir les badauds en groupe, prenant soin de séparer ses opposants de leurs meneurs pour les mélanger avec les groupes de ses soutiens nouveaux. Une fois qu’il eût orienté les groupes en deux grappes distinctes, il en confia un à Daenerys et ils descendirent avec une hâte prudente. La terre tremblait, des gravats roulaient vers l’abîme, mais ils se déployaient, supervisés par deux nobles possesseurs de dragons à l’instant perdus mais bien réels, quelque part. Des survivants furent remontés, accompagnés par un, deux ou trois citoyens selon leur situation. On trouvait parfois des cadavres broyés mais l’on ne s’y attardait pas plus. Chaque seconde comptait. En trouvant une drôle de corde attachée de manière toute aussi curieuse à un tas de gravats. Celle-ci oscillait bizarrement, comme mûe par une volonté propre. Baelor fit signe à quelques-uns de personnes de son groupe pour l’aider à tracter ladite corde. Bientôt, une petite tête blonde apparût, à l’air visiblement épuisé. Baelor lui tendit une main, s’approchant avec grande prudence du bord, redoutant de regarder plus bas. Derrière l’épaule de la jeune femme, il reconnût la jeune Tergaryon.

« Doucement, jeune enfant. Tu es parvenue à nous retrouver. Prends ma main, nous allons terminer de vous sortir de là. »


Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
Admin

Du Pain et du SangLes miséricordieux


Le chaos sur la place des esclavagistes est difficilement descriptible. Les invectives continuent, mais certains récitent des prières avec ferveur. Parfois, des bruits venus du fond des âges parviennent depuis le cratère béant. Beaucoup murmurent que les dieux ont décidé de sauver Valyria, ou de l’emporter avec eux. Et au milieu de ce cauchemar, Baelor Cellaeron et Daenerys Maerion font office de voix de la raison. Ils n’oublient pas le principal : il y a des valyriens, en-bas, qui attendent. Quelques fanatiques s’émeuvent de la beauté de la jeune noble, de sa voix douce. D’autres se laissent aller à leur ferveur renouvelée, mais désormais dirigée vers la personne du Seigneur-Soie, vu comme la voix d’Arrax. Les partisans du prédicateur s’excitent toujours. Ce dernier harangue encore une fois la foule de ses mots venimeux. Il ne parvient pas à augmenter ses troupes. Ses fidèles se tournent vers lui, attendant son ordre. Il ferme les yeux, et murmure :

« Que les dieux décident. »

Quelques fanatiques prennent cela comme un signal. Ils se jettent sur d’autres. La mêlée est courte, mais effroyable. Soudain, alors que Baelor et Daenerys sont menacés, des soldats arrivent, depuis Fossedragon. Enfin, des renforts, de l’ordre ! Ils mettent un terme à la lutte, et de nouveaux cadavres s’ajoutent au tribut, déjà très lourd, du jour. Quant au meneur, il n’est nulle part en vue, ayant profité de la confusion pour filer. Le prédicateur parti, ses troupes mortes ou entravées, aider les blessés est la première priorité. Beaucoup s’affairent à tirer ceux qui ont pu remonter, ou qui ont abandonné leur chemin de douleur en contrebas. Daenerys, qui a déjà aidé à baliser la chaîne des secours, prête charitablement sa main, s’occupe des ecchymoses les moins graves. Plusieurs la remercient, et quelques remords brillent dans les yeux de ceux qui ont failli perdre la tête, et attenter à sa vie. Quant à Baelor, il se penche pour se porter au secours d’Elaena Tergaryon, qui est parvenue à remonter, usant de la magie de sa comparse Saerelys Riahenor.

Les deux femmes, épuisées, ont sauvé leur vie. Quant à leur esprit … Saerelys est au bord de l’évanouissement, usée tant par l’usage de la magie que par toute l’énergie dépensée. Et la scène sous ses yeux manque l’achever. Elaena n’est guère en meilleur forme. Difficile de ne pas avoir la nausée face à ces macchabées qui jonchent le sol, et qui ont été tués par la folie humaine. Il est aisé de le comprendre : beaucoup portent les marques des coups qui les ont achevés. Quelle malédiction s’est emparée de Valyria ? Et puis, surtout, l’angoisse monte : où sont les leurs ? Maekar n’est pas réapparu. Quelques soldats murmurent que Dame Riahenor a été blessée, qu’elle est sans doute morte.

Et, dans l’attente, il faut tenter de se faire soigner, entre les mains rassurantes de Daenerys, et d’autres volontaires. Et comprendre pourquoi quelques va-nu-pieds semblent désormais encadrer Baelor et lui servir de haie d’honneur et de haillons, en criant :

« Place au héraut d’Aegarax ! »

Quand d’autres notent que les dames-dragons ont été d’une aide précieuse, et qu’elles sont les dignes héritières de leurs familles.

Et quand quelques-uns, enfin, ruminent sur leur échec, dans l’ombre … Leur vengeance viendra.
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