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Voix de l'Ombre
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Séance IIElection d'une Lumière de Sagesse

L’instant était solennel, et Drīvo Perzo s’était paré de ses plus beaux atours pour honorer le moment. De magnifiques tentures avaient été déployées sur les murs, rappelant l’histoire de Valyria, depuis sa fondation jusqu’à la construction de la République, sa plus noble création, le pinacle de la civilisation. Quatorze gardes parmi les plus âgés au service de la protection du Sénat, pour chacune des Quatorze divinités, avaient pris place sur les rebords des travées, installés face à des braseros ornementés de gravures à la gloire de leur propre dieu ou déesse, merveilles d’orfèvreries à la gloire de l’artisanat de la péninsule, et qui brûlaient d’un feu inextinguible, ou du moins voulu comme tel. Engoncés dans leurs armures protocolaires, ils étaient les seuls être armés présents dans ces lieux, rappelant la bénédiction d’Arrax sur le peuple choisi pour recueillir sa parole et obtenir de se lier avec les enfants d’Aegarrax. Les Sénateurs et Sénatrices eux-mêmes brillaient par leur élégance. Presque tous avaient revêtu leurs plus beaux atours, et les toges rivalisaient en étoffes soyeuses, tandis que bon nombre arboraient des signes plus ou moins discrets de leur richesse et de leur allégeance. Dans un brouhaha commun à toutes les séances sénatoriales, tous prirent place, et chacun put discrètement jauger les forces en présence. Mercantilistes, Religieux, Civilistes, Militaristes, Populistes se défièrent, se comptèrent et serrèrent les rangs. Entre eux, on échangeait encore des avis, des promesses, et les billets passèrent de main en main. Baelor Cellaeron, affichant sa légendaire bonhommie tranquille, prit le temps de saluer ostensiblement quelques figures connues de chaque faction, semant le trouble comme il l’appréciait, avant de rejoindre les rangs de sa faction, où il afficha de s’entretenir avec plusieurs grands noms, Echya Odenys, sa rivale de toujours, comprise, sans réussir à arracher à l’irascible orfèvre autre chose qu’un sourire glacé et une poignée de mains d’une virilité dont certains se seraient bien prévalus en d’autres occasions. Maegon Riahenor, lui, entra menton haut et regard noir qui balaya l’assemblée, drapé dans sa dignité de Dynaste. Il glissa quelques mots aux autres représentants des premières familles, comme il aimait les appeler – sans qu’on n’ose demander s’il faisait référence à l’antériorité ou à une autre signification plus provocante – puis se dirigea vers son propre siège, posant son majestueux séant et commençant à écrire de sa calligraphie impeccable plusieurs billets répandus dans l’assemblée, notamment en direction des bancs religieux et populistes, une grande première pour le Dynaste, même s’il ne s’était pas abaissé à aller les saluer personnellement. En revanche, il laissa plusieurs Sénateurs civilistes venir lui adresser leurs encouragements, et ses yeux violacés se posèrent, comme les serres d’un corbeau, sur ceux qui n’avaient pas fait le déplacement. Arraxios Maerion, enfin, était arrivé plus discrètement, s’arrêtant longuement devant chacun des Quatorze braseros divins, mine impénétrable de circonstances sur le visage, et ne chercha pas à effectuer d’ultimes démarches ou encore à proposer un affichage pour la galerie. Il rejoignit sa place en silence, et s’assit sagement. En revanche, son regard mobile se posa sur de nombreux représentants, et un sourire d’une rare intensité brûla ses lèvres, ainsi que le dos et le visage de ceux auquel il était destiné. Ils savaient tous ce que risquaient leurs familles, en ce moment même et plus tard, s’ils provoquaient l’ire du patriarche des Maerion.

Les gardes frappèrent le sol de leurs lances, appelant au silence, et les retardataires regagnèrent en toute hâte leurs places respectives. Les conversations s’arrêtèrent, et tous les yeux se tournèrent vers la tribune, que gravissait avec peine Jaeron Dalitheos, le doyen de l’assemblée. Beaucoup se dirent qu’ils se seraient passés de son intervention, mais la tradition avait tous les droits, et puisque le Grand Effondrement lui-même n’était pas parvenu à les délivrer de ses logorrhées désordonnées, il faudrait encore les subir avant d’entrer dans le vif du sujet. En effet, la coutume dictait que ce soit le doyen, et non le polémarque du Sénat, qui ouvre les échanges pour l’élection des Lumières, ce qui n’était pas sans occasionner quelques déboires. Le vieil homme s’installa péniblement, calé aussi discrètement que possible sur un tabouret rembourré d’un coussin pour éviter de tomber, deux serviteurs restant à proximité au cas où. Quelques toussotements plus tard, il prit la parole, sa voix chuintante résonnant sous l’impressionnante coupole de verre jaune qui le surplombait :

« Mes chers Sénateurs, mes chères Sénatrices, je suis si heureux de retrouver vos visages juvéniles sous cette noble coupole. Aujourd’hui, pour la troisième fois, j’ai l’honneur d’ouvrir les débats pour l’élection d’une nouvelle Lumière de Sagesse, en tant que doyen de cette noble assemblée.

Cette Lumière, mes amis, doit rejaillir sur nous, puis sur la République, éclairer nos âmes, que dis-je, éclairer nos cœurs, car elle nous réchauffe se sa brillance et de sa gloire. Elle doit être le pinacle de notre civilisation, la représenter dans toute sa grandiose beauté … »


S’ensuivit une longue disgression de cinq minutes sur la Lumière, sans que personne n’ose demander, à la fin, si l’honorable Jaeron Dalitheos parlait toujours de la Lumière de Sagesse à élire ou d’une lampe de chevet. Le toussotement discret de Taecegor Noheneos, l’impavide polémarque, coupa le vieillard dans sa tirade, et ce dernier reprit le fil de son discours :

« Cette Lumière, donc, devra nous guider durant les années à venir. Elle décidera de l’avenir de Valyria, avec ses autres membres de Sylvio Ōño. Choisissez en conscience, mes enfants, pour le destin de tous les enfants d’Arrax. »

Le dévoué Taecegor Noheneos s’avança pour déposer un parchemin soigneusement déplié devant le tribun, qui farfouilla dans les plis de sa toge pour en sortir un gros palet de verre lui servant de loupe grossissante et s’éclaircit à nouveau la gorge pour grincer :

« Devant nous se présentent donc les candidats qui ont fait part de leur intention, selon la coutume, au bureau d’enregistrement des candidatures de Drīvo Perzo et devant les dieux. Ils se révèlent à votre jugement, fort de leurs idées et de leur dévotion.

J’appelle, pour qu’il se fasse connaître à nous tous, Baelor Cellaeron.

J’appelle, pour qu’il se fasse connaître à nous tous, Arraxios Maerion.

J’appelle, pour qu’il se fasse connaître à nous tous, Maegon Riahenor. »


Tour à tour, lorsque leurs noms furent prononcés, les trois hommes se levèrent, saluèrent l’assistance – avec plus ou moins d’empressement selon les caractères – avant de se rasseoir. Jaeron Dalitheos reprit :

« A présent, c’est entre ces trois noms que nos voix vont se porter. Chacun, dans cet ordre conforme à la coutume, sera libre de prononcer un discours expliquant ses motivations et ses idées pour Valyria.

Un débat où chacun sera libre d’exprimer sa préférence se déroulera ensuite. Puis nous procéderons au vote.

Ce soir, une nouvelle Lumière sera élue pour guider Valyria. »


Taecegor Noheneos essuya une goutte de sueur imperceptible sur son front, reconnaissant au secrétaire ayant eu l’idée d’écrire l’intégralité de la suite du discours pour éviter un impair. Et alors que l’honorable Jaeron Dalitheos ouvrait la bouche pour parler – ce qui prenait tout de même plusieurs secondes … - le polémarque toucha son bras pour le raccompagner à son siège. Dans la salle, les trois impétrants se jaugèrent, pendant qu'une nuée de serviteurs envahissait les loges des Sénateurs et Sénatrices pour distribuer trois pamphlets récapitulant les programmes des concurrents. Première surprise : les militaristes, malgré les rumeurs persistantes jusqu’à la dernière seconde, n’avaient pas présenté de candidat. A qui irait donc la préférence de ce groupe soudé et arc-bouté sur la défense de son pré carré ? Pour le reste, les questions les plus vives allaient être tranchées : Baelor Cellaeron avait-il réussi à rassembler les courants de sa propre faction et à élargir sa base ? Arraxios Maerion, concurrencé par les déclarations agressives du Cellaeron sur son propre terrain, saurait-il défendre son siège comme l’animal politique qu’il était en conservant ses anciennes alliances ou en nouant de nouvelles ? Maegon Riahenor, solitaire flamboyant et irascible superbe, avait-il eu raison de ne pas faire de compromis, privilégiant la défense de ses idéaux aux alliances ordinaires ?

Le Sénat en déciderait.



Déroulement des élections

Toutes les informations entourant le déroulement de la Séance II sont regroupées dans ce topic.

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Baelor Cellaeron
Baelor Cellaeron
Le Seigneur-Soie

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t421-le-maitre-du-pinnacl
Séance II Élection d’une Lumière de Sagesse

Drīvo Perzo, la coupole du Sénat de Valyria - An 1066, mois 12

Enfin.

On y était.

Baelor réprima un soupire satisfait lorsqu’il se leva à l’annonce de son nom. Le Sénat était plein à craquer et tout dans l’air respirait la solennité de l’instant. Même l’interminable introduction effectuée par Jaeron Dalitheos semblait faire partie du décorum imaginé par les pères de la République telle qu’elle avait été inventée plus de huit siècles auparavant. Aujourd’hui, toutes celles et tous ceux qui assistaient à cette journée décisive pour l’avenir de Valyria se plaçaient dans la droite ligne des Dragons Verts qui avaient jadis instauré le Sénat et le Conseil des Cinq tout en pérennisant l’héritage de la noblesse de sang initié par les Dynasties.

Entouré de son épouse Myssaria, plus princière que jamais, et des membres de la famille Cellaeron accourus de tout Essos pour assister à cet instant, Baelor trônait presque plus qu’il ne siégeait dans sa loge sénatoriale. Chacun savait qu’il n’était pas le chef de file de la faction et que ce rôle avait été transmis à Elaena Tergaryon. Il ne s’en inquiétait pas car ses yeux avaient depuis toujours été déposés sur le coup d’après. A toiser Arraxios Maerion avec défi, Baelor savait qu’il avait eu raison. Il n’y avait pas de meilleur moment pour se déclarer candidat et toutes les énergies qu’il avait mobilisé depuis plus d’un an allaient devoir converger vers ce point précis, en cet instant précis. A la fin de la journée, il aurait réussi ou il aurait échoué, et l’Histoire ne retiendrait que cela. Il n’était pas rare de voir des candidats revenir à la charge en cas d’échec mais Baelor n’était pas de ce bois. Si Valyria et le Sénat ne souhaitaient pas le voir présider à leur destinée pour défendre leurs intérêts et la vision qu’il avait du futur, alors il n’y avait pas lieu d’insister. Il n’était pas homme à supplier ; il était un marchand, et il disposait à ce titre de nombreux plans alternatifs en cas de besoin. Quel besoin avait-il d’exercer le pouvoir au sommet de la tour du Conseil alors qu’il pouvait exercer une influence immense dans les colonies et à l’étranger si l’envie lui en prenait ? Il s’imposa de rester calme, car il sentait son esprit s’emballer alors que l’inquiétude montait. Que lui prenait-il ? N’avait-il pas moult fois débattu, parfois avec verve, face au Sénat ? Il connaissait la plupart des 140 Sénateurs par leur prénom et les avait pratiquement tous rencontré de manière individuelle au moins une fois. Il n’était pas un inconnu, en ces lieux. Il était sans doute même le plus apte à briller devant cette assemblée. Il ne devait pas se laisser impressionner par l’enjeu.

Sur une invitation muette du polémarque, Baelor se retourna pour embrasser son épouse et rejoindre la tribune en trimbalant sa masse conséquente jusqu’à faire face à tous les représentants valyriens, au centre du Sénat. Là, il resta un moment silencieux, embrassant l’entièreté de la pièce de son œil vif, pivotant sur lui-même pour voir tout le monde. Il s’arrêta dos à la faction mercantiliste, dont il savait pouvoir compter sur le soutien. Il voulait s’adresser aux autres, ceux qui n’étaient guère convaincu à l’idée de voir un mercantiliste du Nord au sang-mêlé présider à la destinée de Valyria la Sainte. Il laissa le brouhaha s’éteindre de lui-même alors qu’il toisait l’assemblée, attendant pour prendre la parole que plus personne ne parlât. Lorsqu’enfin le silence fût total, il débuta :

« Nous autres, Valyriennes et Valyriens, avons coutume de louer les Quatorze pour notre bonne fortune à partager nos vies avec les dragons qui nous ont offert le ciel. Nous révérons les Dynasties premières qui ont ouvert la voie de notre grandeur. Nous respectons le Collège des Mages et ses adeptes qui tracent la route du progrès pour notre glorieuse civilisation. Nous soutenons nos habiles marchands, que je connais bien, qui nous enrichissent et nous rapportent des marchandises toujours plus exotiques. Et depuis bientôt un an, nous saluons la discipline et la qualité de nos armées qui nous ont sauvé de la ruine.

Enlevez un seul de ces éléments, un seul rayon à cette roue, et Valyria n’est plus ce qu’elle est sensée être.
»

Il marqua une pause, sondant son auditoire, regardant certaines personnes droit dans les yeux. Il força sur sa voix, l’obligeant à résonner.

« Et qu’est-ce que Valyria est sensée être, me demanderez-vous ? Eh bien tout d’abord, si vous posez cette question, vous n’avez peut-être pas tout à fait votre place en ces lieux. Admettons, toutefois, que vous posiez la question car c’est pour vous répondre, et pour vous convaincre de ma vision, que je me tiens devant vous aujourd’hui, honorables membres du Sénat de Valyria. »

Déposant les poings sur ses hanches, cambrant son dos en arrière comme s’il interpelait l’auditoire, il continua.

« Valyria est un peuple, bien avant d’être un lieu. C’est une histoire, bien avant d’être une religion. C’est une vision avant d’être une réaction. Aujourd’hui, je défends devant vous la vision d’une Valyria qui assume la place nouvelle qu’elle occupe en Essos et qui revendique la part principale dans l’Histoire. Trop longtemps, nous nous sommes cantonnés à notre berceau. Valyria est jeune et les pays, comme les hommes, vivent et meurent. Aujourd’hui, notre culture est à un tournant. Nous pouvons embrasser la grandeur pour laquelle les Dieux nous ont conçu et apporter la civilisation valyrienne aux quatre coins du monde. Notre population grandit, notre pays se développe et nous avons remporté notre première grande victoire contre un ennemi mortel qui cherche à nous anéantir depuis plus de mille ans. Oh oui, ne faites pas d’erreur. Ghis et son empire existaient déjà avant qu’Arrax ne se révèle à nos ancêtres, et sa persistance jusqu’à aujourd’hui témoigne d’un rival et d’un ennemi plus ancien que l’Histoire telle que nous l’envisageons. Mais le Vieil Empire porte bien son nom, car il a fait son temps.

Aujourd’hui, c’est à nous de ravir la place de puissance prééminente en Essos. Partout au Nord et à l’Ouest s’étalent de vastes territoires non revendiqués, peu peuplés ou même déserts qui regorgent de ressources et d’opportunités. Si vous ne me croyez pas, enfourchez votre dragon et volez aussi loin que l’horizon vous portera vers l’Ouest et le Nord. Même vers le Sud, n’avons-nous pas de courageux aventuriers qui ont ainsi exploré ces mystérieuses terres de Sothoryos ? Recouvrons le monde de temples à la gloire d’Arrax, faisons flotter partout la bannière de Valyria, et présentons à tous une alternative à ces régimes despotiques primitifs qui fleurissent partout. Je gage que nous avons tous intérêt à ce que Valyria soit plus forte que jamais. Des colonies nombreuses et diversifiées nous permettront de décupler notre richesse et nous donneront accès à autant de ressources précieuses pour le développement de notre pays, de nos armées et de notre économie. Notre futur n’est plus dans notre berceau car nous avons grandi. Nous sommes sortis de cette guerre contre Ghis en géants. Notre civilisation et notre peuple sont prêts, alors n’attendons pas. Nous sommes les dirigeants de Valyria : n’abandons pas notre peuple après qu’il a consenti à tant de sacrifices pour défaire la Harpie et nous assurer une place au soleil.
»

Reprenant son souffle, Baelor s’épongea rapidement le front d’un revers de la main et reprit, se tournant cette fois vers les mercantilistes.

« Nous devons encore nous donner les moyens de nos ambitions. Pour cela, nous devons compter sur nos négociants et les aider à nous enrichir tous. Cette prospérité qu’ils apporteront à notre pays, nous pourrons ainsi nous doter de l’outil le plus précieux de n’importe quel pays, quel que soit son régime politique : une armée digne de Valyria. J’entends certains dire que nos soldats ont vaillamment repoussé l’ennemi et qu’il n’y a donc nul besoin de revoir le budget militaire, voire qu’il faudrait le réduire. Je réfute catégoriquement ces assertions car c’est faire preuve d’un manque significatif de vision. Je défends cette idée depuis des mois, et nos derniers rapports avec certains souverains d’Essos confirment ce que je vous propose. Plus jamais une armée hostile ne doit franchir nos frontières et souiller notre sol. Valyria doit se doter de nouvelles armées et profondément réformer sa marine pour détenir un arsenal conséquent et qu’elle puisse utiliser en cas de besoin. Je propose que nous portions à dix nos armées permanentes, et que nous faisions entrer dans notre doctrine militaire que l’île aux Cèdres fait partie intégrante, et dans son entièreté, du territoire valyrien. Assez de mégottages et de discussions d’épiciers ! Valyria dicte désormais les termes, et nous doter de forces armées à la hauteur de nos aspirations est un prérequis au respect de nos volontés sur ce continent. »

Enfin, Baelor se tourna vers les religieux et Arraxios Maerion.

« Je me garderais bien de pouvoir prétendre connaître ou comprendre les desseins des Dieux. Toutefois, Aegarrax et Caraxès m’ont, selon leurs prêtres, envoyés des signes de leur bonne fortune. Je laisse cette interprétation aux spécialistes, car ce que je sais, c’est que le sol s’est ouvert sous nos pieds quand j’ai proclamé ma candidature. Qu’il s’agisse ou non d’un complot, je note surtout que nous avons tous découvert à cette occasion combien le sous-sol de notre grande cité est dangereux et habité de créatures indésirables. Sans l’intervention de certains héros, dont beaucoup sont présents parmi nous, le bilan aurait pu être désastreux. Et que faisons-nous à ce propos ? Rien du tout ? On reconstruit, on consolide et oublions rapidement ! Jamais ! Tant que je respirerais, je n’aurais de cesse de traquer les responsables d’un tel sacrilège pour les livrer à la justice du Sénat. Et pour assurer la sécurité de notre cité et de son peuple, nous devons nous retrousser les manches et reprendre le contrôle de nos souterrains. A ce titre, je gage que l’armée sera la plus à même de conduire ces opérations en créant un ordre de gardes dédiés à l’exploration et la sécurisation de ces lieux. L’Ordre de Vermithor fera notre fierté et nous apportera peut-être des réponses sur notre passé. Qui sait quelles découvertes feront ces héros de demain ? »

Se retournant et embrassant de nouveau l’entièreté de l’assemblée, Baelor pivotait légèrement sur lui-même pour s’adresser à tout le monde en même temps. De ses doigts boudinés, il énuméra ses points principaux.

« Peupler ce monde destiné à être nôtre, renforcer notre armée et soutenir nos marchands. Voilà les piliers sur lesquels Valyria doit s’appuyer pour continuer à grandir comme peuple et comme république. Notre génération de dirigeants à l’occasion d’imprimer une marque qui infléchira à jamais la trajectoire de Valyria vers la grandeur et qui marquera le monde pour les millénaires à venir. Soyons au rendez-vous de l’Histoire, montrons-nous dignes de la confiance du peuple. Je vous ai confié ma vision et comment je souhaite la mettre en œuvre, je me remets dorénavant à votre jugement pour savoir si vous m’accorderez votre confiance à ce sujet. Je vous remercie pour votre attention.   »





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Séance II Élection d’une Lumière de Sagesse

Drīvo Perzo, la coupole du Sénat de Valyria - An 1066, mois 12

Arraxios Maerion est la Lumière de Sagesse sortante, qui peut se targuer d'un bilan peu commun, à savoir la victoire sur l'Empire de Ghis. En quête d'une réélection, il sait qu'il devra défendre ses chances âprement, puisque l'alliance avec les miliaristes et les mercantilistes qui l'avait conduit au pouvoir la première fois n'a pas été reconduite.

Il peut cependant compter sur sa réelle popularité au sein de sa faction, la faction religieuse, sur ses liens avec la guilde des contremaîtres ainsi que sur les nombreux "obligés" de la famille Maerion, qui n'ont guère intérêt à le trahir.

Homme de tradition, il n'est pas fermé au changement, pourvu que celui soit organisé et qu'il serve ses intérêts. Animé d'une foi sincère, une partie du clergé le soutient discrètement.



Beau joueur, Arraxios Maerion applaudit quand Baelor Cellaeron acheva son discours, interrompant sa prise de notes pour quelques instants. Studieux et appliqué, le patriarche redouté et redoutable était apparu concentré durant le discours d’introduction puis face à l’allocution de son premier rival. Il jouait gros, et avait conscience que ses deux adversaires avaient, chacun à leur manière, une personnalité forte et des convictions qu’ils défendraient ardemment. Mais le roué animal politique et organisateur d’une partie de la pègre valyrienne avait plus d’un tour dans son sac. Personne n’accédait aux responsabilités qui étaient encore, pour quelques minutes peut-être, les siennes. Il était Lumière de Sagesse. Il avait remporté une guerre. Qui pouvait se targuer d’un tel bilan ? Il avait sauvé Valyria, et il avait porté son nom au firmament. Il défendrait sa place avec fougue. Avec une lenteur savamment calculée, il se leva pour se porter à son tour devant l’estrade, balaya l’assemblée de son regard d’aigle – ou de vautour, c’était selon – en s’attardant sur certaines figures connues et reconnues, inspira profondément, s’éclaircit la gorge et sa voix de stentor résonna sous la magnifique coupole de Drivo :

« Valyria est l’œuvre bénie des dieux. Cette phrase, j’aime la répéter car elle éclaire les pensées et nous montre le chemin. Alors, avant de m’exprimer, je voulais placer mon discours sous le saint patronage de cette certitude qui m’anime en ce moment où je vais défendre ma candidature pour demeurer Lumière de Sagesse, qui m’a animé depuis cette première fois où, avec humilité et conviction, je me suis présenté devant vous, Sénateurs et Sénatrices, élus du peuple et dignes représentants de la gloire de notre péninsule, et qui m’animera toute mon existence, pour m’assurer sans relâche que l’homme continue à perfectionner cette œuvre sublime, sans renier le génie de ses fondations.

Valyria est l’œuvre bénie des dieux, perfectionnée par la sagesse de générations de valyriens qui ont su magnifier ses racines pour bâtir à partir de la graine des lois divines une société brillante et dont les branches s’épanouissent en offrant chaque jour de nouveaux fruits vigoureux pour peupler notre terre sacrée et la revivifier par leurs inventions et par les progrès qu’ils permettent d’accomplir, sous le patronage des Quatorze. Je me propose d’être, à vos côtés, un modeste maître-jardinier, qui permettra de trouver l’engrais nécessaire pour qu’une sève nouvelle brille dans nos branches abîmées, et qui, par des soins minutieux, par la rigueur de traitements ordonnés, vérifiés, enrichis de tous nos savoirs, offrira une croissance comme nous n’en avons encore jamais vu. »


Satisfait de son introduction métaphorique et chargée de symboles mystiques, Arraxios Maerion s’interrompit pour ménager ses effets et laisser à chacun le soin d’interpréter ses propos, de les comparer à son programme, d’en discerner les grands axes. L’emphase céda la place à une voix plus profonde, plus pragmatique aussi, peut-être plus proche de la véritable tonalité du patriarche dans la vie réelle, et qui lui permettait de porter avec une sincérité évidente le fer de lance de ce qu’il exploserait, à savoir la méthode. L’homme avait toujours aimé les choses bien faites, les lignes droites, et, fait ironique pour un être aussi versé dans la face sombre de Valyria, aimait à parader en parangon de justice et de légalisme. En même temps, qui de mieux placé pour créer de belles lois solides que celui qui s’amusait à les contourner avec virtuosité depuis tant d’années ? C’est que, pour étrange que cela puisse paraître, il croyait sincèrement à l’ordre face au chaos. Et son rôle consistait à équilibrer les deux, pour que la majorité vive en paix, et que les rebuts trouvent tout de même une place. Cela lui semblait évident. Et de cette évidence, il avait fait sa force : tous avaient leur place, à Valyria. Elle était déterminée par les lois anciennes, et à force d’intelligence, les meilleurs avançaient et les idiots régressaient. Quel plus parfait équilibre, que cette méritocratie tempérée par une oligarchie ayant fait ses preuves, et ointe de la bénédiction divine ? On avait tort de critiquer les vieux préceptes, comme on avait tort de s’y draper au point d’être entravé. Le temps était à la souplesse, comme le temps était à la consolidation.

« Tous ceux qui me connaissent le confirmeront sans mal : je suis un homme qui tient ses promesses. Si je n’ai pas que des qualités, l’on me reconnaîtra celle-ci sans mal je pense. »

Quelques sourires – parfois particulièrement crispés – apparurent dans la salle.

« Quand j’ai été élu Lumière de Sagesse, j’ai promis que je défendrai Valyria. Après la Trahison de Bhorrash, ici-même, devant cette assemblée, j’ai promis que Valyria vaincrait. J’ai promis que Valyria mettrait toute sa force, tout son génie, tout son sang vigoureux dans cette guerre que nous n’avions pas voulu, mais qui montrerait la grandeur de notre peuple. J’ai promis, et j’ai tenu parole. Valyria a souffert, Valyria a connu le sang, la peur et les larmes, mais Valyria a tenu, et Valyria a vaincu. Avec l’ensemble du Conseil, j’ai travaillé sans relâche pour tenir ma promesse.

Aujourd’hui, je renouvelle mon serment : je défendrai Valyria. Contre tout ce qui pourrait la menacer à l’extérieur, par la fermeté comme par l’intelligence, car la force n’est rien sans l’esprit pour la gouverner, et les armes ne sont que les sœurs des pièces d’or qui les financent et qui permettent de réunir parfois de grands rivaux autour d’une même table. Et, au sein de cette assemblée, nous pouvons tous témoigner des merveilles que l’interdépendance économique et la bonne intelligence peut faire pour mettre de côté les offenses du passé. Sinon, nous aurions des difficultés, compte tenu de notre longue et parfois turbulente histoire, à avancer de concert. Pourtant, nous y parvenons, car notre intérêt est de faire perdurer la paix. C’est que la paix sera toujours plus économe que la guerre, en vie humaine, et en labeur investi.

Je promets de tout mettre en œuvre pour qu’une telle horreur n’arrive plus. Mais, parce qu’il existe toujours des êtres bornés et obtus, hélas – là encore, nous en savons tous quelque chose, hélas – je promets que chaque errement sera écrasé avec la plus vive célérité. Je n’assisterai pas à une nouvelle Trahison. L’intelligence n’est ni la paranoïa, ni la confiance aveugle. »


L’orateur s’interrompit à nouveau, laissant ses mots infuser, puis il reprit.

« C’est cette intelligence collective si typique de Valyria que je désire porter aux sommets. La guerre nous a éprouvé, mais la guerre nous a affûté. Elle a révélé les formidables qualités de tant de grands hommes, de grandes femmes, dont certains ont obtenu en juste rétribution une place parmi nous. Et pourtant, d’autres, qui contribuent chaque jour à la garde de nos traditions et nous accordent la protection des dieux et la certitude de prouesses que nos imaginations, souvent, peineraient à dessiner seulement, ne sont pas parmi nous. Cela ne me sied guère.

Bien sûr, j’ai conscience du bouleversement que de tels changements provoqueraient. Et c’est pour m’assurer qu’ils se déroulent convenablement qu’un travail méthodique et implacable doit être effectué afin de consolider nos acquis, notre tradition, pour faire de Valyria une terre de justice, où chacun, où qu’il se trouve, peu importe son nom ou son statut, soit soumis à des lois uniformes, et non-soumises à la doxa d’un jour ou à la vindicte de tel ou tel ambitieux. »


Il entrait à présent dans le cœur de sa présentation, et sa voix se fit plus ample, plus grave, plus passionnée aussi. Sa main se leva, son poing porté aux nues se serra, et Arraxios Maerion reprit :

« Valyria est l’œuvre bénie des dieux, et c’est aux hommes de la rendre conforme à Leurs volontés. Or, par facilité, parfois par calcul, nous avons laissé s’installer des privautés qui se sont transformés en privilèges sur certaines portions de notre territoire. Est-il normal que, suivant notre lieu de naissance, nous ne soyons pas redevables des mêmes lois ? Je ne le crois pas. Les dieux ont une loi, et il doit en être de même de leur création la plus parfaite. La guerre a tenu cette nécessité à l’écart, car nécessité fait loi. Mais maintenant qu’elle est écarté, c’est l’ordre qui doit faire loi, et ce n’est que la loi qui peut faire l’ordre.

C’est pourquoi il est indispensable d’enfin codifier l’ensemble de nos lois, de nos procédures, de nos décrets, de nos coutumes, dans un corpus unifié, qui s’étendra à tout notre territoire. Cela, bien sûr, concernera la génération qui vient. Mais gouverner, c’est penser pour l’avenir, en organisant le présent sans trahir les idéaux qui ont construit le passé.

Et ce n’est précisément qu’après cette période de consolidation que nous pourrons envisager de porter nos yeux en dehors de Valyria. C’est en réglant les grandes disputes qui nous préoccupent, qui nous ont préoccupé, que nous serons prêts à créer des villes-sœurs par-delà nos frontières. Comment faire régner l’ordre à des lieues à la ronde, si nous n’arrivons pas à le faire sur notre territoire actuel ? J’ai conscience du caractère séduisant d’une entreprise irréfléchie, mais porteuse d’espoirs. Ma préférence, cependant, ira toujours à des projets solides, qui tirent leur force de nos traditions les plus solidement établies pour s’adapter à un présent changeant, et afin d’être préparés pour un avenir par définition incertain. Ainsi, il n’y aura pas de potentats lointains se réclamant vaguement de nos coutumes pour mieux les pervertir et dilapider l’argent des honnêtes valyriens sans contribuer à la gloire de nos dieux, de Valyria. Il y aura des valyriens, partout, ou qu’ils soient, et leurs droits et devoirs seront clairement définis.

Pareillement, les droits et devoirs de ceux qui ne le sont pas et sont réduits à la servitude devront également être codifiés par des lois fermes, afin qu’il n’y ait ni abus, ni dérives, ni profusion de particularismes prompts à la confusion et, à terme, à la sédition. Chaque esclave doit savoir à quoi il s’en tenir. Chaque maître doit savoir ce qui lui est interdit, pour éviter des situations improbables où d’honnêtes valyriens, là encore, seraient menacés dans leurs droits par quelque pouvoir pris d’envies étranges et suspectes à l’endroit de ceux qui ont porté ou auraient portés s’ils l’avaient pu le fer au cœur-même de notre glorieuse République.

Et parce que je crois que Valyria est l’œuvre bénie des dieux, et les valyriens Leur peuple élu, ceux qui, par leurs actes immondes, souillent notre grandeur, ne sont pas dignes de jouir de ce titre sacré. Qu’ils soient déchus. Qu’ils soient amenés plus bas que terre, au même rang que ceux qui ne pourront jamais prétendre à être de notre sang. »


Les Sénateurs appartenant à la guilde des contremaîtres et ceux proches de cette dernière applaudirent avec ferveur, et plusieurs acclamations sonores se firent entendre dans leurs rangs.

« Une Valyria d’ordre, de justice, où chacun trouvera sa place suivant le plan divin, voilà ce que je vous promets. Une Valyria de traditions, et une Valyria tournée vers l’avenir, sans oublier son passé. Une Valyria qui n’a pas peur de proclamer qui elle est : la nation bénie des dieux. Cessons de tolérer l’impudence de ceux qui, sournoisement, foulent aux pieds nos préceptes et s’en moquent. Nous avons une place spéciale dans l’ordre du monde, et il est temps de la tenir, et de ne plus ignorer d’où nous la tenons.

Soyons fiers de nos coutumes ancestrales, et de nos croyances millénaires ! Défendons-les avec vigueur, avec ferveur, avec grandeur ! Je n’aurai jamais honte de proclamer ma foi, et il est grand temps que chacun puisse faire de même. Il est grand temps de raviver la flamme de la fierté valyrienne, dans nos institutions les plus exceptionnelles.

La République doit être la cité des hommes, et les hommes doivent être les temples des dieux, car chaque âme croyante est un temple aux Quatorze. Proclamons la grandeur de notre foi, hissons haut ses couleurs, et propageons-là partout, car même les impurs doivent connaître la vérité que nous chérissons. Arrêtons de donner asile à des agents étrangers qui, sous couvert de leurs croyances si éloignées des nôtres, ne cherchent qu’à nous diviser. »


Une ultime pause, et le vibrant discours reprit :

« Sénateurs, Sénatrices, je veux rêver avec vous d’une Valyria conquérante par sa prospérité, par sa tradition bénie, par ses lois et sa justice, bref, par sa civilisation intemporelle et magnifique. Et je veux vous partager cette certitude : pour avancer, nous avons besoin de grandir. Et pour grandir, nous devons réparer ce qui a été abîmé, harmoniser ce qui a divergé, et bâtir ce qui est en friches.

Alors, nous pourrons être certains que nous serons prêts pour de grandes transformations. Pour celles qui auront lieu ici-même, sous cette sublime coupole, en accueillant nos sœurs et frères qui œuvrent au service des dieux ou recherchent sans cesse les moyens de nous améliorer. Pour celles qui nous permettront, demain, de dire à nos fils et nos filles qu’ils auront les mêmes droits que leurs cousins établis ailleurs à Valyria. Pour celles qui offriront à tous les valyriens la possibilité de s’extraire d’une condition éreintante afin de devenir des ordonnateurs, des penseurs, des bâtisseurs en châtiant ceux qui ont tenté vilement de les abattre.

Sénateurs, Sénatrices, Valyria est l’œuvre bénie des dieux. Et il ne tient qu’à vous, aujourd’hui, dans votre sagesse et en conscience, de polir cet ouvrage, d’en évider les scories pour y ajouter ensuite les ajouts qui rehausseront sa beauté, sans la déséquilibrer, et qui la feront briller toujours plus haut.

C’est cela que je vous promets.

Sous l’œil des Quatorze, je m’en remets à vous. Merci de votre attention. »




Voix de l'Ombre
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Séance II Élection d’une Lumière de Sagesse

Drīvo Perzo, la coupole du Sénat de Valyria - An 1066, mois 12

Dynaste de la famille Riahenor, l'une des trois familles de Fondateurs issus des premiers valyriens ayant reçu la capacité de se lier avec des dragons des dieux en personne, Maegon Riahenor est une figure connue de la politique valyrienne. Capitaine-général lors de la guerre contre le Vieil Empire, il a mené les armées de Valyria à la victoire avec Lucerys Arlaeron.

Civiliste convaincu, il tente depuis des années d'étendre son influence au sein d'une faction qui accueille nombre de représentants issus des familles des villes du Nord de Valyria et éloignées des valeurs défendues par cet amoureux des traditions valyriennes.

Après un discours remarqué durant la reprise des débats sénatoriaux, il a décidé de se lancer dans la course pour devenir Lumière, persuadé que les autres candidats se fourvoient en privilégiant des projets qui oublient le cœur de Valyria : ses villes et ses habitants.

Ceci a soudé une partie non-négligeable des civilistes derrière lui, et bien qu'il ait dédaigné les tractations ordinaires lors des élections valyriennes, plusieurs populistes ont manifesté discrètement leur soutien à sa candidature - fait que la plupart des observateurs de la politique valyrienne n'auraient pas prédit il y a quelques années encore ...


Un sourire glacé sur le visage, Maegon Riahenor se contenta d’une légère frappe de deux doigts contre la paume de son autre main pour ponctuer le discours de Baelor Cellaeron, et répéta ostensiblement le même geste après celui d’Arraxios Maerion. Quelques reniflements dédaigneux de sa part avaient pourtant ponctué les interventions de ses deux adversaires. Fidèle à lui-même, il n’avait pris aucune note, affectant la moue mi-ennuyée, mi-sarcastique propre à ceux de son rang. L’homme exécrait ces passages obligés, à devoir subir des logorrhées emplies de bons sentiments et destinées à flatter ceux que ces adversaires avaient déjà achetés. Jamais il ne s’abaisserait à de telles manœuvres – ou du moins, il n’irait pas aussi bas. Et il n’avait aucun besoin de tenir compte de ce qu’ils disaient, tout simplement parce qu’il connaissait déjà leurs programmes, et parce qu’il avait ses idées brandies tel un porte-étendard de légion pour le guider. Il n’avait même pas écrit de discours auparavant, n’avait rien répété, confi dans sa certitude qu’il saurait, le moment venu, faire parler son âme, et à travers elle, celle de sa glorieuse lignée, et donc de Valyria toute entière. Maerion pouvait bien l’invoquer à tort et à travers, il n’incarnerait jamais aussi bien la grandeur de la péninsule qu’un Dynaste. Cellaeron pouvait bien parler de sa vision, elle ne serait jamais que celle étriquée d’un petit marchand du Nord au sang dilué prêt à tout pour arracher une miette de gloire afin de parer son nom indigne d’une once de la splendeur associée à celui, millénaire et sublime, des Riahenor. Maegon n’avait pas besoin de se draper dans une fausse dignité : pour le meilleur et le pire, il incarnait l’histoire de Valyria, ses fondations et sa majesté, ses valeurs et ses dieux. Drapé dans sa longue toge immaculée, auréolé de sa chevelure toute aussi pure, l’homme se leva à son tour, sans jeter un regard à la salle, les yeux fixés sur le promontoire, sur son destin, sur l’avenir de Valyria. Grand et parfaitement sculpté, il savait qu’il inspirait une autre idée de la perfection valyrienne que ses deux concurrents, qui respiraient où la mollesse ou la le rustre. Ce ne fut qu’une fois installé que le Dynaste balaya la salle de ses pupilles perçantes. La noblesse de son port attirait les regards. Parfaitement droit, respirant la dignité et – il fallait admettre – une certaine idée de la beauté, Maegon Riahenor réprima un sourire satisfait de se voir enfin, même pour quelques instants, à sa juste place, au centre de l’attention, bien qu’il fut impossible de discerner ce satisfecit personnel sur son visage de marbre, tant sa mine était altière et rappelait celle d’un aigle majestueux. Puis, sans jamais baisser les yeux, il commença son allocution de sa voix profonde :

« Estimés Sénateurs et Sénatrices de notre Valyria bien-aimée, aujourd’hui, moi, Maegon Riahenor, je me présente à vous sans artifices ni arrière-pensées. Cette campagne, je l’ai mené à ma façon, c’est-à-dire sans battre le pavé comme une aimable habitante de la Place des Plaisirs à vendre mon âme pour quelques voix et à changer d’avis comme de caligas.

Certains, qui hier encore rampaient devant la Harpie dans des conditions douteuses vous expliquent désormais que le Vieil Empire est leur plus vieil ennemi, et se déchaînent en déclarations belliqueuses quand ils compissaient leurs vêtements lorsque je dirigeai nos troupes avec l’honorable Lucerys Arlaeron face à l’ennemi, s’engraissant au passage sur le dos et le sang des honnêtes citoyens qui périssaient sous les lames ghiscaries en réalisant des profits exorbitants.

D’autres oublient que c’est l’expertise du terrain et l’arrivée d’un commandement compétent qui a garanti la victoire davantage que les manœuvres à la timidité tragique d’une élite engoncée dans les palais de Valyria pendant que d’autres connaissaient les délices de la vie de camp, ainsi que le sacrifice du sang béni des valyriens. Valyria s’est sauvée elle-même, car Valyria n’a besoin que de ses forces vives. Mais ces forces vives ont été malmenées, brisées. Il y a, dans cette assemblée, de nobles familles qui ont subi l’impensable face aux assauts ghiscaris. Qui vivent encore dans des villes martyrisées, qui portent les stigmates de ces invasions. Il y a aussi toutes ces familles qui ont faim parce que l’avidité a prévalu sur le juste châtiment que nous aurions dû réserver à nos ennemis. Mais non, il a fallu que nous accueillions dans notre sein la vipère qui, plus tard, soyez-en sûrs, nous étouffera dans notre sommeil, parce qu’une bête, même enchaînée, restera toujours une bête. Toutes celles qui s’entassent dans des taudis immondes, indignes de la grandeur de Valyria, après avoir combattu l’ennemi et saigné pour notre sécurité pendant que des chiens galeux se pavanent, parfumés et vêtus de petites merveilles, collés aux basques de leurs nouveaux maîtres. »


Maegon Riaehnor n’avait pas eu besoin d’élever la voix pour transmettre à son auditoire la fureur qui l’habitait à cet instant, en pensant à ces villes valyriennes qui peinaient à se reconstruire, à ces familles qui subissaient le même sort, et à leurs ennemis introduits sur le sol sacré de Valyria, dans les foyers valyriens, à la place d’honnêtes travailleurs valyriens. Certains, à ce moment, auraient tourné la tête vers les populistes, pour quémander leur soutien de façon plus directe. Pas le Dynaste. A la place, son regard enflammé semblait sonder chaque personne assise sous la grande coupole, comme pour les défier de dénoncer ces propos. Les contradictions le révulsaient. Il faisait campagne avec ses idées, son honneur. Et c’est sur le même ton, calme mais dans lequel on percevait une sincérité vibrante, sans calcul, qu’il continua :

« Je ne suis pas devant vous pour vous parler de je ne sais quel futur hypothétique, ni pour renier mes engagements passés. Vous savez qui je suis, quel sang est le mien. J’ai lutté pour Valyria, parce que ma lignée sait à quel point notre peuple est l’élu des dieux. Mais voilà le mot qui manque, depuis le début de cette journée : le peuple.

C’est pour lui que je parle, et donc, à vous tous, sans arrière-pensées, sans calcul. Je n’ai à vous offrir que ma sincérité, et que l’assurance fondée sur un fait simple : jamais je n’ai dévié.

Toute ma vie, j’ai défendu le progrès de Valyria par Valyria pour Valyria. Voilà donc mon programme : Valyria. Je veux que nos villes se redressent, s’agrandissent, s’embellissent, pour que chacun et chacune y trouve sa place, pour que tous les citoyens soient fiers, encore plus fiers, d’appartenir à cette civilisation grandiose qui est la nôtre. Je me gausse de ces projets grandiloquents de colonisation. Que ceux qui veulent quitter la protection de notre péninsule s’en aillent ! Qu’ils abandonnent ceux qui souffrent encore ! Qu’ils vident notre nation de ses éléments vitaux au profit de l’appât du gain et des aventures personnels ! Ceux qui s’intéressent à la vraie grandeur resteront. Ils termineront la reconstruction de Tolos, la magnifieront comme jamais. Ils feront de nos villes des merveilles aussi imprenables que sublimes : Rhyos, Draconys … Nous y construirons aqueducs et routes pavées, moulins et thermes, logements et grands halls marchands. Ainsi, la prospérité viendra, les échanges augmenterons, et les valyriens les plus modestes seront enfin débarrassés de l’insalubrité qui pollue leur vie, de l’insécurité qui les terrorise, de la faim qui les ronge. Ils reprendront leur juste place, et les envahisseurs qui ont injustement enlevé le pain de leur bouche iront là où est leur juste place : dans les entrailles de la terre, à trimer dans nos mines, dans nos carrières, et à expier le crime qu’ils ont commis en portant le fer à Valyria. »


Sa voix s’était faite conquérante, tandis qu’il déroulait ce programme. Il ajouta, lancé :

« Ensemble, je vous propose d’entrer dans une ère nouvelle de prospérité comme jamais Valyria n’en a connu. Nos eaux fourmilleront de bateaux marchands, nos routes rénovées de caravanes, et d’Aquos Dhaen à Anogaria, tout Valyria profitera de la paix et de la grandeur, de la quiétude et de l’accomplissement par le travail.

Que nous importe les autres peuples ! Ils ont regardé ailleurs quand nous étions attaqués. Maintenant que nous avons prouvé que Valyria était à craindre, ils s’empressent de commercer avec nous. Restons-en là, et cessons de financer des expéditions aux dépenses somptuaires. Si les dieux veulent nous faire rencontrer d’autres peuples, ils les mèneront à nous. Finançons les investissements dont Valyria a tant besoin par le rappel de ces diplomates qui ne nous ont jamais rien rapporté – hormis des piaillements horrifiés à chaque fois qu’il faut prendre une décision. Et si certains n’ont pas compris la leçon infligée au Vieil Empire, ils apprendront à connaître notre courroux. Leur idiotie servira à financer nos villes par la levée de taxes, et s’ils commettent l’irréparable, le peuple valyrien sera prêt à se lever pour défendre son territoire, comme il l’a prouvé. Point n’est besoin d’agrandir des forces armées qui ont largement prouvé leurs capacités. Notre armée professionnelle a toujours été suffisante pour maintenir l’ordre et surveiller nos frontières. J’ai pu, durant ces années de guerre, vérifier l’étendue de ses performances. Mieux vaut une force d’élite, outillée avec le meilleur de ce que nos marchands peuvent produire, plutôt qu’une armée pléthorique mal entraînée et impossible à cantonner correctement, qui enlèvera des bras pour notre artisanat, notre commerce, notre agriculture. Ceci est un discours de bon sens, qui fait confiance à l’un des piliers de la sécurité de Valyria et préfère une gestion réfléchie de nos finances, destinée avant tout à assurer notre prospérité, sans sacrifier notre sécurité élémentaire, tout en refusant de céder aux sirènes de ceux qui ne raisonnent qu’en quantité, et non en qualité, et ont tout intérêt à drainer nos villes et nos campagnes de leurs forces vives pour les allécher par la suite avec leurs expéditions insensées. »

Dans un ultime élan, l’orateur conclut :

« Sénateurs, Sénatrices, l’on vous a tant promis. L’on vous a tant parlé que je crains que nous ayons oublié le principal : cette élection se tient maintenant, avec les enjeux de ce présent qui semblent tant répugner à certains. C’est maintenant que nous devons engager Valyria sur le chemin de la prospérité, maintenant que nous devons prendre des décisions courageuses pour que tout valyrien et toute valyrienne puisse trouver sa juste place sur la terre qui l’a vu naître et a vu naître ses ancêtres avant lui.

Ecoutez votre raison, estimés confrères et consoeurs. Demandez-vous ce qui est le mieux pour Valyria, vos voisins, vos familles : les chimères d’une gloire incertaine, les circonvolutions devant les dieux trahies par l’avidité devant la chair des hommes, ou bien la certitude d’une Valyria meilleure, faite de petits pas et de grandes avancées.

Préférerez-vous des expéditions hasardeuses, ou bien le pavement de la route qui retardent vos caravanes depuis dix ans, tellement elle est en mauvais état ? Voir des étrangers apprêtés jusque dans nos lits ou bien sortir cette famille valyrienne que vous avez croisé dans le Quadrant Est de la mendicité qui est la sienne ? Invoquer les dieux ou réaliser réellement leur volonté en montrant la grandeur de notre peuple ?

Valyria n’est pas grande parce qu’on le décrète. Valyria n’est pas grande parce qu’on veut absorber toujours plus de terres qui lui sont étrangères. Valyria est grande parce que nous l’avons fait grande, parce que chaque valyrien, chaque valyrienne tient à remercier les Quatorze de leurs bienfaits initiaux en travaillant durement pour réussir, afin de nourrir sa famille et de compter une nombreuse descendance.

C’est cela que je défends. Libre à vous de vous associer à cette réalité. Libre à vous de servir l’intérêt de Valyria. Libre à vous d’être les bâtisseurs éclairés qui amèneront gloire et prospérité à la République.

Je vous remercie. »


Voix de l'Ombre
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Séance IIElection d’une Lumière de la Sagesse
Bonjour à vous, chers membres. Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 238207597

Nous ne doutons pas du fait que vous attendiez avec impatience le fait de pouvoir vous jeter dans l’arène sénatoriale ! A présent que nos trois candidats ont présenté leurs idées et leurs discours, il est temps pour vous de faire de même et de vous déclarer pour votre candidat favori. Il y a cependant un certain nombre de règles que vous devrez respecter, afin que les débats se déroulent sans accrocs. Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 3478876275


Déroulement des élections : Règlement.


• L’ordre de passage de cette séance est libre. Aussi, n’hésitez pas à poster selon votre envie ! Attention cependant, vous ne pouvez participer qu’une fois par tour, afin de ne pas léser les autres joueurs et joueuses présents à cette séance. Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 3063046672

• Cela ne vous aura pas échappé, mais certaines personnes ici présentes ne disposent pas d’un personnage possédant un siège au Sénat. Ce faisant, et afin de ne pas entraver votre compréhension des débats, chacun des joueurs concernés disposera d’un petit encart à poster dans sa réponse, résumant en quelques lignes son personnage et ce qu’il y a à savoir sur lui. Les encarts ont été envoyés par MP. Chacun est libre d'ajouter un gif représentant le personnage joué, évidemment, nous demandons aux personnes jouant des scénarios ou des PV de reprendre les faceclaims proposés par le staff ou les créateurs des scénarios Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 1103754796

• Vous avez quelques doutes sur le déroulé exact de ces élections ? N’hésitez pas à vous référer à ce topic dans ce cas ! Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 3686388144

• Si vous avez d’autres questions, les différents membres du staff se feront un plaisir d’y répondre ! Deuxième Séance au Sénat - Election d'une Lumière de Sagesse 283014237


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Post PNJ :( Rhaegel Nohgaris. )

Bandeau informatif :
Rhaegel Nohgaris est l’actuel chef de famille des Nohgaris, lignée connue principalement pour sa dévotion, et donc sa production de prêtres, mais aussi de mages. Neveu de la Grande Prêtresse de Vermax et cousin de celle de Tyraxes, il ne déroge pas à la règle, et c’est tout naturellement qu’il siège dans la faction religieuse à la suite de son père mort durant la guerre contre Ghis. Habituel soutien, comme ce dernier, des positions d’Arraxios Maerion, ses liens familiaux avec la famille Cellaeron l’ont rendu prudent quant à l’issue des élections actuelles.




Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse. ( Avec Rhaegel Nohgaris. )

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.

Le grand jour était venu.


Cela faisait un an que tout Drïvo était comme en ébullition. Même leurs volcans, pourtant bouillonnants comme à l’accoutumée, ne pouvaient se vanter d’une telle activité. Nouveau venu au Sénat, Rhaegel s’était tout d’abord fait discret, durant cette première année. Son propre père était devenu une figure connue de leur faction, bien avant la guerre. Les choses auraient-elles pu être différentes, pour celui qui était le frère aîné d’une Grande Prêtresse et le cousin d’une autre ? Le fils se devait cependant de faire preuve de prudence. S’il avait déjà assisté à quelques séances sénatoriales avant son accession au siège de sa famille, les choses étaient en cela bien différentes en ce jour. Une nouvelle Lumière allait s’allumer dans les cieux de Valyria, à la fin de cette rencontre.


Alors, Rhaegel avait pris place auprès des autres représentants de sa faction, saluant quelques unes de ses connaissances, recueillant quelques mots à l’égard de sa tante par la même occasion. Une telle chose ne l’étonna que peu. Le Rêve de Caraxes était resté ancré dans bien des mémoires, de même que les actes de ceux et celles qui s’y étaient illustrés. Il n’avait guère le temps de s’attarder sur ce sujet, cependant. Déjà, les différents discours débutaient. Leur teneur n’était en rien inconnue à la plupart des Sénateurs en présence. Nombreux avaient été ceux et celles qui avaient pris le soin de se renseigner, de lire les billets qui leur avaient été transmis les semaines et les mois précédents. A cet instant, il n’était pas tant question d’idées, mais d’éloquence. Le temps de l’affrontement des courants de pensées viendrait plus tard.


De l’éloquence, aucun des trois titans qui s’affrontaient là ne manquait. Des compétences qui se devaient d’être saluées, reconnues. Aussi, chacune des interventions des trois candidats fut accueillie par quelques applaudissements de la part du Sénateur de la faction religieuse. Les discours ne représentaient cependant que les premières gammes de la symphonie qui s’écrivait là, sous leurs yeux et au regard de l’Histoire. Il était temps pour tout un chacun de prendre la parole, de s’ériger en soutien, ou autrement, de l’un ou l’autre de ces hommes. A moins qu’il ne faille instiller le doute en chacun à leur sujet ? A défaut de prendre la parole, Rhaegel avait longuement écouté, longuement observé les Sénateurs et Sénatrices lors de leurs prises de parole précédentes. Il avait donc eu tout le loisir d’établir sa propre stratégie, de se forger ses propres armes. Des armes dont le Nohgaris userait dès à présent. Alors, Rhaegel demanda la parole au tribun. L’heure était venue.


« Estimés Sénateurs, estimées Sénatrices et grandioses Lumières dont la Sagesse nous guide, je me présente à vous avec l’humilité attendue d’un croyant de nos Divinités sur lesquels le temps n’a pas de prise. Je ne peux me prétendre au fait de toutes les affaires dont les candidats qui se présentent à nous ont conscience. Rhaegel croisa ses mains derrière son dos. Je puis cependant vous rappeler ce qui a fait l’âme de notre civilisation. L’âme, puis la grandeur, vous en conviendrez sans doute. L’homme leva alors l’une de ses mains, la paume en direction du ciel visible par la grande verrière qui se trouvait là-haut. Les Dieux nous ont offert un certain nombre de préceptes que tout un chacun se doit de suivre pour conserver les présents qui nous furent offert, nous sortant de la peur que nous éprouvions la nuit. De la crainte que nous avions pour nos voisins, nous, de simples éleveurs. Nous permettant ainsi de construire des villes à la magnificence équivoque. De dominer les cieux comme nous dominons cette péninsule et les mers l’entourant. »


Rhaegel se tut quelques instants, jetant un regard sur le reste de l’hémicycle. Grands Dieux, c’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une telle situation. Flancher n’était cependant pas une idée tolérable. Il y avait bien trop à gagner. Trop à perdre ? La question était tout autre. Toujours est-il que son silence lui semblait avoir duré assez longtemps. Mieux valait ne pas laisser fuir un tel effet.


« Aussi ne puis-je que me poser un certain nombre de questions. Rhaegel baissa sa main, la portant un niveau de son menton, le frottant légèrement. Nos Dieux nous ont offert Valyria comme un présent, un jardin fabuleux. Syrax nous enseigna à le cultiver. Caraxes a en dompter les flots. Aegarax nous montra les beautés du monde animal, nous permettant de dompter Dragons et autres créatures pour notre propre usage. Tessarion nous offrit l’art et ses beautés, afin de construire des tours dont les cimes frôleraient les cieux. Quant à Vhagar et Tyraxes, ils nous soufflèrent à l’oreille la manière de protéger de tout cela. Nous avions désormais un foyer à chérir. A chérir et à entretenir. Vermax nous fit un cadeau tout autre. Celui de voir au-delà des Montagnes Peintes, des eaux de la Mer d’Été tout en restant protégés par ses soins. Mais il y avait un prix à payer, pour ce dernier présent. »


De la religion, Rhaegel avait été entretenu depuis ses plus jeunes années. Ses premiers mots, il les avaient lu dans ces rouleaux que sa famille conservait avec précaution. Des écrits anciens, rédigés de la main de leurs ancêtres, présents parmi les premiers Prêtres et les premières Prêtresses de leur péninsule. Des ancêtres prestigieux. Sans doute au prestige moindre que d’autres familles présentes en ces lieux. Ou d’un prestige d’une nature différente ? Un prestige que la faction religieuse observait avec attention, Rhaegel n’était pas dupe.


« Vermax, Mère des voyageurs, comprenant toutes les langues de ce monde voulait que ses autres enfants puissent venir en Valyria sans craindre que leur religion soit remise en cause. Elle voulait pouvoir les chérir au même titre que nous, nous voir leur tendre la main pour la grandeur de notre péninsule. Elle souhaitait les voir autour des mêmes feux que nous. Entendre parler toutes les langues de ce monde dans nos Cités. Alors, nos ancêtres acquiescèrent bien volontiers. Rhaegel marqua une nouvelle pause. Alors, estimés Sénateurs, estimées Sénatrices, grandioses Lumières, mon cœur s’interroge au même titre que mon esprit. Enfants du Nord, souhaitez-vous que la foi de vos épouses et époux soit remise en cause alors que la nôtre est respectée au-delà de nos frontières ? Souhaitez-vous les contraindre à adopter une religion qui n’est pas la leur ? Enfants du Sud, souhaitez-vous plonger notre belle Valyria dans le trouble lorsque des hommes et des femmes s’armeront pour faire respecter leur foi bafouée alors qu’ils ont toujours vécu avec cette dernière ?Souhaitez-vous voir fuir des artisans, des marchands ou juste des familles métissés au-delà des Montagnes Peintes ou des flots par crainte de voir cette épée suspendue leur tomber sur le crâne ? Enfants de Valyria, élus des Dieux comme je peux l’être, souhaitez-vous remettre en cause les présents des Dieux de la sorte ? Alors même que ces gens n’ont jamais causé de troubles ? »


Son temps de parole s’écoulait, inlassablement, invariablement. Le tribun en prenait une mesure précise, exacte, lui lançant de temps à autre quelques regards. Une attitude commune pour cet homme, qui se devait de veiller à ce que chacune des règles dictées par leur République soit respectée en ces lieux. Alors, Rhaegel acquiesça mentalement. Il se devait d’achever sa prise de parole, à présent. Bientôt l’heure serait venue de laisser sa place à un autre. Ou une autre.


« Des jardiniers, nous pouvons tous l’être, Sénateurs, Sénatrices. Voyons au-delà de Valyria si le cœur nous en dit. Nous avons en cela la protection de bien des Divinités. Prenons cependant garde à ne pas nous hâter de trop. Cultivons notre jardin, avant de l’étendre. Cultivons-le, préservons-le mais ne prenons pas de risques que nous ne saurons contenir s’ils venaient à se retourner contre nous. Valyria est une nation forte, comme n’a pu que le montrer notre victoire sur la Harpie. Une nation forte de part ses traditions et bénédictions dont les Dieux nous ont fait présent. Nous n’élisons pas que l’un des nôtres pour nous guider. Nous ne cherchons pas qu’un homme à élever au pinacle de notre civilisation. Nous recherchons également un équilibre dans cette assemblée comme dans notre Conseil. La certitude d’un avenir sous les meilleurs augures. Pour toutes ces raisons, je me prononce pour Baelor Cellaeron. Estimés Sénateurs, estimées Sénatrices, grandioses Lumières, je vous remercie pour votre écoute. »


Portant sa main à son cœur, Rhaegel inclina poliment la tête, comme un croyant l’aurait fait à la fin de sa prière. Jetant un regard dans la direction du tribun, qu’il salua en quittant l’estrade, le Nohgaris s’en retourna à sa place. Que les joutes se poursuivent, à présent. Ayant donné le premier coup, il était temps pour d’autres de faire de même. Là ne serait plus que spectateur pour le moment.






( Avatar de Mayuamakura. )

Résumé:
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse.

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.

Drivo Perzo était de ces endroits uniques que le brouhaha humain constant ne semble pouvoir ébranler. Le ballet incessant des conseillers ne parvenait pas à troubler la majesté de ses couloirs richement orné. Les affrontements âpres des sénateurs ne pouvaient ternir la sérénité de ses salles démesurées. De ces salles, la plus grande, la plus écrasante, était évidemment l’hémicycle où siégeaient ceux qui faisaient la politique de la République Valyrienne. Chacune de ses visites en ces lieux laissait Elaena plus admirative encore. Il lui semblait qu’ils n’étaient que des invités, bienvenus pour le moment, dans la grandeur de ce lieu qui bénissait les échanges, aussi mouvementés puissent-ils être. Alors qu’elle y pénétrait à nouveau en ce jour d’une importance capitale, elle se remémorait sa première assemblée, elle se souvenait sans peine de sa respiration empêchée par l’écrasant prestige de ces lieux, plus encore que des hommes et femmes qui y siégaient. Elle était entrée dans un lieu saint, un symbole crucial de ce qui constituait Valyria dans sa chair. Les Hommes allaient et venaient, ils naissaient et mourraient, mais ces lieux restaient. Ils étaient témoins de l’Histoire en marche et abritaient son cours. Que resterait-il, des siècles après eux, de ces visages qui entouraient la demoiselle ? Probablement rien, un nom sur un parchemin, à moins que celui-ci n’ait été brulé. Il ne resterait rien de la profondeur d’un regard ou de la douceur d’une voix. Pour les plus illustres ne resteraient que les noms, portés et protégés – pour les plus chanceux – par des descendants précautionneux. Ce lieu, en revanche, resterait dans son intégrité la plus totale. Il serait comme il avait été imaginé avant même d’exister. Ils n’étaient que présent, ce lieu conjuguait en son sein le passé, le présent et le futur.

La native d’Oros ne pénétrait pas avec la même hâte que lors de sa première séance, il lui semblait que celle-ci appartenait à un passé lointain et révolu, mais les lieux se chargeaient de lui rappeler qu’il ne s’agissait que d’une fraction de seconde. Elle avait changé cependant. Entourée de Maelion et d’autres conseillers de confiance, elle accrochait le regard de nombre de ses soutiens, renforcés par ceux d’un Baelor Cellaeron ayant tenu sa promesse. Oui, la dernière fois qu’Elena Tergaryon était entrée en ces lieux, elle l’avait fait avec la peur qui tenaille tous les illégitimes, du moins ceux qui s’imaginent ainsi. A présent, elle connaissait sa place et son rôle, cette place consolidée de manière inattendue mais résolument politique. La jeune femme dépassait Echya Odenys, prenant le temps d’un échange cordial mais parfaitement froid, à l’image de la rivalité qui continuait à faire rage entre elles et de l’hostilité de la pauvre femme qui avait vu l’alliance d’Elaena et Baelor réduire plus encore son emprise sur la faction. Enfin, le regard de la jeune Tergaryon accrochait celui du Cellaeron. Tous guettaient les signes d’une animosité bien connue mais les indices de leur alliance ne laissaient à présent que peu de doutes. Au-delà de la faction mercantiliste, avec laquelle elle prendrait place, Elaena prit le temps de saluer certaines de ses connaissances, amis et alliés, appartenant à une faction différente. Le temps des mondanités n’était guère à ignorer, et un visage ami était à chérir en ces moments de lourde tension où se jouait les années à venir.

La dynamique de ces événements était classique et connue de tous. Il y aurait les discours des candidats, phase importante mais surtout symbolique, tous connaissaient d’ores et déjà les positions de chacun, et les quelques indécis restant dans cette salle ne seraient convaincus que par la pression de leurs pairs, guère par un beau discours. Du moins, c’est ainsi qu’Elaena se le figurait. Tous ceux qui, sagement, écoutaient les candidats, savaient en leur âme et conscience celui qui emporterait leur vote, car chacun votait en fonction de son intérêt. L’exercice, convenu, n’en était pas moins glorieux et c’est avec sérénité qu’Elaena écoutait à présent la première personne à s’être avancée pour s’adresser à l’hémicycle. Une première voix pour Baelor. Jamais Elaena aurait-elle imaginer pouvoir se réjouir face au succès d’un homme qui s’était, immédiatement, avancé comme son rival le plus teigneux. Pourtant, elle n’était pas cette femme en proie à ses émotions et ses sentiments ; contrairement à ce que semblaient penser certains de ses détracteurs, qui voyaient en sa condition féminine et sa jeunesse deux raisons de l’éloigner de la politique, Elaena savait se montrer raisonnable lorsque son intérêt nécessitait un effort stratégique. L’entente avec Baelor avait été conclue, et elle était profitable tant au Cellaeron qu’à la Tergaryon. Unissant leurs forces, ces deux êtres et leurs familles à leur suite ne s’en trouvaient que renforcés.

Lorsque Rhaegel Nohgaris salua le tribun et quitta l’estrade, laissant la parole ainsi libre, Elaena se signala avant de se lever. La faction mercantiliste ne manquait guère de dissentions, mais celles-ci avaient été apaisées par le rapprochement, non communiqué officiellement mais guère secret, de deux de ses figures majeures. Il ne restait ainsi qu’Echya Odenys pour faire preuve d’une opposition farouche aux deux nouveaux alliés, et si elle ne doutait pas que la vieille femme verrait son intérêt à faire élire Baelor Cellaeron au poste de Lumière, Elaena ne tenait pas à nouveau à se voir voler la place qui lui revenait : celle de tête de file de sa faction. La Tergaryon se leva sans ambages, montant sans se presser les quelques marches qui la séparait de cette estrade qu’elle connaissait et craignait. Elle n’était pas de ces tribuns expérimentés pour qui prendre la parole était à présent un exercice banal et sans conséquences. Elle se savait scrutée. Elle était jeune, une femme, et ne cachait rien de sa féminité derrière des allures guerrières ou des tenues froides. Elle n’avait guère retenu ses longues mèches ou choisi une coiffure simple, elle s’était coiffée en dame. Elle n’avait pas revêtu une tenue modeste ou fade, prétextant que la tenue devait s’effacer devant les mots, elle portait bijoux et toge ouvragée qui révélaient à tous sa féminité, certes, mais avant tout sa richesse et son pouvoir. Et elle se tenait là, petite et frêle, là où d’autres – Maekar le premier – impressionneraient par leur taille, leur carrure ou la sagesse de leurs mots. Pourtant, à la différence de sa première prise de parole, Elaena n’avait plus le sentiment terrible de devoir s’excuser d’être présente et de prendre la parole. La jeune femme tremblait, elle craignait le faux pas, mais elle s’incarnait dans une légitimité qui, depuis toujours, avait dû trouver sa source dans sa propre estime d’elle-même.

Elle resta silencieuse un instant, son regard balayant la salle lentement, ses lèvres étendues en un sourire serein, patient, comme si cette estrade était aussi confortable pour elle que son propre lit. Il n’en était rien, évidemment. Ce moment était cependant salvateur. Elle laissa sa respiration s’apaiser, calant son rythme sur celui de son regard à mesure qu’il détaillait les visages. Le silence, rompu durant la transition entre les intervenants, était redevenu maître des lieux, et la demoiselle prit le temps d’en apprécier la stimulante pression. Il ne s’agissait guère là d’un silence gêné ou désagréable, il était de ceux qui précèdent une action, ancrant les êtres dans le présent le plus palpable et pourtant les projetant, progressivement, vers cette parole future que tous savaient sur le point d’émerger. Il était un moment suspendu dans le temps. Il était une pause, rendue sereine par le sourire calme de la jeune femme. Il ne pouvait durer trop longtemps, sous peine de perdre de sa grâce, ce moment suspendu deviendrait dès lors une gêne, et les plus téméraires se risqueraient à l’interrompre. Non, ce silence était de ceux qu’il faut encadrer, entourer de bienveillance, et savoir briser pour qu’il remplisse son œuvre : propulser plus loin encore la parole.

« Vénérables Lumières, estimés Sénatrices et Sénateurs, chers collègues. Le sénateur Nohgaris a su nous transporter par son évocation à la fois juste et transcendante des Dieux. Je ne peux prétendre à tant de brio, je me contenterai donc de vous parler des Hommes. Les Dieux sont guides, omniscients, omnipotents, ils dirigent le destin des nations et des Hommes. Mais qu’en est-il de nous autres ? Que penser de la condition humaine ?

Nous sommes faibles. Nous sommes mortels et manipulables. Nous sommes corruptibles et cruels. Nous sommes aussi bons et généreux. Nous sommes tout et son contraire, et dans notre diversité nous sommes un. Etrange conclusion que celle-ci me direz-vous… »


Elaena marqua une pause, faisant quelques pas en fixant un horizon sans le voir, feignant une réflexion profonde, et répétant à voix plus basse mais audible de tous :

« Dans notre diversité, nous sommes un… »

Elle s’arrêta, fixant à nouveau le public de son regard déterminé et reprenant d’une voix à nouveau plus forte :

« N’est-ce pas là ce qui nous permet justement de dépasser notre condition mortelle ? Notre chair, notre individualité, forme la diversité de notre peuple, mais il y a bien des choses qui font de nos individualités les parties, indéboulonnables, d’un tout. Nos individualités, nos faiblesses et nos forces, notre mortalité, s’unissent pour former une nation, une vision, pour écrire une Histoire.

Cette Histoire ne peut être que la nôtre, elle s’inscrit dans un destin, ce destin qui nous unit à nos ancêtres et nous liera à nos descendants.
Ce destin est un fil conducteur qui dépasse le temps et l’espace.
Ce destin, que nos individualités construisent, jour après jour, à leur échelle, à leur rythme, est notre clé pour la transcendance, c’est le cadeau que nous font les Dieux.

C’est notre porte vers le divin. Une porte à peine ouverte et que bien souvent nous ignorons. Comme le simple animal perçoit sans la comprendre la puissance de la pensée humaine, par la transcendance de la parole que nous lui adressons, nous autres percevons le divin au travers de ce destin que nous montrent parfois les Dieux. Je ne reviendrai guère sur les manières qu’auraient ces derniers de le pointer du doigt, le discours du Sénateur Nohgaris fut bien trop complet pour que je puisse me permettre d’y ajouter quoique ce soit. »


Elaena s’arrêta un instant, adressant un geste de la tête et un sourire au sénateur évoqué. Puis à nouveau, elle replaça son regard plus largement sur l’assistance, passant d’un regard à l’autre avant de les fixer comme s’ils ne faisaient qu’un.

« Mais j’entends déjà les sceptiques s’exclamer : ‘Qu’on en finisse, que fait-elle à nous parler de transcendance et de divin ?!’. Je les entends s’impatienter : ‘Que l’on fasse s’asseoir cette femme qui nous fait perdre notre temps avec son verbiage sans queue, ni tête !’
Que les sceptiques ne perdent pas patience. J’y viens.

Le destin donc. Celui qui révéla notre magie. Celui qui fit éclore notre pouvoir. Celui qui mena de simples bergers jusqu’aux cieux. Celui qui changea la laine en feu. C’est ce destin qui permit aux individualités mortelles et corruptibles de construire ces lieux empreints d’intégrité et d’éternité. »


Elaena leva les bras vers le dôme qui les surplombait pour illustrer ses paroles.

« C’est lui encore qui nous permit de construire, pierre après pierre, cette ville dont le prestige ne peut être disputé. Et c’est lui, finalement, qui nous conduit, nous autres faibles âmes, à consolider une République capable de terrasser ceux que personne n’avait encore osé affronter. Une République dont les valeurs raisonnent dans le cœur et l’âme de tous ses individus. Ne vous sentez-vous pas galvanisés par la République ? Ne vous sentez-vous pas transcendés par la grandeur de son destin ?

Et vous voudriez contraindre ce destin ? Vous souhaiteriez le maintenir entre les clôtures d’un territoire qui n’est que les prémices de sa grandeur ? Si nous ancêtres avaient agit ainsi, je ne serais pas ici, à vrai dire, la majorité d’entre nous ne serait pas ici. Peut-être certains à cette époque avaient-ils insisté pour que les conquêtes n’aillent guère au-delà de notre belle capitale. Pourquoi rechercher d’autres territoires puisqu’ils avaient déjà le plus glorieux de tous ?
Non, chers collègues, la gloire se construit, c’est une exigence du destin. Ce dernier est gourmand, pour s’affirmer il a besoin d’espace et d’individualités. Il ne peut se réaliser dans la peur et la tiédeur. Tiédeur… a-t-on seulement idée d’associer notre destin, à nous ! Seigneurs dragons ! à la tiédeur… Voyons. Nous sommes le feu, et ces terres que le feu embrasse deviennent fertiles, demandez donc à nos fiers cultivateurs, ils en connaissent le secret.

Je pourrais me contenter de vous parler de commerce, du confort que cette démarche apportera à ceux de nos concitoyens qui ont tant souffert. C’est un domaine que je connais, vous l’imaginez. Et la prospérité devrait être un argument suffisant pour vous convaincre.
Mais je voudrais parler à ceux que le commerce n’intéresse que trop peu, voire à ceux qui le réprouvent… Je sais, je sais… tout le monde ne peut pas être dans le vrai, que voulez-vous.
Voilà pourquoi je vous parle de destin, de transcendance et d’individualité. Car au-delà des factions, au-delà des alliances, des sensibilités, des rivalités, de la méfiance, de l’ambition, ou de la stratégie, se trouve quelque chose de bien plus important. Oui, vous l’aurez deviné, je n’ai pas encore la subtilité oratoire des meilleurs d’entre vous, j’use et abuse du radotage, je parle bien du destin.

Il nous permet de nous incarner. Il rend possible ces alliances, ces ambitions, il les réalise.
A étouffer son destin, on perd jusqu’à l’opportunité de s’opposer, on se prive de son élan vital. »


Elaena prit à nouveau le temps de laisser retomber le silence. Son visage était devenu grave, appuyant le poids qu’elle souhaitait donner à ses paroles. Après une seconde de silence, son visage retrouva sa douceur, et le sourire serein qu’elle avait arboré au début de son discours retrouvait sa place.

« Alors, pour mesdames et messieurs les sceptiques, je vais préciser mon propos car le temps est compté.

Sénatrices, Sénateurs, chers collègues. N’étouffez pas votre destin, protégez-le, nourrissez-le, et soutenez Baelor Cellaeron.

Ne cédez pas aux sirènes de ceux qui se présentent en modestes jardiniers, prétendant faire grandir les lauriers déposés sur le sommet de notre crâne. Les lauriers, pour grandir, ont besoin de terre. Et un modeste jardinier, si doué fut-il, ne peut empêcher les racines d’un arbre puissant de s’étendre au-delà de son pré-carré. Il ne peut l’empêcher et, trop occupé à l’ignorer, il en perd la maîtrise. Il entretien, modestement, une illusion. Laissez-le défendre son jardin, reconnaissez son talent et sa dévotion, louez-le et ne lui retirez pas ses terres, mais laissez un jardinier visionnaire prendre les choses en main.

Chers collègues, ne vous laissez pas bercer par ces illusions. Un beau jardin attirera toujours les convoitises, tout modeste que le jardinier ou le bâtisseur soit, son talent et la gloire de leur jardin, de leur maison, ne cessera de s’attirer les foudres de ses voisins. Ils seront nombreux à souhaiter les saccager ou l’annexer au leur. Il n’est rien que l’on puisse faire pour empêcher cela. Mais nous pouvons nous armer, armer le modeste jardinier, le fier bâtisseur et les autres, pour défendre ce jardin et ceux que les racines de nos arbres majestueux auront choisi pour nouvel eldorado.

Consolidons, protégeons, en respectant notre destin. Brisons les barrières pour laisser libre court à la croissance de notre magnifique jardin.

Abordons cette nouvelle étape avec sérénité, avec la joie de ceux qui se savent sur le bon chemin et laissons de côté les paroles assassines et le ressentiment. Apportons le progrès à nos villes et nos campagnes. Mais je dirais aussi, propageons ce progrès à ceux dont le destin aurait été étouffé trop tôt, les prenant par la main, tout en réalisant le nôtre. Faisons de Valyria la République du progrès, et de ces nouvelles contrées l’étendard de notre avancée novatrice.
Bâtir, étendre et défendre. Progrès et prospérité. Voilà ce que vous propose Baelor Cellaeron. Il ne s’agit pas là de promesses ou d’illusion. C’est un projet. Un destin nourri par des femmes et des hommes, conscients de leur propre limitation, de leur mortalité, mais capables de les transcender pour créer quelque chose de supérieur. Capables de s’extraire de la peur et de la tiédeur pour faire ce que nul autre peuple n’avait osé faire auparavant. Capables d’aller au-delà du présent, au-delà du passé connu, et marquer l’Histoire d’un nom…

Pas le leur. Pas celui de leur individualité. Celui de Valyria.
Ce nom qui nous unit au-delà de nos différences, de nos oppositions, de notre diversité.
Ce nom que nous partageons.
Ce destin, que nous forgeons.
Et que Baelor Cellaeron s’évertuera à protéger. »


A bout de souffle, Elaena laissa retomber le silence une fraction de seconde avant de prononcer son dernier mot.

« Je vous remercie. »

Quittant cette fois définitivement l’audience du regard, la jeune femme se dirigea vers les escaliers et les descendit, avec la même lenteur sereine qu’elle les avait montées. Elle avait fait son devoir. Elle avait ajouté une pierre à l’édifice de son propre destin.



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Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse.

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.
Après des semaines si ce n’était des mois de pourparlers, de tractage, l’heure était enfin arrivée d’élire la Lumière de Sagesse. Soit Arraxios Maerion convaincrait suffisamment de sénateurs et il serait ainsi réélu. Soit une nouvelle Lumière naîtrait et en cela Rhaenys comptait sur la sagesse de ses confrères et rares consœurs. Le Grand Effondrement d’abord puis le Rêve de Caraxes avait entraîné plusieurs répercussions, aussi bien positives que négatives et cela allait jouer dans le choix du candidat. Un candidat en particulier bénéficiait des faveurs de la jeune femme qui avait travaillé pour la première fois en collaboration avec lui sur le traité de paix, le même avec qui la conquête et exploration allait se faire. Baelor Cellaeron.

Les lieux avaient été décorés de manière particulièrement sublime pour souligner l’importance de l’évènement et chaque sénateur, la Haeron comprise, avait revêtit leur plus beaux atours rivalisant aussi bien en termes de fortune que d’esthétisme. Désormais coutumière des séances à Drivo, Rhaenys connaissait désormais chaque membres de la faction mercantiliste mais aussi de nombreux autres issus des autres factions et elle prit sa place non loin de Maelion Velnarys et par extension d’Elaena Tergaryon, qu'elle salua discrètement. Lorsque les gardes frappèrent le sol de leur lances, le silence gagna l’assistance et le regard de la jeune femme se braqua vers la tribune que le vieux Dalitheos gravissait avec peine. S’enfonçant dans son siège alors que le vieil homme s’installait péniblement, les yeux pers de Rhaenys parcourent l’assistance avant de se poser sur la silhouette de Baelor. Le doyen prit la parole, entama ainsi de pénibles minutes d’écoute qui faisaient passer la fin de la bataille sur les eaux pour un doux rêve. Ce ne fut que lorsqu’il appela un à un les candidats, que les choses sérieuses débutaient. Le premier à s’exprimer devant l’assemblée fut Baelor, dont la carrure contrastait grandement avec celle des deux autres mais qui avait le mérite d’être proportionnelle à son intelligence et son appétence mercantile. Avec l’ombre d’un sourire aux lèvres, elle l’écouta attentivement déclamer son discours, hochant la tête par moment et son sourire s’agrandissant tandis qu’il parlait conquête et richesses. Le discours était clair, habile et s’il conquerrait les mercantiliste, elle espérait qu’il touche tout autant les autres.

Ce fut ensuite au tour de la Lumière sortante de s’exprimer. Le Maerion était tout autant habile et si dans les premiers temps de son discours il s’attela à toucher la fibre religieuse de chacun d’entre eux, le sourire de Rhaenys se crispa à la mention de la Trahison de Borrash. Il n’assisterait donc pas à une nouvelle trahison, souhaitant défendre Valyria de toute menace extérieure ? N’avait-il pas préféré la sagesse des pourparlers qu’une attaque directe ? La suite du discours eu raison du sourire de Rhaenys et cette dernière serra le poing. Des lois uniformes à Valyria… Il était hors de question qu’elle vote pour de telles idées alors même qu’elle avait mérité sa place en faisant preuve de ses capacités et elle comptait bien perpétuer cette tradition avec ses enfants. Si l’information pouvait crisper les sénateurs du nord, elle pouvait en soit crisper tout autant ceux du sud mais la jeune femme sentait qu’il ne s’agissait que d’un sens unique qui était en sa défaveur.

Et pour ce qu’il en fut par la suite avec le discours du dynaste Riahenor, si ses idées pouvaient se révéler intéressantes telles que le travail sur la magnificence de la péninsule dans son entièreté -passage durant lequel son regard accrocha le visage d'Aelora-, la reconstruction de villes comme Tolos ou encore la volonté de venir en aide à cette partie du peuple vivant dans la crasse, il y avait cette priorisation de Valyria au détriment des partenaires commerciaux habituels qui ne plaisait guère à la marchande. La fin de son discours marqua le début des débats et ce fut le chef de la famille Nohgaris qui ouvrit ce bal d’orateurs d’une manière tout à fait divertissante malgré le ton solennel de sa voix. Son discours était complet de manière habile les termes et l’esprit religieux utilisés par Arraxios Maerion pour tourner ses mots en faveur du candidat pour lequel il parlait, Baelor. Un soutien quelque peu inattendu car il était un habituel soutien du Maerion et pourtant les liens du sang avaient parlé. La jeune matriarche prit une profonde inspiration puis regarda Elaena demander la parole et s’avancer pour s’estrade pour s’exprimer. En tant qu’héritière du siège dirigeant la faction mercantiliste elle avait su s’affirmer en s’exprimant par elle-même selon ses convictions, ce qui n’avait pas manqué de plaire à la tolosienne qui l’écouterait avec une grande attention. Ce discours fut loin d'être décevant.

- Mes très estimés confrères et consœurs, je suis pas coutumière des discours grandiloquents alors je tâcherai de ne point torturer votre attention trop longtemps, d’autant que mes deux prédécesseurs vous ont déclamé un discours complet et concret, déclara-t-elle avec un léger sourire aux lèvres avant de marquer une courte pause puis avec sérieux elle désigna un à un les candidats d'un geste de la main. Nous avons devant nous trois visions éclairées de notre avenir et pourtant seule l'une d'entre elles devra être choisie avec sagesse, pour que nous puissions tous nous élever d'un même geste. Elle commença à se déplacer sur l'estrade. Nous avons un premier candidat qui nous expose une vision portée sur le monde et un enrichissement culturel de notre peuple, tout en proposant une sécurité revue de notre chère péninsule, nous avons bien malgré nous constaté le mal causé par le Grand Effondrement... Car qu'ils soient de l'extérieur ou à l'intérieur de nos frontières, nos ennemis doivent faire face à la plus farouche des oppositions, commença-t-elle alors que son regard se posait sur chaque visage présent au Sénat.

- Le deuxième candidat met en avant, à son tour, ce répondant que nous nous devons d'avoir afin que nos frères et nos sœurs ne connaissent pas le sort des Dix. Ayant vu de mon sang être versé en ce funeste jour, je ne peux qu'ardemment prier pour qu'un tel évènement ne se reproduise plus. Mais alors qu'il propose une avancée majeure en faisant siéger à nos côtés ceux qui ont hérité du don de magie des dieux, Arraxios Maerion nous fait effectuer un grand pas en arrière en exprimant sa volonté d'uniformiser nos différences pour mieux imposer des valeurs qui ne peuvent décemment pas perdurer dans certains territoires. Les dieux ont une loi, en effet, mais il faut garder à l'esprit qu'Arrax a choisis une femme au côté de deux hommes pour guider notre peuple. Si uniformité il doit y avoir, il faut qu'elle soit la plus égalitaire pour toutes et tous, le mérite est en autre une méthode pour y parvenir... Sénateurs du Nord comme du Sud, seriez-vous prêt à voir ces traditions ancestrales être ainsi bousculées à votre désavantage ? Lorsque son regard se posa sur le Maerion, Rhaenys pris une profonde inspiration puis elle se hâta de détourner le regard et de reprendre.

Et enfin le troisième candidat nous propose une vision bien différente et sans le moindre doute, tout aussi intéressante que les deux autres. Après tout, comment pouvons-nous continuer à nous enrichir à notre mesure lorsque tant d'âmes vivent dans une extrême pauvreté et sont ainsi exposés à un danger polymorphe qui projette son ombre sur chacun d'entre eux, tord leur morale et les brisent ? Combien d’entre eux à Valyria se trouvaient sous la coupe de puissants parce qu’ils n’avaient pas les moyens de résister ? Nous avons des moyens et nous npourrions en mettre bien plus en œuvre pour s'assurer de la dignité de tous. Cela est pourtant exposé à ses limites. Souhaitons-nous réellement délaisser nos échanges avec nos différents voisins et assister à la décrépitude de notre armée par manque de renouvellement et d’objectifs ? Pour la reconstruction et l’embellissement, il y a bien une question qu'il faut se poser si nous avançons sur une voie telle que la cessation des échanges avec le reste d'Essos : comment nos artisans, nos artistes et nos mages pourront honorer Tessarion, Vermithor et Tyraxes de leur savoir et talent, si nous épuisons les moindres ressources matérielles dont regorgent nos terres ? Elle observa quelques instants l’assistance avant de porter à nouveau son regard sur les candidats. Je me porte sur un avenir qui permettra d’honorer nos dieux par une voie s’ouvrant sur le monde, où nous pourrons user des qualités dont ils nous ont attribués afin de montrer nos savoirs et notre savoir-faire. Une voie qui nous permettra à tous, par le biais d'expéditions mûrement réfléchies par exemple, de nous élever et d'honorer les Quatorze. Cet avenir je le vois en Baelor Cellaeron, pour qui je me prononce ! Merci à toutes et à tous pour votre attention, finit-elle par déclarer à son tour avant de quitter l’estrade et de regagner sa place.





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Séance II Élection d’une Lumière de Sagesse

Drīvo Perzo, la coupole du Sénat de Valyria - An 1066, mois 12

Qadnahl Kihzeznis est le chef d’une famille qui a longtemps cherché à faire oublier son origine ghiscarie, surtout durant les années de conflit entre le Viel Empire et Valyria. A force de travail, notamment dans la marine, la modeste lignée s’est faite une place à Valyria, au point d’occuper un siège à Drivo. A la tête d’une florissante compagnie maritime et d’un réseau d’informateurs fiables, il est un marchand respecté, officiellement et officieusement.

Qadnahl Kihzeznis a lié son sort aux Maerion. Il est un ancien soutien d’Arraxios, et son fils Hordar sert leur famille depuis pratiquement un an, occupant une place de choix auprès des cadets du patriarche Maerion et servant d’homme de main. Le fait est connu, et peu doutent des intentions de leur famille dans cette élection, moins par hommage à leur fidélité que par connaissance de la manière dont Arraxios Maerion traite ceux qui le trahissent.


On y était enfin, c'était le jour tant attendu ! Tous les efforts de ces derniers temps avaient convergés vers ce moment d'une importance capitale pour l'avenir de Valyria. Qui allait pouvoir guider ce pays durant les prochaines années ? Est-ce que la Lumière sortante allait conserver son siège ou devrait-elle l'abandonner au profit de l'un des deux poids lourds de la politique Valyrienne ? Personne n'avait ménagé ses efforts pour s'attirer le plus de soutiens possibles. De son côté, Qadnahl avait fait sa part de boulot. Certes, l'alliance avec les militaristes n'avaient pas été reconduite mais il avait passé son temps et usé de son influence pour qu'une majorité d'entre eux soutiennent Arraxios.

Quand il était entré dans l'hémicycle du sénat et qu'il avait vu tout le décorum autour de l'événement, le patriarche des Kihzeznis avait ressenti une certaine fierté de faire partie de ce Tout. Il était conscient du chemin parcouru par les siens pour arriver jusqu'à la place qu'il occupait aujourd'hui. Certes, il ne pouvait se targuer d'y être parvenu sans l'aide de précieux alliés mais qui dans l'assistance pouvait l'affirmer haut et fort ? C'est donc avec un sentiment de devoir à accomplir que Qadnahl écoutait tous les discours à chaque fois qu'il faisait acte de présence. Ça n'était pas un habitué de l'estrade, il ne parlait pas souvent. Par contre, il écoutait et les rares fois où il s'était avancé vers cette même estrade pour défendre une idée ou venir en aide à un allié, il était écouté. Bien sûr, son poids politique n'était pas aussi important que celui des plus illustres familles du pays et que les dieux en soient remerciés, ça n'était pas son intention. Il cherchait juste à avoir suffisamment de poids pour que l'on ne puisse pas le prendre pour un inconnu. Il n'avait pas de rêves de grandeurs, il pensait avoir déjà atteint la sienne. Aux générations futures de faire leurs armes si le cœur leur en disait.

C'est avec un petit sourire sur le visage que l'homme s'installa à sa place non sans avoir pris le temps de saluer certaines personnes de plusieurs factions. Il avait l'impression d'assister à un bal. La plupart des élus étaient venus parés de leur plus beaux atours. C'était une élection pour élire le futur guide du pays et non le roi ou la reine du bal ! De son côté, l'homme avait décidé de rester sobre. Sa manière à lui de respecter ce lieux sacré, ils étaient là au service du peuple et non pour étonner la galerie avec de beaux bijoux ou de belles parures... Les gardes frappèrent le sol, la séance allait commencer...

Le doyen prit la parole comme il était de coutume suivit du polémarque pour présenter les différents candidats. Vint le tour de ces dits candidats de, tour à tour, se présenter devant les sénateurs et sénatrices pour tenter une dernière fois de faire pencher les indécis. Une fois que les trois forces de la politique finirent de parler, le débat était ouvert aux soutiens de ces dits candidats. Quand le jeune Rhaegel Nohgaris se leva, un sourcil se leva en même temps sur le visage du patriarche Kihzeznis. Jamais il n'aurait pensé que ce jeune homme aurait été le premier sénateur à venir parler à l'assemblée. A la fin de son discours, il se prononça en faveur de Baelor, encore une fois, petite surprise alors qu'il fait parti d'une faction qui est fortement en faveur de la Lumière sortante. Mais sans doute que les liens du sang ont été plus fort à moins que ça n'était un calcul politique pour montrer aux poids lourds des religieux qu'il y avait un nouveau lionceaux dans la place.

Les deux suivantes n'étaient pas des surprises, Elaena Tergaryon, cheffe de file des mercantilistes et Rhaenys Haeron étaient deux figures ne pouvant que se prononcer en faveur du Seigneur Soie. Néanmoins, il était temps d'arrêter l'hémorragie où l'hémicycle allait penser que cette élection était déjà gagnée d'avance. Comme Baelor avait été le premier candidat à se prononcer, Qadnahl avait jugé logique que ses soutiens parlent en premier mais là, c'était terminé, ils s'étaient assez exprimés. Il était temps pour lui de mettre à profit ce qu'il avait appris durant sa carrière politique mais également en suivant cette troupe de théâtre dans sa prime jeunesse. Quelque chose lui disait que les cartes étaient loin d'êtres battues et que la partie ne faisait que commencer.

« Chères élues, chers élus, Lumière » Il inclina la tête devant l'assemblée avant de se tourner vers le patriarche Maerion pour lui témoigner le même respect dont il venait de faire preuve envers les élus. « Je tiens tous d'abord à remercier les Quatorze de me donner l'opportunité de vous parler aujourd'hui en ce jour si important pour l'avenir de notre glorieuse nation. C'est quelque chose qui est revenu régulièrement dans le discours de chaque personne s'étant présentée devant vous aujourd'hui. Valyria est grande ! Je ne disserterais pas plus longtemps sur la question, mes collègues l'ont, pour la plupart, fait mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Vous me connaissez, je ne suis pas un habitué du pupitre et mes interventions sont, pour le coup, épisodiques.

Je tiens néanmoins à saluer le courage des hommes qui se présentent devant vous aujourd'hui. Je parle bien sûr des candidats et non des soutiens qui viennent à tour de rôle crier haut et fort leur soutient pour tel ou tel impétrant. Il en faut du courage pour venir se présenter devant vous et se livrer comme ils le font. Ces hommes nous font partager la vision qu'ils ont de Valyria, ils nous parlent avec la conviction la plus forte possible et nous crie l'amour qu'ils ont de leur nation. Ce courage, honnêtement, je ne l'ai pas. Ne vous méprenez pas, j'aime ce pays et je suis fier d'être un de ses représentant mais je n'ai tout simplement pas la force de déballer mes rêves sous vos pieds pour que vous puissiez y adhérer ou les piétiner. Et c'est pour cette raison que peu importe les résultats à la fin de cette séance, je peux dire que Valyria aura pour guide quelqu'un de plus courageux que moi. »


Sa phase d'introduction étant terminée, il était temps de passer à la deuxième partie de son plan.

« Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi. Si nous sommes ici, c'est pour savoir qui des Seigneurs Cellaeron, Maerion et Riahenor est le plus apte à diriger le futur.

Prenons par exemple Baelor Cellaeron. Je note au passage qu'il a enfin trouvé le moyen d'avoir le soutien des femmes autrement qu'en payant celles qui viennent des bordels de la ville. A ce rythme là, il va devenir le sexe symbole de la capitale.

Il y a dans son programme de bonnes idées mais comme dans le programme de tous les candidats. Il y a du bon et du moins bon. Mais ce n'est pas tant les idées qu'il faut juger ici mais plutôt l'homme... Que dire de Baelor Cellaeron ? »
Il était temps d'entrer dans une phase plus théâtrale tout en restant mesuré. Le but n'était pas de faire un sketch mais d'appuyer sur les points qui pouvaient faire mal. « Ne trouvez-vous pas qu'il a l'air presque plus détendu depuis qu'il a abandonné la lutte, au profit de Dame Tergaryon, pour devenir la figure de proue de la faction mercantiliste ? Comme s'il s'était rendu compte que cette lutte intestine au sein de ce groupe aurait demandé beaucoup de ressources sans pour autant lui assurer la victoire. A moins qu'il ne se soit rendu compte qu'en étant un suiveur, il pouvait également retirer quelques lauriers ou miettes de pains.

Sérieusement, regardez le, nous pouvons tous nous rendre compte que le Seigneur Cellaeron n'est pas homme à se contenter de miettes de pains. Alors qu'est-ce qu'il s'est passé ? Accords politiques, tractations dans les couloirs du sénat ou à l'abri de leurs palais. Nous connaissons tous la chanson, nous avons tous dû en venir à ce genre d'accord pour arriver là où nous en sommes aujourd'hui. Mais est-ce là le genre d'homme que vous voulez à la tête de l'état ? »
Qadnahl faisait le tour des visages des différents élus en faisant mine d'attendre une réponse. « Un homme qui ne va pas au bout de ses ambitions parce que quelque chose vient perturber ses plans ? Parce que la lutte est trop dure ? Et alors quoi ! Imaginons un instant qu'il soit la nouvelle Lumière de Sagesse et qu'un conflit soit sur le point d'éclater avec l'un de nos voisins. Serez vous complètement serein en sachant que le destin de tous les Valyriens serait entre les mains d'un homme qui n'a même pas réussi à diriger la faction qu'il convoitait ? Va-t-il une fois encore abandonner, en faveur de nos ennemis, parce que la lutte serait trop dure  ? Ou alors, il n'abandonnerait pas forcément mais trouverait un accord qui ne serait pas forcément à l'avantage de Valyria pour limiter les risques... A ce tarif, l'île aux Cèdres appartiendra bientôt entièrement à l'Empire de Ghis avec un homme comme lui...

Attention, je ne dis pas que l'homme est un incompétent fini. Il est plutôt doué pour faire des affaires, personne ne lui enlèvera ça. Mais là, nous ne parlons pas d'obtenir un marché, nous parlons de guider tout un peuple.De prendre, parfois, les décisions impopulaires parce que c'est ce qui sera le mieux pour protéger l'avenir et la grandeur de Valyria. »


Qadnahl était appuyé sur le pupitre à discourir avec ferveur mais gravité. Il voulait faire comprendre à son audience que le moment était plus important qu'ils ne pouvaient le penser au départ.

« Je regardais un peu avant que la séance ne commence l'entrée de nos différents candidats. Le Seigneur Cellaeron, comme à son habitude, est entré la mine joviale en se dirigeant vers telle ou telle personne de l'assistance peu importe la faction à laquelle elle appartient. Il serrait des mains et souriait. Voilà ce pour qui, ses soutiens, vous vous apprêtez à signer. Un sourire travaillé et des poignées de mains parce que c'est tout ce qu'il sait faire au fond. C'est un marchand et un redoutable adversaire sur ce domaine, je vous prie de le croire mais vous le savez déjà. Chacun à ses limites et là, je pense que Maître Cellaeron a atteint les siennes. Ce n'est pas un leader mais un suiveur. Il ferait un excellent aide de camp et j'imagine que c'est à ce titre qu'il est considéré maintenant par sa propre faction et par Dame Tergaryon ici présente. Même si cette dernière essaie de nous vendre les mérites de celui qu'elle vient de battre comme elle le peut. Appelons ça un juste retour des choses. »

Il avait suffisamment frappé sur l'adversaire qu'il pensait être le plus dangereux pour Arraxios. Il était temps maintenant de s'attarder sur l'autre candidat.

« Mais assez parlé de Baelor Cellaeron. Attardons-nous maintenant sur Maegon Riahenor. »

Il tourna la tête en direction de l'homme descendant d'une lignée prestigieuse. Tout dans le personnage était impeccable, sa chevelure, ses habits et jusqu'à son maintien. On pouvait le dire, Maegon était l'incarnation de la noblesse (ça c'était la manière de voir de ses soutiens) ou l'homme possédant un formidable balai dans le cul (blague partagée par ceux qui se moquent de ses manières).

« Mon père avait coutume de dire que l'on voit la valeur d'un homme à la manière dont il traite ses subalternes. Revenons donc quelques instants au début de cette séance avant même que l'honorable Jaeron Dalitheos ne commence son discours. Je vous ai parlé de la manière dont le premier candidat est entré dans la salle. Parlons maintenant du second... Le Seigneur Maegon est quelqu'un d'extrêmement fier de sa lignée, de son histoire. Qui ne le serait pas ? Après tout, il descend en droite ligne des fondateurs de ce pays. Néanmoins, le Seigneur Maegon pense que lui ainsi qu'un petit groupe d'élus font partie d'un groupe supérieur. Non content de conter une grandiose histoire et un sang très pur, ils s'accordent le privilège de considérer les autres comme des inférieurs. Ainsi, le Patriarche Riahenor est entré dans la salle comme si tout cela n'était qu'une mascarade et qu'au fond, tout cela lui appartenait. Il a bien sûr salué les représentants des premières familles puis s'est installé à sa place en se drapant dans sa dignité. Là, il a commencé à distribuer des billets à gauche à droite vers ceux là-même qu'il n'a même pas pris le temps de saluer. Parler à ces inférieurs ? Pourquoi faire ! Son temps est trop précieux. Ils ne sont bons qu'à recevoir ses missives écrites de sa calligraphie si parfaite. Comme si l'obtention de ces écrits était quelque part une récompense ou une reconnaissance de l'homme descendant d'une si glorieuse lignée.

Nous la connaissons tous l'histoire de cette famille ainsi que celle de ses pairs. Il n'y a qu'à lever les yeux vers les tentures du Sénat pour y voir sous nos yeux certains de leurs hauts faits. C'est une noble famille, personne ne conteste cela. Mais est-ce vraiment le genre d'homme vers qui vous voulez vous tourner ? Un homme qui exècre parler à d'autres personnes que ceux qui ne sont pas d'un sang équivalent au sien ? Devant cette question, on pourrait se demander comment fait-il chez lui pour s'adresser à ses domestiques. Leur lance-t-il des mots à la volée ? S'adresse-t-il à sa femme pour qu'elle rapporte ses propos ? Dans les deux cas, je ne peux que saluer la patience de l'homme qui doit attendre que le message arrive jusqu'à ses serviteurs avant de se voir satisfait.

Plus tôt durant son allocution, il a annoncé que jamais il n'avait dévié. En effet, nous pouvons voir que sa femme a donné naissance à une grande et belle famille. Dans l'intimité du moins, il ne faillit pas. Dans l'adversité non plus. C'est un héro de guerre, certes, il a mené nos troupes durant le conflit et pour cela, nous lui serons toujours reconnaissant.

Mais est-ce suffisant pour lui donner les clés de notre futur ? Il se dit le protecteur du peuple mais ne se sent bien qu'avec les siens. N'y a t il pas là quelque chose qui sonne faux ? On peut se poser la question... Veut-il rebâtir Valyria pour le bien de ceux qui ont tout perdu ou simplement pour pouvoir afficher une note de plus à ses faits d'armes, histoire de pouvoir encore plus se pavaner dans son cercle très privé ? Est-ce que le Seigneur Maegon est quelqu'un qui aime le peuple Valyrien ou est-ce qu'il n'aime que l'idée qu'il a de ce que devrait être le peuple Valyrien ? »


Qadnahl fit une pause pour permettre aux gens de réfléchir un peu et pour se laisser le temps de se demander s'il devait aller jusqu'au bout de ce qu'il avait imaginé comme arguments. Il ne pouvait lancer la prochaine salve sans pour autant rappeler un douloureux souvenir dans l'histoire de cette famille... On allait élire la prochaine Lumière de Sagesse, il n'était pas temps de faire de l'a peu près ou de ressentir de la pitié. Il devait faire son maximum pour faire passer son message et cela devait en passer par là...

« Comme je l'ai dis plus tôt, Valyria est grande. Les Fondateurs ont activement participé à cette grandeur mais il est arrivé un moment où certains hommes ont vu une opportunité de mener Valyria plus loin que la vision devenue étriquée de ces gens là. Pour ce faire, ils ont renversé les Fondateurs et ont mené ce pays de la manière dont ils ont voulu, pour le bien du plus grand nombre. Voyez ce qu'ils en ont fait aujourd'hui et ce n'est pas fini !

Alors est-ce que nous voulons vraiment faire un retour en arrière en remettant à sa tête l'un de leurs descendants ? Je suis désolé, je ne sais pas comment vous menez vos affaires mais l'on pourrait comparer ce choix à une histoire de cœur... Personnellement, quand je dis à une ex que c'est fini, c'est fini. On peut être tenté de réessayer avec mais on se rend vite compte, en général, que c'est une mauvaise idée... A moins que l'on ne se satisfasse de la même position soir après soir et que le missionnaire vous convienne ! »


Nul doute que l'image de perfection que Maegon Riahenor s'était construite en avait pris un léger coup. Ce n'était pas tous les jours que l'on comparait la perfection du personnage avec la position la moins divertissante du kama sutra.

« C'est en réfléchissant à tout ce que je viens de vous dire mais également en voyant le chemin parcouru qu'il n'y a qu'un seul véritable choix. Arraxios Maerion est le seul candidat possible ! Il n'y a que lui qui saura continuer sur cette lancée qui fait que ce pays est maintenant respecté de ses voisins ! Quand il est entré dans la salle, il s'est recueilli auprès des quatorze braseros et s'est ensuite assis à sa place. Aucun faux semblant, pas besoin de montrer aux autres sa popularité ou de lancer des billets pour faire réfléchir l'opposition.

La Lumière de Sagesse sortante est le seul homme en qui j'ai foi parce qu'il est le seul homme en qui j'ai confiance ! Il vous l'a dit durant son élocution, c'est un homme qui tient ses promesses. C'est également un homme qui sait reconnaître le mérite chez les autres et qui n'a pas peur d'un sang un peu moins prestigieux. Pour lui, ce n'est pas le sang qui fait l'homme mais c'est sa capacité à se servir de ses talents au service d'une cause plus grande !

Et que dire de son sens de l'équité ? Il est le seul à se battre pour que chaque personne puisse être représenté ici même au sein de cette noble assemblée ! Il est anormal que des hommes de sagesse et de savoirs n'aient pas leur mot à dire quand à la direction que doit prendre cette nation ! Là, je vois l'amour qu'à cet homme pour le peuple Valyrien. Voilà une preuve bien plus flagrante que toutes les paroles qu'à pu sortir le Seigneur Maegon. »


Il était temps tout doucement de se diriger vers la fin de son discours, il avait déjà bien entamé son temps de paroles.

« Voulez-vous un candidat qui, au moment de l'annonce de sa candidature, a vu le sol s'effondrer sous ses pieds ? Il y voit un complot moi j'y vois un signe que même nos dieux ne sont pas d'accord pour que ça soit lui qui guide le peuple. Voter pour Baelor Cellaeron, c'est courir le risque de s'attirer la foudre des Quatorze.

Ou alors vous votez pour Maegon Riahenor et vous prenez le risque de faire un bond en arrière quand tout ce que nous avons fait ensemble nous pousse vers l'avant et un avenir radieux. Vous prenez le risque de voir une Lumière qui dit servir le plus grand nombre mais ne s'intéresse en fait qu'à une minorité !

Le seul vrai choix et je me répète, c'est Arraxios Maerion. Son programme peut comporter des lacunes mais en existe-t-il vraiment un de parfait ? Au moins, avec lui, vous avez l'assurance de pouvoir aborder les points qui posent problèmes en étant sûr d'être écouté.

En définitive chers élu(e)s, réfléchissez bien à qui vous voulez vraiment comme représentant. L'honorable Jaeron Dalitheos l'a dit, choisissez en conscience pour le destin de tous les enfants d'Arrax ! »


Il inclina la tête comme il l'avait fait au début de son discours et regagna sa place pour assister à la suite des débats.



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Arrax
Arrax
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Post PNJ :Echya Odenys

Bandeau informatif :
Fière dépositaire de la tradition familiale qui conserve la mainmise sur la guilde des orfèvres depuis cinq générations, Echya Odenys passe pour être l'une des Sénatrices les plus influentes et l'une des langues les plus acérées de l'assemblée. Ses interventions sont souvent ponctuées de piques acérées à l'encontre de ses rivaux et ennemis politiques.

Incontournable au sein de la faction mercantiliste, elle a su conserver une influence importante malgré un affaiblissement interne lié à l'alliance entre Elaena et Baelor. Malgré cela, elle n'a jamais démenti de sa loyauté envers les intérêts des marchands valyriens. Cela lui a d'ailleurs été reproché lors de la dernière séance sénatoriale.




Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse.
Intervention d'Echya Odenys

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.

Echya Odenys était l’une des créatures de légende du Sénat valyrien. En tant que rare femme à siéger sous la coupole de Drivo Perzo, elle était l’une des oratrices dont chaque intervention était scrutée par tous les commentateurs et acteurs de la politique valyrienne depuis plusieurs années. Hissée à la force de sa volonté et de ses talents jusqu’à siéger parmi les décideurs de la République, Echya Odenys avait utilisé la puissante guildes des orfèvres pour fédérer derrière elle les artisans les plus riches de Valyria. Grâce à leur soutien indéfectible, à une maîtrise absolue de ses dossiers et des jeux d’influence politique, elle était parvenue à non seulement se faire accepter mais occuper une place prépondérante dans un système pourtant très déterministe. Si les femmes étaient minoritaires au Sénat, les roturiers purs l’étaient encore plus. Cumuler ces deux facteurs et rester au firmament de son influence témoignaient de la puissance d’Echya Odenys.

Pourtant, elle restait encore isolée. Si elle avait jadis convoité le contrôle de la faction mercantiliste du Sénat, elle était suffisamment lucide et intelligente pour voir que ses plans étaient bien mal embarqués. La lutte à mort qui aurait dû avoir lieu entre les prétendants à remplacer Vaegon Tergaryon pour mener les intérêts des marchands valyriens n’avait pas débouché sur un contexte utile. Pire, ses deux rivaux – dont elle avait espéré qu’ils s’entredéchireraient pour lui permettre de proposer une troisième voie majoritaire à leurs pairs – avaient fait la paix avant de nouer une alliance qui venait de surprendre tout le monde. En unissant leurs forces et leurs influences respectives, Elaena Tergaryon et Baelor Cellaeron venaient de verrouiller un contrôle absolu sur leur faction… et sur une partie de la République. Echya se retrouvait désormais coincée dans un coin d’opposition où son influence allait rapidement flétrir. Mise en minorité au sein même de sa faction, son influence en dehors de cette dernière allait diminuer de manière rapide. Celle qui hier encore était une potentielle femme politique de premier plan pouvant, avec les bons soutiens, ravir le contrôle de la faction mercantiliste était désormais une vague nuisance pour le duopole qui contrôlait les puissants marchands. Pire, si Baelor Cellaeron – l’un de ses plus fervents rivaux – devenait l’une des Lumières de Sagesse de Valyria, elle n’avait aucun doute qu’il emploierait sa nouvelle influence à réduire la sienne. Et dans les jeux des ombres de la cour draconique et du Sénat, mieux valait être ami et allié d’une Lumière tout juste élue, soutenue par sa faction sénatoriale, que par l’une des malheureuses prétendantes au contrôle de ladite faction.

Malgré ces revers, dont le plus flamboyants venait d’avoir lieu alors qu’Elaena Tergaryon venait de prononcer un vibrant plaidoyer en faveur du Cellaeron, Echya ne se laissait pas démonter. Au-delà de son talent et de son travail, Echya avait également un instinct politique très développé. Comprenant que la partie était perdue si elle ne faisait rien, elle avait mis à profit les dernières interventions pour préparer la sienne. Elle était persuadée qu’elle ne devait pas s’effacer dans cette journée décisive. Pour continuer à exister dans le monde d’après cette élection, elle devait prononcer un discours et surprendre tout le monde. Bien qu’elle eût un goût amer dans la bouche, elle s’était rendu à l’évidence : la seule façon de pouvoir exister le lendemain était de se positionner avant que la partie ne soit perdue. Elle devait démontrer qu’elle se positionnait au-delà de simples intérêts personnels pour soutenir son propre camp. Elle fit signe au polémarque qu’elle souhaitait s’exprimer et patienta, attendant son tour.

Le moment venu, elle prit place au centre de l’assemblée, posant ses yeux sur Baelor Cellaeron et Elaena Tergaryon. Quelle plaie de devoir s’associer à ces poseurs…

« Estimées Lumières, honorables membres du Sénat de la République valyrienne.

Trop longtemps, nos élites ont souhaité conserver un pouvoir absolu sur les décisions de l’Etat. Trop longtemps, nos dirigeants ont favorisé leurs intérêts personnels et ceux de leurs clients en négligeant le peuple et le futur de notre civilisation. Trop longtemps, nous avons laissé des personnages bouffis de leur propre importance et de l’illusion de leur grandeur dicter leur vision de l’avenir.

Aujourd’hui, je dis que cela est assez. Assez !
scanda-t-elle, la langue claquante.

Nos factions sont des conséquences bien naturelles et inévitables de notre démocratie, et je salue le travail que nous faisons dans celle à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir. Cependant et comme toute autre chose, celles-ci ont leurs limites. Les intérêts de ces groupes et les mouvements d’opinion monolithique minent notre démocratie : n’oublions pas que celle-ci fonctionnera tant que la pluralité des opinions et la liberté d’expression resteront fermement défendues. Remercions le Sénateur de Ghis Kihzeznis pour nous avoir fait la démonstration criante et verbeuse de ce que je dénonce aujourd’hui.

Aujourd’hui, pourtant, je me tiens devant vous avec une recommandation fondamentale. Une seule personne parmi les trois prétendants – tous des hommes encore une fois – propose un programme à la fois réaliste et bénéfique à notre République.
»

Son regard s’arrêta sur Baelor. Pour la première fois depuis longtemps, Echya sentit sa gorge se serrer alors que le silence l’enveloppait. Le blanc dura une dizaine de secondes avant qu’elle ne se reprenne. Le reste de son intervention la ferait entrer dans l’Histoire.

« Maegon Riahenor est l’homme qu’il nous faut. Ses préoccupations sincères du devenir des nôtres et le développement urbain de nos cités sont les seules choses qui valent aujourd’hui. La guerre est gagnée, notre rival est à terre et les affaires, bien que fortement secouées, ont retrouvé des couleurs. Oui, nous avons encore du travail pour cicatriser des coups reçus ces dernières années. Oui, nous avons encore du temps devant nous avant de pouvoir retrouver notre développement d’auparavant.

Les prétentions guerrières de Baelor Cellaeron sont non seulement en contradiction totales avec les intérêts des marchands de Valyria mais seront également effectuées au détriment du peuple valyrien que nous représentons ici. Oui, nous avons bien compris les intérêts qu’auraient cette assemblée à soutenir une telle entreprise. Oh oui, les Sénateurs s’enrichiraient. Mais quid de la foule ? Qui ici, aujourd’hui, peut me certifier que ces grandes déclarations civilisationnelles joueront dans n’importe quel sens en faveur de nos paysans, de nos artisans, de nos serviteurs citoyens ? Ce programme est une mascarade qu’aurait dû dénoncer le reste de la faction plutôt que de se ranger aux côtés de celui qui semble le plus influent. C’est une félonie que d’abandonner nos principes pour grapiller des miettes de pouvoir alors qu’un mercantiliste siège déjà comme Lumière. Oui, je parle de toi, ô Velaryon.

Quant aux prétentions d’Arraxios Maerion, je respecte suffisamment cette assemblée pour ne pas en rire à gorge déployée. Pour qui nous prend-t-on ? Tu es peut-être une Lumière, ô Arraxios, mais tu es d’un bien sombre reflet. Tu as présidé à la guerre et tes décisions ont plusieurs fois manqué de nous entraîner dans l’abysse. Rarement un mandat aura été entaché d’autant de crises. Et tu as le toupet de revendiquer un programme plein de sainteté alors qu’il semble évident que les Dieux, quels qu’ils soient, t’ont maudit. Tes manœuvres pour imposer à tout le pays vos mœurs dégénérés sont aussi perfides que nauséabondes. Souhaites-tu donc une nouvelle guerre pour continuer à te maintenir en poste ? Souhaites-tu rejouer la guerre civile des Dragons Verts ? C’est une vaste plaisanterie que cette candidature, et j’enjoins toute l’assemblée à rejeter en bloc ce programme dangereux.

Baelor Cellaeron est irresponsable, mais il n’est pas dangereux. Arraxios Maerion est un félon de la pire des espèces, dont la dangerosité est connue de tous ici-bas. Soutenez Maegion Riahenor, descendant d’un de nos Fondateurs, et soutenez notre démocratie.
»







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Post PNJ :( Vaemor Baeriar. )

Bandeau informatif :
Vaemor Bariar est issu de la petite noblesse Valyrienne. Ne pouvant prétendre à un dragon de part sa place dans sa fratrie, sa famille n’en possédant que peu, il a eu tout le loisir de se consacrer à l’étude de textes en tous genres. Il est également connu pour ses pérégrinations dans les villes de la péninsule, malgré sa jambe rendue boiteuse par un geste malheureux de l’accoucheur qui secondait sa mère, au moment de sa naissance. Au fil des ans, il s’est quelque peu attiré la sympathie du petit peuple de Valyria, qu’il défend au Sénat sous la bannière des Populistes. Âgé de cinquante ans, il est une figure connue de cette faction.




Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse. ( Avec Vaemor Baeriar. )

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.

Des précédentes prises de paroles, Vaemor n’avait pas perdu la moindre miette. Comme bien des Sénateurs et des Sénatrices, il avait tantôt applaudi, tantôt s’était tut selon les propos proférés, selon les attitudes de chacun et de chacune. Durant son observation aiguisée de la pièce de théâtre qui se jouait là, et bien qu’il n’en montrait rien, affichant sa bonhommie habituelle, Vaemor ne pouvait qu’être effaré.Un sentiment qu’il n’était sans doute pas le seul à partager, à en croire les murmures qui circulaient dans les rangs des Populistes. Des murmures que l’homme écoutait d’une oreille attentive, alors qu’Echya quittait l’estrade. C’est alors qu’une main se posa alors sur son bras.


Levant la tête en direction de la personne qui avait agi de la sorte. Son voisin s’était levé, lui proposant une main secourable afin de l’aider à se redresser et à rejoindre à son tour le tribun. Ainsi, son tour était venu. Avec ce tourbillon de mots, bien que certains s’apparentaient sans doute davantage à des folies qu’autre chose, Vaemor en avait perdu le compte du temps. Hochant doucement la tête, le Baeriar se redressa, non sans retenir une grimace. Avec le retour d’un temps quelque peu rafraîchi, sa jambe capricieuse l’était davantage encore. A moins que cela ne soit le manque de voyage, qui la rendait aussi raide ? S’aidant de son bâton de marche en bois d’une grande simplicité pour se déplacer, Vaemor renvoya rapidement son voisin à sa place. Non sans avoir salué le tribun d’un mouvement de tête, le Populiste se présenta à son tour face au reste du Sénat.


« Honorables Sénateurs et Sénatrices, estimées Lumières dont la Sagesse illumine notre chemin, fiers Enfants des Dieux, aujourd’hui est un grand jour. En cela, je ne vous apprend rien. L’homme esquissa un sourire. Un grand jour aussi bien pour nous, pour nos factions, pour nos familles, que pour ceux et celles qui ne peuvent siéger en notre compagnie. Après tout, cette décision que nous nous devons de prendre ne peut que rejaillir sur bien des personnes. Vaemor hocha la tête, comme pour appuyer ses propos, avant d’esquisser quelques pas. Car ces bien de ces petites gens, dont je me dois de vous parler. De ces petites gens qui verront, à la fin de cette séance, une nouvelle personne siéger au pinacle de notre péninsule. De ces petites gens qui n’ont guère connaissance de ce qu’il peut se produire en ces lieux, derrière ces portes que nous gardons closes, le temps de prendre la décision qui nous incombe. »


Vaemor se tut quelques instants, scrutant l’assemblée. Ces petites gens, l’homme les côtoyait bien davantage que bien des personnes qui se trouvaient dans cette salle. Des personnes pour qui la politique était une chose qui ne pouvait que les dépasser, là où le prix du grain était une chose bien plus tangible. Là où des champs irrigués et fertiles valaient bien plus que toutes les belles paroles des Sénateurs et des Sénatrices, ou des belles parures qu’il était possible d’apercevoir, ici et là. Là où la guerre était crainte comme le pire des fléaux, maintenant que bien des Valyriens en avaient fait la directe expérience.


« Depuis le début de cette rencontre, vous nous parlez de profits importants au-delà de notre péninsule. Du fait de quitter notre tanière, alors que pour beaucoup, vous venez juste de la retrouver. Vaemor se frotta le menton quelques instants, mimant une réflexion intense. Fiers Enfants des Dieux, en cela, eh bien, je ne peux que vous faire part de mon accord avec la Sénatrice Echya. Vous êtes-vous rendus dans nos campagnes, il y a peu ? Dans nos fermes, dans nos ports, dans nos villages ? La terre y est encore en friche dans bien des endroits, la faute à un manque d’hommes. Des hommes qui ne reviendront pas, qui ne reviendront plus. Nos campagnes, celles-là même qui nous nourrissent, sont exsangues. Il est bien beau de vouloir quitter notre tanière pour en trouver d’autres. Mais n’est-il pas de notre devoir de cultiver nos propres jardins auparavant ? Devons-nous troquer notre avenir sur des promesses dont les résultats, s’ils sont avérés, ne nous parviendront pas avant des années ? A moins qu’il ne s’agisse de générations toutes entières, si nous nous en tenons à l’exemple de Volantis ? Nous avons tous des clients et des clientes, en ces lieux. Que leur direz-vous, lorsqu’il viendra, empli de crainte pour son avenir et celui des siens, que la terre ne donne plus rien ? Qu’il n’a aucun moyen d’acheminer ses grains, s’il en a, dans la ville la plus proche où la famine règne et où sa famille réside, car nous avons préféré porter notre regard ailleurs que devant nous ? Que devant notre propre seuil ? Que devant notre propre peuple ? Est-ce ce monde que vous voulez présenter aux enfants nés de la paix, fiers Enfants des Dieux ?! Un monde extérieur mis en valeur par nos soins, au point d’en oublier notre demeure ?! D’en oublier les gens qui y vivent depuis la Nuit des Temps ?! »


Vaemor secoua doucement la tête, la mine désolée. Ces hommes et ces femmes, il les avait vu de ses propres yeux. Durant quatre années, les bras avaient manqué, bien que la République avait fait en sorte de les remplacer par les personnes qui ne pouvaient partir combattre. Et pourtant, les faits étaient là. Si la famine ne guettait pas Valyria, il fallait pérenniser cette situation. Il fallait rendre à leur demeure sa splendeur d’antan, tous ses feux, tous ses fastes. Il fallait unir tous les Valyriens sous une même bannière et cesser toutes ces divisions. Car Valyria se devait d’être une, à présent que ses enfants s’en étaient retournés au pays.


« Avant de porter notre regard par-delà les montagnes ou par-delà les flots, portez-les sur nos villes ! Sur ces hommes et ces femmes qui n’ont réappris à vivre que depuis moins d’une année. Qui auront, de fait, besoin de notre aide et de notre bienveillance. J’ai bien du respect pour les idées émises par Arraxios Maerion et Baelor Cellaeron. Je ne doute pas qu’elles sont séduisantes à vos yeux et à vos oreilles, pour des raisons des plus compréhensibles. Hélas, elles ne feront que fragmenter notre peuple ! Celui-là même qui a versé son sang comme nous avons versé le nôtre, qui a travaillé pour notre armée comme nous l’avons fait alors qu’elle nous défendait contre Ghis ! Nous ne pouvons pas rester sourds et sourdes à leurs paroles et à leurs besoins ! Ou alors, nous courrons à la catastrophe sans nous poser la moindre question ! »


La noblesse ainsi que la richesse de ces hommes et ces femmes ne les protégeraient que peu de l’ire d’une foule affamée, apeurée ou craignant pour sa foi différente de celle de la majorité. Quant aux dragons, leur effet resterait des plus limités, si toutefois ils étaient utilisés. Du pain et des jeux, voilà ce qu’il leur fallait. Du pain pour apaiser les ventres, des jeux pour amuser l’esprit, cela serait déjà un bon début. Il leur fallait reconstituer leurs forces, après quatre années éprouvantes et épuisantes.


« Du pain et des routes, voilà ce qu’il nous faut, honorables Sénateurs et Sénatrices, estimées Lumières dont la Sagesse illumine notre chemin. Du pain, des routes et des villes florissantes. Du pain, des routes, des villes et des terres fertiles, alimentées en eau afin de ne plus craindre la sécheresse ! De la prospérité également ! Voilà ce dont nous avons besoin, en plus de nouvelles idées lumineuses pour notre Conseil. Pour toutes ces raisons, je ne peux que vous enjoindre à voter et à soutenir Maegon Riahenor. Je n’en ferais pas différemment. Honorables Sénateurs et Sénatrices, estimées Lumières dont la Sagesse illumine notre chemin, je vous remercie pour votre attention. »


Inclinant poliment la tête, Vaemor quitta finalement l’estrade, s’aidant de son bâton de marche. A nouveau, il accepta volontiers l’aide que lui proposait son voisin, qui le raccompagna jusqu’à sa place. De nouveau assis, le Sénateur délaissa sa canne, retenant un soupir. Les jeux étaient encore loin d’être faits, l’homme en avait conscience. Les Dieux seuls pouvaient savoir qui sortirait vainqueur à la fin de cette journée.




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Deuxième Séance au Sénat : Election d'une Lumière de Sagesseft. les sénateurs et les sénatrices

Drivo, mois 12, an 1066

Attentif à maîtriser son sang bouillonnant qui battait à ses tempes, pareil au prédateur humant l’odeur du sang face à ces fauves déchaînés et aux invectives qui commençaient à perler au-delà des premiers discours en appelant à tout et n’importe quoi, sauf ce qui comptait véritablement, à savoir les représentants ici présents qui voteraient, Aeganon observait les échanges avec une certaine gourmandise, lorgnant parfois sur un visage connu, et jetant quelques œillades à son jumeau pour le déconcentrer autant que pour s’amuser. Nonchalamment installé sur son siège, d’apparence distraite, il ne ménageait pas ses effets pour surprendre le plus grand nombre lorsque son nom serait appelé. Tout avait déjà été arrangé dans la nuit avec Arlaeron, comme de coutume, mais cette fois, le conciliabule s’était fait en privé. Œil d’Argent avait joué ses cartes, jaugeant au passage les jeunes espoirs de sa faction, tout en ne perdant jamais de vue son propre intérêt. Il avait évalué les pertes, minimes, qu’occasionneraient son choix durant ce vote, et avait surtout cherché un moyen de le porter efficacement … tout en diminuant les risques inhérents à l’émergence d’un champion plus prompt à donner son avis qu’à calculer ce que ce dernier pouvait emporter. Maekar Tergaryon était un outil utile, mais dangereux à manipuler, car imperméable aux subtils jeux d’équilibre qui commandaient Drivo, et plus encore les intérêts de la faction militariste, l’une des plus soudée du cénacle, mais également l’une des plus faibles car manquant d’appuis concrets pour faire passer ses propres textes, voir ses propres élus, lorsque nécessité faisait loi. Il ne suffisait pas de vouloir dans cet antre : il fallait pouvoir. Être libre également : le ralliement de sa sœur à Baelor lui offrait la faction en cas d’élection, et le vieux renard doutait de la capacité d’un homme au cœur trop pur et qu’on taxait à demi-mots de goujat pour avoir ouvertement privilégié cette dernière durant les amusements valyriens à privilégier réellement les seuls intérêts de l’armée dont il était issu, mais à laquelle, finalement, il devait peu, son nom suffisant amplement à sa richesse et à sa gloire.

Alors, Lucerys Arlaeron avait tranché, et s’était rabattu sur sa carte la moins coûteuse, la plus facilement sacrifiable, et celle qui lui devait tout, donc la plus impitoyablement loyale. Offrir à son ancien aide de camp la charge d’annoncer le vote de la faction militariste via son propre discours – du moins, le sien avec – c’était éviter de s’exposer dans ce débat qui, comme souvent, s’éterniserait passé les premiers discours pour se cristalliser sur les haines recuites qui traversaient la politique valyrienne et de raviver les braises du conflit qui l’avait opposé à Maegon Riahenor durant la première séance de l’année. C’était écarter un homme en pleine ascension du piédestal où le destin l’avait positionné. Et c’était envoyer un chien obéissant qui donnerait les coups qu’il ne saurait, du haut de son superbe nom, asséner. C’était aussi brouiller les cartes jusqu’au bout, car beaucoup se demanderaient si Aeganon Bellarys s’exprimait en son nom, ou au nom de son maître. Et ces surprises délicates, le madré d’Aqos Daen en raffolait. Elles avaient tendance à égayer ce que l’expérience avait depuis longtemps terni, à savoir ces longues séances de représentation. Du reste, tout se déroulait comme il l’avait prévu, avec même quelques étonnements qui, in fine, allaient parfaitement dans son sens. Le duel attendu entre Baelor Cellaeron et Arraxios Maerion n’avait pas lieu. A la place, Maerion semblait distancé, rattrapé par l’implacable simplicité du discours de Maegon Riaehnor, qui avait pour une fois bien calibré sa verve, opposant frontalement un programme de sagesse et de prudence, fondé sur l’existant, aux projets du nordiste. Maerion, avec ses idées utiles, mais décalées à l’heure où se jouait l’avenir de Valyria, promptes également à semer le trouble dans l’assemblée, n’avait pas su s’élever au-delà d’un simple programme de réélection, et déceler les changements intervenus au sein de la société valyrienne depuis la guerre, et le Grand Effondrement. Les deux hommes, le dynaste et le marchand, était au coude à coude. Toutes les factions avaient vu un des leurs s’exprimer. Il ne restait donc plus que les militaristes à être restés entièrement silencieux.

Un billet arriva jusqu’à Aeganon, qui le parcourut du regard avant d’envoyer son porteur alerter pour son tour de parole – qui serait donc remis en haut de la pile, comme convenu avec l’huissier. Il s’ébroua et se leva à l’annonce de son nom, un sourire joyeux aux lèvres, presque incongru en cet instant de gravité, avant de gagner le perchoir d’un bon pas. Rien ne transparaissait dans son attitude d’une quelconque anxiété. On murmura dans les rangs en voyant son nom, s’étonnant de cette annonce, et en même temps, l’attention redoubla, car un militariste allait pour la première fois s’exprimer sous la coupole depuis le début des échanges. Les mains fermement plantées sur le pupitre qu’il encadrait de sa masse, Aeganon prit une légère inspiration, et releva la tête. Fini le cabotinage, c’était – surprenamment – un visage à l’expression inhabituellement sérieuse qui s’affichait. Il avait parfaitement compris l’opportunité qui lui était offerte. Et, contrairement à ce que certains pensaient de lui, il savait adapter sa nature aventureuse aux circonstances. De sa voix chaude, à la profondeur de stentor, il commença :

« Rayonnantes Lumières, estimés Sénateurs et Sénatrices, en ce jour, je m’adresse à vous avec l’humilité d’un homme pour qui il s’agit de poser, pour la première fois, un choix pour l’avenir de Valyria, en choisissant l’un des Cinq qui nous guident de leur Sagesse, et avec l’appui bienveillant et attentif de cette assemblée. Peut-être qu’il y a des usages qui me sont inconnus, alors, vous m’excuserez dans votre grande mansuétude, de mes heurts aux nobles coutumes qui président à ces échanges.

Je ne saurai débattre avec l’emphase de nombre de mes collègues des dieux et des traditions. Je ne suis, après tout, qu’un simple soldat, issu du rang, un sous-officier qui se retrouve parmi les plus grands érudits de cette terre, et mes considérations, par conséquent, sont celles de l’homme de la rue, de ceux qui ne sont guère nourris par les débats théologiques, mais par la nourriture qu’ils extraient du sol ou achètent en récompense de leur labeur.

Au cours de ma carrière militaire, j’ai côtoyé des hommes de tout Valyria, et la plupart n’avaient que faire de querelles scholastiques bien loin de leurs préoccupations, quel que soit leur extraction sociale. Ce que la plupart désiraient, c’était un futur. Et pour beaucoup de ces hommes, qui ne sont que des cadets, voir des benjamins, ce futur est difficile à trouver au sein de la péninsule, car l’héritage ne leur sera pas dévolu. Quant à ceux qui pourraient en rêver mais ont choisi une autre voie, ils rêvent de tracer leur propre chemin, d’écrire leur histoire. Ce sont à la fois ces rêveurs et ces déshérités, qui forment nos citoyens les plus malheureux, et les plus porteurs d’espérance.

J’ai entendu qu’en s’ouvrant à l’extérieur, en conquérant de nouvelles terres, Valyria se dépeuplerait, Valyria perdrait ses forces vives. Mais, elles sont déjà perdues ! Combien de jeunes gens talentueux se louent pour quelques sous car ils n’ont guère d’autre choix pour vivre, s’encalminant dans une existence morne, voire tombent dans le crime par dégoût ? Leur nombre grossit car ils n’ont plus à trimer durement maintenant que les ghiscaris ont pourvu à leur office, et c’est tant mieux. Cela, les plus alarmistes semblent l’avoir oublié. Désormais, il faut profiter de ces êtres en quête d’ailleurs pour bâtir une Valyria forte, qui s’étend.

Et il n’y a aucune honte à sortir de nos frontières, de nos habitudes. Ma famille a bâti sa réussite en changeant de région de Valyria, et en construisant à force d’acharnement un réseau commercial qui vers l’ouest du continent. Pourtant, je n’ai ni l’impression que les dieux nous ont châtié – ou alors, je les en remercie vivement, et leur châtiment est plus doux que le baiser le plus sulfureux de la plus vicieuse catin de la Place des Plaisirs – ni que nous ayons renié nos racines et nos traditions, bien que certaines personnes, ici, paraissent considérer qu’honorer les coutumes anciennes de Valyria équivaut à … comment était-ce déjà ? Ah oui, arborer des mœurs dégénérées ? Passons. Je ne commenterai pas cette insulte qui heurte autant l’histoire de mon nom que la raison pour laquelle Dame Odenys peut proférer un tel discours, au lieu d’être montée par trois ghiscaris qui n’auraient pas subi le feu-dragon. Mais je me permettrai d’attirer l’attention d’un grand nombre de nos amis civilistes sur les pensées de certains de leurs soutiens sur leurs plus chères traditions familiales. Et de souligner devant cette assemblée à quel point certaines réactions ici présentes semblent davantage animées par des ressentiments connus de tous plutôt que par l’intérêt de Valyria, ou même des factions ici présentes.

Ces factions, je crois en leur force, et là encore, je vais devoir contredire certains des précédents orateurs. Elles ne sont pas une faiblesse, elles ne condamnent pas à de la politique de petits accords. Au contraire, elles illustrent la pluralité de la société valyrienne, et de ses intérêts, parfois divergents. C’est un fait, nous n’avons pas tous la même vision, et c’est ce qui rend notre République si précieuse, et nos échanges si féconds, parce que nous sommes en désaccord. Et pourtant, dans tous les discours, même ceux dont je m’éloigne le plus, il y a le même souci de Valyria, quand bien même pour quelques-uns il s’agit d’une Valyria tronquée. Et cela, je le respecte, même, je l’honore, et je m’honore d’en être le témoin privilégié.

Par conséquent, mon discours est celui d’un soldat, d’un modeste polémarque, et d’un cadet à qui rien ne fut promis, hormis un chemin tracé par et pour Valyria. Il ne sera pas celui, il est vrai, d’une orfèvre du Nord, ni celui d’un marin qui défend ardemment son maître, ni encore d’un érudit qui se pique d’enseigner la vraie nature des aspirations du commun. Et peut-être que ces discours étaient dans le vrai.

Mais gouverner, c’est choisir. Et ce choix, nous l’avons devant nous. Il ne porte pas sur les personnalités. Parce que leurs défauts sont les nôtres, et que les tourner en ridicule nous avilit. Baelor Cellaeron aime honorer les dieux. A l’heure où cette coupole a vu nombre de débats théologiques auxquels le benêt militaire que je suis ne comprend goutte, j’admets avoir toujours eu la naïveté de penser que nous nous accordions tous sur un principe cardinal du culte des Quatorze : pour honorer les dieux, il faut avoir l’ardente dureté du pieux. »

Il se permit une pause, laissant les sourires s’épanouir sur les visages des plus matois, avant de poursuivre :

« Maegon Riahenor n’aime pas s’adresser à la foule. A défaut, il sait s’adresser à des troupes et les commander, et cela, ma foi, est plus important qu’être doué d’une once de chaleur humaine. C’est un meneur, et il l’a prouvé, dans la boue et le sang, quand d’aucun avaient le séant confortablement installé sous cette coupole.

Quant à Arraxios Maerion, si l’on doit condamner et ses mœurs, et ses idées, alors je crains qu’il ne faille arrêter urgemment la moitié de Valyria. Elles ne conviennent peut-être pas à tous, et peut-être que là encore des plus intelligents que moi sauront démêler le vrai du faux de toutes ces envolées absconses, mais ce que j’en constate, de là où je suis, c’est qu’elles l’ont mené à organiser méthodiquement la reconstruction de Valyria, sans faillir. Il y a là pire échec. »


Nouvelle pause.

« De ces trois grands hommes, je ne peux en choisir qu’un. Alors, je choisirai, sans remord ni honte, car il s’agit de porter la voix de ces hommes qui espèrent, celui qui trace un chemin d’opportunités nouvelles. Cela n’exclut ni de réfléchir à l’avancement de notre société, que ce soit par nos infrastructures ou nos lois. Mais à l’heure actuelle, je veux être capable de me projeter, et de convaincre ceux qui, comme moi, doivent se battre pour tracer leur voie, qu’on leur promet un avenir, et qu’ils pourront bâtir ce dernier pour qu’il brille aussi fort que celui de leurs aieux.

Valyria, Sénatrices et Sénateurs, ce n’est pas une limite racornie, rabougrie. C’est la foi en la possibilité des enfants d’Aegarax de grandir. A l’époque où les dieux nous ont choisi, Valyria n’était que trois individus, et un malheureux village. Elle a grandi, elle est devenue une péninsule, et elle a franchi des rivières pour s’étendre vers l’ouest. Il est temps de poursuivre ce pour quoi nous avons été faits : propager la Lumière sur ce monde, et Baelor Cellaeron sera celle qui nous permettra de briller au firmament de ce continent.

Peut-être ai-je aussi la foi, moi aussi. Mais elle est dans les valyriens, dans leurs prouesses, dans leur fierté.

C’est sans doute la seule qui mérite que l’on meure pour elle. Parce que mon sang n’a coulé et ne coulera que pour Valyria, les valyriens, et tout ce que ces deux beaux et grands mots représentent de contradictions et d’opportunités.

Baelor Cellaeron est mon choix, celui des soldats, celui de ceux qui croient en la force de la République et dans la destinée de chacun, du plus humble au plus majestueux.

Je vous remercie. »



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Deuxième Séance au Sénat : Election d'une Lumière de Sagesseft. les sénateurs et les sénatrices

Drivo, mois 12, an 1066

Des débats au cœur du Sénat, peu avaient été si véhéments et agités depuis que Jaehaegaron pouvait y participer. Les échanges étaient âpres et, pour tout dire, la compétition s’avérait bien difficile, notamment, à mesure que les prises de paroles se succédaient, pour son père Arraxios. Il fallait dire que si le patriarche avait été clair dans ses intentions, peut-être l’avait-il été un peu trop… Le jeune homme, en tout cas, restait parfaitement impassible, observant sans ciller les différents protagonistes du pupitre de parole. Il avait préparé de nombreuses notes pour intervenir, demandant à ne pas compter parmi les premiers. L’ainé Maerion avait eu raison car au vu de la situation, il devait frapper les esprits et, à cette occasion, aucune parole préparée ne ferait l’affaire.

Lorsque son nom fut annoncé, ce fut avec une lenteur calculée que Jaehaegaron se redressa, descendant les quelques marches menant au centre de cette arène et, une fois au pupitre, il transperça la foule du regard, faisant taire les derniers bavards. Il avait une attitude fière mais surtout empreinte de dignité qui mettrait au défi tous ceux soutenant son œil clair. Il arborait même un visage plutôt sévère qu’on ne lui connaissait guère, haranguant alors le Sénat d’une voix forte pour intimer le calme, les bras tournés vers le ciel.

« Valyria ! ô Valyria ! Révérées Lumières de Sagesse, honorables Sénateurs et Sénatrices de notre bien aimée République, observons quelques instants ces pierres taillées qui font l’enceinte protectrice de Drīvo Perzo depuis tant de siècles, ce dôme flamboyant qui écoute, comme une oreille attentive, ces grands moments qui ont façonné notre Histoire. Nous sommes ici dans ce que nous considérons avec respect comme le cœur de Valyria, ce cœur qui bat avec tant d’ardeur, avec une vigueur nouvelle qui a toujours été entretenue par notre tempérament éclatant, rayonnant et glorieux, à l’image même de notre cité, de notre civilisation, de notre Terre sacrée. »

Bref silence qui annonça une chute glaciale :

« Et pourtant ce ne sont que des pierres, froides et silencieuses comme la mort. »

Un sourire cynique apparut enfin sur ses lèvres pendant quelques instants.

« De même que nous ne sommes que des hommes et des femmes, des mortels bien pitoyables en ce jour pourtant si important. N’avons-nous donc rien d’autre à offrir à ce marbre éternel, que d’interminables caquètements humiliants envers les uns ou les autres ; que de vains mots vaniteux soufflant braises et caresses sur des égos que nos aèdes auront oublié dans un siècle ; que de futiles considérations sur des visions fugaces, animées par la condition humaine et donc par définition limitées et incomplètes.

Nous ergotons inlassablement de nos ancêtres, de nos valeurs, de nos héroïsmes ; et puis de chiffres, de toujours plus de chiffres, de croissance et de prospérité ; et ensuite de cacher nos intentions derrière les inépuisables arguments du peuple, du destin et… de la foi. Avec des « peut-être », des « sans doute » et de nouveaux slogans intéressants, séduisants parfois, quoique réducteurs. Oui, tout cela est dans notre ineffable nature humaine, aussi grandiose que décevante à bien des égards. Nous nous disputons le luxe d’avoir raison et de s’octroyer la meilleure vision à offrir à Valyria, cependant même que nous avons oublié que Valyria ne s’est pas construite sur la nature humaine, mais sur la Vision des Quatorze ! »


Jaehaegaron hocha doucement la tête, pris par son propre discours et le ton passionné qu’il avait adopté.

« Il n’y a en réalité qu’une seule Vision que nous devons adopter pour construire, renforcer, et illuminer Valyria, et c’est celle, infinie de beauté, des divinités. N’aurions-nous pas oublié d’où nous venons ? Qu’à l’origine de tout, il n’y avait que cette même vision que nous avons oubliée, sourds et aveugles que nous sommes, cette Vision-là qui guida quelques bergers dont personne, sous cette coupole, n’oserait envier le quotidien ! Ils n’étaient personne, ni Dynastes, ni Lumières, ni Sénateurs, absolument personne, et pourtant ils ont été choisis pour manifester dans la matière le plus extraordinaire des songes. Ils ont été choisis car ils avaient des oreilles pour entendre et des yeux pour voir, insensibles alors au vacarme des turpitudes éphémères qui nous ont assaillies. Ils ont été choisis car les dieux ont su que ces hommes et femmes étaient prêts à s’effacer derrière un devoir bien plus important que leurs seules aspirations.

Quelqu’un ici aura-t-il ou elle l’arrogance de s’estimer de la même trempe et de la même humilité ? Comment savoir, avant d’être soi-même investi d’une telle mission ? »


Une nouvelle pause, pour apposer son regard perçant sur des Sénateurs pris au hasard ou certains, plus calculés, faisant partie des hésitants.

« A moins de l’avoir déjà été, et d’avoir prouvé ses qualités dans les conditions les plus ardues que les dieux aient placées sur notre route. Et quelle route n’avons-nous pas traversé ces cinq dernières années ! Nous sommes des survivants, sous cette coupole, certains plus chanceux que d’autres ; toutefois nos cœurs à tous ont saigné de façon injuste et prématurée. Mais il en est, rares, qui ont eu à endurer les décisions les plus difficiles, et leurs lots de conséquences, sans faillir, sans se laisser emporter par les sentiments, comme le devoir divin l’ordonnait. Protéger le sort d’une Vision est toujours une mission laborieuse. Cela, si l’on pouvait nous observer depuis les hauteurs fumantes des Quatorze Flammes, serait une amère conclusion aujourd’hui plus que tout autre jour.

Où semblé-je en venir ? A un constat simple, mes Dames et mes Seigneurs. Seules les crises les plus effrayantes parviennent à nous unir avec force et fracas ; or une fois la tempête passée, nous retournons à nos vieilles habitudes sans poser de questions. Je peux cependant vous affirmer que cette crise que nous croyons avoir traversé, est loin d’être terminée, pas tant que nous n’aurons pas pansé nos plaies en ayant parfaitement compris comment nous les avons eues. Je le vois aussi clairement en vous observant chacun dans les yeux que dans les flammes des Temples. Il nous faut recouvrir véritablement nos forces, nettoyer nos blessures qui suppurent encore, reconstruire ce qui a été brisé, et ne jamais oublier comment nous en sommes arrivés là : en nous éloignant de la vision originale, en nous vautrant dans l’illusion de notre supériorité. Les dieux nous ont promis que nous l’étions, oui, mais à la seule condition d’évoluer et de nous dépasser en les servant.

C’est d’une véritable union dont nous avons besoin, une Union de nos cœurs et de nos âmes autour d’un seul foyer, celui de Valyria. Cette union doit nous transcender et seuls les Quatorze sont capables d’un tel miracle. »


Oui, parfaitement, pour mettre d’accord des valyriens il fallait même une belle brochette de miracles. Il soigna la suite de ses propos avec un nouveau sourire.

« Ce miracle, il est possible de l’apercevoir à travers Arraxios Maerion. Je l’affirme non parce qu’il est mon père, mais parce que je sais qu’il est l’homme capable de sacrifier bien des choses pour son devoir envers Valyria. Il l’a déjà prouvé mais il est vrai que la nature humaine a la mémoire courte. Nous sommes tous imparfaits en ce bas monde mais rappelez-vous que grâce à la Lumière Maerion entre autres, nous pouvons encore nous réunir ici en hommes et en femmes libres. Libres de débattre des routes à construire et des terres à cultiver pour nos pains, libres de discuter de nos opinions au sein du Sénat et au sein de nos factions chères à nos cœurs, libres de voter de nouveaux arrangements pour les uns au détriment des autres. Oui, tout cela, nous pouvons encore le faire, grâce aux dieux mais pour combien de temps encore si nous n’évoluons pas ?

Sera-t-on encore dignes d’Arrax si nous nous permettons de divulguer des lois pour une partie de Valyria mais non pour l’autre ? De nous diviser sans cesse sans chercher une fois pour toute à nous unifier autour d’un corpus commun qui, dois-je le rappeler, sera voté et délibéré par tout le Sénat, puisque chacun de nous doit prendre part à la construction d’une vision divine ? En quoi est-ce une idée dangereuse puisque la démocratie parlera ? Sera-t-on encore dignes d’Arrax à minimiser notre foi et à accorder toujours plus d’attention et de bienveillance à celle des étrangers alors que c’est cela même qui donne un sens à l’existence de Valyria : ici séjournent les Quatorze divinités et nulle part ailleurs ? Aurions-nous peur de passer sous leur regard ?

Voici le socle grâce auquel nous pourrons être à nouveau digne de nos ancêtres bergers, et qui servira de fondation solide pour accomplir la Vision première. Non pas nous refermer sur nous-mêmes, non pas nous étendre à la va-vite au mépris de l’état actuel de Valyria, mais d’être le phare capable d’éclairer le monde et même de l’éblouir à l’aide de l’esprit valyrien, qui va bien au-delà de tout attrait pécuniaire ou honorifique. Cet esprit que nous aurons à insuffler dans des lois justes et équitables pour tous ; dans le respect dû à nos dieux et les valeurs qu’ils nous ont transmises ; dans la culture que nos artistes et nos artisans sauront faire rayonner ; dans le cœur de nos soldats capables de protéger notre peuple ; dans la destinée de chacun souhaitant se mettre au service de Valyria et qui saura, dès lors, rencontrer la lumière divine et embrasser le bonheur et la paix qui nous ont été promis.

Soyez touché par cet esprit et laissez-le vous guider vers ce pour quoi les dieux se sont jadis manifestés et reproduisez ainsi ce miracle d’Union qu’Arraxios Maerion peut humblement porter.

Honorables confrères et consoeurs, je vous remercie. »


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Post PNJ :( Aelora Naerhys. )

Bandeau informatif :
Descendante de la célèbre héroïne Naehrys, Aelora n’a guère le caractère flamboyant de cette dernière. Femme du monde, d’une grande culture et dont la conversation est un privilège pour qui la partage, elle aspire davantage à la paix et à l’édification continue de la civilisation valyrienne à travers les maîtrises d’ouvrage célèbres de sa famille qu’à la reconnaissance politique et à l’ambition démesurée de certains. Pour autant, elle demeure attachée à l’héritage de sa famille, et garde un œil attentif sur l’Ile aux Cèdres et n’hésite pas à rappeler les droits de sa lignée sur cette dernière.
Civiliste dans l’âme, épousant à la perfection les idéaux de sa faction, elle s’est tenue au courant des manœuvres de Baelor Cellaeron grâce à son amitié sincère avec l’épouse de ce dernier, et a constaté le rapprochement entre les Haeron et le candidat mercantiliste. Il est vrai qu’ils partagent la même faction.
Compte tenu des enjeux, Aelora s’est exceptionnellement déplacée à Drivo pour siéger, son mari n’étant cette fois qu’un accompagnateur, et non le légataire ordinaire du siège familial. Cette élection, elle y répondra en son nom, et au nom de tous les Naehrys.




Deuxième Séance au Sénat : Élection d’une Lumière de la Sagesse. ( Avec Aelora Naehrys. )

Drīvo Perzo & An 1066, mois 12.

Son tour était venu.


Pourtant dépositaire d’un siège sénatorial en son nom propre, Aelora ne siégeait que rarement au Sénat. Son cousin et époux avait toujours fait preuve d’un esprit d’une rare finesse. Aussi lui avait-elle laissé bien volontiers sa place, ayant bien d’autres affaires à gérer en son nom propre. Les élections étaient cependant une chose que la Naehrys ne pouvait manquer. Aussi, d’un commun accord avec Taelos, il avait été décidé que ce serait elle qui siégerait, pour cette journée d’importance. Son époux n’était cependant pas absent. Il siégeait, parmi d’autres proches de Sénateurs et de Sénatrices, dans les gradins prévus à cet effet. Au-delà de sa présence qu’Aelora jugeait rassurante, il restait un visage connu parmi la faction des Civilistes, davantage que le sien en tout cas, et son absence aurait été remarquée. Sans doute davantage que le fait que les époux aient, une fois n’est pas coutume, échangées leurs places.


Il n’avait cependant pas été question d’y venir sans la moindre préparation. Si Aelora préférait d’autres motifs de réunion, elle n’était pas dotée d’un esprit faible pour autant. Cette décision avait été prise il y a de cela plusieurs mois, alors que les différents candidats faisaient campagne. Dès lors, Taelos avait eu tout le loisir de lui enseigner tout ce qu’elle avait à savoir pour cette occasion. Minutieuse, Aelora l’était. Perfectionniste également. Tout se devait d’être parfait, à la virgule près. Ce discours qu’elle s’apprêtait à prononcer avait été préparé sur plusieurs semaines. Réécrit à plusieurs reprises également, la matriarche n’y trouvant point une entière satisfaction. Il fallait que sa prestation soit remarquée, autant que sa présence. N’en déplaise à Rhaenys, elle n’était pas la seule à partager le sang avec une héroïne prestigieuse et ne pouvait être la seule à s’en targuer.


Aussi, ce fut avec une certaine assurance qu’Aelora se présenta aux autres Sénateurs et Sénatrices en présence. Que Naehrys l’observe, depuis l’Antre de Balerion. Car elle se montrerait digne d’elle comme Taelos avait pu l’être en ces lieux avant elle. La situation était impressionnante, bien sûr. Mais Aelora ne pouvait se permettre de flancher. Elle sentait le regard inquisiteur de Rhaenys sur elle. Était-elle surprise de la voir ici ? Comme elle ? La Naehrys l’espérait. Son regard violet ne chercha cependant pas à repérer la Haeron. Il était aisé de connaître sa position, d’une certaine manière. Sa pauvre Myssaria était décidément bien mal entourée. Mais le temps n’en était pas aux amitiés.


« Estimés Sénateurs, estimées Sénatrices, estimées Lumières dont la sagesse nous guide, ce jour est un grand jour. En cela, je ne vous apprend rien. Aelora exécuta quelques pas gracieux, les mains croisées dans son dos. Aujourd’hui, il n’est pas question que d’une élection, bien que nous ne pouvons pas nier son importance. Il est aussi question, à bien des égards, de la grandeur que nous apporterons à Valyria dans les années à suivre. Je ne parle pas que de notre Cité, loin s’en faut, mais de Valyria dans l’entièreté de sa péninsule. Dans ses différences comme dans ses similitudes entre le Nord et le Sud. Entre sa métropole et ses ressortissants présents au-delà de ses frontières. Une grandeur mise à mal par tant d’années de guerre, hélas. La Naehrys poussa un soupir. Nous avons tous et toutes perdu bien des choses, bien des êtres au cours de ce conflit. Au-delà de ces âmes blessées ou qui ne reviendront pas, nos villes ont aussi souffert de ces privations. Certaines ont même subi bien des destructions... »


Aelora se tut quelques instants, ménageant son effet. L’espace de quelques secondes, ses prunelles cherchèrent Taelos, qu’elle retrouva aisément. Cherchait-elle son approbation ? D’une certaine manière. Dans les faits, elle s’assurait surtout de son soutien, qu’elle savait réel. Tout cela ne dura que quelques secondes. Une poignée de secondes que la Naehrys brisa d’un simple mouvement de main.


« Aussi, estimés confrères, estimées consœurs, je me pose bien des questions. Je ne doute pas que certaines d’entre elles trouveront aisément une réponse dans vos esprits, et dans la décision que nous prendrons ensuite. Éclairez donc mes lumières. Après tant d’années de guerre, d’éloignement envers vos familles et de vos si chers cités, souhaitez-vous dès à présent vous lancer dans de vaines conquêtes ? Des conquêtes dont aucun d’entre nous ne verrons les profits, si ce n’est une poignée de personnes ? Souhaitez-vous d’ores et déjà vous éloigner de ces enfants que vous n’avez pas vu grandir pour les desseins de cette poignée de personne ? Mettre en danger leur avenir pour une ou deux parcelles de terre, alors qu’il y a déjà fort à faire ici ? Que nous avons quatre années à rattraper sur nos voisins, qui nous ont observé combattre contre Ghis en profitant de la situation selon leurs moyens ? Tout cela n’est que folie. Une folie que nous ne pouvons nous permettre actuellement. »


Comment pourraient-ils faire confiance à ces autres contrées, qui étaient restées sagement attentistes alors que la Harpie elle-même avait brisée les plus strictes lois de l’hospitalité ? Qui, à présent, se repaissaient des restes de Ghis ? Valyria aurait très bien pu connaître un tel sort, Aelora en avait parfaitement conscience. Si l’issue des combats en avaient été différentes, Ghis n’aurait pas manqué de les réduire en poussière. Quant aux autres, même leurs dragons n’auraient pas suffit pour calmer leurs velléités de conquête. Il fallait qu’ils s’imposent, avant de penser à pousser leur propre population à s’exiler dans des contrées difficilement défendables depuis leur péninsule.  


« Au vu de mes mots, peut-être pensez-vous que porter à nouveau que le Sénateur Arraxios au pinacle de notre civilisation est une chose enviable, qui nous apporterait la stabilité que nous recherchons ? La Sénatrice Echya a fort bien parlé, à son sujet. Je ne peux que la rejoindre sur sa vision des choses. Voter pour lui nous causera des troubles que nous ne pouvons apprécier à l’heure actuelle. Nord et Sud de Valyria sont deux faces d’une même pièce. Une pièce qui perdrait grandement de sa valeur si l’une de ces faces venait à être grattée, modifiée. Estimés Sénateurs religieux, puis-je porter à votre souvenance le fait que même Caraxes a refusé ses faveurs à notre Lumière sortante ? Qu’il a été, dans les faits, le seul à finir blessé durant la bataille navale à laquelle nous avons tous et toutes assistés ? N’est-ce pas là la preuve que les Dieux mêmes nous ordonnent de ne pas le reconduire pour un autre mandat ? »


Pieuse, Aelora l’était. La décision de Caraxes n’en devenait que plus déroutante encore. Si la bataille navale avait connu une bien étrange tournure, Arraxios avait été le seul commandement de réelle blessé. Sans compter les trois Appelés du Dieu, Ragaenor Vaekaron s’en était sortit sans mal, de même que sa nièce, la Sénatrice Alynera. Qu’en déduire, dans ce cas ? Qu’en déduire si ce n’est qu’Arraxios avait perdu la faveur des Dieux, depuis sa première élection ?


« Le Sénateur Maegon Riahenor a pour lui des idées qui replaceront Valyria dans sa globalité au centre de nos préoccupations. Caraxes a également reconnu le mérite de son lignage. Après tant d’années passées au loin, nous devons montrer aux autres peuplades, à ces empires auparavant dédaigneux à notre égard, que notre civilisation est aussi reluisante que les leurs. Qu’elle marquera l’Histoire au même titre que les leurs. Après le temps des épées, place au temps des plumes afin d’écrire notre gloire à tous et à toutes ! Notre grandeur ne peut s’exporter au-delà de nos frontières si nous ne prenons pas le temps de la mettre en exergue avant de porter notre regard au loin. Estimés Sénateurs, estimées Sénatrices, estimées Lumières dont la sagesse nous guide, le Sénateur Maegon Riahenor est le choix de la Raison. Aussi ne puis-je que vous encourager à suivre la voie qu’il propose. Je n’en ferai pas autrement pour ma part. »




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Voix de l'Ombre
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Séance IIElection d'une Lumière de Sagesse


Alors que les derniers orateurs se sont exprimés, le silence retombe sur Drivo … suivi d’un bourdonnement terrible. Les uns et les autres expriment leurs premiers ressentis auprès des voisins, et l’on discute des surprises qu’a réservé cette première partie de l’élection. Le jeu des pronostics est engagé, notamment sur le pouvoir de nuisance de ceux qui ont décidé de se démarquer de la position dominante de leur faction. Est-ce que ce sera suffisant pour rebattre les cartes ? Déjà, les plus habiles griffonnent sur les tablettes leurs estimations. Bientôt, le Sénat bruit d’une rumeur que peu avaient envisagé : Maegon Riaehnor, qui n’a que peu fait campagne personnellement, selon ses habitudes, semble mieux placé qu’Arraxios Maerion, Lumière sortante, pour contester à Baelor Cellaeron le siège de Lumière. Pire, selon certains commentateurs audacieux, il pourrait virer en tête. Tout repose sur les défections mercantilistes, la capacité des civilistes à faire bloc … et surtout, celle de Lucerys Arlaeron a avoir obtenu le ralliement le plus large dans les rangs militaristes. Sa position fait jaser, et peu doutent que, dans quelques jours, des échanges particulièrement épicés auront lieu entre Maeron et Arlaeron sur son changement de soutien. La leçon, au moins, est claire : à Valyria, les alliances sont éphémères, et ceux qui comptent sur le caractère éternel des serments en seront pour leurs frais. Les promesses, après tout, n’engagent que ceux qui les croient.

Bientôt, le silence est à nouveau réclamé, et l’on procède au vote. Le nom de Baelor Cellaeron résonne en premier. Une à une, les mains se lèvent. Sans surprise, celle d’Elaena Tergaryon est l’une des premières à se lever, et nombreux sont ceux qui la suivent parmi les mercantilistes, notamment Rhaenys Haeron, dont la position a été scrutée avec attention. Celle d’Echya Odenys, elle, reste obtinément baissée, et ses yeux lancent des éclairs à ceux qui imitent la Tergaryon. Elle compte ses soutiens, et juge avec froideur les quelques-uns de ses alliés ordinaires qui, appâtés par les promesses de Cellaeron, décident de l’abandonner et de se rallier à Tergaryon. Mais plusieurs lui restent fidèles, et quelques murmures se font sur l’avenir des mercantilistes. La faction éclatera-t-elle, réduisant le pouvoir promis à la jeune Tergaryon ? Ou devra-t-elle composer avec une minorité qui n’hésitera pas à saper les fondements de son autorité ? Les paris sont ouverts. Du côté des militaristes, sans surprise, les mains se lèvent toutes. Ou presque. Vaerys Lyseon avait déjà fait savoir qu’en raison des propositions outrancières du Cellaeron à l’encontre des dynasties, il lui était impossible d’accorder son vote au marchand. Les assurances d’Arlaeron n’ont pas réussi à le faire changer d’avis, mais qu’importe : Lyseon n’a pas été suffisamment idiot pour faire campagne contre Cellaeron trop bruyamment parmi ses alliés, et n’emporte que ses deux clients. Du reste, l’argent que lui a promis Odenys pour son vote contre Cellaeron lui permettra de faire face, et laisse son avenir relativement ouvert. Deux autres sénateurs militaristes, des membres de la faction des esclavagistes, qui suivent Maerion, font également défection. La faction a tenu, et Aeganon Bellarys peut être satisfait : il a accompli sa mission à bien. Quelques voix éparses rejoignent le mouvement dans les autres factions : Rhaegel Nohgaris et ses clients se rangent du côté de Cellaeron, deux populistes issus du Nord de Valyria également. Plus surprenant, une petite minorité de sénateurs civilistes lèvent eux aussi la main, s’attirant des regards incendiaires de Riaehnor. Ce n’est, cependant, pas surprenant, car tous appartiennent aux guildes les plus commerciales et ouvertes sur l’extérieur. Les promesses de renouveau des marchés internes n’ont pas suffi à combler leur appât du gain, face aux perspectives juteuses ouvertes par l’ouverture de nouveaux comptoirs.

Le nom d’Arraxios Maerion est appelé à son tour. La main de son fils bondit comme un ressort. Jaehaegaron Maerion toise l’assemblée, particulièrement la faction religieuse. Une à une, les mains se lèvent. A l’exception, in fine, des Nohgaris et de leurs proches, tous les religieux font bloc, ce qui n’était pas gagné d’avance compte tenu des précédents débats, qui avaient vu des fissures apparaître. Mais le discours du fils Maerion a rappelé les valeurs qui ont toujours animée cette faction, confite de dévotion et certaine de détenir la vérité des dieux. Ils ne peuvent se dédire. Plus surprenant à première vue, plusieurs populistes se joignent à eux, entament l’emprise qu’avait sur eux, selon les commentateurs, Maegon Riahenor. C’est que le discours du fils Maerion associé à celui, franc et sans concession, de Qadnahl Kihzeznis, a résonné d’une manière bien particulière à leurs oreilles. Beaucoup y ont vu le rappel de l’importance des Maerion dans les bas-fonds, par divers moyens, voire de leurs anciennes dettes. La crainte domine chez ces personnes, et elle est bonne conseillère. Les comptes se font avec empressement. Il est loin le temps de la splendeur de la précédente élection. Mais l’intervention du fidèle et du fils ont arrêté l’hémorrhagie. Et pour d’autres, il sera temps plus tard, de venir réclamer les dettes qui n’ont pas été acquittées.

Arrive le nom de Maegon Riahenor. Par calcul, beaucoup ont déjà un résultat en tête. Le dynaste relève la tête, observant avec superbe l’assemblée. Les civilistes restants lèvent la main en sa faveur. Les grands noms ordinaires de la faction comme Aelora Naerys ont répondu présents. D’autres les rejoignent, nettement moins attendues, alors qu’Echya Odenys et ses fidèles lèvent leur main à leur tour. Vaemor Baeriar est au nombre des populistes qui, majoritairement, joignent leurs voix aux précédentes pour le capitaine-général. Vaerys Lyseon parmi les militaristes joint son confrère dynaste, dressé sur son siège tout du long, petit pied de nez qui amuse un instant l’assemblée.

Les comptes sont faits, fiévreusement. Le résultat est sur toutes les lèvres avant même qu’il ne soit prononcé, bien qu’il soit difficile à lire sur le visage des protagonistes, qui n’ont guère modifié leur physionomie habituelle : Baelor Cellaeron arbore son éternel sourire heureux, Arraxios Maerion n’a jamais paru aussi martial, et Maegon Riahenor semble avoir la mâchoire figée en une moue légèrement ironique. Mais il faut à nouveau porter Jaeron Dalitheos jusqu’à la tribune, et quelques ricanements nerveux naissent dans l’assemblée, quand d’autres se retiennent à grand peine. Cela a le mérite de détendre un peu l’atmosphère, tandis que le vieillard paraît chapitrer Taecegor Noheneos, le polémarque de Drivo dont l’expression n’a jamais paru aussi exaspérée. Finalement, le vieil homme se réinstalle, non sans mal, avant de déclarer de sa voix chevrotante :

« Bien, bien, bien … mes chers enfants, c’est avec émotion que je vais clôturer ce très beau vote. Je sais que nous nous sommes chamaillés, mais désormais, la concorde doit régner, comme quand nos petits refusent de se partager une jolie sucrerie … »

Taecegor Noheneos, avec adresse, pousse le parchemin d’un élégant coup de coude vers Dalitheos.

« … Ah oui, les résultats, pardon, où en étais-je … Oui, donc, il est temps de clôturer ce vote, qui permet de célébrer à nouveau la force de notre belle Valyria, et de définir un chemin vers lequel notre nouvelle Lumière nous mènera.

Sénateurs, Sénatrices, applaudissez très fort la Lumière de Sagesse … BAELOR CELLAERON ! »


Une fois le nom prononcé, les applaudissements fusent, plus ou moins nourris selon les travées. Et avec satisfaction, l’heureux élu peut saluer ses supporters. L’échange est chaleureux avec Elaena Tergaryon et Rhaenys Haeron, appuyé envers Rhaegel Nohgaris. Pourtant, celui qui n’échappe pas à personne est le bref échange de regard entre le nouvel élu et Lucerys Arlaeron. De son œil unique, le dragon d’Aqos Daen contemple avec une lueur presque amusée les échanges. Le faiseur de Lumière, pour la seconde fois consécutive, c’est bien lui.

Non loin, une petite cour se forme autour d’Arraxios Maerion pour l’assurer de leur soutien renouvelé, malgré la défaite. Cependant, l’homme surprend tout le monde en échangeant une embrassade virile en public avec son fils aîné. Bientôt, beaucoup viennent congratuler Jaehaegaron Maerion, y compris parmi d’autres factions, car personne n’ignore ce que son père lui doit, ce jour-là, à savoir son honneur sauf, à défaut de sa victoire. Qadnahl Kihzeznis échange ensuite longuement avec le vaincu, et l’ancienne Lumière lui renouvelle son affection, avant de l’inviter à dîner le soir en sa compagnie. Parfois, mieux vaut être au cœur d’une défaite que d’une victoire.

Et parfois, certaines défaites sont des victoires. En déjouant tous les pronostics, en ralliant largement autour de lui, et au-delà de sa propre faction, Maegon Riaehnor sait que le véritable vainqueur de cette élection, c’est peut-être lui. Entré dans la course par défi, à la suite de sa violente querelle publique avec Lucerys Arlaeron durant le vote de l’Edit de Consolation, l’homme est parvenu à devancer la Lumière sortante et à venir concurrencer Baelor Cellaeron, pourtant rompu aux tractations politiques. Pis, il l’a fait sur son nom, et son programme, ce qui est un tour de force obligeant au respect au sein de la République de Valyria. Désormais, le dynaste est incontournable en Valyria. Et il peut parier que d’ici ce soir, une petite foule se pressera au Palais Riaehnor pour quémander son patronage.

Au dehors de Drivo, les crieurs publics répandent la nouvelle. Des quatre coins de Valyria, des estafettes partent proclamer les résultats : Baelor Cellaeron est Lumière de Sagesse, loué son nom, louée soit sa gloire, qu’elle rejaillisse sur la République, qu’elle illumine le peuple valyrien, et que les dieux le bénissent.

Loués soient les Quatorze !


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