Une chose était sûre pour Jacaerys: qu'il épouse Helenys ou sa fille, il partagerait leurs couches. S'il ne désirait pas forcément d'enfant - bien que son devoir le demande - il considérait l'honneur à Meleys bien plus important que les moeurs d'un royaume éloigné et que tout compte il n'avait visité que quelques années. Plus ouvert d'esprit que la majorité de ses comparses du sud des Possessions, il n'en restait pas moins un noble valyrien avec ses appétits et ses traditions. Or il était d'une longue habitude de ce peuple de mêler les deux et n'en faire qu'une bouchée, parfois au sens littéral du terme. Cependant, Jacaerys devait bien s'avouer s'unir à la mère plutôt qu'à la fille - dans une rupture plus franche avec ses comparses toujours plus avide de viande fraîche et juvénile.
Que sa belle puisse comparer les affaires politiques du royaume Andal à celles de Valyria l'étonnait. Le Légat prenait pour acquis la puissance dictatoriale du roi sur ses sujets. La force même des Possessions était le partage du pouvoir et l'oubli de la tyrannie des dynastes tant d'années auparavant. L'émulation intellectuelle éclatait alors au grand jour à travers la poïétique politique, loin de la tyrannie barbare des royaumes combattant au gouvernement d'un seul sans compte à rendre et à son seul avantage. L'aristocratie oligarchique de Valyria aussi imparfaite soit elle permettait de trouver un absolu à travers des valeurs cardinales telles que la vertu, la richesse et le peuple. En d'autres termes, Jacaerys ne croyait pas Helenys. Certes, des rapprochements entre les intrigues valyriennes - en particulier depuis l'ascension de l'armée suite à la mort du capitaine général - pouvait rappeler à son aimée son pays natal. Mais en d'autres temps, rien n'était comparable à la barbarie des cabales royales andales. Cependant, la promesse de discuter plus âprement de la question chez elle attisait son désir de se blottir contre elle et d'échanger jusqu'au prochain jour. Aussi ses lèvres se scellèrent.
Il observa en silence Helenys s'entailler à son tour la main et son coeur bondit dans sa poitrine. Alors que leurs sangs se mêlaient dans un pacte indéfectible, il se sentait presque défaillir et frissonna lorsque les lèvres de l'ambassadrice frôlèrent sa main. Prenant doucement le menton de la princesse entre ses doigts encore immaculés de sang, il l'embrassa à peine bouche. Par les Dieux qu'il désirait cette femme autant qu'il l'aimait. Pourtant venait le temps de leur séparation à peine leurs retrouvailles actées par cet acte sacré. Arrachant un bout de tissu de sa tunique, il noua un pansement de fortune autour de la main d'Helenys qu'il ne put empêcher d'embrasser à son tour. Puis il banda à son tour sa propre blessure.
Nous devrions retourner auprès de tes gardes, Helenys. Je crois qu'il serait plus sage d'attendre quelques semaines avant de se revoir. Je ne voudrais pas attirer de soupçons à ton égard si tu échangeais trop souvent avec un Légat. Il la prit dans ses bras une dernière fois puis l'embrassa sur le front : Rassures moi, je ne vais pas devoir tuer tes braves chevaliers pour avoir osé porter la main sur leur dame ?