EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie)
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Arrax
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Event I
(Première Partie)

Le Triomphe des Dragons


Ce jour est un jour de gloire. Ils le sont tous à Valyria, cité bénie des Dieux et coulée dans le lait et le miel, mais celui-ci le sera d'avantage encore.

Alors qu'un immense soleil irradie la scène, et que l'air est parsemé de pétales de fleurs, les cloches sonnent à rompre les bras et à chaque carrefour, des musiciens et chanteurs proclament entre deux vers : « Bōsa glaesagon Valyria ! Rijagon se zaldrīzoti  ! Jaqiarzir se azantys ! » Oui ! Longue vie à Valyria, vénérés soient les dragons, gloire aux héros ! Après quatre années noires, qu'il a fallu encaisser pour venir à bout de la Harpie et démontrer à tout le continent la puissance du feu-dragon, la péninsule va enfin pouvoir honorer la mémoire des tombés, et acclamer le retour des triomphants.

Les façades de la cité ont disparu sous les toiles peintes, les soieries et les draps pourpres et violets galonnés d'or et d'argent. On a l'impression de marcher à travers une immense fresque chatoyante, mais une fresque animée par la foule en habits de fêtes. Ils sont tous là : nobles et gueux, politiques et marchands, mages et prêtres, et même quelques hauts dignitaires étrangers. S'ils sont tous à pieds, pour mieux jouir des décorations et pour ne pas surencombrer les rues livrées à la liesse populaire, les mieux nés et plus riches sont soigneusement accompagnés de serviteurs armés et même de quelqu'uns de ces esclaves qui sont arrivés par petit nombre à mesure que l'ennemi a été châtié sur les champs de bataille. En chemin, on se retrouve entre connaissances du monde et l'on converge joyeusement vers le lieu du grand spectacle.

Épicentre de la vie publique, le Glaeron - la grand place de Valyria - éclate de splendeur. Depuis les rues adjacentes, populace, bourgeoisie et noblesse s'installent de chaque côté de la longue allée centrale qui relie le forum aux portes de la ville qui verra bientôt sonner les cors à la vue du cortège. Les mieux nés et les plus argentés auront su se réserver les quelques balcons éphémères qui ont été construit le long du tracé. Sur la place elle-même s'élève, en demi cercle, une immense tribune drapée de blanc et d'or, et qui accueille en son centre les Lumières et leurs familles. De chaque côté, des places réservées aux invités de marque - grands mages, dignitaires religieux et ambassadeurs, mais également lignées de ceux qui se sont particulièrement illustrés durant la guerre et que l'on récompensera comme il se devra à l'issu de ce qui se veut être un grandiose défilé depuis Tyria et le long de cette immense rue qui mène au Glaeron.

Dans les tribunes, tous remarquent la grâce juvénile de la délicieuse @Daenerys Maerion, dont les quatre années écoulées ont fait fleurir la beauté. Elle converse allègrement avec deux jeunes femmes d'une rare élégance : @Naerys Arlaeron, la Voix d'Argent de Valyria, qui semble plus que jamais dans son élément, et @Elaena Tergaryon, dont l'exotisme d'Oros suscite des chuchotements aussi curieux qu'admiratifs. De même, un murmure respectueux traverse la foule tandis que d'une démarche quasi impériale, en grand deuil mais toujours aussi éblouissante, @Alynera Vaekaron est escortée jusqu'au forum. Les trois mondaines la saluent tout autant, tandis qu'un nouveau bourdonnement embrase les spectateurs : l'ambassadrice de Ghis, @Vastraya Amasis, splendide dans une tenue de son pays, rejoint les quatre femmes qui ne peuvent, elles aussi, qu'admirer cette étrangère malgré l'aura meurtrière qu'elle semble dégager. Complétant galamment leur groupe, @Daemor Bellarys, princier dans un habit de fête qui ne laisserait jamais deviner qu'il vient de devancer les troupes pour prendre sa place parmi les grands dignitaires de la ville, suscite les regards - et mêmes quelques oeillades charmeuses.

Alors que chacun prend sa place, s'entretenant avec son voisin de droite ou de gauche, plusieurs disciples de la Déesse de la paix et de la stratégie militaire montent sur la grande scène en contrebas de la tribune, face à la grande allée. Ces pieux personnages rappellent à tous que le triomphe va de paire avec le Rêve de Tyraxes et tandis qu'on s'affaire aux derniers préparatifs, certains se muent en prière silencieuse, remerciant la Déesse de bénir ce jour si particulier. Et lorsque les prêtres déposent à chaque extrémité des tribunes de grandes coupes, tous retiennent leur souffle : Talaegar Perzygon, Magister du Collège, "le Sage", s'avance solennellement au centre de la scène. Il lève les bras au ciel, ferme les yeux et après un moment d'éternité où chacun retient son souffle, le silence ayant soudainement refermé la cité comme au cœur d'un fruit mûr, ordonne distinctement de sa voix pourtant tissée de murmures : « Kostagon ziry sagon perzys ! »

De chaque coupe s'embrasent alors des flammes de près de trois mètres de haut. Tous se lèvent et acclament le merveilleux. Deux apprentis s'empressent déjà de venir en aide à leur Magister, que le sort a rongé d'une grande fatigue et on l'amène auprès des Cinq qui ne s’assoient qu'une fois le grand sorcier bien à son aise dans son fauteuil. Et tout à coup, les cors retentissent par dessus la foule en délire : le cortège a franchi les Quatorze flammes et entre dans la ville !

Tandis que défilent esclaves et prisonniers, tributs et butins, soldats et généraux, la foule s'embrase au rythme croissant de la tension qui révèle, après la longue procession, l'apogée du spectacle, ceux que tous attendent. Ouvrant la marche, @Aerys Maerion porte fièrement les couleurs de la victoire, auréolé de sa lumière. Puis viennent les Héros de Guerre et la foule explose. Parmi les valeureux guerriers, on distingue la silhouette joyeuse d'@Aeganon Bellarys qui envoie mille et un baisers à l'attention des plus douces de ses admiratrices tandis que majestueusement drapé de solennel, @Maekar Tergaryon récolte les vivas et autres clameurs de l'assemblée toute entière.

Organisation du cortège



Le cortège défile en longue procession depuis les portes de la ville jusqu'au Glaeron en ligne droite (le long de la grande allée). Il est organisé comme suit :


  • Le Butin de Guerre : les derniers esclaves et les coffres d'or du tribut de Ghis, ainsi que les insignes des armées vaincues et les pavillons de la flotte coulée. D'alleurs, en clou de spectacle, un gigantesque navire ghiscari capturé est tracté par des éléphants sur un énorme chariot.
  • Les Prisonniers de Guerre : capturés tout au long des combats, il s'agit de généraux et d'amiraux, ainsi que des potentats locaux de Meereen et Bhorash. A pieds, ils ne sont cependant pas enchaînés, à la différence de quelques autres soldats ennemis identifiés comme assassins des tombés. Ceux-ci sont enchainés, en cages et affublés de haillons.
  • Les Troupes : en tenue de parade, les insignes des armées claquant au vent
  • Les Seigneurs Dragons : un premier groupe s'avance, à dos de dragon mais au sol. Puis viennent les généraux, en vol.
  • Les Héros de Guerre : ils se sont illustrés pendant les grandes batailles et s'apprêtent à recevoir leur récompense des mains des Cinq.


Premier Tour



Décrivez votre arrivée en tribune et votre réaction face au cortège (si vous êtes spectateur) ou dans la ville et votre réaction face à l'accueil qui vous est réservé, ainsi que votre arrivée triomphante devant la scène (si vous faites partie du cortège).

Il n'y a pas de limite de mots, vous pouvez écrire en profusion comme privilégier une réponse rapide et concise. Et surtout, amusez-vous !  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 3686388144  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 2766830211  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 871372357
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Même les braves connaissent le doute  




Il y avait autant de raisons de s'engager dans les forces armées que de nouvelles recrues se présentant chaque année mais, bien vite, toutes les recrues apprenaient que les résolutions ne pesaient pas bien lourd à l'échelle d'une bataille. Chacun était un fils, un père, un mari en quête de gloire ou de fortune et bon nombre étaient tombés sous les serres de la Harpie, plusieurs milliers d'entre eux ne reviendraient jamais chez eux et, pour Maekar, ce jour-ci n'était pas moins pour célébrer la victoire que pour honorer le sacrifice des morts. Plusieurs des soldats présents aujourd'hui avaient ressenti le désespoir en plus d'une occasion, face au nombre impressionnant de vies perdues mais aujourd'hui, alors que Valyria était enfin en vue, ils réalisaient tous que personne n'avait minimisé leur sacrifice.
Maekar aurait voulu être en tête de file, ouvrant le cortège ou bien survolant la foule du haut de son dragon, Kyraxes, mais une fois n'était pas coutume il était relégué à l'arrière, avec tous ceux qui s'étaient au moins autant illustrés que lui durant ces quatre dernières années. Vêtu de son armure cérémonielle couleur d'ébène, sobre comme à son habitude si on laissait de côté le liseré d'argent qui venait rajouter un peu de vie à cet amas de plaques de métaux, un casque complet venant masquer son visage, le jeune homme prit une profonde inspiration à l'approche des portes de la ville, les oreilles déjà bercées par les écho de la clameur qui résonnait un peu plus loin. Il s'était toujours battu sans égard pour sa propre vie car une telle victoire ne pouvait souffrir d'un excès de prudence et, pour être franc, il était parti à la guerre sans espérer un seul instant pouvoir poser les yeux sur cette sublime cité qui s'ouvrait à présent à lui. Il aurait voulu trouver les mots pour rendre hommage à la magnificence de cette cité, à cette splendeur encore plus mise en valeur en raison de cette occasion unique mais il resta muet, comme toujours, profondément humble devant le spectacle qui s'ouvrait à lui.

Il n'avait qu'à regarder devant lui pour reconnaître certains soldats même de dos, pour se rappeler des moments passés ensemble mais, dans le lot, aucun ne sortant autant du lot que son camarade qui chevauchait quelques mètres à côté de lui. Aeganon Bellarys était enjoué comme à son habitude, plus que le Tergaryon ne le serait jamais et c'était cette chaleur humaine qui dérida un instant le général, s'autorisant un sourire avant de lancer à son camarade :

« Es-tu sûr de tenir la distance, avec toutes ces femmes qui ne vont rêver que de toi ? »

Il se rappelait encore de leur conversation de la veille sur toutes les femmes qui allaient vouloir s'arracher le plaisir de la compagnie de ces héros faisant leur retour triomphal et, si le Bellarys avait évoqué ce sujet avec légèreté, la clameur croissante fit comprendre au Tergaryon qu'ils avaient peut-être minimisé l'effet de leur retour. Le jeune général posa les yeux sur cette grande avenue menant à la place de Valyria et, en balaya les environs de son regard, posant les yeux sur ces façades couvertes de soieries toutes plus resplendissantes les unes que les autres, Maekar resta interdit pendant quelques secondes, maudissant son incapacité à trouver les bons mots. Ces odeurs, cette clameur, ces couleurs...il ne s'était jamais rendu compte avant aujourd'hui à quel point cette ville lui avait manqué et, à présent, il se demandait comment quiconque parviendrait à l'arracher à cette cité à nouveau.  
Chassant ces pensées de son esprit, posant une énième fois  un regard rempli de fierté sur le cortège dont il fermait la marche, le jeune général se tourna une nouvelle fois vers son camarade Bellarys et, bien plus solennellement, lui souffla :

« Souviens-toi de ce moment. Il sera gravé en toi, pour l'éternité. »

Il n'avait jamais rêvé d'être un héros, jamais rêvé d'être quoi que ce soit d'ailleurs mais, en voyant tous les regards tournés vers lui, le Tergaryon sentit sa poitrine se gonfler d'une fierté presque sans limité, à tel point que sa retenu vola en éclats alors qu'il arrivait bientôt vers la tribune. Releva sa tête toujours casquée, sa chevelure d'argent retombant sur ses épaules, il prit une inspiration et leva fièrement un poing fermé en direction des cieux, symbolisant la détermination des troupes présentes autant que la saveur d'un triomphe durement acquis. Laissant un doux sourire couler sur son visage, certain que ce poing levé déchaînerait les passions une fois de plus, l'homme rabaissa son bras quelques secondes plus tard à l'approche de la tribune devant laquelle lui et les autres héros viendraient bientôt s'aligner.
Stabilisant son noir destrier d'un mouvement du poignet, amusé par le constat qu'il avait perdu l'habitude de monter à cheval durant ces quatre dernières années, Maekar Tergaryon resta un moment silencieux, leva la tête vers la tribune richement remplie devant lui, avant que ses mains ne viennent se porter à son casque. Lentement, dignement, il retira enfin ce heaume, révélant un visage  fier et solide, endurci par quatre années de conflit mais dont le brasier dans le regard n'avait jamais diminué d'un iota.

Enfin il était de retour, à une place qu'il n'aurait jamais cru mériter et, à présent, qu'il apprécie cela ou non, l'attention de toute la ville serait tournée vers lui et ses confrères, à côté de lui. À cette idée, un sourire amusé vint éclairer son visage, à présent à découvert.

Enfin, les guerriers étaient rentrés.
Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

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Le Triomphe du Dragon
Valyria - An 1066, Mois 3
Les clameurs du peuple s’entendirent alors que seules les plus hautes tours de la ville étaient visibles. De loin, cela ressemblait à un immense dragon grognant doucement, comme un roulement de tonnerre ininterrompu. Et pourtant, au fur et à mesure que les troupes avançaient à la suite des prises de guerre, Aerys parvint à distinguer des sons plus distincts. Des cuivres saluaient l’entrée prochaine des armées, des percussions battaient le rythme et les vivats du peuple se faisaient plus clair. Enfin, les dragons semblaient envahir le ciel à mesure qu’ils approchaient, tant il y en avait en l’air, battant l’air de leurs ailes puissantes, poussant de féroces rugissements victorieux.


    Valyria, enfin.


S’il n’avait pas été aussi grand héros que ceux dont les noms résonnaient déjà de la gloire martiale toute nouvelle de la République, Aerys avait eu l’insigne honneur d’être sélectionné pour ouvrir la marche des troupes armées. Il se doutait que la position de son père comme Lumière avait dû légèrement aiguiller le choix des organisateurs du triomphe mais il ne coûtait pas moins du moment. Derrière lui, il entendait le claquement des chevaux des officiers sur les pavés de la route valyrienne et derrière eux, le martellement de centaines de pieds de vaillants défendeurs de la République. Sur les flancs de la route qui menait à Valyria, le peuple était déjà bien présent et les murs de la cité approchaient, noirs de monde.

C’était l’occasion qu’attendait Aerys.

Alors que son cheval passait sous les arches glorieuses de la porte Nord de Valyria, il put enfin brandir haut la bannière des armées unifiées de Valyria. Faisant figurer les symboles de toutes les armées valyriennes, elle était surmontée de l’insigne traditionnel de toute armée digne de ce nom : un dragon cabré. Véritable pièce d’orfèvrerie, la hampe de la bannière luisait sous le soleil du printemps et jetait des éclats dorés partout autour d’elle. Affabulé d’une riche armure, Aerys regardait devant lui et souriait de temps en temps à la population qui ovationnait l’armée enfin revenue dans son foyer. Composée d’écailles grises et parcourues de runes rougeoillantes, l’armure en question était une splendeur d’artisanat valyrien complétée d’une cape pourpre aux fermoirs d’argent.

Alors qu’il remontait la grande avenue de Valyria vers Glaeron, le forum, où les célébrations auraient lieu, Aerys se revit partir de cette même ville, il y avait de cela pratiquement quarante-huit mois jour pour jour. Il ne laissait pas grand-chose d’autre que des regrets et de la tristesse, alors. Le départ au front avait été une bienheureuse distraction qui lui avait permis d’oublier tout ce qui s’était passé dans la famille Maerion. Désormais, il n’avait plus le choix. Il était de retour. Et il devrait affronter ce qu’il avait fui quatre années durant. Il se demandait ce à quoi ressembleraient Père et Mère, espérant que les fonctions suprêmes du paternel ne les auraient pas trop usés. Et surtout, il se demandait s’il reconnaîtrait Daenerys qui avait dû bien grandir depuis la trahison de Bhorash.

Arrivé devant la tribune d’honneur, Aerys fut encore plus stupéfait par le décorum qui avait été mis en place. Il avait toujours vécu et grandi à Valyria. Jamais il n’avait connu un tel déploiement de faste et de gloire. Il s’efforçait de garder le contrôle de ses émotions et de son visage car il se doutait qu’étant le porte-étendard et premier soldat à entrer dans la ville, nombreux devaient avoir été les regards à le scruter avant de fouiller la troupe derrière lui en quête d’un visage connu. Finalement, arrivé au pied de la tribune où siégeaient les Cinq, Aerys n’eut aucun mal à reconnaître. Celui-ci semblait avoir pris bien plus que quatre ans et le fils pouvait sentir le poids écrasant des responsabilités qui avaient incombées au père durant ce conflit. Ce dernier avec désormais des cheveux qui semblaient grisonner mais son regard était plus perçant que jamais. Un fin sourire en coin, discret mais bien présent, éclairait doucement son visage. Comprenant que le reste des siens ne devait être loin, il remonta la ligne des personnages installés au premier rang derrière les Lumières de Sagesse. Il croisa Mère et la reconnût instantanément tant elle ne semblait pas avoir pris une ride. La jeune beauté à ses côtés ne lui était pas inconnue mais il était incapable de mettre un nom sur ce visage. Il lui fallut bien une minute pour se rendre compte que la personne qui le dévisageait était Daenerys. Il sentit ses yeux s’écarquiller et ne put réprimer un sourire alors qu’il se rendait compte combien sa sœur lui avait manqué, et combien elle était devenue belle. Ne la lâchant pas des yeux, il bomba le torse et parla avec force, alors que l’armée derrière lui s’était arrêtée.

« VALYRIA ! »

Orateur, Aerys l’avait toujours été malgré sa mise en retrait au profit de son héritier de frère. Ses paroles semblèrent résonner alors que le silence se faisait. Il savait moduler sa voix puissante pour l’adapter à son public et maîtrisait les intonations de façon à les adapter au mieux à son audience, pour en capter l’attention sans jamais l’ennuyer. Cette voix, c’était celle d’un guerrier parmi d’autre, qui parlait en leur nom à tous. Et ses yeux ne lâchaient plus Daenerys.

« Tes enfants sont rentrés ! »

Et l’air s’embrasa.

Codage par Libella sur Graphiorum
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"Permets-moi malgré tout de m’interroger… lâcha finalement Sia d’une voix traînante, faisant tourner entre ses mains une délicate bouteille de lotion. Tu as été invité en gage de bonne volonté ou pour t’humilier ?"

Vastraya jeta un coup d’œil par-dessus son épaule à sa comparse. Elle ne répondit toutefois pas de suite, se concentrant avec application et une certaine langueur sur sa toilette. Immergée jusqu’aux épaules dans son large bassin de marbre, la silhouette de l’ambassadrice de Ghis se perdait dans les émanations torrides qui s’échappaient en volutes de l’eau chaude. Un parfum capiteux embaumait la pièce. Sia reposa la bouteille sur le plateau d’argent parmi les autres flacons et autres baumes délicats et croisa les bras, les yeux rivés sur la Guivre d’Astapor.

"Je suppose que ça dépend à quel sénateur tu t’adresses, répondit-elle finalement sous la pression de son regard. Mais peu importe, soyons bon joueur. C’est une faible concession à faire pour satisfaire la République…"

"Qui te dis qu’ils ne vont pas t’ajouter au spectacle ?"


"Improbable. Ils ne provoqueront pas un incident diplomatique. Pas si tôt en tout cas."


Un léger sourire goguenard se dessina sur les traits lourds de Sia. Il était rafraîchissant de considérer qu’elle aussi considérait l’idée absurde. Vastraya avait depuis longtemps pris l’habitude de penser avec logique et pragmatisme mais ne pouvait s’empêchait d’être tenaillé par un petit doute désagréable. Qui sait à quoi s’attendre de la part de ces monteurs de lézard ? Secouant la tête comme pour effacer ces mauvaises pensées elle tendit la main et une servante s’empressa de lui apporter des linges. C’est presque avec regret que l’ambassadrice sortit de son bain avec la grâce d’une chatte de race.

"Il y a un certain nombre d’officiers et de fils de grandes familles dont nous sommes sans nouvelle depuis l’armistice, reprit-elle alors que la servante lui essuyait les poignets avec ferveur, ce petit défilé va nous permettre de faire l’inventaire des survivants et d’établir une première liste des priorités en matière de négociation. Même si j'avais possibilité de prétendre un malaise je ne pourrait pas m'y résoudre : il y a trop en jeu."

Sia ne répondit pas. Les deux femmes restèrent toutes les deux muettes tandis que Vastraya revêtait la tenue traditionnelle d’Astapor qu’elle avait choisie pour l’occasion. Une magnifique robe d’un vert profond et brodée de fils d’argent. Une haute coiffe flanquée de bijoux en or venait compléter ses atours. Une fois habillée une seconde servante se chargea de son maquillage, appliquant un fard bleuté autour des yeux et un léger reflet doré sur ses pommettes . Avec critique l’ambassadrice se scruta dans le miroir, jugeant des pieds à la tête l’image public qu’elle s’était construite. Elle croisa son propre regard, s'attardant longuement sur ces prunelles noires dans lesquelles elle voulait lire de la détermination.

"Eh bien Sia… Je crois qu’il est temps de se jeter dans la gueule du dragon..."

***


La ville était particulièrement en liesse aujourd’hui, ce qui tombait très à propos. Vastraya ne serait pas étonné si cet évènement devenait à l’avenir une célébration annuelle.  Les larges avenues de la cité étaient noires de monde et il fut difficile de circuler pour elle et son escorte. Les instructions avaient été claires : pas de déplacement en véhicule pour gêner le trafic, la chaise à porteur avait donc malencontreusement était remisé au palais. Intérieurement l’ambassadrice de Ghis se félicita d’avoir choisi pour son escorte une livrée dépourvue de tout emblème ou iconographie ghiscari. Le peuple, exalté par son sentiment de victoire, aurait pu tout à fait prendre d’assaut son cortège et Vastraya n’était pas prête à parier que la garde serait venue à son secours. Après un temps qui lui parut interminable sous une chaleur de plomb elle parvint enfin au niveau de la plaza où devait se dérouler la parade.

Force était de constater que le Sénat lui avait réservé une place de choix sur la tribune d’honneur même. Marque de respect pour apaiser les tensions ou moyen d’exhiber une rivale humiliée ? La conversation qu’elle avait eu avec Sia quelques heures plus tôt lui revint douloureusement en mémoire. Son arrivée ne laissa pas indifférent car des murmures s’élevèrent dans son sillage telle une traîne buissante. Vastraya resta digne, les yeux rivés vers la tribune. Digne mais attentive. Son arrivée avait l’air d’avoir fait son petit effet. Très bien.

Lorsqu’elle arriva enfin au niveau de la tribune et après avoir grimpé avec grâce les quelques marches qui la séparait du haut de la scène l’Ambassadrice de Ghis s’inclina respectueusement devant les Dame-dragons présentes. Bien qu’elle n’en montrât rien elle avait la désagréable impression d'offrir sa nuque à un prédateur hostile.

"Mes Dames… Je vous remercie chaleureusement pour votre invitation. Ces célébrations marquent assurément une ère nouvelle pour Valyria."

Les politesses faites elle se rangea sur le côté avec les autres ambassadeurs, un pas en arrière. Un puissant grondement s’éleva du cœur de la cité alors qu’un millier de vois s’élevaient en même temps tel le rugissement d’un raz-de-marée. C’était l’heure.

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Le Triomphe du Dragon  




N’insiste pas, Nora. Je te dis que c’est une très mauvaise suggestion.

Le ton de voix d’Alynera était sans réplique. Mais Nora, sa suivante fit une petite moue. Alynera connaissait bien cette moue. Elle la voyait depuis sa naissance. Nora avait un statut particulier dans sa demeure. Confidente, servante, elle l’avait vu grandir et s’était occupée d’elle. Ce qui lui donnait parfois la légitimité de conseiller sa maîtresse et parfois même d’insister. Alynera n’était pas trop dure avec elle, elle avait un certain âge et elle lui était reconnaissante des bons soins qu’elle avait eu pour elle étant petite. Mais là, elle ne pouvait avoir gain de cause. Alynera était devant son miroir, observant les robes que lui sortait Nora. Le jour était d’importance. On fêtait dans tout Valyria le retour des héros d’une guerre qui avait été meurtrière et qui avait duré quatre longues années. Alynera était ravie de la voir s’achever mais elle ne pouvait se résoudre à faire éclater sa joie. En effet, la douleur était toujours sa compagne, depuis le décès de son frère-époux. Et Nora n’avait rien trouvé de mieux à faire que de lui sortir des tenues somptueuses mais avec des coloris vifs et joyeux.

Je suis en deuil, Nora. J’ai perdu mon frère-époux. Même en cet instant de célébration, je ne peux l’oublier.

Nora secoua la tête et haussa les épaules.

Cela fait deux ans. Vas-tu donc rester ainsi, sombre et triste ? Ce n’est pas ainsi que tu retrouveras un époux.
Il suffit, Nora.

Alynera montra une robe somber, laissant voir quelques parties de son corps. Elle était d’une grande élégance et d’une grande sensualité. Nora poussa un immense soupir et entreprit de revêtir la jeune femme avec les vêtements qu’elle avait choisis. Elle noua sa chevelure en une coiffure compliquée. Alynera n’était pas une icône de la mode valyrienne pour rien. Elle donnait le ton et l’ensemble des demoiselles de la haute société suivait ses goûts et ses créations. La robe qu’elle avait choisie était réellement originale, fait d’entrelacs de brocarts d’or et de soie noire. Dans ses cheveux, Nora positionna des fleurs sombres et des rubans. Une fois prête, Alynera observa son reflet. Un sourire triste éclaira son visage. Qu’allait-il se passer ensuite ? L’arrivée des héros allait provoquer la liesse du peuple de Valyria. Mais ensuite ? La politique reprendrait ses droits. L’ouverture du testament avait provoqué la colère de son oncle, découvrant que tout l’héritage était passé entre ses mains. Les mains d’une femme. Elle avait été également sous le choc. Elle n’était qu’une femme. Elle n’avait aucun droit sur cet héritage. Passé le choc, elle réalisa ce que cela impliquait. Un siège au sénat, le pouvoir sur sa famille, du moins ce qu’il en restait. C’était étrange. Le testament de son époux constituait ses dernières volontés. Elle devait les respecter mais cela allait à l’encontre de ses convictions…

Elle aurait le temps d’y penser. Sortant de la tour Vaekaron, entourée par deux gardes assurant sa protection. Les rues étaient noires de monde mais son escorte lui permettait de passer sans encombre à travers la foule. La ville avait revêtu ses habits de fête, les décorations étaient magnifiques. Elle rejoignit la grande Place, apercevant @Daenerys Maerion, sa petite protégée à qui elle adressa un grand sourire. Se rapprochant, elle la salua.

Grand jour pour Valyria. Comment te portes-tu ?

Deux femmes les rejoignirent. Il s’agissait des dames-dragon @Naerys Arlaeron et @Elaena Tergaryon. Alynera leur adressa un sourire ainsi qu’un salut respectueux. Elle appréciait énormément Elaena, une jeune femme d’une grande qualité.

Mes Dames.

Elles eurent à peine le temps d’échanger quelques mots que l’ambassadrice de Ghis arriva dans la tribune. Somptueuse, elle provoqua un brouhaha autour d’elle. Alynera lui rendit son salut avec grâce.

Ambassadrice, je te salue. Assurément, c’est un grand jour pour Valyria. J’espère que cela marquera la fin des animosités entre Ghis et Valyria.

Bien sûr, c’était pure formule de politesse. Alynera n’était pas assez stupide pour penser que la paix régnerait pour toujours. Les conversations cessèrent quand le cortège arriva. En tête marchaient les esclavec, butin de guerre. Alynera les observa avec curiosité. Elle avait elle-même quelques esclaves qu’elle avait acquis. Mais son regard s’attarda sur les généraux en vol à dos de dragon. Puis, enfin, les héros venaient à pied. Alynera resta la tête haute, sourire aux lèvres. Un cavalier s’arrêta devant la tribune, retirant son casque. C’était @Maekar Tergaryon. Alynera admira la stature du héros. Le porte-étendard qui s’avéra être @Aerys Maerion. Sa voix fendit l’air et le silence se fit. Il avait un charisme certain et Alynera applaudit en même temps que la foule hurlait et acclamait ses héros retrouvés.
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Le Triomphe du Dragon



Le Glaeron, Cité de Valyria ֍ Troisième Mois de l'An 1066

Lorsqu'elle fixa le dernier peigne nacré dans la chevelure lustrée, Shalya se recula, les mains légèrement tremblantes et le regard brillant d’admiration. « Maîtresse... Tu es splendide ! » « Je sais ! » Naerys, dont l'assurance transformait le sourire enjôleur en étendard d'absolue victoire, pivota sur elle-même en rejetant la tête en arrière, alors que son miroir lui retournait l'image d'une robe qui semblait peindre sur son corps un camaïeux de violet, d'argent et d'habiles reflets opalescents. Avec ses bracelets finement ciselés, ses boucles d'oreille scintillantes et les quelques centaines de perles qui sertissaient sa chevelure tressée au sommet de sa nuque, d'où ne s'échappait qu'une longue mèche torsadée tombant sur son épaule, elle ressemblait aux effigies religieuses coulées dans le marbre et le feu dragon qui faisaient la fierté des jardins du Quadrant Sud. Aucun bijou ne venait alourdir sa gorge, que le décolleté, savamment retenu par une somptueuse broche en forme d'ailes de dragon travaillées à partir des écailles de Selarya, mettait d'avantage encore en valeur. Sa taille semblait plus fine que jamais, aidée des coutures qui se resserraient sous les seins pour s’évaser ensuite en une courte traîne. Chaussée de sandales compensées retenues aux chevilles par d'élégants rubans de la même matière et couleur, elle pinça ses joues et se mordit les lèvres pour en faire ressortir le sang et susciter le contraste avec ses grand yeux violet qui papillonnaient sans relâche. Se munissant d'un éventail en plumes de paon qu'elle agita deux ou trois fois, comme pour s'échauffer avant d'entrer en scène, elle se retourna vers son esclave. « Souviens-toi ! Tu restes toujours à deux pas de moi, sans exception ! Le contraste des couleurs n'en sera que plus saisissant ! » Moulée dans un double drap du plus pur coton, teint en noir et retenu au cou par un collier sertis de diamants bruts, Shalya acquiesça vivement. A l'exception des membres de la famille, tous les serviteur des Arlaeron porteraient des habits sombres.

Traversant la pièce pour se rendre dans celle d'à côté reliée directement à la sienne, Naerys agitait vivement ses plumes tout en appelant sa demi-sœur : « Haedar ? Tu es prête ? » La voix joyeuse de Daerys lui répondit aussitôt. « Oui ! Ah ! Mmmpf... Oh non ! Mère, pourquoi enlèves-tu ma ceinture ?! » La voix outrée de Rhaelys résonnait sévèrement contre les tempes de la jeune femme qui sentit une bouffée de colère monter en elle. « Parce que ma fille n'est pas une prostituée ! Je ne veux pas que l'on dise que tu offres tes seins sur un plateau ! » « Mais c'est la mode ! Toutes les dames porteront des robes cintrées, et moi j'aurai l'air d'un bébé avec mes lignes droites ! » « La mode change ! Et puisque que tu ne ressembleras à aucune autre, tu seras d'autant plus remarquée ! » « Mais Mère ! » protesta la jeune fille, en vain. D'un geste sec, Rhaelys Arlaeron tira une dernière fois sur le tissu, libérant les retenues de la robe d'un radieux jaune d'été parsemé de fils bleu roi, qui lui donnaient tout l'air d'un oiseau de paradis. Malgré sa mine défaite, Daerys était tout bonnement à croquer aussi, plutôt que de s'en prendre à sa belle-mère, Naerys cajola sa demi-sœur en encerclant ses épaules de ses deux mains. Son regard croisa celui de Rhaelys qui, toute vêtue de gris fumé et de satins blancs d'une sobre élégance, toisa sa belle-fille avec un air qui en disait long sur ce qu'elle pensait de sa toilette. Naerys soutint son regard. La robe d'Asshaï que son frère lui avait offerte, et dont il lui avait fait promettre de la mettre à son retour, était restée dans ses malles. A la place, elle avait harassé les couturières de la ville en catastrophe pour qu'elle se fasse faire cette fantaisie dernier cri. On marchait sur la tête ! « Bien ! Si nous ne voulons pas manquer au Code, nous devrions nous dépêcher ! Les enfants !  »

Drivo était directement relié au Glaeron par un chemin fortifié. Bien qu'aucun de leurs pas ne pouvait échapper à la vigilance des guets, Rhaelys, Naerys et Daerys, ainsi que les jumeaux Taena et Aemor - dont les toilettes se répondaient avec leurs accents vert et argent - étaient farouchement protégés de dix Jurés d'Argent, dont les éclairs de leurs diverses armes en acier valyrien contre les rayons du soleil, menaçaient quiconque voulant de trop s'approcher. Sur le chemin, d'autres courtisans qui avaient élu domicile dans les appartements privés du complexe régalien se joignaient à eux et Daerys constata avec un soupir à soulever les Quatorze Flammes qu'elle avait vu juste et que bon nombre de toilettes ressemblaient bien d'avantage à celle de sa sœur qu'à la sienne. Naerys, qui ne pouvait décemment abonder dans le sens de sa belle-mère bien que sur ce chapitre, elle avait fait preuve d'une incomparable perspicacité, tentait de la rassurer en lui laissant entrevoir la possibilité de pouvoir porter sa fameuse ceinture au moment des fêtes et banquets qui suivraient le grand Triomphe. Après tout, ce à quoi elles allaient assister était un moment solennel ! De plus, sa fibre maternelle, qu'elle cacha soigneusement derrière ses plumes de paon, se trouvait soulagée autant que Rhaelys : c'était des hommes de guerre qui rentraient, et si elle gageait que plus d'un se soit repu des diverses aubaines que les conquêtes de champs de bataille ou de villes apportaient, il y avait fort à parier qu'ils seraient nombreux à regarder sa petite sœur avec des yeux autrement plus fiévreux que ceux de la galante admiration !

Lorsque soudain, Glaeron et sa grande allée s’ouvrirent à eux par une ruelle dérobée, Naerys en eut le souffle coupé. C'était grandiose ! La marée de monde qui s'étendait à perte de vue jusqu'aux portes de la ville grouillait sous les acclamations et les chants, tandis que sur la tribune d'honneur, les premiers invités prenaient leurs places. Naerys suivit les siens à leurs côtés, et reconnu immédiatement @Daenerys Maerion. «  Petit chat ! » Elle se fraya un chemin jusqu'à la jeune fille et posa un baiser sur chacune de ses joues rebondies en prenant ses mains dans les siennes. « Tu es absolument ravissante, un vrai petit bonbon ! Et ce sourire ! J'en connais un qui a bien de la chance... » Ceux qui avaient l'ouïe suffisamment proche pour entendre leur conversation comprendraient qu'il s'agissait indéniablement de son fiancé, Jaehaegaron Maerion pourtant, Naerys savait que sa jolie petite protégée n'avait encore et toujours que d'yeux pour son autre frère, Aerys, auquel on l'avait brutalement arrachée à la mort tragique de leur sœur aînée. Un sujet sensible mais qui passerait sans doute inaperçu aujourd'hui : alors que ses sourires seraient destinés à un autre, tous n'y verraient que du feu. Son regard happa ensuite celui d'une autre et Naerys poussa une exclamation de joie. « Elaena ! Par ici, Prūmia Mandia ! » Elle agitait vivement la main en sa direction, lui intimant prestement de les rejoindre. « Ra-di-euse ! Absolument sublime ! Ça vient de chez toi ? » demanda-t-elle, aussi curieuse que sincère, en détaillant en connaissance la tenue d'@Elaena Tergaryon. « Je ne sais pas si vous vous connaissez, toutes les deux ? Elaena Tergaryon, fille du vénérable Sénateur Vaegon Tergaryon. Daenerys Maerion, benjamine de l'une de nos Lumières, l'éclairé Arraxios Maerion. »

A mesure que les invités arrivaient, la tension nerveuse commençait à se faire ressentir. Prenant place aux côtés des deux jeunes femmes, Naerys laissa son regard planer le long des rangées. Lorsque l'on s'écarta pour laisser place à @Alynera Vaekaron, ses lèvres se pincèrent. Plus que jamais, elle avait l'air d'une princesse de contes de fées et ce malgré qu'elle pleurait toujours les nombreux hommes de sa famille tombés aux combats, à commence par son frère-époux. Elle lui adressa un signe de tête respectueux, plantant ses ongles dans ses mains. C'était plus fort qu'elle, elle mourrait de jalousie ! Détournant le regard de sa somptueuse toilette, elle adressa un signe de la main enjôleur au très sérieux @Daemor Bellarys ainsi qu'un : « Comme tu es beau, Seigneur Daemor ! L'urgence te va bien, j'en viendrais presque à envier ta sœur-fiancée ! » Elle aurait voulu continuer mais brusquement, un voile de silence tomba sur les gradins, alors que s'avançait une silhouette sombre et vertigineuse qui ne pouvait être que @Vastraya Amasis, la fameuse ambassadrice de Ghis. Naerys eut du mal à cacher sa surprise - si ce n'était son indignation - à la voir assise si proche d'elle et de ses compagnes. Depuis quand mélangeait-on crapauds et colombes ? « Vous êtes l'invitée de la République, Excellence... Nous ne sommes que d'humbles sourires ! » Le sien dégoulinait de fausseté, mais pouvait passer pour radieux. Comment osait-elle insinuer qu'une d'entre elles aurait souhaité plus que de raison sa présence parmi les hauts dignitaires de la ville ? Énergiquement, Naerys s’éventa de ses plumes et, relevant bien fièrement le menton, redonna son attention à la scène.

Alors que Talaegar Perzygon embrasait les coupes de sa spectaculaire magie, de même que sonnaient les cors annonçant l'arrivé du cortège, Naerys sentit son cœur vibrer dans sa poitrine. La liesse générale était contagieuse et naturellement, elle fut gagnée par les applaudissements et les clameurs à mesure que se dessinaient les premiers arrivés. Elle fût frappée par la magnificence du butin, par la profusion de prisonniers et par l'éclat des soldats qui défilaient les uns après les autres, alors que haut dans ciel, Selarya tournoyait avec ses frères et sœurs autour de la ville en criant elle aussi sa joie. Et puis, enfin, arrivaient en grande pompe les Seigneurs Dragons. Elle bondit de son siège en acclamant son père, qu'elle trouva plus majestueux que jamais, de même qu'elle échangea un regard entendu avec Daenerys alors qu'elle aperçu @Aerys Maerion menant l'étendard de la victoire. Les quatre années de guerre ne l'avaient pas suffisamment changé pour qu'elle ne le reconnu pas et elle se joignit aux acclamations en agitant ses plumes : « Viva ! Viva Maerion !  » Et aussi brusquement que son sourire avait irradié son visage, il se figea. Les yeux violet avaient happés ceux si semblables aux siens, sa peau avait tressailli en les sentant parcourir chacun des fibres de son être et de sa robe. Elle soutint ce regard incandescent, qui pouvait exprimer autant de désir que de colère, et qu'elle défia d'un sourire jubilatoire. Elle ne lui avait pas pardonné et se vengeait aux yeux de tous. Laedor n'avait qu'à s'en prendre à lui-même, on ne rejetait pas la Voix d'Argent de Valyria. Jamais ! Prolongeant le supplice, elle envoya du bout des doigts un baiser sulfureux à @Aeganon Bellarys. « Viva ! Viva Bellarys ! »
Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Le Triomphe du Dragon


Quatre ans, cela faisait quatre longues années que Daenerys n’avait pas vu son frère. Combien de temps elle avait passé à prier les Quatorze pour qu’il lui revienne en vie ? Combien de fois elle avait pleuré perdant espoir au fur et à mesure que le temps passait et que la guerre contre l’Empire de Ghis ne finissait pas ? La dernière fille de la maison Maerion avait passé plus de temps à s’étourdir dans les marchés en compagnie de Voix d’Argent et à chevaucher des jours durant Synthara plutôt qu’à se montrer attentive à ce que pouvait lui dire sa mère où à rejoindre Lady Alynera Vaekaron comme l’aurait souhaité sa génitrice. Mais aujourd’hui c’était un jour différent es autres. Aujourd’hui les guerriers revenaient à Valyria et la jeune Maerion était plus qu’heureuse de revoir enfin son frère Aerys. On disait que l’héritier des Maerion s’était distingué mais la jeune fille en avait que faire malgré le fait que leur père les avait fiancés juste avant le départ des deux fils de la maison. Arraxios Maerion avait même signalé avec force et à plusieurs reprises à sa fille, qui se montrait de plus en plus rebelle, que le mariage aurait lieu une fois la guerre finie. Et cette fois elle était belle et bien fini. Un frisson parcouru alors l’échine de la Maerion en y resongeant, ou bien était-ce la fine épingle que venait de placer sa servante qui avait piqué le cuir chevelu de la demoiselle qui l’avait provoquée. La servante s’excusa et Daenerys lui fit simplement un petit signe de la main pour lui signifier qu’elle pouvait continuer. Daenerys se laissait coiffer les cheveux, la servante lui remontant les cheveux en plusieurs petites tristesses sur la tête, une couronne d’or orner de feuilles et finalement une longue tresse retombant sur l’un de ses seins complétait l’ensemble de la coiffure. La jeune Dame-Dragon avait revêtue une robe rose pâle seyant à merveille à son teint et elle para ses oreilles de boucles d’oreille et son cou d’un pendentif aux armes des Maerion. Et puis elle se leva, d’u geste impérieux elle congédia la jeune servante et prit elle-même le petit flacon de parfum en forme de tête de dragon pour déposer au creux de son cou sa douce flagrance.

« Daenery ! Daenerys ! Dépêches-toi jeune fille, le Triomphe n’attend pas. » c’était la voix de Dame Vhaenyra Maerion qui résonnait entre les murs de Castel Maerion alors que la Dame-Dragon attendait que sa fille daigne enfin se présenter à elle. Le timbre de voix de la mère fit trembler la main de la demoiselle qui manqua de faire tomber le petit flacon aux notes si précieuses. Une grimace s’étira sur ses lèvres aussi fugace qu’un battement d’aile. Il fut remplacé par large sourire alors que ses prunelles venaient de croiser l’or des yeux de son dragon, voltigeant devant sa fenêtre sûrement tout aussi impatiente qu’elle de revoir Aerys. Les deux âmes se parlèrent sans qu’aucun son ne sorte d’entre les lèvres de la jeune fille. Elle retrouvât sa mère et son père dans l’entrée de Castel Maerion et les salua d’une inclinaison de la tête pour s’excuser de son retard. Dame Vhaenyra déposa une main délicate sur le bras de son époux, Daenerys quelques pas derrière eux et le tableau était enfin prêt pour que la famille Maerion se mettent en route.

Le Sénateur Arraxios prit sa place tandis que sa sœur-épouse s’arrêta un rang derrière lui. Les deux femmes de la maison Maerion furent rejointes par Dame Alynera Vaekaron, dont Daenerys était la protégée. « Dame Alynera… » répondit tout d’abord Daenerys, un petit sourire nerveux aux coins des lèvres. « Autant que je le peux étant donné les circonstances… » ajouta la Dame-Dragon en jouant avec une mèche de ses cheveux. Daenerys n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit d’autres. Les joues de la jeune fille s’empourprèrent et le regard de Dame Vhaenyra se fit suspicieux alors que sa fille reconnaissait la voix familière non loin d’elle. C’était nulle autre que Naerys Arlaeron, Voix d’Argent qui s’était faufilée jusqu’à elle. « J’espère qu’il me reconnaîtra, Naerys. Cela fait tellement longtemps. Quatre ans que nous ne nous sommes point vus, te rends tu comptes ! » répondit, sourire aux lèvres Daenerys Maerion d’une voix tremblante. Voix d’Argent, apercevant Dame Elaena Tergaryon lui fit signe de les rejoindre et la benjamine des Maerion senti son sourire se faner. Bien sûr qu’elle la connaissait. Elle serra ses poings, le temps de se recomposer une contenance. « Dame Elaena Tergaryon, c’est un plaisir de te voir ici. Tu es ravissantes. Nous avons le plaisir de nous connaître, oui, Naerys. » répondit avec élégance mais néanmoins les lèvres un peu pincées Daenerys. Heureusement, tout cela pouvait être mis sur sa nervosité, toute compréhensible de revoir les siens. L’atmosphère se détendit quelque peu avec l’arrivée du Sénateur Daemor Bellarys dont elle se montrait une alliée de poids. La benjamine des Maerion soutint les paroles de son amie avec un petit sourire qui s’estompa rapidement lorsque son regard se posa sur une élégante mais néanmoins étrange et grande femme. L’Ambassadrice de Ghis venait de les croiser. « Ambassadrice Vastraya Amasis. » fit tout d’abord Daenerys Maerion. « Nous ne pouvions ne pas te convier à ce Triomphe, Ambassadrice Amsis. » souffla entre ses dents la benjamine des trois Dame-Dragons en guise de réponse aux salutations de l’ambassadrice de Ghis.  

Et puis, salutaire, le brouhaha de la foule annonça l’arrivée des guerrier et le cœur de Daenerys Maerion manqua un battement. Ses yeux se rivèrent sur l’horizon et la jeune femme tenta avec difficulté de se calmer en pensant à sa dragonne qui survolait la tribune. Elle posa une main nerveuse sur son pendentif et le pressa à s’en faire mal lorsque ses prunelles se trouvèrent enfin le corps tant chéri de Aerys, porte étendard de l’armée Valyrienne. « Aerys » souffla alors Daenerys alors que ses yeux ne quittaient plus ceux de son frère qu’elle avait fini par accrocher. Ses lèvres s’étirèrent en un large sourire. De sa main libre elle prit celle de Dame Naerys pour s’empêcher de défaillir tellement la joie de revoir son frère l’envahissait. Elle le sentait Synthara perdait de l’altitude et commençait à s’agiter. « Est-ce que tu as vu ton frère, Naerys ? » demanda alors la fille du Sénateur Arraxios Maerion, sans quitter du regard son aimé, à l’attention de Voix d’Argent qu’elle savait aussi proche de son frère qu’elle pouvait l’être de Aerys. Daenerys eut rapidement sa réponse lorsqu’elle sentit sa voisine se raidir. La Maerion reprit alors contenance et aperçu parmi les héros et son frère Jaehaegaron et le seigneur-dragon Maekar Tergaryon, croisé à quelques rares occasions qu’elle gratifia d’un sourire des plus conventionnel et le Seigneur-Dragon Aeganon Bellarys. Elle se joignit alors aux Viva de sa voisine avant de se tourner vers le Sénateur. « Sénateur, je suis heureuse de savoir ton frère parmi eux. Tu dois te réjouir de le savoir parmi nos guerriers, et parmi les héros qui plus est » et elle lui fit un petit signe de la main, discret mais suffisamment compréhensible pour qu’il se rapproche d’elle. « J’espère que tu accepteras de te joindre à moi pour le reste des festivités. »
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


Le Triomphe du Dragon



Le Glaeron, Cité de Valyria ֍ Troisième Mois de l'An 1066

Cela faisait déjà de longues minutes que tout était prêt, il ne nous faudrait que très peu de temps pour rejoindre le coeur des festivités, et déjà mon père était-il parti rejoindre l’assemblée de Drivo. Cela faisait déjà de longues minutes que j’étais prête, mais que je restais là, assise face au miroir, les yeux dans le vide à jouer avec un des rubans en trop pour l’élaboration de ma coiffure. Il y avait quelque chose de reposant à reproduire le geste mécanique de faire glisser le doux ruban entre mes doigts, quelque chose de sensuel aussi finalement. Sous peu, ma mère entrerait avec fracas dans la pièce, me criant de me dépêcher, s’étonnant de me voir d’une humeur pareille alors que le jour était à la fête et que je devrais être heureuse. Oh heureuse je l’étais, plus que quiconque ici. Pourtant, si ma première pensée fut que j’allais enfin retrouver l’être qui me manquait tant, la seconde pensée, celle qui fut assez persistante pour perturber mon sommeil, était bien plus empreinte de tourment. Combien d’années s’étaient écoulées depuis notre dernière entrevue ? Les lettres de Maekar s’étaient faites plus rares dernièrement, sans doute du aux derniers combats et aux négociations de la paix. Pourtant je ne parvenais pas à m’ôter de l’esprit que peut-être… peut-être mon frère avait-il changé.

Je l’avais trouvé changé lors de notre dernière rencontre, la mort d’Aenar nous avait tous bouleversés mais Maekar en avait été le plus touché à mon avis. Cela avait brisé quelque chose en lui. Peut-être cela lui avait-il fait comprendre que la vie était une chose si fragile qu’il était imprudent de la gâcher dans de vaines recherches ? Mais peut-être cela lui avait-il offert un regard nouveau sur nous… Et s’il revenait si changé qu’il ne me trouvait plus rien d’intéressant ? Maekar Tergaryon, à présent appelé Le Téméraire, un des plus jeunes généraux de l’histoire de Valyria, admiré de tous, respecté de tous… N’avait-il pas à ses pieds toutes les jeunes femmes de la péninsule ? Se contenterait-il dès lors de sa soeur cadette sans expérience ? Je fermais les yeux un instant, tentant une nouvelle fois de chasser ces pensées néfastes en me remémorant son visage, son sourire lorsque je l’avais touché, lorsque nos corps s’étaient enfin rapprochés… Mais tout cela, c’était il y a trois ans à présent. Tant de choses pouvaient changer en trois ans. Peut-être avait-il rencontré une autre femme ? Peut-être même en avait-il connu plusieurs… La jalousie était un bien vilain défaut à Valyria, et je ne pouvais espérer qu’il n’ai succombé à aucun des charmes mis à sa disposition durant plus de trois ans. Mais l’incertitude que faisait peser sur moi son silence me rendait folle.

« Ma Dame, tu es prête ? »

J’ouvrais les yeux en sursaut lorsque Marsalen brisait le silence de ma chambre. Elle se tenait plus droite, et ne ressemblait plus à une petite chose apeurée. Il y avait toujours chez elle une certaine réserve, mais à mesure qu’elle s’ouvrait elle prenait confiance. Je me retournais vers elle, lui adressant un sourire sans pour autant prononcer un mot de plus. Me retournant à nouveau vers le miroir, je restais un silence de plus silencieuse, jouant avec mes cheveux un instant, tripotant inutilement le long pendentif qui se prolongeait jusqu’à l’espace séparant mes seins. Le décolleté de la robe était à la nouvelle mode de Valyria, une coupe avantageuse, cela serait au moins cela de plaisant pour mettre au test ce frère qui me revenait. Les tissus, en revanche, provenaient d’Oros, où mon grand-père s’était procuré de magnifiques voilures et soies en provenance de l’Est. L’ensemble avait un aspect vaporeux très agréable pour le temps chaud, et parfaitement adapté à la coupe plus cintrée de l’ensemble.

« Oui… J’imagine que je le suis. Va prévenir ma mère que je descendrai dans une minute. »

Je tentais de me reprendre. Ma nervosité ne devait pas altérer la joie de ce jour. Il me fallait cesser d’être si égoïste. Il ne s’agissait pas seulement du retour de Maekar et de nos retrouvailles. Ce jour symbolisait la victoire de la grande Valyria sur son puissance voisin. C’était un symbole d’espoir, le début d’une nouvelle page de notre histoire… Une histoire que j’aurais la chance d’aider à écrire. Je tentais quelques sourires devant le miroir, essayant de laisser derrière moi la nostalgie et l’inquiétude pour prendre le rôle qui devait être le mien : l’avenir de ma famille.

***

Les rues bourdonnaient d’une activité grandiose. Qu’il était époustouflant de voir la ville ainsi transformée, toute en couleur et en liesse, prête à accueillir ses héros dignement. Si la nostalgie ne m’avait pas quittée ces derniers jours, elle ne faisait pas le poids contre l’exaltation qui m’entourait. Les cris du peuple, les danses qui déjà s’organisaient, les décorations fabuleuses et la promesse d’une fête inoubliable. Tout cela eu pour effet de balayer du revers de la main mes élans mélancoliques. Je n’étais plus que sourire, comme énergisée et portée par la joie des autres. Une joie que je partageais intimement. Qu’importe la suite des événements, qu’importe les différences, en cet instant nous n’étions plus qu’un. Nous étions un cri, un sourire, un rire. En cet instant plus rien ne comptait que la promesse de lendemains chantants.  

« Elaena ! Par ici, Prūmia Mandia ! » 

Alors que je prenais place aux côtés de ma mère, ma soeur Daenyra et mon frère Maerion, exceptionnellement autorisé à sortir du Collège pour nous rejoindre, j’étais interpelée par une voix familière. Cherchant un instant du regard la provenance de la voix, je rencontrais rapidement le regard souriant de @Naerys Arlaeron, auquel je répondais avec une joie semblable. Je m’excusais auprès de ma mère avant de me frayer un chemin au sein de la tribune afin de la rejoindre.

« Naerys ! »

Arrivée à sa hauteur j’attrapais sa main afin de la serrer entre les miennes, sincèrement soulagée d’avoir à mes côtés une jeune femme sans doute aussi nerveuse que moi à l’idée de retrouver son frère. Je n’en doutais pas, elle était à même de comprendre le savant mélange de joie, d’impatience et d’anxiété qui m’étreignait.

« Ra-di-euse ! Absolument sublime ! Ça vient de chez toi ? » 

Je riais, amusée d’être si exotique aux yeux de certains valyriens.

« Sans doute loin d’être aussi exquise que toi, ñuhys raqiros ! Disons que c’est un savant mélange d’étoffes très appréciées à Oros, et de cette fameuse nouvelle mode Valyrienne dont, je le constate, tu t’es également inspirée. »

J’apercevais Daemor un peu plus loin, j’allais l’appeler lorsque Naerys me dirigeait vers une autre personne que je ne reconnu pas immédiatement.

« Je ne sais pas si vous vous connaissez, toutes les deux ? Elaena Tergaryon, fille du vénérable Sénateur Vaegon Tergaryon. Daenerys Maerion, benjamine de l'une de nos Lumières, l'éclairé Arraxios Maerion. »

@Daenerys Maerion et moi-même nous connaissions, non pas excellemment bien mais nous avions eu l’occasion de nous croiser à certains banquets. La réaction de Daenerys était d’ailleurs souvent la même, à ma vue elle quittait un sourire chaleureux, qui lui allait si bien, pour un sourire de convenance qui, si elle n’avait pas été si insignifiante à mes yeux, aurait sans doute réussi me blesser.  

« Dame Elaena Tergaryon, c’est un plaisir de te voir ici. Tu es ravissantes. Nous avons le plaisir de nous connaître, oui, Naerys. »
« Et comment ne pas connaître Dame Daenerys lorsqu’elle a cette faculté merveilleuse à illuminer chaque banquet où elle se rend ! C’est un plaisir amplement partagé, ma Dame. »

Touchant son bras avec chaleur, je me montrais aussi charmante et chaleureuse qu’elle-même se montrait distante. Peut-être était-elle nerveuse, sans doute dès lors était-elle nerveuse à chacune de nos entrevues. Il aurait plus aisé pour moi d’avoir la prétention de me croire si impressionnante, je n’aurais pas eu à considérer l’éventualité d’avoir d’ors et déjà un esprit contre moi après si peu de jours passés au sein de la belle capitale.

« Mes Dames. »
« Dame Alynera, vous êtes sublime, mais je ne suis sans doute pas la première personne à vous gratifier de ce compliment. »

@Alynera Vaekaron avait toujours été considérée comme l’une des plus belles femmes de Valyria, un prix de choix pour tout homme à la recherche d’un épouse. Je ne pouvais que plaindre cette situation, car s’il était enviable d’être admirée de tous, il l’était moins d’être considérée comme une très jolie oeuvre d’art à s’approprier pour le prestige. Nous avions eu l’opportunité de nous rencontrer et de discuter assez régulièrement pour apprendre à nous apprécier.

« Comme tu es beau, Seigneur Daemor ! L'urgence te va bien, j'en viendrais presque à envier ta sœur-fiancée ! »

Je me retournais, interpelée par l’intervention de Naerys.

« Oh Daemor ! »

@Daemor Bellarys était tout sauf un inconnu, et si nous n’avions pu nous voir depuis de longues semaines nous avions partagé des moments d’une gravité terrible, des moments qui avaient eu pour effet de nous rapprocher. Craignant de le mettre dans l’embarras par une effusion d’affection en public, je me contentais de lui adresser un sourire.

« Prenons le temps de discuter tous deux, cela fait si… »

Je m’interrompais alors que la stupéfaction avait eu pour effet de faire peser un certain silence sur notre petit groupe. @Vastraya Amasis ne manquait pas d’allure, c’était une chose que l’on pouvait lui accorder sans querelle, et après mon entretien avec elle à l’occasion de sa rencontre avec mon père, je pouvais également affirmer qu’elle savait manier les mots comme l’on manie un instrument de musique… ou une arme. Je la saluais d’un signe de tête lorsque nos regards se croisaient puis me penchais vers Naerys pour chuchoter :

« D’humbles sourires… Il serait prudent de se méfier d’un sourire du Dragon. »

Je riais discrètement, amusée de voir la tension dans chacune des paroles adressées à l’ambassadrice. Je tentais de la regarder sous un jour nouveau, tentant d’oublier que c’était bien son peuple qui avait été responsable de la mort de mon frère ainé, et de mon éloignement avec Maekar. Après tout, n’était-ce pas elle qui se retrouvait dans une situation précaire ? Ambassadrice de l’ennemi, entourée de personnes ayant perdu des proches dans cette guerre, invitée à assister au triomphe de Valyria sur son peuple. Il eut été cruel d’en rajouter.

Mais alors, soudainement, l’atmosphère changea, et les cris redoublèrent d’intensité et de ferveur. La flamme avait été allumée, et déjà au loin, au bout de l’avenue, on devinait l’arrivée des héros… De ceux que Valyria honorait aujourd’hui, ses fils les plus valeureux. Très vite, je ne fus plus capable de voir autre chose, qui que ce soit d’autre, que l’homme qui s’avançait fièrement et que je savais être @Maekar Tergaryon, malgré son casque. Il s’approchait, et je croyais presque entendre le bruit des sabots de son cheval sur le sol, martelant ce dernier au rythme des battements de mon coeur. Je me levais d’un bond en même que Naerys, portée sans doute par le même élan. Il levait son poing et la foule, déjà en liesse, redoublait de cris et de viva, jetant pétales de rose en direction des héros. Pourtant, tout cela n’était rien à côté de l’admiration qu’il suscitait lorsqu’il retirait son casque, révélant aux yeux de tous le visage d’un héros. Ils avaient crié son nom, prié les Dieux en son honneur, et à présent il était face à eux. Il était face à moi. Il regardait la tribune, mais je savais qu’il ne me voyait pas. Il ne voyait que le flou d’un homme porté aux nues, et moi je ne voyais que lui. Ironie de l’histoire. A peine rassasiée de sa vue, je regardais autour de lui, apercevant @Aeganon Bellarys ami de longue date qui, lui aussi, s’était illustré. L’homme qui avait crié était @Aerys Maerion, le frère de Daenerys et à en croire son regard… plus qu’un frère pour elle. Je ne l’avais que très peu rencontré, mais il m’avait fait l’impression d’un jeune homme relativement en retrait face à son frère ainé, en ce jour il s’était visiblement décidé à être sur le devant de la scène. Et c’était après tout le moment où jamais pour un cadet de briller, ils n’avaient jamais semblé si héroïques qu’en cet instant.

Cette fois, son regard fixa le mien, et même au loin il semblait plus proche que jamais. Nous restions un instant ainsi, le sourire aux lèvres, trop loin pour nous parler, mais si proches… Dans une proximité que la guerre nous avait volé.


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Le triomphe du Dragon.



Le grand jour était arrivé ! Fébrile mais heureuse à la fois, Saerelys observait son reflet dans son miroir, passant encore et encore ses mains dans sa dense chevelure afin de l’imprégner de quelques lotions destinées à leur entretien. La future Mage avait pour habitude de laisser ses cheveux libres, lorsqu’elle n’était pas au Collège. Cela leur permettait de respirer un peu, loin des liens qu’elle était obligée d’utiliser pour les retenir lorsqu’elle travaillait. La Magie était un art subtile et il était hors de question d’y ajouter des ingrédients qui n’avaient rien à y faire. Qui plus est, la jeune femme appréciait ses boucles. Des plus naturelles, elles coulaient sur ses épaules et dans son dos telle une mer tumultueuse. Du moins, c’était là la première impression qu’on pouvait en avoir. Si Saerelys avait prit l’habitude de se coiffer seule au Collège, cela ne pouvait pas en être de même aujourd’hui. Il fallait que tout soit parfait, si tant est que la perfection pouvait exister !

Aussi, sa grand-mère avait consentit à lui accorder un peu de son temps, pour peu que cela se passe tôt. Daela ne dormait que peu, c’était un fait que Saerelys avait rapidement remarqué. Si la jeune femme avait tenté à plusieurs reprises de s’entretenir avec sa grand-mère à ce sujet, cela n’avait rien donné. Daela était restée sourde et muette à toutes ses tentatives. Mais la future Mage n’en démordait pas. Tout finissait par se savoir. Il fallait juste laisser le temps faire son œuvre. Toujours est-il que sa grand-mère lui avait proposé de jouer sur l’élégance et la simplicité feinte. Cela n’en ferait que ressortir d’avantage encore ses autres atouts, mettant en valeur sa chevelure bouclée, sa peau pâle, qui l’était d’autant plus après tant d’années passées à étudier en ne sortant que trop peu, et ses yeux dont la couleur ne pouvait que rappeler celle de l’améthyste.

Aussi, sa grand-mère s’était contentée de relever certaines de ses mèches les plus longues, les ramenant en arrière et les mettant en valeur en comparaison avec ce flot bouillonnant de mèches argentées. Si cette coiffure était fort simple, c’était surtout pour y permettre l’ajout de parures qui étaient loin de l’être. Saerelys savait que sa famille possédait de nombreux trésors. Sans doute n’en avait-elle vu qu’une faible partie depuis le début de son existence. Cela se précisa par la suite, lorsque sa grand-mère glissa dans sa chevelure, afin de retenir les longues mèches derrière son crâne, plusieurs peignes d’or façonnés de manière à rappeler de petites ailes membraneuses desquels pendaient de fines chaînettes de ce même métal. Ces dernières étaient terminées tantôt de perles, tantôt de pierres précieuses colorées, taillées en sphères. Les chaînettes se prolongeaient dans sa chevelure argentée, s’y mêlant, finissant par pendre dans le dos de la jeune femme, ressortant tout de même énormément sur la fine robe bordeaux que la Riahenor avait enfilée. Son plissé élégant n’était pas la seule chose qu’il fallait y remarquer. Sa taille marquée par une ceinture mêlant étoffe et fils d’or non plus. En partie dissimulé par la dense chevelure de sa propriétaire, la robe d’étoffe finement tissée laissait en effet entrevoir une partie de son dos.

Les choses ne s’arrêtèrent pas là cependant. A ces peignes, Daela proposé d’ajouter plusieurs bracelets des plus fins. Saerelys était en effet de fine carrure. Porter de trop lourdes pièces aurait de ce fait pu lui être préjudiciable, cassant toute la grâce dont elle pouvait faire preuve. Consciente de cela, la future Mage n’en avait choisi que quelques uns qui ressemblaient à de fines bandes d’or repoussées ici et là pour créer des motifs complexes. Des bracelets qu’elle avait elle-même commandé qui plus est et que le commun des mortels ne pouvait comprendre. A force d’étudier, Saerelys avait apprit la force de certains symboles, quand bien même la magie en fut absente. Aussi avait-elle décidé d’en porter quelques uns, pour son propre usage. Plus encore loin de son dragon d’acier valyrien. Si la future Mage portait une grande affection pour ce collier, fort était de constater qu’il ne lui seyait guère au vu de la couleur de sa tenue. Aussi, une fois n’est pas coutume, la jeune femme lui avait préféré une fine chaîne d’or, avec en pendentif, une pierre précieuse rouge enserrée dans ce qui ressemblait à des griffes de dragon de métal précieux.

Cessant l’entretien de sa chevelure, Saerelys se leva, appréciant son apparence. La jeune femme ne pouvait que prier pour que tout cela plaise à Aedar ! Il devait avoir tant changé… L’espace de quelques instants, la future Mage ne put que craindre que son jumeau ne la reconnaisse pas. Cependant, ce doute fut rapidement balayé de son esprit. C’était tout simplement impossible. Elle reconnaîtrait Aedar entre mille. Il lui suffirait d’un regard pour cela. Un seul et unique regard. Esquissant un sourire à cette pensée, Saerelys enfila rapidement ses sandales, avant de quitter sa chambre.

La demeure ancestrale des Riahenor était comme prise de folie ce jour-là. Saerelys, ses épaules délicatement recouverte d’un drapé presque transparent délicatement brodé, chercha un temps sa mère ainsi que le reste de sa fratrie. Sa grand-mère était toujours l’une des premières prêtes, c’était un fait. Aussi les attendait-elle dans l’atrium de leur demeure, tapant parfois du pied sur le sol, s’impatientant en voyant qu’en cette demeure, personne ne semblait décidé à arriver à l’heure. Cela s’en ressentait d’ailleurs au vu des remarques qu’elle adressait parfois à certains de leurs serviteurs, bien que leurs apparences étaient des plus soignées.

« Grand-Mère, ne te fais pas de mauvais sang ainsi. commença Saerelys, lui offrant un petit sourire. N’avons-nous pas encore du temps ? Le triomphe ne commence pas avant quelques heures !
- Jeune fille, tu apprendras que dans cette famille, il convient d’arriver avant l’heure, et non pas juste à celle-ci ! répliqua la doyenne des Riahenor.
- Allons, ne fais pas une tête pareille, Grand-Mère. Nous serons tous prêts en temps et en heure. Mère doit encore se battre avec Rhaelys, voilà tout. Elle est encore jeune, tu sais.
- Sans cela serions-nous sans doute déjà en route. maugréa la Dame-Dragon. J’ose espérer que ton autre sœur est prête et comme il se doit.
- Elle le sera. Je m’en suis assurée avec elle. »

Saerelys offrit un nouveau sourire à sa grand-mère, appuyant d’avantage ses propos. Aelys savait tenir son rang à l’extérieur. Il n’y avait guère haut dans les cieux que cela changeait. Si elle avait son caractère, elle n’en restait pas moins une digne Riahenor. Aussi ne fut-elle point surprise en voyant sa cadette arriver au bras de leur frère Gaelor, tout deux somptueusement vêtus et parés. La jeune femme avait choisit de rendre honneur aux couleurs de ce dragon avec qui elle passait la majorité de son temps, en revêtant une robe rosâtre au plissé des plus fins. Quant à Gaelor, c’est du bleu sombre qu’il avait décidé de revêtir, sa tenue étant sans aucun doute bien plus pratique celles de ses sœurs, bien que Saerelys ne nourrissait aucun doute quant au fait qu’Aelys pourrait monter sur le dos de son dragon même avec une robe comme celle qu’elle portait !

« C’est pour Aedar ? demanda Aelys, en indiquant du menton la robe de sa sœur.
- En effet. Il m’a fallut énormément de temps pour trouver une étoffe qui rappelait suffisamment la couleur des écailles de son dragon ! Je ne pensais pas que le rouge pouvait disposer de tant de nuances ! répondit Saerelys, en effectuant un léger tour sur elle-même, faisant voleter les chaînettes qui pendaient dans sa chevelure. Mais celle-ci m’a semblé parfaite !
- Elle l’est, ma fille. Elle l’est. »

Tous se tournèrent alors vers la maîtresse de ces lieux. Vaelya s’approcha alors de ses enfants et de sa mère, Rhaelys trottinant à côté d’elle, lui tenant la main et riant face à tant d’animation. En voyant son aînée, la petite fille lâcha cependant la main de sa mère, courant vers elle et réclamant son attention. Saerelys n’avait jamais compris pourquoi sa plus jeune sœur cherchait toujours sa présence. Cependant, elle lui offrit volontiers l’une de ses mains ainsi qu’un sourire. Une légère et douce chaleur envahit alors la main de la jeune femme, lorsque sa cadette prit la sienne. Les choses avaient toujours été ainsi entre elles et jamais Saerelys n’avait compris pourquoi. La future Mage chassa ces pensées de son esprit, couvant sa petite sœur d’un regard Rhaelys était une enfant adorable, bien que du haut de ses neuf ans, elle essayait à tous de faire croire qu’elle était déjà une grande dame. Une grande dame qui aller participer là aux plus grandes festivités de Valyria.

**

Il y a avait foule aussi bien dans les rues que dans les tribunes. Et dire que les festivités en elles-mêmes n’avaient même pas encore débutées ! Saerelys s’amusa de cette pensée. Depuis les tribunes, tout semblait plus grandiose encore ! En vingt-et-une années de vie jamais elle n’avait vu pareilles choses ! Même ses livres préférés ne relataient rien de tel ! Il y avait tant de choses à écrire pour ce jour, par ailleurs ! Le regard de la future Mage se posa alors sur les autres personnes présentes dans la tribune. Il y avait bien sûr sa famille, Rhaelys se trouvant d’ailleurs à côté d’elle, observant avec avidité tout ce qu’il se passait en contre-bas, et dont la jeune femme s’était fait la mission de sa surveillance et de sa bonne tenue en société.

Et comment oublier les autres familles présentes ? Si Saerelys put en citer une grande partie de tête, pour avoir passé des mois à les apprendre plus jeune, son regard s’arrêta tout d’abord sur @Elaena Tergaryon à qui elle adressa un signe amical ainsi qu’un sourire des plus lumineux. La jeune femme remarqua ensuite Gaelor Arlaeron. Ainsi, elle ne serait pas la seule novice en ces lieux. Lorsque son regard croisa le sien, Saerelys lui offrit également un sourire, ainsi qu’un signe de tête convenu. Aujourd’hui, Valyria était en liesse. Ils se devaient d’oublier leurs rancunes pour célébrer le retour des leurs au moins pour un temps. Leurs colères ne devaient point entacher un événement comme celui-ci ! Le novice était d’ailleurs entouré de sa famille. De mémoire, Saerelys pu citer certains d’entre eux. Elle en arriva donc à la conclusion que la jeune femme qui conversait il y a encore quelques instants avec l’ambassadrice Vastraya Amasis était @Naerys Arlaeron. Une  ambassadrice qui se trouvait entourée aussi bien de fauves que de dragons à cet instant précis… D’un léger mouvement de tête, Saerelys chassa ces pensées de son esprit. Comment oublier, occulter, la présence d’@Alynera Vaekaron ? Descendante tout comme elle d’un des fondateurs de Valyria, la jeune femme resplendissait malgré les ombres qui dansaient sur son visage…

C’est alors que l’agitation sembla cesser un temps. Saerelys cessa alors de s’intéresser aux personnes présentes dans la tribune, reportant son attention sur le spectacle qui se déroulait plus bas, la main de sa petite sœur dans la sienne. Alors que le porte-étendard s’adressait à tous, l’air s’embrasa. La future Mage sentit alors des picotements parcourir son dos tandis qu’une douce chaleur se faufilait dans ses veines. D’immenses flammes tendaient désormais vers les cieux à la demande de leur Magister. Le pauvre homme fut ensuite amené jusqu’à son fauteuil, afin qu’il puisse s’y reposer. Une ombre passa alors en quelques instants sur le visage de la descendante de Riahenys. La Magie. Il s’agissait à la fois d’un don et d’un fardeau… La jeune femme retrouva cependant rapidement sa contenance, affichant à nouveau un sourire digne de telles circonstances. Que ses noires pensées attendent ! Les festivités ne faisaient que commencer et elle allait enfin pouvoir revoir son frère ! Aussi Saerelys ne put que rejoindre avec toute la joie qui habitait son coeur la liesse qui s’était emparée de la foule et de la tribune, montrant l’exemple à Rhaelys par la même occasion.

D’ailleurs, où son double pouvait-il bien se trouver ? Saerelys sentait qu’il n’était plus très loin d’elle. Qu’il était bon de le savoir si proche d’elle à nouveau ! Remarquant que Elaena avait bondit sur ses jambes, Saerelys réprima un petit rire qui ne laissa qu’un grand sourire sur son visage. Ainsi, il en avait au moins une entre elle qui avait trouvé celui qu’elle cherchait ! Qu’elle en avait de la chance ! Tandis que sa mère et sa grand-mère cherchaient sans doute du regard son père, scrutant aussi bien les cieux dans lesquels les dragons se mouvaient avec la plus grande des grâces, que le sol, Saerelys prit le parti d’interroger Elaena, son sourire se faisant des plus amicaux, bien que restant amusé.

« Elaena, sans doute as-tu de meilleurs yeux que moi. lui fit remarquer la future Mage, chaleureuse, tandis que Rhaelys observait, intriguée, cette jeune femme qu’elle ne connaissait pas. J’espère avoir autant de chance que toi par la suite ! »

Elle l’espérait même de tout cœur. Si seulement elle avait pu être présente au départ d’Aedar. Si seulement… A cette époque, elle n’avait eu que ses yeux pour pleurer. Mais à cet instant, cela ne pouvait que lui paraître lointain, très lointain même. Si pleurer elle devait, cela serait de joie et d’allégresse ! Qu’il lui tardait de pouvoir à nouveau sonder le regard de son frère, de lui murmurer à l’oreille ces quelques mots qu’ils étaient les seuls à comprendre, de sentir ses bras autour d’elle. De voler avec lui. Ils n’en avaient que peu eu l’occasion avant son départ à cause de son apprentissage parmi les Mages !
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Le Triomphe du Dragon



La rue assourdissante autour de lui hurlait. Aeganon, drapé dans son armure de parade, rutilante au point que le soleil put s’y mirer à sa guise, saluait d’un geste de la main la foule qui acclamait ses héros, répondant parfois d’une œillade enflammée ou d’un sourire en coin savamment dosé aux femmes qui le célébraient. Une ou deux fois, face à un cri admiratif, il n’avait pu s’empêcher de laisser échapper quelques paroles savamment distillées pour ravir l’excitation du peuple, à son comble alors que l’essentiel de la cérémonie n’avait pas encore commencée. Il avait l’impression que tout Valyria avait envahie les alentours du Glaeron, tant les arrivants formaient un ensemble compact, une véritable hydre à mille têtes qui applaudissait, riait, apostrophait. Cette atmosphère était digne de ses humeurs, et il se sentait parfaitement à son aise, galéjant gaiement avec d’autres hommes qui avaient eu l’insigne honneur, le glorieux privilège, de parader dans ce que certains appelaient, s’il en jugeait par la clameur environnante, le défilé des héros. A leur tête trônait bien entendu @Maekar Tergaryon, qu’il ne savait engoncé dans sa propre vêture ou sa sobre humilité princière. Il l’admettait sans mal : l’homme à la longue chevelure blanche avait un port presque régalien, si ce terme put dire quelque chose ici, en Valyria, qui avait toujours au mieux été un triumvirat, et désormais une République – oligarchique certes, mais le contraire n’était probablement pas imaginable. Il en imposait, le général au profil altier, auréolé de sa dignité silencieuse. Aussi fut-il particulièrement surpris quand son ami lui chuchota quelques mots d’humour, auquel il répondit sur le même ton :

« Je suis un homme de défi, et j’ai hâte de relever ce dernier ! Au pire, je serai vaincu au plus délicieux des champs de bataille, dans une joute homérique, et j’aurai la lance hardie jusqu’à la folie ! »

A peine avait-il achevé cette boutade sulfureuse qu’une fleur lui passa sous le nez. Par réflexe, Aeganon attrapa le projectile de sa main gauche, déchaînant quelques applaudissements. Cherchant la personne qui l’avait envoyée, il ralentit légèrement la marche de sa monture pour sentir la flagrance rosée sous son nez, puis l’attacha à sa selle, un fin clin d’œil adressé à l’habile tireuse – ou celle qu’il croyait l’être, tout du moins – avant de repartir. Et il repartit dans ses grandes salutations au peuple, qu’il remerciait de ses hommages. Le Bellarys n’avait pas cette nature sobre, il aimait les déploiements de la sorte, mais aussi cette chaleur de la foule, ses emportements, ses passions. Là, il en sentait la gorge chaude, ayant hâte d’être avalé, pour que son image puisse être promptement digérée et qu’il s’incruste dans l’esprit collectif, jusqu’à devenir une ombre présente dans toutes les têtes, un impensé. Longtemps, il avait rêvé que sa famille scande son nom, qu’il puisse porter ce dernier au firmament. Désormais, il n’aspirait plus qu’à graver son prénom dans les cœurs valyriens, et au cœur de Drivo. Chaque vivat était un coup de burin à cette intention, chaque acclamation, un morceau de pierre qui se détachait pour que, peu à peu, se dessine la statuaire qui marquerait sa gloire personnelle. Il se sentait comme un ivrogne au milieu d’une dégustation des vins les plus fins : il était submergé par cette sensation de vertige qui le prenait d’être à ce point le centre de l’attention, et sentait déjà l’avidité le ronger. Plus, il en voulait déjà plus. Il était hors de question que ce nectar se tarisse. Alors il murmura en réponse à Maekar, plus pour lui-même que pour le Tergaryon, d’ailleurs :

« Au contraire. Je ne rêve que de le voir s’effacer. Car cela voudra dire qu’un moment encore plus glorieux nous attend. »

Pour autant, malgré l’arrogance de cette assertion, Aeganon admettait volontiers qu’il en serait comme Maekar l’avait conseillé. Chaque seconde se retrouvait gravé dans sa rétine, pendant qu’il balayait les environs de son regard de braise, se gorgeant de chaque visage déformé par les cris, les envolés, les pleurs de joie ou de soulagement, parfois. Vraiment, il régnait un parfum délicieux, âcre et sublime, exhalé par toutes les gorges qui acclamaient en cœur : celui de la victoire et de la gloire. Alors, il s’enivrait de ces démonstrations, ne s’arrêtant plus de saluer, de sourire, fier et toujours chaleureux, appuyant particulièrement ses signes de la main en direction des enfants, que les parents hissaient fièrement pour leur permettre de voir, l’espace d’un instant, ceux qui les avaient sauvé des fourbes ghiscaris, qui avaient apporté la paix à Valyria, qui avaient reçu les faveurs des dieux. Il était un exemple : comment une telle réalisation aurait-elle pu ne pas déclencher son hilarité ? Ravale tes sarcasmes Père : je te foulerai au pied comme mon cheval ces pavés, telles furent les paroles qui lui vinrent, et qu’il ravala comme s’il avait eu besoin de sentir l’amertume de la haine bouillir dans sa gorge pour se retrouver à l’acmée de son plaisir à paraître ainsi, objet de désir et d’acclamation. A lui qui avait décidé de l’écarter à nouveau de cette famille dont on portait pourtant grâce à ses prouesses le nom aux

Enfin, la colonne approchait du Glaeron. @Aerys Maerion, porte-drapeau au centre de toutes les attentions, brandit la bannière unifiée de toutes les armées valyriennes, pour prononcer les paroles rituelles annonçant le retour des soldats. Dans un même mouvement, les gigantesques coupoles déposées partout s’embrasèrent, et Aeganon resta un bref instant coi face à ce spectacle titanesque, et ce alors que Maekar s’approchait de la large tribune où trônaient les Lumières, leurs familles, mais également d’autres visages connus de Valyria. Il y avait, somptueuse dans ses habits de deuil, aisément reconnaissable car belle parmi les belles, @Alynera Vaekaron, mais également d’autres dames, dont une à la vêture singulière, qu’il ne reconnaissait pas mais qui se détachait notablement, ne serait-ce que physiquement, de l’assemblée. Se pouvait-il que … ? Une expression carnassière apparut brièvement sur son visage, alors qu’il s’attardait sur @Vastraya Amasis. Voilà une surprise aussi singulière qu’amusante. Il discerna également les sœurs de ses compères Maekar et Aerys, @"Eleana Tergaryon" et "Daenerys Maerion", ne doutant pas qu’ils devaient déjà être tous les deux subjugués par ces dernières. Au moins Aerys était-il contraint de ne pas trop le montrer. C’eut été dommage de rappeler à son aîné qu’il était un second choix, pour une fois. Bassement, cela le consola presque, de savoir qu’il n’était pas le seul à devoir affecter un semblant de discrétion, du moins, envers l’objet de ses réelles pensées, car pour le moment, ce n’était pas réellement son fort, surtout alors que @Naerys Arlaeron lui envoyait un baiser agrémenté d’une expression à faire rougir le plus froid des hommes. Il eut un petit mouvement des épaules presque désolé, comme s’il était incapable d’arrêter son charme d’opérer, non sans s’assurer du coin de l’œil que @Lucerys Arlaeron avait bien conscience que tout ceci n’avait rien de sérieux. Puis il fit mine d’attraper le baiser et de le porter à son cœur, s’inclinant tel le galant homme qu’il n’était pas, du moins pas exactement. Pour faire bonne mine, il réitéra le geste avec quelques autres de la foule, afin que celui de la Voix d’Argent ne se détache pas. Et durant tout ce manège, la périphérie de son regard ne cessait de chercher son frère du regard, qu’il savait présent. Lorsqu’il aperçut @Daemor Bellarys, son jumeau chéri, en grande conversation avec plusieurs dames – c’est que les deux hommes avaient finalement un point commun certain – resplendissant dans ses vêtements richement brodés et ajustés, et que les souvenirs de leurs dernières étreintes lui revenaient, il n’y tint plus. Tirant son épée, il modula sa voix pour qu’elle porte, et déclara puissamment, espérant que l’armée comme la foule reprendrait le cri scandé en cœur :

« Gloire ! »

Cette fois, il accrocha toute la tribune et ses alentours du regard, mais le cœur de ses prunelles, incandescente, gonflées de fierté et de défi mêlés, n’avaient que Daemor en leur sein. Cette participation à la victoire, son aîné s’en moquait, et pourtant, il la lui offrait, dans un vain espoir de prouver que sa valeur était infiniment supérieure à toutes ces beautés que lui-même convoitait et qui entouraient son jumeau, dans une volonté pusillanime de lui faire une cour secrète dont il n’avait que faire. Il n’avait même pas besoin de le regarder, parce qu’il savait qu’à cet instant, leurs cœurs battaient à l’unisson ou du moins, il s’en persuader, et cela l’excitait à continuer. Il attendait également le moment où il comprendrait que ce ne serait pas le cas, du moins pas comme il l’aurit voulu, pour qu’il puisse aussi se venger de ce dédain futur, et ainsi, embraser la foule jusqu’à incandescence, afin que dans chaque paire d’yeux brûlent la même flamme qu’en lui, pour que tout Valyria s’unisse dans le feu, afin d’honorer ce feu-dragon, précisément, qui les avait rendus maître des cieux et de Meereen, qui avait lavé l’affront de la trahison de Borrash. Ils s’étaient purifiés de ce scrofule putride. Et désormais, il ne tenait qu’à eux de conserver la pureté de la flamme valyrienne.

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Le Triomphe du Dragon



Ce jour sonnait comme une immense fierté pour Vhaenyra Maerion. C’était le Triomphe du Dragon. La cérémonie qui honorerait tant leurs frères et sœurs tombés au combat mais qui récompenserait les valeureux militaires vainqueurs qui rentraient chez eux. Toute la cité de Valyria avait été préparée depuis plusieurs jours pour cette occasion spéciale et tout cela était un régal pour les yeux. Les façades avaient été revêtues de nombre de soieries ou encore de draps pourpres et violets où se mêlaient l’or et l’argent. Comme d'ordinaire pour les fêtes, tout avait été fait pour mettre en valeur le raffinement des Valyriens et leur fierté.

Drapée d’une magnifique robe pastel où l’orange et le violet se mêlaient, rappelant l’aurore qu'elle aimait tant admirer de la terrasse principale de Castel Maerion, Vhaenyra s’était apprêtée pour cette grande occasion avec pour touche finales des bijoux sans commune mesure. Elle venait d’appeler Daenerys qui se faisait attendre depuis plusieurs minutes alors que la matriarche et son frère-époux attendaient leur plus jeune et dernier enfant, dans l’entrée de Castel Maerion. Elle avait bien remarqué à quel point cette petite fille était devenue une belle jeune femme rebelle et c’était alors avec autorité que la matriarche avait parlé d’une voix forte, comme pour s’assurer que sa chère enfant ne pourrait se soustraire à l’évènement.  Au bout d’un moment l’intéressée finit par arriver et un léger sourire illumina le visage de la mère, une fois de plus fière de la belle jeune femme qu’était devenue Daenerys : elle était resplendissante dans cette robe rose qui mettait parfaitement en valeur son teint. Cette dernière s’excusa pour son retard d’un simple hochement de tête puis le trio se mit en marche pour rejoindre le Glaeron.

Le peuple de Valyria était au rendez-vous, tous se mêlaient avec plus ou moins d'homogénéité, les plus fortunés avaient pris place dans des balcons spécialement aménagés alors que les Maerion poursuivaient leur chemin jusqu’à l’immense tribune d’or et de blanc où en son centre se trouvaient déjà les Lumières et leur famille tandis qu’autour d’eux semblaient prendre de place de nombreux invités de marque. Vhaenyra relâcha le bras de son frère-époux pour qu’il puisse s’installer parmi les Lumières de la Sagesse puis avec Daenerys, elle alla s’installer au rang suivant, juste derrière Arraxios. Deux jeunes femmes ne tardèrent pas à faire leur arrivée auprès de la jeune Maerion : Naerys Arlaeron et Elaena Tergaryon qui étaient toutes deux ravissantes dans des robes au style bien différent. Vinrent ensuite successivement Alynera Vaekaron, les dieux l’éprouvaient elle aussi en lui ayant arraché son aimé, l’ambassadrice Vastraya Amasis et le sénateur Daemor Bellarys. Toutes les femmes et les hommes de la péninsule valyrienne s’étaient parés de leur plus beaux atours pour célébrer le retour de leurs fiers guerriers.

Alors que les conversations allaient de bon train plusieurs disciples de Tyraxes prenaient place sur la grande scène au pied des tribunes pour procéder aux derniers préparatifs ou pour prier silencieusement pour certains. Des grandes coupes furent déposées aux extrémités de la scène jusqu’à ce que le Sage, Talaegar Perzygon, s’avance jusqu’au centre. Inconsciemment, Vhaenyra retint son souffle lorsque le Magister du Collège leva les bras au ciel durant un moment qui sembla être une éternité pendant lequel tous s’étaient tût. Il finit par s’exprimer distinctement dans ce silence assourdissant puis instantanément les coupes s’embrasèrent. Tous se levèrent comme un seul être et acclamèrent l’œuvre du Magister qui se fit aider de deux apprentis afin d’aller s’asseoir auprès des Cinq. Lorsque les cors retentirent, les yeux clairs de la Dame-dragon se rivèrent sur la grande avenue, fin prête à voir arriver ceux qu’elle attendait tant depuis quatre années, les deux jeunes hommes pour qui elle avait tant prié la protection des dieux.

Un large sourire égayait à présent le visage de Vhaenyra Maerion alors qu’elle se joignait volontiers aux clameurs de la foule qui admirait le large cortège : le butin de guerre dont le clou impressionnant fut un navire ghiscari sur un chariot tiré par des éléphants, les prisonniers de guerre avant qu’ils ne soient suivis par les troupes valyriennes et les fiers seigneurs-dragon, ses yeux acier ne se posèrent sur un visage en particulier qui se trouvait juste devant les valyriens. Aerys était le porte-étendard et il avait si fière allure dans sa magnifique armure. La mère le couva d’un regard bienveillant alors qu’il annonçait puissamment le retour des enfants de Valyria, elle était ravie de revoir son enfant et à présent elle allait avoir le plaisir de voir son aîné défiler. Elle acclama tous ceux qui s'étaient battus pour leur peuple et sa ferveur s’accentua lorsque ce fut au tour de Jaehaegaron d'apparaître en armure d’apparat.

- Gloire à nos héros ! finit-elle par lancer fièrement. Elle n'avait qu'une hâte : serrer tendrement dans ses bras chacun de ses garçons qui étaient restés éloignés d'elle si longtemps. Alors qu'elle continuait à applaudir, elle senti une larme lui échapper et elle s'empressa de la sécher avant de se tourner vers sa tendre Daenerys qui semblait discuter avec le sénateur Bellarys. Sénateur, mes plus sincères félicitations pour les prouesses de ton frère ! commença-t-elle en adressant un hochement de tête au sénateur avant de passer un bras dans le dos de sa fille. Allons Daenerys, regarde comme tes frères ont fière allure !


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Le Triomphe du Dragon  


C’est une calme après-midi, comme il en ressemble tant au temple. Le soleil brille, et son feu apporte une douce chaleur. Le son des instruments de musique emplit joyeusement la cour centrale. Une journée comme tant d’autre. Profitant de mon temps libre, je flâne paisiblement sous les colonnes d’une des allées, profitant d’un peu de la quiétude du jour, alors que mes nuits ne m’en offre guère plus… Pourtant, je devrais me réjouir, demain nous fêtons le triomphe de Valyria. Mais mon esprit est ailleurs, bien loin. Mon regard s’attarda sur un petit groupe de novice, apprenant à jouer de la cithare avec une des prêtresses du cercle des musicienne. Si chaque prêtresse de Tessarion a une affinité particulière pour un art, nous savons toutes jouer d’au moins un instrument. C’est une part importante de notre apprentissage. Je m’assois sur un banc, un peu à l’écart, regardant le petit groupe avec un sourire bienveillant aux lèvres. Je ne peux m’empêcher de nous revoir à cet âge. J’ai toujours préféré la danse, alors les cours de Cithare m’ennuyait au plus au point. Ce n’est que plus âgée que j’ai commencé à vraiment les apprécier. Je sens quelqu’un s’assoir à côté de moi, et m’adresser la parole d’une voix douce.

« Riña, Je te cherchais »

Je tourne la tête vers la grande prêtresse et lui souris avant de répondre simplement.

« Je ne m’éloigne jamais, tu sais bien. »

« Je sais bien… Je sais bien… »

Son regard se porte vers les novices, sans rien ajouter. Sa tête est droite, et son port digne, comme a son habitude. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter. On vient rarement chercher une prêtresse guérisseuse sans raison, surtout à son âge.

« Tu avais besoin de moi pour quelque chose ? »

« Pas exactement. Tu sais que je dois me rendre au Triomphe de Valyria ? » je fais signe de la tête. « Il y aura tout le beau monde de Valyria, et je dois avouer que les jacassements des Dames m’épuisent. C’est pourquoi j’aimerais que tu m’accompagne. »

« Moi ? »

« Oui toi… Sortir de ces murs te ferra le plus grand bien. De toute manière mon choix est déjà arrêté. »

Elle se redresse, sans me laisser le temps de répliquer. De toute manière, je sais que c’est bien inutile. Je côtoie la grande prêtresse depuis que j’officie à Valyria, et je sais qu’une fois qu’elle a pris une décision, il est presque impossible de la faire changer d’avis. Je la regarde s’éloigner, regagnant ses appartements.


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Le soleil est à peine levé lorsque que je termine de me préparer. Vu l’évènements, j’ai décidé de revêtir mes plus beaux atours. Je ne voudrais pas faire honte à la grande prêtresse avec une tenue liturgique toute simple. Et puis, ainsi je me fonderais mieux dans la masse. Quelque part, tous ces préparatifs m’amusent et me font oublier ma morosité récente. Cela me rappelle les fêtes de mon enfance, et comment ma mère pouvait passer des heures à choisir la plus belle tenue pour impressionner nos invités. Je dois avouer que je commence à comprendre ce genre de plaisir qu’elle pouvait ressortir. Je sors du bain parfumé, avant d’enfiler la robe que j’ai choisie, une longue robe plissée de couleur bleue, attachée d’une fibule argentée aux épaules. Une de ma sœur un peu plus jeune vient m’aider à me coiffer et à me maquiller les yeux, et je vois qu’elle y prend un grand plaisir. Plaisir communicatif je dois avouer. J’ajoute un ample voile de lin blanc, presque transparent, que je drape sur mes épaules et ma tête, et laisse retomber élégamment.

Je rejoins ensuite la grande prêtresse, et nous nous mettons en route.

Je n’avais jamais vu Valyria aussi vrombissante et noire de monde. Certes, je ne sors pas souvent, mais quand même. La ville me semblait déjà très animée, et je dois avouer que je n’imaginais pas que cela puisse être… encore plus animé. Nous avons eu le plus grand mal à accéder à la place du Glaeron. J’aurais probablement dû insister pour que la grande prêtresse puisse voyager en chaise à porteur, malgré l’interdiction, mais elle a souhaité se plier à la règle. Heureusement, l’escorte mise à notre disposition nous permis de nous frayer un chemin jusqu’à la place sans grande difficulté. Et c’est sans encombre que nous arrivons à la Tribune d’Honneur. Je remarque quelques visages connus, comme Daenerys Maerion ou Naerys Arlaeron, d’autres que je ne connais pas. Je remarque surtout Daemor Bellarys. J’ai l’impression que cela fait des lustres que je ne l’ai pas vue. La grande Prêtresse m’introduit à quelques personnes de son entourage, avant d’entrer en grande discussion avec un de ses confrères. Je dois avouer que c’est assez agréable de voir tous ces visages en liesse… enfin… presque tous. Je remarque une femme, qui ne partage pas l’enthousiasme ambiant. L’ambassadrice de Ghis, me souffle la grande prêtresse, sans que nous soyons officiellement présentées. Une part de moi aimerais que cette présence soit un gage de paix entre nos deux nations, mais je me doute bien que ce n’est pas aussi simple… au fond, j’éprouve de la compassion, et je suis assez impressionnée par sa capacité a rester digne entourée de ses anciens ennemis. Une fois le tour de présentation, je tente tant bien que mal de rejoindre Daemor, déjà en conversation avec deux femme, Naerys Arlaeron, et une élégante demoiselle, dont le visage m’est inconnue. Je reste un peu à l’écart pour ne pas interrompre leur conversation, puis rejoins l’héritier de la famille Bellarys.

« Bonjour Daemor. Ou devrais-je dire Sénateur Bellarys ? »

Je baisse les yeux… J’imagine qu’il n’a pas vraiment d’humeur à faire la fête, compte tenu des circonstances. Je vérifie qu’aucune oreille indiscrète ne peut nous entendre, puis reprend à voix basse.

« J’ai… Père m’a prévenu pour Taeganon… J’ai prié pour lui, mais je voulais que tu sache que mon cœur est avec toi… »

Je porte instinctivement la main sur mon ventre. De toutes les prières et de toutes les guérisons que j’ai pu pratiquer, les plus dures pour moi sont celles des enfants. Même après toutes ces années… je comprenais la douleur qu’il pouvait ressentir, ou du moins une partie. De mon autre main, je saisie la sienne avec un regard sourire tendre.

« Passe me voir au temple quand tu le souhaiteras, ou convie-moi si tu préfères que je vienne à toi. Mon cœur t’est ouvert si tu souhaites lui parler… »

Je rejoins ensuite ma place auprès de la Grande Prêtresse, alors que la cérémonie commence. Les festivités commencent avec le Rêve de Tyraxes. Je joins mes mains et commence à prier, les yeux fermés, pour mieux sursauter lorsque j’entends une voix raisonner d’une incantation, suivi d’un merveilleux cortège de flamme qui me met des étoiles dans les yeux. Le cortège commence à s’avancer sur la place. Je ne peux m’empêcher de froncer légèrement les sourcils en voyant les esclaves du butin de guerre ainsi que les prisonniers enchainés. Je tente quand même de faire bonne figure et de rester impassible, en me demandant si un tel spectacle est bien nécessaire… mon visage se détend à la vue des seigneurs dragons, chevauchant fièrement dans leur tenue d’apparat. Je reconnais plusieurs visages, dont celui d’Aeganon, et me joint discrètement aux vivas, avec toute la retenue qui me caractérise et qui sied à ma fonction.
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A la gloire de Valyria


« Tout le monde attendait ça depuis quatre longues années… Tant de morts, tant de perte, tellement de souffrance. Entends-tu ses chants dans toute la cité ? Entends-tu ses cris de joie que la population ne cesse de prononcer, avec la force de la victoire ? Et toi, tu es là… Refusant de te lever, de te préparer… T'honorer les soldats victorieux. C'est le triomphe de ton frère que tu dois également célébrer aujourd'hui ! Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu es ridicule. » Daemor poussa un long soupir alors qu'il gardait les yeux fixes sur le plafond. « Est-ce que je te fais honte ? » Un rire cristallin vint alors glisser de ses lèvres et elle fit quelques pas dans la pièce, en tout cas était-ce ainsi qu'il l'imaginait… Comme à chaque nouveau jour où elle venait le hanter de sa présence, elle n'était qu'une chimère, une chimère qui le poussait à se questionner, à se remettre en considération, et qui cherchait à lui faire reprendre vie, petit à petit, un pas après l'autre, même si chacun de ses pas étaient d'une douleur atroce qui venait à vous enserrer le cœur et l'âme, qui vous amenait près d'un précipice sans fond, s'il venait à chuter, il savait parfaitement qu'il ne s'en relèverait pas, mais malgré tout ce que l'on pouvait dire ou penser, ou plutôt tout ce que son esprit torturé pouvait s'imaginer, il réussissait à donner le change, malgré l'épreuve qu'il était en train de traverser, il ne manquait pas de rester Daemor Bellarys, ce sénateur opportuniste, qui avait su fructifier les richesses et les pouvoirs que sa famille pouvait posséder, qui arrivait finement à manipuler son monde, tel un équilibriste, avec une certaine arrogance, et en même temps une douceur et une grandeur d'âme qui n'était sans doute pas assez reconnu à sa juste valeur. Il était devenu petit à petit un plus grand politicien qu'un grand négociant ou marchand d'épices. Mais c'était par la politique, tout autant que la richesse, que le monde se mettait en marche et répondait aux idées de quelques-uns. Le lit ne bougea pas, et pourtant, il était presque certain de sentir la forme du corps d'Aenerya contre lui, cette main fragile mais agile sur son torse, remontant doucement le long de sa nuque avant de se glisser sur la joue de son époux, caressant du bout de ses doigts, les traits fatigués, mais surtout anxieux qui avaient pris leur place durablement sur le visage de son frère-époux. « Je n'ai pas honte de toi… Je n'aurai jamais honte de toi… Mais tu sombres… Doucement et sûrement, tu es en train de sombrer, et je ne suis pas certaine que ma présence à tes côtés, à chaque supplique angoissée de ton cœur, ne soit véritablement pas la meilleure chose qui puisse t'aider actuellement. Tu es en train de te perdre dans des souvenirs… Mais les souvenirs ne sont pas l'avenir, cela ne peut pas t'aider à vivre si à chaque nouveau pas que tu fais, tu t'attaches un peu plus avec le passé … Il faut que tu me libères… Il faut que tu nous libères… » Il n'était pas près à accepter cela, il ne pouvait pas accorder cela ni à son épouse, ni à son fils. Car s'il se décidait à le faire, alors il faudrait affronter le manque de l'absence et se rendre compte, que tout ce qu'il avait toujours fait, n'aboutissait à rien. Est-ce que tout ce qu'il avait accompli pour sa famille était au prix de sa propre existence personnelle ? Il ne vivait que pour être le nouvel héritier des Bellarys, mais en avait-il réellement le désir ? « Reste encore un peu… Le temps… Le temps que je puisse me passer de toi, et de vous… »

__________________

L'homme avait toujours eu beaucoup de charme, et il savait s'en servir à bon escient dans les circonstances qui l'exigeaient. Aujourd'hui, il fallait se montrer, il fallait qu'il soit à la hauteur des attentes, car s'il n'avait jamais été un puissant soldat, il n'en restait pas moins un fier sénateur qui savait quel était son rang et sa place, quel rôle il se devait de jouer et de tenir, avec la prestance et la conviction de sa personne. Il était fait pour diriger et c'est ce qu'il s'employait à faire, du mieux qu'il le pouvait. Il s'était donc drappé dans les plus beaux habits dont il disposait, cousu d'or et d'argent à certains endroits, pour pouvoir capter les rayons du soleil, et attirer les regards sur sa personne, alors que le brun de ses cheveux ne manquait pas de lui donner un air plus sombre, plus ténébreux dont il se servait pour pouvoir séduire habilement son entourage et le gagner à sa cause. Le Triomphe ne pouvait attendre, il en avait parfaitement conscience, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne désirait pas faire parti des derniers à se présenter avant le début des célébrations. Après tout, l'idée était de se montrer à cet instant et de ne pas seulement saluer chacun avec distinction à chaque fois nouvelle entrée dans la tribune d'honneur. Il n'avait strictement aucun désir d'être ici à cet instant, mais il ne pouvait se permettre de s'absenter pour une si grande occasion, cela aurait constitué bien trop de questionnements de la part des membres de la bonne société et sans doute de mettre en péril son statut au sein du Sénat. Mais il sentait une rage sourde nourrir son cœur, aujourd'hui, était le jour du triomphe de l'armée, du triomphe de la mort des ennemis de Valyria, mais c'était aussi et surtout le triomphe de son frère. C'est autre que Daemor aimait autant qu'il pouvait le haïr du plus profond de son être. Alors qu'il s'engageait dans la lumière et dans la gloire éternelle, il était douloureux pour lui d'accepter le fait qu'il était en train de prendre le chemin totalement inverse.

Tout le beau monde s'était donc retrouvé dans la tribune d'honneur. Il salua en premier lieu, l'ambassadrice de Ghis, @Vastraya Amasis, qui se trouvait présente aux célébrations de la victoire contre son propre peuple, finalement certaines personnes avaient encore plus de courage que lui a affronté une telle situation. « Nous ne pouvons que reconnaître votre élégance et votre force de caractère à être présente aujourd'hui… Cette journée sera longue pour toi, ils ne t'épargneront pas malheureusement, même si tu n'y es pour rien. » Il n'y avait aucune animosité de la part de Daemor à son égard, il était sincère dans ses paroles, le bon comme le mauvais et s'il n'appréciait pas d'être à sa propre place, il enviait encore moins celle de la femme de Ghis. Il salua ensuite d'un signe de tête @Alynera Vaekaron, les deux amants n'avaient pas eu l'occasion de converser ensemble depuis que l'héritier avait quitté Valyria pour Rhyos alors que son fils était malade et il ne savait au final quoi lui dire à cet instant, peut-être pourrait-il se retrouver plus tard, mais pour le moment chacun devait tenir sa place. Son attention fut alors accaparer par @Naerys Arlaeron, qui le salua aussi chaleureusement qu'à l'accoutumé, elle resplendissait comme à chaque fois qu'il avait l'occasion de la rencontrer, il avait toujours apprécié la malice qu'il pouvait régner dans son regard. Il s'approcha d'elle et lui murmura alors. « Il ne tient qu'à toi, Naerys, à venir célébrer le triomphe de Valyria en ma compagnie, tu n'auras ainsi plus à être jalouse de ma sœur ... » Il lui sourit malicieusement face à l'audace de sa proposition avant de saluer @Daenerys Maerion, dont le frère, tout comme celui de Daemor, allaient être mis à l'honneur aujourd'hui, alors que les deux autres se soutenaient dans le domaine politique. Son bonheur fut grand de croiser @Elaena Tergaryon. Elle avait été mise au courant de la disparition de son petit garçon, Taeganon, qu'elle appréciait grandement, et elle avait eu l'occasion de voir la détresse dans laquelle Daemor était plongé depuis il ne lui avait rien caché, à celle qui était plus qu'une amie à ses yeux. Le visage qu'il s'était fabriqué pour l'occasion, s'était quelque peu étiolé face à son regard, il était plus sincère envers elle qu'envers les autres personnes présentes. Il prit un simple instant sa main dans la sienne et la pressa doucement avant de la relâcher. « Nous aurons le temps de nous voir plus tard. » Il s'éloigna d'elle après un dernier regard, fit un geste dans la direction de @Vhaenyra Maerion même s'il se détourna bien vite pour pouvoir observer la venue de @Haemera Bereneon à ses côtés. Il ne savait pas que cette parente lointaine allait être présente aujourd'hui, mais il était sincèrement heureux de sa présence, voilà si longtemps qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de passer un moment ensemble. Il s'écart en sa compagnie, prenant place à l'endroit qui lui était réservé. « Non, gardons Daemor, le sénateur est bien trop protocolaire. » Il se mit à rire légèrement, avant qu'une ombre ne vienne à passer sur son visage et qu'il ne vienne à refermer son poing à l'évocation de son fils. « Oui… J'ai également beaucoup prié pour lui, mais je crois malheureusement que rien n'était plus possible pour lui et que les Dieux ont préféré le rappeler à eux et veiller à présent sur lui… L'agonie fut trop longue pour un enfant si jeune… Il ne méritait pas cela. » Sa voix s'était brisée au fur et à mesure de ses paroles et il avait fini par baisser le regard. « Je ferai appel à toi, cela me fera du bien de pouvoir en discuter… Pour le moment ... » Il releva son visage, se parant à nouveau de ce masque parfaitement étudié pour l'occasion. « Profitons de la célébration plutôt que du reste ... »

Daemor la regarda alors s'éloigner, et si le bruit d'ovations de la foule ne l'avait pas ramené à la réalité, il serait sans doute resté ainsi encore un long moment à fixer le vide. Daemor se prit au jeu des célébrations, même si le fait d'avoir mentionné son fils avait à nouveau tendu l'homme et l'avoir rendu plus sombre qu'à son arrivée dans la tribune. Il faisait de son mieux pour pouvoir crier son engouement en même temps que la population et la noblesse de Valyria, tous se devaient de profiter du moment. Il regarda chacun des hommes passés, bien que dans toute cette foule armée qui se présentait sous ses yeux, il n'y en avait qu'un qu'il attendait de voir, autant qu'il redoutait cet instant. C'est quand il entendit sa voix surpasser celles des autres, criant à la gloire de Valyria, que Daemor se tourna vers son frère, @Aeganon Bellarys et inévitablement, leurs regards s'accrochèrent l'un à l'autre. Daemor fit un signe de reconnaissance à son attention, avant de murmurer du bout des lèvres un « Félicitations ». Il resta un long moment à l'observer, dans l'attente de quelque chose sans doute, ou tout simplement parce qu'il lui fallait s'ancrer sur un point fixe qui continuait à la ramener à la réalité. Mais comme si tout ce jeu entre eux, était devenu insupportable, il détourna bien vite le regard de l'homme et continua les viva à l'unisson des autres personnes qui étaient présents en ce jour.
Arrax
Arrax
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Event I
(Première Partie)

Le Triomphe des Dragons


Valyria rayonne. De cette joie sans borne de pouvoir à nouveau sourire et vivre sur le même rythme qu'autrefois, alors que la cité n'était que fête et splendeur. De cette liesse décuplée de pouvoir accueillir ses enfants ayant versé le sang pour sa gloire et assit la domination du dragon. On lit le bonheur dans chaque regard, on le goûte dans l'air traversé d'une légère brise, on le sent dans les mains tendues, on l'entend dans les acclamations. Tous n'ont d'yeux que pour les valeureux soldats et leurs Héros, qui remontent lentement la grande allée pour pleinement savourer ce Triomphe qui est le leur.

Ils arrivent aux abords de la scène, cherchent des yeux leurs proches dans la grande tribune qui, à l'image de la foule qui entourait leur procession, grouille d'applaudissements, de vivas et d'effusions plus tendres aussi. A l'image de la magnifique @Vhaenyra Maerion, dont l'allure et la prestance sont manifiées par la fierté maternelle. Assise aux côtés de l'éclairé Arraxios, son époux, les coeurs se gonflent : quel homme ne rêverait pareille miracle de grâce pour compagne ? Parmis les visages transfigurés par la joie, certains regards s'arrêtent sur l'ingénue @Saerelys Riahenor : est-ce sa première sortie publique depuis son entrée dans le Troisième Cercle ? Cette descendante de Fondateur, destinée aux grandeurs telles que pratiquées par le Sage, a sans doute été bénie de tous les Dieux. Quelle allure, quel maintien ! Quant aux différents dignitaires religieux, l'étoile la plus scintillante au firmament divin est sans conteste @Haemera Bereneon. De ces piétés qui commandent autant respect que déférance, ses prières ont le don de donner la foi aux plus récalcitrants. Mais qui cela surprentrait-il, après tout, la Grande Prêtresse de Tessarion sait s'entourer ! 

Alors que les cors retentissent à nouveau, les hauts gradés de l'armée et les Héros démontent et prennent place sur la scène, où de grands sièges en os de dragons incrustées de pierres précieuses les attendent. En contrebas des tribunes, ils font face aux Lumières, le poitrail gorgé d'orgeuil et de reconnaissance. Ils savent que ce jour est leur, mais la République n'est rien sinon cérémonielle. A eux de profiter le plus longuement, et Valyria sait que la doucereuse attente des récompenses n'en fait que sublimer la valeur ! Aussi, l'un des Cinq se lève, frappe dans ses mains et la foule contient sa clameur pour laisser sa voix résonner aux quatre coins de la place, avec le seul déploiement des ailes des dragons la survolant comme écho. « Valyria ! Il n'est aucun trésor qui ne saurait supplanter celui de retrouver nos fils, nos frères et nos pères ! Celui qu'ils nous ont rapporté est d'un pâle éclat comparé au leur, mais ils se sont battus pour lui ! Chérissons-le comme le témoin de leur retour ! »

Par centaines alors, de chaque coté de la scène, les prêtres de Teraxès présentent, sur de grans plateaux garnis de fioles d'encens destinées à purifier son contenu du courroux des morts, quantités de bijoux et d'or. Sous le soleil irradiant, ils scintillent de mille feux et les regards ne peuvent que s'émerveiller. On les dépose aux pieds des Héros, qui reçoivent du même coup les saintes onctions des prêtres. A présent, ils sont Gardiens de Teraxès, protecteurs de la paix et menaces pour tous ceux qui souhaiteraient l'entraver. La foule s'incline alors face à eux, avant d'exploser de nouveau. L'engouement est total, et du coin de l'oeil, Jareos Karzelion les observe. Le disciple de Balerion sent que le moment est venu et d'un pas trainant, il se détâche du cordon des prêtres invités. Petit à petit, chacun remarque la haute silhouette toute drapée de noir et rouge, au capuchon recouvrant l'entièreté de son visage, cependant que ses pieds nus foulent la scène avant de s'arrêter face aux Héros et la tribune. Le silence se fait, chacun retient son souffle. « Vénérables Eclairés ! Saints Héros ! Honorables Dignitaires ! Mes Soeurs, Mes Frères ! » ajoute-t-il en se tournant vers la foule en contrebas, dont les yeux s'agrandissent. « Loué soit ce jour de Gloire, qui emplie nos coeurs de joie et nos corps de liesse ! Qu'il entre dans l'Histoire comme le cri d'un pays tout entier à la face du monde ! Qu'il s'encre dans tous les esprits comme une renaissance ! » Des gradins jusqu'au long de l'allée, on échange quelques regards furtifs. Il n'est pas dans les habitudes des dévoués de la Mort de s'extasier de la vie, eux qui se sont entièrement donnés aux mémoires qui rejoignent l'Au-Delà. Qu'est-ce que cela signifie ?

Jareos frémit. Il claque des doigts et un hoquet de surprise se répand. D'autres disciples de Balerion viennent de monter sur scène, trainant derrière eux par une longue chaine dix silhouettes richement vêtues. Pourtant, malgré leur élégance, les huées gagnent progressivement l'assistance. Ce sont des prisonniers, de hauts dignitaires de Ghis sélectionnés parmi les armées vaincues et des villes prises. @Vastraya Amasis doit en connaitre certains personnellement, et les regards qui se posent sur l'élégante silhouette de l'ambassadrice ne peuvent qu'imaginer - avec une profonde pitié ou une joie mauvaise - ce qu'elle peut ressentir. Jareos, lui, signifie à ses compagnons de faire agenouiller en cercle les dix silhouettes rutilantes de dorures et de soies. « Souviens toi, Valyria ! Ils étaient aussi dix beaux parés partis à Bhorash, pour préserver la paix et faire honneur à Teraxès ! La haute déesse a été trahie, et aucun de ses frères ne réclame vengeance plus ardemment que le grand Balerion ! Pour apaiser son courroux et laver l'affront, le sang demande le sang ! » Un frisson parcourt la foule. Dans le ciel, les ombres magnifiques des dragons recouvent progressivement la place tandis qu'un à un, les prêtres de Balerion scandent les noms des dix dames et seigneurs dragons assassinés. « Araehys Lyseon ! Aera Haeron ! Taelor Vaekaron ! Vaekar Tergaryon ! Elazena Yrgalyen ! Claerys Fardelor ! Visenya Rizarnon ! Gaenor Vaelgaris ! Leralya Sultereys ! Daenys Veleanon ! »

A mesure que les noms s'enchaînent, les dragons crient de plus belle. Ils se sont posés sur de hauts rochers à chaque extrémité de la place, et dans les yeux des condamnés, la couleur vascille. Ils savent. Et peu à peu, la foule commence à comprendre... « Que nul cri d'allégresse ne retentisse ! Que nul n'observe le ciel plein d'espoir ! Et que la fureur enflamme ces coprs maudits, alors que nos Gardiens s'adonnent à l'ultime prière ! » Tout à sa transe, Jareos Karzelion se tourne vers les Héros. Qu'ils le veuillent ou non, ils se doivent d'optempérer. « DRACARYS ! » Des gueules acérées de leurs fiers compagnons ailés explosent alors les longues trainées de feu-dragon, embrasant les dix prisonniers. Leurs hurlements se mêlent à ceux de la foule, entre extase et horreur mêlée, alors que les chaires se décomposent, que le sang bouilli coule le long de la pierre lisse du Glaeron et qu'un gigantesque brasier, bûcher d'os et de carcasse pudride, s'élève lentement à plus de dix mètres de haut.

Deuxième Tour



Décrivez vos impressions face aux bénédictions des Héros, que vous soyez particulièrement croyants ou non, et pourquoi pas quelques uns de vos échanges à la dérobée après tout, seuls quelques mètres vous séparent les uns des autres ! Puis, réagissez - selon vos âmes plus ou moins sensibles - à la condamnation des prisonniers pour rendre oeil pour oeil, dent pour dent, sang pour sang, la trahison de Bhorash. EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 4077433769  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 3686388144  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 704899288

Nous vous invitons également à poster en spoiler un bref résumé de vos posts, afin que l'on puisse rapidement identifier qui fait quoi et qui parle avec qui  EVENT I - Le Triomphe du Dragon (Première Partie) 408511402  
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Même les braves connaissent le doute  




Maekar n'était pas un artiste dans l'âme et n'avait donc pas une imagination très développée, tout du moins quand cela ne concernait pas le domaine des tactiques militaires et des scénarios catastrophe, aussi n'avait-il pas réfléchi à l'ampleur du retour de l'armée en Valyria mais maintenant qu'il était là, ses oreilles bercées par la clameur des citoyens pour lesquels il s'était battu, le général se fit violence pour rester humble et maître de ces émotions. Lui qui n'avait jamais espéré grand chose de la vie, lui qui s'était résigné à n'être qu'un second couteau pour le restant de ses jours était à présent muré dans un silence presque religieux face à cette grandeur dont il ne se sentait clairement pas digne. Comment pourrait-il l'être, lui qui n'était qu'un homme ? Lui qui n'était qu'un soldat qui s'était simplement battu au mieux de ses capacités ? Comment accepter avec orgueil qu'une cité, qu'une nation entière se lève pour lui et ses frères d'armes ? Fort heureusement la présence de son compagnon Aeganon ne manqua pas de l'apaiser et de venir dessiner un sourire sur son visage, comme toujours.
Leurs caractères n'auraient pas pu être plus opposés l'un que l'autre. Si Maekar était semblable à la terre, dur et solide alors son compagnon Bellarys n'aurait pu qu'être comparé au feu et, quelque part, c'était justement de cette différence qu'ils avaient tiré leur complémentarité. Aeganon apportait une chaleur et une légèreté bienvenue tandis que le Tergaryon, lui, savait gardé humilité et tête froide en toute circonstance. Lorsque son compagnon, son frère mentionné la possibilité de mourir dans les bras femme, accueillant cette éventualité avec une ferveur presque religieuse, Maekar étouffé un rire amusé tout en donnant son avis sur la question.

« La mort dont rêve chaque soldat. »

Qui ne rêvait pas d'une si glorieuse face que de rejoindre l'autre côté du voile ? Malheureusement rares étaient ceux à avoir cette chance et, quelque part, même s'il le souhaitait également, Maekar était à peu près sûr qu'une mort douce et paisible lui serait refusée. Chassant ces pensées de son esprit, il avança donc sa monture et s'arrêta au bord de la scène prévue pour accueillir les héros du jour, regardant à gauche et droite pour vérifier que ses compagnons étaient bien présents, eux aussi, avant de lever son regard vers la tribune. Il reconnaissait certains visages transformés au passage du temps, amusé par les mots chargés d'allégresse et lancés à leur attention, mais un seul regard en particulier vint capter son attention.
L'espace d'un instant le temps sembla complètement s'arrêter alors que son regard s'adoucit un court moment, en croisant le regard de sa sœur. Elle était là, évidemment qu'elle n'aurait raté cette célébration pour rien au monde et, pendant cet instant, elle semblait briller à ses yeux au milieu de toute cette tribune. Toute la souffrance du monde et cette longue séparation en avaient valu largement la peine juste pour cet instant, juste pour ce regard échangé, juste pour le furtif clin d'oeil que Maekar lança à Elaena alors la foule hurlait de plus belle.

Bientôt tous les héros descendirent de leurs montures et le Tergaryon jeta un dernier regard reconnaissant un à la foule derrière lui, avant de se diriger vers les grands sièges installés ici pour l'occasion. Il s'était attendu à faire peut-être un petit discours en public, éventuellement  des salutations générales en guise de remerciement et c'était tout, mais s'asseoir ici devant les Cinq ? Décidémment la journée n'en finissait pas de le surprendre. Il s'enfonça donc dans son siège, prenant une inspiration tout en déposant son casque à ses pieds, écoutant le discours qui fut adressés à ceux dont on célébrait le retour, aujourd'hui.
Il aurait voulu contredire ce discours, argumentant que les vrais héros ne reviendraient jamais dans leurs foyers, mais il  fit silence et resta humble face à un discours pour lequel il n'avait vraiment aucune réponse. Maintenant vint la processions de prêtres venir apporter bijoux et or aux héros tout en bénissant leur retour, mais le général ne posa guère longtemps son regard sur ces richesses qui ne l'intéressaient nullement. Tous ces mots sonnaient creux dans ses oreilles car il n'y croyait pas, il n'était pas un protecteur ou un quelconque messager divin mais bien un homme ayant quelques talents dans l'art de donner la mort, en revanche le discours qui suivit parvint enfin à attirer son entière attention.

Lorsque des doigts furent claqués, Maekar se pencha en avant, s'écartant du dossier de son siège alors que certains visages honnis passaient devant lui. Il en reconnaissait certains et, sans avoir été prévenu à l'avance, pensait déjà deviner ce qui était sur le point de se passer. Les valyriens ne tendaient pas l'autre joue, pas depuis le jour de la trahison qui avait emporté l'oncle de Maekarr. Ce dernier garda cette disparition en tête le jour où il passa la ville honnie par le feu-dragon et, aujourd'hui, lorsqu'il entendu le nom des dix disparus raisonner dans tout Valyria, il serra les poings en se rappelant pourquoi il était parti d'ici pendant si longtemps.
Il n'avait pas de haine en lui, mais la loyauté avait toujours été au centre de sa vie aussi ne pouvait-il pas sentir une pointe d'indignation et de colère ressurgir à l'évocation de la raison de cette guerre. Plutôt que de rester assis à attendre l'exécution, Le Téméraire se leva de son siège devant la foule rendue de nouveau silencieuse, s'avança de quelques pas en direction des dix futurs sacrifiés, avant de leur lancer d'une voix froide et rauque :

« Regardez-nous. Emmenez avec vous la plus précieuse des leçons. »

Un à un il posa son regard glacial dans les vingt yeux chargés d'une peur plus que justifiée, passant d'un visage à un autre et, lorsque tous ces regards furent à jamais gravés dans sa tête, il leur révéla la nature de la leçon avec une voix assez rauque et puissante pour être intelligible par tous, par les Cinq, par la foule et les élus dans la tribune juste au-dessus.

« Personne ne s'oppose à Valyria. »

Il resta là un instant, une seconde, deux secondes et recula d'un pas, avant de croiser le regard de Laedor, Agenon, Vaerys et tous les autres héros présents sur l'estrade avec lui. Il en avait déjà trop dit, avait déjà trop tiré la couverture à lui-seul, il était temps que cela change. Le général resta donc silencieux un instant, toujours debout en une posture droite et sèche, les mains croisées derrière le dos en une posture d'attente militaire standard et, lorsque tous ses compagnons furent prêts, plusieurs voix raisonnèrent à l'unisson.

« Dracarys ! »

Pas une fois Maekar n'eut à croiser le regard de Kyraxes pour s'assurer que son ordre serait suivi à la lettre. L'énorme prédateur accroché à son regard, reniflant l'air comme pour humeur l'odeur de ses proies avant que le feu ne se déverse sur elles, prit une profonde inspiration et, dans un hurlement à en faire trembler les fondations de ce monde, déversa son feu-dragon sur les dix malheureux qui s'étaient présentés à lui.

La bête était aussi terrible que majestueuse. Elle était le symbole de la puissance de cette nation.

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Le Triomphe du Dragon




Tout est était bonnement magnifique. Le défilé avait tant présenté la fierté de Valyria d’avoir remporté cette guerre malgré les nombreuses pertes humaines qu’ils pouvaient décompter. Aux côtés de sa fille et de son frère-époux, Vhaenyra n’éprouvait que fierté et joie de voir tous ces soldats rentrer chez eux mais par-dessus tout c’était de voir ces deux fils parader dans leurs habits d’apparat qui faisait chauffer ses joues sous le coup de l’émotion. Ils étaient si beaux. Elle avait tant souffert après la naissance de Meleys pour les mettre au monde, elle ne pouvait s’empêcher de les mettre sur un piédestal dès qu’elle le pouvait et malgré les nombreuses missives échangées durant la guerre, elle s’était tant inquiétée pour eux, pour leur santé. Coulant un regard de temps à autres à @Daenerys Maerion puis son cher Arraxios, elle ne cessait d’applaudir et de louer les Héros.

Les cors retentirent à nouveau puissamment, allant même jusqu'à faire frisonner la dame, puis les hauts gradés et les Héros posèrent pied à terre et bien vite on alla s'occuper de leurs montures tandis qu'ils prenaient place sur la scène où de grand sièges en os, sertis de pierres précieuses, avaient été disposés. Jaehaegaron était désormais bien plus proche et Vhaenyra avait tout le loisir d’observer son enfant si victorieux. Une des Lumières se leva ensuite en frappant dans ses mains pour appeler le temps qu'il puisse s'exprimer. Oui, aucun trésor ne pouvait égaler la joie des retrouver ses fils qu'éprouvait en cet instant la matriarche des Maerion qui hocha tout de même la tête en guise d'approbation aux d'éclairées paroles prononcées. Des nombreux prêtres de Tyraxès prirent le relais en portant chacun un plateau garnis de nombreuses fioles contenants de l'encens, moult bijoux et de l'or, ce qui créait une sublime vision sous les rayons du soleil, puis ces plateaux furent déposés aux pieds des Héros qui reçurent ensuite les saintes onctions. Vhaenyra releva un peu plus son visage, sourire aux lèvres, ne pouvant cacher sa fierté qui ne quittait plus depuis le début de la cérémonie du Triomphe. Tous s'inclinèrent devant ces désormais gardiens de la paix, de la sagesse et de la stratégie militaire, l'incarnation même de Tyraxès parmi les valyrien, puis les viva reprirent de plus belle. Ces Héros méritaient toute cette attention qui leur était portée.

Après plusieurs secondes assourdissantes, une silhouette drapée de rouge et de noir, encapuchonnée, se détacha du groupe de prêtres qui avaient été invités et rejoignit la scène pour s'arrêter par la suite juste devant les Héros et la tribune. Ce fut lorsqu'il prit la parole que la Maerion reconnut officiellement de qui il s'agissait : Jareis Karzelion, le disciple de Balerion. Le silence se fit rapidement alors qu'étonnée qu'un discipline du dieu de la Mort prenne la parole, Vhaenyra jeta un rapide coup d'oeil à son frère-époux avant de reporter toute son attention sur celui qui s'exprimait. Il s'agissait-là d'un discours tout à fait étonnant venant d'un dévoué de la Mort qui faisait monter une pointer d'incompréhension dans l'esprit de la dame qui tentait de trouver où l'orateur voulait en venir et ce fut que lorsqu'il claqua les doigts qu'elle commença à comprendre quelle serait la suite des événements, en effet plusieurs autres disciples de Balerion montèrent sur scène suivi par ... dix personnes richement vêtus mais il ne s'agissait pas là de n'importe quels prisonniers, c'était des dignitaires de Ghis. Vhaenyra ne pu s'empêcher de détourner son regard clair pour le poser sur le visage de @Vastraya Amasis. Il ne fallait pas être doté de la plus grande des intelligence pour se douter de ce que pensait en cet instant l'ambassadrice de l'empire Ghiscari mais cela importait peu à l'épouse d'Arraxios qui voyait un moyen de montrer que Valyria ne se laisserai pas traîner dans la boue. Lorsqu'elle posa de nouveau ses yeux sur la scène, les prisonniers étaient désormais agenouillés en cercle et Jareos reprit la parole. Les valyriens avaient été frappés lâchement par la vilénie des Ghiscari et dix dames et seigneur dragons avaient perdu la vie alors qu'ils étaient venus au nom de la paix.

Les autres disciples de Balerion se mirent à scander le nom des victimes de la traîtrise Ghis tandis que plus les secondes défilaient, plus les dragons qui s'étaient désormais posés sur de hauts rochers de part et d'autre du Glaeron rugissaient. Vhaenyra plissa légèrement les yeux tout en se pinçant les lèvres, se préparant à ce qui allait suivre, elle aurait préféré que le Triomphe n'accorde aucune considération aux ghiscari mais elle devait bien avouer que ce qui se profilait était tout à fait acceptable et mérité. Jareos Karzelion se tourna vers les Héros qui s'étaient levés de leur siège. Le silence faisait rage alors que @Maekar Tergaryon prenait la parole en regardant les dix prisonniers, il avait amplement raison : nul ne s'opposait à Valyria. Puis à l'unisson les Héros donnèrent leur ordre à l'unisson et leur dragon vinrent cracher leur puissantes flammes sur les hauts dignitaires de Ghis. Des frissons parcoururent l'échine de Vhaenyra qui, l'ombre d'un sourire satisfait collé à ses lèvres, regardait le feu dévorer leurs proies. Ils ne crièrent pas bien longtemps et elle était comme captivée par ces flammes qui faisaient disparaître ces moins que rien.



résumé:
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice


Le Triomphe du Dragon



Le Glaeron, Cité de Valyria ֍ Troisième Mois de l'An 1066

Ses yeux. Plus rien n’avait d’importance. Alors même que la musique retentissait et que le peuple s’égosillait, il avait tourné le regard vers moi et avait pris mon attention en otage. Il était le héros de ce jour et je n’étais là que pour l’applaudir, comme des milliers d’autres autour de moi, et pourtant alors que son sourire déjà me réchauffait le coeur et qu’il lançait un clin d’oeil dans ma direction je me sentais comme la seule et l’unique capable de l’honorer comme il se devait.

Sans parvenir à détacher mon regard de Maekar, je répondais à @Saerelys Riahenor d’un sourire distrait.

« Pardonne moi Saerelys, mon esprit n’est plus mien… Il n’est pas là affaire d’yeux… Ton coeur saura trouver ce qu’ils ne parviennent à distinguer. »

C’était à présent au trésor d’être présenté, sous les viva du public, des montagnes d’or et de pierres précieuses déposées aux pieds des héros. Sans doute cela servait-il aisément à l’excitation du peuple. Pour nous autres, ce genre de richesse était bien sûr l’assurance de pouvoir profiter des fruits de la victoire, il aurait cependant été fort déplacé de se délecter à la vue de ces richesses… Ce dont nous nous délections était bien plus précieux que le butin arraché aux Ghiscaris, c’était le retour à la maison de nos héros et la promesse que les êtres chers perdus seraient vengés. Je regardais, comme hypnotisée, le prêtre oindre Maekar, faisant de lui un gardien de Teraxes, protecteur de la paix, un héros devant les Dieux comme devant les hommes. Alors que la procession de prêtres progressait, le public tout entier semblait comme à bout de souffle, témoins captifs d’un spectacle mystique qui aurait ému même les plus sceptiques. Les héros étaient consacrés, et bientôt les milliers d’âmes s’inclinaient comme un seul homme. Notre tribune, si noble pouvait-elle, s’inclinait également, oubliant un instant les querelles et les rivalités pour rendre hommage à ces hommes qui avaient été prêts à perdre la vie pour le bien de notre belle Valyria. Pour la première fois depuis qu’il était entré en scène, mon regard se détachait de Maekar et je fermais les yeux alors que mes genoux se pliaient. Je n’avais jamais été particulièrement pieuse, du moins guère plus que ce qui était attendu de moi, mais en ce jour j’implorais les Dieux de faire de cette onction une protection pour Maekar. En ce jour, il paraissait bien plus qu’un homme, comme transfiguré par des actions qui le distinguait du commun, ainsi était-il aisé d’oublier sa mortalité l’espace d’un instant. Malheureusement pour moi, je ne l’oubliais en rien. Pour le petit peuple qui l’acclamait il était un demi dieu, de ceux qui terrassent démons et diables, pour moi ces honneurs étaient un rappel de plus qu’il avait côtoyé la mort. Que j’aurais pu le perdre à jamais, comme nous avions perdu Aenar. Il avait suffit d’une flèche, de quelques secondes, et ce frère ainé que j’avais connu toute ma vie n’était plus qu’un corps sans vie. Une vie brisée en moins de temps qu’il avait fallu aux prêtres pour oindre les héros.

« Vénérables Eclairés ! Saints Héros ! Honorables Dignitaires ! Mes Soeurs, Mes Frères ! Loué soit ce jour de Gloire, qui emplie nos coeurs de joie et nos corps de liesse ! Qu'il entre dans l'Histoire comme le cri d'un pays tout entier à la face du monde ! Qu'il s'encre dans tous les esprits comme une renaissance ! » 

Tous nous étions levés, portés par cet honneur duquel nous devions nous montrer dignes. Ces saints héros avaient triomphé pour nous, et aujourd’hui nous unissions nos voix aux leurs pour crier au monde la gloire de Valyria. Cette guerre signait notre victoire sur Ghis, bien sûr, mais elle ancrait dans l’esprit de nos voisins, plus ou moins lointains, que le Vieil Empire, ce monstre de puissance que tous craignaient, avait été défié et défait par la jeune Valyria.

 « Souviens toi, Valyria ! Ils étaient aussi dix beaux parés partis à Bhorash, pour préserver la paix et faire honneur à Teraxès ! La haute déesse a été trahie, et aucun de ses frères ne réclame vengeance plus ardemment que le grand Balerion ! Pour apaiser son courroux et laver l'affront, le sang demande le sang ! »

Le sang… Mon nez se plissait sans que je parvienne à dissimuler mon appréhension. Bientôt, les dix hommes se présentaient devant nous, richement vêtus mais à la mine grave car ils n’ignoraient rien de ce que leur réservait le destin. Il n’y a rien de plus simple que l’issue d’une guerre dans le coeur des vainqueurs : il y a les bons et les méchants. Il n’était pas nécessaire d’écouter les huées du peuple pour comprendre que ces généraux Ghiscari étaient tombés du mauvais côté du spectre. Si les choses avaient été différentes, peut-être Maekar aurait-il été ainsi paradé, conspué par le peuple de Ghis, puni pour le simple crime d’avoir combattu pour sa nation. Qu’on ne s’y méprenne pas, j’avais perdu un frère durant cette guerre, et elle m’avait volé quatre années d’un bonheur qui aurait pu être complet. Cette même guerre m’avait propulsée dans un rôle que je n’étais pas prête à assumer et avait changé ma vie pour toujours. Devais-je pour autant blâmer ces hommes des malheurs qui s’étaient abattus sur moi ? Qui devais-je haïr, le fer meurtrier ou celui qui l’avait incité à frapper ? Ces hommes s’étaient battus avec la fervente conviction qu’ils le faisaient pour le bien de leur nation. Ils avaient été enrôlés dans une guerre que pour la plupart ils n’avaient pas provoquée. Peut-être certains d’entre eux avaient-ils été à la manoeuvre… Peut-être certains d’entre eux étaient-ils responsables, au moins en partie, des pertes terribles qui avaient meurtris tant de familles valyriennes et… et tant de familles Ghiscari.

« Araehys Lyseon ! Aera Haeron ! Taelor Vaekaron ! Vaekar Tergaryon ! Elazena Yrgalyen ! Claerys Fardelor ! Visenya Rizarnon ! Gaenor Vaelgaris ! Leralya Sultereys ! Daenys Veleanon ! »

Les dragons hurlaient, ceux des héros comme ceux revenus de Bhorash, dépouillés d’un maître. déjà un frisson traversait la foule, comme anticipant ce qui était à venir, car un affront aux valyriens ne pouvait être lavé autrement que par le feu.

 « Que nul cri d'allégresse ne retentisse ! Que nul n'observe le ciel plein d'espoir ! Et que la fureur enflamme ces coprs maudits, alors que nos Gardiens s'adonnent à l'ultime prière ! » 

Oeil pour oeil, dent pour dent. Dix valyriens avaient perdu la vie durant la trahison de Bhorash, dix ghiscari paieraient de leur vie cette trahison infâme qui n’avait rien d’un acte de guerre et tout d’une barbarie immonde. Tergaryon. Notre oncle avait perdu la vie durant cet épisode outrageant, et les lois du sang exigeaient que nous réclamions la justice à laquelle nous avions le droit. Pourtant, sans doute étais-je trop faible de coeur encore car je ne parvenais pas à me convaincre du bien fondé de cette… mise en scène.

« Dracarys »

Il y avait eu d’abord les regards défiants, fiers ou ouvertement implorants. Ils étaient dix, parés dans leurs fiers habits ghiscari ne pouvant les rendre que plus détestables à nos yeux. Pourtant, lorsque la parure était oublié, restait le regard. Certains avaient l’âge de mon père, d’autres de Maekar, et tous mourraient pour le spectacle de la grandeur de notre peuple. Pour laver l’affront. Venger ceux qui avaient été tués à Bhorash et tous les autres. Alors que le feu dragon se déchainait sur ces hommes, je portais l’une de mes mains à ma poitrine, prise d’un haut le coeur impossible à maîtriser. L’un d’eux avait particulièrement retenu mon attention. Il était en tout point commun à mon frère, et il y avait dans son regard une mélancolie silencieuse qui contrastait par sa retenue avec les émotions tranchées de ses voisins. Il avait accepté son sort, et accueillait la mort sans résistance mais il semblait envoyer le message à la vie qu’il ne la quittait que contraint et forcé. Il n’aurait pu voir que mes yeux et mon esprit s’étaient arrêtés sur lui, je n’étais qu’un visage dans la foule et il semblait regarder au loin sans plus rien voir. Après tout qu’aurait-il pu voir ? La haine sur les visages de tous ceux qui l’entouraient ? La peur de ses compagnons de guerre ? A sa droite, un homme de petite taille s’était effondré à la sentence, sans cris ou imploration, simplement comme si ses jambes étaient mortes avant même d’être léchées par le feu. Un peu plus loin, un vieil homme avait fermé les yeux et porté son visage vers le ciel, marmonnant pour lui-même, sans doute les prières d’un homme ayant abandonné tout espoir pour son corps et cherchant à assurer la dignité de son âme. Chacun d’entre eux avait un récit personnel, et chaque visage laissait entrevoir des bribes de cette histoire qui nous était odieuse par essence. Le peuple de Valyria avait-il envie d’entendre que tel était père depuis quelques mois, et que sa petite fille grandirait dans les bras d’une veuve éplorée ? Que la disparition de telle autre entraînerait à sa suite la mort d’une mère incapable de continuer à être ?

Non. Personne ici n’avait envie d’entendre ces récits, ni de les voir à mesure qu’ils se peignaient sur les visages résignés ou apeurés. Un seul visage restait mystérieusement serein, celui de l’homme que mes yeux ne parvenaient à ignorer. Qu’est-ce qui le rendait si unique à mes yeux ? Pourquoi ne pouvais-je pas ignorer les particularités de son visage et ne le voir que comme une masse sans identité ? Etais-je la seule à ne pas réussir à les voir comme les symboles odieux que la foule attendait de voir bruler ? Etais-je la seule à voir en eux des… hommes ?

Très vite, je perdais de vue le visage qui m’avait tant intriguée, alors qu’il était avalé par le feu. Lorsqu’il réapparaissait il n’avait plus rien de reconnaissable. Ses yeux étaient devenus aveugles, roulant dans ce qui devait être des orbites avant que le visage tout entier ne perde sa forme originelle. Il bougeait à présent, ayant perdu une sérénité impossible à conserver lorsque la mort tarde à vous soulager. Certains étaient morts sur le coup, suffisamment chanceux pour ne pas souffrir de sentir leurs chairs se calciner et leur sang bouillir dans leurs veines. S’ils avaient eu des réactions contrastées à l’annonce de leurs morts prochaines, tous avaient été unis par les hurlements déchirants de ceux dont la mort devait être un spectacle.

Je tentais de conserver un visage neutre, ouvrant tout au plus la bouche pour respirer davantage car mon souffle semblait avoir été capturé par une vision à laquelle je ne m’étais pas attendue et face à laquelle je n’avais pu détourner les yeux. Je m’en voulais terriblement d’être si… fragile. J’avais refusé de détourner le regard pour affronter la mort comme avait du le faire Maekar. Cette scène n’était autre qu’un bien maigre aperçu de ce que ces quatre années avaient réservé à ceux que nous portions aux nues en ce jour. Malgré moi, je laissais échapper quelques larmes, que je m’empressais de chasser d’un geste empressé. Oh je ne pleurais pas pour ce qui n’était plus que dix figures noires sans formes ni vie, je pleurais parce que je comprenais qu’on ne pouvait être témoin de tels spectacles pendant quatre années et en revenir inchangé. Je pleurais parce que si ce spectacle m’avait heurtée au plus profond de mon coeur, j’imaginais à peine les répercussions que quatre années de visions semblables avaient pu avoir sur les coeurs et les esprits des jeunes hommes qui regardaient, impassibles, les flammes continuer de consumer une vie devenue cendre. Je pleurais parce que j’avais été protégée, cajolée, maintenue dans une innocence bien commode lorsque mes frères ainés plongeaient dans l’impensable. L’un n’en était jamais revenu, et je pleurais de peur que l’autre n’en soit revenu marqué pour toujours. Ravalant ma tristesse et cajolant mon coeur brisé à l’idée que celui de Maekar ait pu être brisé de même, j’attrapais la main de @Naerys Arlaeron qui se trouvait à mes côtés.

« A présent, c'est à nous de ramener nos héros à la vie, et de les aider à laisser la mort derrière eux… »


Précédemment, dans Rise of Valyria...:

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Le triomphe de Valyria.



Saerelys connaissait ce regard et ce sourire qu’offraient @Elaena Tergaryon. Elle ne les connaissaient que trop bien. Sans doute aurait-elle offert les mêmes à Aedar si ce dernier était à sa portée. Aussi esquissa-t-elle un sourire à la réponse de son amie. Un sourire amical mais qui laissait échapper une pointe, comme une aura, d’amusement. Ici, ils étaient nombreux et nombreuses à revoir pour la première fois depuis quatre années les leurs. N’y avait-il rien de plus normal que de les couver d’affection, de vouloir les serrer contre soi comme pour s’assurer qu’ils étaient tous véritablement de retour ?

« Je ne peux que te faire confiance à ce sujet. répondit doucement Saerelys, son sourire toujours aux lèvres. Il y a des âmes qu’il est impossible de séparer. »

Que ce soit le sienne et celle d’Aedar ou celle d’Elaena et de celui qui avait gagné son cœur. Les choses étaient ainsi faites. Certaines âmes étaient faites pour se retrouver quoiqu’il puisse arriver. Saerelys détourna alors son regard de son amie, le portant sur la procession qui s’était arrêtée. Leurs Héros s’avançaient désormais pour recevoir ce du qu’ils méritaient plus que quiconque. Une foule de Prêtres de Tyraxes les rejoint alors, portant de nombreux présents tous plus précieux les uns que les autres. Jetant un regard dans la direction de sa jeune sœur, Saerelys ne peut que s’amuser de ses prunelles pétillantes face à tant de magnificence. De nouveaux vivats retentissent alors et la novice ne peut que se joindre à eux. Cette célébration avait déjà un goût de paix, de cette paix nouvelle retrouvée et qui leur avait tant manquée !

Tous s’étaient levés pour ne pas manquer un instant de ce qui se produisant devant les Héros. C’est alors qu’un homme tout de noir et de rouge vêtu brisa le cortège des Prêtres, s’approchant des Héros. La jeune femme ne put qu’être intriguée de ce fait. Que faisait un disciple de Balerion ici ? Attentivement,  Saerelys écoute ses propos. En quelques instants, d’autres dévoués à Balerion l’avaient rejoint, tirant derrière eux de longues chaînes, entravant de hauts dignitaires de Ghis.  Alors, la novice comprit. Du moins, pensait-elle avoir compris. Dix instigateurs désignés pour le mal qui avait été fait à Valyria et à ses enfants. Dix instigateurs désignés qui recevraient la mort en guise de punition pour leur acte odieux, pour leur acte que même les Divinités répugnaient.

« Saerelys, qu’est-ce qu’il se passe ? » lui demanda Rhaelys, tirant doucement sur sa robe, à voix basse, ne comprenant pas le sombre manège qui se jouait non loin d’eux.

Durant toute la durée de la guerre, Aelys, Gaelor et elle-même avaient fait en sorte de ne pas la montrer à Rhaelys. Elle était si jeune… Ce n’était qu’une enfant, et à cet instant précis, elle en restait encore une. Elle n’avait même pas dix ans ! Jetant un regard dans la direction de sa mère à la recherche de son approbation, qui gardait le regard braqué sur ce qu’il se passait sur l’estrade, Saerelys se défit de son voilage, le glissant sur les épaules de sa cadette. Elle ne devait pas voir ça. Elle ne devait pas le voir. Si cet acte était légitime, il n’en restait pas moins morbide. Trop morbide pour une enfant si jeune. Peut-être même était-elle la plus jeune d’entre eux, à cet instant.

« Si tu en ressens le besoin Rhaelys, rapproche-toi de moi. répondit Saerelys, à voix basse afin que seule sa petite sœur debout à côté d’elle puisse l’entendre. Nous ne faisons que prendre notre tribut pour ce qu’ils nous ont fait. C’est là tout ce que tu as à savoir. »

Saerelys réajusta son voilage sur le dos de sa cadette. De part la petite taille de cette dernière, l’étoffe l’enveloppait pour ainsi dire totalement. La jeune femme espérait que sa cadette ait la présence d’esprit de l’utiliser pour se masquer le regard si cela était nécessaire. Les noms des dix ambassadeurs retentissaient, tels des coups de fouet. Les Ghiscaris avaient versé le sang de la paix. Ils avait détruit des familles avant même que la guerre ne commence et avaient précipité cette dernière. Instinctivement, Saerelys resserra sa main sur celle de sa petite sœur. Rhaelys savait tout cela. Ils avaient du répondre à ses questions, lorsqu’elle les avaient interrogé sur l’absence de leur père et de leur frère. Mais comment pourrait-elle comprendre ce qui était en train de se produire ?

« Daelor, Maelor, Taelor Vaekaron... Mes chers cousins… ajouta mentalement la jeune femme à la liste déclamée par le prêtre. Contemplez notre vengeance sur ceux qui ont causé votre mort. Contemplez notre victoire. Celle du feu sur la chair, celle du feu et du sang. »

Les rugissements des dragons se faisaient de plus en plus présents à la mesure à laquelle la liste des défunts ambassadeurs s’étirait. Saerelys ferma les yeux quelques instants, serrant les mâchoires. Pour ces traîtres qui n’avaient même pas respectés les plus stricts droits de leurs hôtes, la noyade aurait été plus appropriée. Une mort de lâche. Une mort infamante tout comme l’était leurs âmes damnées. Ils ne méritaient pas le feu de leurs sœurs et frères ailés. La jeune femme rouvrit les yeux. Et bientôt, le mot retentit. Ce mot que tous connaissaient ici. Ce mot qui appelait les dragons à prendre leur propre tribut, leur propre vengeance. Saerelys sentit sa cadette se nicher contre elle à cet instant. Son aînée enroula l’un de ses bras autour d’elle, pour la rassurer.

Mais son regard, lui, restait fixé sur la scène. Saerelys ne cilla pas alors que leurs Héros ordonnaient à leurs dragons de déverser leurs torrents de flammes sur les dix hères enchaînés là. Elle ne cilla pas lorsque les cris des dix Ghiscaris lui vinrent aux oreilles. Elle ne cilla pas alors que l’odeur putride de la chair calcinée et celle presque écœurante du sang bouilli envahirent l’air. Riahenys en aurait fait de même. Ce spectacle était celui des protecteurs de Valyria, de sa création, de leur création, avec les autres fondateurs. Les Ghiscaris avaient provoqué l’enfer en assassinant froidement dix des leurs, ils ne pouvaient que le rejoindre à leur tour.

« C’est terminé… murmura Saerelus à l’attention de sa cadette, lui caressant doucement les cheveux. Ils ne sont plus là et ne le seront jamais plus. »

Rhaelys releva alors la tête vers elle. La petite avait enfoui son visage dans les plis de son voile avant de se lover contre elle, masquant son visage dans le tissu sombre de sa robe. Sans doute n’avait-elle rien vu. Saerelys l’espérait de tout cœur. Le visage de Rhaelys était sec, de même que ses yeux. Elle n’avait rien vu. La novice en avait la certitude, à présent. Elle ne pouvait pas se tromper à ce sujet. Récupérant délicatement son voilage et le réajustant sur ses épaules, la jeune femme offrit un sourire compatissant à sa cadette.

« Tu as été courageuse, Rhaelys. Je suis fière de toi. murmura-t-elle. Il ne faut pas pleurer ces monstres.
- Ils ne reviendront plus, tu me le promets ? Ils ne nous feront plus de mal ? lui demanda alors sa cadette.
- Ils ne reviendront plus, non. Balerion sera à même de s’en assurer. »

Cette conversation n’avait été qu’un murmure, qu’un soupir. A côté d’elle, Rhaelys reprit contenance. Saerelys échangea un regard avec Aelys, qui hocha la tête, visiblement approbatrice au vu de la réaction que son aînée avec eu pour la plus jeune d’entre eux. Rhaelys aurait bien assez de temps pour se faire aux malheurs de ce monde. Pour le moment, ces carcasses fumantes suffiraient amplement pour son jeune regard. Les leurs avaient été vengés. C’était là tout ce qui comptait. La novice jeta un regard dans la direction d’@Alynera Vaekaron, souhaitant s’assurer de son état. Comment avait-elle réagit à cette exécution ? Il faudrait qu’elle s’en assure par elle-même dès que possible.


Résumé:
Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Le Triomphe du Dragon


La jeune Dame-Dragon de la maison Maerion avait échangé quelques mots avec ses amies ou du moins avec la Voix d’Argent et Dame Elaena Tergaryon qu’elle connaissait peu mais qu’elle n’appréciait guère. Le triomphe se poursuivi et la jeune femme regarda les hommes et notamment les héros défiler devant ses yeux. Evidement, son regard s’attarda bien davantage sur la silhouette de son frère Aerys que sur celle de son aîné Jaehaegaron. Mais sa mère, à sa manière lui rappela rapidement qu’elle avait bien deux frères qui rentrait de la guerre et non pas qu’un seul. « Oui, ils ont fières allures, Mère. » répondit simplement la cadette des Maerion à la remarque de sa mère. Et puis son regard fut attiré par la venue de la prêtresse Haemera du culte de Tessarion. Elle échangea un regard avec elle et se rapprocha du sénateur Daemor Bellarys. La prêtresse avait été une préceptrice à certains égards pour la jeune Maerion à la demande de la matriarche du clan. Après tout la mère Daenerys Maerion était connue pour sa dévotion aux dieux. La Maerion suivait la cérémonie avec sérieux et digité comme le voulait sa mère mais lorsque l’un des Cinq se leva et parla, la gorge de la jeune Dame-Dragon se serra malgré elle. Oui, le seul trésor qu’elle voulait et pour lequel elle remerciait les Quatorze était le fait de pouvoir revoir son frère Aerys. Elle avait tant prié Meleys pour cela.

Mais lorsque le prêtre de Balerio, Jareos Karzelion traversa les tribunes, la cadette de la maison Maerion se raidit dans sa posture. Son regard se posa sur son frère et héritier de sa maison pour tenter de plonger ses prunelles dans celle de Jaehaegaron. Un frisson parcouru son échine alors que le prêtre parlait et finalement déclinait le nom de tous ceux qui avait péri par traîtrise après avoir amené dix prisonniers de l’Empire défait. Un court instant, à ce moment-là, elle avait jeté un coup d’œil à l’Ambassadrice et puis avait reporté son attention sur les prisonniers richement vêtus. Elle écouta les paroles du prêtre avec appréhension. Elle n’osait imaginer ce qui, pourtant, semblait se dessiner dans un avenir aussi proche pour eux. Et puis il y eu les paroles de Maekar Tergaryon, le frère de Dame Elaena Tergaryon et Héros de Valyria. Et puis il y eu cet échange de regard entre elle et l’héritier des Maerion. Pour une fois, pour la première fois, leur regard s’étaient croisés sans que la jeune femme ne le détourne aussi tôt. Daenerys semblait y chercher une émotion, un sentiment autre que celui qu’elle ne lisait que trop souvent dans le regard des siens. On ne s’en prenait pas aussi impunément à Valyria. Alors instinctivement elle porta ses mains à ses oreilles alors que les Héros de Valyria donnaient leur sentence de mort. Et malgré cela, elle avait l’impression de les entendre, eux et leurs dragons. C’était comme si leur voix raisonnait en elle, faisait vibrer son sang et ses yeux quittèrent le visage de Jaehaegaron, humide pour observer celui de sa mère qui semblait si satisfaite de ce qui se jouait devant elle. « Étions-nous obligé d’en arriver là. » souffla la jeune Daenerys Maerion alors que ses prunelles cherchaient à s’encrer dans le regard de son frère Aerys comme pour y retrouver du réconfort. Et une fois de plus, elle avait l’impression de ne pas être à sa place au sein de la maison Maerion alors qu’un haut le cœur l’envahissait, idiote qu’elle avait été de retirer ses mains de ses oreilles et après avoir entendu les cris des condamnés. Elle avait toujours condamné les méthodes de sa maison et là aussi, son cœur criait presque son mécontentement. Non pas qu’elle ne comprenait pas ce besoin de vengeance mais elle avait toujours prôner des méthodes moins cruelles. Alors la jeune femme s’était un peu reculée, portant une main sur son pendentif. Sentant un tissu non loin d’elle, elle se tourna pour se retrouver face à une jeune femme aux boucles blondes. « Pardonnes-moi » souffla la jeune Maerion à l’attention de @Saerelys Riahenor. Et remarquant la jeune fille qui se trouvait avec elle, Daenerys ajouta. « Tout va bien, a-t-elle, vu ? » Le timbre de sa voix était encore tremblant alors que la Dame-Dragon peinait à camoufler son mal être face à l’horreur qui venait de se jouer devant eux.
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Il ne fut pas longtemps à l’Ambassadrice pour comprendre. Elle n’était qu’une attraction parmi tant d’autres. A chaque étape de la cérémonie on se tournait vers elle pour observer sa réaction. Lorsque les héros de Valyria entrèrent sous les vivas, lorsqu’ils furent couverts d’or et de louange. Elle était la bête curieuse, l’incarnation vivante du Vieil Empire en proie à sa propre humiliation, obligée d’être là à ravaler son orgueil sans rien dire. La cerise sur le gâteau de ces festivités…

Pour l’instant c’est assez conforme à mes prévisions…

" Et bien madame, j’avoue être intrigué, lui souffla une voix dans son dos. Lorsque Vastraya se retourna elle se retrouva face au visage souriant de l’ambassadrice du Royaume de Sarnor. Beaucoup ont parié que vous ne viendriez pas. "

Elle lui tendit la main en lui souriant en retour. La présence d’un visage amical était réconfortante. Elle avait rencontré son homologue peu de temps après son départ et avait apprécié cette femme discrète mais intelligente. Une rivale en puissance certes mais d’agréable compagnie.

" Le devoir ma chère, le devoir. "

Et justement, en parlant de devoir voici le moment qu’elle attendait. Une procession de prêtres en rouge et noir amenait avec eux une dizaine de prisonniers enchaînés. Elle n’avait pas besoin de leurs atours d’or et de tissus précieux pour apprécier leur statut social : les fameux prisonniers politiques, tous des officiers ou notables issus de grande famille. Le matériel dont elle avait besoin pour commencer les négociations.

Bien, au travail…

Rapidement son regard passa d’un visage à l’autre, essayant de décrypter à travers la distance qui les séparait l’identité des différents détenus. Le discours du prêtre lui passa complètement par-dessus la tête. Elle ne les reconnaissait pas tous mais certains visages lui sautèrent particulièrement aux yeux.


  • Aorion Djedé, un cousin par alliance. Bien bien, sa belle-famille serait satisfaite.

  • Itasu Chabaka, cet imbécile était encore en vie ? L'Empereur allait être enchanté, il lui avait promis un sort bien particulier à son retour.

  • Lui là, machin de la maison Ounas, sa mère lui avait montré son portrait peu avant son départ. Le Premier Né de sa famille se montrerait certainement assez reconnaissant pour rejoindre leur parti et…


" Que... "

Un mouvement attira le regard de Vastraya, l’interrompant net dans son catalogage. Les prisonniers venaient d’être mis à genoux tandis que le prêtre à l’allure sinistre reprenait la parole. Vastraya fronça les sourcils, se doutant sans vouloir l’admettre de ce qui allait se passer.

" Hmm… Avez-vous étudié la mythologie locale Ambassadrice ? Souffla son alter égo sarnorien. Ces ministres du culte portent la livrée de Balerion… "

Alors elle comprit...

Le regard de Vastraya ne faiblit pas, à aucun moment. Elle ne l'aurait pas permis. Pas pour faire honneur au valyriens et la vulgarité qui semblait indissociable de leur race. Pas par peur de ces monstres cracheurs de feu. Non, c'était pour payer un ultime hommage à ceux qui étaient immolés sur l'autel de l'orgueil. Tant de potentiel gaspillé… Les flammes avides dansaient dans ses yeux noirs, animant son visage fermé d'une férocité qu'elle se refusait pourtant à montrer. Elle était diplomate, les individus avaient peu de valeur face aux symboles et celui-ci allait être particulièrement difficile à expliquer à l'Empereur… Ce que le dernier corps s'effondra enfin dans un rideau de flammes et de cendres qu'elle se détourna enfin.

" Bien, madame l’ambassadrice, j'ai vu ce que je voulais voir. Vous me raconterez la fin…  "

Et après avoir salué son homologue avec respect, mais un peu de raideur, la Guivre d’Astapor tourna les talons et quitta l'estrade sans adresser le moindre attention aux autres notables valyriens. Qu'importe les regards qui se détachaient du bûcher fumant pour la suivre des yeux. Qu'importe les rites, la coutume, les drakes menaçant qui emplissaient l'air. Valyria venait de déposer un manifeste en langage de feu et de mort, telle était sa réponse officielle. Qu'ils la tuent donc elle aussi, s'ils étaient prêts à en subir les conséquences.

Car dans l'ombre dansante qu'elle projetait en s'éloignant de la crémation on pouvait presque y voir la fureur de la Harpie elle-même.
Résumé:
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