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Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
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Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
“Love is a matter of luck, reason, and lust.”

Valyria, dernière semaine du mois 12, an 1066

Son cœur mort battait encore. Le sang l’avait quitté depuis longtemps, car le rouge de l’amour n’aurait pu supporter de faire vivre cet organe racorni, dévoré par le ressentiment et la haine. Demeurait alors cette pompe à existence morne qui continuait à soutenir la coquille vide qui lui servait d’âme, et l’amenait à endurer une seconde fois l’idiotie de tout Valyria, amenée à se réjouir d’un mariage vicié, dont tous les principes les plus sacrés étaient foulés au pied depuis plus de dix années, et qui continueraient à l’être pour celles à venir. Il semblait même à Aeganon que cette fois était plus cruelle encore, car tout Valyria avait conscience de l’inanité de l’union entre Maera et Daemor, quoique pour une autre raison que la sienne. Baste ! Elle avait aussi du sens, et ravissement dans l’horreur suprême, il en était à nouveau la cause. Ils ne pouvaient pas tous être suffisamment aveugles, tous ces braves et nobles gens, pour ne pas voir l’évidence, à savoir qu’il n’existait rien d’autre que Jaegor Bellarys entre son frère et sa sœur. Et lui-même, ironiquement, que les deux venaient trouver, condamné à être pourtant celui qui devait applaudir le bonheur des autres. Dont on venait quémander les caresses, la tendresse, les conseils, à la nuit noire, pour disparaître au petit jour. Second choix à jamais, choix de l’ombre, choix du vice. Il aurait dû être à la place de Daemor. Il aurait dû être à la place de Maera. Mais encore une fois, il encaisserait la douleur, et cette fois, l’affront. Il avait songé à se dérober. Que lui importait ces festivités ? Oui, certes, il y aurait toute la grande société valyrienne. Et alors ? Qu’ils se congratulent, ces hypocrites, de quatre mariages qui n’auraient pas dû être. Parce que les Maerion avait aussi sacrifié un cadet pour un aîné, parce que tout Valyria s’amusait de l’infortune des Arlaeron depuis le coup d’éclat du paternel au Sénat. Au moins, les Tergaryon seraient heureux sentimentalement, à défaut de l’être politiquement, car Maekar sacrifiait sa carrière politique en épousant sa sœur. Du moins, tant qu’elle serait cheffe de faction, et bien fol serait celui qui n’avait pas encore compris lequel des deux natifs d’Oros avait le plus d’ambition. Alors, il pourrait bien manquer à cette débauche d’argent qui ne rencontrerait que du vent et les cornes de la tromperie. Ecumant de rage, Aeganon en avait brisé, comme souvent dans ses colères homériques, le mobilier de son pied à terre. Là, suant et ahanant, il avait enfin laissé couler les larmes qui l’envahissaient depuis trop longtemps. La souffrance était indicible. Il aimait sans espoir, ne pouvant obtenir que des fragments. Et voilà qu’en plus, il devrait supporter d’apparaître à un public qui ne le verrait que comme le frère de trop, le cadet sacrifié. Pourquoi leur offrirait-il ce spectacle de sa décomposition ? Il ne devait rien à sa famille. Il s’était fait seul, à la pointe de sa ruse et sur la selle de son dragon. Sa fortune était sienne, bâtie dans la chair et le sang, sur les désirs abusés des autres, et sur la folie des sens, des secrets confiés dans l’acmé du plaisir. Il imposerait l’insulte de son absence à son père, et ce serait son cadeau de mariage. Sa main s’était égarée vers une amphore de vinasse qui avait survécu au carnage, et il l’avait bue, pure. Pour se saouler, et oublier qu’il n’était qu’un abruti dévoré par les regrets, écrasé par l’amertume et empli jusqu’à la lie de la coupe rance du désir inassouvi. L’alcool l’avait assommé, au moins temporairement. Lourdement, il s’était relevé après un long moment, et s’était dirigé vers le baquet que son esclave avait rempli. Il s’y était immergé tout habillé, les effluves du vin se dissipant, et lui rendant sa raison, du moins ce qu’il en restait. Mais la douleur, elle, n’avait pas disparu. Elle tambourinait dans sa poitrine, étirait cette dernière pour l’engloutir tout entier. Il l’entendait battre à ses tempes, masquant ce qui aurait dû être le bruit de son cœur. Alors il s’était changé avant de disparaître dans les brumes de la ville, s’immergeant dans les ruelles les moins bien fréquentées. Il avait hésité, devant les poitrines dévêtues offertes à sa vue et à ses mains pour quelques sous. Sa détresse masquerait les dents déchaussées et les existences détruites par cette vie de misère. Il payerait pour aimer, puisqu’il payait d’aimer. Une brune point encore trop gâtée le héla, et il se dirigea vers elle d’un pas sourd. Cependant, quand elle le regarda, ses yeux le transpercèrent. C’était ceux de Daemor. Terrassé malgré lui, Aeganon tenta d’avancer, sous le regard interloqué de la prostituée, puis il lui lança un dragon d’or, que la fille regarda avec des yeux ronds, avant de tourner les talons et de se diriger vers la demeure Bellarys.

Il ne s’était pas fait annoncer. A la place, il s’était élancé et avait grimpé à la force des bras avant de se glisser dans la chambre de Daemor par la fenêtre ouverte. Il le détestait pour le lendemain, il ne l’en aimait que davantage pour aujourd’hui, dans les quelques heures précédent l’indicible. Seul face à son double, il n’avait rien dit. Il s’était contenté d’avancer vers son jumeau, de l’étreindre puissamment dans ses bras, avant de l’embrasser avec furie, avec ivresse, avec passion. Avec les « je t’aime » qui étaient morts dans sa gorge, parce que le lendemain, Daemor les adresseraient à une autre, publiquement, et les siens n’auraient jamais pour témoins que quatre murs et un toit. Il l’avait aimé avec violence, avec désespoir, et dans ses yeux ne perçaient ni jeu ni luxure, en dépit de ses gestes épris d’une adulation sulfureuse, seulement une tristesse incandescente. Il aurait voulu lui avouer à quel point il ne supportait pas de n’être qu’une ombre dans la foule, quand il aurait dû se tenir à ses côtés. A la place, il se contenta de demeurer étendu près de lui, la seule place légitime qui lui serait jamais accordée. Il n’était que l’amant honteux, l’amant trompé et trompeur, l’amant du soir et l’amant du matin, jamais celui de la journée. Il n’avait pu que lui demander s’il était prêt pour le lendemain. Et répéter ses serments, tandis que la réponse de Daemor achevait d’abattre ce qu’il lui restait de myocarde encore en état. La douleur l’envahissait à nouveau, et même les lèvres de son frère contre les siennes avaient le goût de cendres de l’amour condamné. Cette fois, le plaisir avait été d’une rude tendresse, les yeux fermés, pour ne pas se rappeler qu’en dépit de leurs mots, Daemor ne serait jamais sien. Quand son jumeau avait fini par s’endormir, Aeganon avait fixé le plafond, hébété. Vide. Il se sentait vide. Le jour pointait, et Daemor, déjà, lui échappait. Il l’avait observé un moment, incapable de trouver le sommeil lui-même, le berçant doucement, lui murmurant tout ce qu’il n’était pas parvenu à admettre. Qu’il aurait tellement voulu partir avec lui, loin d’ici. Qu’il regrettait de ne pas avoir fui, tant d’années auparavant. Ils auraient été heureux, tous les deux. Qu’il l’aimait, ô dieux, qu’il l’aimait à se damner, qu’il aurait tué pour l’épouser, qu’il aurait tout détruit pour être à lui.  Qu’il était beau, qu’il était digne, qu’il était le meilleur des Bellarys, infiniment meilleur que lui, parce qu’il était bon, parce qu’il était fidèle, quand Aeganon n’était qu’un arrogant avide de sang qui se glorifiait du malheur des autres, surtout quand il le provoquait. Il ne serait jamais son égal. Maera lui donnerait tout ce que lui ne pouvait lui offrir, le soutien et la douceur, comme Aenerya. Maera … Rien que de penser à sa sœur cadette raviva ses larmes. Parce qu’il se détestait de la hair autant qu’à cet instant, et il savait que, dans quelques heures, il darderait sur elle un regard pétri de fiel. Bientôt, enfin, il parviendrait à la honnir comme il avait poursuivi le sœur décédée de son hostilité malveillante, exploitant chaque occasion pour miner la relation qu’elle entretenait avec Daemor, ne manquant jamais une occasion pour l’humilier, même après son décès. Il ferait pareil, désormais, avec sa petite sœur qu’il aimait, il l’utiliserait, il exploiterait ses sentiments à son égard. A la pensée qu’elle se tiendrait bientôt devant le monde comme l’aimée de Daemor, une bile âcre remonta vers sa gorge. La haine revint, plus intense, plus destructrice. Ses doigts se refermèrent, les jointures blanchissant. Il laissa son frère et se releva, sentant la fureur l’envahir. Il repartit par où il était venu, se perdant les rues de Valyria baignée par la lumière ocre du petit jour, et il regagna l’endroit où il avait laissé la prostituée qui ressemblait à Daemor. Elle était encore là. Il indiqua la ruelle sombre à l’odeur putride d’urine et de sueur mêlés. Et dans cet écrin de purin, il la porta contre le mur, ses reins chantant l’ode des amants amers et des amoureux malheureux. Chaque coup était un cri au cœur, un cri en chœur. Il entendait les moqueries à venir, la suffisance de son père, les vœux prononcés par Maera, les siens, ceux qu’il avait dit à Daemor, ceux qui resteraient secret, comme tout le reste. Tête renversé, yeux fermés, gorge nouée, il aimait dans l’âcre ressentiment de ceux qui s’avilissent pour se convaincre qu’ils vivent encore. Hélas, son cœur était mort.

La fille le conduisit dans la mansarde qu’elle louait avec une compagne. Le souteneur à l’entrée tenta bien de lui soutirer sa bourse, et Aeganon s’enivra de son poing dans son visage, du bruit des os craquant, du sang suintant. Sa rage trouvait à s’exprimer. Il le laissa, pulpe de chairs ruisselante s’égoutter sur le plancher détrempé, et suivit la fille pour s’enivrer davantage. Chair, sang, vin, épices, dans un brouillard hagard, il vécut son enfer personnel au rythme des paradis artificiels. Quand sonna l’heure, le visage have et la toge tâchée, il hésita. Son regard se perdit vers le soleil qui déclinait. Ebloui, il vit danser les arceaux de lumière et dedans apparut le visage de Daemor. Il cligna de l’œil, un sourire sincère s’épanouissant. Puis il vit Maera. Puis il vit son père. Les insultes vipérines de toutes ces belles bouches qui riraient de son infortune, sans même en mesurer l’étendue, éclatèrent à ses oreilles. Il porta ses mains à ces dernières, comme pour s’en prémunir. La folie le guettait. Les mots enflaient, son dégoût aussi. Oui, il n’était qu’un misérable, à se terrer dans une masure du Point du Peuple, puant plus que la mort et avec un visage que n’aurait pas renié le dernier des cadavres. Il méritait leur mépris. Et puisqu’ils le jugeraient tous, quoiqu’il fasse, il leur donnerait une bonne raison de le faire. Se tournant vers ses compagnes de débauche, il jeta le reste de sa bourse, intimant l’ordre de le suivre. Dans sa demeure, il se baigna, s’habilla, se prépara, tandis que les deux catins connaissaient le plaisir soudain des tissus riches et onéreux. Un sourire de satisfaction orna son visage où dansaient les ombres de la nuit et du jour. La transformation était impressionnante, et on eut dit des protégées du Seigneur Soie en personne. Alors, seulement, il consentit à se mettre en marche, chaque pas lui arrachant une grimace. Quand les portes du Temple furent en vue, une vague de rancœur le submergea, et un haut-le-cœur manqua faire chavirer sa résolution. Mais il se contint, et avança, méprisant cette Valyria qu’il détestait toute entière. D’un mouvement dédaigneux du menton, enveloppé dans sa superbe, il toisa Maerys Qohraenos avec morgue :

« Ni dans le tien. »

Il la dépassa sans ajouter un mot, ses yeux étrécis accentuant la dureté de ses traits. Un sourire mauvais s’épanouit sur son visage quand il vit les mines outrées des rombières diverses. Un éclat de rire le secoua, qu’il maîtrisa à grand peine. Ils venaient tous assister à une farce, se vautreraient dans l’ivresse le soir et beaucoup paieraient pour étreindre ses filles, parce qu’il les avait amené, et parce qu’il était puissant, tout simplement. Qui étaient-ils tous, pour lui faire la leçon ? Il les méprisait pour leur hypocrisie, leur stupidité aussi, de ne pas se rendre compte de l’idiotie de ce qui se jouait devant eux. Alors, dans le secret de son cœur, il maudit les dieux qui l’avaient affublé de ces sentiments dévorants et interdits, il maudit Valyria pour ses règles qui lui permettaient d’aimer tous ceux qu’il détestait, et de détester tous ceux qu’il aimait, il maudit son propre nom, il maudit Maera pour lui prendre ce qu’il voulait tellement, et contrefit les serments de bénédiction de Vermax dans le silence de son esprit. Droit, son regard dardé sur Daemor, il ignorait tout, conservant cette apparence pétrie d’orgueil et de déraison, pour ne pas souffrir la vérité : tous savaient à quel point il souffrait, et tous ignorait l’étendue de sa souffrance. Il se demanda furtivement si Daemor l’avait vu, dans sa vision. Sûrement. N’était-ce pas là le signe que les dieux eux-mêmes, in fine, se moquaient d’eux, et qu’ils connaissaient les tourments de leurs âmes jumelles et séparées ?

Enfin, ils purent quitter ce Temple, et pour faire bonne mesure, alors qu’il se trouvait sur son perron, un sourire cruel se dessina sur le visage d’Aeganon, et il guigna la Grande Prêtresse de Tyraxes avant de déposer un baiser sur le temple d’une de ses catins, avant d’effectuer un salut comiquement exagéré, et de s’en aller. Il rattrapa le cortège, avisant certaines connaissances à qui il lança des œillades appuyées, décidé à montrer jusqu’au bout que cette gigantesque pitrerie lui était indifférente, et que les regards courroucés ne faisaient qu’exciter son ressentiment, et par là même, sa hargne. De temps en temps, en pointant tel ou tel invité, il murmurait des vilenies à ses deux invitées, se gorgeant de leurs gloussements et du mépris qu’affichaient les uns et les autres. Délicieux, vraiment. La magnificence du futur théâtre des mariages ne lui arracha aucune exclamation. A la place, il n’en ressentit que plus douloureusement encore sa situation, et il eut envie de cracher au sol pour marquer sa désapprobation. Combien cela avait-il coûté à son père, qui avait dû verser plus que les autres pour compenser son manque de grandeur, car il avait bien fallu compenser leur rang de parvenus pour s’afficher aux côtés des Arlaeron, des Maerion … Comme le Tyvaros. Il se demandait bien qui était son souteneur, et ce qu’il avait échangé pour obtenir le droit d’afficher son nom au même rang que les familles riches et influentes de Valyria. Parce que ce n’était pas la famille de sa fiancée qui aurait pu lui ouvrir de telles portes.

Un instant, il hésita à se placer à la table Bellarys, à l’endroit qui lui était réservé, mais n’en fit rien. A la place, il se dirigea vers une table dans le fond de la salle et s’avachit sur une chaise, laissant ses deux catins en faire de même, l’une d’entre elle venant lui masser les épaules, ce qui eut le don de le détendre. Il se servit du vin, généreusement, et attendit que la première cérémonie commence. Son verre descendait plus vite que les serments ne s’échangeaient. Quand Daenerys Maerion récita ses vœux, Aeganon chercha du regard Daemor, simplement pour l’apercevoir, pour qu’il voit à quel point son jumeau ne voulait qu’avoir droit au même honneur, et non pas être relégué dans les limbes, maîtresse jalouse et dérangeante. L’alcool, comme durant la matinée, avait au moins le mérite d’anesthésier ses sens et de lui permettre d’ignorer l’élancement dans sa poitrine. Un bref instant, la vérité se peignit sur son visage, sans fard. Il avait l’allure d’un homme hagard, d’un fantôme, qui observait la vie et s’en trouvait relégué. Dans le royaume des ombres, il n’y avait de place que pour les morts. Le tiraillement dans son torse se fit plus intense. De battre, son cœur s’était arrêté. Sa respiration se coupa. Les larmes lui vinrent, à nouveau, et pour les cacher, il enfouit sa tête dans le corsage de sa compagne de tablée, l’air d’y pécher avec gourmandise une douceur pralinée enfuie, quand il étouffait son mal-être dans une chair fatiguée, mais qui avait, sous les couches de maquillage pour en camoufler les impuretés, un battant bien vivant, qui se réjouissait d’être là et de profiter de telles largesses, tandis qu’Aeganon en crevait. Finalement, il releva la tête après une profonde inspiration, et engloutit un nouveau verre. La cérémonie était finie, son supplice aussi. Pour un temps. L’arrivée d’Aerys eut le mérite de lui offrir une distraction nécessaire, et c’est avec un rire sec qu’il répondit :

« J’aime que les dieux me remarquent quand j’entre dans leur demeure. »

Leurs prêtresses aussi, d’ailleurs. Son expression se fit plus douce, et teintée d’un amusement sincère cette fois, quand il entendit Aerys reprendre le toast fait à Meereen. Alors, de bon cœur et avec vigueur, Aeganon trinqua, en s’exclamant :

« A nos femmes, à nos dragons, et à ceux qui les montent ! »

Quelques têtes se tournèrent vers les deux fiancés évincés, et la boutade arracha des sourires. Au moins avaient-ils du panache, dans leur infortune. Le voyant se lever ensuite, il lui lança :

« Bon courage, Aerys. Et tu sais, j’ai toujours admiré les hommes qui se battaient pour d’autres femmes que les miennes. »

Il le suivit, aller affronter frère aîné et sœur cadette, avant de le voir partir en compagnie d’une beauté exotique. Et Aeganon porta un nouveau toast, dans le vide, à son ami, dont il admirait la tenue dans cette comédie dont il était un des premiers acteurs. C’est dans cet élan qu’il fut interrompu par Elaena et Maekar. Sa question, où perçait non pas le jugement, mais la tendresse, le désarma, et devant ses deux amis, il répondit doucement, ses épaules s’affaissant légèrement :

« Je n’ai pas l’habitude de me rendre sans combattre. Parce qu’on ne blesse pas une bête. On la caresse, ou on la tue. Et puisque je n’arrive pas à mourir …

Pardi, j’ai décidé que ce soir, je vivrai à en crever, et les caresses viendront assurément ! »

Un clin d’œil vers Maekar, il ajouta :

« Mon ami, rends-moi fier, célèbre cette nuit de noces comme aucun guerrier n’a jamais célébré, et fais trembler Valyria, pour que je sache qu’au moins deux personnes sont heureuses … et que tous le sachent aussi, pour exciter la jalousie ! »

Il reprit un nouveau verre de vin :

« Au vrai amour ! »

Et il porta son toast vers les Tergaryon. Uniquement pour ses amis, il serait honnête, et heureux. Laedor arriva ensuite, et devant sa taquinerie, Aeganon répondit sur le même ton :

« Je n’ai jamais eu aucun problème à laisser des sœurs pour la journée, c’est la nuit qui est mon domaine, mon ami. »

Le sourire égrillard ne remontait pas jusqu’à ses yeux. Se levant – et tanguant un peu – le Sénateur emporta Laedor dans une étreinte virile, et murmura, tandis qu’il passait sa main derrière son cou :

« Sois fier, Arlaeron, d’épouser une femme qui t’aime. Il n’y a pas plus grande félicité dans la vie que de pouvoir être avec une personne qui te chérit pour ce que tu es, et non ce que tu aimerais être. Les femmes, la gloire, la victoire … Tout cela passe. L’amour demeure. »

Il le croyait sincèrement, Aeganon, et aurait tout donné pour être à sa place. Parce qu’il aurait voulu pouvoir être aux côtés de l’homme qu’il aimait, tout simplement. Il risqua un regard vers Daemor, et fronça les sourcils en le voyant dans une position légèrement voûtée. Comment ! Il ne pouvait pas afficher la même douleur que la sienne, lui au moins avait le droit d’être célébré, d’être un Bellarys. Il n’avait pas le droit de sombrer, pas quand il n’était pas là pour le rattraper. Titubant légèrement, déjà saoul, le Bellarys se leva avec lourdeur et avança jusqu’au recoin occupé par les prêtres de Meleys, bondit sur l’estrade improvisée et se râcla la gorge, avant de beugler de sa voix profonde :

« Parce que j’aime l’amour, et que Meleys mérite d’être acclamée en ce jour, je dédie ces quelques vers sans importance aux maîtresses, aux amantes d’une nuit, aux adorées de Meleys, aux vraies héroïnes des réjouissances à venir, et aux plus belles des miennes … »

Ses yeux se braquèrent vers la table des Bellarys. Vers Daemor. Il leva son verre de vin, en avala une lampée, et commença :

« A la nuit tombée, leur domaine s’agrandit,
Ils trônent, souverains de tes profonds soupirs,
Elles règnent, suzeraines de tes envies,
Et avec tes baisers bâtissent leur empire.

Ils aiment avec l’ardeur des amants désespérés,
Elles adorent avec ce feu dans leurs reins,
Tu te perds dans leurs sourires, âme damnée,
Condamné par l’ivresse qui n’est pas de vin.

Allons, Valyrien, ne vois-tu donc pas qui t’aime ?
C’est cette âme sombre dont parle le poète,
Qui fouette tes ardeurs les plus viles et extrêmes.

Allons, Valyrien, ne vois-tu donc pas qui t’aime ?
C’est cette âme bénie qui admet sa défaite,
Car en amour, on récolte ce que l’on sème. »


Et il termina son vin, avant de s’incliner sous les applaudissements et sifflements des connaisseurs. Sautant à bas, la tête lui tournait, d’ivresse et d’amusement. Il se dirigea jusqu’à la table des Bellarys, et posa une main sur l’épaule de son frère, avant de se pencher pour murmurer à son oreille :

« Allons, Valyrien, ne vois-tu donc pas qui t’aime ? »

Puis il se releva et, avisant sa sœur, se tourna vers elle pour demander, à voix haute et avec un rien de cruauté, montrant Daemor :

« Allons Valyrienne, ne vois-tu donc pas qui t’aime ? »

Son regard se posa enfin sur son père, et il s’inclina, ses yeux luisants d’une haine évidente :

« J’espère que la cérémonie se passera selon les vœux de tous les Bellarys. Je suis certain que le résultat en sera … fascinant.

A plus tard, et bon courage. Je gage que tout marié en a besoin. »


Achevant sa tournée vers les Maerion, il vit avec délectation le visage de Jaehaegeron qui se contorsionnait douloureusement. Son regard se perdit vers le visage inquiet du paternel Maerion, et à la pose de plus en plus empruntée du marié sur sa chaise, Aeganon devina qu’il était embarrassé par un problème quelconque. Rien que pour son ami Aerys, il ne pouvait pas ne pas en profiter. C’est ainsi qu’il se dirigea vers les mariés, s’inclinant profondément en direction des jeunes mariés, et commençant un discours :

« Toutes mes plus sincères félicitations, Jaehaegaron, pour épouser une femme aussi splendide que Daenerys, diantre, tous les yeux sont sur elle depuis ce matin, et ce serait faire injure à tes charmes, très chère, que ne point avouer que les miens ont également concourru à cette reconnaissance de ton exquise beauté. C’est que, vois-tu, nous autres âmes solitaires aimons rendre hommage aux hommes qui peuvent parader avec de telles merveilles à leurs bras, car c’est reconnaître leur force virile et leur honnête vitalité. Et je ne connais point d’homme plus énergique que ton nouvel époux, qui se fera une joie, je n’en doute pas, de tous nous faire périr de jalousie quand viendra cette nuit, et que la félicité de vos épousailles se fera entendre jusqu’au palais de Meleys. »

Aeganon discourait, et il voyait de la sueur apparaître sur le front de Jaehaegaron, qui devait subir son long laïus sans bouger. A vrai dire, il savourait son malaise, et continua donc avec perversité :

« C’est donc pour cela que j’ai décidé de vous offrir un cadeau tout particulier, sur lequel j’ai très longuement hésité. Très longuement. Il fallait qu’il soit à la hauteur de vos qualités. Mais finalement, j’ai choisi, non sans difficulté. »

Il aurait pu parier que le Maerion allait s’évanouir, ou lui sauter à la gorge. Imperturbable, Aeganon conclut :

« Pour toi, Jaehaegaron, pour célébrer le fier Sénateur dont j’ai pu admirer la sagacité et l’éloquence, j’ai fait porter dans tes bureaux du Sénat un écritoire conçu par les plus fiers artisans valyriens, et enchantés de quelques secrets dont tu m’entretiendras, je n’en doute pas.

Et pour toi, Daenerys, pour que tous continuent de se retourner sur ton passage, et pour que tous soient incapables de s’en détacher … j’ai demandé à ce qu’un parfum du plus fin parfumeur de Valyria te soit dédié. En voilà une flagrance. »


Il tendit une fiole finement ouvragée. Le pauvre Jaehaegaron était au supplice, et Aeganon, enfin, consentit à s’en aller. Il prit congé, pour chercher un nouvel endroit à déranger. Une chevelure brune attira son attention. C’est ainsi qu’il se posa aux côtés d’Herya, sans façon, se servit du vin, et l’observa avant de dire, à voix basse néanmoins :

« Je comprends Laedor. N’aie crainte, Herya Valgarys. J’ai toujours eu de l’affection pour ceux qui subissent l’opprobre. Un compagnonnage d’esprit, dirons-nous.

Dis-moi, cette soirée est-elle pénible, ou simplement longue ? »




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Jusqu’à ce que la Mort nous sépare.Rêve de Vermax.

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.

L’espace de quelques jours, Naema avait retrouvé Oros et ce palais dans lequel elle avait vécu. Ici et là, il restait quelques traces de cette enfance et de cette adolescence qu’elle avait laissé derrière elle depuis de nombreuses années déjà. Le Rêve de Vermax des plus prochains lui rappelait sa propre condition. Mariée. Elle était mariée elle aussi. Et pourtant, la jeune femme n’en éprouvait aucune fierté. Personne ne pourrait voir cette union comme une bonne chose. Son époux pensait trouver en elle une épouse docile comme seul le Sud pouvait en concevoir, il avait épousé la plus dragonne des filles Vaelarys. Aussi s’étaient-ils soigneusement évités lors de son séjour. La soigneuse avait de toute manière fort à faire. Sa jumelle n’avait pu que lui manquer, durant tout ce temps, de même que son frère aîné, son oncle et sa tante. Ainsi avait été son séjour. Rythmé par des retrouvailles, des préparatifs et quelques tâches plus proches de l’ordinaire. Après tout, elle ne cessait jamais d’être une soigneuse. Ni d’être la protégée de son oncle, à ce sujet.


« Tes mots me flattent, Daenyra. Tu es fort en beauté également. Naema avait esquissé un pauvre sourire, sa main venant se poser sur celle de sa nièce qui s’était entourée autour de son bras.


Son apparence, Naema ne la devait qu’à Gaelya qui avait veillé à ce qu’elle soit présentable. Plus habituée aux dragons qu’aux Hommes, la soigneuse n’avait guère d’idée sur ce qui pouvait réellement la mettre en valeur. Sur les conseils de sa tante, la soigneuse avait laissé ses cheveux libres, laissant son casque habituel au palais, n’y glissant qu’une tresse parée de quelques perles noires. Gaelya semblait s’être follement amusée à la vêtir, quant à elle. Le seul choix que l’aînée avait pu faire était la couleur de la robe qu’elle porterait. La même teinte que les écailles d’Hyndrill, un orangé crépusculaire qu’elle aimait plus que les autres teintes. Sa jumelle avait respecté sa volonté, la dotant en plus de cela d’un voilage imitant une aile membraneuse qui semblait l’envelopper. ‘’Ainsi, Hyndrill sera avec toi, ma sœur ! ‘’ avait dit son double. Alors, Naema avait sourit, consciente de l’effort fait par sa sœur pour que ce ‘’ déguisement ‘’ lui convienne ne serait-ce qu’en partie.


« Allons, ma cousine, gardons courage, toi comme moi. Pour Elaena. Pour Maekar. »


Naema avait prononcé ces derniers mots à voix basse, afin que seule Daenyra puisse les saisir. La soigneuse était au fait des faiblesses de cette nièce qu’elle appelait cousine. Tout ce public, toute cette animation étaient de réelles épreuves pour elles-deux. Pour la jeune Tergaryon qui se trouvait à ses cotés, la Dame Dragon était cependant prête à faire bonne figure. Pour la soutenir, pour que ce moment soit encore plus beau pour le reste de la fratrie de la jeune femme. Alors que la Grande Prêtresse officiait en son temple, le regard lilas de la Vaelarys s’était perdu quelques instants dans le décor que représentait ce lieu. Était ensuite venu cet étrange état. Car étrange était le seul terme qui pouvait décrire ce que la soigneuse ressentait à ce moment. Les traits d’Aekar dansaient dans son esprit, sans qu’elle ne puisse s’en défaire. Ce fut donc les émotions désordonnées que la jeune femme quitta le temple en compagnie des siens.


Tout cela pour en arriver à ce moment. A ce Rêve tant attendu par Elaena et Maekar. Déjà, la cérémonie au Temple de Vermax s’était achevée, place aux festivités ! Il faudrait encore attendre quelque peu, avant que sa nièce et son neveu, bien que Naema employait davantage le terme de cousins à leur sujet, n’échangent leurs vœux à leur tour. Assise à la place qui lui avait été attitrée, le regard lilas de la Dame Dragon dérivait tantôt à droite, tantôt à gauche, passant d’un invité à l’autre. Gaelya la sortait parfois de sa contemplation, lui glissant quelques ragots, quelques plaisanteries, qui lui arrachaient parfois un sourire. Un vieux rituel. Sa jumelle avait toujours été plus à son aise dans les évènements mondains qu’elle. Dès lors avait-elle naturellement pris l’habitude de veiller sur elle, de la distraire pour qu’elle oublie quelques instants le tumulte qui pouvait les entourer.


« Je te retourne le compliment, ma cousine. répondit doucement Naema, alors qu’Elaena s’adressait à elle. Si tu veux mon avis, les autres dames ne tiennent guère la comparaison avec toi. Un sourire amusé était né sur les lèvres de la soigneuse, alors qu’elle faisait cette confidence, à voix basse. Maekar a beaucoup de chance de t’avoir, et je ne parle pas seulement de ce que cachent ces splendides étoffes. »


Naema n’avait jamais été la meilleure en mensonges. Au grand contraire. La jeune femme était heureuse pour sa cousine. Profondément heureuse. La seule once de tristesse était le fait qu’elle-même n’avait pas eu droit à la chance qui était la sienne. Aucune colère n’habitait son cœur, cependant. Échangeant une dernière confidence avec sa sœur, qui hocha finalement la tête, la soigneuse se leva, se rapprochant de Maekar. Offrant une étreinte à ce cousin qu’elle avait déjà affronté par le passé, Naema plaisanta quelques instants avec lui, avant de lui tendre un parchemin cacheté. Son présent. Totalement personnel, délié de ceux que les Vaelarys avaient pu offrir à leurs cousins portant un autre patronyme.


« Je sais que je peux te faire confiance pour le lire avec Elaena lorsque vous serez seuls. Ce n’est pas grand-chose mais c’est là ce que je fais de mieux. Je sais que vous serez heureux, cela se voit. Je n’ai pas besoin de savoir lire les flammes pour m’en rendre compte. »


Tendant le parchemin scellé à son cousin, Naema s’esquiva ensuite, profitant de la venue de nouveaux invités pour disparaître dans la foule. Son présent était fort simple, la jeune femme le savait. Elle leur offrait son devoir, celui qu’elle avait déjà effectué pour son frère et sa demi-sœur, lorsqu’ils avaient eu leurs différents enfants. La Dame Dragon avait étudié un long moment les différents œufs de dragon que possédaient les Tergaryon. Les soigneurs apprenaient à agir de la sorte. Il s’agissait d’une intuition, d’un instinct qu’ils se devaient de suivre. Elle avait ensuite choisi celui qui lui semblait le plus apte à être offert au premier enfant du couple, si sa destinée était de voler. A présent, la jeune femme avait besoin de se retrouver seule avec ses pensées. Qui plus est, les différents clergés proposaient bien des choses capables d’attirer son attention et de lui faire oublier les remous de son esprit.  


Saluant Mealys d’un mouvement de main, la Vaelarys profita tout d’abord des vins proposés par le clergé de Syrax. Une version sans aphrodisiaque, pour commencer. La jeune femme n’était pas certaine de vouloir perdre ses esprits dès à présent. Il y avait encore bien des choses que Naema voulait voir… et surtout se souvenir d’ici le lever du jour. Sa coupe à la main, ce fut aux représentants d’Aegarax que la soigneuse rendit finalement visite. Que de belles choses se trouvaient là ! Griffes acérées, crocs effilés, écailles éclatantes, voilà qui ne pouvait que lui parler ! Durant quelques instants, la jeune femme échangea avec une Prêtresse d’Aegarax, demandant diverses informations sur les spécimens qui étaient présentés là. Sa curiosité quelque peu rassasiée, la soigneuse remercia l’autre femme avant de s’éclipser, laissant d’autres invités profiter de ces merveilles issues des plus glorieuses créatures qui soient.


Jetant un regard derrière elle, Naema fut rassurée de se rendre compte que sa présence ne semblait pas demandée. Gaelya ne tarderait pas à venir la trouver, dans le cas contraire. Car il y avait une chose importante que la jeune femme souhaitait faire, depuis son arrivée sous le chapiteau. Depuis que cet étrange état qui avait été le sien, au temple de la Douzième Flamme. Alors qu’Aeganon déployait d’incroyables dons de poète, la Dame Dragon s’était approchée des représentants d’Arrax. Il fallait qu’elle leur demande. Il fallait qu’ils l’éclairent de la sagesse d’Arrax. Elle fallait qu’elle sache, si toutefois les dieux avaient des desseins pour elle. Les flammes avaient été bonnes pour la soigneuse qu’elle était devenue. Sans elles, jamais son oncle ne l’aurait pris sous son aile pour la former. Peut-être que ce brasier se montrerait à nouveau magnanime ?


« Ô digne fils d’Arrax, je te prie d’accéder à ma requête si ton auguste Père te le permet. commença alors Naema, alors qu’un Prêtre s’était approché d’elle. Les flammes ont été de bonnes conseillères pour moi bien des fois par le passé. Pourrais-tu les interroger à nouveau ? »


Il lui fallait des réponses maintenant plus que jamais. Des réponses par rapport à Aekar, par rapport à ce choix qu’elle avait fait de ne pas honorer son mariage, de prendre cette liberté qui était désormais la sienne. Qu’importe la réponse qui lui serait faite. Elle avait besoin d’apprendre quelque chose. Le moindre petit élément de réponse, le moindre grain de poussière, serait le bienvenue à ce sujet. Alors, peut-être pourrait-elle profiter de la soirée comme les autres Mortels qui l’entouraient ?




(Gif de eternalroleplay.)

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Jusqu’à ce que la mort nous sépare.Rêve de Vermax.

Valyria & An 1066, mois 12.

Ce Rêve de Vermax promettait d’être tout simplement fascinant. Vaemor ne pouvait que s’en rendre compte, alors que lui et une partie de sa modeste parentèle s’étaient mêlés aux convives déjà présents. Que cela soit les Mages, les nobles familles qui unissaient certains de leurs représentants ou les clergés, tous les plus joyaux de Valyria semblaient avoir été réunis en un seul et unique lieu. Sans doute ne manquait-il plus que leurs dragons pour achever ce tableau d’une grande magnificence. Les différentes créatures avaient sans doute trouvé le repos dans les alentours de la Cité ou dans d’autres, afin de s’assurer de leur calme.


Toujours est-il que les Baeriar n’avaient pas tardé à se séparer. Daessa s’était rapidement esquivée, retrouvant quelques Mages de sa connaissance. Maella avait évidemment fait le déplacement, bien qu’il avait été décidé à l’avance que la matriarche pourrait prendre ses distances avec le tumulte de la fête. C’était donc Baela, leur plus jeune sœur, qui avait accompagné son frère et ses neveux afin de présenter leurs vœux aux différents couples. Les Baeriar ne s’étaient cependant guère attardés. Il y avait là des convives bien plus prestigieux qu’eux, ou tout simplement plus proches des différents jeunes gens. Leurs présents étaient aussi plus modestes, dignes des petits propriétaires terriens qu’ils étaient, dans les faits.


Baela avait fait de son mieux avec les moyens dont ils disposaient et avec les compétences inhérentes à leur lignage. Aussi, c’était des plantes toutes particulières qui avaient été offertes aux mariés. Des plantes imprégnées d’une certaine magie, latente, prodiguée sur le long terme. Des plantes qui sauraient peut-être égayer les demeures de ces illustres familles, leur aspect le plus étonnant étant de se dégrader de manière bien lente, bien plus lente que plantes qui n’auraient pas reçu les soins de la famille originaire de Tyria. Les convenances ayant été respectées, les Baeriar s’étaient ensuite séparés, rejoignant quelques connaissances ou s’intéressant à certaines des activités  proposées par les clergés réunis sous le chapiteau de verre.


Avisant Maella qui s’était rapprochée des représentants de Balerion, aussi bien par piété que pour le calme qui les caractérisaient, il ne fallut pas longtemps à Vaemor pour la rejoindre. La matriarche lui tendit alors un petit feuillet déjà plié. L’ouvrant délicatement, s’assurant ainsi de son contenu, le Sénateur finit par acquiescer après sa lecture. Plusieurs noms avaient été inscrits de l’écriture quelque peu rigide de sa sœur. Rhaenor, Saenya et Vaerion Baeriar. Maella avait même inscrit le nom de Laedar, en plus petit, par manque de place. Un enfant, un neveu qui n’avait vécu que quelques mois seulement. Délicatement et silencieusement, le patriarche replia le feuillet, le rendant à son épouse, qui le tendit finalement à un Prêtre de Balerion.


« Puisse cette fumée les atteindre. » songea Vaemor, alors que le morceau de parchemin était dévoré par les flammes.


Offrant son bras à son épouse, qui l’accepta, le Sénateur s’éloigna des Enfants de Balerion. Après avoir honoré les morts, il leur fallait désormais faire de même avec la Vie ! Qui plus est, il avait un certain nombre de personnes à rencontrer, chose qu’il valait mieux faire en compagnie de Maella que de Baela. Non pas que leur cadette n’était pas à son aise dans un tel milieu. Elle avait par ailleurs ses propres objectifs pour ce Rêve et la présence de Maella éviterait à certains de jaser de son absence. Ou du fait qu’elle semblait avoir été remplacée par sa cadette. Les premiers temps furent dédiés aux rencontres que l’ont pouvait s’attendre à faire durant un tel évènement. Croisant quelques Populistes, ou proches de ces derniers, le patriarche des Baeriar ne put qu’échanger quelques mots avec eux.


L’effervescence était toujours assez importante. Sans doute valait-il mieux attendre avant de tenter d’approcher des personnes dont le rang les rendaient fort bien entourés. Vaemor nota cependant la présence d’Herya Valgaris, accompagnée d’Aeganon Bellarys dont la présence ne pouvait qu’être remarquée au vu de sa performance précédente. Ses compétences en Magie avaient été remarquées par le Collège, d’après ce que sa sœur avait pu lui confier lors de leurs rares rencontres. Qui plus est, tisserands et Populistes avaient toujours été forts proches. Tout en se promettant d’aller converser avec la Mage, le Baeriar prit le parti de s’intéresser aux autres aires confiées aux différents clergés. Ce fut finalement les Enfants de Vhagar qui attirèrent le regard du couple. Quelques personnes s’essayaient déjà au lancer de poignards ou encore de petites haches avec plus ou moins de succès, il est vrai.


« Serais-tu capable de les imiter ? demanda finalement Maella, visiblement intriguée par la petite compétition que se déroulait sous ses yeux.
- Je suis plus doué avec ma canne qu’avec une hache. répondit simplement Vaemor. Aussi, je pense que ces personnes font de bien meilleurs champions de Vhagar que moi. »


Maella se contenta de hausser les épaules. Peut-être était-elle amusée. Son époux l’espérait. Ce Rêve n’était pas qu’une opportunité de vénérer Vermax, de mettre en lumière ambassadeurs et ambassadrices ou de permettre à des couples de se marier en bonne et due forme. Il était aussi l’occasion pour tous et toutes de profiter de ces moments fastueux et hors du temps. Alors, qui sait ? Peut-être aurait-il l’occasion de se frotter à l’épreuve de Vhagar ?




Résumé du post de Vaemor:
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jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Valyria, Quadrant Nord
An 1066, dernière semaine du Mois 12

Demain, elle pourrait se reposer.

Alors que toutes les pensées autour d’elle voletaient dans un esprit ouvertement épicurien, Naerya ne songeait qu’à une chose : demain, elle pourrait enfin fermer les yeux en sachant qu’elle avait accompli sa tâche. Mais en attendant ce jour béni des Dieux, il restait à la Deltheryon une longue journée - suivie sans doute d’une nuit plus longue encore - de festivités. Elle avait fait preuve de ses talents techniques et commerciaux ; il lui restait maintenant à opérer son retour sur la scène mondaine de la capitale, dont elle avait disparu pendant plus de deux mois pour mieux protéger sa grossesse.

Ses rondeurs avaient fondu en deux semaines à peine, un record comparé à ses enfantements précédents ; et la pression liée à la préparation d’un événement tel que le Rêve de Vermax n’y était sans doute pas pour rien. En effet, Naerya avait signé plusieurs contrats juteux, pour sa Guilde mais surtout pour les Ateliers Deltheryon : la noblesse valyrienne s’était montrée très désireuse d’obtenir ses faveurs, le clergé n’avait pas été en reste, et les Ateliers avaient recruté presque le double de leur main-d’oeuvre ordinaire pour permettre de finaliser toutes les demandes auxquelles leur maîtresse avait souscrit. Ces trois derniers jours, les lanternes avaient brûlé toute la nuit autour des métiers à tisser, et l’on avait frôlé la catastrophe plus d’une fois lorsqu’une ouvrière épuisée avait laissé la flamme trop près du tissu. Aucun accident n’avait toutefois été déploré, et les travailleurs seraient justement récompensés, une fois les festivités passées.

Naerya avait rejoint les festivités au bras de l’ambassadrice Helenys Grafton, Dame d’Andalos honorée en ce jour dédié à Vermax et à ses protégés. Leur entourage, composé de leurs enfants - à l’exception du petit Viserys, bien trop frêle encore pour participer aux réjouissances - et d’une prêtresse andale, ne pouvait manquer d’attirer l’attention. Westeros n’avait pas véritablement réagi à la mort tragique de son dernier légat, mais cela n’empêchait pas Helenys d’être devenue l’une des curiosités populaires de cette fête. Elle devrait prouver ici à quel point elle s’était acclimatée aux coutumes de Valyria, et Naerys ne pouvait qu’espérer pour son amie que leurs conversations récentes l’aideraient à traverser cette journée sans encombre.

Tout au long du trajet, ses doigts fins avaient tapoté un coffret de bois finement ouvragé, premier des nombreux cadeaux que la Deltheryon offrirait aux mariés ce soir. Alaera, son aînée, portait à bout de bras une cage dorée dans laquelle s’ébattaient deux couple d’aiglons, rapaces venus des montagnes du septentrion où la famille avait placé son siège ancestral. Les jumeaux Laeron et Rhaenys, âgés de six ans, serraient dans leurs mains encore potelées des boîtes similaires à celle que portait leur mère, contenant chacune une étole soigneusement brodée aux armes familiales des futures épouses. Une fois les présents déposés dans la salle prévue à cet effet, Naerya permit à leurs porteurs de s’ébattre enfin au milieu de la foule, tandis que la cérémonie prenait place au sein du Temple. Ils ne resteraient ici que quelques heures, avant que Soqhanna ne vienne les rechercher pour les mettre au lit. La tisserande aurait aimé être celle qui les bercerait ce soir, mais ses responsabilités l’appelaient ailleurs…

Résultats de ses récentes exertions, de légers cernes flottaient sous les yeux bleus de la jeune matrone, résistant à ses meilleurs efforts - ou plutôt, à ceux de la jeune esclave chargée de veiller à son apparence. Sa coiffure et sa tenue étaient cependant suffisantes pour distraire les regards inopportuns - du moins était-ce ce qu’elle espérait. De longs voiles de soie couleur bronze complimentaient sa peau d’albâtre, l’ensemble rehaussé par des broderies de fil doré. Aux épaules brillaient des éclats de verre teinté, savamment taillés par le verrier dont elle avait su faire son complice pour cette occasion mémorable. Ce détail rappellerait, sans jamais les éclipser, les prouesses techniques assurées par le duo d’artisans à l’occasion de la célébration, manière subtile de signer ses créations aux yeux de tous les nobles présents.

Car son œuvre avait dépassé ce que l’on attendait traditionnellement de sa profession : Naerya avait conjugué le savoir-faire de ses ateliers à celui de l’apprenti-verrier - dont elle avait secrètement fait son associé, bien qu’il soit encore trop jeune pour avoir complété son apprentissage - Garaevon Agyreos. Et le résultat était à la hauteur de ses attentes : la robe de la jeune Naerys Arlaeron avait soutiré son compte de murmures et de regards envieux. Voilà que la dulcinée s’avançait vers elle, d’ailleurs, tournoyant gracieusement et faisant danser mille reflets éblouissants dans les perles de verre qui soulignaient encore la brillance des pierres blanches et de la ceinture d’argent chargée de compléter sa tenue.

« Tu es ravissante, Dame - puisque tu n’es aujourd’hui plus Demoiselle - Arlaeron ! Et cette robe ne fait que mettre en évidence cette beauté, je n’ai pas eu tant de travail » plaisanta la Deltheryon d’un ton aimable. « Reçois mes plus chaleureuses félicitations en cette occasion solennelle, et transmets si tu le veux bien mes vœux de bonheur à ton époux ! Que Meleys veille sur votre union » acheva-t-elle, sans doute un peu trop lyrique pour l’occasion, trahissant une légère nervosité à l’idée d’être aussi proche de la fille de l’Oeil d’Argent. Mais la Tisserande était réputée pour sa piété, et cet éclat ne semblerait sans doute pas hors de caractère à la jeune épouse, d’autant plus que cette dernière flottait presque visiblement sur un nuage de félicité nuptiale.

Elle ne retint pas plus longtemps la jeune femme, d’autant plus que cette dernière regardait déjà par-dessus son épaule. Ah, la fougue de la jeunesse, songea la dame, avant de se reprendre : elle n’avait que trente-cinq printemps derrière elle, il n’était pas encore temps qu’elle se comporte comme une vénérable grand-mère. Allons, du cœur, s’encouragea-t-elle mentalement. Elle avait encore bien des gens à saluer, en commençant par sa sœur Vysera, dont la voix mélodieuse sublimait à présent le chœur offert par les prêtresses de Tessarion ; la marchande passa ensuite quelques instants avec Cassella Santegar, sa consoeur rhoynare, discutant des prouesses techniques accomplies par les Mages, et notamment de cette immense verrière sous laquelle se déroulaient maintenant les festivités.

Les enfants étaient déjà repartis vers la résidence familiale, lorsque la tisserande aperçut la première mariée, la charmante Daenerys Maerion. Sa tenue était elle aussi l’une des œuvres des Ateliers Deltheryon, et plus exactement de Naerya elle-même. Elle avait tenu à se charger personnellement de la demande si particulière, confiant à Alaera le soin de préparer les motifs qu’elle avait ensuite brodé. Le résultat était d’une douceur presque nostalgique, tant était palpable le souvenir de Meleys Maerion. Elle se contenta de saluer de loin sa cliente, qui était déjà bien entourée, et poursuivit sa route. L’arrêt suivant la mena devant les tables du clergé de Syrax, où elle s’empara d’une coupe de vin. Le rafraîchissement était le bienvenu, et la Dame sentit immédiatement que son courage lui revenait. Enhardie, elle s’approcha des lecteurs de flammes au service d’Arrax, se demandant si le Père des Dieux avait un message à lui transmettre…


résumé:
Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
“Love is a matter of luck, reason, and lust.”

Valyria, dernière semaine du mois 12, an 1066

Alors que le premier mariage est célébré, la fête bat son plein, et les différentes animations imaginées par les prêtres des Quatorze cultes valyriens récoltent leur lot de participants. Les coupes de vin débordent, et les assiettes ne cessent de se remplir de douceurs diverses. Aux plaisirs de la table cèdent parfois le plaisir des yeux, en voyant les superbes cadeaux qui sont déposés aux pieds du couple Maerion. L’ensemble des futures offrandes pour les autres mariés continue d’être acheminée dans diverses pièces attenantes, créées pour l’occasion afin de ne pas encombrer le chapiteau principal. S’y entassent coffres, meubles scellés et autres pièces rares délicatement emballées. Les allers et venues discrètes et incessantes ne troublent guère les participants, trop occupés à festoyer et à bavarder pour s’occuper de cette valse bien connue que rien ne semble troubler. Quelques gardes affectés par les familles veillent à la bonne tenue des opérations. Et nul doute que de nombreuses familles se sont saignées, au vu de la profusion qui s’amoncellent doucement, en écho somptueux à la munificence qui se dégage du théâtre principal des réjouissances.

A l’intérieur du chapiteau, un petit groupe s’est amassé autour du clergé d’Arrax, qui propose la traditionnelle lecture des flammes aux invités le désirant. Naema Vaelarys s’avance devant l’un des prêtres. Celui-ci, face à une flamme qui s’élève doucement, prononce les incantations rituelles avant d’avaler une poudre blanche. Ses yeux se révulsent, et la transe commence. Il observe sans les voir les flammes, son regard guidé dans la Toile de la réalité par la main de son dieu. Sa voix, magnifiée, tonne et susurre à la fois à la jeune femme :

« Ton avenir est celui de tes choix, Naema Vaelarys. Arrax t’observe. Il t’a tracé un chemin que tu refuses, malgré tes vœux devant Meleys et Vermax. Ces déesses, tu les mécontentes, et tu en assumeras les conséquences. Mais Shrykos veille sur toi : elle a mis de nouveaux passages sur ta route.

Ton destin est brumeux. Tu es peut-être l’une des rares qui puisse réellement décider de sa vie.

Mais n’oublie pas : les loyautés que tu acquières n’effacent jamais celles que tu brises. »


Ses yeux reviennent à la normale, son souffle se fait moins heurté. Le dieu a parlé. S’avance ensuite Naerya Deltheon. A nouveau, la flamme s’élève, et le prêtre avale la poudre. Ses yeux se révulsent, ses lèvres s’ouvrent … mais aucun son n’en sort. A la place, le prêtre est secoué de soubresauts, et son corps tout entier est bientôt traversé par des haut-le-cœur. De la sueur apparaît sur son visage, et brusquement, il se révulse, avant de se tourner en arrière et de rendre tout ce que son estomac pouvait contenir, sous l’œil consterné de ses collègues. Des esclaves et serviteurs accourent pour nettoyer rapidement les dégâts, tandis que plusieurs prêtres se chargent d’emmener leur collègue fiévreux au calme. Une femme au calme olympien, qui ne semble guère affectée par la scène, se tourne vers la cheffe de guilde et explique posément :

« Pardonne-nous, honorable Naerya. Je ne sais ce que contenaient tes flammes, mais mon ami n’a pu convenablement t’offrir la parole d’Arrax. Sans doute a-t-il trop abusé auparavant des douceurs de nos confrères et consœurs de Syrax …

Parce que nous ne pouvons défaire ce qui a été fait, les dieux ne t’accordent pas la lecture de ton avenir en ce jour. Et en cela, ils te donnent sans doute une réponse particulière. Reviens dans quelques jours en notre Temple : nous ferons en sorte de t’accorder ce que tu désires … même si parfois, le prix de nos désirs nous est bien lourd. »


Le verdict des dieux, pour confus qu’il soit parfois, a été rendu. Ces derniers, néanmoins, n’ont pas fini leurs taquineries, bien aidés par quelques trublions qui sont bien décidés à rendre la tâche difficile aux organisateurs de ces mariages. Aerys Maerion peut être fier de son vilain tour. Poussé dans ses retranchements par l’interminable discours de son comparse Aeganon Bellarys, son frère et nouveau marié Jaehaegaron Maerion sue comme un bœuf de labour, la main sur son ventre. Au supplice, seul son mental d’acier lui permet de contenir l’ouragan qui naît dans ses entrailles et dévore sa chair. Le teint verdâtre, il se lève à grand peine et glisse quelques mots à son père. Ce dernier, sourcils froncés, fait un signe discret à sa garde rapprochée, qui encadre l’héritier et l’exfiltre aussi discrètement que possible, bien que le départ du Maerion ne puisse pas échapper au regard des nombreux invités. Voilà qui est de fort mauvais augure pour le mariage, murmurent déjà quelques mauvaises langues. Le patriarche ne se laisse pas démonter. Il écrit rapidement un billet qu’il envoie à la table des Tergaryon, et, une fois que ce dernier a reçu l’accord demandé, il se lève pour demander la parole, qui est réclamée à coup de tambour par les musiciens présents.

« Mes amis, valyriens et valyriennes de toute la péninsule, c’est avec une immense joie que j’ai pu célébrer avec vous le mariage de mes enfants, et me réjouir de la longue félicité qui les attends ! Cependant, je sais que d’autres attendent avec impatience ce délicieux moment, aussi, avec votre accord, nous vous proposons de continuer les réjouissances et de nous déplacer vers les plaines du centre de notre belle République …

Mes amis, applaudissons Elaena Tergaryon et Maekar Tergaryon ! »


Pendant que les invités applaudissent, la nuit tombe sous le chapiteau, provoquée par la magie des locataires du Collège. Une lumière illumine seulement les deux fiancés, et permet surtout aux hordes de serviteurs et esclaves d’aménager le chapiteau pour la nouvelle scène qui s’ensuit. Lorsque la brume magique se dissipe, le spectacle est à nouveau à couper le souffle. Au-dessus de leurs têtes, des arcs de feu s’entrelacent et se rejoignent au plus haut point sur la coupole pour exploser en un jet continu, comme une fontaine magique en forme de volcan magnifique. Des mages pyromanciens contrôlent ce flux qui diffuse une chaleur agréable, et illumine d’une lueur orangée l’ensemble du chapiteau, tandis que l’ombre des flammes paraît danser contre les murs en verre dans un effet particulièrement impressionnant. Régulièrement, des étincelles de couleurs coulent depuis le haut de la fontaine et sont projetées dans tout le chapiteau, comme des étoiles filantes colorées. Vert, jaune, rouge, c’est une vraie farandole qui couronne les valyriens. Au centre de la pièce trône un nouveau banc de banquet, Daenerys ayant été accompagnée jusqu’à la table de sa famille, et ce sont les deux Tergaryon qui y ont pris place … ainsi que trois magnifiques fontaines sculptées qui rejettent du vin, de l’eau et du chocolat. La première est ornée d’une statuaire en forme de composition florale exubérante, qui entoure la réplique miniature d’une ville aisément reconnaissable, Oros. La seconde représente le dieux Caraxès et la déesse Vermax tenant chacun dans la main plusieurs bateaux, aux voiles arborant les couleurs des autres nations de Valyria : Ghis, Andalos, les cités de la Rhoyne, Sarnor, les Iles d’Eté, Yi-ti et tant d’autres … tandis qu’à leurs pieds, Gelios émerge, triomphante. Enfin, la troisième figure en majesté l’intérieur d’une coupole que beaucoup n’ont pas de mal à identifier comme Drivo, le cœur de la République et l’assemblée sénatoriale, qui surplombe Valyria et ses collines avoisinantes, ainsi que ses hautes tours et ses sublimes palais. L’hommage est évident, tant à la puissance d’une famille qui contient deux représentants au Sénat, ceux-là mêmes qui se marient, qu’à leur fortune conséquente issue du commerce et à leur ville d’établissement ainsi qu’à la pureté des origines valyriennes. L’ensemble est proprement fascinant. Doit arriver néanmoins le mariage en lui-même.

Comme précédemment, Maesella Nohgaris s’avance avec son collègue de Meleys. Elaena et Maekar Tergaryon sont invités à se présenter devant eux, alors que leurs noms résonnent. La bénédiction initiale est prononcée, puis chacun est invité à prendre la parole, si tel est son désir. Le gâteau d’épeautre est partagé, et vient le moment de l’échange des présents. Puis leurs mains sont entrelacées, la foule est appelée à témoigner. Et enfin, Maekar Tergaryon peut soulever sa nouvelle épouse et franchir l’arche enflammée avec elle dans ses bras. Le guerrier ajoute une facétie à ce moment rituel, puisqu’il le fait en embrassant langoureusement sa bien-aimée, sous les rires et sifflements des invités. La joie se lit sur le visage des deux mariés, et il semble que l’homme n’ait guère envie de s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il ne consent à déposer sa nouvelle épouse à terre qu’une fois arrivé devant la tablée des mariés, ce qui arrache de nouveaux commentaires joyeux de la part de l’assemblée. Tandis que chacun est invité, à nouveau, à venir féliciter les nouveaux époux, une musique entraînante résonne, tandis que des danseurs et danseuses venus de tout le continent passent à travers les tables dans une farandole féérique, invitant les uns et les autres à les suivre. Le coin nord du chapiteau a été dégagé pour permettre à ceux qui désirent danser librement de s’adonner à ce plaisir, en compagnie de ses sublimes créatures aux ondoiements lascifs, ou dans celle d’une personne de leur choix.

Plus loin, une estrade a été montée à la hâte, et une troupe de théâtre célèbre, avec à sa tête Jeanys Racinax, un célèbre dramaturge valyrien, commence à jouer une pièce commandée pour l’occasion, intitulée sobrement « Bérénys », qui met en scène l’ultime siège de la ville ghiscarie de Bhorash, à travers l’histoire d’amour fantasmée et impossible d’un haut-gradé valyrien et d’une noble ghiscarie. On y aperçoit bien entendu la figure du grand général, juste mais farouche, Maekar Tergaryon, glorifié dans son rôle de guerrier vengeur, comme celles de Jaehaegaron Maerion ou encore Laedor Arlaeron, les autres mariés. Quant à Daemor Bellarys, il est présenté comme l’allié fidèle du valyrien amoureux, qui le rappelle à la raison face à son devoir et glorifie la grandeur de Valyria. Inutile de préciser que le contenu de la pièce a été validé par toutes les familles en présence, et que certains messages sont faciles à identifier.

Les stands des dieux ont été rassemblés sur un pan du chapiteau, pour ceux qui désireraient encore s’y adonner, mais nombre de regards sont tournés vers les nouvelles merveilles prévues par les Tergaryon pour leurs épousailles. Alors que tous deux s’asseyent, le haut de la fontaine de feu placé juste au-dessus de leurs têtes se met à bouillonner, et des arcs rouges en forme de roses en sortent. Maekar fait mine d’en attraper une et de l’offrir à Elaena. Leur bonheur irradie de leur table, et nombreux sont les couples légitimes à échanger une œillade attendrie, se souvenant probablement de leurs propres noces. Quant aux amants illégitimes, ils coulent discrètement un regard à l’aimé ou l’aimée, et certains murmurent avec amusement les paroles du poème déclamé par Aeganon Bellarys. Les maîtresses auront leur revanche, mais à cet instant, ce sont les mariés qui sont au centre, et rien ne paraît capable de malmener une telle félicité nuptiale.

Il n’y a pas d’amour heureux en dehors d’Oros, mais ses murs blancs ont fait éclore la plus belle des roses rouges, et elle s’épanouit à Valyria, et entre les mains enlacées de Maekar et Elaena Tergaryon.




Règles générales

Pour cet évent spécial, vous êtes tous répartis dans le même sujet. Cela fait beaucoup de joueurs, beaucoup de réponses, et beaucoup de chances d'interaction !

Vous n'aurez donc que quatre jours - 96 heures - pour poster votre réponse à chaque tour. Si vous ne pensez pas avoir le temps, pas de problème ! Vous serez PNJsés par le MJ pour ce tour et vous pourrez rattraper votre coup au prochain tour Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 4062388460 .

Il n'y a donc aucune pression, manquer un tour ne sera pas pénalisant  Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 894420505

Compte tenu du nombre conséquent de joueurs, aucun délai ne sera accordé. Nous savons que vous comprendrez Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 871372357   Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 1138098981

D'ici là, bon jeu ! Et que le sort vous soit favorable  Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 1502348457



Ordre de passage

En raison de l'unicité de l'action comme du très grand nombre de joueurs, nous avons fait le choix de proposer un système de "groupes de postage". Vous êtes répartis sur des groupes donnant un ordre de post, et qui permettent à plusieurs personnes de poster en même temps, afin de ne pas attendre 23 fois pour un seul tour.

Vous avez donc votre ordre de post au sein de votre groupe. Ces groupes ne préjugent ni de votre emplacement durant le mariage, ni des personnages avec qui vous interagissez. Ils permettent simplement à plusieurs personnes de poster en même temps, comme nous sommes très nombreux. Libre à vous d’interagir uniquement avec des membres de votre groupe, ou de vous mettre d’accord avec d’autres joueurs.

Exemple : Daenerys Maerion est la première à poster du Groupe 1. Elaena Tergaryon est la première à poster du Groupe 2. Cela signifie qu'après le post de Maesella, chacune dispose de 4 jours pour écrire. Elles le font en même temps. Cela ne signifie pas pour autant que Daenerys doive obligatoirement interagir avec les membres du Groupe 1 (même s'il y a son fiancé dedans, donc on pense qu'elle le fera  What a Face ). Elle peut tout à fait parler à Maekar, qui fait partie du Groupe 2, comme Elaena. Et ainsi de suite !

Groupe 1 :

@Maesella Nohgaris - @Daenerys Maerion - @Aerys Maerion - @Mealys Naehrys

Groupe  2 :

@Elaena Tergaryon - @Daenyra Tergaryon - @Naema Vaelarys@Baelor Cellaeron

Groupe 3 :

@Daemor Bellarys - @Maera Bellarys - @Aeganon Bellarys - @Vaemor Baeriar

Groupe 4 :

@Laedor Arlaeron - @Naerys Arlaeron-  @Maerys Qohraenos- @Herya Valgaris

Groupe 5 :

@Daemon Tyvaros - @Elineor Taellarys - @Naerya Deltheryon - @Helenys Grafton

Groupe 6 :

@Saerelys Riahenor- @Aelys Riahenor@Garaevon Agyreos



Règles spéciales

Pour cet évent spécial, nous vous demandons de mettre à la fin de vos posts un spoiler indiquant : le résumé de vos actions, l'endroit où se trouve votre personnage, et les personnages à qui il s'adresse.

Nous comptons sur vous pour avoir des interactions avec le plus de monde possible, après tout, à Valyria on aime ... se mélanger  Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 238207597

Outre la description des réactions de votre personnage, vous pouvez le faire bouger dans la salle, profiter des animations organisées par les Tergaryon, et présenter vos cadeaux aux invités, entre autres réjouissances. Les animations du précédent tour sont encore accessibles.

Alors 1, 2, 3 ... Amusez-vous tous ensemble  Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Page 2 408511402


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“Jusqu’à ce que la mort nous sépare” & Rêve de Vermax.

Valyria& Année 1066, dernière semaine du mois 12


Alors que tout est sous le signe de la fête et de la joie, ce n'est qu'un brouhaha qui ne cesse de me fracasser le crâne. Les rires, les hurlements, les « oh » de surprises face aux activités organisées par les différentes familles, et les sourires que les gens s'échangent, ces faux sourires qui donnent une allure absurde à toute cette mascarade...
Et il est là, ce mal de tête. Celui qui nous ronge de l'intérieur. Il frappe, encore et encore jusqu'à mettre notre tête comme dans un étau. Le brouahaha qui m'entoure n'est qu'un bruit sourd dont je ne perçois aucun son compréhensible. Je n'en imagine que la contenance. Des félicitations par-ci, des acclamations par là, des faux-semblants, toujours.
J'ai envie de tout envoyer valser, je ne veux que personne ne m'approche, j'ai envie de grogner, hurler, cracher du feu même si je le pouvais. Mais au fond de moi je sais que je ne le ferais jamais. Parce que j'ai toujours tout fait pour convenir à ce que père voulait, sans jamais réellement me battre pour ce que je voulais vraiment.
Et puis à quoi bon, je ne pourrais jamais avoir ce que je veux... je ne pourrais jamais avoir celui que je veux.
Et comme pour me rappeler ce fait que je ne connais que trop, je dois encore passer cette cérémonie qui me liera à quelqu'un d'autre. Si la première fois j'y étais allé avec quelques réserves, connaissant parfaitement la voie que je devais suivre, je n'y arrive pas cette fois. Car j'ai déjà emprunté ce chemin et que cela a été un fiasco total.

Si cela devait recommencer une nouvelle fois , je crois que je ne m'en remettrais pas.

Et alors que je me renferme sur moi-même, me créant une carapace pendant que l'alcool s'occupe de griser un peu plus mon esprit, alors que je pense que rien ne pourrait être pire, voilà que j'entends la voix de mon jumeau s'élever. Une voix qui montre clairement qu'il n'est pas à son premier verre.
Nos regards se croisent, se captent, se figent alors qu'il lève son verre. C'est alors qu'il entame son poème sur les maîtresses.

- Tu sais qu'on ne sera jamais ensemble...
- Cela ne nous empêche pourtant pas d'avoir ces moments entre nous.
- Tu parles ! Tout ce que nous pouvons faire c'est nous voir la nuit, ou quand le jour est assez sombre pour couvrir nos messes basses. Pour toi l'aîné, pour toi l'homme marié, je ne suis que ta maîtresse.
- Tu es bien plus que ça pour moi et tu le sais.
- Pour toi oui, mais j'aurais ce rôle à jamais...


Ce dialogue que nous avons eu il y a de cela plusieurs années me revient en tête. Aeganon s'est souvent qualifié ainsi lorsqu'on se retrouvait le soir en cachette. Nous étions tels deux amants maîtresses, trompés et trompeurs. Si les gens peuvent y voir une sorte d'affront, j'y vois là un message qui m'est entièrement destiné.

Allons, Valyrien, ne vois-tu donc pas qui t'aime ?
Si je le vois, je l'observe en cet instant même alors que mon corps semble reprendre vie en sa présence.
C’est cette âme bénie qui admet sa défaite
Non, tu n'as pas perdu, au contraire. Je refuse d'accepter une quelconque défaite. C'est moi qui suis totalement perdu si tu n'es pas auprès de moi.
C'est ce que j'aimerais pouvoir lui répondre, seulement tout ce que je peux faire c'est le regarder droit dans les yeux alors qu'une larme coule sur ma joue.
C'est notre histoire, et ça sera toujours ainsi. À nous aimer dans la nuit, à nous aimer en cachette, à nous aimer sans pouvoir partager cela avec quiconque. Et alors que je remarque l'anneau à son doigt, signe clair de protestation qui me fait légèrement sourire, je pose ma main contre mon torse là où se trouve mon alliance. Je sais qu'il comprendra mon geste lui aussi.

Il fini par descendre de sa scène de fortune pour s'approcher de moi, me murmurant finalement à l'oreille :  

- Allons, Valyrien, ne vois-tu donc pas qui t'aime ?

Je me pince les lèvres alors que je me tourne vers lui, murmurant à mon tour :

- Je le vois, et toi, ne vois-tu donc pas qui t'aime ?

Il finit par se reculer, et je suis son regard qui se porte alors sur Maera qui s'avance vers nous auprès de son amie, Aelys Riahenor.

- Allons Valyrienne, ne vois-tu donc pas qui t'aime ?

Ma mâchoire se crispe légèrement. Je sais qu'il souffre autant que moi en cet instant, sinon jamais il n'aurait fait autant d'esclandres à ramener ces femmes avec lui, ou encore à faire en sorte qu'on le remarque bien, surtout père.  Mais c'est comme s'il essayait de nous faire souffrir en cet instant, Maera et moi.
Vient finalement sa dernière tirade pour notre père. Celui-ci préfère ne pas réagir, mais je sens qu'il n'en restera pas là. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il faudra que je lui parle afin qu'il ne s'en prenne pas à Aeganon.
Et le voilà qui s'en va... Et je me sens vide car ma moitié s'éloigne de moi.
Je me sens seule car ma moitié s'éloigne de moi.
Je me sens abandonné, car ma moitié s'éloigne de moi.
Je me sens mourir, car ma moitié s'éloigne de moi.
Elle est déjà si loin que j'ai l'impression d'entendre mon cœur se meurtrir.

Je serre doucement les poings alors que je dois reprendre une certaine contenance. Maera est ici maintenant, et je ne peux pas me permettre de fauter devant elle. Je sais que père regarde et que je ne dois pas faire de faux pas, mais je n'ai surtout pas envie aussi de faire de Maera une jeune mariée aussi malheureuse que moi.
Je finis mon verre avant de me redresser. La tête haute, je m'avance avec une assurance, que je pensais perdue, vers ma future femme et son amie. Si j'ai passé du temps avec Maera aujourd'hui, je n'avais pas encore eu l'occasion de vraiment la regarder. Je peux voir l'effort qui a été fait pour qu'elle semble plus adulte, plus charmante, plus désirable aussi d'une certaine manière.
Arrivé à leur niveau, je souris doucement avant de tendre mon bras à Maera pour qu'elle puisse venir à mes côtés.

- Je ne crois pas te l'avoir encore dit aujourd'hui, mais tu es magnifique. Sans nul doute la plus belle mariée de ce soir.

Je lui souris tendrement, essayent probablement de la détendre par la même occasion, ou serait-ce moi ? Je détourne finalement le regard pour observer Aelys, gardant toujours un ton amical.

- Merci de tenir compagnie à Maera, je suis heureux de voir qu'elle a une amie sur qui compter en ce grand jour. Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de parler depuis... Certains événements, je dis avant de me racler la gorge.
Elle sait parfaitement de quoi je parle et il n'est pas la peine de s’épancher sur le sujet.  Je n'ai eu l'occasion que de la saluer lors de ses visites à la demeure, mais rien de plus.
- J'espère que tu te portes bien et que les festivités te plaisent. Je n'ai d'ailleurs pas encore vraiment eu l'occasion de manger, mais j'ai remarqué que vous aviez fait un tour des différentes tables, un conseil à me donner ?

Je me lance dans des frivolités, espérant que cela me change un peu les idées et me permettent de passer un semblant de bons moments. Je ferais tout pour que, malgré la douleur, ce moment soit un bon souvenir pour Maera. Après tout c'est son mariage à elle aussi, et je ferais en sorte de la protéger de tout ce qui pourrait gâcher ce moment à ses yeux.

Spoiler:
 
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Jusqu’à ce que la mort nous sépare.Rêve de Vermax.

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.

Dans cette danse à laquelle tous et toutes participaient, Maesella n’en oubliait pas sa propre chorégraphie. Cette dernière serait cependant entrecoupée par d’autres vœux qu’elle devrait faire prononcer. Aussi, la Grande Prêtresse ne pouvait que profiter de cet instant de calme pour échanger avec les autres personnes présentes. L’ambassadrice Andale était la première sur sa liste, tout comme les autres ambassadeurs et ambassadrices. Le Rêve de Vermax serait bien assez long pour lui permettre de rencontrer les représentants des autres nations d’Essos. Pour le moment, Helenys, ainsi que sa fille, avaient toute son attention.


« Nos verriers et nos Mages ont fait un fort bel ouvrage, en effet. Un sourire avait accompagné cette phrase. J’espère que tu trouveras cette cérémonie à ton goût. Elle est sans doute bien différente de ce que tu as pu connaître parmi les tiens, mais tout comme vous, nous ne faisons que célébrer l’amour et notre alliance dans nos différences de la meilleure des manières. »


Le regard glycine de la Grande Prêtresse se posa ensuite sur la jeune Grafton. Son sourire s’adoucit légèrement. Catlyn devait avoir sensiblement le même âge que sa nièce Visenya. La jeune fille semblait ravie de se trouver en ces lieux, si la Nohgaris en jugeait de la mine radieuse qu’elle affichait. Inclinant poliment la tête en sa direction, n’ayant que trop conscience du sang noble qui coulait dans les veines de la plus jeune fille de l’ambassadrice, Maesella s’adressa ensuite à elle, sur un ton doux, presque chaleureux :


« Sois également la bienvenue, Lady Catlyn. C’est un plaisir de faire ta rencontre également. Ta mère a pris une sage décision, en acceptant que tu l’accompagnes. La Grande Prêtresse se tut quelques instants, visiblement songeuse. Avec son accord, je ne peux que te conseiller d’aller rendre visite aux Prêtres et Prêtresses de Meraxes, qu’en dis-tu ? Je dois avouer que l’idée qu’ils ont prévu pour nous amuser est des plus bonnes et je gage que tu sauras en profiter. »


Une activité qui ne serait pas dangereuse pour une jeune fille également. Mieux valait éviter de créer un autre incident en blessant la fille chérie de la nouvelle ambassadrice d’Andalos. Détournant son attention de Catlyn pour la reporter sur Helenys, Maesella retrouva une mine plus digne. Vermax et Meleys ne lui avaient pas offert la possibilité d’être mère. Il n’en restait pas moins que la Nohgaris avait élevé bien des enfants, au Temple de la Douzième Flamme. Les faits et gestes de l’Andale n’avaient pas échappés à la Grande Prêtresse de Vermax, comme à bien d’autres personnes sans doute. Le clergé de Balerion avait eu ses faveurs, semblait-il. Une réaction liée à son défunt cousin, sans doute. La Grande Prêtresse souhaitait cependant éloigner ce triste souvenir de ce Rêve. Il fallait que Dame Helenys en garde un bon souvenir, comme tout un chacun ici. Et pour cela, il y avait des choses à éviter.


« Si je puis me permettre un conseil, le clergé de Vermithor nous fait l’honneur de nous présenter ses plus belles créations en cette occasion. Le clergé de Tessarion nous fait aussi l’honneur de nous présenter ses meilleurs chanteurs et musiciens. Je suis certaine que tu les trouveras à ton goût, Dame Helenys. La Grande Prêtresse se tut quelques instants, s’assurant qu’aucun Prêtre ne venait à sa rencontre pour lui annoncer la suite des mariages. Je crains de n’être que peu disponible pour le moment. Le sourire de la Nohgaris ne put que s’élargir. Il y a bien des couples qui attendent leur mariage avec impatience et je ne peux les faire attendre. Je me tiens cependant à ta disposition si tu as besoin de la moindre chose ou si tu as la moindre question. »


***


Comme Maesella n’avait pu que le prévoir, un membre de son clergé ne tarda pas à venir à sa rencontre. Après avoir s’être excusée auprès d’Helenys Grafton et sa fille, la Grande Prêtresse remercia le Prêtre, retrouvant par la suite le représentant de Meleys. Il était temps d’unir les deux Tergaryon. Plongeant ses mains dans une petite cuve remplie d’une essence capiteuse, rapidement imitée par l’Enfant de Meleys, tout deux se tinrent prêts à accueillir le deuxième couple. L’obscurité s’était faite dans le chapiteau en quelques instants, n’illuminant que les deux élus du moment. Maesella resta cependant stoïque face à ce déluge d’effets enflammés. Si elle reconnaissait leur beauté, elle était ici pour représenter sa Mère et Déesse et non pas pour succomber à la première Magie venue. Enfin, la cérémonie pouvait commencer.


« Soyez les bienvenus, Elaena et Maekar Tergaryon. Que Vermax et Meleys se penchent sur vous et vous accordent une union heureuse et couronnée de succès. Vous êtes arrivés seuls à l’autel, bien que déjà liés par vos âmes. Lorsque vous quitterez cette aire, vous ne serez plus qu’un. Une âme, un corps, un esprit. Puissiez-vous vous soutenir en toutes circonstances, dans la joie comme dans la tristesse, dans les rires comme dans les larmes. Le regard glycine de la Grande Prêtresse se posa tout d’abord sur Elaena. Que Shrykos t’indique toujours la meilleure voie à suivre afin de faire de votre vie commune un jardin paisible. Que les Quatorze t’offrent toute la clairvoyance nécessaire dans ce but. Quant à toi, Maekar, que Vhagar poursuive sa protection et fasse de toi le protecteur de ce nouveau foyer que vous formerez désormais. »


D’un mouvement de main mut par l’habitude, Maesella intima aux deux jeunes gens de prononcer leurs vœux. Puis, se détournant quelques instants, la Grande Prêtresse tendit par la suite ses mains en direction des futurs époux. Un nouveau gâteau se trouvait dans ses paumes tendues. Puis, sans la moindre hésitation, la Nohgaris récita à nouveau les paroles consacrées. Aucun faux pas. Aucun trébuchement sur les mots. Ce Rêve de Vermax n’était pas son premier. Et pourtant, une douce chaleur se répandait toujours dans ses veines, lorsque ce moment de l’année arrivait. Comme il était bon d’unir des couples qui semblaient s’aimer.


« Acceptez cet humble présent comme le premier de votre union. Puisse-t-il participer à la fondation d’un foyer heureux et fécond. La Nohgaris se tut quelques instants, dévisageant doucement les deux jeunes gens. Avez-vous des biens à vous échanger, afin de participer à la grandeur de ce naissant foyer ? »


A nouveau, les présents furent échangés. Le moment le plus important de la cérémonie pouvait débuter. Prenant délicatement la main d’Elaena, tandis que l’Enfant de Meleys faisait de même avec Maekar, les deux haut représentants des clergés levèrent les mains des deux jeunes gens. Les liant aisément, à nouveau, leurs voix se mêlèrent pour une dernière prière.


« Aux noms de Vermax, de Meleys et de leur glorieuse lignée, Elaena et Maekar, vous voilà mari et femme. Puissent les Dieux vous accorder le bonheur pour toutes les années à venir et que seuls les desseins de Balerion puissent vous séparer lorsque l’Heure sera venue. »


Comme si elle n’avait été qu’un fétu de paille, Maekar souleva alors sa nouvelle épouse. Un baiser ardent fut échangé, avant que le couple ne s’éloigne. Déjà, les premiers vers de la pièce de théâtre s’élevaient alors que des danses effrénées débutaient dans une autre partie du chapiteau. Désormais, l’attention n’était plus portée sur les Enfants des Dieux qu’ils étaient, malgré leur haut rang. Trinquant avec l’Enfant de Meleys qui se trouvait à ses côtés, partageant un sourire avec ce dernier, Maesella prit ensuite une gorgée du breuvage que contenait sa coupe.


Ils avaient encore un peu de temps devant eux, avant qu’il ne vienne le moment d’unir les Bellarys. Aussi, Maesella quitta son autel, l’Aîné des Enfants de Meleys faisant de même. Après s’être assurée que tout s’était passé pour le mieux avec l’animation de son clergé, la Nohgaris se détourna d’eux, allant saluer sa famille de sang après l’avoir fait avec sa famille spirituelle. Alors qu’elle échangeait quelques mots avec Rhaegel, le regard glycine de la Nohgaris fut attiré par la présence de sa cousine, qui se trouvait non loin. Et dire qu’avec tous ces préparatifs, elle n’avait même pas eu le temps de répondre à sa dernière lettre. La moindre des choses était de la saluer, désormais !


« Ma chère cousine, c’est un plaisir de te voir en si bonne santé. commenta Maesella, prenant les mains de la Grande Prêtresse de Tyraxes. Si je puis me permettre, l’animation de ton clergé fut d’une grande richesse. Acceptant une coupe qui lui était tendue par un Enfant de Syrax, le remerciant d’un mouvement de tête, Maesella reporta ensuite son attention sur sa cousine. Je te prie d’excuser mon silence de ces derniers jours. Tu connais aussi bien que moi l’effervescence qui entoure les derniers moments de préparation d’un Rêve. »


Un ton d’excuse avait porté cette phrase. Maesella ne connaissait que trop bien l’importance de ce Rêve. Au-delà des Enfants de Vermax qui renouaient une fois de plus avec leur Mère Divine, le Conseil et les grandes familles de Valyria y portaient une importance toute particulière cette année. Aussi avait-elle mis toute son énergie dans l’organisation et dans les rituels qui devaient s’y dérouler. La Nohgaris sentait une certaine fatigue se perdre dans ses membres et son esprit. Elle se reposerait un jour prochain, quand tout cela sera terminé. Quand les derniers mariages à sa charge auraient été prononcés.




(Gif de andromedagifs.)

Résumé du post de Maesella:
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Jusqu’à ce que la mort nous sépare.Rêve de Vermax.

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.


Alors que Saerelys échangeait quelques banalités avec Elaena, profitant encore de quelques secondes à ses côtés, une silhouette familière apparu au coin de son regard. Accueillant Mealys avec un grand sourire, la jeune femme ne put retenir un rire léger alors que la Mage lui déposait un baiser sur la joue. La novice n’avait guère croisé sa mentor, ces derniers jours. Son attention et sa Magie avaient été toutes accaparées par le chapiteau qui les protégeaient désormais. Aussi, la jeune femme était rassurée de la voir dans ce qui semblait être une forme optimale.


« Je suis heureuse de te voir, Mealys ! La jeune femme s’était baissée, afin de glisser quelques mots à l’oreille de la Naehrys. Il te faudra m’expliquer comment s’est passé le sortilège qui se trouve désormais au-dessus de nos têtes. C’est tout bonnement impressionnant. »


Le ton de Saerelys, bien que bas, dénotait d’une excitation toute particulière. Toute novice également. Son sang crépitait de cette Magie qui se trouvait désormais dans les airs, juste au-dessus de leurs têtes. Elle pouvait presque ressentir la trame qui avait été tissée afin de rendre honneur aussi bien à leurs Arts qu’à ceux des verriers de Valyria. En parlant de maître verrier… Les prunelles améthyste de la novice se posèrent sur l’assistance. Il ne lui avait pas semblé apercevoir Garaevon. Il l’avait pourtant assuré de sa présence. Sans doute était-il dissimulé par toutes ces personnes à avoir fait le déplacement. Esquissant un dernier sourire à l’attention d’Elaena, la Riahenor prit finalement son congé. Il y avait là bien d’autres personnes qui souhaitaient saluer les deux Tergaryon. Mieux valait ne pas les faire attendre de trop.


S’étant éloignée de quelques pas, la jeune femme plongea à nouveau la main dans son sac de tissu vert, en sortant rien de plus qu’un parchemin scellé de cire mauve ainsi qu’un petit boîtier. Il lui restait une dernière chose à faire avant de pouvoir à nouveau profiter des fastes déployés en ces lieux ou de se mettre en quête de quelques connaissances. Avisant la table où Daemor était assis jusqu’alors, la jeune femme s’en approcha. Apercevant Maera et Aelys à cette occasion également, un franc sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme. Voilà une occasion parfaite de formuler ses vœux auprès des deux Bellarys, tout en lui permettant de remettre son présent à Daemor.


« Eh bien Maera, je vois que tu es parvenue à mettre la main sur ma chère sœur. commenta la novice, tout sourire. A moins que cela ne soit le contraire ? La jeune femme s’écarta d’un pas, comme pour contempler la future mariée. Voilà une tenue de goût et qui te va à ravir. Vermax et Meleys ne peuvent que s’en montrer satisfaites ! Je ne peux que prier pour qu’elles t’offrent tout ce que tu peux désirer. »


Se tournant finalement dans la direction de Daemor, Saerelys lui offrit un sourire amical. Compatissant même. Elle savait ce que ce nouveau mariage signifiait, d’une certaine manière. Même en mettant de côté l’aspect théâtral qu’Aeganon lui avait donné, ses conséquences seraient importantes pour son ancien patient. Tapotant la petite boîte qu’elle tenait toujours entre ses mains, répétant le rythme donné par les chants du clergé de Tessarion, la jeune femme chercha du regard son double. Aedar avait tenu à être présent, lorsqu’il aurait été temps de remettre son présent à Daemor. Exécutant un signe de la main en direction de son aîné, lui intimant de se rapprocher, Saerelys reporta finalement son attention sur le Sénateur.


« Maera n’est pas la seule à mériter un présent en ce Rêve si particulier. commenta alors Saerelys, tendant la petite boîte à Daemor. Après tout, que serait un mariage sans le marié ? Saerelys adressa un regard dans la direction d’Aelys, puis d’Aedar, ses prunelles luisant d’une douce lumière. Veux-tu dire un mot à ce sujet, mon frère ?
- Avec plaisir, ma chère sœur. Délicatement, Aedar prit le coffret des mains de sa jumelle. Puisse ce présent te convenir, Daemor. Nous avons fait appel à des mains des plus douées pour le confectionner. Je gage que cette pièce te sera appréciable et que tu en fera bon usage. »


Tendant le petit boîtier au futur marié, Aedar se recula ensuite d’un pas, se remettant à la hauteur de sa cadette de quelques instants seulement. Les deux jeunes gens échangèrent un regard, avant que Saerelys ne porte sa main au niveau des ses lèvres, retenant un rire. Ce Rêve la mettait de fort bonne humeur. Depuis le Triomphe, c’était la première fois qu’elle pouvait participer à de tels fastes en compagnie des siens, et plus particulièrement auprès d’Aedar. Il leur restait encore trois années à rattraper par rapport à la guerre et huit par rapport au Collège. Dès lors, ces instants n’en étaient que plus précieux encore.


Un feuillet a été glissé dans le petit boîtier:


D’un coup d’un seul, l’obscurité se fit. Il était temps d’assister à une nouvelle union. Le cœur de Saerelys manqua un battement. Il était temps pour Elaena de lier son existence, davantage du moins, à Maekar. En resongeant aux paroles que sa chère Aelys avait prononcé plus tôt dans la soirée, Saerelys esquissa un doux sourire, presque rêveur. Un jour, son tour viendrait. Leur tour. Naturellement, sa main vient s’enrouler autour de celle d’Aedar, la serrant doucement. Une année. Elle le lui avait promis. Encore une année. Rien qu’une année.


Puis, la lumière revint. Après les Maerion, c’était au tour des Tergaryon d’être mis à l’honneur. Si la pièce de théâtre attira tout d’abord l’attention de la jeune femme, Aedar ne tarda pas à lui désigner les danseurs et les danseuses qui semblaient s’être répandus dans la salle. Alors, les jumeaux échangèrent un regard. Un unique regard avant qu’Aedar ne fasse passer la main de sa jumelle de la sienne au creux de son coude.


« Allons danser, ma chère sœur. Ne t’avais-je pas promis une danse, lorsque tu serais sortie du Collège ? Aedar se tourna en direction du reste de leur groupe. Si vous voulez bien nous excuser quelques instants. »


Saerelys avait toujours aimé danser.  Au-delà d’une appétence à ce sujet, la jeune femme s’était découvert une certaine réussite dans cette pratique. Aussi, c’est bien volontiers que les deux Riahenor les plus âgés rejoignirent danseurs et danseuses d’un soir, et les autres, dont les pas étaient marqués par des années de pratique. Se laissant porter par la musique qui résonnait dans la partie nord du chapiteau, la novice ferma les yeux quelques instants. Une fois le rythme de la mélodie mémorisé, la jeune femme se laissa aller. Louvoyante, aux mouvements tantôt lascifs, tantôt lents, la novice se laissait porter. Porter par ces notes, par les battements de son cœur, par les pas des autres danseurs. Même les yeux clos, elle percevait leur présence, les changements dans certains de leurs mouvements.


Rouvrant finalement les yeux, la Riahenor se délia de la main de son frère, esquissant une légère pirouette. Elle avait l’habitude de pratiquer la Magie, en dansant. S’il était étonnant pour elle de ne faire qu’évoluer sur cette piste sans se laisser happer par les crépitements de son sang, Saerelys devait avouer qu’elle trouvait cette situation agréable. Changeant de partenaires quelques instants, acceptant une autre main qui lui était tendue pour débuter une autre chorégraphie, la novice adressa un clin d’œil à son jumeau. Ils se retrouveraient bien vite.




Résumé du post de Saerelys:

(Gif de markantonys.)
Laedor Arlaeron
Laedor Arlaeron
Lames d'Argent

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t174-laedor-arlaeron-lame
Jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Valyria & Année 1066, dernière semaine du mois 12

Alors que Laedor s’avançait vers Maekar et Aeganon, il avait pour simple but de félicité le premier et sa promise pour leur mariage qui suivrait d’ici peu et d’égailler un peu la soirée du deuxième. S’il était prévisible que le Bellarys soit déjà bien avancé en boisson, le jeune homme n’avait pas prévu que son ami serait dans un tel état d’ivresse. Il le réceptionna tant bien que mal dans l’étreinte dans laquelle il se trouvait engagé, tout en réalisant la justesse des paroles murmurées à son oreille. Peut-être avait-il besoin de l’entendre ainsi, mais il comprit enfin. Oui, il avait cette chance, dans quelques heures à peine, d’être unis à jamais à la femme la plus extraordinaire que Valyria n’ait jamais porté en son sein. « Merci, mon ami. » Une larme lui échappait alors que le Bellarys titubait déjà loin de lui. Lorsqu’il reprit contenance, son comparse grimpait sur l’estrade et, sachant qu’il était déjà trop tard pour l’arrêter dans quelconque folie lui passant par la tête, il félicita plutôt les Tergaryon une dernière fois avant de s’en retourner vers sa promise. Il pouvait la voir, un peu plus loin, s’arrêter de discuter un instant pour écouter Aeganon déclamer sa poésie. Enfin, il l’admirait sans crainte. Dire qu’elle était éclatante était un faible mot, la moindre parcelle de lumière semblait attirée vers elle afin de la mettre en valeur, il ne voyait plus qu’elle, ne pouvait voir qu’elle. Alors que tous pouvaient admirer sa force, sa beauté, sa prestance, Laedor lui voyait le bourgeon qu’il avait vu éclore sous ses yeux pour devenir la nitide déesse se trouvant maintenant devant lui.

Laedor posa une main sur sa taille menue, s’abaissant légèrement afin de murmurer à son oreille à l’aboutissement des derniers vers.
« N’est plus belle maîtresse, que le soleil qui depuis le premier jour éclair votre cœur, et ce, à toute heure. »
Sans la lâcher pour autant, il se plaça devant elle.
« Je ne doute pas que l’on t’ait couvert de compliment, de tout l’assemblé, je n’en ai pas repéré une qui pourrais t’arriver à la cheville. »
Lui prenant la main, il l’entraîna un peu à l’écart, là où les clameurs de la foule se faisaient moins présentes et l’air un peu plus frais. Boissons et douceurs coulaient déjà à grands flots et pourtant Laedor n’avait que peu goûté aux plaisirs de la soirée. Il avait jusque-là vécu les festivités sans vraiment réaliser qu’il s’agissait aussi de son mariage, de leur mariage. Sa réconciliation avec Naerys avait été si soudaine et était encore si fraîche que ce mariage heureux semblait encore irréaliste.
« Comment te sens-tu, mon amour ? J’espère que tout est selon tes désirs et que tu n’es pas trop angoissée. Est-ce qu’il y a la moindre chose que je puisse faire pour que cette journée soit plus parfaite encore ? »
Laedor avait déjà accepté toutes ses propositions lors de la planification, il voulait que cette journée soit à son goût, qu’elle soit exceptionnelle. Maintenant que la fête bâtait son plein, que le deuxième couple était appelé sous la coupole de verre afin d’échanger leurs veux, Laedor commençait à se détendre. Que les festivités se poursuives, il irait où elle le voudrait. Tout allait bien, la magnifique femme à ses côtés semblait ravie, il avait réussi.


résumé:
Elaena Tergaryon
Elaena Tergaryon
Sénatrice

Jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Palais de l'Archonte, Oros ◊ Année 1063 - mois 12




« D’accord. Mais tu sais que… »
« … Oui je sais. Pas de tentation, de la retenue et uniquement de la retenue ! Du moins si tu en es capable... »

Il était inutile d’essayer de contenir leurs rires, ils se faisaient écho, comme dansant l’un avec l’autre en une naturelle communion. Il leur restait une nuit. Au petit matin, alors que le soleil serait encore dissimulé derrière l’horizon, Elaena sentirai le corps de Maekar se détacher du sien et elle savait qu’il n’y avait rien qu'elle pourrait faire pour l’en empêcher. Alors cette nuit ses yeux resteraient grand ouverts, contemplant avec gourmandise les traits de celui que la guerre lui dérobait à nouveau. Un voile noir s’était abattu sur le palais de l'Archonte d'Oros, chacun d’entre eux pleurait à sa manière la perte d’Aenar. Maekar, sans doute, avait été affecté le plus durement dans sa chair car c’était lui-même qu’il blâmait pour le décès de son frère ainé. Daenyra s’était montrée silencieuse et plus discrète que jamais. Des heures durant, la jeune sœur d’Elaena restait enfermée dans la bibliothèque, cachée même au sein de ce royaume qui était sien. Elle n’en sortait que le soir, à une heure où tous déjà avait regagné leurs appartements, et lorsqu’il lui arrivait de croiser son ainée, cette dernière ne pouvait pas ignorer les cernes qui soulignaient ses yeux rougis par le chagrin.

Oui, il était presque indécent d’aimer et de sourire en ces temps de malheur. Pourtant, Elaena Tergaryon ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur battre à tout rompre. Les mains de Maekar déposées dans le creux de ses reins alors qu’elle déposait sa joue contre la poitrine de ce dernier lui donnait une impression de sécurité infinie. Ils s’étaient dirigés vers les appartements d’Elaena, mais n’avaient échangé aucun mot, comme si rien de ce qui pourrait être dit ne serait à la hauteur des émotions qui les étreignaient. Elle l’avait déshabillé, lentement, profitant de chaque centimètre de cette peau qui lui avait tant manqué. Ainsi entre les mains de son amante, le jeune général, habitué à diriger et donner des ordres, était resté silencieux, laissant la jeune femme prendre les choses en main. Elle l’apaisait. Il n’avait jamais mesuré la paix que lui procurait le simple murmure de la respiration égale et mesurée de sa sœur. Il lui semblait que chacun de ses muscles se détendait à mesure qu’elle le découvrait et le débarrassait de vêtements devenus superflus. Il n’y avait là rien de sexuel, ce qu’il ressentait était plus profond que le simple désir d’un homme retenu longtemps au front. Il avait d’ailleurs tenté d’exprimer à Elaena sa volonté de ne pas céder à leurs instincts. La jeune femme n’avait pas compris mais avait accepté, comprenant qu’il y avait au cœur de cette demande un besoin qu’il ne saurait exprimer.

Maekar Tergaryon désirait bien évidemment Elaena, il ne pouvait que rarement s’en cachait. Il n’était pas de ces hommes que l’on identifie comme immédiatement sensuel, il était de ceux capables de maîtriser leurs instincts et élans animaux. Pourtant, à y regarder de plus près, il aurait été aisé de surprendre son regard qui s’attardait sur les lèvres de la demoiselle, ces lèvres qu’il aimait mordiller entre deux baisers. Il n’était pas rare non plus qu’il se risque à observer sa poitrine alors qu’elle se penchait, incursion du désir au cœur du banal. Elle était d’une beauté confondante et la confiance qu’elle avait en elle, en son corps, et en lui, la rendait plus désirable encore. Ce soir encore, alors qu’elle le touchait sans lui offrir la possibilité de lui rendre la pareille pour le même, il la désirait tant qu’il en souffrait. Il ne voulait pas simplement gouter ses lèvres, il voulait la gouter toute entière, fermer les yeux et graver dans son esprit l’odeur de son corps et la mélodie de ses râles. Au fond, Elaena était la personnification même de la vie. Elle riait sans discontinuait, refusait de dormir tant que le soleil brillait encore et se laissait happer par la contemplation du ciel étoilé, elle dansait encore et encore, ne se lassant jamais de ces mouvements gracieux qui lui donnaient souvent le tournis. Il avait passé son adolescence à la regarder, bien souvent ébaubie face à l’énergie que la jeune femme déployait à simplement vivre. Il lui semblait que son propre destin à lui n’avait fait que concentrer toute son énergie sur un objectif bien précis, un objectif martial. Il avait l’impression de vivre avec des œillères lorsqu’il était près d’elle, pas simplement parce qu’il ne voulait voir qu’elle, mais parce qu’elle semblait voir et observer un monde plus vaste. Il l’écoutait, des heures durant, détailler l’éclat d’une étoile, la forme étrange d’une lune sur le point d’être pleine et il la regardait s’extasier devant les reflets scintillants du soleil sur une eau calme. Ce soir encore, il l’observait alors qu’elle semblait perdue dans la contemplation de sa peau marbrée par les cicatrices d’une guerre qui semblait ne plus jamais finir. Elle traçait finement par une douce caresse les aspérités de ces témoignages de la violence la plus sauvage et parvenait à en extraire une certaine poésie. Il ne pouvait qu’être contemplatif face à cet être d’une telle douceur, si solaire, qu’elle parvenait à transformer les traumatismes de la guerre en formes rondes et douces. Ses lèvres remplaçaient le glaive, et il semblait presque que déjà le corps parvenait à remplacer la douleur par la douceur.


A l’observer ainsi il se sentit enfin de retour chez lui. Cette simple pensée lui fit comprendre qu’il avait finalement passé sa vie à la regarder. C’était un doux loisir que de regarder celle que l’on aime. Tout cela il aurait pu le faire une vie entière. Cette pensée le marqua. La vie entière. Il ne concevait pas une vie sans Elaena. Il était né le premier et pourtant il ne conservait pas de souvenirs de sa vie d’avant elle. Elle était son point d’origine, ce fil remuant qui le retenait à la vie. Etait-ce donc pour cela qu’il n’avait pas rejoint Balerion ? Etait-ce l’image de ce visage si doux se tordant de douleur qui le forçait à ne jamais se laisser happer par le dieu de l’au-delà ? Le Général Tergaryon n’avait pas la prétention de se croire capable de défier Balerion, non, mais il priait pour n’être jamais celui qui ôterait sa joie à cette jeune femme. Combien de fois lui avait-elle répéter ? ’Si tu devais disparaître, je me tuerai’. Il lui semblait qu’elle en était capable. Il y avait tant de vie et de lumière en elle que le jeune homme ne parvenait pourtant pas à s’imaginer qu’elle puisse mourir un jour. A vrai dire, y penser lui tordait l’estomac. Il s’était senti prêt à vomir lorsqu’elle avait simplement évoqué le fait de partir en guerre. Elle n’était pas faite pour la guerre. Elle était l’antithèse de ce qu’il avait vu sur le champ de bataille. Aux yeux de Maekar Tergaryon, Elaena était l’espoir, le soleil au-dessus des nuages noirs, la lune au cœur d’une nuit assassine, elle était la vie combattant la mort.

Cette nuit-là, la jeune femme s’était promise de ne pas dormir et elle avait eu le mérite de résister longuement. Les deux amants avaient fait le serment de ne pas penser au lendemain, de ne pas parler de ce qui arriverait irrémédiablement. Elaena avait voulu réaffirmer sa peur de le voir la quitter à nouveau, mais n’en avait rien fait. Cette nuit était un moment suspendu de leur existence. Ils s’étaient embrassés avant de se lover dans les bras l’un de l’autre. Le désir était là, mais le soldat blessé et la jeune femme perdue avaient besoin de la tendresse et de l’amour de l’autre. Cette nuit ne serait pas celle de Syrax mais bien celle de Meleys. Ainsi, la jeune demoiselle tint longuement sa promesse de ne pas s’endormir, fermant les yeux par moments simplement pour laisser à ses autres sens le loisir de se déployer. Elle écoutait le cœur de Maekar, la manière singulière qu’il avait de se synchroniser avec le sien lorsqu’ils étaient dans les bras l’un de l’autre. Elle était nue, contre lui, et la symbiose de leurs peaux lui donnait l’impression de ne faire plus qu’un avec son aimé. Pourtant, bientôt, alors que la nuit perdait imperceptiblement de sa noirceur, le sommeil parvint à la conquérir. Maekar, de son coté, n’avait aucun problème à rester éveillé, le sommeil semblait ne plus le trouver. Il en avait trop vu, avait trop entendu, avait senti trop de fois l’odeur de la mort pour laisser à son esprit et son corps le loisir de les lui rappeler en rêves. Il se savait condamné à quitter cette parenthèse enchantée sous peu. Pour rien au monde il n’aurait gâché ces précieuses heures dans un sommeil tout sauf réparateur.

Il s’était retourné, déposant avec douceur le dos d’Elaena contre le matelas en retirant son bras. Elle était ainsi étendue, le visage serein presque souriant, sa poitrine découverte et offert aux caresses presque imperceptibles que lui offrait Maekar. Il en parcourait les courbes du bout du doigt, la frôlant à peine, simplement pour conserver au fond de son cœur le tracé de son corps lorsque la mort viendrait à nouveau l’envelopper. Il ramena le drap sur la demoiselle aux premiers frissons, remplaçant la caresse de sa main par celle de son regard.

Longuement il avait échangé avec son père, le patriarche avait eu de nombreux plans pour ses enfants et ces derniers n’avaient jamais été des plus coopératifs. Lorsqu’il eut sa première fille, Vaegon Tergaryon se fit la promesse de la marier à son fils ainé. Aenar et Elaena formeraient un couple grandiose, capables à eux deux de faire de la branche cadette des Tergaryon, associée à la puissance des Vaelarys, une famille puissante digne des dynastes eux-mêmes. A mesure que les enfants avaient grandi, sa détermination s’était affermie. Aenar et Elaena étaient semblables, remplis d’un feu brûlant et dévorant, beaux et extravertis, ils étaient l’âme de toute festivité. Pourtant, Elaena et Aenar ne s’étaient jamais aimé d’un feu aussi ardant que celui qui unissait la jeune femme à son autre frère, Maekar, et cette détermination qui avait fait l’admiration du patriarche était devenu son pire cauchemar. La jeune fille et le deuxième fils de la famille n’en démordaient pas : ils s’aimaient. Vaegon avait espéré que cette lubie passerait, mais les années écoulées n’avaient fait que renforcer leurs sentiments. Aenar n’était plus. Le chef de la branche d’Oros n’avait pas voulu de cette conversation mais il avait dû l’affronter. Quelle raison aurait-il d’empêcher son nouvel héritier de prendre pour femme sa jeune sœur ? La conversation avait été animée, trop sans doute, chacun emporté dans son chagrin avait eu des paroles qu’il regrettait déjà amèrement. Vaegon, tout à sa douleur, avait menacé de marier Elaena avant même la fin de la guerre, profitant de l’absence de son fils pour la lier à une famille puissante. Maekar avait cru ne pouvoir retenir l’élan de révolte et de violence qui couvait en lui depuis si longtemps. Il ne serait pas l’héritier parfait qu’aurait été Aenar, c’était une chose, et Vaegon n’aurait jamais le pouvoir de lui prendre Elaena. Il avait jeté ces vérités au visage d’un père rongé par la douleur alors que son cœur saigné aussi. Il avait dû prendre le temps de retrouver ses esprits avant de rejoindre le diner, ce n’est pourtant que le regard d’Elaena ce soir-là qui parvint à le calmer.

Il s’était fait, ce soir-là, qu’il ne laisserait rien ni personne l’empêcher de faire de cette femme son épouse. Ce n’était pas simplement une volonté, un désir, c’était un besoin. Il avait besoin d’elle. Il pouvait guerroyer, côtoyer la mort de multiples fois, il pouvait même regarder son frère se vider de son sang et sentir son cœur se déchirer en million de morceaux à la vue de son dernier souffle. Il pouvait survivre à tout cela.

Mais il ne pourrait survivre à la perte d’Elaena.

Alors que le matin se levait doucement, il priait autant pour qu’elle se réveille que pour lui assurer un doux sommeil. Il devrait partir sous peu, il était d’ores et déjà vêtu. Il lui avait fallu s’arracher de force à ce lit devenu sanctuaire. Il savait que passait cette porte signifiait être à nouveau privé de ces bras pour des années, il ne savait simplement pas combien d’années et sans doute était-ce là l’ultime épreuve. Il savait qu’il reviendrait, il avait pris une décision cette nuit. Il ne serait jamais l’héritier qu’attendait son père. Il ne serait jamais un héritier d’ailleurs car il était un soldat avant tout, un homme de mérite et de sacrifices. Il y avait cependant un sacrifice qu’il ne ferait jamais, et il dormait encore à poings fermés dans ce lit soudain trop grand pour sa menue figure. Pressé par le temps à présent, Maekar se risqua à voler quelques secondes supplémentaires, caressant le sommet du crâne d’Elaena avec une infinie douceur. La gorge serrée il espéra l’espace d’un instant qu’elle se réveille. Si seulement elle s’éveillait il verrait ses yeux s’ouvrir doucement, dévoilant ses pupilles amthétystes et surtout ce regard si expressif qui la rendait irresistible. Cependant, il verrait aussi ce regard devenir triste. Il le verrait s’emplir de larmes il le savait. Ce visage serein et souriant deviendrait soudain désespéré et cette douce voix qui avait tant ri cette nuit et dont la mélodie le hantait encore se teinterait de douleur. Alors qu’il déposait un baiser à peine appuyé sur l’épaule d’Elaena, Maekar se rendit à l’évidence : il ne pourrait partir s’il devait être témoin de la souffrance de sa sœur.

Il reviendrait, il le savait, et ce jour-là, malgré les années, malgré les changements et les peines… elle deviendrait sienne.

***

Valyria, dernière semaine du mois 12, an 1066

Elaena ne put contenir son émotion alors que ses amis l’entouraient, la couvrant de cadeaux sublimes et surtout si tendres qu’ils démontraient sans peine l’amour qu’ils lui portaient. Pour la première fois depuis de longs mois elle se sentait enfin à sa place. Emue par le présent de son amie Saerelys, la jeune sénatrice n’hésita pas un instant à se lever pour la prendre dans ses bras, la remerciant avec émotion, avant de regarder en détail le présent avec Maekar. Ils n’étaient pas encore mariés devant les dieux, mais il lui semblait qu’elle ne pouvait plus faire autrement que souhaiter tout partager avec lui. Cela n’avait-il pas toujours été le cas ? Papillonnant d’ami en ami, elle serrait dans ses bras sa cousine, la remerciant pour ses encouragements et peut-être simplement par sa présence qu’elle trouvait plus qu’apaisante. Bientôt pourtant, la jeune femme ne parvint plus à se concentrer sur autre chose que le moment qui approchait. Sa main fermement ancrée dans celle de son frère, ils prirent un instant pour se couper de ce qui les entouraient. Ce jour-là était à eux. N’avaient-ils pas longuement combattu pour être enfin unis l’un à l’autre ?

Ainsi debout, face à face bien qu’à bonne distance, les mains entrelacées, Maekar et Elaena Tergaryon laissaient leurs regards et leurs corps se répondre. Un sourire naquit bien vite sur leurs lèvres alors que l’envie d’être plus proche encore se faisait plus pressante.

« Tu es prête ? »
« Je crois, oui. Et toi ? »
« Plus que jamais. »

La jeune femme sourit, bien qu’elle n’ait eu aucune inquiétude sur la réponse que lui ferait son frère, ce fut davantage l’expression de son visage qui la fit rougir. Cet homme en habit militaire, ce général que le peuple portait aux nues, s’était transformé l’espace d’une seconde en cet homme vulnérable qu’elle seule connaissait. Il avait abandonné sa carapace, comme une ultime preuve de l’amour et la confiance qui régnait entre eux.

« Mes amis, valyriens et valyriennes de toute la péninsule, c’est avec une immense joie que j’ai pu célébrer avec vous le mariage de mes enfants, et me réjouir de la longue félicité qui les attends ! Cependant, je sais que d’autres attendent avec impatience ce délicieux moment, aussi, avec votre accord, nous vous proposons de continuer les réjouissances et de nous déplacer vers les plaines du centre de notre belle République …

Mes amis, applaudissons Elaena Tergaryon et Maekar Tergaryon ! »


Le souffle court, Elaena laissa à Maekar la charge de la conduire jusqu’à la Grande Prêtresse. Elle vécue chaque instant de cette cérémonie avec la conscience vive de devoir savourer chaque minute. Pas un seul instant les deux Tergaryon ne se lâchèrent, du regard comme de la main, matérialisant par là même le lien qui unissait leurs cœurs depuis toujours.


« Soyez les bienvenus, Elaena et Maekar Tergaryon. Que Vermax et Meleys se penchent sur vous et vous accordent une union heureuse et couronnée de succès. Vous êtes arrivés seuls à l’autel, bien que déjà liés par vos âmes. Lorsque vous quitterez cette aire, vous ne serez plus qu’un. Une âme, un corps, un esprit. Puissiez-vous vous soutenir en toutes circonstances, dans la joie comme dans la tristesse, dans les rires comme dans les larmes.

Que Shrykos t’indique toujours la meilleure voie à suivre afin de faire de votre vie commune un jardin paisible. Que les Quatorze t’offrent toute la clairvoyance nécessaire dans ce but.

Quant à toi, Maekar, que Vhagar poursuive sa protection et fasse de toi le protecteur de ce nouveau foyer que vous formerez désormais. »


Elaena sourit, tout cela n’avait plus rien d’angoissant, son cœur s’était apaisé car les paroles de la Grande Prêtresse avaient, plus que jamais, résonné en son cœur. Le destin était à l’œuvre en ce jour. Ils ne formaient plus qu’un, une âme, un corps, un esprit, comme ils l’avaient toujours été, et à présent cette union avait été bénie par les Dieux avec les Hommes pour témoins.

« Moi, Elaena Tergaryon, fille de Vaegon, me présente devant les Dieux humble et reconnaissante. Je n’ai jamais rien tant voulu qu’être ton épouse, Maekar. En ce jour, je prends nos familles, nos amis, nos alliés et tout Valyria pour témoin des promesses que mon cœur, mon corps et mon esprit t’adressent.

Je promets de faire de tes bras mon havre de paix, de ton regard mon ancre. Je promets de confier ma vie tout entière entre tes bras et de recueillir la tienne entre les miens. Je promets d’être à jamais digne de ta confiance, de me souvenir toujours des épreuves traversées ensemble pour ne jamais prendre pour acquis les moments heureux.

Mon amour, je promets de te respecter et de t’accepter même lorsque je ne te comprendrai pas mais avant tout d’aimer celui que tu es autant que celui que tu deviendras. »


La voix d’Elaena, affirmée et forte, s’était progressivement teintée d’émotion. Elle avait lutté pour ravaler l’émotion qui menaçait à présent de la submerger définitivement, mais alors qu’elle prononçait ses derniers mots déjà sa voix devenait-elle plus faible, sa gorge se serrant à mesure qu’elle ouvrait son cœur. Il savait déjà tant de ce qu’elle ressentait, mais ce moment était leur chance de donner, aux yeux du monde, la mesure de leur amour.

« Faudra-t-il toujours que tu me compliques la tâche ? »

Maekar avait chuchoté, souriant sans être capable de masquer son émotion.

« Moi, Maekar Tergaryon, me présente devant les Dieux et devant toi Elaena, humble et respectueux, heureux plus que jamais de la grâce qui m’est accordée de faire de toi mon épouse. Il n’a fallu qu’un regard, un seul, pour nous conduire jusqu’à cet instant et jamais durant toutes ses années mon amour et ma foi pour toi n’ont vacillé.

Tu es ma survie et mon espoir et je te promets en ce jour, bien maladroitement car je n’ai pas tes talents d’oratrice, d’être pour toujours digne d’être celui dont tu recherches le regard dans les moments heureux et l’épaule dans les épreuves, d’être celui capable de te protéger, de t’encourager, de te soutenir tout au long de cette vie que nous partagerons. Je promets de ne jamais prendre pour acquis ton rire merveilleux, ton amour et la joie indescriptible dont tu teinte ma vie. »


Les vœux d’Elaena et Maekar Tergaryon n’avaient rien d’anodin ou de commun. Ils se prenaient l’un et l’autre pour nul autre objectif que celui d’être liés pour la vie. Il n’y avait là aucun plan rondement mené pour faire perdurer la dynastie, pour atteindre plus de pouvoir encore, pour protéger la pureté du sang. Tout cela bien sûr représentaient de doux à côtés, mais cette union était avant tout celle de deux âmes qui trouvaient en l’autre les éléments suffisants pour une existence heureuse. S’il ne devait y avoir aucun enfant, s’il ne devait y avoir aucun pouvoir politique, s’il ne devait y avoir aucun argent, aucune ambition, Maekar et Elaena Tergaryon se seraient unis. S’il y avait dû y avoir une quelconque pression familiale pour les séparer, Elaena et Maekar se seraient unis envers et contre tous. Là était la force de leur union car ils s’unissaient pour des raisons purement intrinsèques et n’avaient pas l’illusion de croire l’autre parfait. Ils s’unissaient dans toute leur imperfection, ils épousaient l’incapacité de l’un et de l’autre à exprimer avec confiance ses sentiments, les ambitions parfois contraires, la jalousie et la peur, ils épousaient tout cela en conscience et avec confiance, car rien de tout cela ne pouvait égaler ce choix de s’aimer pour toujours.

« Aux noms de Vermax, de Meleys et de leur glorieuse lignée, Maekar et Elaena, vous voilà mari et femme. Puissent les Dieux vous accorder le bonheur pour toutes les années à venir et que seuls les desseins de Balerion puissent vous séparer lorsque l’Heure sera venue. »

Toujours secouée par l’émotion, Elaena ne vit pas Maekar approcher et ne put dès lors pas masquer sa surprise lorsqu’il la souleva de terre avant de l’embrasser pour la première fois depuis des heures. Elle retrouvait ces bras et cette bouche comme un marin rentrant au port. Sous l’arche de feu, le baiser semblait ne plus pouvoir se rompre alors que la foule encourageait avec enthousiasme cette liberté prise de laisser éclater au grand jour le témoignage langoureux de leurs sentiments. La musique s’élevait enfin et le mariage laissait place à la fête retrouvée. Les pieds à peine déposés au sol, Elaena entrainait Maekar au milieu des danseurs avec un rire visiblement intarissable. La jeune mariée, plus heureuse que jamais, dansait à présent avec grâce et sans discrétion aucune, se mêlant aux danseurs engagés pour l’occasion a grand renfort de pirouettes qui faisaient voleter les pans de sa tenue autour d’elle. Maekar resta quelques secondes en retrait, regardant avec délectation cette scène dont il avait l’habitude mais qui continuait de le surprendre. Il ne se souvenait pas d’avoir été un jour plus heureux qu’en cette heure. Le regard d’Elaena croisait celui de son frère entre deux pirouettes, et elle laissait échapper des rires amusés à le voir ainsi la contempler de loin, prenant cela comme une réticence à danser alors qu’il n’en était rien. Elle finit par le rejoindre, dansant avec lui un long moment, ignorant le monde qui continuait de tourner autour d’eux.

Le chapiteau tout entier semblait couvert de feu, les victuailles les plus délicieuses s’exposaient aux quatre coins de la pièce, la pièce de théâtre avait ravi le public, tout le spectacle prévu par les Tergaryon témoignait de la richesse de cette famille qui avait fait d’un mariage considéré comme impur une opportunité.

Tout à son bonheur, Elaena s’écarta quelques instants de la foule pour s’approcher du couple Arlaeron, bien vite rejoint par Maekar qui salua et félicita chaleureusement le couple avant de leur offrir leurs présents. Les deux couples étaient amis depuis peu mais la guerre n’avait fait que les rapprocher. Ils prirent le temps de saluer le couple Maerion, complimentant leurs vœux avant de leur offrir également leurs présents. Il lui faudrait évidemment féliciter les autres couples et passer davantage de temps avec Daemor, son ami de toujours, et Aeganon qu’elle voyait en peine. Pourtant, bientôt tout changerait et laisserait place à la prochaine union. Ce temps était encore à eux, alors elle fit le choix de le passer avec Maekar. Retournant à leur table, ils s’assirent tous deux avant de s’embrasser une nouvelle fois comme mari et femme, avec une passion qui fit se retourner certains tant l’intimité semblait s’être frayé un chemin au cœur de la foule.

« Tu dois faire de notre vie un jardin paisible paraît-il… Il faut croire que la Grande Prêtresse ne connait ni ton caractère, ni ton talent ta main verte toute relative ! »
« Oh tu es odieux ! »

A ces mots, Elaena prit un air choqué avant de frapper Maekar à l’épaule en laissant échapper un rire tonitruant auquel celui de son époux fit écho bien vite. L’émotion passée ils retrouvaient cette complicité unique qui les avait liés toute leur vie. Les épreuves ne seraient jamais bien loin, mais à les voir rire tous deux ainsi, s’embrassant et semblant incapables de se détacher l’un de l’autre, il y avait à croire que le bonheur pouvait exister à Valyria.







résumé:
Maera Bellarys
Maera Bellarys
Dame-Dragon

Jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Valyria & Année 1066, dernière semaine du mois 12

Aelys, Oh Aelys! Ma douce amie. Depuis la mort d’Aenerya, elle était pour moi ce qui pouvait le plus se rapprocher d’une sœur. Je m’accroche à son bras comme à une bouée afin de ne pas me laisser submerger par le torrent d’émotions qui me traverse. Je me souviens parfaitement du grand jour qui avait uni mon ainée et mon futur mari. Bien sûr, elle n’avait jamais eu besoin d’aide pour briller, mais il est vrai qu’elle était particulièrement resplendissante cette journée-là. Je n’avais pas eu à être près d’elle, pour la rassurer, elle s’était pavanée, toute la soirée, sous les yeux émerveillés des invités et d’un Daemor qui semblait plus amoureux que jamais. Tout à son inverse, me voilà à gagner du temps, faisant mine de m’intéresser à diverses friandises alors que seul l’alcool ne réussit vraiment à franchir mes lèvres. Peu à peu, l’ivresse me gagne. Bien que cela ne soit pas dans mes habitudes, préférant habituellement garder l’esprit clair. Je me détends peu à peu et commence à trouver le courage de rejoindre la table des miens. J’essaie de me convaincre que je n’ai plus besoin de la présence d’Aelys, tout en gardant fermement sa main dans la mienne. Si je lui en broie les os, elle ne semble pas m’en porter rigueur et s’extasie pour nous deux des merveilles que nous croisons. Je la remercie du regard. Lorsque son jour viendra, elle non plus n’aura pas besoin de moi. Elle sera une mariée si heureuse d’enfin pouvoir s’unir à celui qu’elle aime qu’il faille plutôt craindre pour la vie de celui ou celle qui oserait la contrarier.

Nous revenons vers la table des Bellarys et proches invités. Je n’étais pas triste de les avoir quittés et je les retrouve avec le même entrain habilement dissimulé sous un sourire docile. J’allais retrouver Daemor, lorsque la voix de son double me coupe dans mon élan. Voilà que je n’arrive plus à avancer, captivée par sa voix qui entame des vers de sa composition. Le rouge doit sans doute m’être monté aux joues, je sens la chaleur irradiée mon visage sans pouvoir l’en empêcher. Je voudrais disparaître sous terre, plus depuis qu’il me regarde franchement, me dédiant cette dernière phrase avant de terminer de cracher son venin vers notre père.

Ne vois-tu pas Valyrien, qui se meurt de toi, de ce que nous aurions pu être ?

Mais, non, il ne voit pas, déjà au loin vers les Maerion. Je détourne les yeux à mon tour, j’espère que mon teint est revenu à sa couleur normale alors que les regards commencent à se faire plus discrets. Presque tous, tout du moins, puisque je sens encore le regard de mon père observer le moindre de mes gestes, de nos gestes. Je souris alors naturellement à mon fiancé qui me tend la main, lâchant à regret celle de ma tendre amie pour répondre à son invitation et couvrir les derniers pas nous séparant. Il est beau. Il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer, ni voir les femmes le couvé d’un regard avide et désireux. Richement paré, peut-être plus encore qu’à son premier mariage, comme si nous avions à prouver notre appartenance à cette noblesse en nous couvrant d’or et de joyaux. Je sais que cela n’est pas de son choix, rien de toute cette mascarade n’est de son choix.

Je suis désolée. Désolée de ne pas être Aenerya, désolée de ne pas être aussi forte, aussi belle, aussi parfaite…
« Tu ne laisses pas ta place non plus, tu es resplendissant ! »
Je m’incline révérencieusement avec amusement.

Tu devrais la remercier, sans elle je serais déjà loin, ou ivre morte dans un buisson.
« Oui, j’ai beaucoup de chance de l’avoir près de moi. N’est-ce pas Aelys qu’il est magnifique ? »
Je tente de me souvenir de la prestance de ma sœur et de reproduire son aisance alors que je devrais être fière d’épouser l’héritier Bellarys.

Oui, fuis. Fuis sans jamais te retourner, jusqu’à ce que la plus haute tour de cette ville maudite ne soit plus qu’un souvenir à l’horizon, mon frère.
« Nous n’aurions pas eu assez d’une vie pour tout goûter, mais il est vrai que j’ai aperçu en chemin des figues au miel qui semblaient exquises. »
Nous disposons encore de quelques moments avant que notre tour ne vienne et que nous ne soyons appelés. J’allais l’entraîner vers les festivités, dans cette illusion de bonheur nuptial, lorsque le visage rayonnant de l’ainée Riahenor surgit parmi la foule.

« Saerelys, c’est un plaisir de te compter parmi nous. J’avoue avoir accaparé notre chère Aelys déjà depuis un bon moment, mais que veux-tu, il n’y a pas pareil qu’elle pour trouver les meilleurs amusements. Tes veux me vont droit au cœur, et je te retourne le compliment tu es splendide. J’espère que tu profiteras de toutes les festivités, je n’ai pas réussi à en faire le tour moi-même ! »

Alors que la danse l’emporte loin de nous, une fois sa mission accomplie, je me retourne vers Daemor afin de l’emporter loin des nôtres. Cette épreuve est aussi, sinon plus, difficile pour lui que pour moi. Je vais donc tâcher de le distraire, tout comme Aelys l’a fait pour moi jusque-là et peut-être pourrons nous tout de même passer une belle soirée en oubliant sa réelle signification.


résumé:
Daemon Tyvaros
Daemon Tyvaros
Le Tortionnaire

Jusqu'à ce que la mort
nous sépare
Daemon Tyvaros

Valyria -  An 1066, mois 12

La soirée était belle, notait Daemon alors que le soleil déclinait doucement. Ses rayons rasants jouaient entre les hautes tours de Valyria et la crête lointaine des volcans qui en composaient le berceau. Peu à peu, alors que l’azur tournait bleu sombre et au violet en passant par toutes les teintes de l’orange et du rouge, les lampions s’allumaient pour apporter cette lueur douce et colorée qui parsemait la place.

Du coin de l’œil, Daemon vit l’héritier Maerion quitter précipitamment sa place mais il n’y accorda aucune importance. Il n’était pas là pour s’intéresser aux Maerion. Il déposa un regard sur sa promise Elineor, qui était revenue à ses côtés. Il but une gorgée d’eau citronnée – il estimait que la meilleure manière d’accomplir ses objectifs de vie était de le faire sobre. Il buvait bien plus rarement que lorsqu’il était soldat, et il appréciait occasionnellement un verre de vin ou d’hypocras. Il se pencha vers l’oreille de la Taellarys pour lui adresser un murmure. Il l’accompagnait d’un sourire afin de tromper d’éventuels observateurs.

« Essaie de te souvenir de qui fait quoi, qui rencontre qui, qui parle avec qui et où se trouvent les invités. L’information nous sera une arme et une ressource précieuse dans les prochaines années : autant commencer tôt. »

Il se pencha en avant pour y déposer un simple baiser sur la joue de la jeune femme, conscient qu’on pouvait les regarder.

« Et surtout, tâche bien de te souvenir à qui tu parles, toi. N’oublie jamais qu’on nous regarde. »

Au bout d’un moment à jouer la comédie, à se montrer ensemble, séparément, à rencontrer des connaissances, des alliés, des ennemis potentiels, et d’autres tributaires de demain, ils finirent par retrouver le chemin de l’estrade des mariés. Lorsque les Tergaryon avaient célébré leur union, Daemon avait surpris le regard émerveillé d’Elineor ; il savait qu’ils ne seraient jamais en mesure d’attendre que leur union ressemblât à celle-ci. Pourtant, il se persuadait qu’il pouvait construire quelque chose d’aussi solide et durable… mais à leur manière. À sa manière. Enfin, leur tour venu, ils se retrouvèrent et avancèrent vers l’estrade ensemble. Sur le chemin les menant à Elaena et Maekar Tergaryon, Elineor enroula son bras autour du sien et pressa son corps contre Daemon. Ils avancèrent ainsi, en représentation idéale d’une union qui s’annonçait bien, suivis par un mercenaire de Daemon qui portait un coffret de bois et de cuir. Arrivés à hauteur de l’estrade, le mercenaire tendit le coffret à Daemon qui secoua la tête et le donna à Elineor. Il souhaitait qu’elle soit associée au présent car il provenait des mines de sa famille. Ou plutôt du stock de pierres précieuses qui s’amenuisait à mesure que le temps passait. Ils arrivèrent enfin devant les deux mariés.

Daemon connaissait bien Elaena Tergaryon car son père avait passé un accord avec lui. Comme du reste, Elaena en avait hérité et s’il considérait la jeune femme comme illégitime à réclamer tant de gloire et de pouvoir, il devait bien s’accorder à dire qu’elle était efficace et diablement intelligente. Il souhaitait donc profiter de ce mariage pour lui renouveler sa loyauté et lui faire comprendre son intention de rester dans ses bonnes grâces. Il prit la parole, ouvrant le coffret toujours porté par la demoiselle et dévoilant son contenu.

Un imposant diamant d’un bleu clair captivant trônait sur un coussin de velours rouge. Il était monté sur un socle d’argent pur discret, laissant toute la gloire à la gemme qui était aussi grosse qu’un œuf. Elle était taillée avec une finesse rare ; les multiples facettes projetaient des rayons bleus partout sur la boîte. La chaîne était fine, en acier valyrien – le plus léger métal au monde – sur lequel une fine couche d’argent avait été appliquée. Ainsi, en plus de sa beauté, ce bijou avait été enchanté par un mage, promettant des grossesses heureuses et sûres à sa porteuse.

« En notre nom à tous les deux, nous vous offrons ce joyau enchanté. Il protégera vos enfants dès qu’ils seront conçus et jusqu’à ce qu’ils soient prêts à affronter le monde par leurs propres moyens. Je laisse ma promise expliquer son histoire. »

Une fois qu’Elineor eût raconté l’histoire du diamant bleu magique, ils confièrent la pierre au couple et prirent congés. Tandis qu’ils regagnaient l’assistance pour se retrouver de nouveau noyés dans la masse, Daemon aperçut quelqu’un. Il se pencha vers la jeune femme et lui prit les deux mains, la regardant avec le plus grand sérieux.

« Ce soir, nous écrivons notre histoire. Nous sommes visibles par tous. Mais n’oublie pas : au bout du chemin, se trouve la gloire. »

Sur ces mots, il lui adressa un baiser qui se voulait aussi doux que réconfortant. Et puis, lorsque leurs lèvres se séparèrent, il la regarda droit dans les yeux. Il y lisait de l’appréhension pour une soirée qui continuait à se dérouler avec les plus grands noms valyriens. Dans ceux de Daemon, on pouvait lire l’impérieuse nécessité de réussir cette nuit sans anicroche et qu’elle soit la plus parfaite possible pour eux. Le devoir d’être ne devait pas se substituer à l’absolu besoin de remplir leurs obligations à la perfection. L’alternative n’était pas envisageable : Daemon abhorrait l’échec et le ridicule.

Il prit congé.

Il erra pendant un moment, croisant sans le connaître un jeune artisan du nom de Garaveon. Plus loin, il manqua de percuter une mage dont il ne connaissait pas le nom non plus : Herya Valgaris. Il se rendait compte à ces deux occasions à quel point il était ignorant de bien des personnes à Valyria. Elles pouvaient être importantes. Il se fit la réflexion de développer ses relations avec les roturiers de la cité. Il finit enfin par reconnaître une silhouette dont on lui avait indiqué l’identité. Il se campa à ses côtés, alors que l’homme qui avait à peu près son âge observait l’estrade.

« Hé bien Sénateur, quelles émotions t’inspirent ces jeunes premiers cousus d’or et de gloire avant leurs trente ans ? »

Il reporta son regard de l’estrade vers Vaemor Baeriar, lui adressa un silencieux mais respectueux salut. Il en profita pour se présenter.

« Daemon Tyvaros, je suis le gouverneur de la nouvelle prison édifiée dans le Quadrant Sud. Je suis enchanté de te rencontrer en cette soirée grandiose. J’espère que nous aurons l’occasion de nous recroiser dans cette belle ville. N’hésite pas à venir inspecter la prison, si le cœur t’en dit. Passe une belle soirée. »

Il lui serra la main et continua son exploration. Il ne souhaitait guère s’attarder à échanger avec un populiste, il craignait que cela ne lui soit un jour reproché. Un soir où l’on célébrait les grandes familles issues des factions les plus puissantes, Daemon ne tenait pas à attirer l’attention sur ses fréquentations populistes sur lesquelles il comptait pourtant. À force de se promener, il tomba nez à nez avec l’ambassadrice andale. Il manqua de la faire renverser son verre et fit un pas en arrière pour lui laisser de l’espace. Il n’eût une idée de la personne qu’il avait en face de lui que lorsqu’elle s’exclama de surprise à leur quasi-collision et qu’il pût détailler ses habits aux subtils rappels andals. Il se fendit d’une révérence à la mode andale qu’il avait eu le loisir d’observer et imiter lorsqu’il travaillait dans cette région.

« Votre Excellence, Ambassadrice, Princesse. Dites-moi donc comment vous appelez, ô ma Dame des collines bénies de Sept. Leur paix soit sur vous. J’espère que vous passez une amusante soirée en nos exaltées compagnies. »

Spoiler:


Daenerys Maerion
Daenerys Maerion
Dame de Castel Maerion

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Jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Valyria& Année 1066, dernière semaine du mois 12

 C’était son mariage, et Daenereys n’aurait pas accepté que quoique ce soit se mettre en travers de son chemin. Elle avait prise sa décision d’épouser son frère Jaehaegaron et si Daenerys était connue pour sa douceur, elle serait bientôt connue aussi pour sa détermination. Son regard était franc et la jeune Dame-dragon qui avait rejoint sa table posa un regard fixe sur Aerys alors que ce dernier ne semblait que peu apprécier son geste. Une incompréhension de plus entre les deux cadets de la famille Maerion. Aerys et Daenerys semblaient plus éloignés que jamais alors que leur maison démontrait toute sa puissance et son influence sur les différents temples de Valyria. Les Quatorze Grands Prêtres et Grandes Prêtresses avaient tous accepté la demande de la maison Maerion et on devait cela avant tout à Vhaenyra Maerion et à sa dévotion sans borne.  Daenerys Maerion ne quitta pas du regard son frère alors que ce dernier quittait leur table pour rejoindre Aeganon Bellarys. Aeganon Bellarys, il y avait tant à dire sur lui et Daenerys pensait tant de chose à son sujet. Longtemps elle avait vu en Maera un miroir à son propre malheur. Elle aussi n’épouserait pas aujourd’hui le frère auquel avait été promise au commencement et à cette pensée, la jeune femme secoua la tête comme pour la chasser. D’une certaine manière elle la plaignait un peu mais au moins, elle semblait voir un futur couple Bellarys bien plus uni que n’était le sien. Alors elle s’était levée en s’excusant auprès de sa famille avant de rejoindre Naerys Arlaeron. « Tes mots me touche chère Voix d’Argent. Ta robe est magnifique également. Et je crois y voir là l’œuvre de la tisserande Naerya Deltheryon, je me trompe ? » répondit avec un grand sourire la dernière-née des Maerion. « Mon union sera une renaissance pour la maison Maerion. Et j’espère que nous pourrons rapidement nous voir après ce Rêve, ma chère Naerys. » reprit la jeune femme en prenant dans ses mains celles de la fille aînée de Lucerys Arlaeron.

Soucieuse de l’image que Valyria aurait de son mariage, Daenerys Maerion rejoignit rapidement son nouvel époux à leur table et elle fut vite rejointe par le seul couple qui n’allait pas se marier mais se fiancer. Daemon Tyvaros et Elineor Taellarys. Les yeux de la jeune femme détaillèrent le nouveau venu. Elle avait une très vague idée de qui il était et un léger frisson parcourut son corps. « Je te remercie Daemon Tyvaros pour tes bons mots. » commença par répondre la jeune femme. Sa voix était douce et la cadette des Maerion aurait pu se détendre si le cadeau que lui présentait le Tyvaros ne l’avait pas obligé à étouffer un petit cri de stupéfaction. « Je… je suis sans voix face une telle attention. » répondit la jeune femme en fixant l’ouvrage sur l’Etoile à Sept Branche. Ce moquait-il d’eux ? Ce livre serait donc sa première offrande faite au temple de Vermax, un moyen simple de s'en débarrasser dignement. Daenerys jeta une œillade à sa mère qui ne pipa mot et resta interdite elle-aussi. Et puis ce fut la future fiancée, Elineor Taellarys qui lui témoigna ses vœux de bonheur. « Je te remercie, Dame Elineor. » commença par réagir la future maîtresse de la maison Maerion. « Pour prononcer tes vœux il te faudra une meilleur diction. » lâcha ensuite la Maerion avec une pointe de mépris dans la voix à peine voilé. « Je te remercie. Ce sabre est magnifique. Il rejoindra effectivement ceux dont je dispose déjà. » répondit poliment Jaehaegaron qui coula discrètement un regard vers son père, cherchant probablement un accord ou un appui de sa part. Et pendant se temps-là, sa désormais sœur-épouse cherchait un moyen de se débarrasser de cet ouvrage qui l’insupportait. Fort heureusement, son attention fut attiré par la douce apparition de Daenyra Tergaryon à ses côtés. « Oh Daenyra, je suis tellement heureuse de te voir. L’apaisement et le bonheur viendra peut-être avec le temps. » fit la jeune femme dont un sourire venait de se dessiner sur ses lèvres. Elle s’était ensuite saisie du petit pochon que lui tendait son amie et elle l’ouvra avec délicatesse. Elle y vit un magnifique pendentif et sans même y réfléchir, elle prit dans ses bras la Tergaryon. Daenyra savait lire en elle sans un mot et elle avait ce dont si particulier d’apaiser ses craintes. Elle avait su trouver les mots justes pour toucher son cœur, des mots et des idées que la Dynaste Alynera Vaekaron avait eu elle aussi quelques mois plus tard. « Ce pendentif est splendide et j’aimerai que tu m’aide à le porter. » reprit Daenerys Maerion en tendant le bijoux à la cadette des Tergaryon avant de lui tourner le dos.

Après cet échange qu’elle apprécia très grandement, Daenerys Maerion s’approcha de celle qui lui avait presque fait peur lors de leur dernière conversation. Elle avait été cherchée des conseils auprès de la princesse de Valyria et elle n’avait pas été déçue. Alors elles avaient un peu échangée avant que Daenerys retrouve sa table en compagnie de la Dynaste et échange quelques mois avec la mage qui était à sa table. « Merci pour collier Maelys. Ce marbre rose est divin. » remercia alors la jeune mariée. Finalement, le moment venu de son propre cadeau à sa famille honorer son mariage arriva en grande pompe sous les paroles de l’apprenti maître verrier Garaevon Aegarys. « Je te remercie Garaevon. Cette œuvre est magnifique et je n’en attendait pas moins de toi. Je savais bien que je faisais le bon choix en te demandant ce service. Et je m’excuse une nouvelle fois pour les dégâts de mon petit singe » souffla la Dam-dragon à l’attention de l’apprenti maître verrier avant d’incliner la tête.

Et puis la nouvelle mariée avait un peu échangé  avec ses parents lorsqu’elle vit Aerys revenir à leur table. Elle lui adressa alors un doux regard et attendit de voir ce qu’il avait à dire. Il présenta pour elle une étoffe qu’il déposa sur la table. « Aerys, Merci pour ce présent. J’en ferai bon usage, sois-en certain. » remercia la demoiselle en offrant un magnifique sourire à son frère tant aimé. Elle le laissa ensuite donner son cadeau à Jaehaegaron et finalement il leva son verre pour fêter cette union qui devait lui faire si mal, Daenerys s’en doutait ou du moins l’espérait pour ne pas admettre que son frère se moquait bien de son sort. Elle leva elle aussi son verre qu’elle descendit rapidement. Et ce geste fut le bienvenu, surtout lorsqu’elle le vit s’éloigner pour rejoindre cette étrangère dont leur père ne cessait de parler et qui lui sortait par les yeux. Cette fois s’en était trop alors elle s’apprêtait à quitter sa table lorsque son époux déposa une main sur son bras comme pour l’en empêcher. Elle lui lança un regard noir qui se radoucit à la vue d’Aeganon Bellarys qui commença à leur présenter ses vœux lui aussi et qui commença une longue tirade qui ne semblait finir. Long, c’était le mot qui qualifiait le mieux le monologue que faisait le Bellarys. Elle expédia ses remerciement et dégagea discrètement son bras que son aîné commençait à serrer de plus en plus fort. « Cela suffit Jae, tu vas me faire mal. » siffla entre ses lèvres la jeune femme.

Enfin, enfin, le Bellarys s’éloignait et la Maerion laissa s’échapper un long soupire de lassitude. Bientôt, un autre mariage serait célébrer et les regards ne seraient plus tourner vers elle. Elle se leva et s’approcha alors d’Alynera Vaekaron. « Ma chère Alynera, m’accompagnerais-tu à la découverte des délices de Caraxès et de Syras ? » La Dynaste se tourna vers sa pupille et un petit sourire s’étira sur ses lèvres. « Bien volontiers, Daenerys. Mais tu devras retourner rapidement auprès de ton époux. La renommée de la maison Maerion et ce que l’on dira sur ce mariage en dépend. » Daenerys Maerion hocha de la tête. Mais en parlant de Jaehaegaron, voilà qu’il se levait d’un bon et se retirait, exfiltré par des membres de la maison Maerion. « Les femmes Maerion sont-elles donc les seules à savoir faire honneur à leur nom. » soupira la jeune femme. Sa voix était ténue et probablement que seule la Dynaste avait entendu ses paroles. Et ce fut sur ces paroles que l’ambiance changea du tout au tout. Une coupe à la main, Daenerys observa le spectacle qui se déroulait sous ses yeux et la célébration du mariage entre Elaena etMaekar Tergaryon.

Accompagnée d’Alynera Vaekaron, la Maerion s’approcha du nouveau couple. « Sénatrice Elaena, Sénateur Maekar, veuillez recevoir mes vœux les plus sincères pour votre union. Vos échanges étaient dès plus touchant. Au nom de la maison Maerion, j’ai fait porter à votre table deux présents qui j’espère vous ravira. » En revenant à leur table, ils pourraient trouver, un magnifique miroir orner des emblèmes de Meleys pour Elaena et un fourreau d’arme aux emblème de Tyraxès pour Maekar. Puis la jeune femme se retira laissant Alynera échanger quelques mots avec le couple, retrouvant Daenyra Tergaryon. « Daenyra, je suis heureuse pour ton frère et ta sœur. Ils sont si heureux et tellement beaux. Je ne doute pas que les Quatorze ont bénit leur union depuis leur naissance. Je gage que leur amour se voit et il fera la gloire des Tergaryon. » fit la Maerion dont le timbre de la voix transpirait la sincérité.



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Jusqu’à ce que la mort nous sépare.Rêve de Vermax

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.

Que Balerion l’emporte si Arrax jugeait son comportement indécent, mais Aelys se défiait des convenances pour aller uniquement aux côtés de son amie. Plus resplendissante que jamais, Maera incarnait la noblesse et la beauté échues à son nom. Icône merveilleuse d’un règne grandiose à venir. La Riahenor n’ignorait rien des tourments qui étreignaient le cœur éprouvé de la douce Bellarys alors que son destin serait prochainement lié à celui de Daemor. Une âme déjà malmenée par les turpitudes d’une vie ingrate à laquelle Aelys n’osa tout d’abord adresser un regard. A la scène sinistre qui se jouait en ces lieux et à l’entrée tapageuse d’Aeganon un peu plus tôt à la cérémonie, elle ne possédait d’égard que pour l’état de sa tendre amie. Cette dernière l’accueillit avec un bonheur et un soulagement non dissimulé qui ne manqua pas d’obscurcir la tranquille expression d’Aelys. Au sang incandescent qui pulsait dans ses veines, nulle hésitation n’aurait arrêté ses gestes si Maera était venue à lui réclamer une fuite soudaine. Une allégeance souveraine envers la Bellarys animait l’enflammée Dame, si bien qu’elle aurait enfourché Salya d’un bond s’il avait été permis qu’elles puissent s’enfuir ensemble. Elle n’ignorait rien des répercussions terribles qu’un tel acte écraserait sur elles. A vrai dire, Aelys comptait sur une tempérance et un sens du devoir plus aigüe chez Maera pour modérer une telle extrémité. Hélas, elle-même n’incarnait en rien la sagesse qu’elle se devait d’embrasser. Et si la détresse de son amie devait s’exprimer, toutes les hautes dynasties de Valyria pourraient bien être précipitées dans les flots impétueux de Caraxes. « Si tu comptes sur ma main pour t’empêcher de fuir, alors je crains que tu ne me connaisses pas aussi bien que tu le devrais. » Un sourire amusé fleurit sur ses lèvres avant qu’elle ne s’empare du présent que les Riahenor destinaient aux futurs époux. Si ce n’était qu’un modeste dessin qu’Aelys était en mesure d’offrir, l’offrande prenait déjà le chemin de la belle demeure Bellarys. A la mention de Gaelor, la jeune femme affecta un ennui feint. « Semble-t-il que je le distrais trop et que ma langue est trop impertinente aujourd’hui. Crois-tu à une telle ingratitude, ma chère Maera ? Mais il ne saurait s’en sortir ainsi. Je lui accorde uniquement un peu de répit. » Une moue mutine échouée sur ses traits délicats et impétueux, Aelys engloba la foule de son regard. Dames, Seigneurs, prêtres, prêtresses, artisans, artistes et autres invités se massaient dans un ballet majestueux. Faste. Grandeur. Magnificence. Ces festivités exaltaient tout ce qu’il y avait de plus riche, de plus opulent, de plus impérial pour une société valyrienne qui mariait ses couples les plus illustres. Quatre puissances qui sauraient marquer l’histoire au souffle ardent de leurs dragons et de leurs règnes. Dans ses mains, l’une de ces hautes dynastes résidait. Et soudain, Aelys eut cette sensation trouble que, si ses doigts se détachaient de ceux de Maera, elle s’évaporerait à jamais. Rejoignant là le firmament glorieux des grands de ce monde. Un astre auréolé d’un héritage illustre. Mais affreusement loin d'elle.

Il n’y eut que la voix de sa douce amie pour la tirer de viles perspectives. Aelys retrouva promptement une expression espiègle qui lui seyait bien mieux. « Tu n’as point idée des merveilles qui ont été déployées en ces lieux. Les mets proposés n’ont nulle comparaison à souffrir avec ceux du Grand Bazar. » Un tel rapprochement n’était d’ailleurs pas à faire, mais la jeune fille ne goûtait que trop au plaisir de faire référence à l’une de leur dernière escapade hors des murs du palais. Une ultime gorgée de liberté avant que le devoir ne l’étreigne. Un saut dans cette insouciance qu’il ne leur était plus permis de détenir. Les deux nobles, mains étroitement jumelées, s’en partirent à la conquête de toutes les délicates denrées présentées çà et là, en même temps que leurs palais se délectaient de subtils breuvages. Une légèreté fort amène emplissait leurs intimes retrouvailles en même temps qu’elles conjuguaient leurs rires au devoir d’entretenir la conversation à nombre de pairs.

Repues et un délicieux nectar entre les mains, elles revinrent à la table des Bellarys. Sur leur trajet, Aelys croisa la haute silhouette de Gaelor, lui accordant un clin d’œil malicieux dont un sourire amusé fut la récompense. Le cœur ravi de ce bref échange, elle prit place à côté d’une Maera dont elle sentit la posture se raidir. Avant qu’elle ne puisse s’enquérir du malaise soudain qui la capturait, ses prunelles lavande accrochèrent les contours d’Aeganon qui s’érigeait auprès d’eux, déclamant vœux et proses poétiques. Un amer scepticisme grignota les pensées de la Riahenor tandis qu’elle discernait l’émotion palpable qui s’enlisait dans les cœurs de Maera et de Daemor. La main de la jeune femme se fit plus exigeante dans celle de son amie, l’invoquant à reprendre ses esprits dont l’éclat fanait à vue d’œil. L’instant d’après, Aeganon n’était plus, emportant dans son cortège tout l’enchantement qu’il avait avalé. Un silence sibyllin s’écrasa sur leur petite assistance avant que l’aîné des Bellarys ne vienne chercher la compagnie de sa promise. Aelys se tint légèrement en retrait avant que sa participation ne soit invoquée.

« Effectivement, c’est un beau promis que tu as là, Maera. Je pourrai presque te le jalouser si Arrax n’était pas témoin de tout l’amour que je voue à mon frère. » Son regard se porta avec attention sur Daemor dont les attraits n’étaient plus à démontrer. « Pardonne-moi de t’avoir dérobé ta promise, Daemor. Je crains que de malheureuses coutumes ne persistent entre nous. Mais sache qu’elle est toute à toi, à présent. Je me réjouis de votre prochaine union et vous offre tous mes vœux de bonheur. » Un regard entendu fut échangé entre le dynaste et la jeune femme. Une aventure similaire les rattachait l’un à l’autre dans la tempête de souvenirs dévastateurs. Bien que la victoire contre le terrible monstre envoyé par Caraxes tinte avec gloire à chaque évocation, Aelys ne parvenait à contenir les frissons qui étreignaient son âme. Toutefois, ils se comprenaient… au chaos semblable qu’ils avaient vécu. « Le faste de ces festivités en est à faire pâlir les Quatorze. Ce sont nombres de merveilles qui s’érigent en ces lieux et qui régalent les âmes les plus racornies. Je félicite la famille Bellarys pour la majesté qu’elle nous propose. » Ses lèvres s’abimèrent dans la dégustation du breuvage qui avivait ses sens. « Ton cœur doit se réjouir d’avoir une épouse si resplendissante à conduire devant la Grande Prêtresse, Daemor. »

Leur trio éclata à l’arrivée bienvenue de Saerelys et d’Aedar. Un sourire merveilleux conquit les lèvres d’Aelys qui jeta un regard affectueux à ses aînés. Alors que la guerre avait déserté leur existence et que le Collège offrait plus de liberté à la jeune mage, il était plaisant de les retrouver à nouveau en compagnie l’un de l’autre, destinés à s’aimer jusque dans les entrailles de leur mère. La fougueuse Dame aimait à contempler cette complicité qu’ils manipulaient à la perfection. Forgés depuis la même âme et selon la même pensée. Quand Saerelys et Aedar eurent gratifiés Daemor du magnifique présent qui lui était destiné, Aelys s’approcha des siens dont elle prit les mains, puis déposa un tendre baiser sur la joue de chacun d’eux. « Puisse Arrax avoir pitié de vous et vous convaincre de vous unir prochainement. » Au lourd accent désespéré de sa voix, nul doute n’était permis quant à l’ironie qui transperçait ses paroles.

La félicité se posant sur ses ailes désinvoltes, la cérémonie unissant Elaena à Maekar posa une atmosphère solennelle parmi l’assemblée et l'arracha à des potentielles réprimandes. Une âme liée à une autre dans ce qui transparaissait être le mariage le plus parfait de deux êtres. L’émotion envahit Aelys malgré elle à l’expression de cet amour absolu qui gonflait l’espace et ses prunelles vivaces partirent à la recherche de la silhouette de Gaelor dans la foule. Une pulsion souveraine qui poussait son être vers le sien dans une urgence irrépressible. S’affranchissant de la compagnie de leur petite assemblée, la jeune femme fendit prudemment la foule, louvoyant ses sveltes contours parmi les convives. Sa main conquit bientôt celle de son frère avec le soulagement d’avoir retrouvé sa jumelle. « Gaelor… aurons-nous une aussi belle cérémonie un jour ? A nous marier dans les flammes qui nous ont vus naître… » Son ton s’était dépouillé de toute l’irrévérence dont elle teintait ses manières. Une flamme ingénue et passionnée dansait dans ce regard qui ne se détachait pas de celui de son frère. Ce dernier, décontenancé en premier lieu, abdiqua avec douceur aux étrangetés de sa sœur. Il scella la promesse qu’il lui fit d’une union grandiose dans un baiser tendre sur son front et une étreinte protectrice autour de ses frêles épaules.

Le temps s’étira dans cette pose doucereuse jusqu’à ce que le mouvement de la foule ne les extirpe de leur enchantement. La main de Gaelor ne quitta toutefois pas celle de sa sœur. « Allons donc féliciter les Tergaryon pour cette union. » Tel un seul être, ils s’engagèrent au travers des festivités jusqu’à gagner les côtés du couple Tergaryon à leur table. Irradiant de joie, d’amour et de félicité. Le cœur d’Aelys s’émut de ce tableau touchant. « Elaena, ce sont de merveilleux atours que tu portes là, mais la joie sur ton visage rayonne plus que tous les joyaux arborés. Quelle somptueuse et heureuse mariée tu fais ! » Ils s’inclinèrent avec respect tandis que Gaelor lui donnait la réplique. « Nous vous félicitons pour votre union et une si splendide cérémonie. Puisse les Quatorze vous apporter toute la prospérité et la gloire rattachée à votre nom. Tous nos vœux de bonheur. »



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Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.
Participer aux festivités religieuses revêtait une importance pour le jeune homme qui s'appliquait à offrir à chacune des Quatorze la même ferveur. Participer à celle-ci en particulier avec tous ces nobles autours de lui, possédait une saveur particulière. Certes il n'y était pas étranger, ayant lui-même assisté aux mariages de ses deux soeurs aînées mais cela n'avait rien à voir avec celui des Maerion et -à n'en point douter- celui des autres familles qui mariaient leurs héritiers en ce jour. Garaevon était fier d'avoir été payé par la jeune dame Maerion pour lui offrir ce qu'il pouvait faire de plus beau.

Tout un chacun pouvait profiter des différentes activités proposées par la famille Maerion et si en découvrir un peu plus sur les dragons pouvait attirer le jeune volantin, l'appel de l'estomac se fit bien fort le menant alors vers les prêtres de Caraxes et tous ces poissons et crustacés qui ne demandaient qu'à être dégustés. Il se fit alors un devoir de goûter ce qu'il ne connaissait pas mais alors qu'il avait la bouche pleine, une voix douce se fit entendre. Il se hâta de terminer sa bouchée et en se retournant il découvrit le visage gracile de @Daenyra Tergaryon. Un grand sourire vint étirer ses lèvres.

- Dame Daenyra, quel plaisir de te voir. Si nous devons le respect à nos déesses, aujourd'hui elles sont toutes surpassées par les valyriennes, dit-il avant de se décaler pour lui laisser le champ libre pour elle aussi, goûter aux mets servis. Les Maerion ont su ravir mon temps aux autres mais j'ai apporté des présents, répondit-il avant que la suite des paroles de la jeune femme ne lui arrachent un rire franc. Si l'ivresse pouvait me saisir à la contemplation de ces merveilles je serais d'ores et déjà en train de chanceler !

Alors qu'il balayait les alentours du regard, ses yeux se posèrent momentanément sur @Herya Valgaris à laquelle il adressa un grand salut de la main mais son attention fut portée sur un homme ( @Aeganon Bellarys ) qui commençait à déclamer un poème. Les mots étaient savamment choisis, beaux, et si la désinvolture semblait guider la voix de cet homme, Garaevon avait la sensation que quelque chose se cachait derrière cette façade. Etait-ce son imagination ? Le jeune volantin l'ignorait et cela ne le regardait probablement pas, il se contenta alors d'écouter le poème tel qu'il était déclamé.

- J'aimerai pouvoir déclamer des poèmes ainsi... glissa-t-il à Daenyra avant que l'on annonce la suite des événements. La nuit tomba sur le chapiteau et ce qu'il se produisit entre les lumières, la brume ou encore les arcs de feu émerveilla le jeune homme qui s'abreuvait de la moindre couleur qui s'offrait à lui. La magie était belle. Alors que la Grande Prêtresse de Vermax prenait la parole, Garaevon se tourna vers Daenyra, lui présentant son bras. Puis-je t'offrir ma compagnie, belle Daenyra ?

Lorsqu'elle lui donna sa réponse, Garaevon se rapprocha alors et assista à l'union de la soeur et du frère de la jeune femme à son côté. Tant d'abord c'était si beau à observer et voilà qu'à présent le même rituel devait être observé. Il s'approcha alors des deux Tergaryon en retira de son poignet des bijoux, leur présentant à chacun deux bracelets identiques commandés à un orfèvre qui s'était attelé à leur donner la forme d'un dragon.

- Puisse votre amour être des plus heureux, dame Elaena, seigneur Maekar, dit-il avant de s'incliner légèrement.



Résumé du post de Garaevon:
Naerys Arlaeron
Naerys Arlaeron
Dame-Dragon

Jusqu’à ce que la mort nous sépareRêve de Vermax

Valyria & Année 1066, dernière semaine du mois 12

« C'est bien l'oeuvre de Naerya Deltheryon, un chef d'oeuvre si tu veux mon avis.»  Répondit-elle à Daenerys « Daenerys, je pensais que c'était une évidence, bien sûr que nous allons nous revoir après ce Rêve, tu est comme une soeur pour moi j'espère que tu le sais, ma maison sera toujours la tienne.»

Elle prit une nouvelle fois Daenerys dans ses bras, heureuse d'être à ses côtés en ce jour si spécial, elle pensait tous les mots qu'elle avait dit à celle-ci. Daenerys était comme une soeur et elle avait sa loyauté, une chose puissante dans ce monde rempli de rapaces et de complots en tous genres. Elle serra sa main et le moment était si solennel qu'elle aurait pu jurer que les dieux étaient présents. Elle adressa un nouveau sourire à sa soeur de coeur, ayant l'impression que le temps s'était arrêté. Puis elle remarqua son père lui demandant de revenir auprès de lui et elle adressa un sourire contrit à Daenerys avant de lui promettre de revenir la voir un peu plus tard et retourna auprès de son père qui accueillait toujours de nouveaux voeux de bonheur.

Elle avait reçu tant de bénédictions que si les dieux ne les entendaient pas, c'est qu'ils étaient sourds, mais elle passa cette pensée sous silence alors qu'elle recevait une bénédiction de la prêtresse Maerys Qohraenos. Elle hocha la tête en réponse à la tisserande qui avait confectionné la robe de ses rêves, elle se savait resplendissante, mais face à la prêtresse joua la jeune ingénue profondément humble bien que ses yeux pouvaient trahir la malice qu'elle cachait en elle. Elle accepta le présent et le passa une fois la prêtresse partie à une servante afin de pouvoir lire le parchemin dans le calme et dans la paix de sa maison, loin de regards et des oreilles indiscrètes. Alors qu'elle se dirigeait justement vers la tisserande qui avait confectionné sa magnifique robe, son regard fut attiré par une chevelure noire au loin semblant éviter son regard. Herya. Le nom lui donna l'effet d'un coup-de-poing, mais elle continua d'afficher son sourire radieux et éblouissant face à la tisserande. Elle ne laisserait pas la mage détruire son bonheur en un jour si précieux surtout quand elle pouvait voir le regard de Laedor posé sur elle et qu'il n'y avait aucun doute, ce qui fut autrefois n'était plus aujourd'hui. Aux paroles de Naerya elle répondit, les yeux fixés sur Laedor :

« Je les lui transmettrais, merci encore une fois d'avoir rendu cette journée encore plus parfaite qu'elle ne l'est. Je ne l'oublierais pas.»

Elle pouvait entendre comme de loin la poésie déclamée par Aegon tandis que son regard croisait celui de Laedor à travers la foule. Il était magnifique, les dieux avaient été généreux avec eux ; ils étaient amoureux l'un de l'autre, combien d'autres unions n'avaient pas été aussi bénies que la leur ? Elle aurait voulu peindre ce moment précis pour qu'il soit gravé à tout jamais, elle aurait voulu que le temps lui-même s'arrête alors qu'elle le voyait s'avancer dans la foule comme un conquérant, les yeux rivés sur elle et rien que sur elle. Comme si le monde lui-même n'était que cendre et qu'il ne restait plus qu'elle. Comment avaient-ils pu perdre tant de temps en simagrées inutiles ? Comment avait-elle pu douter de lui ? Car en ces lieux, en cet instant, elle était sûre de ne jamais douter de son choix, de ne jamais douter de lui. En sentant sa main sur sa taille, elle sentit des frissons la couvrir de la tête au pied et elle se tourna vers lui, leurs visages n'étant plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Elle pouvait voir l'éclat de ses yeux violets, des yeux qui ne reflétaient qu'amour et confiance et elle n'aurait pas pu peindre ses yeux ; il aurait été trop difficile d'y insuffler l'émotion qu'elle pouvait voir à travers eux.

« Soleil de mon coeur, je te regarde et mon coeur est rempli d'une émotion trop profonde pour être simplement appelée amour.» Puis elle rajouta, les yeux toujours dans les siens « Tu éclipse tous les autres, je n'ai même pas pu les regarder, il n'y que toi. Ici et pour toujours.»

Elle serra la paume de sa main contre la sienne et se laissa entraîner un peu à l'écart, un sourire trop radieux pour qu'il soit feint. Enfin à l'écart, la main toujours dans la sienne, elle se mit contre le mur le plus proche, souriant toujours. Elle respira enfin l'air un peu plus frais, les joues délicatement rosées et respira à fond. Elle le regarda proposer de rendre la journée encore plus parfaite et elle eut un léger rire qui s'envola dans l'air comme une douce mélodie. Tout était parfait, tout était si parfait qu'elle avait parfois l'impression de dormir, elle avait tout le temps envie de se pincer le bras pour être sûre que tout ce qu'elle vivait, était réel, qu'il était réel. Elle se rapprocha alors de lui et pour faire taire ses interrogations, elle embrassa ses lèvres délicatement, furtivement. Elle se sépara de lui et finit par lui répondre avec un ton joueur :

« Crois-tu qu'on puisse fuir notre propre mariage pour n'être que tous les deux ? Père serait furieux. »

Elle termina sa phrase en riant légèrement et après un autre baiser sur ses lèvres, elle recula de quelques pas. Rien ne pourrait être plus parfait puisqu'ils étaient ensembles à tout jamais désormais que cette simple pensée la remplissait de bonheur.



C'est à toi @Maerys Qohraenos

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robe + coiffure de Naerys:
Elineor Taellarys
Elineor Taellarys
Dame

Jusqu’à ce que la mort nous sépare.Rêve de Vermax

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.

Les crocs odieux du serpent s’étaient glissés dans ses chairs tendres, l’emprisonnant dans ses volontés aussi grandioses que putrides. Ombre rampante aux pupilles acérées, prêtes à pourfendre quiconque croiserait son regard. L’Oiseau Maudit s’étonnait encore que le simple sortilège de ses yeux ne l’ait pas déjà métamorphosée en statut de pierre. Un charme qui aurait épargné à son bras d’être enchaîné au sien, à son âme d’être capturée par son avidité, à son destin d’être scellé par ses ambitions. De la brise qui portait les fragrances d’épices et de fleurs, elle ne la sentait pas. De l’astre discret qui inondait l’assemblée de ses douces lumières, elle ne le percevait pas. De la vie qui grouillait en une valse furieuse, elle ne la voyait. Des paroles grimées de bienséance, elle ne les entendait pas. Plus d’odorat, d’ouïe, de toucher, de parole ou de vue. Dépouillée du moindre de ses sens, Elineor n’était plus gouvernée que par une angoisse souveraine qui se déversait dans chaque parcelle de son être, tel un poison insidieux. Son être était déchiré entre de nombreux tourments qui la renvoyaient à de vives douleurs et des pensées honnies. L’enjeu même de toute cette mascarade éveillait un vent de révolte condamné à cogner sur les contreforts de son âme sans jamais pouvoir s’en extirper. Il ne lui était point permis d’émettre sa propre voix, ses propres libertés. L’air qui s’infiltrait dans ses poumons semblait être l’unique permission qui lui était accordée tandis qu’elle paradait dans un stratagème grotesque au bras de son promis. La terreur grignotait ses tripes… celle de ne point honorer tous les devoirs qui lui étaient échus, qu’elle ne se montre pas à la hauteur de toutes les attentes que Daemon faisait peser sur son être. La souffrance la martyrisait entièrement. Celle de l’incertitude, de la solitude mortifère que cette nouvelle existence lui promettait, de la tempête infernale qui s’abattait sur cette âme qui était arrivée à se complaire dans ses silences et ses absences. Et puis la colère. Celle d’une projetée si loin des siens, d’être réduite à une vulgaire pièce dans des jeux de pouvoir qui la dépassaient en tous points, de s’illustrer dans la pire des ignominies. L’avenir se dessinait sous un jour si sombre que les contours décrépis du palais Taellerys, qui avait vu tant de ses tourments, venaient à lui manquer désespérément. Et au milieu des rouages infernaux des esprits les plus infâmes, elle était là, elle, pauvre âme égarée.

Au cœur de ses turpitudes, Elineor s’ingéniait à l’art délicat d’afficher un sourire apaisé et affranchi de la moindre ombre. Un masque tranquille destiné à abuser les regards de toute la foule sourde aux hurlements de son être et à la tempête qui enflait dans sa poitrine. Seule la main de Naerys Arlaeron, d’un réconfort improbable, était parvenue à toucher les éclats de son cœur morcelé. Un geste innocent. Un simple effleurement. Une brève caresse éveillant pourtant une émotion bien palpable chez l’Oiseau Maudit. Bienveillance amène qu’elle ne retrouva nullement dans le comportement des Maerion. Une colère sourde enfla dans ses entrailles, dirigée pleinement envers la langue venimeuse de Daenerys. Elle en occultait l’outrage perpétré par Daemon, l’indélicatesse de son présent, pour adresser toutes ses foudres à cette insulte. Blessée, frappée dans son orgueil et ses craintes, un vide glacial agrippa les tripes de l’Oiseau Maudit. Si sa bouche ne fut pas si hardie pour tenter les moindres représailles, son esprit nouait les fils d’une vengeance dictée par une haine farouche. La fureur qui palpitait dans chaque fibre de son être dut s’éteindre sous les bourrasques du devoir. Sans qu’elle ne prête égard à ce qu’elle faisait, ses doigts agrippèrent l’étoffe précieuse de sa robe pour ne point se jeter sur l’irrévérencieuse silhouette qui écumait toutes les gloires. Des lumières merveilleuses qu’Elineor vint à lui jalouser.

Ce fut sans regret quelconque que la délicate Taellarys se laissa guider par Daemon à l’écart. Au cœur de ce somptueux décor, les ombres vivides et funestes semblaient danser autour d’eux. Un subtil sourire ourlait ses fines lèvres alors que les paroles de son promis soulevaient un vent de panique dans sa poitrine. Et à ce baiser dont il gratifia sa joue, Elineor crut bien qu’un millier de lames la transperçaient. Une fois de plus, tu m’en demandes trop Daemon. Mais soumise à des desseins sur lesquels elle ne possédait aucune emprise, l’oiseau captive se contenta de lui adresser un sourire tendre, signe d’un consentement muet et illusion d’une union qui se déroulait sous les meilleurs auspices. Son bras se joignit au sien afin de poursuivre leur ballet infernal, prétendant tout ce que leurs âmes ne montraient pas. Une grotesque comédie à laquelle la noble s’était résolue depuis bien longtemps, abdiquant face à des forces qui la dépassaient entièrement.

Un répit dans l’épaisseur néfaste de cette soirée lui fut offert à la cérémonie qui scella l’union de Maekar et Elaena Tergaryon. Un mariage somptueux auréolé d’un amour pur et inconditionnel que l’Oiseau Maudit se surprit à envier. Les rayons de l’amour lui étaient niés depuis trop longtemps pour qu’elle ne daigne les espérer. Pourtant, à ce tableau si tendre de deux âmes complétées dans la plus parfaite des harmonies, Elineor s’assombrit à l’idée qu’elle ne vivrait jamais une telle passion. Elle était de celles à qui cela n’était pas permis. Elle était de celles qui n’étaient points touchées par la félicité d’un cœur conquis. A la place, misère et solitude éventraient le sol que ses pas malheureux foulaient. L’envie, pourtant, pourfendait son être avide de tendresses et d’amours qu’elle ne recevrait jamais.

La cérémonie étant parvenue à son terme, Daemon et Elineor s’allièrent au cortège afin de présenter vœux de bonheur et présents aux nouveaux mariés. Un cadeau tout particulier leur était adressé, puisque le joyau provenait des maigres coffres du palais Taellarys. Un superbe diamant qui reflétait les merveilles des temps de jadis, d’une gloire passée et effacée. L’ouvrage qui avait été appliqué à ce joyau brut témoignait de la richesse des Tyvaron, ayant forgé là le précieux bijou. L’union symbolique des Taellarys et des Tyvaros, de la noblesse et de la richesse, en un présent destiné aux Tergaryon que la jeune femme leur tendit avec révérence. Peu désireuse de faire entendre sa voix après l’odieux commentaire de l’enfant Maerion, Elineor se plia malgré tout à une fable sur cette pierre provenant de l’une des premières mines exploitées par sa famille et qui firent leur renommée sur les générations à venir. Un joyau ancestral et chargé d’histoire, dévoué à apporter bonheur et pérennité à ses détenteurs.

Ils finirent par se retirer, laissant la place à de nombreux autres convives, pour aller bientôt se mêler à la foule. Ses yeux pâles ne pouvaient s’empêcher de partir à la conquête de tous les visages qui tapissaient leur décor, soucieuse de savoir quelle figure viendrait bientôt la cueillir. Son attention fut pleinement détournée par les mains de son promis qui se joignirent aux siennes. Son regard se plongea avec appréhension dans ses prunelles métalliques, cherchant là une issue à ce qui allait prochainement se produire. « Daemon, j-je… » Ses paroles moururent sur les lèvres du Serpent qui se lièrent aux siennes. Contact à la douceur inattendue qui prophétisait là une issue moins réconfortante. Sa voix autant que son regard réclamaient l’exigence d’une perfection qui faisait défaillir le courage d’Elineor. Et lorsque ses mains s’arrachèrent aux siennes, la jeune femme chercha momentanément à les retenir, comme si ce geste désespéré parviendrait à empêcher la poursuite de cet acte. Elle contempla avec une auguste angoisse la silhouette de son promis s’évaporer dans la foule, une effroyable solitude l’enrobant tout à fait.

« Voici une soirée fort plaisante. Ne trouves-tu pas Elineor Taellarys ? » La concernée tourna son regard pour la première fois vers celui qui ne pouvait être que Jaekar Veltheon. En dépit de l’angoisse qui l’étreignait, elle s’employa à composer une expression badine tandis qu’elle entamait la conversation avec cette nouvelle compagnie. Et lorsqu’ils furent assurés que les regards avaient effleuré leur improbable duo, l’homme lui ouvrit le chemin au travers de la foule, assurant qu’il avait quelques merveilles à lui montrer en d’autres salles. L’Oiseau Maudit se joignit docilement à son expédition qui les envoya hors des festivités, vers des rivages excentrés. Un instant, Jaekar interrompit leur procession pour jeter un regard discret à la jonction d’un couloir. Le cœur d’Elineor menaçait d’exploser dans sa poitrine à chaque instant alors que l’Andal se montrait méthodique et précis. L’instant d’après, il se tourna vers la jeune femme pour l’enjoindre à le suivre. Là où un garde aurait dû se tenir à l’entrée de la salle des présents, une autre silhouette avait pris sa place. Un masque parait son visage insondable. Un frisson remonta le long de l’échine de la noble, vertèbre par vertèbre lorsqu’il lui tendit un coffret à la finition ouvragée. « Ne tarde pas trop. Il nous faut agir vite. » Luttant contre les tremblements qui agitaient son être, Elineor attrapa le coffret avant de se glisser dans la salle que Jaekar lui ouvrit. A l’intérieur, nombres de présents et autres gages de bénédiction s’amoncelaient sur des tables. Hâtant son étude des lieux, ses yeux partirent à la recherche du fameux coffre jumeau qu’elle finit par trouver quelques instants plus tard. Elle procéda à l’échange, défiant toutes les fibres de son être de flancher alors qu’elle quittait la salle et remettait le coffret subtilisé à l’ombre masqué. D’un hochement de tête, Jaekar donna congés à la silhouette qui s’évapora dans la nuit tandis que le bâtard offrait son bras à la jeune femme. « Faisons encore quelques pas, veux-tu. » Guère en position de s’opposer, elle se plia à la poursuite de cette mascarade, l’écoutant d’une oreille distraite alors qu’il faisait mine de lui conter la magnificence des lieux. Au bout d’un certain temps, Elineor décida que c’en était assez. « Je d-dois retourner aup-près de Daem-mon. » bégaya la jeune femme en s’affranchissant de la compagnie de Jaekar qui lui livra un regard si énigmatique qu’elle en fut bien plus bouleversée que si la moindre parole avait été prononcée.

Résolue à ne plus quitter la présence de Daemon et la compagnie d’un verre, Elineor regagna le cœur des festivités. Ses prunelles lilas embrassèrent la foule rassemblée dans toute l’effervescence de la fête sans parvenir à discerner la haute stature de son promis. Elle s’accorda une grande inspiration salvatrice, remettant là de l’ordre dans ses pensées et son cœur avant de se noyer dans l’assemblée. En quête de Daemon, ce fut une avec tordante déception qu’elle aperçut le duo peu réjouissant que formaient sa sœur et Maelor. Peu envieuse de requérir leur compagnie, l’Oiseau Maudit s’envola en d’autres territoires d’une allure si précipitée qu’elle bouscula sans prendre garde une invitée. « Oh… P-pardonne-moi, j-je ne prenais p-point garde où j-j… » La suite de sa phrase agonisa sur le bord de ses lèvres tandis que sa pauvre victime se tournait vers elle. Un visage si familier qu’elle fut plongée dans une vive torpeur, incapable d’agir comme le devoir lui réclamait. La voix de Daemon murmurait pourtant encore au creux de son oreille. « N-Naema Vaelar-rys. » Feindre de ne point la connaître aurait été une erreur peu judicieuse. Voiler son identité n’était point l’idée la plus lumineuse qu’elle pourrait avoir. Hélas, elle ne trouvait point d’issue à la situation qui était sienne et qui ne produisait bien plus vite qu’elle n’aurait pu le prédire. « C’est u-un honneur de t-te rev-voir… »



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Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
“Love is a matter of luck, reason, and lust.”

Valyria, dernière semaine du mois 12, an 1066

La main d’Aeganon s’était attardée sur l’épaule de Daemor, serrant cette dernière brièvement. Bien sûr qu’il voit que ce dernier l’aime. Il n’en avait jamais douté. Et ce n’était pas en raison de son impressionnante confiance en lui, qui confinait à l’arrogance, mais parce que l’homme était persuadé que leur lien gémellaire était impossible à briser. Pour une raison qu’ils ignoraient, les dieux avaient décidé de le pervertir pour le rendre semblable à ceux des jumeaux de sexe opposé, célébrés pour leurs unions encore plus pures qu’entre simples frères et sœurs. Eux étaient nés dans des corps semblables, identiques, et avaient été affublés de cette même passion dévorante qui leur était paradoxalement interdite, alors qu’ils étaient le reflet le plus pur l’un de l’autre, l’union la plus identique qui puisse être. Mais même en dehors de cet aspect, le Bellarys n’avait jamais imaginé que leur liaison soit mise en danger par quiconque. Depuis plus de douze ans, ils s’aimaient en secret, connaissaient tout de l’autre. En dépit de leurs caractères opposés, de leurs allégeances politiques contraires, ils n’avaient jamais cessé de s’aimer, fraternellement comme charnellement. Leur histoire allait bien au-delà d’une simple passion, d’un appel de luxure. Aeganon éprouvait des sentiments profonds pour Daemor, qui représentait à la fois le meilleur de ce qu’il pouvait être, et en même temps le pire, puisqu’il ne pouvait laisser connaître à quiconque cet aspect de sa personnalité. Avec son frère, le soldat pouvait être un amant attentif et tendre, un compagnon fidèle, capable de rares gestes romantiques et d’une prévenance que peu soupçonnaient possible chez l’homme emporté qu’il donnait à voir. Cela ne signifiait pas qu’il était brutal avec ses autres conquêtes. S’il l’avait réellement été, il n’aurait pas su maintenir le succès qui était le sien. Ses maîtresses restaient avec lui parce qu’il savait leur être agréable. Ou qu’elles y avaient un intérêt. Mais il demeurait un amant à la science consommée du plaisir, et qui prenait plaisir à en donner. Avec Daemor, pour autant, Aeganon ne cherchait pas à plaire : il cherchait à aimer. Il s’offrait en toute sincérité, sans rien retenir. Il était lui-même, finalement, et son jumeau était le seul à connaître son Sénateur de frère dans son entièreté. Face à Daemor, il était vulnérable, il se rendait vulnérable. Il était la seule personne qu’il n’ait jamais aimé, et la seule personne qu’il aimerait jamais. Parce que quand ses yeux se posaient sur son amant, ils se teintaient de la même lueur que celle qui brillait dans les yeux de Maekar lorsqu’il regardait Elaena. Sauf qu’Aeganon ne pourrait jamais avoir cela, ne pourrait jamais montrer à Valyria tout entière, aussi démonstrativement, son amour. Alors qu’il contemplait, assis à cette place près d’Herya, incapable de supporter la vision sinistre de la table Bellarys, de cette hypocrisie que tous semblaient vouloir encourager, celle d’un mariage qui n’avait aucun sens, parce que la mariée en aimait un autre, que toute l’assemblée pouvait le deviner, et que le marié en aimait un autre – et le même à la fois. Voir le cortège de cadeaux, de félicitations, face à son frère et à sa sœur l’emplissait d’une rage incandescente. Il avait beau tenter de se concentrer sur ses amis Tergaryon, la jalousie l’emplissait peu à peu, même envers eux. Tant de bonheur le rendait malade. C’était insupportable, de voir des personnes heureuses, quand il avait envie de dégainer son épée et se l’enfoncer en pleine poitrine, pour que cesse les coups aux cœurs qui se multipliaient. Même le vin avait à présent un goût amer. L’ivresse ne parvenait plus à l’empêcher de déverser sa bile. Sa main se serra sur sa coupe. Il sentait la colère, brute et farouche, l’envahir. Ses prunelles haineuses se posèrent à nouveau sur son frère, sur sa sœur. L’envie de hurler lui vint, pour que chacun à quel point tout cela n’avait aucun sens. Il sentit la coupe se tordre sous sa poigne de fer, et le vin se déverser. Tant pis. Se levant, il prit congé de la mage en lui promettant de revenir, et se dirigea vers Elaena et Maekar. Il n’avait pas le droit de ne pas les saluer. Même si les regarder lui donnait envie de s’assommer. Ils étaient trop heureux, trop amoureux. Ils ressemblaient trop à ce qu’il aurait voulu être, et il leur en voulait pour lui montrer ce bonheur qu’il n’aurait jamais. S’ils n’avaient pas été ses amis les plus chers, il aurait provoqué un esclandre, pour les punir. Sa loyauté lui permit de se contenir, à grand peine. Partout autour de lui, il voyait des personnes heureuses, de futurs couples, et il avait envie de tout détruire, de réduire ces sourires à néant, de les effacer, de les arracher. Peut-être qu’il n’avait pas assez bu, finalement.

Arrivé face à ses deux amis nouvellement mariés, Aeganon se força néanmoins à se composer un sourire, et s’avança. Un serviteur se détacha pour apporter ses propres présents. De son habituelle voix pétrie d’entrain, il commença :

« Je pourrai vous souhaiter le meilleur, la bénédiction des dieux … mais je sais que vous n’en avez pas besoin. Vous avez ce que beaucoup n’ont pas : un réel amour, et l’envie de le préserver, de tout sacrifier pour que ce dernier fleurisse. Vous n’avez aucun besoin de mes vœux.

A la place, je vous fais une promesse : celle de vous aider à le protéger. Et d’être toujours là, pour vous et votre descendance, puisse-t-elle être nombreuse et vigoureuse. »


Le Bellarys faisait peu de promesses, et Maekar comme Elaena le savaient. Il leur offrait son allégeance, et c’était peut-être la chose la plus précieuse qu’un valyrien pouvait donner. Comme, cependant, la symbolique n’était pas suffisante pour couvrir les attendus de leurs rangs, il sacrifia aux cadeaux plus conventionnels, faisant signe au serviteur de déposer devant les deux mariés un paquet soigneusement noué, qu’il entreprit d’ouvrir devant eux, dévoilant deux miroirs magnifiquement ciselés, ornés d’une gravure rappelant la silhouette du palais Hoskagon. Il expliqua :

« Ces miroirs ont été enchantés pour vous permettre de communiquer sur de très longues distances. Ainsi, vous ne serez jamais séparés. »

Puis, il sortit de sa poche une fiole, la posa sur la table à côté, et avec un sourire égrillard :

« Quant à ce philtre … Disons que même les prêtres de Syrax n’auront jamais connu une félicité à sa mesure ! »

Il éclata d’un rire sonore, leur adressant un clin d’œil, avant de conclure, redevenant soudain sérieux :

« Soyez heureux, mes amis. »

Parce que même s’il lui était impossible d’aimer le bonheur des autres, il lui aurait été encore plus insupportable de savoir que quelque chose d’aussi beau puisse ne pas exister sur cette terre. Il repartit à sa table précédente, et mut par une impulsion subite, tendit sa main vers Herya :

« Que dis-tu de montrer à tous ces gens comment dansent les amants ? »

Le sourire provoquant que l’homme arborait tenait lieu d’explication. Puisqu’on lui en donnait l’opportunité, il allait continuer son œuvre de protestation, tout en servant toujours habilement ses intérêts. Ainsi, il passa opportunément devant la table des Arlaeron en allant jusqu’à l’endroit réservé pour danser, saluant discrètement son mentor, qui darda sur lui son œil unique, et un léger sourire flotta sur le visage du puissant Œil d’Argent. Une fois arriva face aux danseurs et danseuses déjà présent, le Bellarys s’ébroua, avant de promettre à sa cavalière :

« Tu n’auras pas besoin de magie pour que tout le monde te regarde et t’admire ce soir, Herya Valgarys. »

Avec habileté, le Sénateur plaça ses mains autour de la jeune femme, s’avança jusqu’à ce que leurs bassins se chevauchent, séparés simplement par leurs vêtements, et il commença à mener, se calant avec aisance au rythme de la musique. Une fois leurs marques prises comme couple, il imprima des mouvements plus amples, plus profonds. La danse avait souvent constitué un de ses moyens de séduction favoris. Il aimait le contact des corps, suggérer avec ostentation, faire varier les positions et les rythmes pour lentement laisser deviner le rapprochement, enflammer les esprits et les chairs. Il faisait tournoyer Herya avec délicatesse, dessinant des arcs avec leurs bras, avant de la faire revenir à lui d’un geste souple de son autre main libre, pour caresser sa taille l’espace de quelques secondes, avant d’accrocher ses doigts à sa ceinture et de l’attirer contre lui de cette façon, langoureuse et subtile. Puis il se dérobait, pour mieux revenir. Petit à petit, ses gestes se firent moins amples, et bientôt, il retourna sa cavalière contre lui, de façon à ce que son visage se cale au cou du creux d’Herya, qu’ils ondulent avec aisance l’un contre l’autre, leurs mains se nouant et se dénouant. Lorsqu’ils furent dirigés, savamment par ses soins, face à la tablée Arlaeron, Aeganon souffla à son oreille, malicieux :

« Crois-tu que l’amour est plus fort que la chair ? »

Son souffle contre sa peau, ses doigts entrelacés dans les siens, leur position était suffisamment suggestive pour donner quelques envies à d’aucun, et Aeganon ne résista pas. Il murmura contre sa tempe :

« C’est amusant, n’est-ce pas, de rendre fou ceux qui ne nous aiment pas ? »

Ses lèvres se posèrent contre le point sensible situé à la naissance du cou. Cette fois, l’équivoque laissa place à l’ostentation évidente. Ses mouvements lascifs épousaient toujours les contours de la musique, comme du corps de sa partenaire. Puis il décida de les séparer, et ils continuèrent de nouvelles arabesques sur la piste, chacune exposant habilement une luxure aisément dévoilée. Une seconde fois, Aeganon la mena contre lui, l’un face à l’autre, et son regard traversa l’espace pour trouver Daemor. Il fit onduler Herya jusqu’à l’extrémité de son bras gauche, la fit tourner, pour la ramener jusqu’à lui, avant de la réceptionner sur son genou avancé, l’entourant de son torse imposant. Et ceci, sans quitter des yeux son jumeau. Au dernier moment, il déposa quelques baisers aériens sur le bras tendu de sa partenaire, avant d’arriver à la bague qui ornait son doigt. Il dédiait à Daemor cette danse sensuelle, qu’il ne pourrait jamais faire en public avec lui. Finalement la musique ralentit, et le Bellarys desserra son étreinte. Il garda la main d’Herya dans la sienne, et, déposant un baiser au creux de son poignet, y susurra :

« Merci pour cette danse, belle dame. Tous les regards furent sur moi, et c’est parce que ma danseuse était de loin la plus exquise de la soirée … et que beaucoup d’hommes m’ont jalousé, et pas des moindres. »

Il la raccompagna jusqu’à leur table, et son regard se posa à nouveau sur Daemor. Il n’en pouvait plus. Alors, au mépris du danger, il se dirigea vers son frère et se composa une mine joyeuse. Avisant sa sœur à ses côtés, il lui dit :

« Ma chère sœur, permets que je t’enlève ton fiancé quelques instants, pour lui faire mes recommandations pour prendre soin de toi … et pour votre nuit de noces, cela va sans dire ! »

Son rire s’éleva, toujours aussi gaillard, dissimulant habilement l’horreur qu’il éprouvait à cette pensée. Guidant Daemor à l’extérieur du chapiteau pour quelques instants, loin de ce monde étouffant, Aeganon souffla :

« Cours avec moi … »

Non, ils ne s’enfuiraient pas. Pas exactement. A la place, il s’enfonça dans les ruelles, s’éloignant du cœur battant de la fête, de l’ivresse et du plaisir. Et dans un recoin sombre, dans la nuit qui les recouvrait, il plaqua Daemor contre le mur et l’embrassa avec avidité, avec désespoir, avec toute sa passion contenue. Et il murmura, hors d’haleine, lorsqu’ils se séparèrent :

« Je t’aime, et je crève de voir que d’autres s’imaginent que tu peux aimer une autre personne que moi. »

Déjà, il fallait revenir. Ils coururent pour regagner le chapiteau. A nouveau à l’intérieur, Aeganon le laissa partir. Le cœur un peu plus léger. Le cœur un peu plus douloureux. Et, il se revint vers Herya, sa compagne d'enfer dans ce qui allait suivre. Nonchalamment, il passa une main autour de ses épaules en se rasseyant, leurs chaises proches.





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Jusqu’à ce que la Mort nous sépare.Rêve de Vermax.

Valyria & An 1066, dernière semaine du mois 12.

Tendue, Naema avait observé le Prêtre d’Arrax, le dardant de ses prunelles lilas. Ces dernières s’étrécirent en quelques instants, alors que les mots de l’homme lui parvenaient. Des paroles sibyllines, à bien des égards. L’une de ses mains serrées sur la coupe qu’elle tenait toujours et l’autre enserrant un pli de sa robe, la jeune femme se contenta d’acquiescer. Interdite, il lui fallu quelques instants pour rassembler ses esprits. A moins que ce ne soit la réaction de l’autre Enfant d’Arrax qui ne la fit reculer d’un pas ? Il était vrai que le malheureux semblait dans un bien piteux état. Naema le suivit du regard, alors que le Prêtre était emmené par d’autres personnes à l’écart. Alors, secouant la tête, la jeune femme décida qu’il en était assez. Elle était ici pour célébrer le mariage de sa cousine. Elle ne devait pas perdre la face.


« Que ton clergé sois remercié pour la vision qu’il m’offrit. déclara alors, solennellement, Naema à un autre représentant d’Arrax. Je ne manquerai pas de remercier ton temple, une fois ce Rêve achevé. »


Ceci fait, la Vaelarys inclina poliment la tête avant de s’effacer, se glissant dans la foule avant d’y disparaître tout à fait. Si la jeune femme ne tarda pas à se défaire de sa coupe vide, le vin ne pourrait apaiser son esprit, son autre main restée serrée sur sa robe. Dans les plis, brodée dans une petite doublure, la Dame Dragon avait tenu à porter sa pièce de Shrykos. Celle-là même qui l’avait suivi jusqu’à Sothoryos. Les mots du Prêtre d’Arrax prenaient un tout autre sens, dans cette situation. Shrykos l’avait déjà protégé une fois, alors qu’elle se trouvait bien loin des rivages de Valyria. Il lui faudrait la remercier de sa miséricorde, au même titre qu’Arrax.


La jeune femme ne lâcha les plis de sa robe qu’au moment où l’obscurité se fit. Alors, Naema fendit la foule, se rapprochant de la table où siégeait sa famille au sens large. Vint ensuite un déluge de flammes, avant que la pièce de théâtre préparée spécialement pour l’occasion ne débute. Elaena et Maekar étaient désormais liés. Quel beau couple que voilà… A cette pensée, la soigneuse esquissa un sourire quelque peu attristé. ‘’Que les Dieux leur accordent tout le bonheur possible. ‘’ songea-t-elle, amère de sa propre condition. Puis, à nouveau, la native d’Oros s’effaça. Gaelya avait déjà rejoint la piste de danse, pour ce que Naema avait pu remarquer. L’aînée des jumelles n’était cependant pas familière de cette exercice.


Non, Naema avait une toute autre idée à l’esprit. La pièce de théâtre n’attira pas plus que cela son attention. Rejoignant l’endroit où les différents clergés étaient installés désormais, ce fut devant les représentants de Shrykos que la Vaelarys s’arrêta. Shrykos veillait sur elle, d’après le clergé d’Arrax. Si tel était le cas, la soigneuse se devait de faire honneur à cette protection. Désignant les petits poteaux toujours reliés par une corde, la Dame Dragon demanda s’il était toujours possible de s’y risquer.


Ayant reçu une réponse positive de la part des représentants de la divinité, la jeune femme se frotta le menton quelques instants, observant sa tenue. Il ne s’agissait pas là des vêtements les plus pratiques pour un tel exercice. Il ne s’agissait cependant que d’un désagrément mineur. D’un mouvement mut par une certaine habitude, Naema se baissa, nouant sa robe au niveau de ses chevilles. Ainsi, elle pourrait faire des pas plus amples sur la corde. Ceci fait, la Dame Dragon accepta bien volontiers la main qui lui était tendue pour monter sur le premier poteau. Trouvant son équilibre sur ce dernier, la jeune femme observa quelques instants la corde tendue.


« Sois remerciée pour ces chemins que m’a ouvert et qu’il me tarde de découvrir, miséricordieuse Shrykos. Si je ne peux donner satisfaction à Vermax et Meleys, puissent les choses être différentes à ton sujet. » songea Naema.


Puis, sans un regard pour le sol ou derrière elle, la jeune femme fit un premier pas sur la corde.


***


Ces mélodies n’étaient pas désagréables, à la réflexion faite. Cela faisait maintenant un moment que Naema avait quitté les représentants de Shrykos, se mêlant à nouveau aux invités. Gaelya l’avait rejoint après une autre danse, échangeant quelques badineries avec elle. Jumelle qui s’écarta légèrement, alors que son aînée de quelques minutes seulement se faisait bousculer par une autre jeune femme. Secouant quelque peu la tête, la soigneuse se tourna alors légèrement. Ses sourcils se froncèrent légèrement alors qu’elle reconnaissait là un visage familier.


Gaelya dut se rendre compte de cette situation, car elle s’effaça, rejoignant d’autres de ses connaissances. Quant à la soigneuse, elle resta là, quelque peu interdite. Cette jeune femme ne lui était en rien inconnue. A dire vrai, elles s’étaient rencontrées pendant la guerre, alors que Naema se trouvait dans le nord de Valyria. Et pourtant, quelque chose clochait. Un détail qui revêtait, dans les faits, la plus grande des importances. Une mine connue, mais pourvue d’une identité qui ne semblait pas concorder. Helys. C’était ainsi que cette jeune femme aurait du se nommer. Tout du moins, c’était ainsi que Naema l’avait connue jusqu’alors. Et pourtant, la cérémonie au Temple de la Douzième Flamme avait tout changé. Ainsi n’en était-elle pas arrivée à sa dernière déconvenue de la soirée.


« L’honneur est partagé, Elineor. commenta sobrement Naema, ses bras désormais croisés sous sa poitrine. Si je pensais bien te revoir un jour, je ne pensais pas que les choses se feraient dans de pareilles circonstances. La soigneuse s’était tut quelques instants. J’en oublie toutes les politesses, je te prie de m’excuser. Permets-moi de te féliciter pour tes fiançailles. Puisse Vermax veiller sur toi et ton futur époux jusqu’au moment de vos épousailles. »


Déçue. Naema ne pouvait qu’être profondément déçue. Et pourtant se devait-elle de conserver ce vernis de convenances, malgré son ton amer, quelque peu acide. Elaena et Maekar vivaient là l’un des jours les plus heureux de leurs existences. Elle ne pouvait pas briser cette situation idyllique en faisant preuve de caractère. Helys, ou plutôt Elineor, pouvait encore se rattraper. Une explication. La soigneuse ne demandait qu’une explication quant à ce mensonge. Ne s’était-elle pas bien comportée en sa présence, lors de leur première rencontre ? Ainsi s’était-elle trouvée en la présence d’une Taellarys sans même le savoir, à cette époque.





(Gif de eternalroleplay.)

Résumé du post de Naema:
Aerys Maerion
Aerys Maerion
Seigneur-Dragon

https://rise-of-valyria.forumactif.com/t44-aerys-maerion
Event : Jusqu'à ce que la mort nous sépareAerys Maerion

Valyria - An 1066, mois 12

S’enivrant plus que de raisons aux côtés d’Aeganon Bellarys et d’Enoria Zahor Amai, Aerys trouvait que la soirée était finalement plus sympathique qu’imaginée. Le vin et l’hydromel coulaient à flots, la nourriture ne cessait d’arriver et la place toute entière était un déchaînement de sens. Ravissement de la vue au passage des demoiselles de la noblesse valyrienne en tenues échancrées et audacieuses. Célébration de l’ouïe lorsque les baladins et musiciens entonnaient des airs connus de tous. Comblement de l’odorat lorsque les effluves des mets apportés par les serviteurs se mêlaient aux parfums et à l’encens. Plaisir du toucher lorsque la main d’Aerys s’égarait sur la taille de la native du haut-royaume de Sarnor.

Il n’y avait pas à dire : Aerys avait plutôt bien sauvé sa soirée, selon ses critères. Son frère devait rendre ses intestins quelque part dans une ruelle, sa sœur se retrouvait esseulée et son père ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Et il était entouré d’amis avec lesquels boire et se bâffrer. Les orgies tardives promettaient déjà d’être légendaires. Se trouvant bientôt à sec, Aeganon parti et Enoria souhaitant aller à la rencontre de certains de ses compatriotes et contacts, Aerys se retrouva de nouveau isolé à devoir trouver compagnie. Il se leva en tanguant légèrement et patienta quelques moments avant de retrouver son équilibre. Lorsqu’il fut enfin stabilisé, il se mit en quête d’un spiritueux de Yi-Ti qu’il avait goûté une fois lors d’une soirée à l’ambassade de l’empire d’Orient. Il trouva ce qu’il cherchait devant un étal tenu par des commerçants aux traits orientaux et se retrouva avec un vers minuscule empli d’alcool de riz très fort. Il en but un, puis deux et s’en fut avec le troisième en main et l’œsophage brûlant. Il sentait la chaleur se répandre dans tous son corps et il se demandait ce qu’il allait pouvoir faire de la suite de la soirée… lorsqu’il se rendit compte qu’il devait apporter les présents au couple Tergaryon qui, entre temps, était monté sur l’estrade.

Aerys Maerion avait jadis convoité le cœur d’Elaena Tergaryon, tout en sachant qu’elle était entichée de son héros de frère. Il n’avait pas vraiment cherché à faire plus que de lui compter fleurette mais il se souvenait encore de leur rencontre dans une soirée où il était intervenu pour la débarrasser d’un importun. Quant à Maekar, Aerys avait combattu à ses côtés… ou plutôt sous ses ordres. Bien que d’un rang subalterne, il s’était retrouvé à fréquenter assidûment Aeganon et Maekar durant la campagne de Meereen. S’il n’était qu’éclaireur dans la troisième armée, Aerys restait alors le fils d’une Lumière de Sagesse et un Maerion : il fréquentait donc beaucoup ses égaux aristocrates bien qu’il lui était parfois arrivé de passer de très bons moments avec les troupes. A voir les deux Tergaryon unis dans un bonheur évident, Aerys songeait avec une certaine amertume qu’on lui avait renié ce droit élémentaire à Valyria. S’il avait abandonné ce projet et que les derniers mois lui avaient confirmé que c’était la bonne décision, Aerys restait encore blessé. Il se fit apporter deux paquets enveloppés dans un drap de coton épais. Il prit la route de l’estrade des mariés et arriva à leur hauteur. Il déposa devant les deux mariés son godet, puis l’étoffe et la déplia sur la table pour laisser apparaître deux dagues dont la lame présentait les glyphes brillants de l’acier valyrien. La garde et la poignée étaient dans un matériau anthracite et poli, avec des reflets d’ivoire : de l’os de dragon. Les deux dagues étaient jumelles. Aerys s’expliqua :

« Chers amis, vous formez un couple dont le bonheur traversera très certainement les âges et on louera encore longtemps l’histoire d’Elaena et Maekar, les plus beaux amours, amis… et amants de Valyria. Pour célébrer vos caractères respectifs, je vous propose un outil qui vous représente tous deux. Quoi de mieux qu’une dague pour deux personnes qui ne craignent pas de mener leurs batailles et de frapper lorsque le besoin s’en fait sentir. Au Sénat comme à Bhorash, il est bon de pouvoir compter sur les Tergaryon pour accomplir ce qui doit être fait. C’est mon privilège de vous offrir ces dagues dont le manche est issu d’un dragon ayant appartenu à l’un de mes ancêtres. Que la bénédiction des Quatorze vous accompagne toute votre vie, je vous souhaite un bonheur aussi infini que Valyria. »

Il recula avec une brève révérence amicale et les salua d’un geste en portant sa main à sa tempe. Il attrapa le petit verre d’alcool de riz, le vida devant eux avec un clin d’œil amusé et retourna dans la foule. Il manqua de s’étaler de tout son long en manquant la dernière marche – il était persuadé de l’avoir déjà descendue ? – quand il tomba nez à nez avec sa sœur, un inconnu et Daenyra Tergaryon. Il les regarda tous trois avec un grand sourire.

« Alors ma chère sœur, la soirée est-elle à ton goût ? »

Sans vraiment écouter la réponse, il se tourna vers Garaevon et le jaugea un instant en silence. Il regardait ses vêtements, son maintien, son regard, son corps : un homme du peuple. Plutôt bien vêtu, donc certainement pas un indigent. C’était sans doute un marchand ou un artisan de milieu de classe qui gagnait bien sa vie mais pas autant que les grandes fortunes du monde valyrien. Aerys avait entendu parlé d’une histoire de sa sœur dans une boutique mais il ne se souvenait de rien de plus : peut-être était-ce le propriétaire, ou peut-être pas. Il continuait à regarder Garaevon droit dans les yeux. De manière surprenante, dans cette situation particulière, Aerys retrouvait des accents d’Arraxios et toute la majesté de son sang ancien et pur irradiait de sa personne. Un Arraxios miniature, en somme : le gravitas politique en moins… mais la violence contenue, elle, était authentiquement Maerion. Elle couvait chez eux comme le feu sous la braise : il suffisait de mélanger un peu pour que la flamme jaillisse. Toutefois, Aerys n’était pas un volcan ce soir. Il adressa au jeune artisan un sourire indulgent.

« N’est-elle pas la plus belle de la soirée, ma sœur ? Comment ? Tu la trouves belle ? Tu poses tes yeux sur ma sœur ? » demanda-t-il en redevant sérieux tout d’un coup.

Il éclata de rire et donna une gentille tape sur la joue de Garaevon.

« Allons, je te fais marcher l’ami, pardonne-moi. Je suis Aerys, le frère de Dany. Quel est ton nom ? »

La question l’intéressait sincèrement car il était vraiment désireux de profiter de l’occasion pour faire de nouvelles rencontres. Il écouta donc la réponse du maître-verrier en devenir lorsqu’un moment, une présence lui fit tourner la tête et il reconnut Daenyra. Il lui adressa un large sourire, complètement décomplexé. Il se tourna vers Garaevon, le pria de l’excuser pour qu’il puisse saluer la jeune femme sans perdre une miette de ce qu’il racontait. Il se tourna vers la jeune femme et la trouva toujours aussi accorte et d’une élégance absolue. Il luit prit une main, un peu plus longtemps que ce que la convenance exigeait, et y déposa un baiser plein de finesse.

« C’est toujours un plaisir de te croiser, Daenyra. J’ai cru que tu m’évitais ! Tu ne ferais pas une chose pareille, tout de même ? » demanda Aerys avec un grand sourire.

Il avait fort envie de boire quelque chose de fort.




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