Ma seule richesse est d'être illégitime, mon seul exploit est d'y survivre. Daelarys ne connaît qu'un seul pan de sa famille, du fait de sa naissance quelque peu chaotique. Fils d'une tisserande dont le passé et la généalogie sont complètement inconnus, il sait simplement que sa mère descendait d'une longue lignée de tisserands. Et l'histoire s'arrête là.

Concernant les Cellaeron, les choses se compliquent nettement. Ayant toujours eu ce sentiment d'exclusion de la part de sa famille, Daelarys ne s'y est pas plus intéressé que cela. Après tout, on lui avait fait comprendre qu'il n'en était pas digne. Néanmoins, voici ce qu'il parvint à comprendre. Les Cellaeron sont depuis longtemps relativement riches et puissants et ont par habitude de répéter qu'ils sont les descendants du mage Yraelon, fondateur des Montagnes Peintes où la famille y érigea son repère. Ils tirent leurs richesses des mines et du commerce et ont vraisemblablement réussi à s'imposer au nord de Valyria. Qui plus est, le grand-père du Nadresyon, Aegon Cellaeron a épousé Alaella Nohgaris, une autre famille tout aussi complexe.

Quant à son père, Baelor Cellaeron, celui-ci s'est illustré par des stratagèmes politiques divers et variés. Surnommé le Seigneur-Soie, il a gravi les échelons années après années, se retrouvant aujourd'hui Lumière de Sagesse. Mais si la sagesse semble le caractériser, sa retenue auprès des femmes est une autre histoire. Il y a fort à parier que Daelarys possède des frères et sœurs, quelque part...

Naissance et ascension d'un bâtard

Au creux de bras encore tremblants d'un effort surhumain, on glissa un nouveau-né. D'abord silencieux, toutes les personnes présentes pour cet événement furent prises d'une soudaine montée d'anxiété. Soudainement, il émit un gargouillement étrange, et se mit à hurler. Dans les bras d'une mère éreintée, Daelarys émit son premier souffle au sein de la cité de Mantarys. Tout d'abord élevé seul, la situation changea rapidement lorsque son père fut prévenu de son existence. Du statut d'enfant de tisserande, il devint alors un noble pressenti pour être l'héritier d'une famille puissante du Nord de Valyria. Désormais, il serait Daelarys, fils de Baelor Cellaeron. De la relation entre sa mère et son père, il n'en sut jamais rien, d'autant plus que sa mère contracta une maladie peu de temps après que son fils ait rejoint le Pinacle. Elle mourut, en paix, lui avait-on dit. Il n'en garda aucun souvenir et tout était encore flou aujourd'hui. Étrangement, celui que l'on surnomma plus tard le Ver à Soie, ne posa pas plus de question, et on en arriva à la conclusion que celui-ci n'eut que trop peu d'attache avec sa mère pour souffrir réellement de sa disparition. Silencieux sur cet évènement, Daelarys en avait pourtant souffert. Seul le temps panserait les plaies.

L'enfant grandit dans l’opulence et le confort de toute grande famille valyrienne. Il reçut l'éducation adéquate, l'attention nécessaire, et ce qui ferait de lui un homme de stature. Ce fut sans compter les problèmes que lui apportèrent sa bâtardise. Chahuté psychologiquement et sans cesse rabaissé à ses origines, Daelarys se forgea un mental d'acier, transformant avec le temps la colère et la rancune en lassitude. Il n'écouta plus les rosseries des Cellaeron et se raccrocha à son père autant que possible. Après tout, il n'avait que lui.

La trahison paternelle, 1056

Si jusqu'alors, le jeune Cellaeron s'était imaginé en héritier légitime, tout vola en éclat. Il avait alors 15 ans, et il se tenait face à son géniteur. Celui-ci lui annonça la déferlante qui allait suivre. Il allait se marier avec une princesse étrangère, pour la simple bienséance, ce que devina son fils. Myssaria Oyan détruisit toutes ses ambitions. La logique des choses voulu qu'elle finirait par enfanter quelques larves immondes pour rafler ce qui revenait pourtant à Daelarys. L'adolescent se tint immobile et encaissa toute la nouvelle sans rien dire, sans réagir. La lassitude aussi, sans doute... Son père le congédia, et il se dirigea alors vers sa chambre. Il entra, resta silencieux quelques minutes. Ses veines frontales se mirent à grossir lentement, le sang se mit à battre dans ses tempes, et les ongles de ses doigts virent s'enfoncer dans ses paumes. Il eut du mal à déglutir et dans un élan de rage incontrôlée, il mit à sac son mobilier et ses affaires. Tout ce qu'il avait accumulé depuis des années à force de silence et de soumission éclata. Ses pieds envoyèrent valser les précieux sièges, ses poings explosèrent tout ce qu'ils purent. Le sang se mit à couler lorsque verres et miroiterie connurent le même sort que le reste. Il hurla :

- Aurais-je dû sortir des entrailles de cette catin de Rhoyne pour avoir ta considération père ?!

En guise de réponse, un silence assourdissant. Son père s'en était allé à un rendez-vous quelconque et Daelarys s'était retrouvé seul avec les serviteurs. Dégoulinant de sueur et étouffé par une crise de larmes prête à exploser d'un moment à l'autre, il redressa l'un des fauteuils de bois et s'installa face à l'une des fenêtres de sa chambre. Il croisa les mains sous son menton, et contempla le ciel pour se calmer. Il voyait parfois passer les dragons, créatures qu'il n'aurait jamais la chance de chevaucher, qu'il n'aurait la chance de côtoyer de près. Phaebion était le seul dragon qu'il connaissait, et il était bien trop farouche pour espérer quoi que ce soit. Face à sa misérable existence en tant que bâtard et cinquième roue du carrosse, le jeune homme en vint à une conclusion. Il était désormais seul, il bâtirait son propre destin. Et si son père refusait de le faire héritier, il profiterait de sa fortune de son vivant. Il ferait aussi en sorte de mettre le plus possible de frein aux ambitions de sa belle-mère et de ses futurs rejetons. Il n'était qu'un enfant, à peine un adolescent, mais d'un coup, il se sentit devenir homme.

Bataille d'Elyria, 1063

Les embruns venaient caresser son visage maculé de sel, tandis que le soleil tannait les peaux et venait réchauffer ses muscles engourdis. Les roulements des vagues sous le navire berçaient doucement tous ceux qui s'y trouvaient, comme un dernier repos bien mérité. L'océan leur offrait l'ultime répit avant la prochaine bataille. Observant l'horizon en quête du moindre mouvement, Daelarys repassa en mémoire les évènements qui l'avaient conduits ici, sur cette trirème. De son service militaire dans la marine à la trahison de Borash, puis enfin la bataille d'Elyria. Il avait été appelé et avait rappliqué. Depuis ses premières semaines sur la mer, après une adaptation douloureuse sur fond de mal de mer, le bâtard Cellaeron avait senti en lui un lien de plus en plus fort avec l'océan, comme si sa place avait toujours été ici, sur les flots. Mais rapidement, il lui envoya sa première épreuve, et peut-être la dernière. La guerre avec Ghis durait depuis trop longtemps déjà et chacun espérait une victoire décisive mettant ainsi fin au conflit. Mais les ghiscaris ne se laissaient pas atteindre si facilement. Leur trirème s'était lancée à l'assaut, filant dans les eaux comme une flèche dans les airs, tentant de réduire à néant la flotte ennemie. Le ciel s'était peu à peu assombri, comme présageant les évènements qui allaient suivre. Tous savaient qu'en mer, le temps pouvait changer d'une minute à l'autre, rendant alors dénouement incertain. Les marins furent ballotés de bâbord à tribord alors que l'embarcation fut prise dans un lit de vent gonflant de plus en plus. Les voiles se tendaient à mesure qu'ils approchaient du navire ennemi. Les vagues montaient, l'écume se leva et le ciel devint noir. Tout croyant aurait vu là l'oeuvre d'un Caraxès grondant, mais Daelarys lui, voyait là surtout l'occasion rêvée pour anéantir la flotte qui se dressait face à eux. Ils avaient le vent dans le dos et ils étaient poussés à toute allure. La fuite semblait impossible, la confrontation serait la finalité ultime. Alors ils attaquèrent et le craquement du bois se mélangea au mugissement des flots. Des cris percèrent le bourdonnement marin, et ce ne fut pas ceux de ghiscaris. Dans un instant d'effroi, le fils Cellaeron fit volte-face et comprit ce qui agita soudainement ses camarades. Un navire Ghiscari avait profité d'une faille et avait fondu sur la trirème valyrienne. Son heure était peut-être arrivée ? Les cheveux plaqués sur sa peau mouillée, il tenta d'aider les autres marins à redresser la barre. Il avait le coeur au bord des lèvres. Non pas à cause du mouvement des vagues, mais à cause de l'angoisse soudaine qui l'étreignit comme une mère étreignait son enfant. Il eu peur de ce qui l'attendait. Il parvinrent à reprendre le contrôle du navire, mais le sens du vent changea et le poussa contre un récif. La trirème chavira.

Puis, plus rien. Daelarys ouvrit les yeux, et seul un rayon de lumière sembla se faufiler à travers les planches et les vagues. Il flottait parmi les débris du navire et les corps de ses camarades, se faisant happer dans les profondeurs. L'eau salée s'infiltra alors par le nez. Il était en train de se noyer, lentement mais surement. Alors c'était ça, la mort qui lui avait été réservée ? Une mort lente et douloureuse. Il ferma les yeux, acceptant la fatalité. Finalement, cela lui convenait. Il mourrait en mer, pour la gloire et l'honneur de sa patrie, l'océan l'accueillait en son sein et il se laissa partir.

Pourtant, il se réveilla en sursaut pris par une toux infernale. L'eau salée s'évacua de ses poumons dans la douleur. Autour de lui, d'autres marins blessés et des couchages sommaires. Il devait se trouver dans une tente spécialement aménagée après la bataille pour s'occuper des infirmes de guerre. Instinctivement, il porta les mains à son visage. Il grimaça. Sans doute était-il tuméfié. On fit appeler des esclaves et des mages spécialistes des soins. Par un miracle improbable, le Nadresyon avait survécu. Il y eut plusieurs versions quant à sa survie : un marin aurait réussi à le repêcher et à le hisser sur une autre trirème, ou bien le courant l'avait-il fait échouer sur les berges de l'île-forteresse, ou encore était-ce une bénédiction de Caraxès, personne ne savait vraiment justifier sa survie. Daelarys accepta la première version, sans doute bien plus crédible que le reste. On lui annonça la victoire valyrienne lors de la bataille qui avait failli lui coûter la vie et eut un soupir de soulagement. La perte de ses compagnons de mer n'aura pas été veine. Le bâtard Cellaeron avait failli y rester, et toute personne un temps soit peu saine d'esprit aurait assimilé la leçon et se serait retiré des flots. Pourtant, quelque chose s'était produit dans ses tripes. Il s'était uni à l'océan, d'une certaine manière. Il avait goûté à la mort en son sein, avait vécu tout un panel d'émotions en sa compagnie. Il était lié à la mer et aussitôt remis sur pieds, il reprit du service, comme appelé par les flots.

C'est bon, c'est fait. Te voici validée. Bravo ! Ce petit picotement que tu ressens est celui du début d'une aventure où tu rencontreras des personnages et des créatures incroyables. Te sens-tu prête à nous rejoindre ? On espère que oui car le grand moment est arrivé !

Ton personnage Daelarys Nadresyon, va désormais rejoindre l'Armée de notre belle Valyria pour devenir l'une de ses membres les plus illustres, espérons-le !