Les Rhoynars et les Valyriens sont deux peuples que tout, ou presque, oppose. Les premiers vénèrent des animaux et un fleuve, tandis que les seconds prient quatorze dieux aux formes diverses et font du feu leur élément divin. Valyria pratique l’esclavage et une forme stricte de hiérarchie sociale tandis que les habitants des rives de la Rhoyne prônent l’égalité entre tous, sans distinction de genre ou d’origine. Pourtant, certaines choses les rapprochent malgré eux. Les deux peuples sont d’éminents commerçants et, le cas échéant, de redoutés combattants. Les Rhoynars sont passionnés par la magie valyrienne et ce qu’ils ont su en faire tandis que les Valyriens s’extasient de la délicatesse des arts rhoynars en théâtre, musique, peinture et architecture. Les deux peuples se sont rencontrés bien des siècles auparavant, échangeant rapidement de nombreux biens, voyant les premiers mariages et enfants métis apparaître dans les zones frontalières, les valeurs et les idées traversant les frontières.
Bien des siècles plus tard, on retrouve de nombreuses variations des cultures jadis monolithiques. L’entièreté du Nord de Valyria a adhéré à des valeurs bien différentes de celles de la capitale, s’autorisant de nombreux mariages en dehors de la lignée consanguine traditionnelle et mettant l’accent sur le commerce et les échanges. Quant aux cités rhoynares les plus proches, elles ont, elles aussi, adopté certaines coutumes valyriennes. On y croise quelques rares familles consanguines, sans résultat très probant, mais on y voit aussi une culture plus sanguine qu’en amont du fleuve. Ainsi, Sar Mel et Sarhoy se sont retrouvées à édifier des arènes où des gladiateurs s’affrontent pour le plaisir des citoyens et des marchands. On y croise aussi une distinction plus marquée qu’ailleurs entre les élites et différentes professions que le reste de la population. Et surtout, le régime politique y est différent, mettant malgré tout l’accent sur une forme de représentation du peuple, alors que la plupart des princes rhoynars règnent en souverains éclairés, certes, mais absolus.
Votre ambassade s’est dans un premier temps rassemblée à Valryia, afin de recevoir conseils et demandes de la part de la faction bleue. Puis, vous avez mis le cap vers Volantis selon les moyens qui vous sont propres. Arrivés à la petite colonie fortifiée, vous avez, peut-être pour la première fois, pu poser l’œil sur cet immense fleuve qu’est la Rhoyne. Vaste, placide, aux berges recouvertes de cultures en tout genre, c’est un cours d’eau bien différent du Zamettar, sur le lointain continent de Sothoryos. Ici, de nombreux navires à fond plat descendent paisiblement les flots pour débarquer à Sarhoy, cité-état rhoynare à l’embouchure du fleuve, ou à Volantis. De ces deux cités, des marchands aux navires plus grands, aux flancs arrondis et aux grandes voiles, chargent ces marchandises qu’ils acheminent ensuite vers les grands ports valyriens, ghiscaris et parfois encore plus lointains encore. Volantis, d’ailleurs, se développe vite et gagne de nombreux habitants chaque année. Pourtant, ce n’est là que le début de votre voyage. À partir de l’ultime colonie valyrienne, vous allez désormais remonter le fleuve en navire.
Vous embarquez le lendemain de votre arrivée à Volantis sur une splendide galère décorée avec goût et représentant tout ce que l’artisanat naval valyrien sait faire de mieux. Le navire a été bâti pour être un outil de représentation et n’en est pas à son premier voyage sur la Rhoyne mais il fait toujours autant sensation. Une grande figure de proue en bois enchanté représente un dragon à l’air féroce, un feu éternel brillant entre ses crocs d’ivoire. Dotée de vives couleurs or et rouge, la galère glisse rapidement contre le courant de la Rhoyne, faisant figurer les armes du Sénat de la République sur sa voile et son pavillon. Les marins sont libres mais les rameurs sont des esclaves, principalement des soldats ghiscaris capturés lors de la dernière guerre. En représentation officielle, Valyria n’entend pas renier son usage des esclaves, même pour apaiser les Rhoynars.
Il vous faut près d’une semaine de navigation au rythme du fleuve et de son courant avant d’apercevoir pour de bon Chroyane. Entre temps, vous avez traversé la fière cité de Sar Mel et son Palais des Ondes Vertes, berceau de la fameuse Myssaria Oyan Cellaeron, et quantité d’autres petites villes fluviales dépendant d’un prince ou d’un autre. Mais Chroyane, sise à la confluence de la Rhoyne et de la rivière Lhorulu, est un joyau du vieux continent d’Essos. Le colossal Palais de l’Amour et son dôme immense sont visibles bien avant que vous ne puissiez déterminer les détails de la cité. Couvert d’arcs, de flèches et d’autres fantaisies architecturales, construit dans une pierre blanche éclatante et au toit couvert de tuiles d’argile rouge, il est le siège du pouvoir du prince de Chroyane : Doran IV le Grâcieux. Un immense pont, haut d’une douzaine de mètres, est en cours de construction depuis la rive occidentale. À terme, il semble qu’il reliera les plaines céréalières au reste de la cité, installée à la pointe de la convergence des deux cours d’eau. Pourtant, à mesure que vous approchez, Chroyane vous fait l’effet d’un lieu unique. Si l’énorme palais écrase le reste de la ville et, par sa taille, est forcément construit sur la terre ferme, vous comprenez vite que la cité a dépassé la rive et se trouve bâtie en partie sur l’eau, ou tout du moins sur des hauts fonds. Des embarcations de tout genre circulent entre les grands bâtiments dotés de quais et d’embarcadères, un véritable marché flottant comptant des centaines d’embarcations toutes liées entre elles semble dériver avec tranquillité. Vous apercevez des radeaux où un homme et une chèvre ont du mal à cohabiter, des chaloupes plus modernes transportant jusqu’à quinze personnes, des bacs pour rallier l’une ou l’autre rive, des navires de commerce bien plus gros et tant de coquilles de noix uniques qu’il faudrait des années pour toutes les répertorier. Et tout autour de vous, la cité s'étend sur les deux rives, ainsi que sur celles de la confluence. Il s'agit de la plus grande cité de la Rhoyne et elle compte des dizaines de milliers d'habitants.
Rapidement, au fur et à mesure que vous approchez, d’élégants esquifs tout en longueur et aux couleurs cuivrées vous rejoignent et vous escortent. Ce sont là les navires de patrouille du Prince qui ont pour mission de vous amener jusqu’au Palais. Votre petite flottille approche donc à vive allure de la cité, les navires princiers ouvrant la route. Lorsque votre navire arrive à proximité d’un quai de pierre et de marbre, empli de dignitaires et de bannières colorées, vous comprenez qu’il s’agit, enfin, du terme du voyage. Les rames sont rentrées et les voiles affalées, votre galère finit son mouvement et s’immobilise devant le quai, avant d’être amarrée par des mains expertes et qu’on vous propose de descendre.
Au vu de son statut de Grande Prêtresse de Tyraxes, Maerys Qohraenos est l’interlocutrice privilégiée des autorités. Cela a fait jaser car alors que les dignitaires religieux avaient proclamé une forme de neutralité dans le conflit interne valyrien, la prise de position du temple de Tyraxes en faveur des Bleus pourrait bien avoir ouvert la boîte de Pandore. Au moment de votre départ de Valyria, il se murmurait que le Grand Prêtre d’Arrax avait eu une audience à Tour Vaekar. Votre ambassade compte également sur la présence érudite d’Aeranys Belkaerion et de Vaenyra Menaleos. Deux représentantes du Collège des Mages : voilà un choix audacieux pour les Bleus. La teneur de votre ambassade en ressort puissante : Valyria n’est pas faite que de diplomates et de nobles arrogants. Elle est aussi érudite et maîtrise des savoirs enviés de tous, donnés à son peuple par la grâce des quatorze dieux. Aeranys représente une famille certes modeste mais qui a bâti sa prospérité sur le commerce des biens agricoles essentiels, en particulier les fruits et légumes. D’aucuns appellent les Belkaerion les maraîchers glorifiés. Ils en oublient la pureté de leur sang, incontestée depuis plus d’un demi-millénaire. Et enfin, pour compléter cette ambassade vient une fille de Volantis. Les Menaleos ont un lien particulier avec ce fleuve que vous remontez lentement. La branche principale de cette famille s’est établie dans cette colonie où elle fait partie des plus grandes familles de l’élite locale alors qu’elle y représente également les intérêts de l’armée. Votre équipée représente donc la plupart des facettes qui font la gloire de Valyria et vous avez toutes votre expertise. Vous êtes accueillis par un visage plus ou moins familier, mais pas inconnu : l’ambassadeur de Chroyane à Valyria Garin Rosayan a fait le déplacement pour vous introduire auprès de son frère le prince régnant. Fasciné par la culture valyrienne, il représente un allié de poids dans cette future discussion. Tout comme votre choix de n'envoyer que des femmes car, pour les Rhoynars, celles-ci sont les égales des hommes et n'ont rien à leur envier. Ce n'est pas ce que diraient les vieilles familles valyriennes, mais fort heureusement vous n'en représentez aucune.
« Bienvenue à vous, émissaires de la République. Soyez remerciés par la Rivière Mère de votre venue en terre rhoynare et dans le domaine du prince Doran le Grâcieux. »
Le ton pompeux mais chaleureux est un indicateur clair de la confiance de Garin en la réussite de votre mission, mais également en la force de sa civilisation. Il ne se trouve pas au milieu des volcans où son domaine se résume à une ambassade. Il est ici chez lui, il aurait pu régner sur tout cela, il le pourrait encore, techniquement. Après des salutations d’usage, il vous amène vers la salle du trône, où vous attend son frère pour vous rencontrer officiellement. Sur le chemin, vous découvrez la richesse du souverain de Chroyane et l’impressionnante habileté de ses artisans. Des galeries emplies d’œuvres d’arts, des jardins où cohabitent des espèces exotiques dans une harmonie parfaite, des bassins, des fontaines, des cascades artificielles semblant jaillir des murs : tout cela est inédits pour vous. Valyria est capable de créer à peu près tout ce que vous voyez, mais les Rhoynars maîtrisent tout cela à la perfection ; ils ont atteint la quintessence de tous les arts. La délicatesse de leur travail rendrait l’art valyrien primaire. Vous finissez à arriver dans la salle du trône, immense, forcément. Les Rhoynars n’ont pas fait les choses à moitié pour le Palais de l’Amour.
Tout de marbre construit, il repose sur d’immenses colonnes largement espacées. On pourrait faire tenir dans cet espace deux Anciens de Valyria sans aucun problème. La pièce est ouverte aux quatre vents par de nombreux étages d’arches qui donne d’un côté sur un grand jardin et de l’autre sur la ville et, plus loin, le fleuve. Le long des colonnes monumentales et, vous le voyez désormais, sculptées avec finesse pour raconter la longue histoire rhoynare, de larges bassins parcourent la pièce dans sa longueur, ponctués de nénuphars en fleur. La cour princière est là, discutant en petits groupes disséminés çà et là. Vous apercevez même une tortue géante, profitant du soleil qui jaillit par l’une des arches. Le trône, sur lequel vous attend le prince, est un ouvrage qui apparaît étonnamment simple. Fait d’une pierre blanche qui semble presque poreuse, vous distinguez quelques vagues résidus de pigments colorés. Il s’agit sans doute d’un objet très ancien, sans doute inconfortable, mais auquel les Rhoynars doivent accorder une grande importance. Doran IV est plus âgé que son frère Garin. Il porte une fine barbe en pointe piquée de gris, et son attitude est bien moins ouverte. Il a des petits yeux méfiants et un gabarit très fin, ce n’est pas un guerrier, ni un gros mangeur. Sur sa tête se trouve un fin bandeau d’or rose, piqué de perles, mettant en valeur un diamant gros comme un œuf. Il porte une tenue chatoyante aux reflets orange, jaune, rouge.
Doran IV Rosayan, prince de Chroyane et de la Rhoyne
Il s’adresse à vous d’une voix calme, respectueuse. Il sait que, tout puissant prince qu’il soit, Valyria contrôle une puissance incommensurable dans le monde. S’il est méfiant, il n’en montre rien. Vous notez que, parmi les individus qui se trouvent autour de lui, deux d’entre eux apparaissent clairement comme étrangers. L’une porte des vêtements élaborés qui s’adaptent au style local tout en rappelant sans aucun doute possible les traditions vestimentaires de Sarnor. L’autre, teint olivâtre, aux yeux cerclés de khôl, une barbichette compacte et ornementée d’anneaux d’or, vous dévisage froidement : nul doute qu’il s’agit là de l’ambassadeur de l’Empereur de Ghis. Non loin d’eux, un troisième personnage apparaît typiquement Valyrien ; nul doute qu’il s’agit là de l’ambassadeur du Sénat auprès du prince : Maelor Cellaeron, l’un des lointains et distants cousins de la Lumière de Sagesse.
« Mes Dames. Soyez les bienvenus dans ma cité et mon domaine. J’espère que votre voyage fut agréable sur notre Rivière Mère. On nous annonçait votre venue depuis longtemps, je suis heureux de pouvoir enfin discuter avec les envoyés du Dragon. Dites-moi, qui dirige votre représentation et qui représentez-vous ici aujourd’hui ? J’ai cru comprendre que la situation à Valyria était changeante. »
Vous pouvez jeter un regard noir à Maelor Cellaeron, celui-ci n’est pas votre allié officiel. Il porte le soutien des Rouges dans Chroyane, s’alignant sur le chef de sa famille. Bien qu’il ait pris son indépendance depuis longtemps, il n’y a guère d’intérêt à se fâcher avec Baelor. Aussi, vous devinez qu’il a dû raconter au Prince une certaine vision de l’histoire du conflit souterrain qui déchire Valyria depuis la mort de Lucerys Arlaeron.
- HRP:
Et zé barti pour une nouvelle quête
Votre objectif est de convaincre le prince de s'allier à Valyria (de manière défensive ou même totale) ou de garder sa neutralité. Un échec serait considéré s'il s'allie à la place à Ghis.
Vous avez une grande liberté d'action pour ce premier tour. Je vous laisse réfléchir à tout ce qui est correct et attendu lors d'une telle réception
Ce premier tour a lieu pour introduire la dynamique, on passe ensuite aux choses sérieuses