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dans le chaos naît l'ordre ft les Bleus
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Daera Melgaris
Daera Melgaris
La Lumière du Peuple

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Daera avait soigneusement préparé ce coup d'éclat, soigneusement posé le pour et le contre pour sa faction alors que les Rouges continuaient tranquillement à décider seuls de l'avenir du pays et à la tenir sous sa coupe. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours cru en la démocratie ; à l'idée plus qu'à l'application sur le continent puisqu'illusoire ici-bas. Elle avait toujours cru en l'idée d'un peuple pouvant s'exprimer par le vote, l'idée était séduisante ; de voir un monde sans hégémonie d'un autre groupe et une démocratie parfaite. L'idée était cependant utopique, chaque système est imparfait, le métier d'un politicien est celui de faire qu'il se rapproche de la perfection même si beaucoup ont perdu cet état d'esprit pour ne voir que le profit et le pouvoir qu'ils pouvaient accumuler en un mandat. Daera releva la tête en s'observant dans le miroir en face d'elle ; elle avait revêtu une robe plissée blanche qu'elle avait surmonté d'un long châle de la couleur de sa faction, d'un bleu profond et lumineux. Elle était habillée modestement pour être proche du peuple qu'elle défendait depuis son entrée au Sénat. Elle se détourna de sa vision pour aller vers la porte, hésitant un moment avant de la pousser, mais cela devait être fait. Elle devait le faire pour Valyria et son peuple, pour ses institutions.

Elle se mit alors en marche, à pied vers le quartier Est, le quartier qui l'avait vue grandir pour devenir celle qu'elle était aujourd'hui. Ce voyage était toujours un bon moyen de se rappeler des inégalités dans Valyria alors que les paysages changeaient radicalement d'un quartier à l'autre, alors que la misère prenait place de plus en plus en se rapprochant de ce quartier. Une fois arrivée en ces abords, les regards vers elle étaient plus nombreux, les chuchotements aussi. Si elle n'était pas très populaire dans les quartiers des plus riches, ici, on la connaissait, ici on l'avait vu naître en tant que sénatrice. À chaque pas vers le Grand Bazar, l'endroit le plus peuplé du quartier Est, elle entendait de plus en plus de murmures 'C'est la sénatrice Melgaris', c'est Daera !' et cela la mit plus en confiance quant à la suite des événements. Elle fit le tour du bazar, ses mains s'attardant sur les étables, quelques marchands la reconnaissant lui faisant un léger sourire, certains reconnaissaient en elle la petite gamine de six ans slalomant dans les rues du Bazar en quête de nourriture. Elle avança alors vers une estrade du marché, la foule se dispersant à son passage. C'était un vieux mécanisme pour elle, une chanson qu'elle avait apprise depuis longtemps. Une fois sur l'estrade, la foule s'empacta devant elle, une marée humaine, des visages parfois désespéré et d'autres plein d'espoir. Elle espérait représenter cela pour tous ces gens, de l'espoir.

« Mes frères et sœurs, il y a dix ans j’ai fait mon premier discours ici.» Dit elle en arpentant l'estrade de gauche à droite pour captiver l'audience « J’étais la fille d’une putain et la sœur de la misère. Une misère que seuls les gens comme nous connaissons. Je suis venue ici-bas et personne n’a cru en moi, les nobles et les dragonniers me riaient au nez. Savez-vous ce qui m’a fait grandir ? Savez-vous qui m’a donné le pouvoir que j’ai aujourd’hui ?» Elle fit une pause pour plus d'effet « Vous. Vous qui êtes des gens que l’on ignore, vous qui êtes des inconnus qu’ils croisent au détour d’une rue quand ils se trompent de chemin, vous qu’ils bafouent dans le lieu où ils sont censés vous représenter, vous qu’ils ignorent constamment pour mener des guerres où vous perdez vos enfants et votre argent. Lucerys Arlaeron est mort, je regrette sa disparition mais en quoi sa mort est-elle plus importante que celle de votre oncle mort de faim ? Que celle de votre mère, morte en couches par manque de soins ?» Elle s'arrêta un moment pour regarder tous les membres de l'audience « Son assassinat constitue un crime et les membres du complot devront payer de celui-ci mais font-ils un tel tapage quand ici-bas, des frères et des fils sont tués ? Font-ils preuve d’autant d’hardiesse et de démonstration de tristesse quand c’est votre famille qu’on tue dans les rues sordides de Valyria ? Non. Est-ce qu’ils bafouent les lois de la République en votre nom ? Non, ils le font pour leur intérêt, pour vous étouffer alors qu’ils prennent le pouvoir lentement et bientôt la république tombera. Elle tombera aux mains de ceux qui clameront que l’ordre et l’armée sont au-dessus de vos voix, au-dessus de la démocratie.» Elle descendit de l'estrade pour se mêler à la foule, sa voix toujours aussi forte et puissante qu'au début de son discours « Si je viens ici c’est pour vous montrer que votre voix compte car vous m’avez fait sénatrice, je vous demande de faire de moi non pas un dragonnier mais votre porte-parole et je vous demande de rugir à mes côtés dans une marche vers le Sénat pour le montrer, montrer que votre voix compte autant que celles qui se prétendent plus purs que vous, que ceux qui prétendent vous défendre alors qu'ils ne font que vous trahir à répétition. Je vous demande de marcher contre couvre-feu injuste qui vous empêche de voir vos proches le soir, arrête vos commerces mais qui surtout vous étouffe alors qu'eux peuvent respirer librement dans leurs palais dorés sans craindre de ne pas voir leurs amis ou la faillite.»

Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Dans le Chaos naît l'OrdreLa langue de feu brûlera les impies

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Le soleil brillait d'un morne enthousiasme et  les visages goûtaient l'amerturme d'une vie sous le joug de l'épée. Alors que le sabre de Ghish était tourné vers leur coeur quelques années auparavant, c'était de la dague de leurs propres frères dont devaient se défier désormais . C'était le coeur lourd que Vaenyra déambulait dans le grand bazar de Valyria. L'oeil innocent ne pouvait se rendre compte du changement dans le comportement. Pour celle qui avait étudier au plus près les esprits et surtout avait été élevée dans des villes martiales elle pouvait ressentir la différence. Valyria la Magnifique, la grandiose n'était plus qu'un vulgaire camp militant gardantueste. Une aberration où les lavandières et les putains n'étaient que d'humbles citoyens, où les riches commerçants étaient parqués comme le bétail du train et où les libertés se résumaient à celle des édits des Légats.

La Mage était vêtue d'une simple toge marron, rien en elle ne laissait deviner une membre du Collège. Seuls les porteurs qui la suivaient de près montrait son aisance financière. Elle était pourtant loin d'être la seule dans ce cas là. Mais où de riches étoffes emplissaient les fontes de ces dames,  les tablettes d'argile vierges, des plantes et surtout quelques poudres étaient les emplettes de Vaenyra. Son regard s'attardait pourtant avec de plus en plus d'insistance sur les rouleaux de soie de mille couleurs et les pots de céruse et autres cosmétiques. Sa main finit par s'égarer sur l'un d'elle et Vaenyra s'arrêta. Elle pouvait senir la tension malgré l'affabilité du marchand. Les stocks se réduisaient, les clients se raréfiaient. Non pas que l'armée empêchait le commerce mais personne ne savait comment la situation pouvait évoluer. Vaenyra maudit silencieusement les auteurs de cet assasinat immonde et pria que le Dieu des Mers puissent les prendre dans son infâme demeure océane pour les y noyer.

C'est la Sénatrice, c'est notre Dame ! Elle va parler !

Vaenyra tourna la tête, alertée par la rumeur qui parcourait la foule. Cette dernière se dirigeait droit vers le coeur du bazard. Une politicienne allait s'adresser au peuple en pleine journée. La Mage se devait de voir ça. Elle avait déjà son idée sur l'identité de la maître d'oeuvre de de ce discours. Jetant un coup d'oeil à la soie qui caressait encore ses doigts et l'emplissait de désir, elle soupira. Ainsi donc cette séance d'achats prenait fin. Rabattant un fin voile, blanc celui ci, sur ses cheveux ardents, elle s'adressa à ses porteurs.

Rapportez donc cela au Collège, faites en sorte que tout soit bien étiquetté.

Sans attendre une réponse de leur part, Vae s'enfonça dans la foule, seule.  Elle ne falut guère de temps pour trouver l'oeil du cyclone et un sourire éclatant naquit sur ses lèvres à la vue de son amie. Evidemment, Daera était l'intisgatrice de cette prise de parole. Aucune Sénatrice n'était plus légitime qu'elle pour ainsi s'adressser au peuple sur le Bazard qui l'avait vu grandir. Les paroles de son amie donnèrent raison aux pensées de Vaenyra. Le coeur de cette dernière enflait d'un patriotiste exacerbéré, d'une envie profonde de prendre son amie dans les bras et lever ensemble leur poing vers le ciel. Rejetant cette idée, elle se contente de suivre les acclamations du peuple, laissant échapper quelques cris bien peu dignes d'une Sang Pure.

Oui ! Ecoutez Daera, écoutez la véritable Dame du Peuple ! Vaenyra s'avança au devant de la foule et laissa tomber son voile, découvrant sa cheveux ardente, éloignée des stéréotypes du Collège. Je suis Vaenyra Menaleos, Mage du Cinquième Cercle et j'approuve les paroles de mon amie et les choix du peuple !

Vaenyra leva les yeux vers son amie et son sourire découvrit ses dents d'une joie féroce. Elle ne parlait pas au nom du Collège, mais il suffisait du simple accord tacite de Daera pour qu'elle continue dans la foulée à moins que la Sénatrice n'ait d'autres plans.



Aeranys Belkaerion
Aeranys Belkaerion
Mage

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

          Aeranys observait ses notes, le fruit de plusieurs années de travaux et d’expérience. Elle en était arrivée à la conclusion que si elle espérait un jour créer un familier dédié au combat, un Golem qui pourrait, dans son espoir personnel, remplacer nombre de Valyrian sur le champ de bataille, elle devait certainement passer par la création et la maîtrise d’un automate de bois pour commencer humblement ses travaux. Elle ignorait si la voie qu’elle empruntait, était la bonne, mais pour éviter qu’un Valyrian ait à perdre à un père comme il en fut le cas pour elle, elle était prête à pousser ses recherches quitte à s’aliéner ceux qui ne comprenaient guère ses motivations. Et quelque part, il était certainement vrai qu’Aeranys était le genre de personne qui aurait volontiers fait usage des morts pour accomplir ses projets, si cela n’était pas considéré hérétique et blasphématoire. Elle ne pouvait pas prendre le risque d’agir stupidement et se faire bannir du collège, du moins pas encore, pas avec son niveau de connaissance actuelle… Aussi, le choix de se concentrer sur la création d’un automate de combat lui semblait être la voie la plus sûre à suivre.  
          Et si elle avait trouvé et inventé la combinaison idéale pouvant potentiellement animer ce qui ne pouvait l’être, il lui fallait encore trouver l’artisan capable de lui donner cette marionnette qu’elle était bien incapable de concevoir elle-même. C’était la raison pour laquelle elle se trouvait ici, dans le grand Bazar. Il y avait toujours ici quelques génies oublies, parfois ignoré à cause de leur condition de vie, condamné à voir leur talent disparaître à travers la crasse de ces rues sans avenir pour eux. Aeranys se demandait quel genre de joyau brut, elle allait découvrir et avoir la chance de façonner. Marchant à travers divers stands, capuchon sur la tête, elle n’avait pas immédiatement remarqué l’agitation qui avait lieu plus loin et qui rassemblait quelques esprits intrigués. Ne réalisant pas qu’elle était passé devant Miss Menaleos qui semblait avoir une aversion pour sa personne, sans qu’elle n’en comprenne la raison et quelque part, Aeranys n’en était que peu affectée. Le contacte humaine, les relations sociaux, n’ont jamais évoqué en elle un quelconque intérêt.

             Si dans le cadre de ses études et de son apprentissage, elle faisait l’effort de taire ses propres répulsions envers les autres, c’était seulement pour son propre bien. Le fait de considérer son entourage comme un moyen d’atteindre ses objectifs, l’aidait à outrepasser ses propres contraintes. Elle ne se considérait pas pour autant comme une vile manipulatrice, mais davantage comme une âme solitaire qui acceptait ce que les autres avaient à lui offrir tant que ces derniers continuaient à lui tendre la main. Elle n’avait pas l’ingratitude ou l’arrogance de penser qu’elle montait les marches du savoir sans l’aide de personne. Cependant, son entourage était pour elle, sans doute, rien de plus que des outils qu’elle était prête à jeter si elle considérait que ces derniers bloquaient sa progression. Et pas seulement… Si son projet en lui-même, mène nulle part, elle chercherait à satisfaire son besoin vers une autre science. Elle n’était pas volatile pour autant, mais simplement pragmatique dans ce qu'elle entreprenait.
            La Valyrian s’était approchée du rassemblement, en premier lieu, elle n’était pas certaine d’avoir reconnu la personne à l’origine du discours. Toutefois, après un temps, elle était persuadée qu’elle avait déjà aperçu ce visage aux côtés de son Oncle, chef de la famille Belkaerion qui était aussi un Sénateur. Aeranys l’écouta silencieusement parmi la foule où elle préféra rester tapie. Que cherchait-elle à faire exactement ? C’était la question qui grandissait dans le cœur de la Belkaerion. Une action contre la faction rouge ? Son oncle ne l’avait point prévenue d’une telle entreprise, où alors ne l’avait-elle guère écouté quand il en parlait ? Ce qui était peu probable. Était-ce donc une initiative soudaine de cette femme ou quelque chose de connu, mais prise par ses travaux, Aeranys n’en avait pas encore été informée ? Comment réagir sans l’approbation de son oncle ? Devait-elle prendre parti et donner de sa voix ou patienter afin de voir comment pouvait évoluer la situation ?

            Enfin, une voix familière se manifeste, celle de Menaleos… Le collège, était-il dans le coup ? Ou agissait-elle aussi sans un consentement au préalable ? Cela dit, elle ne semblait aucunement craindre l’idée d’utiliser l’image du Collège pour séduire la foule, devait-elle la rejoindre et la soutenir ? Mais quels étaient les risques ? Car autant la Belkaerion respectait le choix que faisait la sénatrice de donner de la voix aux gens du peuple, autant elle craignait une forme de révolte si ces derniers venaient à être une énième fois ignorés par les nobles. Aeranys ne pouvait se permettre d’être associée à une révolte, sauf si c’était ce que voulait son oncle. Elle faisait techniquement partie de la faction bleue qui se battait pour une cause juste, elle songeait que c’était peut-être une erreur que d’hésiter maintenant. Son conflit interne, la force au silence un temps avant de finalement se décider. Sortir de la foule et rejoindre son aînée académique et la sénatrice. « Aeranys Belkaerion, Mage de troisième cercle et nièce de Daemor Belkaerion, sénateur qui se bat pour que le peuple puisse avoir des ressources en soins et en nourritures. Ceux qui veulent défendre les valeurs de la république, ne devraient guère avoir à craindre de dénoncer les actions qui leur semblent injustes, principalement en ses heures sombres. C’est donc une occasion qui vous est offerte en soutenant comme je la soutiens, l’initiative de la sénatrice Melgaris. »

Aemond Qohraenos
Aemond Qohraenos
Mage

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Dans le chaos naît l'ordreft. les bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Rare étaient les fois où Aemond profitait du soleil qui baignait les rues de Valyria, tout particulièrement les rues du Quadrant Est. En général, lorsqu'il sortait de la tanière qu’était devenu le Collège pour lui, il se contentait de rester dans ce même quartier aux larges rues pavées et aux resplendissantes statues peintes qui ornaient les tours de la noblesse valyrienne. Dans le flot de mages qui pouvait y errer, il y passait souvent inaperçu, une silhouette parmi une centaine de silhouettes. Pourtant, il ne fallait pas croire qu’il s’y sentait totalement à l’aise. Le Quadrant Ouest de la capitale avait cette aura imposante et indescriptible, qu’il lui a pris du temps à encaisser pour le peu de temps qu’il avait finalement passé dans ces rues, puisque cela fait seulement trois ans qu’il a été autorisé à l’explorer, à la suite de son passage au Troisième Cercle.

Les seules occasions où il était sorti du Quadrant Ouest, c’était pour voir sa grand-mère au temple de Tyraxès. Il était alors encore moins familier avec le Quadrant Est, qui était le total opposé de celui où se trouve le collège.  Ici, être invisible était bien plus que la norme, c’était le mode prédominant de vie. Les classes les plus populaires de Valyria se camouflaient sous des tissus, et leurs voix se mélangeaient les unes aux autres dans une inspirante cacophonie d’êtres, alors que les dalles contenues étroitement dans les ruelles sous ses pieds s’humidifaient de divers liquides, que ce soit du vin, de l’eau, de l’urine. Il s’avérait qu’il devait se frayer un chemin vers le Grand Bazar, dont les couleurs chamarrées rendaient l’atmosphère du point du peuple moins pestilentielle. Cependant, le tintamarre des marchands et de leurs clients ne faisait que se démultiplier dans cette place bondée de monde. Cette fois-ci, remarqua-t-il, la place semblait presque encore plus bondée que d’habitude.

Le bruit lui aurait été insupportable s’il ne devait pas faire front pour les nécessités dont il avait besoin. Ces nécessités, c’était des substances diverses et variées qui lui fallait pour ses devoirs d’alchimie. Certains se révélaient moins importantes que d'autres, pour être tout à fait honnête : il voulait approfondir ses recherches et ses expériences de son côté. En tant que discipline qui fonctionne pratiquement main dans la main avec la guérison, il appréciait tout particulièrement lire sur le sujet, non pas pour un goût malsain pour les poisons, mais plutôt pour découvrir de nouvelles recettes de baumes et de potions curatives. Selon lui, certes la discipline de la guérison reposait sur le surnaturel propre au mage, mais ça serait une erreur d’ignorer l’art de l’alchimie, moins magique et plus scientifique, pour autant.

Un calme soudain le fit sortir de ses considérations, et de la liste des courses qui s’était faite, alors qu’il se faufilait pour trouver les étals qu’il recherchait. Vu que le silence est contraire à l’ordre des choses sur le Grand Bazar, il entendit une voix prendre la parole, et, plus de manière plus surprenante, captiver l’audience :

“...Je suis venue ici-bas et personne n’a cru en moi, les nobles et les dragonniers me riaient au nez. Savez-vous ce qui m’a fait grandir ? Savez-vous qui m’a donné le pouvoir que j’ai aujourd’hui ? Vous. Vous qui êtes des gens que l’on ignore, vous qui êtes des inconnus qu’ils croisent au détour d’une rue quand ils se trompent de chemin…”

S’il n’avait pas entendu le titre de Sénatrice, et le nom de Daera Melgaris, peut-être n’aurait-il pas autant porté attention qu’il l’a fait. Lui qui se sentait à part du monde politique, à part des nobles, à part des mendiants, à part des soldats, presque à part des mages, il s’était reconnu dans les paroles de cette dame du peuple. En se rangeant au fond de la foule au centre du bazar, il se rendit compte à tel point ses vêtements de mage sortaient du lot parmi ces artisans et ces ouvriers aux tissus rongés par les vers, mais les regards attentifs qu’ils portaient témoignaient du même espoir que lui : l’espoir de la reconnaissance, attaché si solidement au ras-le-bol d’être oublié par ces seigneurs-dragons qui les toisent depuis le ciel, depuis leur tour.

Mais ce qui fit bouillir son sang d’une excitation toute nouvelle, c’était de bien mieux reconnaître celles qui prirent la parole à la suite de la sénatrice : une mage du Cinquième Cercle qui l’a aidé à plusieurs reprises, Vaenyra Menaleos, et une de ses camarades du Troisième Cercle, Aeranys Belkaerion ! Les voir soutenir la sénatrice avec tant d’enthousiasme, tant de ardeur l’exalta encore davantage. Cela ne signifiait qu’une chose : enfin, les mages pouvaient se permettre de sortir du silence qui étouffait le Collège en son for intérieur. Dans cette effervescence, il se fraya un chemin parmi les foule pour se diriger vers ses camarades :

“Oui ! Ecoutez mes collègues ! Je suis Aemond Qohraenos, du Troisième Cercle, et moi aussi, je me tiens à vos côtés, aux côtés du peuple !”

Le doute le fit finir sa phrase précipitamment. Il n’avait pas l’habitude de prendre la parole face à autant de monde, surtout devant un auditoire composé d’inconnus. Peut-être en avait-il dit trop, ou pas assez ? Le Collège allait-il le punir pour cela ? Et qu’en penserait sa famille, sa grand-mère ? En une exhalaison, toutes ces inquiétudes se turent dans son esprit, et il sourit largement aux côtés de ses collègues.

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Dans le chaos, naît l'ordre !feat la Faction Bleue

4ème Mois de l'Année 1067, Quadrant Sud, Caserne de la Ière Armée !

Une journée comme une autre dans la Capitale. Vagar avait fait le tour des casernes de la Ière Armée pour inspection et avait noté les défaillances et les récompenses. Malheureusement, il ne pouvait pas se rendre aux endroits alloués à la IVème. Vu que l’État-major avait dépêché une deuxième armée pour sécuriser la capitale, il avait fallu faire de la place à ces hommes. La question de la sécurité et de qui ferait quoi à quel moment avait valu plusieurs réunions parfois houleuses entre les différents gradés, mais une solution avait fini par émerger. Il avait été décidé d'une tournante pour s'assurer qu'il n'y ait pas de corruption des soldats dans la ville. Du coup, chaque corps gardait à tour de rôle les différents Quadrants ainsi que les institutions de la Capitale.

Aujourd'hui, Vagar avait décidé de délaisser un peu son travail administratif pour re goûter un peu au terrain. Il supervisait lui-même un entraînement à l'épée et à la lance. Il n'avait pas devant lui des vétérans, mais de nouveaux soldats qui avaient fait leur preuve dans d'autres armées et qui avaient décidé de tenter leur chance dans la Ière. Après un test réussi, ils se trouvaient devant Vagar qui allait étudier lui-même leurs aptitudes. Les instructeurs riaient déjà sous cape parce que l'homme fort guidant leur destiné n'avait pas revêtu son habit d'officier. Il s'était pris un uniforme de Sergent et s'était glissé dans le contingent. Les instructeurs l'avaient fait passer pour un élément prometteur qui était chargé de voir ce qu'il fallait que les nouveaux corrigent.

Cela faisait du bien au Légat de faire ce genre de travail. Cela le sortait de sa routine remplie de rapports et de lettres à rédiger. Il ne se plaignait pas de sa position, c'était son travail et il le ferait avec tout l'esprit consciencieux dont il était capable. Mais il lui arrivait de se dire que le terrain lui manquait. Du coup, il en profitait pour se mêler aux hommes et échanger quelques passes d'armes. Il ne devait pas se reposer sur ses lauriers, il devait constamment entretenir ce que lui avait appris sa tante. D'ailleurs, elle faisait partie des instructeurs présent et s'attendait à ce que les recrues en bavent. Vagar venait de faire tomber son troisième combattant en lui signifiant que le combat était fini quand sa lame vint se poser sur la gorge de sa victime. Là, un Polémarque arriva sur l'aire d'entraînement et interrompit la session. Quand les recrues virent l'officier se mettre au garde-à-vous devant un Sergent, ils se posèrent des questions. Quand ils se rendirent compte qu'ils avaient croisé le fer avec le Légat, ils blanchirent quelque peu et certains étaient fier.

« Qu'est-ce qu'il se passe Polémarque ? »

L'homme regarda les recrues puis son officier supérieur et se racla la gorge avant de dire :

« Une patrouille se trouvant non loin, du Grand Bazar m'a informé qu'il y avait potentiellement des troubles. »

Levant un sourcil interrogateur, Vagar regarda son officier subalterne et lui dit :

« Des troubles, dis-tu et quel genre de troubles ? »

Il se tourna pour voir si les hommes qui lui avaient rapporté ces nouvelles l'avaient suivi et dit :

« Il semblerait que le peuple se rassemble devant le discours tenu par une femme. »

Vagar croisa les bras après avoir rangé son épée dans son fourreau et dit :

« Une femme harangue la foule, c'est ça ? Et le peuple se rassemble ? »

L'officier opina du chef devant les questions de son supérieur.

« Bien et ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

L'officier regarda les deux hommes et fit un signe pour qu'ils s'approchent et racontent eux-mêmes. Ils saluèrent et dirent :

« C'est la Sénatrice Melgaris chef. Elle parle à la foule et semble demander que le peuple l'écoute et se dirige vers le Sénat. »

Vagar se dit que ça ressemblait bien à celle qu'il connaissait. Ainsi, donc, elle avait fini par bouger ses pions. Elle devait certainement en avoir marre du couvre-feu et des restrictions que le peuple vivait alors que les puissants continuaient comme si de rien n'était et que l'armée ne semblait pas avancer le moins du monde dans l'enquête pour déterminer qui avait tué Lucerys Arlaeron. Vagar connaissait Daera, il savait qu'elle faisait entendre sa voix, mais elle savait également qu'elle ne ferait jamais rien de mal. Elle ne risquerait pas la vie de tous ces gens. Elle était en colère, mais n'était pas irréfléchie pour autant. Jusqu'à maintenant, elle ne faisait rien d'interdit.

« Bien Messieurs. Il me semble que le Grand Bazar est, si ma mémoire ne me joue pas des tours, sous la supervision de la IV ème Armée cette semaine, non ? »

Le Polémarque intervint vu que les soldats ne savaient pas trop. Ils se rendaient où on leur demandait de se rendre, c'était tout.

« Oui, c'est bien ça ! »

Tournant les talons, il dit :

« Bien alors avertissez l'État-major de la IV ème, c'est à eux de veiller au grain. »

« Mais il y aurait également des Mages qui se joignent à elle. »

Il fit quelque pas et s'arrêta lorsqu'il entendit cette phrase. Il fut étonné de l'apprendre. Le Collège avait été relativement calme jusqu'à présent. Les instances dirigeantes de ce haut lieu de Magie avait bien fait attention à rester le plus neutre possible.

« Polémarque, une surveillance discrète serait peut-être bien. Nous ne pouvons intervenir, mais si jamais ça s'envenimait, il serait bon que l'on soit tenu au courant le plus vite possible. »

L'officier salua et assura à son supérieur qu'il mettrait des gens en surveillance. Il prit même l'initiative d'en envoyer quelques-uns habillés en civil. Ainsi, si cela s'envenimait, ils auraient pour consignes d'identifier la menace et de prévenir la Ière.


Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
Admin

Dans le chaos, naît l’ordreValyria on the hedge

Quadrant Est - An 1067, mois 4

Le tocsin sonna une première fois sur Valyria en cette belle journée de 1067.

Et puis une deuxième.

Et puis une troisième.

Et il ne s’arrêtait plus. Du haut du campanile élégant qui surplombait la mer de toiles et d’étals qu’était le Grand Bazar de Valyria, quelqu’un avait pris le contrôle du bâtiment et sonnait avec une régularité enthousiaste, signalant à tout le Quadrant l’événement. La foule était de plus en plus dense alors que les figures de proue des Bleus sortaient de l’ombre. Pour l’instant, seuls une Sénatrice et des mages avaient parlé, mais on connaissait le camp de Daera et on devinait le soutien muet d’une partie de la population. Echya Odenys, maîtresse de la guilde des orfèvres et puissante Sénatrice des mercantilistes, se montrait également : discrète, mais présente. Elle refusa de prendre part à la discussion car elle représentait une profession comptant surtout sur le soutien financier de la noblesse. Sa présence, toutefois, était un important élément politique à prendre en compte car il légitimait l’action en cours. Également muette mais se tenant bientôt aux côtés des agitateurs en chef, la Sénatrice Aelora Naehrys, de l’Île aux Cèdres. Sa présence était encore plus symbolique car elle descendait d’une héroïne particulièrement appréciée dans le folklore valyrien. Cependant, il n’y avait nulle trace de la dynastie Riahenor dont le soutien aux Bleus était pourtant évident. D’aucuns murmuraient qu’ils se montreraient plus tard, d’autres que ces derniers ne s’abaisseraient jamais à cautionner une action partie de la rue. La dernière fois qu’ils avaient fait face à un tel événement, la Triarchie avait été abolie et la République proclamée. Le sénateur Daemor Belkaerion était également présent, bien que silencieux. La venue de la Grande Prêtresse de Tyraxes, Maerys Qohraenos, toutefois, provoqua un sérieux remous car les prêtres, comme les mages, étaient restés relativement neutres dans cette affaire. On disait que nombre d’entre eux tendaient vers les Jaunes mais on n’en avait vu encore aucune preuve. Le discours de Maerys Qohraenos fut accueilli avec une certaine surprise, car on ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne la parole, mais elle rappelait qu’en toute circonstance, les Quatorze devaient être respectés. Le peuple hochait fermement la tête, l’aristocratie pouvait considérer la religion comme l’un des multiples outils à sa disposition pour exercer domination et contrôle, le peuple révérait ses déités.

La foule se rassemblait, toujours plus dense, toujours plus compacte, alors que les personnalités annonçaient une à une leur soutien à ce rassemblement qui défiait ouvertement l’autorité des Rouges sur la cité et la mainmise des première et quatrième armées sur la vie civile. On entendait des percussions parfois improvisées avec une spatule de bois et un seau de ferraille. Il n’y avait nulle colère ouverte mais on sentait une forte lassitude qui couvait dans cette foule docile qui écoutait les paroles de ceux qui s’avançaient face à eux.

Pour autant, le discours de Daera ne passa pas inaperçu car elle faisait partie des populistes. Ils savaient s’exprimer et mener le peuple par ses émotions, lui donnant des réponses faciles et des coupables désignés. Le discours de la jeune femme prenait un tour agressif lorsqu’elle comparait le traitement de la mort de Lucerys Arlaeron à celui de la famille typique valyrienne. Elle plaçait, en bonne populiste, les élites sur un piédestal certes bien réel, mais fort dangereux. La colère commençait à couver sous les braises du ressentiment, exacerbée par les paroles furieuses de Daera. Et pourtant, elle était légitime à leur parler, car ils l’avaient choisie. Aussi, lorsque tous ces orateurs exigèrent d’aller réclamer une audience à leur légat, celui qui avait la charge de leur protection, ils se mirent en marche.

Plus loin dans la ville, on signalait que plusieurs messagers étaient entrés au Sénat. Drivo, le complexe capitolin de la République, se barricadait avec précaution pour ne rien laisser paraître. On verrouillait les issues secondaires des murs et on concentrait les quelques sentinelles à la grande porte qui faisait face au Quadrant Est. On signalait aussi que de nombreux prêtres affluait de certains temples pour se tenir devant les grilles de Drivo. On ignorait si c’était là une décision prise par Maera ou l’un de ses treize confrères.

La foule n’avait pas à aller très loin, car l’une des casernes de la première armée ne se trouvait pas très loin, et c’était celle où se trouvait le légat qui la commandait. Certains soutiens des Bleus étaient allés se camper devant les différents baraquements des deux légions qui occupaient Valyria. L’information revenait rapidement aux oreilles des figures de proue qui marchaient en tête de ce formidable cortège. Les troupes avaient évacué la rue et étaient retournées dans leurs bases. Plus aucun soldat ne se trouvait isolé dans la cité. On murmurait que plusieurs dragons tournoyaient furieusement autour de l’immense tour qui abritait le Conseil des Cinq. Certains disaient que le feu-dragon ne serait jamais utilisé contre le peuple élu, d’autres disaient qu’il valait mieux se méfier des certitudes en une période si troublée.

Ce sont donc de jeunes mages et plusieurs sénateurs, ainsi qu’une Grande Prêtresse, qui arrivèrent en tête de plus de dix mille personnes qui marchaient sans trop savoir ce qu’il se passait. Ces derniers n’étaient ni militants, ni enragés. Il y avait une forme d’insouciance estivale dans cette grande marche. On la rejoignait pour faire la fête, par curiosité, par opportunité de sécher le travail une journée. On y trouvait des artisans, de petits marchands et de nombreux badauds. Les lavandières, les bardes, les porteurs d’eau étaient présents, de même que les prostituées et même l’un des bourreaux. Des femmes, des enfants, des hommes, la plupart Valyriens, mais dont le physique reflétait la diversité des origines et des histoires. Beaucoup d’entre eux étaient curieux de voir ce qu’allaient faire ces agitateurs. L’ambiance n’était pas menaçante mais il restait tout de même un bon millier d’énervés, chauffés à blanc par le discours de Daera : les premiers arrivés, ceux qui avaient tout entendu. Aucune arme n’était visible, mais qui pouvait assurer quoique ce fût avec certitude face à une telle marée humaine. La grande procession s’arrêta devant un imposant bâtiment aux murs sombres et à la porte de chêne durci barricadée. Sur les murs, une rangée d’archers désarmés surveillaient la foule, l’air impassible. Les hommes de la première armée étaient bien entraînés et savaient garder leur sang-froid. Les consignes avaient été distribués : ne pas afficher d’armes pour ne pas inquiéter la foule, mais tous les arcs et toutes les flèches nécessaires étaient soigneusement rangés contre le parapet du chemin de ronde.

Dans un moment de flottement, le silence se fit alors qu’un cercle se constituait devant la caserne, pour laisser de l’espace à tous ces agitateurs qui venaient s’adresser depuis la rue aux soldats sur le mur.

Valyria retenait son souffle face au poids de l’Histoire.




Daera Melgaris
Daera Melgaris
La Lumière du Peuple

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

En étant complètement honnête, elle n'aurait jamais cru rassembler autant de gens. Dans la vision qu'elle avait des événements, la foule aurait été plus petite, plus proche de la taille de ceux qui venaient l'écouter habituellement. Elle n'aurait jamais pensé qu'aux moments où les mots sortaient de sa bouche des centaines et des centaines de personnes s'étaient rapprochées, parfois sur la pointe des pieds pour pouvoir l'apercevoir et l'écouter. Rien n'aurait pu la préparer à un tel emballement pour ses paroles. Elle mentirait si elle disait ne pas avoir eu des yeux humides en voyant les preuves de soutien de certaines vagues connaissances ou d'amis. Elle qui avait toujours été un loup solitaire, voilà qu'en cette place qui débordait de gens aux mille visages différents, elle avait enfin l'impression de faire partie d'une meute, d'un tout bien plus grand qu'elle. Elle qui avait toujours été un loup solitaire, voilà qu'en cette place qui débordait de gens aux mille visages différents, elle avait enfin l'impression de faire partie d'une meute, d'un tout bien plus grand qu'elle. Ici, dans les bas-fonds de Valyria, ils écrivaient l'Histoire. Elle jeta un regard ému aux gens qui l'accompagnait aujourd'hui, avant de saisir les mains des deux inconnus à ses côtés, les enjoignant à faire de même avec leur voisin. Aujourd'hui, ils étaient un peuple unis, unis contre la tyrannie, unis pour la démocratie et le respect de ses institutions.

Elle entendit avec bonheur les cloches sonner alors que la foule continuait d'avancer dans un calme parfait avec parfois quelques cris de ralliement. Elle jeta un regard discret aux collègues qui étaient venus la soutenir, aux mages qui prenaient des risques en faisant cette marche et elle leur adressa un merci silencieux. Elle décida de prendre la route de la première armée dans une décision symbolique. Là-bas, elle y avait un ami qui peut-être se rallierait à sa cause ou alors qui la détesterait pour l'avoir mis dans cette position. Cependant, elle avait besoin ou plutôt, sa faction avait besoin du ralliement d'une partie de l'armée pour avoir un vrai poids et pour pouvoir les protéger. Elle ne comptait pas renverser le Sénat avec cette action, mais plutôt amener la première armée à faire la marche avec eux et s'arrêter devant l'édifice rempli d'Histoire pour se faire entendre. Surtout, l'armée pouvait aider à calmer les débordements si jamais il y en avait. Les petits espions des rouges et des sénateurs devaient être déjà en train d'informer leurs membres imminents de cette marche impromptue. Cette pensée la fit sourire ; qu'ils voient la puissance du peuple contre leurs petites manigances, qu'ils voient comme la démocratie est aimée et protégée par les mêmes gens qu'ils dénigrent continuellement. En voyant comment ces gens avaient confiance, comment ils s'étaient ralliés derrière elle, elle se dit que son père et sa mère devait être fière et que peut-être qu'une petite fille prendrait exemple de cet événement pour elle aussi décider de faire carrière.

Elle s'obligea à essayer de regarder chaque soldat posté sur les remparts de la caserne dans les yeux, ils étaient immobiles, mais elle aurait pu jurer que si leurs yeux la suivaient comme une ombre à chaque pas qu'elle faisait de plus en leur direction. Enfin, ils arrivèrent devant la porte principale gardée par deux gardes et des hommes à la fenêtre de la construction fortifiée. La plupart d'entre eux avaient les mains grippées sur leurs armes, leurs doigts blanchit par la tension de leurs mains sur l'arme. Elle pouvait voir l'inquiétude sur leurs traits alors qu'ils prenaient en compte la foule à ses côtés. Elle pouvait aussi voir l'épuisement de devoir gérer un couvre-feu qui n'en finissait plus. Elle s'avança alors, détachant ses mains de celles des inconnus qui étaient à ses côtés. Le silence tomba sur l'audience, aussi lourd que le métal des portes. Elle aurait pu jurer entendre le bruissement des arbres ou le vol d'une abeille. Elle s'avança encore jusqu'à être à portée de voix des soldats, pas assez près pour qu'ils la considèrent comme une menace, mais assez près pour qu'ils puissent l'entendre. Elle devait les convaincre de se battre non pas pour elle, car elle n'était personne, mais pour les gens qu'ils avaient juré de défendre.

« Soldats, je lis en vous le courage mais aussi l'épuisement. Un épuisement que nous ressentons face à des résolutions prises par des chefs qui s'endorment alors que vous patrouillez, des chefs qui mettent en place des lois contraires à la République que vous défendez depuis toujours.» Après un moment de pause, elle reprit « Lucerys Arlaeron était un homme admirable et la loyauté est une qualité mais elle ne doit pas nuire à votre discernement alors que l'on saborde la démocratie en usant de son nom.» Elle se tourna alors vers la foule « Le peuple de Valyria demande audience avec le légat de la première armée, le peuple demande qu'on le protège et qu'on l'épaule plutôt qu'on le surveille comme si il était un ennemi, le peuple enfin...» Rajouta-t-elle en se retournant cette fois vers les soldats « Demande que vous remplissiez vos devoirs et les voeux que vous lui avez fait quand vous êtes devenus soldats. Aujourd'hui soldats, remplissez les comme vous l'avez fait autrefois et tenez vous à nos côtés.» Elle prit une inspiration et finit par dire plus fort et plus haut « Vagar Nothigar, le peuple te demande audience et te donne rendez-vous avec l'Histoire.»

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Dans le chaos, naît l'ordre !feat la Faction Bleue

4ème Mois de l'Année 1067, Quadrant Sud, Caserne de la Ière Armée !

Le Polémarque avait bien agi en demandant à certains hommes de se faufiler parmi la foule. Cela leur avait permis de se rendre compte de l'ampleur du mouvement et d'identifier plusieurs personnes de poids comme Echya Odenis, de la Guilde des Orfèvres, Aelora Naehrys, Sénatrice ou encore Maerys Qohraenos, Grande Prêtresse de Tyraxès. Cela touchait toutes les classes sociales et devenait colossal. Ils ne pouvaient compter avec précision, mais il y avait plusieurs milliers de personnes. Jamais un tel rassemblement n'avait eu lieu depuis le renversement des Dynastes. La Sénatrice du Peuple avait réussi à réveiller ceux à qui elle devait sa place au Sénat. Les soldats en civil se dirent qu'il fallait tenir informer leur hiérarchie parce que ce mouvement était assez conséquent pour mettre un beau bazar dans la Capitale. C'est donc avec un certain empressement qu'ils rentrèrent à la caserne pour faire leur rapport. Quand il l'entendit, le Polémarque eut du mal à en croire ses oreilles. Qu'allaient-ils bien pouvoir faire pour calmer la foule ? Comment allait réagir la noblesse ? Et surtout, est-ce que le Haut-Commandement n'allait pas prendre cet attroupement pour une révolution ? L'homme craignait de recevoir l'ordre de remettre dans le rang cette populace qui criait son ras-le-bol. Heureusement, ça n'était pas à lui de prendre les décisions. Il était Polémarque. C'était un grade avec beaucoup de responsabilités, mais les Dieux en soient remerciés, il avait une hiérarchie au-dessus de sa tête. Cela le fit relativiser sur son envie, plus tard, de monter en grade. Pour le coup, il ne voulait pas être à la place de son Légat.

L'homme était toujours en train de superviser l'entraînement qui avait été interrompu une heure plus tôt. Ce n'était pas parce qu'il y avait un discours sur la place qu'il devait arrêter de faire son travail. Ce manège était courant, des discours, il y en avait tous les jours. S'il devait s'arrêter de travailler pour s'occuper de la potentielle menace, il ne ferait plus grand-chose d'autre. Pourtant, cette fois-ci, il allait bientôt apprendre que ça n'était pas un discours comme les autres et qu'il avait rassemblé un groupe plus important que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Sincèrement, la Première Armée n'était pas prête pour ce qu'elle allait avoir sous ses murs dans quelques instants. C'est un Polémarque suant d'avoir couru qui s'arrêta devant lui. Comme la première fois, Vagar arrêta l'entraînement et alla voir son subordonné.

« Que se passe-t-il Polémarque. On dirait que tu as vu Balérion en personne. »

Le temps de reprendre un peu son souffle, il lui dit :

« Légat, c'est grave ! C'est très grave. Le peuple se rassemble. Il marche, Légat. Il y en a des milliers ! »

Alors qu'il était en train de digérer les informations qu'il venait de recevoir, un émissaire arriva dans le même temps. Il ne faisait pas partie des hommes de la Ière ni de la IV ème. Son plastron montrait qu'il était rattaché au Haut-Commandement. De plus, son air arrogant montrait que l'homme était plutôt fier de sa position et se prenait pour quelqu'un d'important.

« Parle messager ! » lui ordonna le Légat.

« Légat Vagar Nohtigar, j'apporte ici des ordres qui viennent directement d'Aeganon Bellarys, Seigneur Dragon et Sénateur de Valyria, Chef de la Faction Militariste.

La Ière Légion a ordre de ne pas bouger. Elle restera casernée jusqu'à nouvel ordre. Tels sont les ordres et tu dois t'y plier Légat. »


Tous les soldats, officiers et Vagar lui-même furent choqués de cette annonce. Que se passait-il donc ? Pourquoi ne pouvait-il pas faire une sortie pour assurer la sécurité de Drivo ainsi que des autres institutions essentielles de Valyria. À moins que...

« Si ce n'est la Ière Armée, est-ce la IV ème qui va sortir pour sécuriser et contenir la foule ? »

Le message se donnait une certaine importance, car il assistait à des réunions auxquelles le Légat n'avait aucune connaissance. S'il était d'un rang inférieur, il savait beaucoup plus de choses et ressentait une certaine forme de satisfaction voire de pouvoir sur lui. Allait-il lui répondre ou le laisser dans l'ignorance ? C'était lui qui décidait. Après tout, ça n'était qu'un messager, il n'était pas forcément au courant de tout ce qu'il se passait au bureau du Sénateur Bellarys. Non, il avait trop envie de lui montrer que lui savait plus de choses. C'est avec une certaine satisfaction qu'il répondit :

« La IV ème a reçu les mêmes ordres Légat. L'armée ne bouge pas ! »

C'est un Vagar abasourdi qui vit le messager repartir. Il n'en revenait pas. Pourquoi avait-il reçu ses ordres là ? Est-ce que le Haut-Commandement était bien renseigné sur le fait que plusieurs milliers de personnes marchaient dans la rue ?

« Légat, que fait-on ? Ils se dirigent ici ! »

Vagar fut sorti de ses pensées par la question du Polémarque. Le peuple se dirigeait vers la caserne de la Ière Armée. Mais que voulaient ces gens ? Que voulait Daera ? Il connaissait cette femme et il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ressentait une certaine attirance pour ses idées, mais également pour la femme qu'elle était. Cela faisait maintenant deux semaines que le scandale dans sa famille avait éclaté. Sa cousine, celle qui lui fut promise, était enceinte d'un autre homme. Ne voulant pas l'abandonner et étant tombée amoureuse de son amant, elle s'était opposée à sa famille. Ruinant par la même tout mariage avec Vagar. La branche principale de la famille était très remontée contre la branche secondaire. Et eux-mêmes ressentaient une immense honte devant le comportement de leur progéniture. Une virulente dispute avait éclaté entre Baelys et sa fille. La tante de Vagar avait eu des mots durs, qualifiant la chair de sa chair de prostituée ayant été séduite par des flatteries de marin. Depuis, Naeria Nohtigar s'était enfuie de chez elle.

« S'ils viennent vraiment ici, il nous faut découvrir ce qu'ils veulent vraiment. Je connais la Sénatrice Melgaris, elle ne représente pas un danger pour le Sénat. Elle ne cherche qu'à attirer son attention pour que des changements pacifiques s'opèrent. Donc, prévenez la Polémarque Nohtigar que je veux les archers sur les murailles, mais que nul arc à flèches ne doit être visible. Il ne faut pas que la population ait peur. Mais il faut qu'en cas de nécessité, nos hommes aient leur arme à portée de main pour remettre de l'ordre si jamais. »

Il avait beaucoup trop de soucis en ce moment et avait du mal à réfléchir de manière calme et posée. Cette histoire de famille, les ordres qu'il venait de recevoir ainsi que la venue d'une partie de la population devant ses murs l'inquiétaient à différents niveaux. Malheureusement, il ne pouvait se concentrer sur chacune de ces tâches et devait se focaliser sur la plus urgente. Le peuple qui gronde. Il donna des ordres et la caserne se mit en ébullition. Les archers allaient être postés sur les murailles et les hommes rangés dans la cour. Bien qu'ils soient rompus aux exercices les plus difficiles, on pouvait sentir la tension chez ces soldats qui entendaient les bruits de pas du peuple. Quelques minutes, plus tard, Baelys vint chercher son neveu.

« Ils sont là Vagar. »

Il hocha la tête en direction de sa tante et se rendit avec elle sur les remparts. Là, une marée humaine se présentait à lui. Combien y en avait-il ? Impossible de savoir, mais les hommes n'avaient pas menti, ils étaient des milliers. Impressionnant. Pour une fois, Daera avait réussi à mobiliser les foules. Elle devait sans doute être la première étonnée. Comme il s'y attendait, la Sénatrice s'avança pour parler aux soldats et au peuple. Elle louait le courage des hommes de la Ière et la mémoire de leur Capitaine-Général. Néanmoins, elle voulait qu'ils marchent avec eux vers Drivo. Cette institution que seule la Ière Armée était censée protéger. Du moins jusqu'à aujourd'hui. Entendant son nom et la volonté du peuple de vouloir une entrevue avec lui, Vagar se dit qu'il ne risquait rien à accepter. Sa tante fut plus réticente. Depuis l'affaire avec sa fille, elle voulait montrer coûte que coûte son soutien à l'homme qui fut la victime dans cette histoire et qui ne méritait nullement une telle honte. Lui prenant le bras et lui faisant un petit sourire, Vagar tenta d'apaiser celle qui lui avait tout appris dans le métier de soldat.

Il descendit les marches et se rendit dans la cour où il regarda ses soldats bien rangés comme à la parade. Ils étaient dans leur armure et leurs armes n'étaient pas loin. Au moindre problème, ils pourraient intervenir.

« Ouvrez la porte. »

Les hommes obéirent et quatre soldats accompagnèrent Vagar devant la caserne. Avec les deux plantons qui se trouvaient devant la porte, il y avait six personnes pour assurer sa sécurité. Bien maigre force comparée à ce qu'il y avait en face. Malgré tout, il était confiant. Il n'avait rien fait, personnellement, pour s'attirer les foudres de ce peuple. Il n'était que le bras qui agissait quand le cerveau lui commandait d'obéir. Il ne ressentait pas que cette colère était tournée vers lui. Il avait confiance en cet état de fait et en la promptitude de ses hommes à réagir si jamais il était en danger. D'une voix de stentor où l'on sentait clairement l'homme qui avait l'habitude de commander, il s'exprima :

« Peuple de Valyria, tu as voulu me voir, je suis là ! »

Daera était à quelques mètres de lui. Elle était légèrement avancée par rapport au reste du groupe. Il lui fit signe de s'approcher un peu plus tandis que lui fit quelque pas également. Dans un premier temps, il parla pour qu'elle seule entende ses propos.

« Daera, mais qu'est-ce que tu fais ?! Te rends-tu compte seulement de ce que tu es en train de provoquer ? Ça va beaucoup trop loin ! »

Certes, la période n'était pas des plus chaleureuses et certes, le Légat avait pas mal de réticences par rapport à ce qu'il était obligé de faire ou concernant les réelles motivations de ses supérieurs. Malgré tout, il continuait d'obéir parce qu'il n'avait pas eu de raisons jusqu'à présent de ne pas le faire. Daera et lui avaient eu pas mal de discussions enflammées sur le sujet. Ils partageaient à peu de choses près les mêmes idéaux. Physiquement parlant, ils étaient également compatibles, ils avaient pu s'en rendre compte lors d'une soirée ou l'autre. Hé oui, il lui arrivait parfois de penser plus à elle qu'à sa promise ou devrait-il dire ancienne promise. Son soutien dans cette épreuve était rassurant. Elle lui montrait qu'elle n'était pas uniquement là pour parler politique, mais qu'elle pouvait se montrer simplement amicale.

« Tu n'arriveras jamais à contenir la colère d'une telle foule ! Si jamais ça se passe mal, tu vas donner du grain à moudre à ma hiérarchie qui va durcir les règles déjà assez étouffantes au sein de la Capitale. S'il te plaît, je t'en conjure. Ne fais rien d'irréfléchie. »

Même la plus humble des personnes pouvait ressentir un pouvoir colossal à la tête d'une si grande armée. Même la plus humble des personnes pouvait se laisser aller à faire changer les choses d'une autre façon en comptant sur une telle force. Ils ne pouvaient deviner combien ils étaient, mais sans le savoir, Daera avait rassemblé plus de gens que les deux armées réunies. Si cela éclatait en incident, la Faction Rouge pouvait très bien demander la mobilisation d'une troisième armée pour remettre de l'ordre et rétablir la balance. Il s'approcha encore d'elle et lui tendit ses mains pour prendre les siennes.

« Nous en avons déjà assez discuté, le peuple souffre. J'en suis conscient, mais j'ai les mains liées dans cette histoire. Je ne suis pas un politicien libre de son discours. Je suis un officier de l'Armée Valyrienne. J'obéis à des ordres et ceux-ci m'interdisent de faire quoi que ce soit. Je suis désolé Daera, mais je ne peux te donner ce que tu souhaites. »

Il tentait de lui expliquer que sa demande de voir le peuple et l'armée marcher de concert était illusoire. Aeganon Bellarys avait ordonné aux deux armées de rester en caserne. Il ne pouvait désobéir bien qu'il trouvait ses ordres bien stupides. Jamais Drivo ou la Tour des Cinq n'avaient été si exposées. Que cherchait à faire le Haut-Commandement ? Il était de son devoir de protéger les institutions et là, on lui coupait l'herbe sous le pied. Il était ballotté entre son obligation d'obéir et son serment qui lui criait de désobéir pour protéger les Institutions qu'il avait promis de protéger.


Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Dans le Chaos naît l'OrdreToday we rise

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Lorsqu'elle s'était avancée, Vaenyra avait craint s'être trompé. En se déclarant aux côtés des Bleus et des valeurs de la République, elle brisait la sacro-sainte neutralité du Collège. Le Magister allait s'en retourner la barbe dans tous les sens ! Malgré tout, Vaenyra était assez importante pour avoir son poids et elle sentit que les personnes entendant sa voix, loin du velours puissant de Daera, l'approuvaient. Un frisson d'excitation remplaça dès lors son appréhension et elle trancha la foule pour se tenir au-devant de son amie. Elle lui sourit à pleines dents, retrouvant l'espace d'un instant l'insouciance d'une jeunesse qu'elle croyait morte.

Vaenyra n'était pas une politique aux talents d'orateur hors norme. Elle s'épanouissait au contraire dans les discussions en petit comité ou pour défendre ses idées. La Mage n'enflammait pas les esprits, préférait l'étriquement de la logique à l'ardeur des sentiments. Une chose bien étrange pour une femme fougueuse et spontanée. Le Collège formait ainsi ses élèves. Maintenant qu'elle s'était pleinement engagée, en tant que Mage et amie, Vaenyra comprenait qu'elle serait l'étincelle à même d'embrasser les débats au synode collégial. Un sourire mutin naquit sur ses lèvres en pensant au pied de nez qu'elle venait de commettre à l'égard de Jaenera.

Aussi quelle ne fut pas sa surprise de voir Aeranys Balkany... Balkaerion s'avançait pour soutenir Daera elle aussi. Que faisait-elle cette artiste en puissance ici ? Vaenyra l'avait toujours considérée comme une élève médiocre, ratée et peu intéressée par la Magie ou grand chose malgré son illustre nom. La voir s'émanciper au milieu d'un rassemblement aussi dangereux et hétéroclite lui faisait ainsi réviser son jugement. Autre surprise que celle de son protégé Aemond. Une surprise certes, mais une surprise bienvenue. Elle leur fit signe à tout d'eux d'approcher et prendre part à ses côtés. Le Collège montrerait ainsi un front uni.

Vous deux jouez un jeu dangereux en vous montrant à ses côtés à votre âge. Ne vous aliénez aucune famille qui pourrait vous causer du tort en refusant de vous supporter. Vous êtes sensé trouver des mécènes par les Quatorze... maugréa-t-elle inconsciente de son ton maternel.  Quitte à être ici rendez-vous utile. Surveillez la foule, je ne veux aucun débordement et vous répondrez de moi, est-ce bien clair ?

Vaenyra ne put aller au bout de ses pensées que déjà le tocsin victorieux résonnait dans leur coeur. La foule grossissait rapidement et avec elle son flot continu d'augustes invités. Jusqu'à la très vénérable ascendante du jeune Aemond. La Mage se retrouvait bien silencieuse, éminence grise et garant de la protection de son amie. À tout moment pouvait surgir la violence. À mesure que la bête populaire grossissait, les tumeurs pouvaient en jaillir prête à la déchirer de l'intérieur. Le visage fermé, le regard filant sur les visages, Vaenyra s'avança avec la foule jusqu'à la caserne. Elle écoutait les dernières informations, les rumeurs. Elle notait en silence la présence des prêtres au Sénat, l'absence de soldats dans les rues et surtout les ombres des dragons survolant le Drivo.

Quelque chose se tramait. Alors qu'ils approchaient des grilles de la caserne, elle frissonna. Il n'était pas bon qu'ils soient tous réunis à cet instant au même endroit. Une embuscade, une bataille rangée ou même une simple action malheureuse pouvait transformer l'union nationale en un bain de sang dont la faction serait responsable. Se faufilant parmi les siens, Vaenyra rejoignit Daera et la prit par les mains.

Nous devons nous rendre au Sénat, je pars avec Aemond et Aeranys ! Rejoins nous là-bas et nous demanderons à être entendues comme la loi l'exige ! puis elle se tourna vers la foule :  Nous sommes les représentants du Peuple et des Dieux, le sang-pur qui roule dans nos veines et la grâce de votre soeur qui nous a rejoints nous donnent le droit de demander une audience au Sénat pour présenter une doléance ! Notre doléance est notre liberté ! Suivez en moi en paix mes frères et soeurs !
Vaenyra s'enfonça dans les ruelles, inconscient du nombre qui la suivait. Il pouvait s'agir aussi bien de dix personnes comme de cinq mille...

***

Lorsqu'elle déboucha devant la porte du Sénat, Vaenyra n'y trouva que quelques sentinelles. Frêles silhouettes face à l'immensité du peuple. La Mage s'avança, laissant son voile traîné derrière elle, et elle se planta droit face à la porte. Avisant du coin de l'œil quelques prêtres, elle reconnut parmi l'un deux. Un des servants de Carraxès à l'époque de l'affaire du Navarque. Elle l'apostropha et montra du doigt les lourdes portes de l'édifice le plus sacré de la politique valyrienne.

Viserys toi ici ! Je vois nombre de tes frères assemblés ici. Êtes vous ici pour nous soutenir ?

Une sentinelle approcha enfin Vaenyra et bien qu'elle resta à distance, la Mage put lui lancer.

Je suis Vaenyra Menaleos, Mage du Cinquième Cercle et je demande à exercer mon droit à entrer au Sénat pour porter une doléance, Aemond de la noble maison des Qohraenos ainsi que Daera Melgaris, Dame du Peuple et Sénatrice le désirent également ! Ses cheveux flottant sur son visage, Vaenyra toisa le pauvre homme. Me laissera-tu entrer soldat ?


Maerys Qohraenos
Maerys Qohraenos
Prêtresse

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Dans le chaos nait l’ordreMaerys Qohraenos & les bleus

Temple de Tyraxès à Valyria & An 1067, Mois 4

Depuis des mois, la Grande Prêtresse de Tyraxès, Maerys Qohraenos se refusait à prendre position quant aux différentes factions qui étaient nées suite à l’assassinat de Lucerys Arlaron. La Dame de la Onzième flamme avait suivit les événements au cœur de son temple, tachant de rassurer les novices ainsi que les prêtres et prêtresses de Tyraxès. Elle avait aussi longuement correspondu avec sa cousine Maesella Nohgaris, Grande Prêtresse de Vermax. Et comme à son habitude, elle avait accueilli dans son temple tout ceux qui cherchaient les conseils de sa Mère. Ainsi elle avait vu le légat de la 1ère armée, Vaghar Nohtigar venir à sa rencontre. Il cherchait des réponses, des conseils et la dame d’Elyria avait vu en lui une certaine sagesse. Alors, lorsqu’elle avait eu vent d’un rassemblement au niveau du Grand Bazar de Valyria, la fille aînée de Tyraxès avait quitté la haute enceinte de son temple de la Onzième flamme. Elle était accompagnée de ses Lames comme toujours, chose immuable malgré les contextes changeant qui secouait sa belle république. Elle s’était ensuite fondu dans la foule, sachant pertinemment qu’elle serait reconnue. Ainsi Maerys Qohraenos avait fait son choix et contrairement à bon nombres de ses homologues, la dame se rapprochait bien volontiers de la faction de Maegon Rihaenor. La volonté de cette faction à maintenir la paix rejoignait les veux premiers de Tyraxès et elle ne pouvait l’ignorer. Mais plus qu’un soutien, la dame voulait s’assurer que cela ne dérape pas. Valyria avait déjà assez souffert et aucun sang ne devait couler. Alors la Grande Prêtresse suivit le mouvent jusqu’aux portes du Sénat et d’un pas lent, se fraya un chemin jusqu’à arriver aux côtés de la sénatrice Daera Melgaris.

Evidemment, sa présence suscita quelques réactions et discussion à voix basse. Jusqu’à ce jour, les prêtres et prêtresses étaient resté neutre alors voir une Grande Prêtresses sortir de son temple et de sa réserve était un événement. Pourtant, Maerys Qohraenos ne prononça pas un mot préférant observer ce qu’il se passait avant de de faire quoi que ce soit. Et ce moment-là arriva alors que Maerys se tenait droite comme l’un de ses piliers qui soutiennent son temple. Ses lames, se tenaient proche d’elle comme toujours mais renvoyaient une posture sereine et calme pour ne pas provoquer la foule. La Grande Prêtresse n’esquissa pas un geste alors que la sénatrice quittait les lieux en direction de la caserne la plus proche où se trouvait le légat de la 1ère armée. Elle avait vu l’homme il y a peu de temps et se fut donc naturellement que la fille aînée de Tyraxès aurait pu emboiter le pas pour garder un œil sur ce qui ressemblait à une page qui était sur le point de se tourner. Mais sa marche fut arrêtée nette par l’arrivée de trois mage dont son petit-fils. Aemond Qohraenos avait donc rejoint l’appel de la sénatrice, là était un événement auquel elle ne s’était pas attendu. Bien sûr elle avait parlé avec lui, elle l’avait conseillé comme elle conseillait tout le monde. Mais elle n’aurait jamais pensé que le mage se positionnerait dans ce jeu politique. Là n’était pas sa place même si par ce geste il s’alignait sur la position de son grand-oncle et sénateur Taedar. Avant de suivre la mage qui entrainait derrière elle celui qu’elle avait élevé comme son fils, Maerys s’approcha de la sénatrice. « Sénatrice Melgaris, par les Quatorze, ne fait rien qui pourrait provoquer larme, sang et colère. Tu agis sous le regard des dieux ne l’oublie pas. »

Puis elle suivit les trois mages et la partie du peuple qui la suivait. Après avoir foulé les pavés de quelques ruelles, elle se trouvait désormais devant le sénat. A ce moment-là, la Grande Prêtresse de Tyraxès pu observer avec un certain soulagement la présence de bon nombre de ses homologues prêtres et prêtresses et parmi eux, notamment ceux du clergé de Caraxès. « Viserys, tu n’es pas obligé de répondre. Ta place est celle voulu par Caraxès. » fit alors la Grande Prêtresse de Tyraxès en s’avançant vers le jeune homme et en venant se placer près des enfants des dieux. Quant au reste, elle laissa passer le soldat qui vint faire face à la mage Vaenyra Menaleos. Puis alors que la mage énonçait sa doléance, la fille d’Elyria se rapprocha de son petit-fils. « Mon cher Aemond, fait bien attention à toi. Pour l’heure le Collège ne s’est pas positionné. Vouloir la paix est une chose mais si l’agitation gagne, je ferai en sorte que notre nom ne soit pas associée à toute cette pagaille. Protéger ma famille est mon devoir. » souffla la Qohraenos sur un ton qui trahissait toute son affection pour le fils de sa fille disparue.

Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
Admin

Dans le chaos, naît l’ordreValyria on the hedge

Quadrant Est -  An 1067, mois 4

Entourant la sénatrice populiste, la foule beugla son assentiment lorsque celle-ci demanda audience au légat Nohtigar. La première armée était unique à plus d’un titre. Elle était la seule à avoir pour garnison la capitale, elle était réputée être le plus grand corps d’élite du monde martial valyrien et, enfin, elle occupait une place spéciale dans le cœur des citoyens résidants à Valyria. Elle était le plus parfait exemple de la maîtrise martiale du peuple auquel ils appartenaient et, jusqu’à récemment, elle était la meilleure concrétisation de ceux qui protégeaient les frontières des Valyriens.

La sortie du légat contenta grandement la foule. Son effort de sortir sans escorte ou presque rassura aussi ceux qui doutaient de la pertinence de la démarche. Désormais, les têtes d’affiche avaient disparu. En tête du cortège, entourant Daera, on ne voyait plus que des anonymes, désireux de participer à l’Histoire à leur échelle. Bon nombre de ces hommes étaient d’anciens mobilisés, des vétérans appelés sous les bannières des dragons pour défendre la République. Désormais, ils étaient revenus à leur occupation initiale, laissant derrière eux le tourment des combats. Cela avait eu un important effet sur la militarisation de la vie valyrienne. Qu’il l’eût souhaité ou non, Vagar incarnait cette armée dans laquelle ils avaient jadis servi, souffert et tué au nom de la République et du Sénat. Et désormais, il n’incarnait plus l’ancien frère d’armes ou le bouclier protecteur mais bien la botte oppressive posée sur leur cou.

La discussion restait très publique. Cela était bon pour la légitimé des échanges et pour Daera qui disposait d’un immense moyen de pression pour tordre le bras à Vagar. Mais celui-ci disposait de ses archers si besoin en était. Est-ce que certains entendirent ses paroles ou tirèrent des conclusions à la façon dont l’homme se tenait pour répondre à la dirigeante des pétitionnaires ? Il était difficile d’y voir clair, mais aux dernières paroles de Vagar, la foule manifesta bruyamment son hostilité au légat. Les insultes fusèrent. Traîtres, vendus, tourne-casaques, indignes ! Certains commençaient déjà à se mettre en quête d’objets à lancer contre les murs de la caserne, mais ils n’avaient de concret rien à se mettre sous la main.

L’autre surprise du jour fut assurément la délégation de jeunes et moins jeunes mages qui prirent la direction du Sénat, près de deux mille cinq cents personnes à leur suite. Lorsqu’ils approchèrent des murs de l’enceinte de Drivo, ce fut pour découvrir les portes fermées. Les lourds vantaux étaient conçus pour résister aux plus lourdes armes de siège et ce n’était pas une foule qui l’enfoncerait. Les accès secondaires et les poternes étaient également claquemurés. A force de remonter la longue enceinte circulaire, toutefois, les mages finirent par trouver la dernière entrée entrouverte car on ne pouvait pas entièrement couper le Sénat de la cité. Toutefois, on devinait sans peine les soldats de la première légion en poste derrière, prêts à se précipiter pour fermer et verrouiller la lourde porte de bronze.

Il restait toutefois un ultime rempart, qui semblait effectivement bien frêle face à la marée qui s’annonçait. Une trentaine de prêtres se tenait là, côte à côte, toisant avec une grande fermeté ces manifestants et ces mages qui attentaient à l’Ordre et la stabilité valyrienne. Ils formaient une chaîne humaine compacte, suffisante pour empêcher quiconque de forcer le passage, car qui aurait osé commettre le sacrilège de porter la main sur les représentants des dieux ?

À la requête de Vaenyra Menaleos, il y eût un nouveau moment de flottement. Les prêtres se regardèrent pour se concerter en silence. La voix de la grande prêtresse de Tyraxes s’éleva avant toute réponse, intimant à ce Viserys la possibilité de rester silencieux. Ce qu’il fît, rougissant légèrement. Derrière le mur de prêtres, on notait une forme d’agitation sur les lourds remparts bien dégarnis du complexe gouvernemental. Sans doute que l’on irait bientôt chercher conseils et ordres au Sénat directement, où se trouvaient sans doute plusieurs décideurs. Finalement, l’un des hommes de la première légion s’approcha de la foule, restant toutefois derrière le barrage de prêtres. La voix qui répondit ne fut toutefois pas celle des prêtres ou de cette sentinelle inconnue. La voix croassa d’une interrogation empreinte de charisme, comme celle d’un homme habitué à haranguer la foule.

« Depuis quand les prêtres prennent-ils des ordres des mages de second rang, mes amis ? »

Fendant la foule, arrivant derrière les trois mages et la grande prêtresse, se profilait enfin le visage de Jaeganon Velaryon, paré de tous les attributs liturgiques imaginés par son clergé depuis des siècles. Il menait une imposante procession de prêtres en tenues rouges qui vinrent se placer aux côtés des représentants des autres cultes, renforçant encore le barrage qui comptait désormais trois rangs de saintes femmes et de saints hommes au lieu d’un seul précédemment. Pointant un doigt osseux vers les trois mages, le grand prêtre reprit de plus belle :

« Et question encore plus importante, depuis quand les mages rompent-ils leur neutralité en politique ? »

Sa question perça l'air avec un fiel accusateur. Toutefois, il ne s'arrêta pas là, s'adressant désormais directement à la foule.

« Depuis des siècles, les mages se désintéressent de la politique et du Sénat. Aucun n’y a siégé, et ils sont à peine plus nombreux à avoir pris la parole sous la Coupole. Au même titre que les serviteurs des Dieux, les mages restaient jusqu’à ce jour en dehors des affaires des mortels, n’est-ce pas, Menaleos ? Et voilà qu’aujourd’hui, tu mènes tes comparses devant le Sénat, et tu exiges la parole ? Alors que l’agitation foule la cité et que le chaos menace l’ordre établi par nos pères et leurs pères avant eux ? »

L’homme parlait avec force, ses paroles résonnaient contre les murs de Drivo. Ses injonctions claquaient avec la fureur d’un vent divin provenant des voclans eux-mêmes et ses questions fouettaient l’air comme autant de coups de fouet. La foule s’était tue pour écouter le plus révéré des prêtres de Valyria. Jaeganon est un homme connu, ses discours passionnent et ses prêches charrient toujours des centaines de spectateurs et de fidèles. C’est là un acteur de poids qui vient jouer sa partition de cette journée définitivement particulière.

« Mes amis ! tonna-t-il, n’écoutez pas les faux prophètes et les vendeurs de désordre ! Vous êtes le peuple éclairé, vous êtes les enfants des dieux, vous êtes les élus d’Arrax ! Vous pouvez vous faire votre propre opinion. Regardez autour de vous ! Ne voyez-vous point une République moribonde ? Qu’est-il arrivé à notre grande cité et notre grand pays pour que cent prêtres se dressent face à vous pour défendre une institution de laquelle ils sont bannis ? Comment avons-nous pu en arriver là ? Nous nous sommes détournés des traditions, nous avons rejetés nos dieux pour courir après l’or et les ambitions personnelles, oubliant ce qui faisait de nous un peuple unique ! Cessez là cette folie que quelques nobliaux en mal de reconnaissance voudraient vous faire porter ! Agenouillez-vous avec moi et priez, priez pour le salut de Valyria, priez pour le salut du monde ! »

A ces paroles, ils furent plusieurs à s’agenouiller dans la foule des Valyriens qui suivaient les mages. Certains soldats et tous les prêtres s’agenouillèrent également. Le silence s’était fait total. La sentinelle avait disparu. Le grand prêtre regarda avec satisfaction ce tableau, comptant que bien la moitié de la foule s’était agenouillée pour écouter le prêche et prier en communion. Il restait tout de même plus de mille personnes qui toisaient le spectacle d’un air tantôt apeuré, tantôt blasé. On était libre de ses croyances à Valyria, mais le petit peuple restait fidèle aux dieux.  La moitié de ceux qui le composaient était encore profondément dévote. Un sourire plein d’humilité travaillée s’afficha sur le visage du grand prêtre d’Arrax alors qu’il tendait une main à Vaenyra.

« Prieras-tu avec nous, mage ? »

Son regard se tourna vers les deux autres qui l’accompagnaient.

« Vous détournerez-vous des vôtres, apprentis ? »


Daera Melgaris
Daera Melgaris
La Lumière du Peuple

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Elle aurait aimé détester l'armée. Son travail aurait été ainsi plus facile après tout, elle pouvait simplement les réduire en un corps de gens stupides prenant des ordres comme le faisaient les chiens obéissant à leurs maîtres. La vérité était que l'armée en tant que telle était ambiguë encore plus en ces temps sombres qui hanteraient pendant des décennies la république. Elle avait vu le pire et le meilleur chez l'armée ; des hommes au courage incommensurable, mais gangrené par la corruption, des assassins tuant ce que l'on ordonnait de tuer qui étaient des pères de famille dévoués. Par bien des manières, l'armée était bien plus proche du peuple que le Sénat ne l'était désormais. Elle savait qu'au sein même de cette foule, il y avait des vétérans ou des gens qui avaient réussi à survivre grâce à l'armée et au revenu qu'elle produisait dans le foyer. Elle savait aussi le rôle symbolique que tenait l'armée aux yeux des gens ; les protecteurs des étrangers, ceux qui éloignaient le danger rodant dans l'ombre, ceux qui protégeaient le peuple. La première armée était ce genre d'armée et les gens dans leur imaginaire avaient toujours foi en celle-ci. Daera s'appuyait sur ce mythe pour parler à Vagar, elle voulait qu'il voie la ferveur des gens qui l'entourait, comme l'armée était au service du peuple et non au service de quelques puissants qui ne nourrissaient par celle-ci que leur ego.

Malgré l'apparente confiance en lui et calme que Vagar portait sur lui, c'est bien l'inquiétude pour elle qu'elle voyait briller dans ses yeux à cet instant alors qu'ils lui adressaient ces mots pratiquement chuchotés. Étonnement, elle n'avait jamais eu peur d'être dans la foule, c'était peut-être naif, mais elle était certaine d'être plus en sécurité dedans qu'au Sénat où les regards la brûlait et la déchirait plus que ceux d'une foule qui avait le même vécu qu'elle et qui savait les efforts qu'elle avait dû faire pour arriver où elle était aujourd'hui. Aujourd'hui, surtout, cette foule lui semblait acquise à sa cause et prête à défendre ses idéaux à ses côtés. Elle n'avait pas un ego assez grand pour penser qu'elle était la cause de tant d'efforts de leur part ; elle n'avait été que l'étincelle qui avait allumé le feu et surtout, aujourd'hui, elle était simplement la porte-parole d'une colère qui grouillait dans les rues depuis des semaines à Valyria.  

« Je suis consciente et lucide Vagar, cette colère que tu évoque est là depuis longtemps, rampant dans les bordels, envahissant les commerces, se chuchotant dans les tavernes. je n'ai fais que la rendre plus visible pour ceux qui sont au pouvoir et qui l'ignore sciemment.» Elle se rapprocha un peu plus de lui pour que ses mots ne soient entendus par personne « Je reste prudente je te le promet.»

Elle jaugea du regard Vagar pour ancrer ses mots dans son esprit avant de reprendre son rôle de politicienne et se tourner vers la foule qui les regardait, voulant s'abreuver de leurs paroles. Elle ne voulait pas que la foule soit contre Vagar après tout, elle le savait pied et main lié par une hiérarchie qui devait se délecter de son impuissance. Elle fit un geste de la main pour faire arrêter les insultes et put sentir l'atmosphère devenir plus lourd et solennelle. Elle savait que ses prochaines paroles allaient déterminer l'Histoire, elle qui avait longtemps cru n'en être qu'un témoin tout au plus. Elle se força à regarder autant de visages possibles avant de prendre la parole d'une voix forte et assurée dans un ton qui se voulait aventurier. Elle voulait réussir quelque chose aujourd'hui et pour ça, elle devait faire en sorte que Vagar joue aussi son rôle dans cette histoire et elle ferait en sorte qu'il soit parmi les gens du bon côté.

« Mes frères, mes soeurs, le légat est comme nous ; pieds et mains liés par une hiérarchie et des règles qui nous éloignent au lieu de nous rapprocher.» Elle fit un moment de pause et reprit «Que l'on soit clair aujourd'hui ; je ne demande pas à Vagar de choisir entre devoir et honneur puisque les deux résident en nous, c'est nous qui sommes maîtres de la République puisque c'est nous qui avec notre chair et notre sang l'avons bâtis tout comme cette armée. La première armée a toujours défendu le peuple et ses opprimés, je lui demande de réitérer ses voeux et de le montrer et si par ça nous devons forcer celle-ci à regarder comme leur hiérarchie est dans le faux alors nous le ferons.» Elle se fraya un chemin dans la foule qui s'écartait à son passage et se mit au milieu de celle-ci. Elle pointa un doigt en la direction du Sénat « Allons jusqu'au Sénat et portons nos revendications qu'ils regardent enfin ces visages qu'ils préfèrent ignorer, qu'ils ne puissent plus ignorer aujourd'hui la colère qui gronde et qu'enfin notre parole soit écouté avec respect plutôt qu'avec dédain.»

Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Dans le Chaos naît l'OrdreToday we rise

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Lorsque le silence fut pour toute réponse à la verve de Vaenyra, la Mage s'en accommoda. Que la Grande Prêtresse invoque le droit de silence de Viserys passait même. La fille de Volantis ne pouvait en vouloir à la foule, ni au Sénat et encore moins à ses amis de la prêtrise. Ne venaient-ils pas en paix pour protéger les Possessions et leurs principes ? Pourtant leurs efforts  étaient menacés par les forces d’un puritain inhumain au cœur plus dur que le métal. Le Grand Prêtre Velaryon combat le vice et le péché d'un monde corrompu et qu'il croit devoir purifier. La vue de l'homme laissa courir un frisson le long de la colonne de Vaenyra. Elle n'aimait pas son regard fou et son absence de scrupules au nom de sa religion. L'influence du chef de file du Temple d'Arrax auprès du peuple était un danger pour le projet qu'elle portait.

Jaeganon était un homme à la puissante posture où chacun de ses gestes était calculé et ses mots pesés. Vaenyra savait qu'elle ne pesait guère lourd face à la dialectique du prêtre. Ce dernier ne l'ignorait pas alors qu'il attaquait la neutralité des Mages et leur arrogance supposée envers la politique. Pourtant lorsqu'il l'accusa de semer le trouble contre la République quelque chose se brisa dans la timidité de Vaenyra. Elle redressa la tête, rejeta ses maigres épaules en arrière et lança un regard enfiévré de défi pour les prêtres et leur maître proclamé. Néanmoins elle n'était pas au bout de ses peines.

Mots après mots, phrase par phrase, le staccato répondit à l'aria et leurs teneurs changèrent les humeurs et les couleurs. Avec horreur, Vaenyra vit près de la moitié de la foule s'agenouiller, demander pardon pour leur éclat. La situation aurait pu être bien pire, elle le savait, pourtant un profond sentiment d'injustice l'envahissait. Elle baissa la tête, les mains tremblantes, en signe de rémission. Des larmes amères et haineuses coulèrent sur ses joues. Puis il en fut trop. L'audace de se mêler de l'affaire des Mages était un camouflet que Vaenyra ne pouvait supporter. Elle serra les poings puis se lança :

« Toi ! »

Rejetant en arrière sa longue chevelure, elle laissa voir au monde et aux Dieux les larmes qui ruisselaient sur ses joues.

« Je te connais, Jaeagnon Velaryon et je t’entends. Vois ces larmes qui courent sur mes joues et le sel qui couvrent la terre où nos frères et sœurs reposent à jamais ! Je me tiens au-devant du peuple autant comme une fille d’Arrax qu’une mage. »

Elle tourna le dos au Grand Prêtre et s'adressa directement à la foule, levant un maigre droit inquisiteur non pas vers le ciel ou le prêtre, mais vers le sol.

« Jamais notre République n’a connu un tel péril et il est du devoir de chaque citoyen de s’élever contre les dangers qui la menacent ! Le Collège des Mages se tient aujourd’hui au côté du dynaste Riahenor et de la faction bleue au nom d’Arrax et de ses douze Fils et Filles ! »

Inconsciemment, Vaenyra martelait chaque mot, de plus en plus sûre d'elle et prête à défendre chèrement son honneur, son intégrité et la République. Se retournant dans un grand mouvement de toge, elle leva les yeux vers Jaeganon.

« Tu m’accuses de briser la neutralité du Collège. Il est vrai que je veux parler en son nom. J’ai autrefois défendu les Temples n’est-ce pas ? Où étaient tes reproches lorsque, au nom de la justice, de l’ordre et des lois, mes talents servaient les intérêts des Temples ! »

La main de Vaenyra repoussa d'un geste contrôlé celle tendue avec fausse humilité par le Prêtre. Là où ce dernier était tout en contrôle, derrière une foi profonde, mais réelle, la Mage se laissait emporter par les sentiments. Sa voix se brisait par instant, tantôt un trémolo implorant, tantôt un mordant arrogant. Son visage dépeignait les émotions qui traversaient son dévoué coeur: indignation, foi, haine et surtout une intense tristesse qui y trouvait son exutoire.

« Parles-tu au nom de tous les clergés ? » Elle leva la main pour faire taire l'homme avant même qu'il ne puisse desserrer les dents. « Garde ta langue fourchue derrière tes dents. Je n'ai passé pas par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent. »

Vaenyra croisa le regard de chacun des prêtres du premier rang, les implorant du fond de ses prunelles de se ranger à ses côtés et d'écouter leurs cœurs.

« J’entends l’hypocrisie et la verve d’un homme qui se croit au-dessus des lois. N’es-tu pas ce lui qui souffle à l’oreille des Sénateurs les ordres de ton maître qui se croit tout puissant ? Je te vois, te croyant l’éminence grise du Grand Dragon alors que tu ne sers véritablement qu’un maître de chair et d’os et t'acoquine avec celle Cinq-Fois-Maudite-des-Dieux ! Là où se dressent des prêtres, je ne vois à leur tête qu’un homme rejeté par les dieux, aveuglé par l’or… et l’ambition personnelle. Le gouvernement des prêtres et des juges a fait son temps ! »

Vaenyra attrapa la dague à sa ceinture et la leva haut avant d'empoigner ses cheveux. Elle trancha d'un geste vif et net ces derniers à mi-hauteur.

« Agenouillez-vous avec moi et priez, priez pour le salut de Valyria, priez pour le salut du monde ! Et surtout pour celle de Valerion Qoherys et son laquais, Jagaenon ! »
Jetant ses cheveux au sol, la Mage sentit son coeur se serrer. Elle était si fière de ses efforts, du statut que leur beauté lui apportait. Mais ce n'était qu'un vulgaire sacrifice, rien à côté de ce qu'elle pouvait faire pour sa République. Aussi, elle piétina ce sacrifice de son pied droit.

« Mes prières seront entendues des Dieux lorsque je m’agenouillerai devant le Sénat et que le peuple d’Arrax sera libéré des chaînes que tu as contribué à lui forger ! »

Dans un dernier geste de défi, Vaenyra leva à son tour un doigt osseux vers Jaeganon et ses lèvres se retroussèrent sur ses dents, en un rictus terrible.

« Retournes dans tes ors et ta pourpre, autolâtre. »


Aemond Qohraenos
Aemond Qohraenos
Mage

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Dans le chaos naît l'ordreft. Les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Il fallait être honnête : Aemond se trouvait tout autant exalté que perdu en plein cœur de la foule, aux côtés de ses camarades. Tout cela dépassait ce qu’il avait connu, alors qu’il vivait bien au chaud dans le Collège… La chaleur ici se révélait bien différente, une force unie et redoutable, mais tout aussi explosive que le feu grégeois - la force du peuple valyrien, en somme.

Son enthousiasme s’évanouissait petit à petit, étouffé par les cris, pendant la marche vers la caserne de la Ie armée. De minces filaments de regret traversaient son esprit, mais pas suffisants pour qu’il s’arrête, s’enfuit, rebrousse le chemin. De toute façon, c’était trop tard : il allait suivre la marche de l’histoire, qu’il soit acteur ou spectateur.

Quand Vaenyra le sermonna lui et Aeranys, il baissa légèrement le regard, en partie honteux de sa folie de participer à tout ceci. Une partie rationnelle et plus effrontée de son esprit lui donnait la volonté de trouver une répartie bien placée, mais il ne trouva rien de bien pertinent à redire d’autre que “Oui, je ne fais que te suivre de t-toute façon, Vaenyra.” Dans tous les cas, qu’avait-il à rétorquer à cet instant précis ? La Flamme Noire se montrait comme une véritable cheftaine de la cause des mages, et il était bien plus sage de se subordonner à elle. Il se mit donc à surveiller la foule, comme elle l’avait ordonné, même si ces ordres se montraient finalement assez inutiles, puisque cette dernière se comportait comme un seul être, répondant en des voix diverses à d’autres unités : l’armée, puis aux prêtres.

A ce sujet, il flancha en voyant s’approcher sa grand-mère, la fille aînée de Tyraxès, Maerys Qohraenos. Son regard plein d’inquiétude le fit s’inquiéter sur le bien-fondé de ses actions : était-il en train de foncer tout droit dans le mur pour son futur ? Allait-il décevoir sa famille comme il l’avait fait dès qu’il était parvenu au monde ? Toutefois, dans ses mots se trouvaient non pas des remontrances qu’il attendait anxieusement depuis qu’il avait rejoint la foule, mais plutôt toute l’inquiétude qui se trouvait dans ses yeux. C’était des choses qu’il savait déjà : oui, la prise de partie des mages dans la politique s’avérait une chose toute nouvelle, et associer le nom des Qohraenos à cette révolte novatrice… “Ne t’inquiètes pas, je ferai en sorte de ne pas souiller le sang des Qohraenos dans ces instants, comme dans aucun autre,” répondit-il, avec une confiance en lui tout à fait factice.

Les autres prêtres, en revanche, sympathisaient beaucoup moins avec leur cause que sa grand-mère. Les mots de Jaeganon Velaryon se révélaient remplis d’un mépris pour ces traîtres qu’ils étaient devenus en se tenant aux côtés de Daera Melgaris. Il était épris de sa propre force, une force qu’il voulait purificatrice des péchés des Possessions. Et de toute évidence, cette force changea le cours des sentiments du peuple, dont une bonne partie s’agenouilla en soutien à ces paroles accusatrices. Face à cela, Vaenyra fut prise d’une rage, et la situation devint alors un face à face entre deux êtres galvanisés par leurs propres certitudes.

L’air s’électrisait autour de ce duel de croyances, et Aemond pressentait qu’il ne fallait pas en attiser des flammes, sinon les Bleus perdraient tout soutien, face à une personnalité aussi adorée que le Grand Prêtre d’Arrax. Il craignait, dans tous les cas, de ne pas avoir le calibre suffisant pour lui tenir tête comme l’a fait sa collègue plus âgée. Au lieu de cela, il s’adressa alors, d’une voix forte, simultanément aux prêtres qui se tenaient aux côtés de Jaeganon, et au peuple, autant ceux qui s’étaient agenouillés que ceux qui se tenaient encore debout :

“Nous sommes des fils et filles d’Arrax tout comme vous, prêtres, ne l’oubliez pas.” Etait-ce vrai pour son cas ? La question lui traversa l’esprit, mais il l’a fit taire le plus rapidement possible en continuant : “Si nous sommes venus jusque là aujourd’hui, ce n’est pas pour détruire l’intégrité du Collège. C’est justement cette intégrité qui nous pousse à accourir pour défendre la République, avant qu’il ne soit trop tard. Vous souvenez vous de nos collègues, qui ont guéris nos frères soldats des blessures infligées par Meereen ? Nous sommes là aussi pour guérir la République et ses enfants.”

Maerys Qohraenos
Maerys Qohraenos
Prêtresse

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Dans le chaos nait l’ordreMaerys Qohraenos & les bleus

Grand Bazar & An 1067, Mois 4

La Grande Prêtresse de Tyraxès avait parlé et le jeune prêtre de Caraxès préféra suivre le conseil de son aînée plutôt que de répondre à la mage. Maerys Qohraenos soupira de soulagement mais son repos mental ne fut que de courte durée. Alors que la dame de l’île forteresse d’Elyria espérait que le temps était à l’apaisement, une voix qu’elle ne pensait pas entendre proche du sénat parvint à son oreille. Une grimace se dessina sur son visage alors que sous ses yeux le Grand Prêtre d’Arrax venait d’apparaitre. Vision désagréable pour la dame mais elle ne laissa rien paraitre. Elle pinça les lèvres alors que son cadet s’exaltait à force de s’exprimer. L’homme s’avait parler aux mortels, c’était un fait que Maerys ne pouvait que constater. Mais elle n’aimait pas sa façon d’être. Elle avait toujours trouvé Jaegaron bien trop présomptueux et bien trop ambitieux en tant que prêtre. Que les temps pouvaient changer rapidement. Jamais un tel homme ne serait parvenu à devenir Grand Prêtre du temps de son prédécesseur et de celui du temple de Vermax, Maerys en était certaine. Quant à son prêche, une pointe d’agacement tira les traits de la fille aînée de Tyraxès alors qu’elle constait que bon nombre des enfants des Quatorze mettait un genoux à terre, voire les deux à la demande de l’envoyé d’Arrax.

Face à un tel spectacle, Maerys Qohraenos préféra resta muette le temps d’observer les réactions des uns et des autres. Et quelle ne fut pas sa déception lorsque la mage Vaenyra répondit au Grand Prêtre. Il n’y avait là aucune retenue dans ses propos et elle se montrait tout aussi éprise de vérité dans ce qu’elle pensait être la vérité vrai. Elle espérait bien plus de la part de celle qui guidait un peu son petit-fils au sein du Collège des Mages. Et en ce qui concerna Aemond, la dame vint se placer à ses côtés, geste maternelle, alors qu’il commençait à prendre la parole. Ce dernier avait essayé de la rassurer un peu plus tôt dans la journée mais la dame s’assurerait elle-même que rien n’arriverait de fâcheux. Elle laissa pourtant son petit-fils s’exprimer avant de finalement lever une main impérieuse. « Il suffit, tout ceci n’est que mascarade. Je ne pensais que tu te prêterais à un tel jeu, Jaegaron. Que dirais ton prédécesseur s’il te voyait agir ainsi, tel un prêcheur d’une religion qui n’est pas la nôtre. » lâcha la Grande Prêtresse de Tyraxès. « Nous ne devrions pas quitter nos temples… » fit-elle à l’attention de tous les prêtres et prêtresses. « Les jours passent, les temps changent et les temples demeurent. Nous sommes le socle stable de notre belle République. » ajut-a-elle avec fermeté. « Quant à vous, Mages du Collège, votre neutralité est essentielle. Vous n’avez pas à faire de politique. Alors ne dites plus un mot, en particulier toi, Vaenyra. Tu t’emportes beaucoup trop et tu frôle l’insolence face à un Grand Prêtre. » reprit la dame qui ne voulait en aucun cas voir la chair de sa chair s’éloigner de ce que les dieux avaient décidé pour lui. Elle en avait discuté avec sa mère, Aemond ne devait pas être intimement liée à une faction. Que sa vision des événements et ses convictions le pousse à se rapprocher d’un camp en particulier, les Qohraenos pouvaient le gérer. Après tout, elle-même était bien plus proche de la faction bleue que des autres, du moins dans un premier temps.

« Mes enfants,  les Quatorze entendent vos prières, mais les temples sont des lieux plus appropriés à de telles dévotions. » reprit la dame après un court silence. Puis, posant son regard sur les prêtres, les trois mages et le peuple tour à tour, elle reprit. « Attendons l’arrivée d’une personnalité politique pour poursuivre. Il s’agit-là d’affaire politique et nous n’avons pas à nous exprimer dans ces cas-là. » termina la Mère de la Onzième flamme.

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Dans le chaos, naît l'ordre !feat la Faction Bleue

4ème Mois de l'Année 1067, Quadrant Sud, Caserne de la Ière Armée !

Il pensait montrer sa bonne volonté en venant se présenter devant le peuple qui le réclamait. Certes, ces gens avaient accueilli sa venue avec des applaudissements et des cris de joie. Le fait qu'il l'ait fait avec peu d'hommes autour de lui pour assurer sa protection pouvait montrer que dans une certaine mesure, il ne craignait pas le peuple et ne voulait pas lui montrer qu'il doutait de lui. Malheureusement, ce fut tout ce que le peuple pouvait espérer de lui. Le Légat n'avait pas le choix, il devait obéir. Parlant de ses inquiétudes avec Daera, elle lui répondit qu'elle n'avait fait que rendre visible ce qui existait déjà. Le militaire n'était ni aveugle ni sourd. Il lisait les rapports de patrouilles, il s'en rendait compte lui-même quand il se déplaçait dans la ville. Il voyait bien que l’atmosphère était pesante alors qu'à ses débuts comme Légat, il y avait de la joie malgré les terribles événements de l'effondrement lors des dernières élections. Ce peuple était vaillant, ce peuple était vivant ! Il était fier d'appartenir à cette nation parce qu'elle était composée de femmes et d'hommes volontaires, courageux et confiants en l'avenir. Tout ça avait disparu avec la mort du Capitaine-Général. La décision de la Faction Militariste avait plongé la Capitale et avec elle l'ensemble de Valyria dans la méfiance, la tristesse et la peur du lendemain.

« Tu crois que je ne m'en rends pas compte ? Tu crois que je suis comme tous ces politiciens qui se trouvent dans leurs beaux palais ? Je ne regarde pas le peuple d'en haut Daera, j'en fais partie ! Simplement, je n'ai pas les mêmes responsabilités qu'eux. Si j'étais commerçant, je serais à leur place. S'ils étaient à la mienne, ils agiraient comme je le fais en ce moment. Mon devoir est de protéger Valyria. C'est ce que je fais tous les jours. »

La foule devenait hostile et à un moment, les archers sur les murs furent tentés d'attraper leurs armes pour s'assurer de pouvoir calmer la foule. Mais il fallu toute l'expérience et le calme de Baelys pour les en dissuader. Après tout, ils ne faisaient que crier et insulter. Même si certains cherchaient des choses à lancer, ils ne trouvèrent rien et ne passèrent pas à l'acte pour ceux qui auraient trouvé. Du coup, la sécurité de leur supérieur n'était pas menacée. Du moins, pour le moment. La discussion entre la Sénatrice Populiste et le Légat de la Ière pouvait continuer. Elle s'approcha de lui et parla pour qu'eux seuls entendent ce qu'elle voulait lui dire. Elle lui promettait d'être prudente. L'homme se rendait bien compte des sentiments naissant pour cette femme et il ne voulait que la protéger au final. Mais elle était assez grande pour tracer son propre chemin. Après tout, elle avait prouvé qu'elle ne s'en sortait pas si mal jusqu'à présent. Du coup, il se devait de lui faire confiance et de la laisser mener son combat. Pour autant, ça n'était pas simple. De la voir, là, si proche de lui, il avait envie de lui tenir les mains et de la protéger dans une étreinte douce et rassurante. Pour autant, il n'en fit rien.

Elle se détourna de lui et s'avança pour parler à la foule. Elle tenta de calmer les esprits en expliquant qu'il ne fallait pas en vouloir à Vagar, mais à sa hiérarchie qui devait certainement se frotter les mains de le voir si démuni. Il était évident que la première chose que le militaire avait envie de faire était de mener ses hommes devant le Sénat pour s'assurer que rien de fâcheux n'arrive. Mais il ne pouvait pas, Aeganon Bellarys avait donné ses ordres. Ni la IVème ni la Ière ne devait bouger. Du coup, il ne bougeait pas. Invitant le peuple à la suivre pour rejoindre ceux qui étaient parti juste avant, elle les mena vers l'endroit où se prenaient toutes les décisions. Peu à peu, l'endroit se vida et le Légat réintégra ses murs. Les archers se détendirent et les hommes dans la cour également. Ils avaient échappé au pire. Le peuple ne s'était pas montré belliqueux. Certes, il y avait eu des insultes, mais il comprenait leur colère. Pour autant, il ne comprenait pas forcément pourquoi ils attendaient tant de choses de lui. Ce n'était pas un politicien, il n'était que le protecteur de la Capitale, des Lumières, des Institutions et du Peuple. Était-ce en cette qualité qu'ils espéraient qu'il joue son rôle ? Pour autant, il avait l'impression de le faire. Du moins jusqu'à présent.

Alors que les bruits de la foule ne s'entendaient plus que de loin, un garde arriva à la poterne pour demander à parler au Légat. Quand il fut amené à Vagar, qui était en train de se tenir au milieu de la cour, devant ses hommes toujours assemblés, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien faire, il se tourna vers ce nouvel arrivant et entendit son rapport :

« Légat, les portes du Sénat sont scellés ! Les prêtres forment une barrière humaine pour empêcher les Mages d'entrer dans Drivo. Quand je suis parti, le Grand Prêtre d'Arrax était en train de parler à la foule. Que devons-nous faire ? »

Ce qu'il venait d'apprendre était inédit, incroyable, unique dans l'histoire de Valyria. Des prêtres faisaient barrage au peuple et à ses représentants, les mages ? Mais où allait cette République ? Est-ce que le peuple allait écouter les représentants des Dieux ? Leur colère était profonde mais leur restait-il une once de lucidité pour ne pas foncer tête baissée sur ces femmes et hommes qui servaient les Quatorze ? Allait-on assister à une opposition des institutions ? Le Collège, allait-il affronter le Clergé ? Ces deux entités étaient neutres normalement, mais la situation semblait être critique pour que certains prennent parti pour l'un ou l'autre des mouvements formés après l'assassinat de Lucerys Arlaeron. Non, non, non... Ça ne pouvait pas se passer ainsi. Ça devenait n'importe quoi. Si personne n'agissait, on pouvait courir à la catastrophe.

Baelys, la tante de Vagar, s'avança pour poser une main sur son épaule afin d'avoir son attention. En cet instant, l'homme semblait ressentir les battements de son cœur dans son crâne. Ce rapport, ses soldats l'avait entendu et semblaient tout aussi inquiets que lui. Tous sentaient que ça ne tournait pas rond. Si cela continuait, on risquait d'assister à une guerre civile !

« N'oublie pas ton serment Vagar ! »

Les regards de Baelys et de Vagar se croisèrent. Elle avait toujours été là pour le conseiller depuis qu'il était tout jeune. C'était elle qui l'avait formé et il voyait également l'inquiétude dans ses yeux bien qu'ils fussent, normalement, rompu à ne montrer aucune émotion. Mais là, il en était de la survie de leur mode de vie. Qu'est-ce qu'il arriverait si jamais il restait là alors que les Prêtres et les Mages, avec l'aide du Peuple, s'en prenait l'un à l'autre ? La garnison se trouvant à Drivo était incapable de gérer un tel problème. Ses soldats n'étaient pas assez nombreux. Et si jamais une bataille avait lieu devant les portes de Drivo, qu'est-ce qui empêcherait les belligérants de forcer les portes ? Non, c'était un risque qu'il ne désirait pas courir. Il avait promis de protéger et de servir. En restant là alors que les Prêtres risquaient leur vie, il ne faisait que trahir son serment. Puisant la force dans le regard de sa tante, Vagar était conscient que son action n'allait pas bien passer auprès de sa hiérarchie. Mais il était le garant de la sécurité de la capitale, c'était à la Ière que l'on demandait d'assurer la sécurité des bâtiments et du peuple. Là, il se passait des choses beaucoup trop grave pour rester les bras croisés. Pour la première fois de sa vie, il allait désobéir.

Se tournant vers ses hommes, il dit :

« Soldats de la Ière Armée, vous êtes tous Filles et Fils de Valyria. Je vois dans vos yeux et peux lire dans vos cœurs l'inquiétude causée par cette situation. Nous avons tous fait le serment de protéger Valyria contre ses ennemis de l'extérieur comme de l'intérieur. Nous sommes les garants de la sécurité du Sénat, des Lumières et de leurs citoyens !

Allons-nous laisser les serviteurs des Quatorze s'élever en rempart, seul, pour protéger ce qui est de notre ressort ? »


Un grand non se fit entendre. Chaque soldat était conscient que c'était à eux et non au clergé de sécuriser les abords de Drivo. Ils étaient soldats, mais également de simples citoyens. Ils étaient habitués à obéir, mais n'en oubliaient pas pour autant leurs émotions. Tous se rendaient compte que cet instant pouvait être le point de non-retour. S'ils continuaient de rester spectateurs, ils risquaient de voir s'enchaîner des événements qu'ils auraient du mal à canaliser.

« Alors mes frères, soyez conscients que nous allons peut-être au-devant de beaucoup d'ennuis parce que nous allons désobéir à un ordre direct. Mais que chacune et chacun gardent à l'esprit que c'est parce que c'est notre serment qui parle, notre honneur de protecteur de Valyria. Nous ne pouvons laisser à d'autres le soin de faire notre travail.

J'ordonne la mobilisation de toutes les casernes. »


Se tournant vers celui qui venait de Drivo, il lui dit :

« Retourne d'où tu viens et parles à ton commandant et rien qu'à lui. Assure-le de notre venue et qu'il continue de garder Drivo. »

Désignant ceux qui allaient devoir se rendre dans les autres casernes de la Ière, il leur dit :

« Voici mes ordres ! Tous les soldats de la Ière doivent sortir. Nous devons protéger le Sénat et éviter tout débordement. Je ne veux en aucun cas que l'on s'en prenne au peuple tant qu'il ne montre aucune hostilité. Que chacun se souvienne que nous sommes là pour protéger et non menacer. Aucune action ne sera faite pour faire partir la population. Nous ferons tampon entre eux et le Sénat, c'est tout.

Il faudra également demander avec respect aux membres du clergé de nous laisser faire notre travail. S'ils veulent rester, ils le peuvent tant qu'ils n’interfèrent pas dans nos affaires. S'ils veulent partir, on les laissera partir. Je ne veux aucune faute, aucun geste pouvant faire penser que nous sommes là pour brimer qui que ce soit. »


Après ce discours, les messagers partirent en direction des différentes casernes de la ville. Bien que les soldats de la caserne où se trouvait Vagar étaient rassemblés dans la cour, il faudrait du temps pour qu'ils soient tous prêt à marcher vers Drivo. Le Légat ne savait pas ce qui l'attendait, mais ce qui était sûr, c'est qu'il avait le sentiment d'agir pour le mieux. Protéger le clergé ne pouvait que lui apporter la bénédiction des Quatorze. Protéger le Sénat, montrer son attachement aux institutions. S'assurer que rien n'arrive au peuple, qu'il n'était pas là pour les agresser, mais au contraire leur montrer qu'il prenait en compte leurs soucis.


Voix de l'Ombre
Voix de l'Ombre
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Dans le chaos, naît l’ordreValyria on the hedge

Quadrant Est -  An 1067, mois 4

La tension monta d’un cran supérieur lorsque la mage Vaenyra Menaleos se mit à charger verbalement le Grand Prêtre d’Arrax. L’homme était éminemment puissant et respecté car il présidait au culte du Dieu des Dieux. Arrax, le Tout-Puissant. Arrax ne cédait rien à personne, il ne ployait pas devant Vhagar, pas devant le Sénat, pas devant la République, ni le Collège, ni personne. Arrax était sacré, encore plus sacré que les autres dieux, selon le Velaryon qui représentait son culte. La jeune femme de Volantis lui faisait grande offense et on sentait, derrière, la foule qui bruissait avec stupéfaction de la tournure que prenaient les événements.

Il fallut toute la pertinence de la remarque du jeune Aemond Qohraenos pour que la situation retrouvât un peu de sérénité. Les hommes et les femmes se regardèrent les uns et les autres. Les mages ne se mêlaient pas de politique, ou du moins jamais en tant qu’entité unique et indivisible. C’était cela qui les rendait particulièrement appréciés de la population, en plus des services médicaux qu’ils rendaient. La plupart des blessés de la guerre contre Ghis étaient, à un moment ou un autre, passés entre les mains des mages guérisseurs. La seconde voix de la modération fut celle de la Grande Prêtresse de Tyraxes, qui appela elle aussi au respect de son homologue Velaryon et au retour au calme, souhaitant la présence prochaine d’un ou d’une responsable politique. Nul ne s’était pour l’instant présenté au peuple, qui arrivait toujours plus nombreux.

Le regard fou, le Grand Prêtre d’Arrax ne fit pas de réponse à l’insolence de Vaenyra, il fit quelques pas en arrière, revenant vers le cordon de prêtres. Plusieurs grands prêtres et grandes prêtresses avaient rejoint les rangs, aux côtés d’un nouveau contingent provenant de tous les temples valyriens. Toutefois, ce fut le martèlement régulier des pavés autour du Sénat qui emplissait désormais l’air. La tension restait excessivement élevée. Ceux qui priaient se relevèrent et tous purent constater que l’impensable s’était produit. La première armée était sortie de ses casernes, en contradiction directe avec les ordres du capitaine-général par intérim, Aeganon Bellarys, le véritable dirigeant de la faction Rouge. Ce dernier se trouvait d’ailleurs au Sénat, entourés de la plupart des têtes d’affiche de la faction dont Maekar et Elaena Tergaryon, Jaehaeganon et Daenerys Maerion, Laedor et Naerys Arlaeron ainsi que Baelor et Valaena Cellaeron. Quant à Maegon Tergaryon, personne ne l’avait apperçu mais on le supposait dans son palais du Quadrant Ouest.

Les hommes de la première armée arrivèrent juste à temps, alors que la foule devenait si dense qu’il aurait été compliqué de s’y déplacer quelques dizaines de minutes plus tard. La première armée avait suivi le reste de la foule, menée par Daera, qui était retournée auprès de ses compagnons de marche. La troupe d’élite chargée de la protection de Valyria se mit en deux rangs parallèles bien denses, faisant face à la population et au Sénat, s’interposant dans un mur de boucliers polis et de casques brillants. Au milieu d’eux, trônant sur un puissant destrier nerveux, qui tapait les pavés de ses sabots d’inconfort, le légat Vagar Nohtigar, les sourcils froncés d’inquiétude pour la situation. Les prêtres ne bougèrent pas, ne comptant pas se laisser impressionner par des hommes en armes, car ils étaient armés.

Lorsque le martèlement du sol se termina, la manœuvre avait été accomplie à la perfection. A coup d’ordres brefs criés par les officiers qui obéissaient à Vagar, les hommes s’étaient déployés comme à la parade. Un long silence accompagna la fin des mouvements de troupe. Il y avait désormais un second cordon pour protéger le Sénat de la foule, très nombreuse. Il était devenu pratiquement impossible de s’y déplacer, et on s’y tenait épaule contre épaule. Bientôt, le brouhaha reprit alors que les prêtres discutaient entre eux à voix basse, jetant parfois des regards vers les soldats ou la foule derrière. Certains pointèrent du doigt les mages ou encore la sénatrice populiste. La plupart avaient un mauvais regard envers Maerys. Toutefois, le Grand Prêtre d’Arrax, Jaeganon Velaryon, interpela finalement sa collègue par-delà le cordon de soldats.

« Maerys Qohraenos ! Resteras-tu à prendre parti ou nous rejoindras-tu pour éviter que cette journée n’entre marquée d’une pierre noire dans notre Histoire ? »

Certains s’offusquèrent de la demande dans la foule, et il y eut quelques exclamations et rugissements furieux. Les discussions reprirent de plus belles. Jusqu’à ce qu’un homme, parvenant on ne savait vraiment comment à franchir la foule, tendît un petit parchemin à Vagar. En le dépliant, il put lire le message que lui adressait d’une écriture fine mais pressée le Sénateur Maegon Tergaryon.

la note de Maegon à Vagar:

À peine Vagar avait-il terminé la lecture de cette missive impérieuse qu’un homme se montra aux remparts, s’adressant d’une voix puissante à la foule.

« Peuple de Valyria ! Honnêtes citoyens ! Le message que vient de recevoir le légat Vagar Nohtigar lui a été adressé par le Sénateur Maegon Tergaryon. Il l’avertit de faire en sorte de protéger la vie et l’intégrité physique de ses parents Maekar et Elaena Tergaryon. Si ces derniers sont blessés, il utilisera le sang-dragon sur lui, son armée et tous ceux qui auront joué un rôle dans ce sacrilège ! Soyez prévenus ! »

Dire que la foule prit ombrage cette menace serait une litote. Un grognement indigné monta sourdement de la foule compacte, de nombreux cris soutinrent le légat dans ce que la foule voyait comme une tentative d’intimidation. L’idée que le feu-dragon puisse être utilisé contre les Valyriens ne les calma pas ; au contraire, ils en furent outrés. De nombreuses insultes fusèrent et la foule criait encore sa colère lorsque les portes derrière les prêtres s’ouvrirent légèrement pour laisser passer plusieurs hommes en armes qui portaient les couleurs de l’Archonte d’Oros. Maekar Tergaryon, justement, et Laedor Arlaeron venaient de sortir de l’immense enceinte de Drivo pour se trouver désormais dans le dos du cordon des prêtres. Ils étaient escortés de six hommes. Leur petit groupe s’avança jusqu’aux prêtres et, après quelques secondes de palabres, le cordon d’hommes et de femmes religieux s’ouvrit pour se refermer juste derrière eux.

Il y eu alors de nombreuses acclamations. La foule voyait dans cette sortie une grande victoire. D’autant plus que Maekar et Laedor étaient des héros, couverts de gloire durant la guerre et durant le Grand Effondrement. Ils étaient admirés du peuple et incarnaient à merveille les jeunes seigneurs-dragons plein de vie qui vivaient pour défendre le peuple et Valyria. Ces derniers se dirigeaient toutefois vers Vagar.

L’avenir seul dirait ce qu’ils avaient à expliquer au légat.

Du reste, l’Histoire dépendrait.


Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

Dans le chaos naît l'ordre ft les bleus

   
An 1067 du 4ème mois,
La création fit naître l’homme, par essence conflictuelle, ambivalente.
Et pour ainsi dire, ce dernier démontrait une aptitude nette au désordre. De tout temps l’homme conquit, de tout temps l’homme détruit. Ce qu’il créait, il le défait.
Un cercle vicieux qui semblait s’être installé depuis le début de son ère.
L’homme par sa nature passionnelle s’oubliait à la raison, poison s’infiltrant encore plus profondément dans ses esprits. Une fragilité qui pouvait malheureusement mené à de tragiques évènements. Peut-être trouvait-il dans ce cataclysme une certaine jouissance, un pouvoir qu’il se croyait seul avoir sur ce monde mortel.

Il en demeurait pas moins que cette illusion, ce semblant de contrôle, sur sa propre destinée n’était que partielle. Il lui arrivait bien trop souvent de voir s’échapper d’entre ses mains cette vie, ou celles de ceux qui comptaient encore à ses yeux. Ainsi, le voilà, cet être éternellement insatisfait des desseins des dieux, s’escrimant comme un beau diable à trouver sa vérité, sa fortune. Une quête qu’on penserait factice, sans fin, mais qui au demeurant ce dernier ne pouvait envisager pareil sort.
Il fallait exister, il fallait lutter pour ne pas sombrer.  Sombrer plus intensément dans ce néant de rien, il fallait vivre. Et si cela était par le feu et le sang…

Ainsi, la paix inspirait peu, et la cité flamboyante en était témoin. Dans cette ambiance électrique, elle se trouvait bien malgré elle spectatrice d’un déchirement historique. Bon nombre d’hommes, de femmes n’entendaient pas ses cris. Le jeu de pouvoir s’annonçait, brisant les esprits, révoltant d’autres.

Maekar suivait la cadence, réfléchissant à la meilleure possibilité dans ce chaos ambiant. Une chose était sûre, Valyria n’était plus la même depuis la mort de Lucerys, et cette prise de position n’avait qu’engendrer rancoeur et incompréhension de la part de toutes les factions. Il se devait de trouver un moyen de recoller ce qu’il avait saboté. Mais tout d’abord, il fallait trouver le calme, mettre un terme à cette montée de colère. Ce fut donc décidée par l’ensemble, que Vagar Northigar devait être stoppé, lui qui avait encouragé ce brasier à se déverser sur le Sénat, sourd comme jamais.

Le Tergaryon de part sa formation de militaire, et son grade n’appréciait guère l’insubordination, il en était de même pour Aeganon Bellarys, ou encore Maegon Tergaryon. L’insubordination au delà de sa composante morale de respecter son supérieur, et d’outre passer les commandes était une arme dangereuse. Combien vont le suivre encore si personne n’émettait un jugement sur cet affront ? Partons-nous vers une révolte, et donc par extension une répression plus dure ?
Ainsi, l’arrestation du Légat fut mise en place pour crever l’abcès avant que celui-ci n’explose au visage. Lui-même et son camarade de toujours Laedor Arlaeron devaient rencontrer le commanditaire. Ils se devaient de faire appliquer celle-ci. Mais également ils se devaient de régler cette affaire avec diplomatie. Aucune effusion de sang ne serait permis.

Sortant comme un seul homme des portes protectrices du Drivo, flanqués de quelques hommes de main. Il fut submergé intérieurement par la débâcle qui se déroulait sous ses mires. Sur sa monture, il évolua écoutant d’une oreille tout de même attentive la foule applaudir la venue de ses figures militaires. Au moins, il leur restait cela, peut-être que la véhémence serait moindre, enfin un instant pourrait-on dire.

Sa monture quelque peu nerveuse avança pour ne plus que se planter devant le Légat, accompagné d’autres soldats. Maekar fit le premier pas, d’un air décidé mettant pied à terre.

« Salut à toi, Vagar Nohtigar. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de donner plus de précisions sur notre venue. »

Son regard croisa, et s’ancra dans celui de son interlocuteur. Le général prit un temps pour poursuivre ses paroles. Son visage ne montrait qu’un air solennel.
« Tu n’es pas sans savoir que l’insubordination est proscrite, tu n’as pas eu l’ordre de bouger. Nous sommes donc venu à toi comme Aeganon Bellarys nous l’a directement dit. La seule chose à faire pour certains serait de te sommer d’arrêter, de prendre par la force. Cependant, nous sommes pas de cette école. Nous sommes avant tout des soldats, et je pense que nous nous comprenons en tant que tel. »
Expliqua ce dernier sans animosité. Il fallait parlementer et éviter cette insurrection, secrètement notre seigneur dragon espérait que le discours de son compagnon l’aide bien plus à faire que le sien, son choix.

« Nous aimons Valyria, autant l’un que l’autre. Et nous la servons sur les champs de bataille, nous la portons autant dans notre chaire et notre sang. » S’épancha Maekar. L’homme qui parlait à cet instant n’était plus désormais ce sénateur, mais bien un soldat, voie qu’il avait toujours embrassé.

« Il est donc plus juste de ne pas recourir à ce procédé, tu n’es pas l’étranger, tu es dans l’unité que rassemble notre force armée, nous te laissons alors le choix de te rendre. »
Il termina son long propos toujours aussi enclin au dialogue. Homme peu orateur d’ordinaire, notre Tergaryon espérait tout de même que le message était bien passé. Aucun mal ne serait fait, et surtout aucun ennemi à craindre. Néanmoins, le seigneur-dragon n’oubliait pas que le Légat pouvait très bien se rebiffé. Maekar pouvait alors compter sur son acolyte, fils du défunt Lucerys Arlaeron. Il avait tout autant d’importance en cet instant. Laedor n’était pas un simple combattant, une épée sans âme. Depuis leur rencontre, il s’était imprimer en lui cette idée qu’il ne se défaisait pas : Laedor ne vivrait plus dans l’ombre de ce défunt père.

il s’adressa cette fois-ci aux hommes entourant Vagar. « Aussi, ces hommes seront maintenant sous mes ordres, sur demande d’Aeganon Bellarys. »
Le démantèlement de la première armée prenait effet à ce moment précis.


Laedor Arlaeron
Laedor Arlaeron
Lames d'Argent

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Dans le Chaos naît l'OrdreToday we rise

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Sometimes things have to go bad in order to go right.

Rien n’allait plus à Valyria depuis la mort de son père. Comment un homme qui avait passé sa vie entière à protéger et servir Valyria pouvait maintenant causer son déchirement par son trépas. Les regardait-il encore de son unique œil inquisiteur ou avait-il retrouvé l’usage des deux en retrouvant sa bien aimée parmi les étoiles. Comme il devait les juger et jurer de tous les voir ainsi.

Quoi que de tous les Arlaeron, s’il y en avait un qui avait désiré la guerre ce ne pouvait être que Lucerys. Comment Laedor aurait-il pu vouloir retourner braver l’ennemie alors que sa vie reprenait un peu de stabilité et qu’il avait l’espoir d’un peu de bonheur ? Comme il était naïf. Son père, avait-il toujours su que le mal les guettait dans l’ombre ? Le jeune sénateur aurait pu se maudire longtemps de n’avoir plus porté attention aux propos paternels. À présent qu’il n’était plus, il n’y avait plus non plus de questions à se poser, Laedor ferait la guerre. Il irait débusquer jusqu’aux derniers traîtres qui avaient osé s’en prendre à son père, à sa famille, à Valyria. Il retournerait au front, malgré ce qu’il lui coûterait. Un jour, il aurait enfin le fin mot de toute cette histoire, parce que l’on ne s’attaquait pas au protecteur de Valyria impunément.

Mais aujourd’hui n’était pas un de ces jours-là.

Laedor était entré tôt au Sénat et n’avait ainsi eu vent de toute l'agitation populaire que par la frénésie présente dans l’air. Il ne s’attendait pas à une telle agitation et avait été surpris lorsque son ami Bellarys était venu vers lui avec une requête particulière. Il avait rapidement accepté et s’était mis en route avec Maekar sans saisir la grandeur du mouvement populaire en cours au-dehors. En passant les portes de Drivo, le bruit de la foule rassemblé lui parvint plus nettement et grandissait encore à mesure qu’il s’approchait de la barrière humaine des prêtres rassemblés. C’est bouche bée qu'il aperçut la foule les acclamant derrière les rangs de soldats posté en rampart. Il continua malgré tout sa route vers le légat dirigeant ces hommes, tel la demande qui lui avait été faite. Il laissa son camarade de bataille poser les termes établis par le capitaine-général par intérim. Somme toute, le légat devait se douter que ces actions, contrevenir à un ordre direct, ne resteraient pas sans conséquences. Si Maekar avait tout intérêt à venir rencontrer Vagar au-dehors, c’est qu’il prenait maintenant la direction de son commandement. Il lui annonçait la fatale vérité, sa destitution, du moins momentanément. La position de Laedor était quant à lui beaucoup plus symbolique. N’était-il pas le visage de toute cette agitation qui par sa mort ébranlait sa cité chérie. C’est avec l’assurance empruntée à son père qu’il s’adressa par la suite au légat pour l’informer de la suite des choses.

« Ce n’est pas le sénateur ni le soldat qui vient vers toi. C’est un homme sensé qui s'adresse à un autre homme sensé. Vagar réfléchit, mais réfléchit rapidement et tu verras que cette proposition est plus que juste au vu de la situation. »

Tout comme le peu d’homme que composait leur garde, il était venu armé, mais contrairement à eux sa main n'était pas sur le pommeau de sa lame, prêt à toute éventualité et il ne tenait aucunement à devoir la tirer de son fourreau. Aucun sang ne serait versé aujourd’hui, aucun mal fait à l’encontre d’un citoyen et aucune lame retournée contre un des leurs. Il ne tenait plus à un nouveau soulèvement comme celui qui avait déchiré la ville le soir de ses noces et qui lui avait arraché sauvagement le dernier de ses parents. De Lucerys, il ne lui restait en héritage que cette ville à chérir, servir et protéger et c’est bien ce qu’il comptait faire pour honorer sa mémoire. Il serait celui que l'on s’attendait qu’il soit.

« Je suis venue t’escorter vers un appartement du sénat qui a été aménagé pour toi. Tu y seras confortablement installé le temps que cette situation se tasse et s'éclaircisse. Je ne prétends pas détenir l’autorité pour te juger, ce n’est pas devant moi que tu dois répondre, mais devant le sénat. »

De la main et du regard, il embrassa la foule rassemblée derrière les lignes d’hommes et de femmes mobilisées.

« Toute cette agitation n’est pas nécessaire alors pourquoi en rajouter davantage. Entre avec moi et viens nous expliquer la raison de tout ceci, veux-tu ?»

Il recula calmement d’un pas, l'enjoignant tacitement à le suivre. Le sénateur espérait vraiment que tout ceci se termine rapidement et sans heurt.

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Dans le chaos, naît l'ordre !feat la Faction Bleue

4ème Mois de l'Année 1067, Quadrant Sud, Caserne de la Ière Armée !

Cette décision, il ne l'avait pas prise de gaieté de cœur parce qu'il savait qu'il allait contre un ordre reçu de la hiérarchie. Malheureusement, il était convaincu que c'était la meilleure chose à faire. Quand il avait appris que c'était le Clergé qui faisait office de barrage pour empêcher le peuple de pénétrer Drivo, il se dit qu'il y avait quelque chose qui dysfonctionnait. L’état-major ne pouvait pas permettre ça. Une foule si nombreuse qui se déplaçait vers le cœur du pouvoir et qui ne trouvait que des prêtres pour leur barrer la route était inédit. Actuellement, les têtes pensantes de ce mouvement arrivaient à maintenant le peuple, mais pour combien de temps ? Il suffisait d'un grain de sable pour enrayer un mécanisme. Si cela se produisait, que se passerait-il ? Est-ce que ceux dirigeant les Rouges se moquaient du risque de perdre des membres de tous les Dieux ? Se sentaient-ils si puissant qu'ils pensaient ne pas encourir la fureur des Quatorze en cas de meurtres commis par la foule ? Sans doute que oui, ils entendaient depuis tout petit à quel point leur glorieux nom était puissant. À force, ça tapait sur la tête et on finissait par y croire. Que c'était pathétique ! Les nobles étaient décidément bien les seuls à s'illusionner du pouvoir qu'ils avaient vraiment. Ce qui maintenant encore cet état en place, c'était le respect qu'avait le peuple pour ses Lumières et ses Héros. Ils espéraient tous que ces personnes agissent dans leur intérêt plutôt qu'en faveur d'un quelconque calcul politique. C'était bien utopiste de leur part, mais ils n'étaient que des moutons devant des dragons.

Une fois de plus, la Ière avait démontré tout son savoir-faire et son professionnalisme. L'opération s'était passée sans heurt et le Sénat était désormais protégé. Ses consignes avaient été claires, il ne souhaitait pas que n'importe qui entre au Sénat. Il ne désirait pas que quoi que ce soit, soit fait contre le peuple ou contre le clergé. Il n'avait à l'esprit que la sécurité de tous. C'est donc sur un cheval qu'il parcourait les deux rangées de soldats. L'homme était inquiet et prenait la mesure de l'ampleur du mouvement. Du côté de la place où se trouvait le peuple, il n'y avait plus guère de place pour y faire venir qui que ce soit. Du côté de Drivo, certains membres du Clergé venaient grossir les rangs. Sans vraiment comprendre pourquoi ils agissaient de la sorte, il se dit qu'il vaudrait mieux s'adresser d'abord aux Grands-prêtres pour louer leur courage et les remercier pour ce qu'ils faisaient. Les enjoindre de partir parce que l'armée était désormais en place. Ces derniers ne semblaient pas vouloir bouger. Le Grand Prêtre d'Arrax s'adressa à sa consœur de Tyraxès pour lui demander si elle comptait rester encore longtemps du côté de ceux qui s'étaient soulevés. Déjà que le peuple était divisé, il fallait éviter à tout prix un schisme au sein de l'Église. La situation était déjà assez tendue comme ça. Un appel au calme était nécessaire !

Vagar, sur son destrier, leva les mains en l'air pour réclamer le silence. Il souhaitait parler à la foule et apaiser autant que possible les tensions qui pouvaient surgir à tous moments. C'est d'une voix puissante pour que tous puissent l'entendre qu'il parla.

« Peuple de Valyria, entendez mes paroles ! Je comprends votre colère et comprends les raisons pour lesquelles vous désirez être entendu aujourd'hui ! Cependant, vous êtes ici sous le regard des Dieux, de vos pairs et des dirigeants que vous avez élus. Je vous demande à tous de garder votre calme ! Il ne peut y avoir de coup de sang sous peine d'être jugé sévèrement pour ces agissements. Nous, Peuple de Valyria, sommes des gens raisonnables et raisonnés ! Nous pouvons faire face à l'adversité sans pour autant chercher à s'en prendre physiquement à celui qui ne partage pas nos opinions.

J'ai foi en vous ! Je sais que je peux vous faire confiance parce que j'ai passé toute ma vie à défendre cette grande nation, à vous défendre vous, la véritable force de Valyria ! Promettez-moi que vous resterez calmes ! Promettez-moi que vous respecterez nos lois comme vous l'avez toujours fait ! Prouvez-leur qu'ils n'ont rien à craindre de vous et que vous êtes au moins aussi intelligents qu'eux, si ce n'est plus ! Faites confiance à ceux qui vous ont fait ouvrir les yeux, ils se battront pour vous. Mais leur combat ne sera possible que tant que vous resterez calmes. Mes chers compatriotes, je vous assure que votre seule présence est déjà une marque de votre soutien à ceux qui se font appeler les Bleus. Ne ruinez pas leurs espoirs de voir leurs revendications, VOS revendications trouver portes closes. »


Il voulait que le peuple reste suffisamment sage pour permettre à ceux qui cochaient toutes les cases pour pouvoir remettre leur doléance au Sénat d'y parvenir. Une erreur de la foule et les Rouges en profiteraient certainement. Il était désormais temps de s'adresser aux membres des différents clergés. Il fit volte-face avec son cheval et s'adressa donc aux filles et fils des Quatorze. Ce qui était bien, c'est qu'il n'était pas obligé de parler aussi fort que pour s'adresser à la foule, les prêtres étaient moins nombreux.

« Filles et Fils des Quatorze, soyez tous loués pour vos actions ! Moi, Vagar Nohtigar, je salue votre courage et vos convictions. Valyria a bien de la chance d'avoir des guides de votre acabit. Cependant, avec le plus profond respect que chacun d'entre-vous mérite, je prie vos Excellences de bien vouloir rentrer dans vos Temples. Je vous remercie d'avoir protégé Drivo. Bien que j'ai reçu l'ordre de ne pas bouger, je n'ai pas me résigner à vous laisser seul ici quand j'ai appris ce que vous étiez en train de faire.

Pour cela, je remercie vos Excellences de m'avoir ouvert les yeux et une fois de plus, les Quatorze ont su guider mon chemin. Vous êtes les représentants des Dieux, le ciment de notre nation. Votre neutralité est l'essence même de votre service auprès des Dieux. Je vous en conjure, permettez moi de faire mon travail et retournez dans vos Temples. »


Il avait utilisé tout le respect non feint qu'il avait pour les représentants du Clergé. Il ne voulait manquer de respect à personne et espérait sincèrement que ces gens fassent ce pour quoi ils étaient venus au monde. Interpréter les signes de leur dieu et guider le peuple. Tout à coup, un messager arriva aux pieds du Légat. Ce dernier tourna sa tête vers l'un de ses officiers qui lui dit qu'il avait le symbole des Tergaryon, raison pour laquelle il n'avait pas été arrêté. Il tendit une missive au commandant de la Ière et ce dernier prit bien le temps de la parcourir. L'écriture était belle, mais ça n'était pas étonnant. Elle venait d'un homme qui maniait plus souvent la plume que l'épée. Le message était une menace flagrante d'utiliser la force contre quiconque s'en prendrait à ses parents. Quelle bêtise ! On voyait bien que l'envoyeur passait plus de temps sur un dragon que dans les rues de la ville. Menacer ainsi des compatriotes d'utiliser le Feu Dragon était indigne, un manque de confiance et une insulte envers le peuple et son armée. Si, tôt qu'il eut fini, un héraut proclama ce que Vagar venait de lire. Comme l'on pouvait s'y attendre, la foule ne fut pas très contente et des noms d'oiseaux commencèrent à s'envoler dans les airs.

Les événements s’enchaînaient et le mot du Sénateur ne pouvait vouloir dire qu'une chose, la hiérarchie des Rouges se mettait en branle pour venir l'arrêter. Ça ne l'étonna pas le moins du monde, il avait prévenu ses hommes que les ordres qu'il dictait étaient à l'encontre de ceux qu'il avait reçus. Les portes de Drivo s'ouvrirent et huit personnes sortirent. Six hommes en armes et deux noms connus de Valyria, Maekar Tergaryon et Laedor Arlaeron. Le parent de l'idiot qui lui avait écrit cette missive arriva à cheval et fendit la foule de prêtres et de soldats pour venir se mettre face à Vagar. Il le salua et le militaire répondit à ce salut puis Maekar lui dit qu'il n'était pas nécessaire de donner d'explications sur le pourquoi de sa visite. Le Légat n'était pas d'accord !

« Au contraire, Sénateurs... Expliquez-vous ! »

Il avait omis sciemment le grade du Tergaryon. Ce jeune freluquet ainsi que le fils du Capitaine-Général décédé étaient tout ce que Vagar abhorrait dans l'armée. Des fils de grandes familles qui sous prétexte d'avoir une glorieuse histoire se permettaient de prendre les postes prestigieux au détriment d'hommes souvent plus qualifiés qu'eux.

L'homme qui ne le quittait pas des yeux lui expliqua qu'il n'était pas ici pour arrêter le Légat par la force et qu'ils étaient des soldats et que donc, ils pouvaient se comprendre en tant que tel. Un sourire crispé se dessina sur le visage de Vagar. Ce n'était pas pour se moquer, mais disons qu'il doutait un peu des paroles de son interlocuteur. Faisant un geste lent vers la troupe et ensuite en se montrant lui-même, il répondit :

« EUX sont des soldats, JE suis un soldat. TU aurais pu être un soldat Sénateur. Malheureusement, tu as préféré jouer ta propre carte dans les travées de cette institution, que j'ai juré de protéger, afin de glorifier ton nom... »

Nulle colère dans le ton employé. Il parlait aussi calmement que Maekar se trouvant devant lui. Le Légat ne prit pas la peine de répondre quand le Général lui expliqua aimer Valyria et la protéger autant que lui. Il avait son avis et il s'était suffisamment épanché pour que son interlocuteur puisse comprendre ce qu'il en pensait.

« Me laisser le choix de me rendre ? C'est bien généreux de ta part Sénateur... Mais je doute d'avoir vraiment le choix, vois-tu, quand ton parent écrit des insanités pareilles.

Il montra le parchemin qu'il avait toujours en main. Et quand Maekar lui apprit qu'il reprenait la suite des opérations, Vagar répondit :

« Le Patriarche Tergaryon ne semble pas avoir confiance en tes capacités... Sinon, il ne perdrait pas son temps en veines menaces... »

Il décida de descendre de cheval et n'esquissa aucun geste pouvant être pris pour une agression. Son but n'était pas de faire couler le sang. Il allait se rendre, il savait qu'il avait commis une faute. Du moins, avait-il désobéi en ayant bougé alors qu'il avait reçu l'ordre contraire. Mais il était bien déterminé à faire entendre raison à ces gratte-papier. Ce fut au tour de Laedor de lui parler. L'homme lui dit que ce n'était pas le soldat ni le sénateur qui venait à lui, mais un homme sensé. Cela fit sourire pour le coup le Légat. Parce qu'il était censé de laisser une foule de dix mille personnes se balader sans qu'un service d'ordre ne soit mis en place pour empêcher tous les débordements ? Il avait de sérieux doutes...

« Pas un soldat, pas un sénateur... Il faudra un jour choisir sa voie au lieu de faire comme ton ami. On ne peut constamment jouer sur les deux tableaux ! »

En effet, Maekar et Laedor étaient pour Vagar des gens qui déshonoraient l'uniforme. Ils représentaient une noblesse jouant au soldat, mais n'en n'ayant pas l'étoffe. Trop occupé à acquérir plus de privilèges et de pouvoirs en allant s'égosiller au Sénat. Raison, pour laquelle le Légat ne voyait aucunement des soldats devant lui. Savaient-ils seulement ce qu'était être soldat ? À moins qu'ils ne soient trop occupés à survoler le champ de bataille... À ce moment-là, bien que ces bêtes ne lui inspirent aucune sympathie, elles faisaient quand même tout le sale boulot. Ils pouvaient ensuite rentrer se glorifiant d'une victoire qu'ils n'ont pas obtenus tout seul pour manger jusqu'à plus faim et porter les belles étoffes. Tandis que les vrais soldats se battaient épaules contre épaules dans la boue et n'avaient droit qu'à de la nourriture passable.

« Bien que je comprenne vos présences ici, cette situation n'est pas juste. Mais aucun problème, je vais te suivre homme avisé et faire entendre ma voix au Sénat ! Ainsi, ils se rendront peut-être compte que cette situation est tout sauf juste ! »

Les hommes de la Ière ne semblaient pas ravis d'être mis sous le commandement de quelqu'un d'autre. Pour autant, ils ne dirent rien, c'était l'élite de l'Armée Valyrienne. Ils obéissaient aux ordres et suivaient celui qui les dirigeait. Vagar avait beau avoir placé des officiers loyaux à sa personne et à la République, il ne souhaitait pas que quiconque se mutine. Il avait pris une décision en son âme et conscience, il suivrait les ordres et se rendrait dans cette salle en attendant de pouvoir se défendre. Pour lui, il avait été capital de se trouver en ce lieu pour éviter à de sombres événements de s'écrire dans leur Histoire.


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