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dans le chaos naît l'ordre ft les Bleus
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Daera Melgaris
Daera Melgaris
La Lumière du Peuple

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Daera avait fait le chemin vers le Sénat dans un calme exceptionnel, comme si tous avaient conscience de l'enjeu d'aujourd'hui. Derrière elle, elle pouvait même entendre certains chants décrivant l'arrivée de la République. Elle aurait aimé pouvoir dire pouvoir cerner et prédire chaque fait en avance de tout le monde. Elle aurait aimé pouvoir lire dans l'avenir pour savoir quelle serait la décision de Vagar. Elle savait à quel point il était attaché à son devoir, à quel point il était fier de son poste. Risquerait-il de perdre possiblement son poste pour la suivre ? Elle n'était pas assez sotte pour penser qu'il ferait cela pour elle. Non, tous deux, étaient liées par un lien plus fort que celui de l'amour ; leurs idéaux. Voilà ce qui était le feu de leurs êtres et qui faisait qu'ils s'entendaient très bien. Elle savait néanmoins qu'elle l'avait tiraillé, elle avait vu le regard rempli de regret qu'il lui avait lancé, le regard d'un homme emprisonné par des ordres contraires à ses idéaux. Elle espérait qu'il les rejoigne ne serait-ce que pour avoir un autre soutien avec elle, mais aussi pour rassurer la foule, elle voulait que tout se passe dans le calme pour que les Rouges ne puissent pas lui reprocher des débordements. Elle aussi en un sens, jouait sa place et sa réputation en cette journée. Aujourd'hui, plus que tous les autres jours de sa vie, elle espérait que les dieux soient de son côté et qu'ils continuent de guider sa voix et ses gestes pour que tout se déroule parfaitement selon ses plans. Aujourd'hui, elle voulait aussi montrer à ce sénat croupissant qu'elle comptait dans la balance. Aujourd'hui, elle annonçait aux sénateurs qu'elle existait et que désormais, ils devraient discuter avec une autre force politique, une force beaucoup moins traditionnelle.

Le soleil commençait à se coucher sur le bâtiment du Sénat alors que la foule et Daera arrivait enfin sur les pavés de marbre menant au bâtiment. C'est alors qu'elle entendit des martelements de sabots et les bruits de pas de cadence toute militaire. Elle se retourna, certaine que les Rouges avaient envoyés la cavalerie mais non, en tête de file se trouvait Vagar au visage fermé mais résolu. Elle lui adressa un énorme sourire alors qu'un sentiment étrange s'épanouissait dans sa poitrine et se retourna pour continuer sa marche alors que les militaires les encadraient; protégeant la foule d'elle-même mais aussi de l'extérieur. Les chevaux se mirent devant les marches du Sénat et bientôt des sénateurs rouges sortirent de l'enceinte du bâtiment pour parler au Légat. Elle fut outrer face à la lecture de la note qu'on avait adressé à Vagar, elle pouvait entendre la foule murmurer de colère tout en regardant la scène devant eux. Cependant, Daera savait que cette bataille n'était pas la sienne bien qu'elle ne comptait pas laisser passer tout cela et si il devait y avoir un tribunal au Sénat pour la conduite de Vagar, elle serait une des voix de son côté. Elle passa devant les soldats de la première armée qui la laissèrent passer et monta quelques marches avant de se tourner vers la foule qui semblait encore plus impressionnante vu d'ici.  

« Peuple de Valyria, nous voici sur les marches du Sénat, la personnification de votre volonté. Et sur ces mêmes marches, on vient de vous menacer de vous brûler comme de vulgaires soldats Ghis ! Ce sont ces gens que vous acclamez alors qu'ils vous empêchent d'avoir une vie normale et de commercer tranquillement, instillant la terreur d'un danger imaginaire dans les rues.» Elle continua dans sa lancée, montant encore un peu plus haut dans les marches « Peuple de Valyria, nous resterons ici jusqu'à ce que le couvre-feu soit levé, nous resterons sur ces marches protectrices des lois jusqu'à ce que le soleil se couche et nous leur prouverons que notre volonté est aussi forte que la leur, qu'ils travaillent pour nous et non l'inverse.»

Elle se retourna ensuite pour aller vers Vagar qui partait déjà à l'intérieur du Sénat, escorté de ses collègues sénateurs qu'elle ignore, passant délibérément devant eux sans leur adresser la parole. Elle monta les dernières marches menant au haut de l'édifice pour se retrouver près de lui, au milieu de l'arcade et des nombreuses statues les observant de leurs yeux scrutateurs. Tout ici était représentation du pouvoir, même les inscriptions sur les murs qui rappelaient l'instauration de la République et certaines lois édictées des années auparavant. L'entrée du Sénat était somptueuse, mais pas autant que l'intérieur. Elle s'approcha de Vagar et discrètement glissa sa main dans la sienne, à l'abri des regards tout en plongeant son regard dans le sien :

« Merci Vagar, je sais que tu ne l'as pas fait pour moi mais je te remercie quand même.» Murmura-t-elle afin que lui seul puisse l'entendre « Si le procès qui t'attend se passe devant le Sénat, soit assuré de mon soutien.»

Elle hésita un moment, les yeux toujours plongés dans les siens, le temps suspendu avant de lâcher délicatement sa main et descendre les marches qu'elle venait de monter du Sénat. Elle serait éternellement reconnaissante à Vagar de s'être montrée aujourd'hui et de lui avoir prouvé qu'il était bien l'homme des valeurs qu'il prônait, une chose rare aujourd'hui. Une part d'elle-même ne put s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité alors que l'homme recevait des sanctions suite à des actions qu'elle avait menées. Elle se sentait coupable de l'avoir mis dans cette situation, mais c'étaient les règles du jeu. Avec un air confiant et serein, elle redescendit auprès de la foule, ne voulant pas apparaître inaccessible ou de connivence avec les sénateurs de la faction Rouge. Elle était leur représentant à eux, c'étaient leurs intérêts qu'elle voulait mettre en avant aujourd'hui. La foule semblait suspendue à ses lèvres alors qu'elle se mettait sur un rocher pour mieux se faire voir et entendre de la population.

« Mettons nous assis les un auprès des autres en cette place sacrée, restons assis jusqu'à ce que le soleil se couche et que la nuit enveloppe ces lieux, coeur contre coeur, citoyen avec citoyen.»

Elle passa en regard tous les visages de la foule avant de descendre du rocher et de s'asseoir à même sol, en communion avec les lieux. Bientôt, ses voisins firent de même, ils étaient épaules contre épaules, frères contre frères, soeurs contre soeurs. Tout le peuple était unis dans cette action qu'elle espérait rester pacifiste pour un retour à la liberté et à la normalité.


Vaenyra Menaleos
Vaenyra Menaleos
Mage

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Dans le Chaos naît l'OrdreToday we rise

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Tremblante, Vaenyra jeta un regard plein de morgue au Grand Prêtre. L'audace de cet homme ne connaissait aucune limite, elle pouvait le jurer par les Quatorze. Alors que ses mèches finissaient de se disperser au vent, elle observa les yeux fous de Jaeganon Velaryon. Il ne s'était pas attendu à ce qu'on lui résiste et encore moins lui reproche. Elle pouvait le lire dans ses traits déformés par sa foi cupide. Avec un rictus, Vaenyra dévoila ses dents tandis que le prêtre reculait dans les rangs des siens. La Mage se redressa un peu plus, essayant de calmer le mouvement incontrôlable de ses mains.

Si personne ne put remarquer son état émotionnel frôlant la névrose ce fut par l'arrivée des soldats. L'émerveillement de voir la Iere armée les rejoindre céda bien vite à la curiosité. Puis à l'agacement alors que le Grand Prêtre revenait enfin à l'assaut pour essayer de frapper une nouvelle victime.

« Cache-toi derrière tes minions, Jagaenon Velaryon ! Tu es incapable d'entendre les Dieux, pourquoi t'écouterions-nous ! » pesta la Mage, avant de tourner les talons et se diriger vers la silhouette montée sur un cheval. Vaenyra connaissait personnellement leur Légat. Leur entretien, quelques semaines plus tôt, avait été des retrouvailles familiales des plus étranges. Leur pacte, pour ainsi dire scellé par un chaste baiser, avait fait comprendre à la Mage qu'il était un homme de parole. Aussi, elle doutait de voir l'officier tourner ses troupes vers les prêtres pour prendre leur place. Elle n'avait pas tort alors que le cordon sanitaire se refermait sur eux. Jouant des épaules, Vaenyra rejoignit sa tendre amie Daera et lui sourit. Elle se tourna alors vers Aemond.

« Tu as bien fait de jouer la voix de la concorde. Tu as encore beaucoup à apprendre, mais tu sais modérer tes propos. Ta grande mère devrait être fière de toi. Mais sache qu'il faut parfois appuyer tes idées, par les mots ou les gestes. » dit elle en lui montrant ses cheveux, raccourcis de quelques centimètres.

Malgré tout leur interlude ne dura que quelques instants. Il n'en fallut pas plus pour le véritable visage de ceux qui se disaient défenseurs de la République ne se dévoile. Vaenyra eut un hoquet de surprise et de choc en entendant la menace faite par Maegon Tergaryon d'user du feu-dragon si la main était portée à sa famille. Seule la mort par noyade aurait pu être plus ignominieuse. Jamais dans l'histoire des Possessions les dragons ne s'étaient tournés contre le peuple, même aux heures les plus sombres de la Triarchie. Le visage de Vaenyra se referma alors que surgissaient deux héros de la guerre. Sans surprise, la trahison frappa encore et son corps frémit de rage.

« C'est une honte ! Ils n'osent même pas venir à lui en tant que ses officiers supérieurs. Quelle mascarade ! Vagar nous a défendu bien plus qu'aucun d'entre eux ce jour. Il a désobéi aux ordres pour le plus grand bien commun. Voilà un héros du peuple. Non pas des Sénateurs criminels qui se gaussent de leur pouvoir pris sur le sang de nos frères...  Nous ne pouvons qu'écouter notre Dame du Peuple et ce bel héros. Ils n'oseront pas souiller le parvis du Drivo du sang des innocents. Reposons nous. »

Vaenyra ravala sa salive, la gorge sèche. Les mots qu'elle avait prononcés étaient justes assez fort pour être entendue par la foule. Il n'en faudrait que la volonté de la foule, ou la décision de quelques Moires ingrates et vicieuses pour le feu prenne ou non. Se rapprochant de Daera, elle s'assit à ses côtés et lui prit la main. Posant sa tête contre son épaule, Vaenyra observa le ciel et sourit.

« Je suis fière de nous et de me dresser à tes côtés aujourd'hui, Daera. »


Aeranys Belkaerion
Aeranys Belkaerion
Mage

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

          Peu après être sortie de sa zone de confort et prit publiquement la parole, Aeranys nota la présence du chef de sa famille, le frère-aîné de sa mère, Daemor Belkaerion. Étant donné qu’il n’avait pas réagi à la prise de parole de sa nièce, elle se rassura quant au fait qu’elle n’avait peut-être pas eu tort d’agir sans chercher avant ça son aval. Toutefois, peu après elle se replongea dans cette taciturnité qu’on lui connaissait, gardant pour elle ses idées et réflexions. Elle songea qu’il était inutile de prendre la parole davantage que ce qu’elle avait déjà, de manière audacieuse, pu accomplir jusqu’à présent. Sa présence devait à présent suffire à montrer son soutien à la cause. La jeune Belkaerion se contenta d’ailleurs d’acquiescer simplement de la tête et de suivre la mage de cinquième Cercle. Elle observa à la suite l’évolution de la situation d’un regard indifférent, comme spectatrice d’un événement qu’elle étudie avec pragmatisme.
           Loin d’être affectée par les discours de Jaeganon Valeryon, Aeranys resta debout quand ce dernier invita le peuple à le suivre dans une prière, s’adressant à elle et à Aemond, après Vaenyra. Cependant, Aeranys n’était pas ici pour prier, ni pour qu'on lui rappelle sa foi envers les quatorze. Elle ne comprenait pas l’idée derrière ce geste d'inciter à la prière... Qu'y avait-il de si offensant à ne pas suivre tous ces rites sacrés ? Est-ce que cela faisait d’elle une mécréante qui repoussait les dieux ? Non… Elle savait qu’elle aimait les dieux et c’était amplement suffisant pour la Belkaerion, ceux qui s’amusaient à tester sa foi, étaient juste d’un pathétisme sans fond… Car peu importe ce que les hommes voyaient à l’extérieur, les dieux connaissaient son cœur, eux. Aemond prit la parole après Vaenyra, Aeranys l’écouta en songeant qu’il parlait avec des termes compréhensibles de tous. Si bien qu’il avait su calmer les doutes dans le cœur de ce qui commençait à songer qu’ils allaient peut-être trop loin dans cette histoire.

          L’audace de Vaenyra n’était pas sans faute dans cette histoire, une attitude reprit fermement par la grande Prêtresse. La jeune Belkaerion ne disait rien, mais observait, analysait ce qui devait être étudié. Vagar, accompagné de la première armée, arrivèrent au Sénat, voilà qui fut surprenant à voir et quelque part, excitant à contempler pour la jeune Mage. Est-ce que les choses allaient de bon train pour eux ? À l’entente de la menace de Maegon Tergaryon, elle songea avec assurance qu’effectivement, c’était peut-être bon pour eux. Elle ne put d’ailleurs contenir un rire étouffé face à cette décision qui décrédibilisait grandement cette famille d'hypocrite. Que pensait-il faire en agissant de la sorte ? Que la peur rongerait le peuple jusqu’aux os ? Qui se plierait aux Tergaryon et leur lécherait les orteils de pieds pour espérer être épargné ? Que voulait-il concrètement réaliser en lâchant le feu dragon sur le peuple ? Bâtir un nouveau royaume plus fragilisé, et ce, sur des cendres et des os ? Par ce communiqué, il prouvait Ô combien, des gens comme lui ne pouvait pas garder un pouvoir de décision et par conséquent, l’importance d’une république stable et puissante.        
         Aeranys était toutefois impressionnée par la détermination de Vaenyra, allait jusqu’à couper ses cheveux, ça la dépassait. C’était à ses yeux un geste assez barbare à lequel il fallait du courage en tant que Noble. Est-ce qu’Aeranys irait jusqu’à là pour montrer son soutien, pas forcément… Elle n’en voyait pas l’intérêt à l’instant présent. Cela ne voulait pas dire qu’elle était incapable de le faire, son père lui avait bien couper les cheveux pour lui donner tous les moyens de suivre ses entraînements à l’épée. Oui. De son vivant, Vaerion Belkaerion par frustration sans doute de ne pas avoir d’héritier mâle qui aurait pu suivre ses pas en tant que dragonnier, avait initié ses filles à l’art dû combat. Si pour Saenya, la sœur aînée de la jeune Mage, ça tombait sous le sens qu’elle apprenne l’art du combat, étant Dame-Dragon, Aeranys avait aussi été bercée dans le maniement de l’épée. Vaerion prétendant que même si les flammes l’avaient destiné à être une Mage, il était tout à fait naturel de savoir utiliser l’épée pour se défendre en toute circonstance.

           Ce n’était pas tant une mauvaise expérience pour Aeranys, mais la jeune Mage tenait à présent à l’intégrité de ses cheveux. Cela dit en repensant à Vaerion, Aeranys réalisa Ô combien Vagar dans son discours et sa manière d’aborder cet événement lui rappelait son défunt père, mort durant la Guerre contre les Ghis. Mais au final… Cette situation ne semblait pas aller en la faveur des bleus. Si Vagar se contentait de suivre les Rouges et de jouer leur jeu, quelle garantie, les bleus avaient que leurs actions aient de l’impact. Le but initial des rouges semblait d’ignorer leurs actions à l’origine, sans doute pour pousser le peuple à cette violence qui leur aurait permis d’employer la force sur eux. Devaient-ils réellement attendre ? S’asseoir comme le demande la sénatrice et jouer sur la patience du peuple ? Intérieurement, Aeranys préférait presque l’idée de déclencher un séisme qui ferait tomber plus rapidement les masques de la fausse-semblance, et ce, en jetant incognito parmi la foule un projectile en direction du Tergaryon.
         Voulant presque voir Meagon mettre en pratique ces menaces et transformer ces gens en martyr de la liberté diplomatique. Car c'était ce que pensait réellement la Belkaerion, pas de résultat sans un sacrifice digne de ce nom et elle songeait que les beaux cheveux argentés de Vaenyra n'étaient pas suffisants à déplacer des montagnes. Elle n’en ferait rien, cela dit. Car si elle devait écouter toutes les pulsions qui habitaient son cœur, elle aurait sans doute longtemps été bannie du collège pour acte hérétique et blasphématoire.

Maerys Qohraenos
Maerys Qohraenos
Prêtresse

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Dans le chaos nait l’ordreMaerys Qohraenos & les bleus

Grand Bazar & An 1067, Mois 4

La situation était de plus en plus tendu. Maerys le voyait bien, plus le temps passait et plus la foule grossissait. La Grande Prêtresse de Tyraxès s’était déjà une première fois exprimer pour ramener le calme et si un temps il était revenu, cela ne dura malheureusement pas La venue du légat et de sa 1ère armée changea le cours des choses à n’en pas douter. La Dame d’Elyria observa l’homme arrivée à cheval avec un regard imperturbable. Elle n’avait pas son mot à dire la dessus. Elle avait discuté avec lui avant tout ceci. Elle lui avait apporté les conseils qu’il était venu chercher auprès de Tyraxès. Il avait même eu la chance ou la malchance d’avoir été témoin de l’apparition dans le temple de la Onzième flamme de Tyraxès. Du moins il en était sûrement persuadé. La Grande Prêtresse de Tyraxès ne prononça pas un mot et s’avança simplement un peu plus pour être le témoin privilégier de ce qui allait se passer par la suite. Ce fut à ce moment-là que le Grand Prêtre d’Arrax l’interpela. La Dame n’avait pas prononcé un mot que déjà des voix s’insurgeait dans la foule qui se trouvait derrière elle. « Jaegaron, tu me demandes de te rejoindre ? Ne sais-tu pas que les temples ne peuvent prendre parti de la sorte et doivent rester neutre. Je ne suis là que pour m’assurer que tout ceci ne dégénère pas. Je suis pour la paix et tu devrais l’être toi aussi. Au lieu de cela, je te vois t’agenouiller, demander prières et soutient à une cause qui n’est pas la tienne. Tu harangues la foule comme une poissonnière ! Que dirais Jaerenys  s’il te voyait ? » lâcha la fille aînée de Tyraxès à l’attention de son homologue d’Arrax. Maerys n’était peut-être pas la Grande Prêtresse du dieu des dieux mais elle avait pour elle son âge avancé qui lui permettait d’avoir un recul sur les événements que ne semblait plus avoir le Velaryon. Et manifestement, la sagesse n’était pas non plus du côté de la mage Vaenyra Menaleos. Les dents de la prêtresse grincèrent en entendant les paroles de la jeune femme. « Mage, cesse de provoquer les Quatorze. » fit la dame d’un ton autoritaire mais qui se voulait assez bas pour que ces confrères des temples ne l’entendent pas.

Maerys Qohraenos aurait pu poursuivre mais elle en fut empêcher par l’arrivée d’un héraut qui venait de quitter Drivo. Les prunelles de la femme de plus de soixante ans se posèrent sur l’envoyé et puis sur Vagar qui s’empara du parchemin que lui tendait l’homme. Il en fit une lecture silencieuse avant qu’un autre soldat fasse son apparition aux remparts pour dire à l’assemblée présente ce que comptait la missive transmise au légat de la 1ère armée. A l’entente de l’avertissement que faisait le sénateur Maegon Tergaryon au légat, la Grande Prêtresse de Tyraxès fronça les sourcils. Qu’est-ce que cela voulait-il dire. Le sénateur ne pouvait penser sérieusement à déclencher le feu-dragon sur le peuple de Valyria. La stupeur empêcha la dame de prononcer quoi que ce soit et elle songea à toutes ces entrevues pour maintenir la paix en Valyria.

Instinctivement, la dame se rapprocha du légat de la 1ère armée quand elle vit sortir de Drivo Maekar Tergaryon et Laedor Arlaeron. Les deux hommes étaient visiblement envoyés pour parler au soldat et ce fut ce qu’il se passa. Maekar notifia au légat que l’armée l’arrêtait et qu’il était temps pour lui de se rendre plutôt que de s’opposer à eux. Quant à Laedor, il était là pour appuyer les paroles du Tergaryon et surtout escorter vers l’intérieur de Drivo le légat pour le conduire jusqu’à des appartements qui lui étaient attribués. Les deux militaires annoncèrent également que la 1ère armée de Valyria passait sous commandement de Maekar Tergaryon, autant de changement qu’il fallait organiser. Vagar Nohtigar répondit évidemment aux deux rouges qui lui faisaient face et Maerys Qohraenos poussa un léger soupir en entendant qu’il acceptait de les suivre. Elle laissa aussi la sénatrice Daera parler avec le légat et elle la regarda s’asseoir à même le sol tout en invitant le peuple à en faire autant et à resta là au-delà du couvre-feu. Elle, la Grande Prêtresse de Tyraxès ne bougea pas d’un cil et attendit de voir comment les autres allaient réagir. Elle accueillit finalement avec un petit sourire la décision de la mage Menaleos de suivre le mouvement initié par la sénatrice. Tant que le peuple ne s’agitait plus, la fille de Tyraxès pouvait souffler.

Pourtant, elle pouvait faire encore un geste pour le Nohtigar que Tyraxès semblait apprécier. Alors elle s’avança d’un pas lent et s’arrêta devant Maekar Tergaryon et le fils du défunt Lucerys Arlaeron. « Général Tergaryon, sénateur Arlaeron, j’aimerai vous demander une faveur. Au nom de Tyraxès, déesse de la paix et de la Stratégie militaire, j’aimerai assister aux événements qui toucheront le jugement du légat Vagar Nohtigar. Je ne jugerai pas la justice des hommes, je ne prononcerai pas un mot non plus mais j’aimerai que ma présence soit acceptée. Si vous le refuser, je vous demande qu’un envoyé militaire me transmette le dérouler des événements. » demanda alors la Grande Prêtresse de Tyraxès dont la mère avait été honorée lors du Triomphe de Valyria il y avait déjà un an de cela.

Aemond Qohraenos
Aemond Qohraenos
Mage

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Dans le chaos naît l'ordreft. Les Bleus

Grand Bazar & An 1067, Mois 4

L’espace d’un instant, Aemond crut que ses mots eurent du poids. L’air se calma lorsque les prêtres prirent le temps de les digérer, et tiédit encore davantage à la suite de la prise de parole de sa grand-mère. Seulement, c’était sans compter le grondement froid de l’armée, dont les pas frappèrent implacablement le sol pour éviter tout débordement. Il aurait pu être satisfait du fait que la 1e armée les rejoignaient, mais sa nervosité ne fut pas pour autant dissipée, malgré les mots surprenament conciliants de Vaenyra. Il eut à peine le temps de lui murmurer un “merci”, avant que la froide colère des Rouges se fasse entendre. Car, après tout, il avait bien raison d’être nerveux.

Son sang se glaça à la suite des menaces énoncées par cet héraut du Sénat. Ce qui se passait actuellement n’était rien d’autre qu’un retournement de tout ce en quoi il avait cru, l’annonce d’un futur sombre et cruel pour Valyria. Il fut trop sonné par cette intimidation qu’il ne put réagir aussi vocalement que la foule et que ses compatriotes. L’arrivée du général Tergaryon et du Sénateur Arlaeron pour parler à Vagar Nohtigar le rendit encore plus fébrile : tout cela préparait à de biens sombres répressions en ce qui concernaient les mages, et le peuple en général…

La réactions de son entourage fut immédiate : la colère frappa une fois de plus Vaenyra, dont la voix tonna une fois de plus au cœur de la foule. La grand-mère d’Aemond tenta de la modérer, en vain, avant de venir modérer la discussion entre le Légat et les deux sénateurs. Ce fut finalement la sénatrice Melgaris qui ordonna les prochains gestes du peuple : ils allaient s’asseoir devant le Sénat jusqu’à la tombée de la nuit, signe d’une protestation à la recherche temporaire de paix. Le jeune mage s’assit donc aux côtés de ces divers citoyens, qu’ils soient marchands, artisans, mendiants. Son regard guetta quand même les faits et gestes du noyau de dialogue qui s’était formé au seuil du Sénat, mais sa respiration s’apaisait en voyant le légat garder sa position ferme face aux sénateurs rouges, et encore plus lorsque la fille aînée de Tyraxès les rejoignit, pour ce qu’il imaginait être une forme d’équilibre.

Il était maintenant plus qu’évident dans l’esprit du jeune homme qu’il était encore bien loin d’être politicien, s’il avait voulu. Il devait être destiné à être un suiveur, plus ou moins compétent dans ce talent. Il voulait toutefois montrer la réalité de ses convictions auprès de ses collègues mages, les personnes desquelles il se sentait le plus proche. Il se trouva une place entre Vaenyra, qui discutait justement avec la sénatrice Melgaris, et Aeranys, qui faisait partie du même Cercle que lui. Dissipant le plus rapidement possible son mal-être et sa maladresse dans ses mots, il s’adressa à cette dernière :

“Tout cela ne va pas plaire au Magister… Mais cela ne devrait pas être assez pour nous exclure, en tout cas j’espère. Mais l’ambiance au Collège devrait changer, tu ne crois pas ?”

Ses mots sortaient sur un ton léger, presque naïf, pour contrebalancer le poids des événements qui ont eu lieu plus tôt dans la journée. Après tout, cet échange de banalités serait moins pesant que l’idée d’une foule en colère qui brûle sous le feu-dragon.

Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Maegon Tergaryon avaot commencé sa journée comme à son habitude. Après les ablutions matinales, il se rendait sur le terrain d’entraînement aménagé dans le palais familial. Là, il tirait à l’arc. Il s’était attaché les services d’un archer vétéran, un homme sans âge ayant survécu à la guerre contre Ghis, un roturier taciturne et fiable qu’il payait grassement. Cela faisait de nombreuses années que le patriarche des Tergaryon pratiquait cette discipline. Il en appréciait la subtilité et le raffinement.

Contrairement aux idées reçues, l’arc était bien plus difficile à maîtriser qu’une épée. L’arc demandait une condition physique exceptionnelle. Il fallait que les muscles soient très endurant, bander un arc à répétition, tirer avec précision, tout cela épuisait bien plus en vingt minute qu’un combat à l’épée d’une journée. Un bon archer avait une valeur inestimable aux yeux d’une armée. Tout comme un bon politicien était inestimable aux yeux d’un état.

Si la politique avait toujours été un art valyrien par excellence, la guerre, elle, avait été découverte bien tard. La victoire contre Ghis avait tout emporté dans l’élan métisse d’euphorie et de désolation. La naïveté valyrienne vis à vis du monde extérieur était morte dans le triomphe. On avait compris alors que le monde n’avait pas été offert aux valyriens pour qu’ils en jouissent à jamais. Eux aussi, finalement comme tous les autres, devaient gagner leur place dans le dur combat des civilisations humaines. Tandis qu’il décochait une à une les flèches qui venait s’enfoncer plus ou moins heureusement dans les cibles disposées loin devant lui, Maegon visualiait ses objectifs à atteindre. Dans les entrailles de Valyria, une autre guerre se livrait, insidieuse, bien loin de celle à laquelle il aurait souhaité participer. Une guerre entre valyriens, une guerre de sangs identiques. Une guerre pour un cadavre, celui du Capitaine Général Lucerys.

Et tout était parti en vrille, couvre-feu, mécontentement populaire, désir de réforme, crispation conservatrice, en un mot, le chaos. Maegon détestait le chaos, il aimait l’ordre, il aimait la stabilité, il aimait que chaque chose soit à sa place. Que les Lumières Luminent, que les Sénateurs sénatent, et que le peuple popule. C’était dire si la situation actuelle lui semblait effrayante et effroyable. Rien à voir avec la rigueur d’une procédure parlementaire ou une manoeuvre militaire bien conduite. Assurément, la guerre civile germait. Maegon avait œuvré afin qu’une ligne politique raisonnable soit établie au sein de la faction à laquelle il se trouvait assignée.

Il y parvenait, mais, les Dieux avaient cette facétie parfois de lever contre les hommes de raison des murs infranchissables afin d’éprouver leurs volontés. Si bien que lui, Maegon Tergaryon, qui se croyait destiné à s’adonner sans retenue aux arts de l’amour et de la guerre, se voyait contraint aux grimaces politiques.

Il s’était souvent demandé s’il meilleur amant, guerrier ou politicien. L’orgueil aurait voulu répondre amant, rien n’est plus agréable que le visage d’une femme s’illuminant sous la jouissance qu’on lui procure, rien n’est plus sensuel que la douce contorsion tendant le corps qu’on tient entre ses bras lorsqu’il atteint son pic de plaisir.

Le cœur, lui, aurait voulu répondre guerrier car Maegon aimait la bataille, le combat était sa vie bien qu’il n’y ait pas eu les occasions d’y démontrer ses talents. La précision des manœuvres, attirer l’adversaire dans le piège, le tuer enfin, parce qu’on avait été meilleur, parce qu’on avait mieux maîtrisé son corps et son esprit, cela ne rassérénait pas autant que de satisfaire une femme, mais l’harmonie de donner à un homme une mort de soldat, et de faire ainsi raisonner les instincts primitifs de la pulsion de mort avec le service de la patrie, ou, cela méritait définitivement d’être vécu.

La tête hélas, cet organe du dépit, cet organe du réel, donc de la désillusion, lui disait qu’il était pourtant meilleur politicien. Bien sûr, là, les manœuvres étaient faites de sourire, les combats de mots qui s’entrechoquaient, et les victoires se décidaient en des votes qui faisaient, sur le moment, bien moins de morts qu’engager l’ennemi sur le champ de bataille.

Aujourd’hui, pourtant, les trois figures allaient bien devoir s’accorder pour donner le meilleur de lui-même. Cette Trinité Valyrienne constitué de la séduction, du combat et de la ruse devaient cesser leur querelle de préséance, et s’unir toute trois.

En effet, dès lors que Maegon avait eu vent du mouvement de la Première Armée vers le Sénat, il avait cessé son entrainement. Il avait fait parvenir un message à Aeganon, lui enjoignant de démettre immédiatement le Légat, tout en le traitant avec les égards dus à son rang.

Il avait aussi fait envoyer un avertissement. Mal reçu par la foule lui avait-on dit. Quelle importance ? l’avertissement n’était pas pour eux. Régulièrement, ses clients lui donnaient un détail oral du déroulé de la jacquerie en cours. Puis, lorsqu’on lui apprit que l’on commençait à dire qu’il se répandait qu’il avait menacé le peuple de Valyria, il fronça les sourcils. Lorsqu’il entrevit les démagogues de ce rassemblement essayer de le salir, il comprit que l’heure de la bataille avait sonnée. Il demanda qu’on lui donne sa besace, et si le rouleau sur lequel il travaillait depuis plusieurs jours était prêt. On vint le lui apporter. Il le déplia. Il en fit la lecture, tout lui semblait correct. Il le roula de nouveau et le ficha dans sa besace. Il demanda également qu’on lui apporte un poignard et qu’on l’habille de sa toge blanche de sénateur.

Une fois vêtu, il ne prit avec lui que deux gardes du corps, à qui il intima de le laisser dès lors qu’ils arriveraient aux abords du Sénat. Ce qu’ils firent. Maegon, d’un pas lent, arriva sur la place où la foule s’était assise en signe de défit vis à vis du couvre-feu. Il fut remarqué assez rapidement et une clameur monta de la foule. D’une voix forte, afin de se faire entendre le plus possible, il déclara.

-J’ai appris qu’il se trouvait parmi vous des mécontents.

La famille Tergaryon cultivait l’art de la litote depuis mille ans, et Maegon était surement, depuis mille ans, celui qui s’y adonnait le mieux. Après tout, le détachement était un signe de noblesse. Mieux valait paraitre surplomber que s’avilir.

-On m’a dit également que certains d’entre vous me reprochaient de défendre ma famille du danger. Je suis donc venu à toi, Peuple de Valyria, car la confrontation ne m’a jamais fait peur, et je prends le pari d’être impopulaire sans peur, ni lâcheté, je suis là devant vous, à un contre dix mille car il est temps je crois, que quelqu’un prenne le parti de la seule faction qui compte, celle qui n’est d’aucune couleur, ni l’apanage d’aucun noble ni d’aucun roturier. Je parle, peuple de Valyria, de la faction de la vérité.

Il marqua une pause, l’air grave, avant de reprendre.

-On fait courir le bruit que j’aurais menacé d’utiliser contre toi, Peuple de Valyria, le feu des dragons. Et bien, peuple de Valyria, je peux accepter que tu me haïsses pour ce que j’ai fait, pour ce que j’ai dit, et tous les jours, je serai prêt à ma constance. Je suis prêt à n’avoir pas ton amour, je ne suis pas là pour que tu m’aimes, je suis là pour servir tes intérêts et ceux de la République. En revanche, je ne laisserai pas certains esprits mal intentionnés qui ne voient en toi qu’un outil, semer dans ton coeur la haine à mon égard pour quelque chose que je n’ai ni dit, ni fait.

Il enchaina rapidement.

-Le Légat de la première armée a désobéi aux ordres légitimes qu’il a reçu de ses supérieurs, il se place donc en situation de rébellion et de sédition vis à vis des institutions de la République. Vois-tu, Peuple de Valyria, je ne sonde pas les reins et les cœurs des gens, j’ignore si le Légat a cru bien agir, ou ce qu’il a tenté de faire, je regarde les faits, il a brisé son serment. A partir de là, quel crédit peut-on apporter à l’honneur d’un homme qui accepte une charge pour en violer les fondement même ? Je vois d’entre vous des visages d’hommes qui ont fait la guerre, vous le savez, à la guerre, ce n’est pas l’exploit individuel qui gagne, c’est la cohésion et la discipline de l’ensemble. Comment feriez-vous confiance à un camarade se trouvant à coté de vous, en sachant que lorsque l’ordre qu’il a reçu ne lui conviendra pas, il fera à sa fantaisie ou selon son envie ? L’un d’entre vous est-il prêt à prendre ce pari ? L’un d’entre vous peut-il regarder notre clergé ici dans les yeux, et jurer sur Arrax qu’il consentirait à ce risque ? Si l’un d’entre vous y est prêt, qu’il le fasse, les prêtres sont là, ils entendront le serment, et les Dieux jugeront dans l’éternité de sa véracité. Qu’ils se mettent à genoux devant et qu’ils jurent ! On m’a dit qu’il y avait dans vos rangs des gens qui se sont mis à genoux, pour prier à l’initiative du Grand Prêtre d’Arrax pour le salut de Valyria, et bien, qu’ils se mettent sur leurs genoux séants ! qu’ils prêtent serment d’accepter de combattre et de risquer leur vie auprès d’un camarade en qui rien ne permet plus d’avoir confiance ! Arrax les jugera.


Il reprit un instant son souffle.

-Moi, peuple de Valyria, c’est un serment que je ne prêterai pas. Or, peuple de Valyria, si je ne suis prêt à mettre ma vie en jeu, comment pourrais-je, comme patriarche de ma famille, accepter que ma famille, mon sang, ceux que les Dieux, le sang et l’héritage ont placé sous mon patronage et ma protection, soit mis en danger par un homme sans parole au prétexte qu’il serait Valyrien ? Est-ce agir en valyrien que la rebellion envers ses supérieurs légitimes ? Est-ce agir en valyrien que d’agir ainsi, dans l’orgueil que l’on a raison, avec les moyens de l’état ? Non. Je vois parmi vous des travailleurs, des artisans, des petits boutiquiers qui par leur labeur tentent honnêtement de faire prospérer leur famille. L’un d’entre vous accepterait-il que dans son atelier, l’apprenti viole les directives du maître ? Accepteriez-vous, parmi ceux d’entre vous qui ont une famille à charge, que les membres de celle-ci, que les bouches que vous nourrissez vous insultent?

Dès lors qu’un homme, peu importe d’où il vient, usurpe son autorité, il l’éteint aussi tôt au regard des Dieux, de qui tout pouvoir découle, comme des hommes, qui sont tenus en devoir de l’empêcher de faire plus de dégats qu’il n’en a déjà fait. J’ai ainsi défendu le Général Maekar Tergaryon, mon cousin, et Elaena Tergaryon, ma cousine, contre le risque que leur sang soit répandu par un traitre. Et peut-on me le reprocher ? Quel père, quelle mère qui verrait son enfant aux prises avec un tueur ou un violeur, n’utiliserait pas tous les moyens en sa possession pour préserver leur corps et leur esprit ? Les Dieux ont cru bon de me faire naître Seigneur Dragon, ainsi, ils ont placé au même titre que l’épée, ce moyen de défendre ma patrie et ma famille. Et l’on me reprocherait de l’utiliser contre un traitre qui pourrait menacer mon sang ? Et bien, peuple de Valyria, si tu veux me le reprocher, fais-le. Ma conscience est tranquille. Allons même plus loin ! Voyons, là encore, qui est prêt à aller au bout de sa logique.

Il sorti tranquillement son poignard, et le jeta négligemment au sol, devant les marches où la foule avait pris place.

-Que celui qui, ayant en sa possession un moyen de défendre sa famille, épée, arc poignard ou dragon, et qui ne s’en sert pas dès lors que son sang est attaqué par un ennemi de l’État, que celui-ci, dis-je, me porte le premier coup de poignard.

Maegon se tourna vers les prêtres d’Arrax, et se mit à genoux, les mains jointes.

-Je fais serment publiquement, devant les Dieux, et devant Arrax, leur maître, que si l’un d’entre vous use de ce poignard, je ne lui tiendrai aucune rigueur, ni moi, ni ma famille. Mon sang est prêt à couler pour Valyria comme pour ma famille. J’assume.

Il se releva ensuite. Puis, il regarda droit dans les yeux sa collègue sénatrice de la mouvance populiste. Et bien et bien, il comprenait bien mieux l’attrait qu’avait pu avoir la foule. Lui aussi, au regard de la beauté dure et intransigeante de sa collègue qu’il voyait désormais d’un peu plus près, lui aussi se sentait des envies de protestation. Mais pour l’instant, il fallait qu’il se concentre sur d’autres choses que des reliefs qu’il aurait bien aimé cartographier avec minutie.

-Collègue, tu as amené cette foule ici sur le parvis du Sénat en jouant de la lassitude populaire légitimement ressentie suite à la situation provoquée par la mort du Capitaine Général Lucerys. L’armée a institué un couvre-feu légitime car il s’agissait d’un attentat contre la République, d’un attentat contre tous ceux qui veulent conserver l’indépendance de Valyria face aux pressions étrangères que fait peser sur nous l’ennemi d’hier, vaincu et enragé de sa défaite. Tu as amené, parmi ceux qui te suivent, des gens qui ont fait cette guerre. Crois-tu leur faire oublier que sans Lucerys, ce n’est pas le couvre-feu légal d’une armée qui cherche à les défendre qui susciterait leur indignation mais bien la botte d’une légion Ghiscari !

Il secoua la tête avec une certaine consternation, avant de reprendre.

-Croire ou faire croire que l’armée opprime le peuple est une erreur. Par ton action, à ton insu, tu détruis la légitimité des institutions et des libertés que tu prétends défendre. Tu affaiblis la capacité de résistance de la société valyrienne face aux ennemis extérieurs qui entendant bien influer, par la corruption ou l’intimidation, sur la résolution de la race valyrienne à prendre sa place dans le monde, et assurer la prospérité et la sécurité de tous ces gens que tu as réuni sur les marches du phare de Valyria qu’est le Sénat.

Il quitta un instant le regard de sa collègue, pour désigner de sa main l’ensemble de la foule.

-Peuple de Valyria, tu es là, devant le Sénat, comme si celui-ci était clos, comme si celui-ci ne fonctionnait pas. Il y a sur ces marches une sénatrice, qui t’as fait venir ici en te faisant croire que la République était en danger. Mais enfin, quel soldat a reçu l’ordre de l’empêcher de venir ici ? Quel malfrat lui a barré la route pour monter ses marches?  Qui ici au sein même de cette foule, l’oblige à s’y asseoir plutôt que de les gravir et faire ce pourquoi vous avez placé en elle votre confiance en la suivant ici ?

Il reporta son regard de nouveau sur sa collègue.

-Collègue, il y a un point sur lequel nous sommes d’accord. Ce couvre-feu ne dure que trop, et il fait peser sur le peuple une charge. Crois-tu que c’est avec le sourire aux lèvres que le commandement militaire, auquel je n’appartiens pas, a pris cette décision ? Crois-tu que certains se réunissent, la nuit, en secret, pour jubiler de ce que notre État, notre société et les principes essentiels qui la supportent, sont attaqués par le sang répandu d’un héros de la Nation ? Non ! Combien de litres de sang valyrien aurait été répandu si l’ordre n’avait pas été maintenu ? Peut-être le tient, peut-être le mien, peut-être celui de n’importe lequel des valyriens que tu as amené ici. Encore une fois, aurais-tu pris le risque d’avoir ces morts sur ta conscience ? Moi, non. Ce couvre-feu est nécessaire, le temps que les diverses composantes de la société valyriennes puissent trouver une issue politique qui permette à la République de se défendre contre ses ennemis. Ne pas comprendre cela, c’est être sourd aux aspirations de tous, ne pas comprendre que préserver la République n’est pas refuser la réalité du monde, mais s’y préparer, c’est assurer à ces gens, ici assemblés, auquel je suis convaincu que tu tiens légitimement ainsi que moi, un avenir sombre de la soumission aux ennemis du dehors.

Il plongea sa main dans sa besace, et en sorti son rouleau.

-Et puis, qu’est-ce qui t’empêchait, une fois encore, si toi et ceux de ton avis le voulaient, de déposer une motion au Sénat pour mettre fin au couvre-feu ? L’armée est une institution légaliste, elle est soumise aux mandements du Sénat. Tu veux défendre les institutions, mais lorsque celles-ci te donnent la possibilité de les utiliser pour faire valoir tes idées, tu préfères, au lieu d’y siéger et de les faire fonctionner, t’asseoir sur leurs marches et vociférer en profitant du crédit que le peuple t’accorde. Je tiens ici dans ma main ce sur quoi tu aurais du travailler, je tiens ici dans ma main ce qui aurait été attendu de toi, collègue, je tiens dans ma main une motion que je vais aller déposer au Sénat. Cette motion est une proposition de sortie de crise, une proposition de compromis politique qui permettra à la République de sortir grandie et non rabougrie de cet épisode. Cette proposition contient, écrite noire sur blanc, une proposition de loi pour mettre fin au couvre-feu et permettre, au cas où ma guerre viendrait à nous frapper de nouveau, de renforcer la République, ses capacités d’action, et le tout en mettant le Sénat, émanation de la République, au centre de cette nécessaire solidification.

Il monta quelques marches pour s’approcher de Daera. Et un grand sourire s’étira sur son visage.

-Tu aimes le peuple et la République, Daera Melgaris. Moi aussi, laissons au placard les divisions stériles. Nous voulons la même chose, nous voulons que la vie de notre peuple soit moins dure, nous voulons la prospérité et la grandeur de Valyria, pour qu’elle bénéficie à tous. Ne sois pas connue comme celle qui s’assoit, ne soit pas connue comme celle qui grogne. Fais honneur à ce peuple qui t’a suivi, représente-le avec dignité. Moi, qui suit d’un des sang les plus illustre de Valyria, je t’offre mon bras, Dame du Peuple, afin qu’avec moi, en montant les degrés, tu vienne faire irradier de tes convictions et de ta beauté le rendez-vous qu’à travers moi, l’Histoire te propose.

Et, comme un chevalier servant il étendit son bras.
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Dans le chaos, naît l’ordreValyria on the hedge

Quadrant Est -  An 1067, mois 4



Le moins qu’on peut dire de cette journée, c’est qu’il faudra lui trouver un nom.

La Confrontation, la Grande Marche, le Crépuscule Rouge, l’Aube Bleue ou toute autre idée qui vous viendra. Vous avez tous conscience de prendre part à un événement historique d’une importance sans précédent dans la récente histoire valyrienne. Les événements s’enchaînent à un rythme soutenu. Chacune des séquences auxquelles vous assistez serait d’une importance conséquente, même prise indépendamment des autres. La première est évidemment la mise aux arrêts et le transfert du commandement de la première légion au général Maekar Tergaryon le temps qu’un remplaçant soit trouvé. La décision ne satisfait visiblement guère les hommes dont les visages restent fermés, mais aucun d’entre eux ne franchit l’insubordination. Ce sont les meilleurs éléments de l’armée valyrienne, ils apprécient également beaucoup Lucerys Arlaeron et ils sont loyaux à l’excès à leurs serments. Les piques de Vagar provoquent toutefois quelques réactions dans l’assemblée, essentiellement des ricanements et quelques hués destinées à Maekar et Laedor. Elles sont cependant très peu nombreuses car les deux hommes restent des héros et, à la différence de Vagar, ont publiquement fait montre de leur bravoure en sauvant des centaines de citoyens durant le Grand Effondrement.

Lorsque la sénatrice Daera fait l’annonce de sa volonté de rester sur place pour défendre ses ambitions et de maintenir la pression sur le Sénat et la faction Rouge, le peuple n’est guère renversé d’enthousiasme. Cependant, le charisme de la jeune femme et l’attachement que le peuple commence à ressentir pour elle entraîne une réaction favorable à sa demande. Elle peut constater que l’ensemble de ceux qui la suivent depuis le début de la journée continue à le faire. Ils s’asseyent plus ou moins en petits groupes, certains s’esquivent pour aller chercher à manger ou se soulager. On ne sent guère une grande mobilisation. Le peuple reste par curiosité et parce qu’on lui demande, mais un rien pourrait le faire se lasser et rentrer dîner chez lui.

Dans la même veine, la véhémence avec laquelle la mage Vaenyra s’attaque au révéré Grand Prêtre d’Arrax est mal perçue, mais on ne sent pas une indignation renversante. Ces querelles entre prêtres et mages existent depuis longtemps, le peuple n’en est pas à sa première. Il respecte toutefois beaucoup le Velaryon et on peut entendre clairement des exclamations de désapprobation lorsque la Menaleos charge l’orateur religieux d’Arrax. La sympathie qu’elle a gagné au cours de la journée s’étiole déjà.

Curieusement, la foule réagit avec bien plus de virulence lorsqu’il s’agit de l’intervention de la Grande Prêtresse de Tyraxès. Difficile de dire ce qui déclenche une telle protestation de la part des badauds. La mention du Grand Prêtre d’Arrax précédent, la mention d’une poissonnière comme comparaison peu flatteuse ? Le différend ouvertement public affiché par Maerys ? Comme un seul homme et une seule femme, comme deux personnes donc, la foule sagement assise se lève et commence à hurler sa désapprobation de voir une élue de Tyraxès ainsi parler à l’un de ceux d’Arrax. La colère est telle que vous pouvez voir la première armée, désormais décapitée, se raidir face à la foule, et resserrer les rangs. Dans un retournement de situation terrifiant, vous constatez que les hommes de l’armée chargée de la protection de Valyria s’apprêtent à lever l’arme contre le peuple. Plusieurs jets de projectiles, très épars fort heureusement, rebondissent çà et là. Une pomme pourrie percute le dos de la Grande Prêtresse qui, sous la menace de se faire lyncher, n’a d’autre choix que de se réfugier derrière le double cordon de sécurité des soldats et de se retrouver, malgré elle, parmi les autres membres du clergé valyrien. Vous craignez le pire lorsque le peuple s’avance et que les hommes de la première armée font surgir leurs piques entre leurs boucliers désormais tenus face à la foule.

Fort heureusement, l’arrivée d’un groupe de cavaliers change la donne. Ces derniers portent une livrée bien rare ; celle des membres de l’ordonnance du Collège de Magie. La livrée bleue et or est si inattendue qu’elle leur permet, avec leurs chevaux recouverts d’un voile aux couleurs similaires, de franchir la foule qui se détourne de Maerys et des soldats. Le calme revient grâce à trois individus inconnus de tous sauf des mages, et vous pouvez à raison y voir là le dessein des Dieux ; Arrax ou Tyraxès, selon votre choix d’interprétation.

Le premier porte un couvre-chef insolite en velours avec une ficelle et un pompon en tissu doré qui lui donne un air très comique. Il s’agit pourtant du hérault du Magister, un homme dont la voix est rare et qui réalise l’exclusivité de ses proclamations à l’intérieur du Collège. Les deux hommes derrière lui ont des tambours montés de part et d’autre de l’encolure de leur monture, et battent un air presque martial aux graves résonnances, intimant le silence à tous. La perspective de voir le chef de file des mages réagir publiquement à la suite de cette journée est un événement encore plus capital que tous les autres, car ce serait la fin de la neutralité absolue du Collège depuis des siècles. Toutefois, ceux qui espéraient voir basculer les mages comme institution dans leur rang sont vite déçus. Le hérault lit sa proclamation, non pas face à l’armée, mais face à la foule. Les percussions accélèrent leur rythme avant de se stopper. Les trois hommes font face à un peuple valyrien de nouveau pacifié, curieux de boire les paroles.

« Oyé ! Oyé ! Oyé ! Je m’exprime au nom du Magister Talaegor, écoutez la voix de celui qui parle pour les mages, par les mages ! »

Le silence est absolu.

« Par suite de l’avertissement d’une mage du cinquième cercle que certains novices et d’autres moins novices – à ces mots, il darde un regard bien peu amène sur Vaenyra – ont pris la parole au nom du Collège et du Magister, il est ordonné à tous les mages en ville de rentrer immédiatement au Collège pour se voir rappeler les lois concernant la magie à Valyria. Vaenyra Menaleos, Aeranys Belkaerion et Aemond Qohraenos : suivez-nous tout de suite. »

Le ton ne souffre d’aucune discussion, même la foule pourtant attachée à ces mages ne fait rien. Les lois sont formelles. Le Magister est personnellement responsable des agissements des mages devant la République ; tout le monde le sait. S’il peut être tolérant sur le degré de liberté donné à chacun, il ne peut guère rester silencieux lorsque la participation de certains mages à des événements comme celui-là mettent en danger la neutralité du Collège. Les mages sont rapidement escortés hors de la place, laissée dans un silence de plomb durant quelques instants. Et puis, peu à peu, la foule se met à gronder malgré elle. Certains ne peuvent rester silencieux alors que les mages sont escortés hors d’eux. Encore une fois, le peuple crie son mécontentement. La décision du Magister apparaît soudainement injuste et incomprise. Ils sont nombreux à essayer de barrer la route mais le hérault du Magister n’est pas un illustre anonyme. Il s’agit d’un puissant mage pyromancien de cinquième cercle, et les mieux informés savent qu’il est capable de provoquer la combustion spontanée de ceux qui auraient l’audace de vouloir se saisir des rênes de son cheval. Les mages quittent finalement la place sous les huées destinées au hérault et les encouragements vocaux destinés aux mages accusés du pire.

C’est ensuite Maegon Tergaryon qui parvient sur zone, et qui délivre un long discours passionné et passionnant. Vibrant au son de sa voix, la foule semble plusieurs fois hésiter à prendre son camp ou à le lyncher selon ses dires. Son ultime effet de manche, invitant Daera à venir plaider au Sénat la fin du couvre-feu dans une proposition politique commune se livre toutefois à un mur d’hostilité. Le peuple a tranché. Il n’apprécie guère de voir devant lui celui qui les a menacé du feu-dragon et qui leur explique en toute décontraction qu’il serait prêt à réitérer ces dires. Le peuple ne pardonne pas cet impair. Sans vouloir s’en prendre physiquement à lui, l’assistance se gronde fortement, on entend plusieurs injures et il est clair que la tentative du sénateur a échoué auprès de la foule. Reste à voir ce que sera la décision de la populiste.

Et pourtant, alors que vous imaginez être au bout de vos surprises, voilà que c’est à nouveau le grand prêtre d’Arrax qui prend la parole. Il a trouvé une caisse pour se hisser au-dessus du cordon des soldats et s’adresse à la foule.

« Mes amis, mes amis ! Ne perdons pas notre âme, ne perdons pas notre sang-froid ! Les Dieux sont grands et veillent sur nous, comme nous devons veiller sur eux en priant ! Votre meneuse a raison, mes enfants, restez assis, priez Arrax, priez tous les Dieux. Rappelez-vous de leur don, rappelez-vous que les dragons sont le meilleur témoignage de leur amour et de leur choix de nous élire comme peuple supérieur au reste du monde. »

Il semble chercher quelqu’un du regard dans cette foule anonyme qui écoute son prêche à la lueur des lanternes et des torches qui s’allument peu à peu alors que la nuit tombe. Son regard pétille de ferveur lorsqu’il l’a trouvé.

« N’oublions pas non plus les noms des premiers à avoir été choisis, ceux par qui tout a commencé. Vous les connaissez, il s’agit des ceux dont les identités résonnent dans le nom de notre cité grandiose : Vaekar, Lyseon, Riahenys. Ce trio de légende, choisi par les Divins, pour recevoir le prix de la gloire éternelle et les premiers dragons. Nous autres, prêtresses et prêtres, sommes attachés au dessein des Dieux. Ils ont choisi ces trois âmes en des temps immémoriaux. La présence de leurs descendants parmi nous est la juste incarnation du choix des Dieux. C’est pourquoi, l’ensemble des Temples de Valyria annonce la chose suivante. »

Il se tourne désormais vers la personne qu’il a identifié.

« Echya Odenys ! Souveraine des bijoux, maîtresse putatitve de Mantarys et des mercantilistes. Ta domination marchande est réelle et tous ici peuvent louer ton sens aigu des affaires ! Tu sais l’estime que j’ai pour ton parcours et ton ambition. Mais trop d’ambition peut t’amener à oublier ta place, ô Echya. Tu possèdes la dette de la dynastie Lyseon, celle-ci est considérable, je le sais. Dès ce soir, considère-toi remboursée. Nous autres, membres du clergé, rachetons cette dette. Elle sera partagée entre nous tous, et les Lyseon n’auront pas d’intérêts à payer dessus. La seule contrepartie que nous avons demandée et qu’ils s’assurent de la protection des temples et de leur piété. »

Echya Odenys est coincée, elle ne peut pas refuser un accord si avantageux, quand bien même elle souhaiterait conserver sous sa coupe une dynastie. C’est évidemment un terrible coup dur qui vient de se jouer, d’autant plus que toutes les personnes bien informées savent que les deux sont des alliés naturels au sein de la faction Jaune. Il y a une variable modifiée dans cette soirée qui s’annonce bien ténébreuse. Toutefois, le grand orateur qu’est Jaeganon Velaryon n’en termine pas là. Il continue sa proclamation. Derrière lui, derrière le cordon de prêtres, Maekar, Laedor et Vagar ont un point de vue bien différent de l’orateur, mais ils s’arrêtent aussi, tenus sur place par une force inconnue, celle de vouloir assister à l’Histoire en pleine action.

« Citoyennes, citoyens ! Nobles seigneurs et gentes dames ! Visiteurs et esclaves ! Tournez-vous et contemplez le passé et le futur, l’or et l’argent, la gloire et la fortune, le feu et le sang ! Constatez par vous-mêmes ceux qui descendent mettre un terme aux mesquineries ! Joignez-vous à moi, applaudissez, criez votre joie, rappelez-vous l'Histoire !

Célébrez la présence de Ragaenor, Sénateur de Valyria, Misio Tembyr, seigneur de Tour Vaekar, fils de Maegor, et celle d’Alynera, fille de Lorgor, Misio Lenthor, de la dynastie Vaekaron !

Célébrez la présence de Vaerys, fils d’Araehys, Sénateur de Valyria, seigneur du Palais Lyseon, de la dynastie Lyseon !

Célébrez la présence de Maegon, fils d’Aedar, Sénateur de Valyria, seigneur du Palais Riahenor, et sa sœur-épouse, Vaelya, fille d’Aedar, de la dynastie Riahenor !
»

Dans les instants qui suivent, tous peuvent constater qu’on n’a pas entendu pareille ovation depuis le Triomphe de Valyria sur Ghis. Des hourras, des applaudissements, des cris de joie, complètement spontanés, complètement inexplicables : le meilleur orateur de Valyria a encore frappé. Même la première armée, mue par une force invisible, range ses armes et se raidit, comme pour saluer. L’indignité n’atteint pas ces hommes, un serment est un serment. Quand bien même le prêche est puissant, ils restent neutres mais ceux qui sont proches ont pu sentir la fluctuation bien brève. L’espoir semble renaître.

Peut-être que, finalement, cette journée sera appelée le Réveil de la Triarchie.





Ordre de réponse:
Ragaenor Vaekaron
Ragaenor Vaekaron
Sénateur

Dans le chaos naît l'ordre

Grand Bazar & An 1067, Mois 4
Le chaos. Voilà à quoi avait mené ces factions, ces gens de pouvoir qui voulaient par dessus tout imposer leur vision du monde, leur vision de Valyria aux autres. Peut-être, c’était probable, certains avaient-ils des intentions louables, une réelle envie de corriger ce qu’ils jugeaient inutile ou mauvais dans la République. D’autres, plus nombreux certainement, ne cherchaient qu’à attirer à eux et aux leurs un plus grand morceau de pouvoir qu’ils chériraient ensuite depuis leur villa en se félicitant l’un l’autre à grand coups d’accolade, tandis que Valyria, elle, resterait en proie aux luttes intestines et attendrait en retenant son souffle la prochaine lutte d’envergure qui verrait la coupe du pouvoir changer à nouveau de main. L’Erudit l’avait lui-même écrit des années plus tôt, l’homme n’est qu’un enfant avançant en tâtonnant dans l’Existence, un enfant qui a besoin de la guidance de ses parents, les Dieux, pour choisir le bon chemin à emprunter. Et une chose était certaine, les responsables du chaos dans la plus grande ville du monde étaient devenus aveugles et sourds à la volonté supérieure qui cherchait à les guider, le temps était venu de leur ouvrir les yeux, de crier à nouveau pour que leurs oreilles puissent discerner la parole divine au-delà des milliers de chuchotements de leur ambition.

Tandis qu’il marchait vers la place en compagnie des autres Dynastes, Ragaenor ne pouvait s’empêcher d’appliquer ses propres pensées à lui-même : en un sens, n’était-il pas lui-même en train d’accomplir ce qu’il répugnait tant chez ses semblables ? Tenter, par un coup d’éclat, d’attirer à lui plus de pouvoir et le détenir le plus longtemps possible à la manière des Triarques de jadis ? Ne serait-il pas plus vertueux, en un sens, de fermer les portes de Tour Vaekar, et de dédier sa famille à la prière et à la recherche de savoir jusqu’à atteindre la compréhension universelle qui donnerait légitimité au genre humain ? S’il avait pu compter sur d’autres pour lutter contre les vices de la nature mortelle, peut-être l’aurait-il fait, mais ses années dans l’ombre lui avaient appris qu’il fallait agir pour espérer être digne des Dieux, Daelor avait démontré les ravages qu’un incapable, un seul, pouvait semer si on le laissait faire.

Tu es différent. Vous êtes différents.

Là était peut-être le coeur même de la légitimité de ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Ce sang qui coulait dans leurs veines à tous, le même que celui du temps de la Fondation, le sang de ceux que les Dieux avaient choisis. Dans une heure si sombre, qui d’autre pouvait ramener la Lumière et la Gloire au sein de Valyria ? Qui d’autre pouvait rendre à la République ce dont elle manquait terriblement, qui d’autre pouvait s’assurer que le peuple reste digne de ceux qui les avaient un jour élus, et pouvaient tout aussi bien les déchoir ? Vaekaron, Lyseon, Riahenor : unies, ces trois familles avaient bâti plus qu’aucune autre, aujourd’hui, il faudrait qu’elles reconstruisent. Envers et contre tout, les Dynastes qui engendrèrent la République par leur chute seraient aujourd’hui sa salvation,

Tandis qu’ils traversaient, ensemble, la place sous les vivats, Ragaenor gardait un visage impassible : si d’autres voulaient saluer ou sourire, qu’ils le fassent, l’heure était selon lui trop grave pour les acclamations ou pour un bain de foule, qu’il n’avait de toutes façons jamais apprécié. Une fois seulement, son regard se leva pour observer le temps d’un instant le vol des dragons des Dynastes présents dans le ciel. Parmi eux, il pouvait sentir que Valkarion lui renvoyait son regard et une compréhension mutuelle se fit entre l’un et l’autre : « Je fais ma part, fais la tienne maintenant. »

Le groupe continua sa marche jusqu’à l’espace vide situé entre la foule et les soldats, qui avaient machinalement rangé leurs armes. Là, comme une seule entité, ils se tournèrent face à la foule. Là, Ragaenor contempla la foule en silence, constatant que pour la première fois de son existence, il se trouvait là où il avait toujours voulu être : sur le devant de la scène. Parfois, il avait vu son frère prononcer des discours qu’il avait lui-même écrit la veille pour convaincre les foules, depuis peu il s’était exprimé devant le Sénat, mais jamais encore il n’avait senti le poids de la responsabilité qui lui incombait désormais. Néanmoins, l’Erudit avait désormais le rang de ses ambitions, et il était temps de prouver qu’il en avait également les épaules, aussi, alors que les clameurs commençaient à baisser, et sans prêter attention aux nuages noirs se massant dans le ciel, l’homme fort des Vaekaron prononça sa première phrase d’une voix forte, sans hésitation aucune, son ton grave portant celle-ci jusqu’à l’autre bout de la place :

« Honore ton père ! »

Avançant de deux pas, Ragaenor étendit les bras, semblant embrasser la foule entière du regard, avant de continuer tandis que celle-ci se faisait un peu plus silencieuse pour entendre ce que le Dynaste avait à dire.

« Honore ton père. Une vérité simple que l’on peut appliquer à sa famille et à son sang, comme à la République elle-même. Car si nous avons tous nos propres ancêtres, ne sommes-nous pas, tous, Citoyens de la République, les enfants élus des Dieux eux-mêmes ? Peu importent nos origines, ou que nous soyons soldats, marchands, prêtres ou nobles à leurs yeux, pour autant que nous nous montrions dignes d’eux, dignes de leur choix de faire de nous un peuple élu parmi les peuples! 

Regarde autour de toi, peuple de Valyria : Vois ce qu’ensemble nous avons bâti, vois la résolution dans les yeux de ton voisin qui a marché jusqu’ici pour faire valoir ses droits, vois le courage de nos armées et son sens du devoir, les victoires qu’elle nous a apporté, rappelle toi la ferveur avec laquelle nous honorons les héros des temps anciens et présents, qui ont sacrifié leur sang et leur vie dans les champs de blé comme ceux de la bataille pour que nous puissions clamer notre grandeur à la face du monde ! De cela, nous pouvons être fiers, cela, nous pourrons nous targuer devant ceux qui nous ont précédé, en cela, nous contentons les Dieux, car la même se trouve l’essence de notre Vertu. »


Laissant ses paroles prendre racine, Ragaenor fit quelques pas pour observer les visages rassemblés,  soldats comme populace réunis devant le Sénat pour ce qui pouvait être le dénouement final d’une crise par trop longue et douloureuse, ou le massacre qui en marquerait un point culminant. Emporté par son élan, il reprit son discours, la flamme de la passion semblant lui brûler les entrailles.

« Nous portons, chacun d’entre nous, les braises de la grandeur, et pourtant… Pourtant, nous ne sommes que des hommes, imparfaits par notre nature soumis à nos pulsions et à nos instincts. Car pour chaque flamme qui brûle en nous se dresse son ombre. Qu’il s’agisse de la peur, de l’égoïsme, d’un ego démesuré, nous avons tous nos démons, ces voix intérieures qui cherchent sans cesse à nous rapprocher de l’animal plutôt que du divin. Si tu es là aujourd’hui, Valyria, si tu te trouves face à ces soldats, face à ton propre peuple, prête à défendre tes idéaux en versant le sang de tes frères, c’est parce que trop longtemps, nous avons laissé ces ombres prendre place dans toutes les sphères de nos vies !

Nous ne sommes que des hommes, instruments de nos pulsions, et nous cherchons donc à nous assurer que ceux que nous aimons, nos fils, nos filles, nos amis soient à l’abri du besoin lorsque nous mourrons, nous cherchons le confort et le pouvoir car ils offrent une protection contre ces craintes qui nous assaillent sans cesse. Que tu sois Sénateur ou homme du peuple, Valyria, c’est là ta nature humaine, on ne peut te blâmer pour cela, cependant la République transcende cette nature, et se doit de la contrôler. Notre République se doit de se concentrer sur le bien commun, faire fi de la nature de ceux qui y vivent pour s’assurer que chacun d’entre nous puisse y vivre sans craindre pour le futur des siens !

Longtemps, les Dynastes se sont tus, car nous croyons fermement que le Peuple seul a le droit de se gouverner, mais aujourd’hui cet idéal que nous pensions atteint est en danger, et notre devoir est d’intervenir devant toi Valyria, et devant les Dieux eux-mêmes. Tous, et pendant trop longtemps, nous avons laissé notre héritage et nos institutions en proie aux vices et aux ambitions personnelles, nous avons usé de manœuvres politiques pour parvenir à assouvir nos ambitions personnelles, nous avons relégué le bien commun au second plan, et vois où cela nous a mené ! Toi, le peuple, faisant face à notre armée alors que nous ne sommes qu’un peuple, pas des ennemis ! Toi, l’armée, prête à marcher sur ceux-là même que ton serment dicte de protéger, si ton officier t’en donne l’ordre ! Faudra-t-il donc un massacre ou un signe divin pour qu’enfin cesse cette folie ?! »


Jamais auparavant Ragaenor n’avait senti son corps aussi electrisé, il se sentait presque ivre de cette énergie qu’il faisait passer à travers ses mots, et ne remarqua même pas la pluie, pourtant rare à Valyria, qui commençait à tomber au sol et sur son visage. Levant le bras en l’air, il clama encore plus fort que précédemment :

« Au nom des Dynasties, je dis que cela a assez duré ! Tu as vu ces mages, pourtant citoyens de notre République au même titre que nous, tenus au silence selon la volonté d’un seul homme ! Tu sais comme moi que nos prêtres, même s’ils portent avec eux la parole des dieux eux-même, n’ont pas le pouvoir de porter celle-ci au Sénat, alors que des promesses et une bourse d’or à la bonne personne pourrait ouvrir ses portes au plus vil des hommes ! 

Au nom des Dynasties, j’appelle à une réforme complète de notre République afin d’en chasser les vices, et de rendre à nos institutions la Vertu valyrienne dont elle est supposée être la gardienne ! A toi, citoyen, je demande de porter nos mots dans la ville, de lui rendre l’espoir qu’elle a perdu ! A toi, brave soldat de notre armée, je demande de t’écarter et de reprendre ta place de protecteur non de quelques uns, mais de tous ! A nous, Sénateurs, je demande une session immédiate du Sénat, durant laquelle nous réformerons notre République, pour en refaire l’incarnation de son ambition première : une nation où tout citoyen est égal, une nation qui ne reconnaît comme supérieur que les dieux, une nation dont nous pourrons tous dire, au jour de notre mort, que nous l’avons servie non pour notre propre ambition, mais pour honorer nos pères et ceux qui l’ont fondées !

Que réponds-tu Valyria ?! »



Daera Melgaris
Daera Melgaris
La Lumière du Peuple

Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

« Je n'aurais jamais pu faire tout ça sans toi Vaenyra.» Lui répondit-elle simplement en serrant sa main dans la sienne.

La journée serait historique et elle ne savait pas quel nom elle prendrait dans l'Histoire ni si on se souviendrait que la modeste sénatrice qu'elle était l'avait lancé. En vérité en cet instant, cela comptait peu à ses yeux alors qu'elle voyait toute cette foule s'asseoir à ses côtés et suivre ses directives. Elle regarda autour d'eux tous ces visages les uns auprès des autres ; des vieillards aux yeux ridés, des jeunes, des enfants, des femmes et des hommes tous réunis ainsi en enfants de Valyria, tous ici réunis pour un même but. Elle essaya de regarder chacun d'eux pour leur adresser un léger sourire et hochement de tête pour les remercier, car cela n'aurait jamais été possible sans leur coopération. Elle n'avait pas la prétention d'avoir un jour réuni avec ses discours autant de personnes, et jamais en commençant cette action elle avait supposée rassemblée autant de gens dès le début. Elle avait pensé que peut-être une centaine de personnes la suivrait tout au plus. Pourtant il y en avait plus d'une centaine et surtout, les événements continuaient de s'enchaîner, une braise ayant allumé un feu voilà ce qu'ils étaient alors que des martèlements de sabots venaient briser le bref calme qui s'était imposé dans la foule.

Le magister avait donc été informé, par qui ? Elle fronça les sourcils tout en regardant Vaenyra qui se levait déjà obtempérant à l'ordre donné. Elle s'accrocha un instant à sa main, la serrant pour qu'elle sache qu'elle la soutiendrait même de loin. Elle détestait l'avoir mis dans cette situation, mais cela devenait désormais le combat de tous les mages qui l'avaient accompagné et elle ne pouvait rien faire, les seuls pouvoirs qu'elle possédait étaient ceux des politiques. Elle resta assise auprès de ses concitoyens, impuissante, à observer les mages qui l'avaient accompagné durant toute cette journée partir sous les huées dirigées aux représentants du magister. Elle était néanmoins contente que la foule ressente la même chose qu'elle concernant la situation. Certains se lèvent même pour barrer la route aux chevaux de ces représentants de nul autre que l'injustice elle-même. Daera regarda un instant l'agitation s'apprêtant à parler quand une forme descendit les marches du Sénat. Maegon Tergaryon sous ses yeux suspicieux. Elle regarda si derrière lui d'autres représentants des Rouges allaient eux aussi parler et s'expliquer avec le peuple, mais il était seul.  

Que pensait-il faire là, devant le peuple, à avouer sans vergogne qu'il réutiliserait le feu de son dragon s'il s'en trouvait obligé ? Ne voyait-il donc pas sa propre impudence à débarquer ici en tant qu'homme privilégié avec des armes beaucoup trop puissantes pour être maniées par l'homme. Ne voyait-il donc pas les visages des gens autour d'elle qui l'observait comme un être de la pire espèce et qui crachait même au sol en prononçant son nom. Surtout, croyait-il qu'elle s'allierait à lui alors qu'il avait passé la majorité de son discours à la décrire comme une incapable et faiseuse de trouble plus qu'une collègue. Collègue, le mot était ridicules sur ses lèvres tant tout les séparait, elle n'était collègue que formellement, car rien ne les unissait si ce n'était cette institution. En même temps, elle ne pouvait qu'admettre que son offre était alléchante après tout elle était bien venue ici pour abolir le couvre-feu et le sentiment d'insécurité présent dans les rues, mais une paix conclue avec les Rouges par leurs termes était-elle vraiment une paix et non pas un arrêt pur et simple de la République telle qu'elle la connaissait ? Surtout, si elle signait ici et maintenant cet accord, si elle prenait cette main tendue, le peuple ne verrait-il pas les rouges comme les véritables instigateurs de cette paix et occulterait les efforts des bleus dans cette bataille ? Pour quoi passerait-elle si elle prenait la main d'un homme capable d'utiliser son dragon contre le peuple de Valyria ?

Elle se leva sous les yeux de ses frères et sœurs de Valyria et ouvrit la bouche pour répondre à ces accusations et à cette proposition quand le grand-prêtre d'Arrax reprit la parole pour sa grande surprise et se mit à louer un temps qu'elle détestait dans l'Histoire ; un temps qui avait vu perdurer des dynasties sans partage, un temps où la République avait triomphé contre l'arbitraire et le jugement d'un seul contre tous. L'intervention du grand-prêtre était outrancière, pour qui se prenait-il à parler politique quand il avait déjà tant de mal à parler aux dieux ? Surtout, comment pouvait-il encensé un pouvoir aussi partial ? Elle lança un regard à Maegon qui lui semblait soudain une bien meilleure alternative, mais ne dit rien pour l'instant se contentant d'observer les prochaines paroles. Ce coup avait été fort bien préparé, mais elle comptait bien avoir son rôle dans l'Histoire alors que Ragaenor prenait la parole dans un discours enflammé pour expliquer les intentions des dynastes comme si la pièce avait été savamment orchestré. Elle regarda un instant les dragons volant au-dessus de leur tête, ils lui apparaissaient désormais menaçants, mais elle ne montra pas sa pensée. À la fin du discours du dynaste, il ne restait que le silence et des yeux tournés vers elle attendant une décision quant à la marche à suivre.

« Mes frères et mes soeurs nous sommes face à des propositions historiques et aujourd'hui l'Histoire se tourne vers nous, vers vous pour prendre des décisions qui changeront le cours de la République.» Elle monta sur les marches du Sénat, se rapprochant de Ragaenor Vaekaron « Peuple de Valyria, nous sommes tous venus plaider notre cause, tous venus chercher tes faveurs. Maegon Tergaryon la proposition est alléchante mais comment pourrais-je m'associer à un homme qui utiliserait son dragon contre ses frères et ses soeurs ? Comment pourrais-je m'allier à l'homme qui m'a dénigré devant ma famille entière sur les marches que nous foulons quotidiennement ensemble ? Peuple de Valyria vous m'avez donné une voix et la votre à porter jusqu'à ceux qui jusqu'alors préféraient vous ignorer, je ne peux accepter en votre nom une proposition qui cacherait sous de beaux mots des moyens pour vous faire taire et amenez au devant de notre cité les tambours de la guerre.»

Elle s'avança auprès de Ragaenor, devant cette foule immense qui l'observait et devant eux, elle déchira son voile bleu, couleur de cette journée et de sa faction. Elle porta le morceau de tissu à bout de bras devant cette foule et reprit la parole d'une voix encore plus forte et encore plus solennel :

« Mes frères et mes soeurs, citoyens de Valyria, cette journée est marquée du sceau de l'Histoire, une Histoire qui ne peut s'écrire sans vous. Une Histoire que l'on vous rappelle aujourd'hui sous des airs favorables alors que la République est née après la Triarchie et est née de votre combat pour être entendu. Je ne serais pas de ceux qui vous bassineront de l'Histoire d'un temps passé qui serait plus glorieux que notre temps. Je vois la gloire en notre unité en cette journée, je vois la gloire en voyant nos ports remplis de vivres, je vois la gloire sur ces marches et ce bâtiment qui représente votre volonté. Aujourd'hui, vous m'avez suivi dans les rues de Valyria et vous m'avez intronisé en tant que votre porte-parole. J'espère avoir été votre voix aujourd'hui et avoir exprimé votre volonté le mieux possible. J'espère continuer à vous représenter dans les négociations à venir, j'espère porter votre voix au plus haut. » Elle se tourna vers Ragaenor et prit sa main dans la sienne, l'entourant du morceau de couleur bleu « Dynastes vos noms sont illustres et sont célébrés parmi le peuple mais vous ne pouvez écrire l'Histoire de la République sans celui-ci. La reconstruction de la République est nécessaire car celle-ci a trop longtemps ignoré ses enfants et privilégiés les mêmes, mais malgré ses défauts, la République est le système le plus juste qui existe ainsi nous devons la préserver tout en la rendant meilleure. Dans ces négociations qui ont été possibles grâce à la volonté du peuple, je serais votre porte-parole. Peuple de Valyria laisse moi te représenter en ces négociations comme je l'ai fait durant toute cette journée, réunissons le Peuple et ses héros, le Peuple à sa République.» Elle n'oublia pas cependant le but de cette journée historique « En signe de bonne foi, je propose d'abolir dès maintenant et sur ces marches, symboles de votre volonté, le couvre-feu qui empoisonne vos vies et d'entamer par la suite les négociations qui seront menées avec vos représentants.»


Maegon Tergaryon
Maegon Tergaryon
Sénateur

Il y a des jours comme ça, où la Providence a décidé qu’ils ne seraient pas pour vous. Que la foule le conspue n’était pas un problème pour Maegon. Ses idées ne reposaient pas entièrement sur les désirs de la foule, et ses objectifs en venant au Sénat n’avaient pas été uniquement de son confronter à elle. Il l’avait fait naturellement, en connaissance de cause. Le Patriarche des Tergaryon ne s’attendait pas vraiment à convaincre la foule. Cependant, même si le mouvement de foule final lui avait été défavorable, il avait observé que l’hésitation avait jalonné sa prise de parole. On ne lui pardonnait pas sa sommation à Vagar ? il n’en avait cure.

La foule était une maîtresse changeante, Daera venait d’en faire l’expérience. En effet, cette même foule qui s’était donné à elle, avait immédiatement tendue sa croupe lorsque les Dynastes étaient arrivés avec le grand assentiment du populaire qui voyait en eux des objets particuliers au sein de la noblesse Valyrienne. Les Dynastes commandaient un certain respect de par l’histoire mythique qui s’attachait à leur famille. Et pourtant, en dehors du chef des des Bleu, tous paraissaient bien misérables. Entre les Lyseon qui venaient de changer de maître pour sortir de la ruine. Passer d’une dette financière vis à vis d’Echya à une dette morale vis à vis du Grand Prêtre d’Arrax était une opération confortable, mais risquée. Maegon voyait l’effet qu’avait le Grand Prêtre d’Arrax sur la foule, c’était un homme dangereux et charismatique, et il se ferait payer cette dette chèrement. Le chef des Tergaryon n’en doutait pas.

Pour aujourd’hui, la foule était perdue. C’était désormais la capacité de faire avancer les choses au Sénat qui allait primer. Or, le programme égalitaire de Ragaenor sembla d’un flou artistique total au sénateur militariste. Chacun pouvait y voir midi à sa porte. Tout comme chacun pouvait voir midi à sa porte dans ce ruban bleu que la Dame du Peuple passa aux mains de l’Erudit. Ainsi donc, la Dame du Peuple venait de rembarrer Maegon Tergaryon. Celui-ci garda bonne figure, observant la scène. Cet affront, il ne l’oublierait pas. Au reste, elle pouvait parler tant qu’elle voulait du « Peuple » mais le Peuple était une réalité infiniment plus complexe que cette foule assemblée ici. Tout comme Ragaenor pouvait faire semblant de vouloir faire communier tout le monde dans l’harmonie divine, tôt ou tard, les intérêts politiques, financiers et les ambitions finiraient par resurgir.

Bien vite, ce ruban bleu serait taché du rouge sang des divergences d’opinion de chacun. Et c’est surement l’autre Maegon qui s’en trouverait à l’origine. Son homonyme, si passionné par le caractère supérieur de son sang et qui, pensait le Tergaryon, n’avai pris le parti des Bleu que pour être chef de quelque chose, ne pouvait pas accepter une proposition comme celle de Ragaenor sans une arrière-pensée.

Il ne fallait pas non plus oublier que toute cette petite assemblée venait d’humilier Echya Odenys. « Tu as oublié ta place » à une femme avec un orgueil pareil ? Le Grand Prêtre d’Arrax ne s’était pas fait une amie aujourd’hui. Maegon, d’ailleurs, porta son regard sur elle, élargissant son sourire. Il lui fit un signe de tête pour lui indiquer sa sympathie. Après tout, ils venaient tous deux d’essuyer un affront, ils pouvaient communier, sinon dans l’égalité, du moins dans la fraternité des outragés.

Restait, de surcroit, la Grand Prêtresse de Tyraxès qui avait manqué de se faire massacrer par la foule en s’en prenant au Grand Prêtre d’Arrax. La divinit qu’elle servait revêtait un intérêt particulier pour Maegon, et voir ainsi la foule manquer de lyncher lui inspira une profonde répulsion contre ces gens qui ne respectaient rien sinon leurs pulsions et leur petit confort.

Maegon ne resta pas là à les écouter se passer des rubans sur les mains. Cette alliance tuait dans l’œuf toute option d’adoption au Sénat de sa motion. Il fallait donc changer de plan. Tout alla très vite dans la tête du Tergaryon. De toute évidence, la faction rouge à laquelle il appartenait portait ce couvre-feu pourtant nécessaire comme un boulet. Maegon avait défendu loyalement l’indéfendable. Une action irrationnelle et irréfléchie provoquée par l’émotion. Lucerys n’aurait jamais fait une telle bévue. La foule était trop hostile à Maegon pour qu’il signale ce qu’il allait faire, il n’y avait pas d’option pour profiter du plan qui venait de germer dans sa tête, sinon par des regards et des gestes.

Son regard se reporta vers Daera, lorsqu’elle demanda sur ces marches l’abolition du couvre-feu, il lui fit un discret signe de tête. Il ne pouvait pas publiquement se rallier ainsi à une telle option. Il tourna les talons, remettant son rouleau dans sa besace. Il pénétra dans l’enceinte du Sénat et marcha dans ces couloirs qu’il arborait depuis quelques années maintenant. Il passa à côté de la salle où l’on déposait les motions, mais ne s’y arrêta pas. C’est vers les bureaux des sénateurs qu’il se dirigea. Allant plus spécialement vers celui du Sénateur, Seigneur Dragon et Capitaine Général, Aeganon Bellarys. On le laissa entrer, là, se tenait celui qui les avait embarqués dans cette galère. On annonça Maegon.

Les deux hommes ne s’aimaient pas. Ils étaient trop différents. Maegon était de la plus haute noblesse valyrienne, et considérait le Bellarys comme un parvenu vulgaire quoique ses qualités de soldats ne soient plus à démontrer. De fait, l’homme posait, aux yeux de Maegon, plus de problèmes qu’il n’en résolvait. Les deux hommes possédaient cependant une qualité partagée : la franchise. Après un salut relativement glacial des deux hommes l’un envers l’autre, Maegon dégaina.

-Je viens de manquer de me faire lyncher par la foule à défendre le couvre-feu que tu as instauré de façon unilatérale, Aeganon. Risquer ma vie ne me dérange pas, mais je pense qu’il est temps que tu saches un peu ce qu’il se passe en bas.

Maegon resta debout, et continua.

-Une foule vient d’acclamer les Dynastes, le chef de la famille Vaekaron vient de proposer d’ouvrir des discussions pour réformer la République, pendant que Daera essaie d’enterrer ton couvre-feu comme base de négociation. Si nous ne stoppons pas le couvre-feu nous-même, on va nous l’imposer, sans que nous n’ayons aucunement la possibilité de dire que c’est une erreur. Daera, Maegon et les bleu s’entendrons sur notre dos. Il est temps de voir la réalit de cette guerre politique en face : nous devons concéder sur le couvre-feu. Nous n’avons plus d’option non violente pour le défendre. Si nous nous obstinons, même la troupe finira tôt ou tard par ne plus comprendre. Ils sont plus proche de la foule là dehors, que de nous ici dans les bureaux du Sénat.

Il finit enfin par s’asseoir. Signe d’une relative décontraction.

-Va annoncer toi-même, sur tes termes, la fin de ce couvre-feu. Fais écho au peuple, dis-lui ce que tu penses des démagogues qui le conduisent, mais que tu entends sa souffrance. Dis-lui que puisque le peuple est persuadé que le haut commandement dirige l’armée contre le peuple, tu consens à faire cette concession, mais que tu préviens ceux qui ont attisé les braises que lorsque ce que nous disons arrivera, c’est à dire que l’épreuve frappera de nouveau Valyria, l’armée, que tu incarnes, n’acceptera aucune mise en cause du sang qui coulera de l’obstination, par confort, à ne pas assurer la tranquillité publique alors que nous sommes sous la menace étrangère qui a fait couler le sang du Capitaine General. Dis-leur que les soldats dans l’armée viennent du peuple, et que c’est eux qui seront en première ligne lorsqu’il faudra donner sa vie pour la République et que par conséquent, l’armée n’acceptera pas d’envoyer à la mort des valyriens si la République est désarmée politiquement et moralement, et que par conséquent, dans les négociations qui vont s’ouvrir, toi et les sénateurs amis de l’armée et soucieux de la grandeur de Valyria, serez intraitable sur cette question.

Il croisa les jambes.

-Tu peux encore peser, Capitaine-Général, mais pas longtemps si tu ne prends pas la bonne décision. Si tu la prends, je braverai la foule une fois de plus s’il le faut pour être à tes cotés lorsque tu l’annonceras, mais entends bien que si tu t’obstines, les prochains qui viendront te mettre face à la réalité ne seront, contrairement à moi, ni tes alliés politiques, ni des membres de ta faction. Ils sont dehors, et s’ils ne m’aiment pas beaucoup, dans ton cas, c’est ta tête qu’ils veulent. Et ni le prestige de mon cousin Maekar, ni le symbole de Laedor ne pourront l’empêcher cette fois-ci.

Il se leva de nouveau.

-Viens avec moi, Aeganon. Je ne suis pas ton ami, mais grâce à cela je serai le seul qui osera te dire en face comment t’éviter l’humiliation de devoir tout céder. L’heure du couvre-feu est passé. Celle des tractations en coulisse arrivent, Ragaenor peut essayer tant qu’il voudra de faire croire que nous pouvons vivre d’amour et d’orgies, certains à Valyria savent que depuis la trahison de Borash, la Paix n’est plus une option. Cessons d’apparaitre comme l’ennemi, tu verras bien vite à ce moment-là que les appétits gloutons des chicaneurs vont ensevelir dans un marais de contradiction tous ces vœux pieux et le peuple se rappellera bien assez vite que les prières ne se mangent pas, ne tiennent pas chaud la nuit, et ne protègent pas contre une légion Ghiscari.

Puis, Maegon sorti et refit le chemin en sens inverse. Il repassa devant toutes les salles vues à l’allé, sorti du Sénat. Il n’avait pas regardé derrière lui, il ne savait pas si l’officier valyrien l’avait suivi, il se tenait désormais devant la porte du Sénat, prêt à l’annoncer s’il sortait.

Le moment de vérité arrivait, ou pas.
Maegon Riahenor
Maegon Riahenor
Seigneur-Dragon

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Dans le chaos naît l'ordre... et des dynastes le pouvoir

Au cœur du Nopāzma, An 1 de la Renaissance

Au commencement il ne fut que le néant. Il n'était ni froid ni chaleur. Obscurité et lumière formaient un tout. Leur séparation ne pouvait qu'être que la fin du monde d'alors. Puis vint le nopāzma. Le brasier par lequel tout commença. En émergea l'être suprême, le Maître des lois du monde des hommes et du divin, Arrax. Le Père des Dieux s'ennuyait. De ses larmes de feu naquit Syrax, sa soeur-épouse qui lui donne douze enfants. Ils foulèrent du pied ce monde, laissant derrière eux destruction et beauté, or et sang.

Les millénaires passèrent.

Aegarax, premier-né d'Arrax, s'ennuya à son tour. Il avait créé un monde presque parfait. Pourtant, il lui manquait quelque chose à lui et ses frères. Aussi, ils organisèrent une dernière fois leurs efforts. D'une branche naquit la tribu des Premiers Hommes, loin à l'ouest, sur ce continent primitif. Vermithor tailla le basalte et laissa flotter sur les mers du monde ceux qui un jour peupleraient les îles d'Été. D'une écaille de tortue abandonnée sur les rives de la Rhoyne, Caraxès fit s'éveiller la nation éponyme. Il en alla de chaque Dieu jusqu'à ce qu'il ne restât guère plus de place sur ce monde. Arrax vint trouver ses fils et filles au coeur de leur royaume souterrain et proclama:

Que nos élus foulent à leur tour la terre.

De son cœur enflammé vint l'obsidienne dont il créa les Valyriens. Un peuple d'apparence parfaite, de sa chevelure de l'argent le plus pur à l'améthyste précieuse de ses prunelles. Arrax les installa aux portes de son royaume, parmi les Quatorze. Il se tourna vers Aegarax et le pria de concevoir la plus parfaite des créatures pour la plus parfaite des races des hommes. Le premier-né attrapa alors le Grand Wyrm, abominable ver à trois tête, le Cerbère protégeant les Quatorze. D'un geste, Meraxes sépara la créature divine pour le perfectionner en trois entités aériennes, quintessence des éléments du monde. Les Dieux se gravitèrent vers deux hommes et une femme.

La Triarchie était née. Aussi il n'était que justice qu'à son tour, elle veille sur le peuple Valyrien, d'abord par un pouvoir fort et absolu puis désormais comme une garante des traditions et des réformes tout à la fois. L'ombre de Barraxes survolait la foule, immense fils d'Aegarax, tel un fanion à la gloire des Riahenor. Sa toge blanche, rehaussée de bleu, frôlait doucement le sol alors que Maegon Riahenor avançait aux côtés de ses frères de droit divin.

Un pâle sourire déformait ses lèvres. Son regard pétillait d'un triomphe d'Arrax. De longs mois de préparation s'achevaient enfin. Une gloire à la hauteur des dynasties, les Riahenor en tête. Si les Dieux avaient offert trois élus au peuple sacré, leurs descendants en concédaient six. Les hommes venaient en premier, à leur place naturelle. Maegon, Ragaenor et Vaerys. Le dynaste ne ressentait aucune affection pour ce dernier. Il n'était que le fruit des complots ourdis par les femmes des dynasties. Des êtres supérieurs certes... mais jamais l'égal de leurs époux. Si Maegon doutait que le Lyseon fût capable de le comprendre, il espérait faire entendre raison au Misio Tembyr.

Si Maegon souhaitait s'exprimer en premier, nul ne le saurait jamais. Il n'affecta pas de s'avancer au-devant de la foule qui l'acclamait, ni même de s'incliner face aux prêtres. Ils n'étaient que les servants des Dieux alors que les Riahenor étaient leurs élus. Il accorda la primeur du renouveau des dynastes à son compagnon. Le savoir du maître de la Tour Vaekaron en faisait le garant de leur héritage. Il n'écouta que d'une oreille distraite son discours. Il en connaissait déjà la teneur et les contours de leur projet. Le cœur de leur action n'était pas de gagner la sympathie du peuple. Le véritable dénouement de ces évènements se jouerait au coeur du Sénat. Levant les yeux, Maegon laissa tomber le masque de façade qu'il affectait et sourit férocement. Le Sénat. Celui-là même qui avait autrefois exécuté la chute de ses ancêtres. Ô douce et cruelle ironie qu'il en fut désormais le sauveur...

Comme le triomphe ne venait jamais seul, Maegon observa chacun des protagonistes ici et là. Il avait déjà fait le tour des dynastes. Aussi son regard acéré se porta vers son homonyme. Ils avaient suivi les évènements alors qu'ils préparaient leur entrée en scène. De ce cirque digne d'un bordel Cellaeron, le dynaste en avait déduit que Maegon Tergaryon ne méritait aucun des illustres noms dont il avait hérité. Heureusement, l'autre branche était plus maligne et il saurait s'en méfier tandis que le Rabban de Valyria observait la scène, silencieux. Loin derrière lui venait son cousin, autrement plus intelligent. À ses côtés, Laedor Arlaeron paradait. Les pupilles de Maegon s'écarquillèrent, oboles noires et augures de son triomphe. Le sang des traîtres était humilié. Lucerys aurait su s'opposer à leur coup de force. Mais là où il était d'acier, son fils n'était que cristal.

Vinrent alors les paroles de Daera Melgaris. Cette femme qui désirait s'attirer les lumières du peuple. Ne comprenait-elle pas qu'elle marchait par mieux par la grâce de ses supérieurs ? Elle n'était qu'un engrenage, une misérable roue dans un système qu'elle ne maîtrisait pas. La Sénatrice croyait peut-être représenter le peuple. Les dynastes étaient son essence. Malgré tout, il devait bien concéder son importance. Aussi accepta-t-il de bonne grâce, et avec un vague hochement de tête, ce ruban dont elle désirait se lier.

Vint alors l'heure du dragon.

Vali sia daor rȳ vīlībāzma se sia jurnegēre syt lentor !*

"Sous son étendard, le Valyrien entraîné
dit en gémissant : Père Infortuné !
Que n’avons-nous vécu loin de ce temps impie,
Dans les jours moins affreux de Bhorash et Lucerys !
Dieux, nous n’aspirons pas aux douceurs de la paix :
Éloignez nous des combats, et au loin des forfaits."


La voix de Maegon résonnait autour de la foule. Un aboiement rauque et pourtant qu'il contrôlait.

"Amis de la République ! Unissez, mes frères de la Victoire. Ce soir à la tyrannie, dites au revoir ! Tournez-vous vers votre famille, honorez vos pères et époux, embrassez vos enfants et femmes. Il est jour de réjouissance, un nouveau Triomphe ! Le sang divin qui coule dans nos veines approuve la République. Les récents évènements nous ont montré son besoin de renouveau, d'une nouvelle époque où chacun pourra s'exaucer.

Maegon observa Vagar au loin, cet officier fidèle à ses valeurs. Un homme de talent qu'il avait apprécié voir gravir les échelons sous son commandement et patronage officieux.

"Qu'il en soit ainsi ! " cracha le dynaste, la tête haute. "Nous nous vengerons seulement des plus pervers et des plus coupables. Nous le ferons autant dans votre intérêt que dans le nôtre parce que, aussi longtemps que nous restons en conflit, vous encourez les plus grands dangers, et il est nécessaire pour nous aussi de faire quelque chose pour calmer l'armée qui a été insultée, offensée, par quelques tyrans. Maintenant, nous préférons prévenir nos ennemis plutôt que de souffrir de leurs mains et les faires souffrir."

Alors que la Bête du Sénat ressortait, Maegon dévoila ses dents en un rictus provocateur. Les Bleus connaîtraient leur gloire associée à celle des dynastes. Un retour au monde d'avant, où le Sénat contrôlerait la vie de la République et où la guerre doit rester une possibilité lointaine. Un monde nouveau dont les dynastes se porteraient garants. Un monde qui entraînerait le départ des troupes de la capitale, la démission des officiers supérieurs ayant osé souiller de leurs ambitions personnelles le sol sacré du Sénat. Et si ils refusaient, Maegon en ferait des proscrits.

*Nec non bella viri, diversaque castra petentes = les hommes n'étaient plus en guerre et cherchaient des camps divers - Pharsale de Lucian


Maekar Tergaryon
Maekar Tergaryon
Sénateur

Dans le chaos naît l'ordre ft les bleus

   
An 1067 du 4ème mois,
Valyria. Cité flamboyante, dame parmi les dames, faisait le théâtre d’une division jusqu’alors inégalée. Elle qui pourtant brillait de toute sa splendeur, sa grandeur faisait aujourd’hui les frais d’une trop grande débâcle.

Si les contrées voisines la jalousaient, ou bien encore la dénigraient, elle n’en demeurait qu’intacte, presque invulnérable face à l’adversité malgré les années. Désormais, il était certain que les murmures sur l’instabilité politique ferait le tour et ce jusqu’aux oreilles des plus puissants gouvernants ce monde.

Une faille qui pourrait amener bon nombre d’ennuis à la capitale. Ou pire qu’une invasion ennemie se déclare soudainement jusqu’à leur porte. Une attaque qui aurait bien pu être stoppé si la population et ses dignitaires ne se déchiraient pas inlassablement.
Voilà ce que redoutait secrètement notre général. Depuis l’assassinat de Lucerys, tout était possible. Et cette fois peut-être que le feu dragon ne réglera pas la question Ghis comme la dernière fois. Une inquiétude qui ne cessait de grandir à mesure que le temps s’écoulait.

Le Grand prête d’Arrax semblait avoir mis dans sa poche la population. Au point où celle-ci se déchaîna.Une virulence telle que la foule envoya sans ciller son mécontentement au visage de la Grand Prêtresse de Tyraxès.  Maekar parut décontenancé intérieurement, en surface il restait imperturbable. Que diable avaient-ils comme grief contre cette dernière ? Il ne put lui répondre de suite à sa demande, et préféra la guider au plus près du Sénat quand celle-ci paniqua partant bien ailleurs. La protéger de la malveillance du peuple était une priorité à prendre en compte. Une population autant remontée était capable de prodiges comme de malheurs. Et pareil lynchage public ne s’arrêtait pas si facilement.

« Venez à l’intérieur Grande Prêtresse, vous pouvez dans tous les cas y assister sans problème. » s’adressa-t-il à son interlocutrice accompagné de Laedor.

Une situation où les tensions ne pouvaient qu’engendrer débordement, et par extension chaos. Une chose que la Première armée sembla tout à coup prendre au sérieux, serrant les rangs, se raidissant plus encore. Un mauvais geste, un malentendu et tout pouvait vriller. Ainsi donc, Maekar décida d’attirer l’attention de ses hommes, se postant à leurs côtés.

« Hommes de Valyria, n’ayez crainte. » il s’approcha quelque peu d’eux, déterminé à calmer leurs inquiétudes.

« Je sais lire sur vos visage toute l’incompréhension qui vous tenaille en cet instant. Ne brandissez pas ces armes, vous le bouclier du peuple, comme nous tous l’avons été. Valyria s’en souvint encore, et nous-mêmes hélas ne l’avons pas oublié. L’ombre du Grand effondrement est encore dans nos cœurs, planant toujours. Je sais plus que quiconque combien perdre un être cher reste une tragédie sans nom. Vous et moi sommes les remparts à nos ennemis, ces étrangers qui osent s’en prendre aux enfants des quartorze. Protecteurs, nous sommes, protecteurs nous serons du peuple, mes frères. » répliqua-t-il un ton solennel à la Première armée.

Alors débarquèrent bride abattue trois cavaliers, s’en suivi de l’arrestation des jeunes mages, ou bien encore les dynastes s’époumonant devant le parvis du Sénat à tour de rôle.  Son regard capta une ombre aux airs draconiques, puis se posa sur ces dragons venant survoler la place d’un calme olympien. Le discours de son cousin semblait avoir plus remué la peuplade que cette arrivée en fanfare.

Ainsi, la paix inspirait peu, avait-il décrété intérieurement . Une pensée qui ne le quitta pas et ô combien véridique en cet instant. L’arrivée des dynastes fut une vaste blague, un retournement de situation où chacun allait de sa remarque flatteuse. Des paroles aux envolées lyriques si insipides, ternies par la faux-semblance. Il se déroulait sous ses yeux une mascarade que le peuple se targuait d’acclamer, applaudir. Une manipulation bien douce, qui n’atteint pas notre Tergaryon.

Qui aimera le plus la cité d’entre tous ?
Qui la servira le mieux d’entre tous ?
Qui la portera le mieux d’entre tous ?

Une chose était sûre, ces soit disant défenseurs de la patrie ont vu le vent tourné une fois la mort d’une des têtes les plus fortunées. Et cette remontée n’était guère ingénue. Un jeu de dupe qu’aucun œil expert ne manqua de remarquer. Un jeu de trône, et d’égos blessés : Valyria n’en n’était pas à son dernier retournement historique.

Une fois l’armée de nouveau sécurisée, le seigneur-dragon leur adressa une dernière œillade avant de partir pour le Sénat rejoindre l’assemblée.

 

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Dans le chaos, naît l'ordre !feat la Faction Bleue

4ème Mois de l'Année 1067, Quadrant Sud, Caserne de la Ière Armée !

Quand cette journée avait commencé, le Légat ne s'était pas attendu à assister à tant d’événements historiques. Le premier d'entre eux ? La décision douloureuse d'avoir désobéi à un ordre direct. Jamais il n'aurait pensé devoir agir de la sorte alors qu'il pensait, intimement, au plus profond de son être qu'il agissait pour le bien commun, pour la sauvegarde de la République, de ses Institutions, du Peuple et des Quatorze. Il avait la charge de protéger la capitale de la nation bénie des dieux. Il devait assurer que le marchand puisse ouvrir son commerce sans craindre de se faire voler. S'assurer que le Sénateur puisse se rendre au Sénat, depuis sa demeure, sans craindre pour sa vie. S'assurer que n'importe quelle femme, touchée plus ou moins par la beauté de Meleys puisse marcher dans les rues sans craindre de se faire violer. S'assurer que n'importe quel habitant de la ville se sente en sécurité peu importe l'heure à laquelle il se déplace, s'amuse ou dort.

Lorsqu'il avait pris ses engagements, lorsqu'il avait reçu cette charge de la part des Lumières et du Sénat, Vagar n'avait pas prêté serment en se fichant de ce qu'il impliquait. Non, il avait pensé chaque phrase, chaque mot, chaque virgule avec le plus grand sérieux. Il vibrait pour lui et se donnait corps et âme à ce devoir qui lui tenait tant à cœur. La République était la forme de gouvernement la plus pure qui soit, le Sénat, le moyen le plus équitable et fiable de travailler pour le peuple. Du moins, quand on avait réellement l'ambition de représenter le peuple, de le défendre et de lui assurer un avenir meilleur. Malheureusement, ce n'était pas l'impression qu'il avait. Les grandes familles, sous couvert d'un sang illustre et d'une opportunité saisie tandis que les Dynastes regardaient ailleurs, crient à qui veut l'entendre à quel point ils sont grands, importants et puissants. Si au début leurs intentions étaient louables, avec le temps, elles s'étiolèrent comme l'encre dans un verre d'eau. Avec le temps, les opportunités de travailler pour le peuple se muèrent en opportunités pour avoir plus de pouvoir par une loi avantageuse ou un poste convoité. Et par la même devenant de plus en plus riche tandis que d'autres devenaient de plus en plus pauvres. Les malheureux n'étaient pas nés dans la bonne famille, ne possédaient pas de dragons et n'avaient pas le bon sang.

Tout cela, Vagar en était bien conscients et pourtant, il continuait de croire qu'un avenir meilleur était possible pour Valyria. Préférant vouer sa vie à protéger ses frères et sœurs Valyriens pour laisser l'occasion à ceux qui sont plus à même de les représenter, il protégeait avec obstination ce qui était devenu au fil des ans le cœur de la République ; le Sénat. Il continuait de protéger avec obstination l'incarnation de cette République ; les Lumières. Il continuait de protéger avec obstination la conscience de la République ; le Clergé au sens large du terme. Il continuait de protéger avec obstination l'âme de la République ; le Peuple. Tout au long de sa vie, la Famille Nohtigar a servi fidèlement dans un premier temps la Triarchie et dans un second temps, les Lumières. Préférant bâtir des bâtiments à la grandeur de ce pays et de leurs dirigeants, ils ont également versé le sang des patriotes en servant son Armée.

Parce que oui, malgré le fait qu'il ait désobéi au Capitaine-Général par intérim, Vagar était un patriote. Ce n'était pas le sang des Nohtigar qui coulait dans ses veines, mais celui de Valyria. Son épreuve du feu avait prouvé qu'il serait un farouche défenseur de la République et c'est en son nom qu'il avait décidé d'engager la Ière Armée pour protéger le peuple mais également remplir le devoir qui était le sien et non celui des Fils et Filles des Quatorze. Malheureusement, le Haut-Commandement avait vu son geste comme une trahison. Pensaient-ils qu'il menaçait l’État ? Il le découvrirait bien assez tôt lorsque le Sénat se réunirait en séance exceptionnelle pour juger de son sort. Heureusement, pour lui, il n'avait pas que des ennemis. Son amie, Daera Melgaris, demanda au peuple de s'asseoir en signe de protestation. La Mage Vaenyra Menaleos cria sa colère de voir un homme tel que Vagar arrêté alors qu'elle tente de convaincre la foule que c'est un héros du peuple et qu'il n'a fait que son devoir. La Grande Prêtresse de Tyraxès s'avance à son tour jusqu'au Général Tergaryon pour lui demander l'autorisation d'assister à cette session extraordinaire en promettant de ne pas intervenir ou si ce n'est pas possible, d'avoir une estafette lui donnant la teneur des débats. La Déesse, souhaitait-elle encore se pencher sur celui à qui elle avait personnellement parlée quelques semaines auparavant ? Le considérait-elle comme son Champion ? L'homme n'en savait rien et ne se targuerait jamais d'un tel titre. Il n'était qu'un homme avec ses forces et ses faiblesses. Ne s'attribuant aucun mérite et jouant de l'humilité comme personne.

Avant que son corps ne pénètre les portes massives du Sénat, il voit arriver vers lui Daera avec ce foulard bleu qui représente la faction qu'elle défend. Sans que personne ne s'en rende compte et parlant pour que seul lui entende, elle le remercie de ce qu'il a fait. Bien consciente qu'il ne l'a pas fait pour elle, mais lui témoignant son soutien si jamais il en avait besoin. Cela, il le découvrirait sans doute assez vite. Et sans doute, aussi, que sa voix ainsi que ceux auprès desquelles, elle n'était qu'un rouage lui seraient également bien utiles. Malgré tout, il était décidé à se défendre, certain de son bon droit et de sa conviction d'avoir agi pour le mieux afin d'empêcher un possible massacre. Se trouvant aux côtés de Laedor Arlaeron, les deux hommes étaient sur le point d'entrer au Sénat. Le bruit de la foule huant quelqu'un s'approchant du Drivo les fit se retourner. Maegon Tergaryon venait d’apparaître à son tour. Il ne fallait pas être un fin politicien pour comprendre que la foule témoignait de son hostilité envers un homme qui l'avait menacé d'utiliser le feu dragon contre elle si son sang venait à être agressé.

Il prit la parole devant la foule assemblée et déclara qu'il ne venait pas s'excuser et qu'il avait agi en sa qualité de Patriarche, de Valyrien et de Seigneur Dragon ayant reçu, des Dieux, les capacités de pouvoir défendre son illustre sang contre un traître à la nation. Il mettait au défi quiconque de lui prouver qu'il n'aurait pas agi de pareille façon en ayant les mêmes prédispositions que lui. La première fois qu'un soldat avait lu la missive que venait de recevoir Vagar, il n'avait pas apprécié ce qu'il avait entendu. Là, alors que c'était le Sénateur Tergaryon, en personne, il n'apprécia pas plus. Il semblait être le seul à penser que sa position lui permettait de faire tout ce qu'il voulait pour protéger les siens même à réduire la population à néant. Ce qu'il semblait oublier, c'est que c'était le Peuple qui élisait ses membres pour les représenter. Le Peuple n'allait pas oublier de si tôt l'offense qui lui avait été faite même si l'homme s'était présenté pour défendre ses idées. De plus, il avait insulté la Sénatrice Melgaris et l'avait même accusée de préférer apporter le trouble que de défendre le peuple. Il l'invita ensuite à le rejoindre pour poser une motion qui se trouvait sur un parchemin qu'il tenait dans la main.

Décidant qu'il en avait assez entendu, la mâchoire serrée d'avoir été comparé à un violeur et un meurtrier, le Légat fit un signe de tête au fils du défunt Arlaeron pour lui faire comprendre qu'ils pouvaient entrer. Étant bien décidé à se rendre dans la salle qui lui servirait de geôle, les deux hommes s'arrêtèrent une nouvelle fois quand ils entendirent des tambours suivis du silence. Que se passait-il donc encore ? Faisant demi-tour, ils virent, en arrivant à l'entrée, que le Héraut du Collège s'était déplacé pour intimer aux mages dissidents de venir avec eux pour répondre de leurs actes devant le Magister. Ainsi, donc, Valaena et ses camarades allaient subir le même sort que celui que l'on réservait au Nohtigar. Un procès en bonne et dû forme pour ne pas avoir respecté l'institution qu'ils représentaient chacun de leur côté.

Les événements s’enchaînent et alors que la foule témoigne de son mécontentement à voir les mages se faire rappeler à l'ordre de cette façon, le Grand Prêtre d'Arrax parle à nouveau. Il force les Lyseon à s'attacher au mouvement des Jaunes en payant leur dette. Et comme si cela ne suffisait pas, il annonçait la présence des Dynastes. Abasourdi, Vagar tente de voir dans la foule où se trouve les descendants de ceux ayant fondé Valyria. Il s'avance et une ombre sur le sol lui fait lever la tête. Leurs dragons sont présents et volent au-dessus de la foule. Puis peu à peu, leurs silhouettes est visible et tour à tour, ils prennent la parole. Ragaenor Vaekaron propose de réformer la République et le Sénat pour qu'il serve véritablement le peuple. Sautant sur l'occasion de se rallier à une cause noble, mais également à discréditer Maegon devant tout le monde, elle se propose comme partenaire incontournable en cela que c'est le peuple qu'elle représente et qu'il semble beaucoup l'apprécier. Le Tergaryon, sans doute blessé dans son orgueil, monte les marches du Sénat et passe à côté de Laedor et Vagar sans s'arrêter. Au bout de quelques minutes, il revient en regardant en arrière, semblant attendre quelqu'un. Qu'est-il allé faire ? À qui s'est-il adressé ? Il semble préoccupé. N'étant pas très loin du Légat, ce dernier le regarde droit dans les yeux et lui dit :

« Sénateur Tergaryon, décidément cette famille ne possède que ça, des Sénateurs... Ton discours ne semble pas avoir plu au Peuple. Alors je me doute que tu n'en as cure, mais il ne faut jamais se croire au-dessus de la République. Tu dis que tu as agi en bon père de famille. Que tu n'as que les intérêts de ceux de ton sang en tête. Que parce que tu es Seigneur Dragon et que les Quatorze en ont décidé ainsi, tu peux menacer quiconque d'utiliser le feu dragon si cela te permet de protéger les tiens.

Cela fonctionne peut-être lorsque l'on a un Empire et que l'on est seul juge de la marche à suivre. Malheureusement, Valyria est une République. Tu n'es pas un Seigneur d'Andalos ayant droit de vie ou de mort sur tes terres. Tu es censé être un serviteur de la République. D'avoir à cœur de protéger les gens que tu représentes et pas seulement ta famille. Alors je ne sais pas trop ce que tu pensais vouloir démontrer en venant assumer tes paroles devant ces gens assemblés. À moins que ça ne soit ton manque de sang-froid et ta totale inexpérience de l'appareil militaire. Je ne doute pas que tu aies dû faire ton service militaire, mais lorsqu'est venu la Trahison de Bhorash ainsi que le conflit qui en a découlé, tu devais sans doute te trouver dans les airs tandis que je me battais aux côtés de mes frères.

Me considérer comme traître parce que pour toi un ordre est plus important que la sauvegarde de la République, la sécurité de son peuple et du Clergé ? Laisse-moi rire ! Je répondrais de cette accusation parce que je suis comme toi, je n'en ai pas honte. Mais soit assuré d'une chose, si je regagne mon commandement, tu répondras, devant les Lumières, de cette menace que tu as prodigué envers le peuple. Je suis un militaire et j'ai juré de protéger les Lumières, le Sénat et son Peuple. En aucun cas je ne permettrai à un homme, s'étant oublié et se croyant supérieur sous prétexte d'avoir le bon sang, de menacer la vie de nos concitoyens qui sont sous MA protection. »


Si Vagar n'était pas Vagar, nul doute qu'il aurait collé son poing dans la figure de ce noble croyant être le nombril de Valyria. Mais voilà, Vagar était Vagar et il n'agissait jamais sur un coup de tête. De plus, sans vouloir sous-estimer cet homme, il ne pensait pas ce combat loyal. Bien que Maegon ait la possibilité de recevoir une instruction de combat, elle ne valait jamais la dure expérience de la guerre. C'était une chose d'apprendre à mouliner dans le vide ou contre un partenaire. C'en était une tout autre de le faire contre quelqu'un qui n'avait qu'une idée en tête, avoir votre peau. De par sa situation en tant que Seigneur Dragon, Maegon Tergaryon avait dû participer au combat soit à l'arrière des lignes soit sur le dos de son dragon. Pour le Nohtigar, cette expérience ne valait rien. Ce n'était pas Maegon qui avait craché le feu ayant occis ses ennemis. Vagar, lui, avait combattu au sol, fait face à la famine et vu ses frères ou ses hommes mourir. De plus, il avait intégré l'élite de l'Armée Valyrienne. Il n'aurait pas obtenu ce poste si d'une part, on ne l'en avait pas pensé digne et d'autre part, s'il n'avait pas les compétences pour que les meilleurs des meilleurs puissent se bonifier sous son commandement. Assurément, l'homme était une machine de combat plus qu'entraînée au service de la République qu'il avait à cœur de défendre. Et non un meurtrier et un violeur comme Maegon l'avait dépeint.

« Une dernière chose... Sache que je n'oublierai pas les mots que tu as utilisés pour me qualifier. »

Nulle colère dans sa voix bien que cela dut lui coûter de ne pas y céder. Un jour viendrait où il aurait l'opportunité de lui faire regretter ses paroles. Quand ? Seuls les Dieux le savaient. C'est alors qu'il était attiré par la voix d'un homme qu'il connaissait comme étant son officier supérieur durant le conflit et celui qui dirigeait la faction dont il se sentait le plus proche... Un autre Maegon, mais qui avait la chance, le privilège et l'honneur d'être au bras de l'une des plus belles femmes que Valyria n'ait jamais vu foulé son sol, Vaelya Riahenor. Cette perfection faite femme assistait aux côtés de son époux à un moment que beaucoup considéreraient comme historique avec une probité et une beauté qui n'appartenait qu'à elle. Malgré la distance, il pouvait voir la perfection de ses traits. Tout homme n'avait qu'une solution face à une telle femme, tomber irrémédiablement amoureux et lui jurer une obéissance éternelle. Heureusement, pour lui, qu'il y avait un double cordon de soldats, des prêtres et Laedor pour l'empêcher de se jeter à ses pieds en lui promettant de lui obéir en toute chose. Ayant été distrait, Vagar n'entendit pas le discours fait par son frère-époux.

Mais de ce qu'il avait perçu avant et de ce qu'il avait pu comprendre, la volonté de réformer la République pour que le Sénat retrouve enfin sa fonction première était le moteur de beaucoup de gens présents. C'était peut-être le moment de parler de ce dont il rêvait pour son pays. S'avançant légèrement, il fit comprendre à Laedor qu'il n'avait pas la volonté de fuir ses responsabilités. Il se rendrait au Sénat, mais pas avant d'avoir lâché ses derniers mots de sa voix de stentor :

« Dynastes et Grandes Familles, Sénateurs et Officiers, simples Citoyens et Soldats, nous sommes tous les enfants des Dieux. Vous avez l'admiration du Peuple. Si nous sommes, tous, d'accord que nous devons en répondre devant les Quatorze, nous avons également un devoir de moral envers le Peuple. Chacun d'entre nous a des droits, mais également des devoirs, et moi le premier.

Je suis un soldat ! Mon rôle est de protéger et de servir. C'est la voie que j'ai choisie et j'en suis fier. Sénateurs et Dynastes, vous avez la lourde charge de guider, avec les Lumières, la route à suivre. Elle qui permettra au Peuple de se sentir en sécurité, d'avoir un toit au-dessus de la tête ainsi que de quoi nourrir sa famille.

Ce devoir, je ne peux le faire à votre place parce que je suis un soldat ! En tant que tel, mon rôle n'est pas de plaider une cause à Drivo. C'est votre rôle. Trop longtemps certains n'ont vu que l'opportunité de s'enrichir sur le dos des autres, d'obtenir des postes revenant à d'autres plus méritants. Et pourquoi ? Parce qu'ils estiment qu'un nom suffit ? Un nom ne fait pas un homme. Un nom n'offre pas les compétences nécessaires à la charge de commander, plaider ou même travailler de ses mains. Cela s'acquiert à force d'études, de travail et d'expérience.

Alors expliquez-moi comment un homme peut mener deux charges de front ? Comment un soldat peut également plaider au Sénat ? Si j'ai décidé de devenir un défenseur de la République, c'est parce que c'était la voie qui était tracée pour moi. Je suis fier de ce que je fais et si j'avais l'occasion de décider du chemin de ma vie à nouveau, je choisirai exactement la même. Vous souhaitez réformer le Sénat et faire en sorte que les erreurs d'hier ne soient plus celles d'aujourd'hui ou de demain. Je vous demande, à tous, avec le plus humble des respects de vous pencher sur cette question. Un soldat est fait pour servir et protéger. En aucune façon, il n'a sa place pour plaider un amendement. Chacun à sa place et les dragons seront bien gardés !

Je vous remercie de m'avoir écouté. »


Il reprit sa place auprès du fils de Lucerys Arlaeron et attendit la suite. Ils devaient rentrer, mais il se passait trop de choses importantes. Il était temps que la volonté du plus grand nombre prime sur les intérêts de quelques-uns. Si cela se passait de la façon dont cela devait se passer, l'Histoire se souviendrait qu'en ce jour, le Sénat retrouverait sa véritable utilité. Et alors, Valyria serait prête à affronter n'importe quel obstacle se dressant sur son chemin.


Alynera Vaekaron
Alynera Vaekaron
Mīsio Lentor

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Dans le chaos naît l'ordre
ft. les Bleus, les Rouges, les prêtres et les Dynastes

La Flamme, Drivõ & An 1067, mois 4

Difficile de décrire l’émotion qui avait été celle d’Alynera Vaekaron lorsqu’elle fendit la foule, les hautes paroles du Grand Pontife du Dieu des Dieux résonnants encore dans la pierre. Tournez-vous et contemplez le passé et le futur, l’or et l’argent, la gloire et la fortune, le feu et le sang. Joignez-vous à moi, applaudissez, criez votre joie, rappelez-vous l’Histoire. Les dix mille hères s’étaient retournés d’un même corps, le silence pieux de leur béatitude sur les lèvres, un instant long, suspendu, avant de rugir. L’ovation fut si forte que les Quatorze en frissonnèrent d’émois, et la Misio Lentor avec eux. Ce peuple, adoré, aurait-il pu répondre avec plus de chaleur ? Ragaenor s’était avancé en premier, au milieu de Maegon et Vaerys. De leurs corps en avant, fermes et majestueux, semblaient irradier toute la lumière de l’astre solaire. Depuis quand les Lyseon n’avaient pas ainsi marchés, en dehors de l’ombre ennemie dont ils étaient désormais libres ? La joie brûlante d’avoir sauvé ses pairs aurait pu la faire faiblir d’un sourire heureux. Pourtant, quelques mètres en arrière, le front porté haut, rien n’aurait pu trahir l’acte mené par la dynaste quelques semaines auparavant. L’Histoire, celle évoquait par le prêtre, jamais ne se souviendrait du rôle que trois femmes avaient pu tenir. Aveugle, Elle ne voyait pas même l’assassine descendue de sa Tour millénaire pour marquer d’une pierre blanche ce jour si spécial quand son cœur s’abreuvait, déjà, de l’âpreté d’une criminelle en devenir. Comment aurait-Elle pu le deviner sous la fureur de ces acclamations ?



Car le peuple avait acclamé la jeune épouse qu’il apercevait, pour la première fois, anoblie de toute sa condition. Il voyait un oncle enorgueillit par ces Dieux tutélaires, intimes de cette famille ancestrale. Les percevoir, tous deux, auréolés d’une gloire nouvelle, renvoyait à la foule les secrets initiatiques du monde détenus par quelques rares personnes. Jamais, depuis bien des décennies, on n’avait pu voir tel spectacle : la majorité de ces détenants unis face à l’adversité. Oui, dans ses vivats enfiévrés, la foule acclamait les divins parents et leur futur né. Bientôt cinq mois auparavant, elle avait assisté à leurs étranges noces pour lesquelles les Dieux avaient voulu que la première épouse de l’Érudit soit appelée en prêtrise. Des noces pour lesquelles des ragots, viles, grivois, terribles avaient longtemps ourdis. Mais, à tous ceux qui avaient appelés au parjure, le ventre arrondit de la belle semblait aujourd’hui leur donner bien tord ! Il était certain que l’apparition des anciens Triarques était une vue plus divine qu’humaine. Ses paumes sous ce ventre triomphal, dont les plis de sa robe, volontairement, accentuaient la noble courbure, Alynera avait remonté vers Drivõ aux côtés de Vaelya Riahenor. Majestueuses et vénérables, les deux héroïnes de la guerre étaient réunies pour une nouvelle bataille. Cette fois-ci, cependant, elles ne portaient pas leurs armures d’acier : dans leurs stolae blanches, elles étaient les filles des Mères de cette terre, héritières directes de la plus grande civilisation que le monde ne devrait jamais connaître. Elle avait traversé cette foule, inédite, avec assurance, le maintien, noble et grave, naturellement honnête. Évidemment, elle était née avec la certitude, inhérente à son sang, que le monde n’aurait pu être sans Eux. Et, bien plus important, que le monde ne pourrait être sans le pouvoir primordial du sang-magie des siens. Ils étaient la semence séminale du commencement.

Lorsque Jaeganon baisa son front offert, deux mains paternelles sur sa chevelure tramée aux fils d’or, la fierté, l’anxiété et l’impatience de son être firent place à une grande concentration. L’exposition venait de se clôturer avec une balance de la destinée favorable  à leurs desseins, mais le nœud de la pièce, celui de tous les imprévus possibles, ne faisait que commencer. En prenant place derrière son époux, elle prit soin de saluer d’un regard tout le clergé réuni. Son regard magnanime alla jusqu’à rencontrer celui de la prêtresse Qohraenos, prêtresse de Tyraxès, mise à l’écart pour une raison qu’elle ne connaissait pas encore. Qu'importe, elle l’absolvait. Cette victoire serait la leur, à tous, si ils parvenaient à imposer leur parole face à ce peuple dont l’allégeance était aussi changeante que le Maître Vent. Mais les Dynastes étaient les premiers dragons et, désormais réveillés de leur sieste séculaire, rien ne pourrait résister à leur volonté. « Honore ton père ! » marquait le retour de l’ordre sur le chaos.



Dès le moment où Ragaenor commença son élocution, il devint clair qu’il était né pour ce moment. Son défunt frère l’avait toujours su, son testament n’avait été qu’une tactique supplémentaire, depuis l’au-delà, pour faire enrager son oncle. Comment avait-elle pu être si sotte de croire que Daelor avait eu le souci de préserver le sang de leur lignée ? Comment avait-elle pu croire qu’il avait souhaité la protéger ? Savaient-ils, eux, les membres de cette assemblée étrange, que le porteur de ces mots avait du s’infliger une discipline de fer pour parvenir à ce jour ? Et, alors qu’il s’avançait vers cette foule en liesse, porté par ses idéaux, Alynera ne put qu’échouer à la conclusion, unique, qu’ils avaient défié les règles pour le meilleur. Jamais, ses frères, les Lierres, n’auraient été à la hauteur de ce moment historique. Elle-même, élevée dans le carcan féminin de son monde de brocart, n’aurait jamais pu rivaliser avec l’aura du Misio Tembyr. Bien sûr, si la parole lui avait été donnée, nul doute qu’elle aurait fait les choses différemment. L’Érudit avait une vision humaniste, égalitaire du monde, où elle percevait les choses avec plus de froideur. 


Puis, la sénatrice Melgaris reprit la parole. C’est à ce moment qu’Alynera sentit la première goutte de pluie sur sa joue. Elle leva son regard vers le ciel embrumé : Yraenarys était haut dans les nuages, invisible, mais elle pouvait sentir sa présence protectrice. Les larmes de dragon étaient aussi rares que précieuses et leur magie, peu connue, avait le pouvoir de renverser le cours vivant des éléments. Était-ce là un présage ? La petite révolte, car s’en était une, impromptue de la marchande de soie avait bien failli renverser tous leurs plans. Heureusement, malgré elle, sa protestation avait donné un théâtre naturel à leur machination. Aussi, Daera, pouvait-elle scander, trépigner par quelques tours de parades, rondement menés, son attachement pour le peuple et sa volonté qu’il soit entendu comme si avant elle les nobles n’avaient jamais eu connaissance de son existence, mais, en vérité, elle n’était rien. Elle pouvait, le geste impérial, elle qui pourtant se targuait de porter haut les couleurs républicaines, nouer son ruban de satin bleu autour de la main de son époux, braver toutes les convenances édifiées et parader de quelques phrases vides de sens réel qui ne pouvaient faire écho qu’à un peuple n’ayant aucune connaissance des jeux du pouvoir.



« En signe de bonne foi, je propose d'abolir dès maintenant et sur ces marches, symboles de votre volonté, le couvre-feu qui empoisonne vos vies et d'entamer par la suite les négociations qui seront menées avec vos représentants. »



La future mère sourit, quand au fond d’elle-même un souffle rageur réchauffait ses humeurs. Cette fille de rien venait de leur ravir leur prochaine carte. Son outrecuidance, tout comme sa vulgarité, n’avait donc aucune limite ? Elle força un peu plus son sourire, pour le peuple. Ce n’était rien, tout ceci n’était rien. Qu’elle vive donc sa journée de gloire, les siens en avait déjà vécus presque trois cent-mille ! Le jour d’après, le suivant ou l’autre encore, elle devrait se repaître des miettes de son orgueil. Car Daera Melgaris avait tord et le peuple plus encore s’il était assez bête pour penser qu’elle était l’une de leurs. La femme était une opportuniste : née dans les bas-fonds de la cité, ses premiers vagissements au milieu des cris lascifs donnés par ses pères, elle ne semblait vivre que pour gravir les échelons de cette société qu’elle voulait pourtant tant réformer. Nul doute qu’un jour, elle vendrait l’une de ses filles à un aristocrate désargenté pensant ainsi être arrivée au sommet de la pyramide. Là était son vrai masque : elle se souciait tant d’abolir les choses sans même comprendre que tout était régi, jusqu’à la cadence de son souffle, par la primauté de sang-magie sur lequel elle crachait. Peuple de Valyria laisse-moi te représenter en ces négociations comme je l'ai fait durant toute cette journée, réunissons le Peuple et ses héros, le Peuple à sa République. Une héroïne ? parce qu’elle avait réussi à réunir dix mille pauvres gens fatigués et appauvris par une guerre intestine ? qu’elle essaie donc d’abattre la flamme sur la Harpie ! Alynera balaya son regard sur ce peuple que la sénatrice pensait connaître, elle se trompait tant ! Contrairement à ce qu'elle avait dit les Dynastes — comme elle avait craché le mot ! — pouvaient écrire l’histoire sans lui. Ils l’avaient déjà fait, ils pourraient le refaire. La Melgaris ne voyait-elle donc pas, dans sa fureur de lumière, que le peuple, qu’elle avait cru son allié, l’avait tout aussitôt oublié lorsqu’ils avaient parus ? Alynera appartenait plus au Peuple que Daera ne le serait jamais. Après-tout, elle était leur « Princesse. » Elle avait grandi dans leurs yeux, dans leurs cœurs et leur imaginaire avant même qu'elle ne naisse !

Ce fut ce moment qui choisi Maegon Riahenor pour s’adresser, à son tour, à la foule réunie. 


« Sous son étendard, le Valyrien entraîné dit en gémissant : Père Infortuné ! Que n’avons-nous vécu loin de ce temps impie, dans les jours moins affreux de Bhorash et Lucerys ! Dieux, nous n’aspirons pas aux douceurs de la paix : éloignez nous des combats, et au loin des forfaits. »



Sous ses longs cils, elle jeta une oeillade discrète au patriarche. Qui aurait cru que l’homme s’adonnait à l’art de la prose ? Il n’y avait aucune parade qu’il ne pouvait donc, définitivement, faire. Il ne manquait pas de cran de demander à la foule de « ne pas aspirer aux douceurs de la paix. » Elle l’écouta, les yeux bas, les lèvres closes. Le passif récent des Riahenor et des Vaekaron n'était pas des plus facile à comprendre. Maegon et son oncle s’étaient unis politiquement, socialement, contre elle afin de la déstabiliser et de la décrédibiliser. Puis, quand leurs bans avaient été prononcés, ils avaient horrifiés leurs pairs et les Riahenor avaient cessé leur volonté d'alliance politique. Mais, désormais, ils se retrouvaient, par la force de leur héritage commun, liés. Pour autant, elle se méfiait de lui comme on se méfie de la maladie. L’homme était pétri d’une volonté tyrannique toute personnelle… aussi ne fut-elle qu’à moitié horrifiée lorsqu’elle l’entendit déjouer les plans qui avaient convenus, et préparés, en amont. 


« Qu'il en soit ainsi ! Nous nous vengerons seulement des plus pervers et des plus coupables. Nous le ferons autant dans votre intérêt que dans le nôtre parce que, aussi longtemps que nous restons en conflit, vous encourez les plus grands dangers, et il est nécessaire pour nous aussi de faire quelque chose pour calmer l'armée qui a été insultée, offensée, par quelques tyrans. Maintenant, nous préférons prévenir nos ennemis plutôt que de souffrir de leurs mains et les faire souffrir. »

Par instinct protecteur, elle enveloppa son ventre. Ainsi donc il n’était pas assez pour lui d’être un dragon à tête tricéphale, il fallait qu’il coupe celles de ses frères pour mieux rugir ! Qu’avaient donc t’ils, tous, à vouloir brandir ce peuple, mais à vouloir aller, toujours, plus haut ? D’un visage inquiet, Alynera observa la foule amassée devant eux. Qu’avait-elle compris, elle, de ce discours étrange dans lequel on demandait la tête des coupables, des traitres et des ennemis mais dans lequel on promettait de ne pas faire souffrir et d’apaiser ? Un sourire furieux aurait voulu déformer la contenance parfaite de son visage. Le plan avait pourtant été d’entrer dans le Sénat avec le soutien du plus grand nombre ! Désormais, après ce coup d’éclat, obtiendraient-ils le soutien des Rouges et des Lumières ? Imperceptiblement, son regard croisa celui de son oncle-époux. La veille, il l’avait prévenue. 




*** 



FLASHBACK:

***



« L’émoi te fait perdre le sens des mots, Maegon. »



Sa voix avait été un murmure, une caresse menaçante sur le marbre, mais ceux assez proches l’entendirent. Vaelya, trop surprise pour être choquée, la dévisagea d’un air interdit. Elles avaient toutes deux été admises en qualité d’épouses, mais il avait été clair qu’elles demeureraient silencieuses. Le secret qu’elle partageaient, lourd, dangereux, les forçaient à accepter cette voie d’abnégation publique. Plus vite on les oublierait, mieux cela serait. Avançant d’un pas, la grimace sur les lèvres, comme si elle avait soudain mal en son corps déformé, elle observa avec défiance le patriarche. Ils ne pouvaient se montrer désunis face à tous, mais ses mots insensés, sa détermination à vouloir briller seul, quand sans elle il n’aurait jamais été sur ce parvis en ce jour, devaient être matés.



« Le sève de cette terre coule si fort en ton sang qu’elle exacerbe ton humeur biliaire… si prompte au feu ! Je crains cependant que tes mots ne sois pas compris, tels que nous les entendons. Valyria ! Notre République fortifiée ne sera pas synonyme de vengeance, mais de justice. Justice pour notre Mère, offensée, violée, trahie. Nos ennemis seuls sont sont ceux qui souhaitent affaiblir le pouvoir de l’unité de notre peuple. Et seuls, eux, esclaves, métèques ou Valyriens, seront jugés par le Sénat et, s’il le faut, par ordalie divine. La République, réformée, ne sera pas une tyrannie. Et les sièges des familles militaires, sous prétexte qu’ils aient appartenus à la faction Rouge, ne seront pas mis en péril sous notre garde ! »



Une honnête épouse n’aurait jamais du se comporter de la sorte et, dans cet habit officiel, elle n’avait pas même de palla pour se couvrir la tête. Elle hésita. Ragaenor lui avait demandé d’agir, certes, mais lui pardonnerait-il réellement ? Comment, devant ces dix milles hommes, pouvait-elle couper la tête du dragon Riahenor sans altérer publiquement à l’unité divine ?



« En plaçant ce ruban autour du poignet des familles dynastes, la Sénatrice Melgaris a confié aux héritiers des Dieux le rôle de protecteurs de notre Institution. C’est ainsi que nous pénétrerons à l’intérieur de Drivo ! »

Et, pour le moment, il n’en serait pas autrement. Maegon devrait garder sa hargne, son désir de vengeance, bien contre lui, ou il les ferait tous tomber. Ce ruban, si important aux yeux de cette assemblée, n’avait aucun poids pour les sénateurs qui les attendaient derrière. Les Dynastes possédaient le pouvoir religieux, civique et bientôt magique... mais les géants de l’hémicycle ne se sentiraient obligés de ployer devant aucun, ou de très mauvais grès. Lorsqu’elle reprit sa place, proche des prêtres, son regard croisa celui du patriarche. Si le corps de l’épouse était frêle, chancelant, nul doute qu’il avait pu y voir les deux pupilles carnassières d’Yraenarys. Ils seraient unis ou rien.


Laedor Arlaeron
Laedor Arlaeron
Lames d'Argent

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Dans le Chaos naît l'OrdreToday we rise

Grand bazar, Quartier Est & An 1067, mois 4

Laedor s’était réveillé avant l’aube, le couvre-feu ne changeait pas ses habitudes, ainsi il était fin prêt à partir lorsque les premiers rayons parvenaient à percer tranquillement la ligne d’horizon. Longtemps, il avait observé Lucerys prendre le chemin du sénat alors qu’il prenait le chemin d’un terrain d'entraînement ou d’une caserne. Maintenant, c’était à son tour d’y entrer dès le lever et d’y passer plus de temps que de raison. Le jeune Arlaeron avait passé les portes de Drivo bien avant le début de toute cette agitation qui s'assemblait maintenant devant ses yeux. Tout cela dépassait le simple couvre-feu, la mort de son père. La cité calme s’éveillant dans le petit matin qu’il avait quitté quelques heures auparavant pour aller s’enfermer entre les lourdes portes de son bureau, sous une pile de documents, correspondances, édit et autres écrit demandant son attention, n’était plus la même alors qu’il ressortait sous les chauds rayons lumineux accompagnés de son ami Tergaryon afin d’aller mettre un peu de calme dans ce qui devait être un petit désordre populaire. La situation avait bien changé. Il allait passer les portes avec le Nohtigar, mais voilà que l'arrivée en grande pompe des dynastes, de Maegon Riahenor dans toute sa gloire, auréolée des dragons formant des cercles autour de la place.

Tout ce cirque est-il vraiment nécessaire ?

Bien qu’il avait déjà fait un premier pas en direction du sénat, Laedor s’en retourna et se campa, les bras croisés sur la poitrine et le regard vif de la jeunesse pointé en direction du vieux Riahenor qui l’observait tout autant. Voilà qui s’annonçait bien plus intéressant que ce qui l'attendait au-dedans et méritait bien un peu son attention. Allait-il avoir le droit à une belle démonstration de Mon dragon est plus gros que le tien ?

Il écouta ses élucubrations, fort divertissant tel qu’il l’avait espéré. Heureusement, la sénatrice Vaekaron sortit de l’ombre pour modérer son propos et tenir un discours un peu plus cohérent. Un petit sourire en coin, Laedor saluait son audace. Il voyait là une femme de tête et de caractère tout comme sa belle Naerys. Toute cette finesse aurait presque pu lui faire oublier le goût amer que l'arrivée de Riahenor lui avait laissé en bouche.

« Voyez cela. Ça parle de protéger les institutions, ça parle de maintenir en état une Valyria forte et unie, mais ça ne refuse pas de se faire acclamer en haut dignitaire de la triarchie et bien exhibé sa force et ses dragons devant le peuple. C'est ainsi que tu te présentes en homme du peuple pour le défendre Riahenor ?»

Vagar retournait auprès de lui, il était fin prêt à rentrer entre les murs de Drivo, mais cette fois, c’est Laedor qui n’en avait pas fini et c’est précisément, mais pas uniquement, à lui que s’adressait son message.

« Nous t’avons écouté. C’est ce que nous voulons et précisément ce que le sénat veut. Mes frères, depuis tout à l’heure je ne vois que des gens qui parlent sans s’écouter et qui se repaissent des erreurs des autres. Depuis quand avons-nous cesser d’être un peuple uni et d’affronter un ennemi commun plutôt que de nous déchirer ainsi. Je me croirais remonté loin, au temps de mes ancêtres, ou certains se croyaient plus bénis des dieux que les autres et décidaient seuls pour tous. Nous sommes-nous jadis déchirés pour en revenir au même point aujourd’hui ? Non, nous ne sommes pas les bêtes moutons que nous gardions alors, nous sommes un peuple intelligent qui apprend de ses erreurs. Peuple de Valyria, tu ne devrais pas te monter contre ton voisin, ni acclamer quelqu’un plus que toi-même. L’ennemi que nous devons combattre est à l’extérieur de notre cité et s’il en existe un en son centre, c’est uniquement le poison qui embrouille le cœur de ses bons citoyens en les retournant les uns contre les autres. Vengeance, justice, des mots et encore des mots pour nourrir les plus affamés, les plus assoiffés de discordance. Peuple de Valyria, ces déchirements, dont tu es témoin, ne doivent pas obscurcir ton jugement, car n’oublie pas que derrière ces murs, un ennemi que nous connaissons se joue de nous, attendant son heure. Ils nous ont déjà arrachés bien assez des larmes et des vies.»

Maintenant, il fit signe aux quelques hommes qui les accompagnaient, il avait terminé et pouvait escorter le Nohtigar tel qu’il lui avait été demandé et le rôle qui lui avait été confié.

Maerys Qohraenos
Maerys Qohraenos
Prêtresse

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Dans le chaos nait l’ordreMaerys Qohraenos & les bleus

Grand Bazar & An 1067, Mois 4

Une grimace étira les lèvres de la Grande Prêtresse de Tyraxès alors qu’elle recevait une tomate dans son dos. Instinctivement, la dame des Qohraenos avait trouvé refuge de l’autre côté du cordon que formait l’armée et par la force des choses elle se retrouvait à côté des autres clergés. Ses prunelles améthystes, symbole de son sang se posèrent sur cette foule subitement devenue hostile. Incrédule, la fille d’Elyria cherchait à comprendre quant tout cela avait pu basculer. Depuis quand le peuple se retournait contre les serviteurs des dieux ? Depuis quand le peuple osait s’en prendre physiquement à une Grande Prêtresse ? Quand ce changement avait pu avoir lieu ? Maerys s’en voulait. Elle n’avait pas vu le changement opérer au cœur de ce peuple qu’elle chérissait tant. Elle n’avait pas vu le danger venir alors qu’elle avait toujours ouvert ses portes à tout être qui cherchait des conseils. Le choc était terrible pour celle qui portait des paroles de paix. Elle avait tout fait, tout fait pour protéger ces hommes et ces femmes et voilà comment ils la remerciaient ? Tyraxès ne pouvait souffrir d’un tel affront et sa colère serait terrible, sa fille aînée en gageait.

Sous le choc et furieuse, Maerys ne laissa rien paraitre lorsqu’elle croisa le regard de plusieurs personnalités présentes en ce lieu. Elle accepta malgré tout la proposition du général Maekar Tergaryon et alla simplement prendre place aux côtés du Grand Prêtre d’Arrax et des représentants des Rouges. « Merci Général. » souffla la Grande Prêtresse de Tyraxès à l’égard du militaire. Mais elle ne prononça pas un mot lorsque son homologue du clergé d’Arrax prit une caisse et commença à parler à la foule. Une fois de plus, Jaegaron Valeryon parlait comme un sénateur et agaçait la femme qui se tenait près de lui. Elle aurait pu alors s’en aller tout de suite et pénétrer Drivo mais elle préféra suivre le reste des événements aux côtés des militaires que sa déesse soutenait. Serrant les poings, la fille d’Elyria ferma les yeux et en appela à sa Mère pour contenir sa rage. Une rage qui ne fit qu’augmenter lorsqu’elle vit les hommes aux livrets du Magister fendre la foule et demander aux mages présents de les suivre. La Dame des Qohraenos et Grand-mère d’Aemond fronça les sourcils et planta son regard dans celui de son petit-fils pour lui transmettre tout l’amour qu’elle avait envers lui. Quant aux discours des deux premiers dynastes qui suivirent celui du Grand Prêtre d’Arrax, la fille aînée de Tyraxès ne trouva rien à redire, tout comme pour celui de la sénatrice Daera. Celle qui jusque-là essayait de maintenir l’unité à Valyria ferma une nouvelle fois les yeux et fit quelques pas en arrière. Ainsi les enfants des fondateurs s’annonçaient unis pour le bien de Valyria et en cela, la Qohraenos remercia les Quatorze. Sa cités et sa République bine aimée avait besoin d’unité et rien d’autres. Pourtant la voix de la Princesse semblait donner une dissonance avec le discourt précédemment donné par Maegon Rihaenor. Mais là était une question de point de vue et surtout une observation plus politicienne qu’autre chose ce que n’était pas la fille aînée de Tyraxès.

Même si Maerys Qohraenos espérait un jour que les prêtres soient plus considérés dans l’appareil politique, ou du moins qu’ils soient tous reconnu officiellement comme des conseillers pour les sénateurs et autres hommes et femmes politiques, elle ne désirait aucunement s’avancer pour aller comme eux. Pourtant, après l’intervention de Vagar Nothigar et le fils du capitaine général Lucerys Arlaeron, la Dame ne pouvait plus reculer. « Enfants de Valyria, citoyennes et citoyens de notre belle République, vous êtes toutes et tous rassemblés ici sous le regard des Quatorze. » commença la dame en sortant des rangs et en laissant sa voix être portée par l’air. « Je n’aurai pas la prétention de parler aussi bien que les sénatrices et sénateurs de Drivo, pourtant je ne peux pas laisser passer certains actes que je voix. Je suis la Grande Prêtresse de Tyraxès mais je suis une femme avant tout, choisi par ma Mère pour vous communiquer ses pensées. J’ai peut-être été dure avec le Grand Prêtre d’Arrax mais cela n’est que pour son bien. Pour qu’il serve encore longtemps le Père des Dieux et ses enfants. » fit la Grande Prêtresse avant de marqué un silence. « Si je peux comprendre la tension et la fougue qui vous animent tous, si je peux pardonner votre geste face à moi, sachez que les Quatorze ne sont pas toujours aussi magnanimes que nous… » La fille d’Elyria marqua un nouveau silence avant de poser un regard dur sur les hommes et les femmes qui l’avait agressée. Mais plus que elle, Dame des Qohraenos, c’était Tyraxès qu’ils avaient offensée et la punition de la sœur de Vaghar pouvait être terrible.

« Vous avez levé la main sur la fille aînée de Tyraxès alors qu’elle vous a toujours soutenu. Elle a pris sur elle de vous accompagner jusqu’ici pour s’assurer que rien ne serait fait contre le peuple qu’elle aime tant. Vous oubliez qu’elle a guidé ses lames pour juger l’homme qui a osé porter le coup fatal au capitaine général Lucerys Arlaeron. Un geste inadmissible et impardonnable qui appelle encore des réponses. Vous oubliez qu’elle a ouvert toutes les portes de ses temples pour vous accueillir tous alors que l’insécurité grondait lors du Rêve de Vermax. Vous oubliez qu’elle et son clergé ont guidé à la victoire les Héros de la guerre contre Ghis en tant que Grande Prêtresse de Tyraxès, déesse de la stratégie militaire. Vous oubliez qu’elle a toujours été proche du peuple dont vous faites partie et qu’elle a toujours distillé les conseils que vous veniez chercher. Et voilà comment vous la remercier ? » les yeux de la Qohraenos brillait d’un feu nouveau. Elle dont le sang avait été jugé assez pur pour être la porte-parole de la Déesse distillait désormais des avertissements divins qu’importe ce qu’on penserait d’elle. Elle avait été élevée pour servir les Quatorze et elle les servirait. « Enfants de Valyria, apprend que votre Légat est venu me voir pour chercher des conseils auprès de ma Mère. » reprit la dame cette fois à la première personne. « Je l’ai reçu au cœur du temple de la Onzième flamme et la déesse lui est apparu lui accordant sa confiance pour trouver le meilleur chemin à travers ses doutes. Elle lui a accorder sa confiance pour vous protéger. Mais ce n’est certes pas la seule personne que j’ai reçue et que j’ai vue et je continuerai à le faire parce que tel est mon devoir. Mon devoir est d’apporter des conseils, pas de faire de la politique. Et je suis attristée de voir que les clergés en sont arrivés à un point où nous sortons de notre prérogative alors que nous devrions mettre toutes nos forces en commun pour comprendre les messages des Dieux. » fit alors la Grande Prêtresse de Tyraxès qui prit une grande inspiration avant de poursuivre. « Lors du Rêve de Carraxès, les personnes présentes dans mon équipe sont toutes dépositaires d’une terrible vision. Un dragon transpercé de part en part, voilà ce que nous a donné à voir le dieu des mers et si ce n’est pas une vision du passé…. Alors il s’agit de notre avenir ! » lâcha d’un ton grave la fille de l’île forteresse d’Elyria.

« Alors je vous le dis Enfants de Valyria, je quitte ici la lumière pour rejoindre le feu sacré du volcan et essayer de percer cette vision pour parer au désastre à venir. Peuple de Valyria, à travers moi c’est Tyraxès qui t’observe et prie pour qu’elle te pardonne ton offense et accepte de te répondre face à tes interrogations. » conclut la dame sur le ton de l'avertissement avant de se retourner vers les militaires, le général Maekar Tergaryon, les sénateurs Maegon Tergaryon et Laedor Arlaeron et l’ancien Légat de la première armée. « Légat Vagar Nothigar, ma Mère n’oubliera jamais ce que tu as fait pour tenter maintenir l’unité. » fit la dame en passant à sa hauteur. Puis elle passa devant la sénatrice Daera Melgaris à qui elle adressa qu’un simple regard, sûrement un peu amer alors que celle qui se faisait appeler la dame du peuple n’avait pas fait s’élever sa voix après que ceux qu’elle avait guidés s’en étaient pris à elle. « Pauvre Valyria, regarde comme tes enfants se chamaillent alors que la guerre gronde et des alliances se font et se défont à tes portes. Qu’Arrax et ses enfants ne nous abandonnent pas malgré les offenses ! Que Tyraxès dans sa miséricorde insuffle sa sagesse aux Hommes et qu’elle me guide sur le chemin de la paix. » souffla la Qohraenos en gravissant les marches de Drivo et pénétrant enfin l’enceinte de l’institution comme l’avait invité à le faire Maegon Tergayon.

Arrax
Arrax
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Dans le chaos, naît l’ordreValyria on the edge

Quadrant Est -  An 1067, mois 4



Alors que la pluie tombe drue, la tension semble redescendre après les nombreuses interpellations et proclamations de chacun. Les portes du Sénat s’ouvrent et tous ceux qui sont légitimes à y entrer le firent. Le rare orage qui lave le sol de Valyria est un présage que nul ne souhaite ignorer. À la nuit tombante, la foule se disperse peu à peu. Il fait sombre, il fait froid, et tout le monde souhaite rentrer chez soi ou à la taverne pour raconter cette folle journée : les dragons, les soldats, les prêtres, les mages, les Sénateurs. Toute l’essence de Valyria, contenue dans une seule séquence.

Bien entendu, rien de spécifique n’aboutit en cette fin de journée pluvieuse. Aeganon Bellarys se voit forcer la main par certains de ses partenaires pour promulguer la fin du couvre-feu. Tandis que certains opposants aux Rouges veulent faire entériner cette décision, les Rouges se rangent derrière Maegon Tergaryon lorsque celui-ci annonce refuser de voter pareille décision. Finalement, le vote n’a jamais lieu.

Dans une grande discussion passionnée se tenant sous la coupole du Sénat, tout le monde peut convenir que le système actuel a atteint une limite et que cette crise est la preuve qu’il faut réformer intelligemment les institutions valyriennes. Dans un rare moment d’unité, l’ensemble des représentants des factions applaudissent à cette idée. Il est évident que le processus de préparation va prendre du temps et qu’il va falloir donner des gages au pouvoir civil.

Ce qui était une marche pour protester contre le couvre-feu atteint donc son objectif car celui-ci est levé le soir-même. Malgré la pluie, les tavernes rouvrent et ne désemplissent pas de la nuit. Les Rouges se sont fait forcer la main mais restent la principale force politique de Valyria, pouvant compter sur de nombreux Sénateurs et de riches familles comme soutiens. La soirée s’achève donc pour les politiciens sur cette note d’espoir que la guerre peut être évitée.

On convient bien entendu de débuter très rapidement les travaux parlementaires pour fixer un calendrier avec les Lumières de Sagesse. Les prochains mois s’annoncent chargés en négociations pour tomber d’accord sur des programmes de réforme de la République.

Si les dynasties n’ont pas clairement annoncé un mouvement politique autour d’elles, c’est évidemment comme cela que tout le monde interprète leur sortie et leur apparition ensemble. Ils sont nombreux à observer leur prochain mouvement, et certains déjà réfléchissent à leur donner une chance pour présenter leur vision.

Daera Melgaris, la sénatrice populiste de la faction Bleue, est la plus grande gagnante de la journée. Elle est passée du rang d’anonyme sénatrice d’un mouvement peu influent à celui de personnalité politique de premier plan à Valyria, pouvant contenir sur un soutien important d’une partie de la population urbaine de la capitale, gagnant le surnom de Lumière du Peuple ainsi que le respect de plusieurs de ses confrères du Sénat dans l’affaire.

Vaenyra Menaleos a pu faire son entrer dans l’arène politique de manière illégale selon les règles du Collège et cela lui apporte une certaine notoriété et influence, de la même façon qu’Aeranys Belkaerion et Aemond Qohraenos sont désormais connu du peuple comme étant leurs héraults au Collège. Les Mages du Peuple ont gagné leur surnom et leur notoriété.

Vagar Nohtigar l’ignore encore, mais il s’est attaché une loyauté tenace de ses hommes et l’amour du peuple qui a vu un officier de haut rang se ranger à ses côtés. Il est malheureusement pour lui aux arrêts et dans l’attente d’un futur procès, la première armée placée sous les ordres de Maekar Tergaryon.

Maerys Qohraenos s’est attiré l’hostilité du peuple par ses prises de position contre le grand-prêtre d’Arrax. C’est le début d’une vendetta entre les deux temples. Malgré cela, les dons discrets ont afflué au temple de Maerys, comme un soutien ferme mais discret de plusieurs familles restant anonymes.

Maekar Tergaryon a pu démontrer à tous qu’il était toujours Le Téméraire, renforçant son aura d’héros de guerre et d’homme de poigne.

En apparaissant à ses côtés, Laedor Arlaeron a prouvé que sa famille n’abandonnerait pas si facilement son contrôle de jadis sur les affaires de l’armée. S’il ne s’est pas encore affirmé face à ses collègues, Laedor a pu maintenir l’illusion pour un moment.

Maeon Tergaryon s’est attiré les foudres du peuple mais ses multiples prises de position ont renforcé sa mainmise sur la branche principale des Tergaryon et son influence sur l’armée grandit très vite. Il est désormais l’un des hommes fort de la faction Rouge, et l’un des leaders politiques de ce monde d’après-crise.

Ragaenor Vaekaron s’affranchit de son image d’érudit ombrageux par un discours puissant et à la hauteur de la grandeur de son sang. Il convainc grands et petits de la pertinence d’un retour des dynasties sur le devant de la scène.

Maegon Riahenor, fidèle à sa vision du monde, n’a guère enchanté les sénateurs présents par son discours offensif et vilipendant. Le peuple approuve toutefois cette hostilité ouverte à l’encontre de ceux qui ont tordu le bras de la République.

Alynera Vaekaron bénéficie d’une nouvelle image de conciliatrice, adoucissant les effets de la verve foudroyante du Riahenor. Sa popularité augmente auprès des nobles, qui préfèrent voir des dynastes avec une parole plus apaisée.



RP clôturé !

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